Exploitation pédagogique de Les Apprentis de Pierre Salvadori
Avant la projection du film
En reprenant le dossier professeur (« Un film sous influence : les maîtres de comédie de
Pierre Salvadori », p.20), voici quelques extraits que vous pouvez proposer aux élèves pour
montrer que le comique, chez Pierre Salvadori, est celui d’un cinéphile passionné.
1- Ernst Lubitsch (1892-1947)
Issu d’une famille juive berlinoise, Ernst Lubitsch est un maître
de la comédie américaine durant les années 30 et 40. Il est surtout
le père de la « Lubitsch touch ». Son nom est associé à la comédie
sophistiquée, construite sur le sens de l'ellipse, qui fait du
spectateur un personnage à part entière.
On peut citer To be or not to be, The shop around the corner»,
Heaven can wait (Le ciel peut attendre) qui ont rendu célèbre ce
génie de la mise en scène …
Extrait de Ninotchka (1939) - Envoyés à Paris pour y négocier les bijoux d’une aristocrate
russe, les commissaires soviétiques Iranoff, Buljanoff et Kopalski succombent aux charmes de
la vie occidentale. Lubitsch utilise le son hors champ comme ressort du gag comique :
http://www.youtube.com/watch?v=MyN1hqcnuX8
Pierre Salvadori se fait l’héritier de Lubitsch en jouant sur le cadre et le hors champ ainsi que
sur les ressorts comiques de l’ellipse qui se voit notamment au générique.
2- Howard Hawks (1896-1977)
Howard Hawks se fait le fer de lance de la screwball comedy. La screwball comedy
est un sous-genre de la comédie hollywoodienne. Elle tire son nom de l'argot
américain dans lequel screwball désigne un individu au comportement étrange
voire excentrique. Le terme est lui même dérivé du jargon du baseball dans lequel
la screwball, c'est-à-dire la balle tire-bouchon, ou balle « vissée », est une balle
lancée de telle manière que sa trajectoire est tout aussi imprévisible. Bien
qu’aucune définition ne fasse réellement autorité, on considère généralement que
ses caractéristiques principales sont la combinaison d'humour slapstick et de
dialogues vifs, autour d’une intrigue centrée sur des questions de mœurs,
notamment les thèmes de la rupture, du divorce ou du remariage.
Extrait de L'Impossible Monsieur Bébé (Bringing Up Baby , 1938) avec Katherine Hepburn et
Cary Grant, l'un des acteurs fétiches du cinéaste. David Huxley, paléontologue farfelu, doit
épouser son assistante. Mais il doit auparavant achever d'assembler les os d'un gigantesque
dinosaure et trouver l'argent nécessaire pour sauver son musée. Il trouve alors sur son chemin
Susan Vance, une riche héritière écervelée qui tombe amoureuse de lui. Celle-ci le convainc
de s'occuper de Bébé, un léopard domestiqué...
http://www.dailymotion.com/video/x136u8_l-impossible-monsieur-bebe_shortfilms
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Pierre Salvadori crée lui aussi des personnages étourdis et maladroits qui font rire tout en
suggérant que ces maladresses, ces blocages, ces actes manqués dessinent en creux un monde
masculin dominé par la paralysie et l’impuissance.
3- Billy Wilder (1906-2002)
Billy Wilder met au point un style de moraliste qui affiche sa misanthropie sur le mode
de la satire et de la parodie. Pour exemple, Sept ans de réflexion, qui consacre Marilyn
Monroe, est une critique sans pitié du " mâle " américain. N'hésitant pas à forcer le trait,
son sens du rythme et ses nombreux traits d'esprit donnent des films désopilants : c'est le
cas avec Certains l'aiment chaud (1959), qui joue aussi bien sur le burlesque à la Laurel
et Hardy que sur le film de gangster. Le talent comique de Billy Wilder est mis au
service d'un esprit acéré qui s'amuse des clichés les plus répandus et ne respecte pas
grand chose. Un de ses films les plus amers, La Garçonnière (1960), avec Jack
Lemmon, l'un de ses acteurs fétiches, est une critique en règle des cadres prêts à tout
pour réussir.
