Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI I – Thermochimie du premier principe I - Le système physico-chimique et ses transformations I-1) Caractéristiques du système a) Définition du système physico-chimique - Un système correspond à un corps (ou à tout ensemble de corps) inclus dans un certain domaine d'espace. - Le milieu extérieur correspond à tout ce qui n'est pas le système. - Un constituant du système correspond à toute entité (atome, molécule, ion, particule) présente dans le système. - Un constituant physico-chimique correspond à un constituant chimique dans un état physique défini, par exemple, H2O(l). ou Na(s). Dans ce cours, on s'intéressera à un système physico-chimique, c'est-à-dire un ensemble de constituants physico-chimiques susceptible d'évoluer par des réactions : - Physiques : changements d'état ; - Ou Chimiques : diverses équations-bilans. Nous nous limiterons aux systèmes physico-chimiques fermés. Dans un système physico-chimique fermé, il y a réorganisation de la matière mais pas d'échange de matière avec le milieu extérieur. b) Paramètres du système Un système en équilibre à un instant t donné est dit dans un état défini : il est alors caractérisé par des paramètres ou des variables d'état mesurables. Soulignons la différence entre paramètres extensifs, paramètres additifs liés à la quantité de matière (exemples : masse, nombre de moles, volume...) et paramètres intensifs, non additifs, mais locaux, indépendants de la quantité de matière (exemples : température, pression, masse volumique, fractions molaires...). Laurent Pietri ~1~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI c) Phase uniforme - Exemples de systèmes Une phase uniforme (cas usuel) est un domaine d'espace où tous les paramètres intensifs Y ont une même valeur indépendante du point considéré : Par la suite, nous ne nous intéresserons qu'aux phases uniformes qui correspondent aux exemples usuels en chimie. Un système homogène comprend une seule phase uniforme : = 1 (avec , nombre de phases). Les systèmes les plus simples sont homogènes. - Mélange gazeux : on utilise la loi du gaz parfait : PV=nRT. Tout mélange de gaz parfait est considéré comme un gaz parfait unique (mélange idéal). Mais chaque gaz est caractérisé par sa pression partielle. - Solution aqueuse : l'eau solvant (en large excès) dissout diverses espèces (les solutés) et conduit à une phase liquide uniforme. Bien entendu, le système le plus général est polyphasé. Un système hétérogène possède plusieurs phases : 2. Exemple : solution d'eau salée saturée ; dépôt d'une phase solide (le sel) au contact de la phase aqueuse. Lors de la description intensive d'un système chimique, les paramètres de composition doivent être relatifs à chaque phase. On utilise : Laurent Pietri ~2~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI I-2) Transformations du système physico-chimique a) Définition - Divers types Une transformation correspond au passage du système d'un état défini initial (E.I.) à un état défini final (E.F.). On distingue deux types de transformations limites. - Une transformation infiniment lente permet une suite continue d'états d'équilibre. Si T est la température du système, Te celle du milieu extérieur : T = Te à chaque instant si paroi diathermane. De même si P est la pression du système, Pe celle du milieu extérieur : P = Pe à chaque instant si paroi mobile. Ces deux conditions traduisent les équilibres thermique et mécanique. - Une transformation réversible est une transformation infiniment lente qui en outre peut être inversée, le chemin du retour repassant par les mêmes états successifs d'équilibre qu'à l'aller. Cela suppose l'absence de tout phénomène dissipatif (tel que frottements) ou de transferts (inhomogénéité de concentration, etc.). Remarquons que toutes les transformations réelles sont irréversibles et par essence même les transformations d'un système physico-chimique : il y a réaction physique ou chimique dans un sens bien déterminé, c'est-à-dire un transfert de matière, source d'irréversibilité. Laurent Pietri ~3~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI b) Transformations