PHI403M-30 Séminaire d`auteurs : Henri Bergson Automne 2008

PHI403M-30 Séminaire d'auteurs : Henri Bergson
Automne 2008
Professeur Marc Djaballah
PLAN DE COURS
Horaire : lundi 14h-17h
Professeur Marc Djaballah
djaballah.ma[email protected]
514.987.3000, poste 4910
Bureau : W-5420
DESCRIPTION (SELON L’ANNUAIRE)
Ce cours veut permettre d'aborder l'étude d'un ou de plusieurs auteurs auxquels le programme ne
consacre pas un cours, mais qui sont importants dans l'histoire de la philosophie ou dans la
situation contemporaine du discours philosophique. Les auteurs étudiés seront déterminés chaque
année.
CONTENU DU COURS
« Henri Bergson »
Après avoir fait époque dans la pensée française, après avoir joui, en France comme à
l’étranger, d’un niveau de célébrité insolite pour un philosophe de son vivant, après le prix Nobel,
Bergson se trouve maintenant depuis un demi-siècle loin des centres d’attention du discours
philosophique.
L’histoire de la philosophie semble pour ainsi dire hésiter à lui consacrer l’étude sérieuse
qui permettrait de cerner sa contribution à des discours contemporains, et d’élaborer les rapports
entre sa pensée et celle d’autres figures marquantes de son histoire. Alors que l’originalité
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philosophique réelle de tant de philosophes ne fut reconnue que par les générations subséquentes,
la présence posthume de Bergson est à cet égard, dans le discours philosophique comme pour
l’imaginaire culturel, bien moins considérable que de son vivant. Or, faut-il se complaire
simplement dans le fait que Bergson fut à la mode à une certaine époque, pour des raisons qui
relèvent d’un contexte historico-culturel d’ordre largement non-philosophique, et accepter
comme juste la marginalité actuelle de son statut ?
La simplicité d’une telle attitude trahit une réalité historique et conceptuelle plus
complexe. Le fait est que l’originalité et l’endurante pertinence de la contribution philosophique
de Bergson, ainsi que le génie de son travail, sont indéniables. Il faut d’abord tenir compte du
calibre de ceux qui l’avaient reconnu de son vivant : à titre d’example, M. Proust, P. Valéry, G.
Simmel, W. James, A. Einstein, L. Brunschvicg en firent l’éloge. Ensuite, depuis sa mort, il faut
tendre l’oreille à l’évocation, parfois obsessive et presque complètement ignorée, des
conséquences herméneutiques néfastes de son oubli dès les premières années après sa mort, dans
les voix de penseurs tels M. Merleau-Ponty, G. Deleuze, V. Jankélévitch, E. Lévinas, J. Wahl et
P. Ricœur. Si cette appréciation est en elle-même insuffisante pour établir la pertinence sinon le
besoin de l’étude de Bergson, ceux-ci se confirment directement en constatant parmi la panoplie
de concepts dont on lui doit l’invention, la part qui sont encore richement utiles en principe, et
couramment utilisés de fait, même s’ils ne lui sont pas expressément attribués.
Sur le plan du discours actuel, une considération franche des textes de Bergson révèle une
contribution conceptuelle qui promet un remaniement thématique prometteur de conséquences
rafraîchissantes pour divers champs d’études philosophiques : de la science cognitive à la théorie
du cinéma, en passant par l’étude de la normativité dans la théorie de l’action et l’épistémologie
morale, entre autres. Il y a également un réalignement d’une échelle semblable sur le plan de
l’histoire de la pensée, des pans entiers de la philosophie française - notre compréhension des
figures les plus familières sont à ré-expliciter en termes d’emprunts à Bergson, emprunts plus
souvent qu’autrement non reconnus, et, sans doute, pas toujours avec la conscience du fait de
l’emprunt.
Convenons donc que l’aporie autour de laquelle la situation complexe de la place de
Bergson dans l’histoire de la pensée s’articule est bien celle du problème général de savoir
comment on a su mieux reconnaître son importance de son vivant que depuis sa mort. Or cela ne
justifie nullement l’oubli philosophique posthume de sa pensée : son statut marginal dans le
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discours philosophique contemporain est décidément plus difficile à comprendre que la valeur de
s’y confronter foncièrement. Ce cours sera consacré à la tâche première de prise de conscience et
de compréhension textuelle des principaux concepts de la pensée de Bergson et des problèmes
qui les animent par la voie d’une analyse soignée de ses ouvrages fondamentaux. Afin d’en saisir
la portée, on peut les situer contre un arrière-plan plus vaste.
