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Bouyghes dans des mobile-home dans le cadre de la construction de réacteur
EPR en France. Rien non plus sur ces polonais rentrant dans leur pays en
pleine expansion économique. Et rien sur ces sud-américains d’Espagne
ruinés par la crise qui repartent de zéro dans leur pays grâce à un fonds
d’aide au retour, désormais épuisé.
Il est aussi très difficile d’avoir des chiffres exacts sur ces nouveaux
migrants, certains pays ne comptabilisant que les départs hors Europe. On
constate malgré tout que certains pays ont désormais une balance migratoire
négative.
Mais la situation est sensiblement différente d’un pays à l’autre.
Le chômage atteint désormais environ 15% de la population et plus d’un
jeune sur trois est concerné. Les mesures draconiennes d’assainissement ont
vu baisser les salaires, les pensions et les allocations, les magasins ferment
les uns après les autres. Beaucoup de portugais travaillaient en Espagne où
la situation est encore pire. L’an dernier, plus de 120 000 personnes auraient
émigré notamment vers les anciennes colonies (Angola, Mozambique et le
Brésil) en pleine croissance. On compte désormais 100 000 portugais résidant
en Angola soit le triple des angolais résidant au Portugal. Le Brésil attire
surtout une main-d’œuvre qualifiée, des jeunes diplômés à la recherche d’un
premier emploi. Les portugais n’ayant pas besoin de visa pour un séjour
touristique, ils régularisent souvent leurs situation après avoir signé leur
contrat. Pour l’Angola et le Mozambique, il convient d’avoir un contrat
en poche pour avoir un visa, les secteurs engageant sont aussi divers que la
finance, les nouvelles technologies et le bâtiment.
Mais ces anciennes colonies ne sont pas les seules destinations de ces
nouveaux migrants. La France où résident un grand nombre de portugais
issus des vagues migratoires d’après-guerre et des années 60, est également
une destination privilégiée. Le salaire minimum étant désormais de 472€ au
Portugal, certains se contentent d’un salaire horaire de 4€/heure. Durant
la décennie 2000-2010, la France a reçu 580 000 portugais devançant ainsi
le Brésil (213000) et les États-Unis (191 800) et la tendance est repartie à la
hausse depuis 2011.
Mais cette émigration devient parfois un trop beau mirage. Certains
mal préparés, ne connaissant pas la langue du pays d’accueil, se trouvent
parfois dans des situations dramatiques. C’est le cas au Luxembourg et en
Suisse notamment où des couples âgés de 30 à 50 ans, sans qualification,
débarquent avec leurs enfants mineurs, persuadés de trouver rapidement
un travail. Eduardo Dias a qualifié cette émigration d’« émigration béta ».