physico-chimiques usuelles Les échanges d'énergie du système physico-chimique se font en général avec une seule source, le milieu extérieur ambiant à Te. Par conséquent, bien que la température du système puisse varier de l'E.l. à l'E.F., nous aurons dans les états extrêmes d'équilibre : Le système physico-chimique subit en général une transformation monotherme. Ne pas confondre monotherme (Te=constante) et isotherme (Tsystème=constante). Une transformation monotherme réversible devient une isotherme. L'opérateur choisit en plus l'un des modes suivants : - Transformation monotherme isochore : le système évolue à volume constant (réacteur fermé indéformable); - Transformation monotherme monobare : le système évolue à pression extérieure constante (réacteur à la pression atmosphérique par exemple). Ici encore, ne pas confondre monobare (Pe= constante) et isobare (P = constante). Les modèles des réacteurs associés seront donc : - Transformation isotherme isochore : T, V fixés ; - Transformation isotherme isobare : T, P fixées. - Lorsque le réacteur est parfaitement calorifugé (Q = 0, absence d'échanges thermiques avec l'extérieur), il devient adiabatique (et selon, isochore ou isobare). Laurent Pietri ~4~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI c) Équation-bilan L'équation-bilan, traduisant le bilan de réorganisation de la matière (conservation des éléments), s'écrit alors sous la forme d'une égalité : d) Avancement de réaction Le système physico-chimique évolue par la réaction d'équationbilan : est une grandeur algébrique et a les dimensions d'une quantité de matière (mol). est encore connu sous le nom d’avancement de réaction (ou variable de De Donder) Pour décrire un système chimique à un instant t, on dispose de deux modes usuels : - Variables de Gibbs : T, P, ni, ... - Variables de De Donder : T, P, (t). Laurent Pietri ~5~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI Toute évolution élémentaire se traduit par une variation élémentaire des quantités de matière : où est dit avancement élémentaire de réaction. e) État final d'équilibre Le système atteint l'état d'équilibre lorsque température, pression et composition du système sont les mêmes en tout point de chaque phase et restent invariantes au cours du temps. État d'équilibre = équilibre thermique, mécanique et de composition. II - L'état standard L'étude de l'évolution d'un système physico-chimique réel se fera toujours en chimie par comparaison avec un système fictif associé, dit système standard. Pour pouvoir bâtir des tables de données, on a défini pour chaque constituant du système un état standard. Voyons les caractéristiques de cet état standard. II-1) Pression standard Pour tout état physique du constituant, l'état standard correspond à une pression standard : P° = 1 bar = 105 Pa II-2) Température Il n'y a pas de température standard. Si l'on considère un constituant à T, l'état standard se rapporte donc à P° = 1 bar et à cette même température T. Il n'y a pas un état standard, mais des états standards à chaque température T. Laurent Pietri ~6~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI II-3) État physique standard a) Constituant gazeux Soit un constituant gazeux pur (pression p) ou dans un mélange (pression partielle pi) à la température T. L'état standard correspond à ce constituant pur sous P° = 1 bar, à la même température T, et se comportant comme un gaz parfait (absence d'interactions). Cet état physique peut être réel ou hypothétique. Ex : H20(g) à 25 °C, 10-3 bar Etat standard : H20(g) à 25 °, gaz parfait, sous P° = 1 bar. b) Constituant en phase condensée Soit un constituant liquide (ou solide) dans les conditions P, T, dans un mélange ou non. L'état standard correspond à ce constituant pur sous P° = 1 bar, à la même température T, et dans le même état physique liquide (ou solide). Cet état physique est en général réel, car la pression a une très faible influence sur les phases condensées. Ex : H20(s) à -10 °C sous 10 bar Etat standard H20(s) à -10 °C sous 1 bar. c) Constituant en solution aqueuse Il nous faut distinguer solvant et soluté. - Pour le solvant (ici l'eau), l'état standard