Extrait de Some Like it Hot (1959). Témoins involontaires du massacre de la Saint-Valentin,
deux musiciens, Joe et Jerry, sont repérés par des gangsters, pris en chasse et menacés d’être
abattus. Un chance s’offre aux fugitifs : un orchestre féminin, en partance pour Miami,
cherche à compléter son effectif. Les deux amis ne font ni une ni deux, ils se déguisent en
femmes et sont engagés. Joe ne tarde pas à tomber amoureux de Sugar, une vamp désarmante.
http://www.dailymotion.com/video/x5ykfm_certains-l-aiment-chaud-runnin-wild_shortfilms
Pierre Salvadori reprend cette veine des comédies noires, amères et désespérées. Ses
personnages sont des loosers mélancoliques et leur attitude décalée est une critique acerbe des
années 80 marquées par le « fric » et l’individualisme.
4- Blake Edwards (1922-2010)
Le roi du burlesque mélancolique et du vaudeville hilarant. Il est surtout connu
comme réalisateur de Diamants sur canapé, The Party, Victor/Victoria et de
plusieurs films de la série La Panthère rose mettant en vedette Peter Sellers : La
Panthère rose, Le Retour de la panthère rose, Quand la panthère rose
s'emmêle…. Blake Edwards est peut-être le plus grand réalisateur de comédies qui
ait prolongé l'âge classique hollywoodien. Il restera celui qui, durant les années
1960, aura maintenu à une hauteur inespérée les grands et petits récits du cinéma
américain en raison de son sens de la comédie et du burlesque débridé, mais aussi
de l'action, du drame ou des histoires d'amour teintées de mélancolie.
Extrait de The Party (1968). Hollywood. Acteur indien engagé pour tenir le rôle d’un soldat
indigène, Hrundi V.Bakshi est d’une telle maladresse qu’il fait non seulement rater
quantité de prises mais occasionne aussi la destruction d’un coûteux décor. Le producteur
téléphone au patron du studio pour qu’il porte son nom sur une liste noire mais ce dernier
l’inscrit au bas de la liste des invités à sa soirée annuelle. Bakshi se retrouve ainsi dans un
somptueuse villa au milieu d’une faune étrange et accumule les gaffes … )
http://www.youtube.com/watch?v=4-C_n85vH9Q&feature=related
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Pierre Salvadori reprend ce comique burlesque notamment dans la scène de ski dans l’escalier
qui n’est pas sans rappeler l’univers de Jacques Tati.
5- Stephen Frears (1941- )
Réalisateur de la nouvelle vague britannique, Frears mélange comique et
réalisme social. Entre 1985 et 1987, le réalisateur signe trois films très virulents
inspirés de la déliquescence de la société britannique : My Beautiful Laundrette ;
Prick Up Your Ears et Sammy et Rosie s'envoient en l'air. En 2010, il revient à
comédie so british Tamara Drewe, ou l'histoire d'une fille qui traîne dans une
campagne has-been, avec Gemma Arterton en rôle principal.
Extrait de The Snapper (1993) l'annonce de la grossesse de Sharon, vingt ans, va semer le
trouble dans une famille irlandaise très unie, d’autant plus qu'elle refuse de donner le nom du
père et prétend que c'est un marin espagnol...
http://www.youtube.com/watch?v=WzS5VivXZYk (en V.O. non sous-titrée mais
compréhensible !)
Pierre Salvadori reprend ce langage souvent très familier, voire grossier que l’on trouve chez
Frears. Les personnages ont conscience de leur manque d’élégance mais s’assument tels
quels : « leur vulgarité parfois agressive est leur principale défense » contre une société dans
laquelle ils ne trouvent pas leur place.
