Chapitre 6-II

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Fiche concours : Développement économique et développement
durable sont-ils compatibles ? (Chapitre 6-II)
Introduction
En 2007, la Chine est devenue le premier pollueur mondial. Le développement économique accéléré du pays peut ainsi
sembler incompatible avec le développement durable. De manière générale, l’industrialisation et l’urbanisation rapide d’un
grand nombre de pays posent le problème de l’accroissement des émissions de GES. Cependant, il ne serait ni juste ni
possible de s’opposer au développement économique des pays en développement au nom de la durabilité. Comment
concilier les deux éléments ?
I. Un développement économique capitaliste insoutenable…
Depuis la fin du XVIIIe siècle et l’émergence du capitalisme, l’environnement s’est fortement dégradé ce qui questionne la
pertinence du modèle occidental de développement. Certains dommages causés à l’environnement semblent en effet
irréversibles, et le réchauffement climatique à venir est une certitude. La question qui se pose à présent est donc celle de
la limitation de ce réchauffement.
Par ailleurs, l’aspiration au développement économique a conduit à une accélération de la dégradation de
l’environnement au cours des 30 dernières années. Alors que la réglementation environnementale devenait plus
contraignante dans le monde développé, le monde en développement a pu accueillir les productions les plus polluantes, à
l’image de la production des terres rares, composants essentiels de certaines technologies propres comme les éoliennes.
Certains ont même parlé de « dumping environnemental ». Les PED répondent, légitimement, que les dégradations
passées, dont la responsabilité incombe au monde développé aujourd’hui, ne peuvent justifier de freiner leur propre
développement.
II. …sauf à mettre en œuvre des mesures d’accompagnement
Les pays développés peuvent mettre en œuvre des incitations à produire proprement dans les PED dans lesquels ils
sont implantés. C’est le cas par exemple du mécanisme de développement propre (MDP) associé au marché de quotas
d’émissions de CO2 en Europe. Il s’agit en effet d’inciter les firmes à investir dans des technologies propres au Sud en
leur attribuant des quotas d’émission supplémentaires qu’elles pourront utiliser ou vendre. L’efficacité dépendra bien
sûr du prix de la tonne de CO2 fixé sur le marché : un prix trop faible réduit l’efficacité de la mesure.
Par ailleurs, les progrès technologiques peuvent permettre d’améliorer la soutenabilité du développement. En
reprenant la thèse d’A. Gerschenkron selon laquelle il n’y a pas une voie de développement unique et selon laquelle les
pays retardataires (latecomers) peuvent tirer profit des technologies les plus avancées, le développement économique
actuel pourrait s’appuyer sur des transferts de technologies écologiquement rationnelles. Le Fonds pour
l’environnement mondial (FEM), créé en 1991, a par exemple développé des transferts de technologies économes en
énergies à destination d’un grand nombre de pays en développement.
Conclusion
Ainsi, le modèle économique de développement des deux derniers siècles est insoutenable. Pour autant, il serait injuste
d’interdire l’accès au développement à la majorité de l’humanité. D’autant que cela entrerait en contradiction avec le
pilier social du développement durable visant à lutter contre les inégalités. La crise économique déclenchée en 2007
semble avoir fait passer la question de la soutenabilité du développement au second plan. Il est à présent urgent de
réagir.
Économie, sociologie et histoire du monde contemporain, 2e édition © Armand Colin, 2016.
Fiche concours : Les migrations : frein ou moteur du
développement ?
Introduction
En 2014, les transferts d’argent des migrants vers les pays en développement se sont élevés à 436 milliards de dollars
soit bien davantage que l’aide publique au développement des pays membres du Comité d’aide au développement de
l’OCDE (135 milliards). Il existe de nombreuses motivations à l’émigration, mais l’accès à l’emploi et à des revenus plus
élevés est l’explication principale. Les migrations des pays en développement vers les pays développés entravent-elles
leur développement ou au contraire permettent-elles de le stimuler ?
I. Émigration, destruction du capital humain et réduction de la croissance potentielle
L’émigration peut réduire la croissance potentielle et la capacité de développement d’un pays car ce sont généralement
les plus jeunes et les plus qualifiés qui émigrent. Ce sont donc les forces vives de la nation (médecins, avocats,
ingénieurs) qui s’exilent. On a pu parler à ce propos de « fuite des cerveaux ». En conséquence, les capacités
d’investissement et d’innovation du pays se dégradent, ce qui en réduit la croissance potentielle.
Nous savons que croissance et développement ne peuvent être assimilés, cependant avec une croissance moindre, les
ressources des États sont réduites. Or ce sont ces ressources qui pourraient permettre d’améliorer les investissements
immatériels dans la santé et l’éducation et les investissements en infrastructure, eux-mêmes source de croissance.
II. Un retour sur investissement est cependant possible
Il existe des effets positifs sur le développement de l’émigration. Il y a d’abord les transferts de fonds dont le montant est
croissant, malgré un ralentissement léger à la suite de la crise de la fin des années 2000. La Banque mondiale prévoit
qu’ils s’élèveront 516 milliards de dollars en 2016. Il y a également la capacité financière des diasporas qui peut accélérer
l’investissement et la croissance comme ce fut le cas en Chine. Enfin, lorsque les migrants reviennent dans leur pays
d’origine, ils ont généralement acquis du capital humain et une épargne qui peuvent y être investis.
Cependant, ces aspects positifs doivent être renforcés. Pour ce qui concerne les transferts de fonds, leur coût reste encore
très élevé (9 % en moyenne dans le monde, 16 % en Afrique subsaharienne). En 2011 le G20 s’est engagé à les réduire à
5 % maximum. Par ailleurs, si les jeunes les plus diplômés cherchent à quitter leur pays, c’est parce que le marché du
travail y est trop dégradé, et si les plus diplômés sont également ceux qui reviennent le moins c’est parce que
l’environnement économique n’est pas assez « business friendly ». C’est pourquoi l’Organisation internationale du travail
considère que des politiques de « migrations circulaires » pourraient être mises en œuvre.
Conclusion
Ainsi, il semble que l’émigration puisse être une source de développement pour les pays pauvres d’origine. Cela nécessite
d’une part une réduction des coûts des transferts de fonds, de bonnes incitations à investir et une amélioration des
conditions de travail dans le pays d’origine. Pour y parvenir, une coopération forte doit être mise en œuvre entre pays
d’origine, pays de destination et organisations non gouvernementales.
Économie, sociologie et histoire du monde contemporain, 2e édition © Armand Colin, 2016.
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