correspond au corps pur à l'état liquide sous P° = 1 bar, à la même température T. - Pour un soluté : espèce à l'origine solide, liquide ou gazeuse dissoute dans un solvant (l'eau) en large excès : L'état standard correspond à l'état hypothétique de ce soluté à la concentration C° = 1 mol.L-1, sous P° = 1 bar, les interactions entre particules soluté étant nulles comme à dilution infinie. Ex : NH3(aq) C = 0,10 mol.L-1 à 10 °C sous P = 2 bar Etat standard NH3(aq), C° = 1 mol.L-1 à 10 °C, sous P° = 1 bar Laurent Pietri ~7~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI II-4) Système chimique standard et réaction chimique standard L'étude d'un système chimique réel à T fait appel au système standard associé à T, c'est-à-dire un système fictif dans lequel chaque constituant est dans son état standard à T (pur, sous P° = 1 bar, dans l'état physique adéquat). Lorsque ce système évolue selon une réaction chimique de façon monotherme, on définit de même la réaction standard. On la note : L'exposant ° précisant l'état standard. Le qualificatif standard s'applique à une réaction isotherme (T), dans laquelle les réactifs sont pris isolément dans leur état standard à T, et donnent, selon la stœchiométrie de la réaction, les produits isolés dans leur état standard à T. II-5) État standard de référence d'un élément a) Définition Nous avons vu que l'état standard d'un constituant pouvait être un état physique hypothétique ou réel. Lorsque l'on considère un élément chimique, il peut donner lieu à divers états d'agrégation (divers corps simples) dans divers états physiques. Laurent Pietri ~8~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI On peut donc définir plusieurs états standard à une même température T. Parmi tous ceux-ci, l'un d'entre eux est distingué : L'état standard de référence d'un élément à T est l'état standard de son état d'agrégation correspondant à la phase thermodynamiquement stable à T. b) Exemples : - Pour les éléments H, N, 0, Cl : l'état de référence est le gaz parfait diatomique à toute température (H2, N2, 02, Cl2). - Quand il existe plusieurs corps simples pour un même élément à l'état gazeux, c'est le corps simple de plus faible atomicité et présent notablement qui sert de référence. (O2 et pas O3 par exemple) - Pour le carbone, l'état de référence est le graphite à toute température. III - Le premier principe III-1) L'énoncé du premier principe Dans l'hypothèse d'un système fermé et macroscopiquement au repos, la variation d'énergie interne entre l'état initial I et l'état final F mesure les transferts d'énergie, sous forme de travail W ou d'énergie thermique Q, avec le milieu extérieur. U = UF — Ui = W+Q Pour une transformation élémentaire : dU = W + Q La notation d (dé droit) rappelle qu'il s'agit d'une différentielle exacte (sens physique : une petite variation) tandis que la notation (delta) rappelle qu'il s'agit d'une forme différentielle associée à une Laurent Pietri ~9~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI grandeur dépendante du chemin suivi (sens physique : une petite quantité). III-2) Expression du travail Le terme W représente la somme des travaux des forces non conservatives transférés algébriquement du système au milieu extérieur ou réciproquement (W > 0 si reçu par le système) : travail mécanique, travail électrique, ... Dans ce cours, nous nous limiterons au seul travail des forces de pression. Examinons les deux modèles usuels. - Réacteur isochore : L'absence de variation de volume pour le système (dV=0) implique un travail nul : . - Réacteur monobare Lorsque la pression extérieure reste constante : III-3) Expression de l'énergie thermique a) La chaleur La chaleur est la forme d'énergie transférée au système par suite des interactions à l'échelle microscopique. On l'appelle énergie de transfert thermique. Elle peut correspondre à : - Un échauffement ou refroidissement du système ; - Un changement d'état du système ; - Une réaction chimique au sein du système. Elle se déduit du premier principe : Laurent Pietri ~ 10 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI b) Réacteur isochore Le premier principe donne immédiatement, puisque