Économie, sociologie et histoire du monde contemporain, 2e édition © Armand Colin, 2016.
Fiche concours : Développement économique et développement
durable sont-ils compatibles ? (Chapitre 6-II)
Introduction
En 2007, la Chine est devenue le premier pollueur mondial. Le développement économique accéléré du pays peut ainsi
sembler incompatible avec le développement durable. De manière générale, l’industrialisation et l’urbanisation rapide d’un
grand nombre de pays posent le problème de l’accroissement des émissions de GES. Cependant, il ne serait ni juste ni
possible de s’opposer au développement économique des pays en développement au nom de la durabilité. Comment
concilier les deux éléments ?
I. Un développement économique capitaliste insoutenable…
Depuis la fin du XVIIIe siècle et l’émergence du capitalisme, l’environnement s’est fortement dégradé ce qui questionne la
pertinence du modèle occidental de développement. Certains dommages causés à l’environnement semblent en effet
irréversibles, et le réchauffement climatique à venir est une certitude. La question qui se pose à présent est donc celle de
la limitation de ce réchauffement.
Par ailleurs, l’aspiration au développement économique a conduit à une accélération de la dégradation de
l’environnement au cours des 30 dernières années. Alors que la réglementation environnementale devenait plus
contraignante dans le monde développé, le monde en développement a pu accueillir les productions les plus polluantes, à
l’image de la production des terres rares, composants essentiels de certaines technologies propres comme les éoliennes.
Certains ont même parlé de « dumping environnemental ». Les PED répondent, légitimement, que les dégradations
passées, dont la responsabilité incombe au monde développé aujourd’hui, ne peuvent justifier de freiner leur propre
développement.
II. …sauf à mettre en œuvre des mesures d’accompagnement
Les pays développés peuvent mettre en œuvre des incitations à produire proprement dans les PED dans lesquels ils
sont implantés. C’est le cas par exemple du mécanisme de développement propre (MDP) associé au marché de quotas
d’émissions de CO2 en Europe. Il s’agit en effet d’inciter les firmes à investir dans des technologies propres au Sud en
leur attribuant des quotas d’émission supplémentaires qu’elles pourront utiliser ou vendre. L’efficacité dépendra bien
sûr du prix de la tonne de CO2 fixé sur le marché : un prix trop faible réduit l’efficacité de la mesure.
Par ailleurs, les progrès technologiques peuvent permettre d’améliorer la soutenabilité du développement. En
reprenant la thèse d’A. Gerschenkron selon laquelle il n’y a pas une voie de développement unique et selon laquelle les
pays retardataires (
latecomers
) peuvent tirer profit des technologies les plus avancées, le développement économique
actuel pourrait s’appuyer sur des transferts de technologies écologiquement rationnelles. Le Fonds pour
l’environnement mondial (FEM), créé en 1991, a par exemple développé des transferts de technologies économes en
énergies à destination d’un grand nombre de pays en développement.
Conclusion
Ainsi, le modèle économique de développement des deux derniers siècles est insoutenable. Pour autant, il serait injuste
d’interdire l’accès au développement à la majorité de l’humanité. D’autant que cela entrerait en contradiction avec le
pilier social du développement durable visant à lutter contre les inégalités. La crise économique déclenchée en 2007
semble avoir fait passer la question de la soutenabilité du développement au second plan. Il est à présent urgent de
réagir.