DIFFUSION GÉNÉRALE
OCDE/GD(93)49
MIGRATIONS ET COOPÉRATION INTERNATIONALE :
LES ENJEUX POUR LES PAYS DE L’OCDE
CONFÉRENCE ORGANISÉE PAR L’OCDE, LE CANADA ET L’ESPAGNE
Madrid, 29-31 mars 1993
BILAN DE L’ÉMIGRATION IRLANDAISE, DE SES CAUSES
ET DE SES CONSÉQUENCES
par
Jerry SEXTON
ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES
Paris 1993
>
POUR RAISONS TECHNIQUES, GRAPHIQUES/TABLEAUX/FACSIMILÉS INDISPONIBLES SUR OLIS
Le rapport ci-joint a été établi par Mr. Jerry Sexton, The Economic and
Social Research Institute, Dublin. Il fait partie des documents de référence
qui seront examinés au cours de la deuxième session, point C. sur "Les
politiques migratoires : leurs effets sur le développement des pays de départ -
Migrations et développement des pays de départ".
Les vues exprimées sont celles de l’auteur et n’engagent ni
l’Organisation, ni les autorités nationales concernées. Ce rapport est publié
sous la responsabilité du Secrétaire général.
Copyright OCDE, 1993
RÉSUMÉ
Jusqu’à une date relativement récente de son histoire, l’Irlande a
constitué un cas unique du point de vue démographique au sein des pays
européens dans la mesure où elle a enregistré, du fait de l’émigration, une
baisse presque continue de sa population.
On a enregistré des évolutions importantes dans le temps en ce qui
concerne les destinations choisies par les émigrants irlandais. A la fin du
siècle dernier et au début du XXème siècle, une grande partie de ces émigrants
se dirige vers l’Amérique du nord, et en particulier, vers les Etats-Unis.
L’émigration irlandaise récente s’explique avant tout par le fait que le pays
n’a pas été en mesure d’assurer une croissance économique suffisante pour que
le marché de l’emploi puisse faire face à l’augmentation démographique. S’y
ajoute cependant le fait que les Irlandais ont bénéficié traditionnellement
d’un accès relativement aisé à des marchés extérieurs bien structurés qui, dans
la plupart des cas, offraient de larges possibilités d’emploi.
Les études économétriques fournissent des résultats relativement stables
d’une année à l’autre. Elles tendent à réaffirmer le caractère contrecyclique
de l’émigration irlandaise, qui augmente quand le marché national du travail
est relativement déprimé et qui décroît, voire cède la place à un excédent net
d’entrants, en période d’activité économique relativement soutenue en Irlande.
Elles montrent en outre que l’émigration réagit aux évolutions du marché du
travail, le solde net d’émigration progressant en même temps que le
différentiel de salaire entre l’Irlande et le Royaume-Uni et/ou le taux de
chômage en Irlande croissant en même temps que le taux de chômage au
Royaume-Uni.
Le simple désir d’accéder à un emploi n’est pas la motivation exclusive,
ni même la motivation dominante de ceux qui émigrent : la décision peut être
également motivée par une insatisfaction vis-à-vis de l’emploi exercé ou par
des aspirations professionnelles qui ne peuvent être satisfaites localement. La
peur d’être victimes en Irlande d’une mobilité économique descendante
représentait un élément important de la décision pour les personnes ayant
terminé le premier cycle du secondaire, dont beaucoup avaient accepté des
tâches manuelles ou des emplois mal rémunérés avant de quitter le pays et dont
une proportion notable bénéficiait d’une mobilité économique ascendante au
moment du départ.
Sur le plan économique, on est en droit de se demander si l’émigration
n’a pas constitué pour la population une issue trop commode, ce qui
expliquerait qu’on n’a pas vu se manifester chez elle le besoin impérieux de
développer rapidement et résolument les ressources, réaction qui se serait sans
doute produite si la pression démographique avait eu pour effet de forcer le
rythme du développement. En réalité, la solution commode qu’offrait
l’émigration a permis à la population restée au pays de bénéficier d’un niveau
de vie acceptable et c’est ce qui explique qu’on se satisfasse de conditions
qui sont des conditions de sous-développement, alors que des améliorations
considérables seraient possibles. Cependant, l’émigration n’a pas été forcément
dommageable pour l’économie dans le long terme car, même aux périodes de forte
émigration l’offre d’emploi en Irlande se situait souvent à un très bon niveau.
Cette opinion ne tient pas compte du fait que l’émigration peut être très mal
vécue au niveau personnel.
Toutefois, certaines caractéristiques des flux migratoires récents
inspirent quelque inquiétude, en particulier le fait qu’ils touchent un nombre
excessif de jeunes qualifiés. A long terme, les effets ne sont pas forcément
négatifs, car il est prouvé que les émigrants qualifiés reviennent au pays
quand la situation économique s’améliore. Cette évolution est cependant
préoccupante dans la mesure où elle s’inscrit dans un contexte communautaire
marqué par une tendance à l’intégration économique, ce qui peut conduire à une
plus grande concentration de l’activité économique dans les zones européennes
les plus développées et les plus novatrices. Les modifications du régime fiscal
pourraient avoir joué un rôle incitatif pour les salariés du haut de l’échelle
envisageant de s’expatrier. Dans cette hypothèse, l’économie irlandaise
pourrait bien se trouver confrontée à un double problème : l’ exode plus marqué
de jeunes de talent et la diminution chez ces mêmes personnes de la propension
à rentrer. Cette situation pourrait jouer contre l’objectif de la croissance
économique.
L’émigration et le chômage sont dans une certaine mesure des
conséquences interchangeables, puisqu’elles dépendent l’une et l’autre de la
situation relative de l’Irlande par rapport aux marchés extérieurs. La question
est de savoir si c’est là le produit d’une croissance démographique élevée ou
bien si le pays n’a pas fait l’effort nécessaire pour atteindre des objectifs
raisonnables de croissance, ce qui aurait permis d’augmenter le rythme des
créations d’emplois.
REMERCIEMENTS
Une partie importante de ce travail est issue du Rapport 1991 du
{National Economic and Social Council} (NESC) -- Les implications économiques et
sociales de l’émigration, auquel l’auteur a participé. Mais je tiens à
remercier pour leur contribution les professeurs B.M. Walsh du University
College de Dublin, le professeur D. Hannan de l’Institut de Recherche
Economique et Sociale et Mlle D. McMahon, de Nuffield College, Oxford.
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