W = 0 : Désormais, l'énergie thermique transférée est mesurée par la variation d'une fonction d'état. Son expression ne dépend plus du chemin suivi. On peut maintenant la calculer sur tout nouveau chemin menant du même état initial au même état final. c) Réacteur monobare — Enthalpie Le premier principe donne, puisque : On a ainsi défini une nouvelle fonction d'état, l'enthalpie H, dont la variation mesure l'énergie thermique transférée dans cette transformation monobare. Ici encore, Qp ne dépend plus du chemin suivi. III-4) Cas particulier du corps pur monophasé a) Le gaz parfait Les lois de Joule prouvent que énergie interne et enthalpie ne dépendent que de la température. pour toute transformation du GP. Cpm et Cvm sont liées par la formule de Mayer : b) État condensé Le volume d'un état condensé (solide ou liquide) est souvent sensiblement constant. Équation d'état approchée : Vu, le faible volume d'une phase condensée d(pV)0, d’où : Avec, Laurent Pietri capacité thermique molaire. ~ 11 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI IV - Grandeurs du système et grandeurs de réaction IV-1) Corps pur : grandeurs molaires a) Définition Soit un corps pur monophasé et soit X toute grandeur extensive qui lui est relative : X peut être son volume, son énergie interne, son enthalpie. L'extensivité se traduit en variables de Gibbs (T, P, n) pour une phase uniforme par : , grandeur molaire intensive. La grandeur molaire représente la valeur prise par la grandeur physique X pour une mole du corps pur. Elle est indépendante de n. Réciproquement, on peut déduire de la connaissance de la fonction X(T, p, n) d'après : b) Grandeurs molaires standard Il s'agit de la valeur de la grandeur molaire du constituant pur à l'état standard, c'est-à-dire sous la pression P° = 1 bar. La grandeur molaire standard ne dépend donc plus que de la seule température : Exemples : volumes molaires standard. - Gaz parfait - Phase condensée : Volume molaire standard du plomb : À 25 °C, la masse volumique du plomb vaut : =11340kg.m-3. Or, M=207g.mol-1 Ce volume est totalement négligeable devant celui du gaz parfait à 25 °C : Laurent Pietri ~ 12 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI c) Enthalpie molaire standard En variables T, P, pour n moles d'un corps pur monophasé uniforme : Dans le cas d'un gaz parfait, l'enthalpie ne dépendant que de la température, l'enthalpie molaire se confond avec l'enthalpie molaire standard. Dans le cas d'une phase condensée, l'influence de la pression reste très faible et la relation précédente reste approximativement valable : IV-2) Mélange : grandeurs molaires partielles a) Définition Nous considérons ici un système quelconque où chaque phase (sous-système choisi) est constituée par un mélange {A1, ..., Ai, ..., AN} en équilibre de température et de pression (homogénéité). Soit X une grandeur extensive quelconque du sous-système monophasé étudié : Par définition, on pose : La grandeur molaire partielle de Ai dans le mélange. L'extensivité de X, s'écrit : On retrouve une expression analogue à celle d'un corps pur, mais il ne faut surtout pas confondre dans le cas général grandeur molaire Laurent Pietri ~ 13 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI et grandeur molaire partielle. On différencie par une petite étoile les deux grandeurs. b) Volumes molaires partiels - Gaz parfait : un mélange de gaz parfaits se comporte comme un gaz parfait unique. - Phase condensée : considérons le mélange de deux liquides, l'eau et l'éthanol, en proportions quelconques. Si on prend dans les mêmes conditions de température et pression deux béchers, respectivement d’eau et d’alcool tel que : Et que l’on mélange les volumes de ces deux béchers alors on constate que : Cela traduit le fait d’avoir des interactions plus fortes eau-éthanol (seul le volume a baissé, la masse est restée inchangée) c) Mélange idéal On peut considérer un mélange idéal comme un mélange où les interactions mutuelles sont de même nature que les interactions préexistantes dans les corps purs. L'opération de mélange se fait alors sans effet volumique : Laurent Pietri ~ 14 