On trouve chez Bergson une philosophie proprement critique, dans la mesure où il
s’aligne avec et poursuit le but kantien de déployer un discours qui veut secourir la
métaphysique, perçue comme moribonde, captive d’une dialectique épistémologiquement nocive
entre points de vue dogmatique et sceptique. Il y a dans ce projet général une méthode pour la
critique de la métaphysique qui implique une épistémologie, une théorie morale et une esthétique
qui visent, chacune sur son propre plan, un horizon ontologique des pratiques humaines. Or, tout
comme chez Kant avant lui et Merleau-Ponty après lui, l’unité de la pensée de Bergson se
comprend bien autour d’une reprise du problème cartésien de la relation entre l’âme et le corps,
pour en faire une interrogation du fait d’être affecté. Étant donné l’irréductible état affecté de
notre expérience de la réalité, comment décrire plus ou moins formellement, plus ou moins
abstraitement, les pouvoirs-faire en d’autre termes, les facultés, les capacités dont
l’exercice aurait pu faire ce fait, et d’abord des pouvoirs réceptifs, la forme des sens,
abstraitement décrite comme le temps et l’espace.
La caractéristique distinctive de la reprise du problème chez Bergson est l’introduction de
la durée et du mouvement comme des facteurs terminants de l’expérience cue, à la fois au
premier ordre de considération - celui de nos capacités d’être affecté, de sentir la réalité, ainsi
qu’au deuxième ordre celui de la théorie, de la méthode, de la conceptualisation. Ce
déplacement requiert, par rapport à Kant, une descente du niveau d’abstraction, afin de tenir le
discours philosophique sur un plan formel suffisamment concret pour pouvoir, dans la
description, tenir compte du fait de la durée et du mouvement. Avant Bergson, indigne d’une
attention proprement philosophique, ce plan fut occupé presque exclusivement par la
psychologie. Chez Bergson, il n’est nullement question d’isoler abstraitement les conditions
universelles et nécessaires de la connaissance, des principes catégoriques de la morale, ni même
de l’horizon d’une universalité subjective, mais plutôt d’expliciter des formes de la vie, telles que
l’on peut y avoir accès de façon immanente. Sur ce plan, des formes d’expérience vécue qui ont
traditionnellement été considérées en dessous du socle de l’étude philosophique - tels le rire, le
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rêve, les expériences télépathiques et les états émotifs quotidiens en général deviennent les
objets d’analyse philosophique principaux, sur un plan on pourra tenir compte formellement
de la durée, du mouvement, du changement.
Dans le contexte de cette reprise, on peut comprendre les principaux concepts créés par
Bergson, partant d’une novelle conception de la durée, du mouvement, de la mémoire, de
l’intuition, pour arriver aux concepts d'élan vital, d’image, du virtuel et du cinématographique, et
enfin à une reconceptualisation des fondements du social. Nous étudierons en séquence ses quatre
ouvrages principaux : Les données immédiates de la conscience, Matière et mémoire, L’évolution
créatrice, Les deux sources de la morale et de la religion. Dans le cas des deux premiers textes,
nous pourrons bénéficier d’une édition critique nouvellement établie sous la direction capable du
spécialiste F. Worms.
ÉVALUATION
10% - Participation active
50% - 2 travaux d’analyse (15%, 1000 mots et 20%, 2000 mots)
40% - Travail de session (5000 mots)
L’évaluation sera faite sur la base de la compréhension des textes, de leur forme, leurs objectifs et
leurs enjeux. La précision et la cohérence de la pensée seront particulièrement valorisées.
TEXTES OBLIGATOIRES
Henri Bergson, Les données immédiates de la conscience (1889), édition critique sous la
direction de F. Worms, ed. Arnaud Bouaniche, Paris, PUF («Quadrige»), 2007, 322pp.
Henri Bergson, Matière et mémoire (1896), Paris, PUF («Quadrige»), 2007, 280pp.
Henri Bergson, L’évolution créatrice (1907), édition critique sous la direction de F. Worms, ed.
Arnaud François, Paris, PUF («Quadrige»), 2007, 693pp.
Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion (1932), Paris, PUF («Quadrige»),
2003, 338pp.
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PLAN
1. 8 septembre - Survol du cours, questions de méthode.
2. 15 septembre – « L’effort intellectuel » et « Note sur les origines psychologiques de
notre croyance à la loi de causalité »
3. 22 septembre – Les données immédiates de la conscience
4. 29 septembre – Les données immédiates de la conscience
5. 6 octobre – Les données immédiates de la conscience
6. 20 octobre – Matière et mémoire
7. 27 octobre – Matière et mémoire
8. 3 novembre Matière et mémoire
9. 10 novembre L’évolution créatrice
10. 17 novembre L’évolution créatrice
11. 24 novembre L’évolution créatrice
12. 1 décembre – Les deux sources de la morale et de la religion
13. 8 décembre – Les deux sources de la morale et de la religion
14. 15 décembre Les deux sources de la morale et de la religion
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