6- Le jeune cinéma français des années 90
Il s’agit de Cédric Kahn, Xavier Beauvois, Arnaud Desplechin, Cyril Collard, Eric Rochan
Ce dernier réalisateur signe en 1989 un film qui marque une génération : Un monde sans pitié.
Après des études de philosophie, Eric Rochant intègre, à 19 ans, l'Idhec, école
de cinéma sur les bancs de laquelle se noue une complicité avec de futurs
cinéastes nommés Pascale Ferran, Eric Barbier ou Arnaud Desplechin.
En 1989, Eric Rochant passe au long métrage avec Un Monde sans pitié, le
portrait drôle et touchant d'une jeunesse désenchantée, qui enthousiasme la
critique et le public. Toute une génération se reconnaît dans le quotidien de
Hippo (Hippolyte Girardot), garçon glandeur et désabusé amoureux de la
brillante Nathalie (Mireille Perrier). Ce long métrage sera couvert de lauriers
(Prix Louis-Delluc, Prix de la critique à Venise, César de la Meilleure première
oeuvre) .
Extrait de Un monde sans pitié. Trentenaire désabusé, Hippo construit sa vie entre son amour
de l'idéal féminin et ses idéaux populaires et militants. Il vit au jour le jour en satisfaisant ses
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besoins primaires et en cumulant les déconvenues, ravalant sa fierté humaine à chaque minute
avec rage. Il veille sur son frère Xavier, lycéen, qui l'entretient en dealant du shit, et met de
l'animation dans sa vie en invitant ses comparses à des soirées dans leur grand appartement
parisien. Hostile à toute forme de changement, dragueur, il tombe amoureux de Nathalie
Rozen, une acharnée des études qui passe son temps à intellectualiser son existence. Le choc
de mode de vie constitue l'intérêt de leur rencontre et reflète une impossibilité pour Hippo à
partager ses sentiments, ses peurs et espoirs.
http://www.youtube.com/watch?v=DinAAIpBh3A&feature=related
En 1995 avec Les Apprentis, Pierre Salvadori reprend ce type de personnages désabusés
notamment à travers Antoine joué par François Cluzet. Antoine est aussi une belle référence,
en forme de révérence, à l’Antoine de François Truffaut. Mais ceci est une autre histoire de
cinéma !
Après la projection du film
Sur le site de la DAAC de Poitiers,
http://ww2.ac-poitiers.fr/daac/spip.php?article556
vous trouverez ces documents :
affiche "Les apprentis" (document élève) (PDF de 239.2 ko)
affiche "Les apprentis" (document élève) - Collège au cinéma 2008-2009
chronologie "Les apprentis" (document élève) (PDF de 279.9 ko)
chronologie "Les apprentis" (document élève) - Collège au cinéma 2008-2009
hommage à G. Depardieu "Les apprentis" (document élève) (PDF de 27.9 ko)
hommage à G. Depardieu "Les apprentis" (document élève) - Collège au cinéma 2008-2009
le générique "Les apprentis" (PDF de 142 ko)
le générique "Les apprentis" - Collège au cinéma 2008-2009
le sens du film - comparaison du début et de la fin (document élève) "Les apprentis"
(PDF de 233.1 ko)
le sens du film - comparaison du début et de la fin (document élève) "Les apprentis"
(document élève) - Collège au cinéma 2008-2009
les personnages (document élève) "Les apprentis" (PDF de 265.8 ko)
les personnages (document élève) "Les apprentis" - Collège au cinéma 2008-2009
Pierre Salvadori penche vers la comédie "Les apprentis" (document élève) (PDF de
980.7 ko)
Pierre Salvadori penche vers la comédie "Les apprentis" (document élève) - Collège au
cinéma 2008-2009
Je vous conseille particulièrement le dernier document sur le comique.
[email protected] (conseiller-relais DAAC pour Collège au cinéma 22)
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