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI d) Enthalpie molaire partielle On peut définir par analogie l'enthalpie molaire partielle : A priori, dépend des quantités en présence (les interactions varient avec la composition du mélange). L'approximation classique consiste à assimiler les gaz à des gaz parfaits (absence d'interactions) et les solutions à des mélanges idéaux. Dans ce cas : Comme en outre, la pression n'intervient pas dans l'expression de l'enthalpie molaire du gaz parfait, et que son influence reste négligeable sur les phases condensées : IV-3) Mélange en réaction chimique Désormais, notre système {A1, ...,AN} évolue selon une réaction d'équation bilan : Nous supposons la température (T) et la pression (P) fixées. L'enthalpie du système global est alors une fonction affine de l'avancement, car seuls les ni varient selon : Exercice : Soit le système A(g), B(g) et C(g) en quantités 1 mol, 1 mol, 1 mol à 25°C et P fixée. Ce système évolue selon la réaction chimique d'équation-bilan : A(g) = 2 B(g) + C(g) On appelle l'avancement de réaction à l'équilibre final. Calculer l'énergie thermique échangée par le système avec le milieu extérieur, lors de cette transformation. Laurent Pietri ~ 15 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI L'utilisation des grandeurs molaires standard à 25 °C permet de calculer l'énergie thermique lors d'une évolution réelle. Remarquons que Qp (extensive) est le produit d'un terme extensif caractéristique de l'évolution réelle ( ) par un terme intensif associé à la réaction chimique standard : avec coefficient stoechiométrique algébrique sans dimension. Cela nous amène à définir des grandeurs de réaction. IV-4) L'enthalpie de réaction a) Définition Par hypothèse, le système monophasé {A1, ..., Ai, ..., AN} évolue selon la réaction d'équation-bilan : - En variables de Gibbs, toute évolution élémentaire à T, P fixées se traduit pour la fonction extensive H(T,P,n,) par : Laurent Pietri ~ 16 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI - En variables de De Donder, cette même évolution peut s'écrire pour H(T,p, ) à T, P fixées : L'identification des deux expressions, conduit à : On appelle opérateur de Lewis, noté , l'opérateur dérivation partielle par rapport à l'avancement de réaction, à T, P fixées, qui associe à la fonction d'état H extensive du système la grandeur de réaction : - Exemple : la connaissance de la fonction H( ) de l'E.I. ( = 0) à l'E.F. ( = F) permet de déduire l'enthalpie de réaction instantanée comme pente au point considéré. est l'enthalpie de réaction, intensive (J.mol-1), associée à une réaction donnée. Laurent Pietri ~ 17 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI - Exemple : 2 H2(g) + 02(g) = 2 H2O(l). à 25 °C, sous P bar. L'enthalpie de réaction, quelles que soient les quantités de matière du système réel, correspond à : b) Enthalpie standard de réaction Considérons le système standard ( ) associé au système réel (A1, ..., Ai, ..., An). Chaque constituant est pris pur, sous P° = 1 bar dans l'état physique standard, et il se produit la réaction standard dans les proportions stœchiométriques. Nous savons que pour le mélange réel en réaction : Il en résulte pour un avancement d : L'enthalpie de la réaction réelle se confond avec l'enthalpie standard de réaction et ne dépend donc que de T : c) Application réacteur monotherme-monobare Nous savons que Qp se confond avec la variation d'enthalpie du système : La variation d'enthalpie du système se déduit donc, à un facteur extensif près, de l'enthalpie de réaction. Comme avec une bonne approximation : c'est ce que nous avions trouvé dans l'exercice précédent. Laurent Pietri ~ 18 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI On peut donc distinguer trois cas usuels : Le calcul de à partir de tables nous permettra ainsi de déduire tout transfert thermique système/milieu extérieur pour une transformation monotherme monobare. V - Calculs des enthalpies de réaction standard V-1) Conventions relatives aux enthalpies molaires standard de formation a) Définition L'enthalpie molaire standard de formation, notée , d'un composé à une température T correspond à l'enthalpie standard de réaction , associée à la réaction de formation d'une mole de ce composé à partir de ses éléments constitutifs pris dans leur état standard de référence à la température considérée. Rappelons que l'état standard de référence est l'état d'agrégation le plus stable en quantité notable à la température considérée, sous P° = 1 bar. Laurent Pietri ~ 19 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI Exemples : b) Convention relative aux corps simples La définition précédente appliquée à un corps simple dans un état standard de référence à T implique : En effet : Cela est valable pour toute température. c) Cas des corps composés Les enthalpies molaires standard de formation des corps composés sont tabulées usuellement à 25 °C. - Ce corps composé peut être dans son état standard réel à 25°C. On lit par exemple : On utilise les méthodes calorimétriques traditionnelles décrites dans le cours de Physique, pour mesurer les chaleurs de réaction à Laurent Pietri ~ 20 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI pression constante et constituer ainsi les tables de . Mais il est souvent impossible de réaliser concrètement la réaction de formation. On détermine alors le en construisant un cycle (H étant une fonction d'état) à partir d'autres grandeurs de formation connues et d'une réaction où la chaleur de réaction est mesurable : enthalpie de combustion par exemple. Exercice : Enthalpie de formation de CO Déterminer l'enthalpie molaire standard de formation du monoxyde de carbone à 25 °C connaissant : - L’enthalpie de combustion de CO(g) : d) Cas des ions en solution aqueuse La formation d'ions en solution aqueuse s'écrit à partir des corps simples constitutifs dans leur état standard de référence. Exemple : Comme une solution est électriquement neutre, une réaction met toujours en jeu deux enthalpies de formation d'ions. Il faut donc une nouvelle convention pour un ion, pour déduire celle des autres ions. Laurent Pietri ~ 21 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI V-2) Les différentes enthalpies standard de changement d'état du corps pur Ces grandeurs, comme toutes les grandeurs standard, ne dépendent que de la température. Par exemple l’enthalpie standard de fusion est telle que : Au point triple on a : V-3) Calculs des enthalpies standard de réactions quelconques a) Loi de Hess Il s'agit de calculer l'enthalpie standard d'une réaction à T. Pour cela, il suffit de dissocier les réactifs en leurs corps simples dans leur état standard de référence à T, puis de les réassocier sous forme de produits. Ce résultat est encore connu sous le nom de loi de Hess : il traduit le fait que le calcul de ne dépend pas du chemin suivi. Exemple à (25 °C) Laurent Pietri ~ 22 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI b) Influence de la température - Approximation d'Ellingham Les tables étant fournies à 25 °C = 298 K, se pose le problème du calcul de l'enthalpie de réaction standard à une température T quelconque. Nous allons raisonner sur l'exemple précédent. Déterminer de la réaction : connaissant . Méthode des cycles : l'enthalpie étant une fonction d'état, on calcule sa variation sur un nouveau chemin menant du même état initial au même état final. Il suffit de refroidir les réactifs de T à 298 K, de faire la réaction à 298 K et d'échauffer les produits de 298 K à T. Le bilan enthalpique s'écrit : Où : On constate que ce terme est faible comparé à la valeur de avec Laurent Pietri ~ 23 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI - Approximation d'Ellingham : L'enthalpie standard de réaction est supposée indépendante de la température en l'absence de changement d'état. En revanche, il y a une discontinuité de l'enthalpie standard de réaction lorsque l'un des constituants change d'état. Pour la suite de ce cours, nous nous placerons dans l'approximation usuelle proposée par Ellingham. V-4) Énergies ou enthalpies de liaison a) Définition d'une énergie de liaison - Cas d'une molécule diatomique AB L'énergie de liaison est l'énergie nécessaire pour rompre la liaison A—B : DAB grandeur positive d'ordre de grandeur quelques centaines de kJ.mol-1. On peut assimiler en première approximation l'enthalpie standard de dissociation à T = 298 K à l'énergie de liaison DAB : - Cas d'une molécule polyatomique ABn Nous utiliserons le modèle simple des liaisons indépendantes, c'est-à-dire que nous adopterons l'énergie de liaison moyenne : Cette méthode est donc forcément approximative et ne conduit qu'à des ordres de grandeur. Laurent Pietri ~ 24 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI b) Réaction d'atomisation C'est la réaction qui consiste à décomposer une molécule polyatomique gazeuse en tous ses atomes à l'état gazeux. Exemple : D’où : c) Calcul d'une enthalpie standard de réaction Désormais, nous disposons d'une nouvelle source de données pour calculer les enthalpies standard de réaction : il suffit de dissocier les réactifs en leurs atomes gazeux (réaction d'atomisation) puis de reconstituer les produits. Exemple : En généralisant (2ème loi de Hess): où ki représente le nombre de liaisons de type i, avec la convention : > 0 pour les produits. < 0 pour les réactifs. Laurent Pietri ~ 25 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI VI – Evolution adiabatique VI-1) Nature du système Jusqu'à présent, nous avons toujours considéré des modèles isothermes. En fait, dans un certain nombre de réactions chimiques exothermiques type inflammation, explosion, la rapidité de la réaction empêche les transferts de chaleur vers le milieu extérieur ; c'est le système lui-même qui absorbe cette chaleur et la température varie. On peut choisir comme nouveau modèle une transformation adiabatique de l’EI à l’EF la température maximale atteinte est alors dite température de réaction adiabatique. En réalité, la présence de fuites thermiques rend toujours T < Tmax. Sachant que le système évolue dans un réacteur monobare (réacteur à Patm, par exemple) : Nous déduisons de la condition énergétique la température maximale dite de flamme. VI-2) Réacteur monobare - Température de flamme Comme le chemin réel voit la température varier de façon continue et non connue, on choisit usuellement le chemin fictif suivant : - Réaction chimique isotherme à la température initiale conduisant à la composition finale du système ; - Echauffement de tous les constituants (réactifs en excès, ou produits, ou composés inertes présents) du système de la température initiale à Tf sous P fixée. Laurent Pietri ~ 26 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI D’où le calcul de Tf. Exemple : Pour illustrer les propos précédents, nous nous intéressons à la combustion isobare du monoxyde de carbone initialement à T0=298K selon la réaction : 2 CO(g) + O2(g) = 2 CO2(g) avec rH0<0 exothermique - 1er cas : quantité stœchiométrique de dioxygène pur Nous supposons la réaction totale à T0 puis l'échauffement du dioxyde de carbone formé de T0 à Tf. Le bilan adiabatique se traduit par : L'avancement de la réaction isotherme isobare (1) correspondant à : =n. Si nous supposons la capacité thermique massique indépendante de la température, nous obtenons : D’où : Laurent Pietri ~ 27 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI - 2ème cas : quantité d'air en excès Nous utilisons désormais, pour 2n mol de CO, 10n mol d'air (80 %N2 et 20% 02). Selon le même raisonnement, le dioxygène étant en excès : Le bilan adiabatique se traduit par : Avec : Nous obtenons : VI-3) Calorimétrie Le bilan enthalpique, pour un avancement de réaction en l'absence de fuites thermiques : Qui peut se simplifier en : f, donne La mesure de , ou mieux le suivi informatique avec un capteur de température, conduit alors aisément à la valeur de . Nous allons visualiser directement la courbe = f(t), Laurent Pietri ~ 28 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy Cours : A – Thermochimie I – Thermochimie du premier principe Sciences Physiques : PSI Si la courbe = f(t) est quasi horizontale avant l'ajout et après l'opération de mélange, c'est que les fuites thermiques sont négligeables. En cas de fuites thermiques non négligeables, on estime les températures initiale et finale par la méthode de compensation de Rumford. (cf schéma et au TP) Laurent Pietri ~ 29 ~ Lycée Henri Loritz - Nancy