Par Dave Molliex, expert-comptable et commissaire aux comptes
et Jean-Philippe Novel-Catin, expert-comptable
L’EXPERTISE DU CHIFFRE
Le statut de l’association
à but non lucratif
La loi du 1er juillet 1901 a introduit, en droit
français, la liberté d’association. Ce texte
fondamental et son décret d’application
du 16 août 1901 ont été depuis modifiés
à maintes reprises. Le principe d’une asso-
ciation est un contrat passé entre plusieurs
personnes, au moins deux, qui décident de
mettre en commun leurs connaissances
ou leur activité pour réaliser un projet
collectif dans un but autre que le partage
de bénéfices. Le caractère désintéressé de
l’activité n’implique pas que l’activité soit
non-commerciale.
Mais qu’en est-il du statut
fiscal de l’association ?
Dans la majorité des cas, les associations
ne seront pas soumises aux impôts com-
merciaux. Elles seront tout de même rede-
vables de plusieurs impôts et taxes à savoir :
• La taxe sur les salaires : lorsque le taux
d’exonération de la TVA est supérieur
à 90 %, l’association est taxée sur les
rémunérations brutes versées
• L’impôt sur les revenus patrimoniaux (re-
venus de placements et revenus fonciers)
• La taxe foncière
• La taxe d’habitation
Elles sont par ailleurs exonérées de taxe
sur les véhicules de sociétés et de la taxe
d’apprentissage.
Néanmoins, une association peut
avoir des activités dites lucratives
entraînant son assujettissement aux
impôts commerciaux.
Ces impôts sont les suivants :
• L’impôt sur les sociétés au taux de droit
commun
• La taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
• La cotisation économique territoriale
(CET) - contribution foncière des en-
treprises (CFE) sur les biens fonciers et
contribution sur la valeur ajoutée (CVAE)
lorsque le chiffre d’affaires dépasse
500 000 euros.
Les associations ayant des activités lucra-
tives sont par ailleurs tenues depuis 2013
de présenter leur comptabilité sous forme
dématérialisée en cas de contrôle
Afin de déterminer son statut fiscal, l’asso-
ciation doit donc procéder à un examen
approfondi de ses activités.
L’analyse du statut fiscal :
critères de non lucrativité
Afin qu’une association ne soit pas sou-
mise aux impôts commerciaux, elle doit
répondre aux critères de non-lucrativité
suivants :
• Gestion désintéressée
• Situation de concurrence
• Relations avec les entreprises
Le principe de la gestion
désintéressée
La gestion de l’association sera désintéres-
sée si elle remplit les conditions suivantes :
• l’association est gérée à titre bénévole par
des personnes n’ayant elles-mêmes, ou
par personnes interposées, aucun intérêt
direct ou indirect dans les résultats de
l’exploitation,
• l’association ne procède à aucune distri-
bution directe ou indirecte de bénéfice,
sous quelque forme que ce soit,
• les membres ou leurs ayants droit ne
doivent pas recevoir une part quelconque
de l’actif (en dehors du cas de reprise des
apports prévue aux statuts)
Il est néanmoins possible de rémunérer
un ou plusieurs dirigeants de l’associa-
tion sans remettre en cause le caractère
désintéressé.
Cette rémunération (salaires, avantages
en nature, remboursements forfaitaires
pour frais…) doit être en adéquation avec
le temps de travail effectivement consacré
à la gestion de l’association et elle doit être
prévue par les statuts et autorisée par une
décision de l’organe délibérant (instruction
fiscale du 15/09/1998 et article 261-7, 1°d
du Code général des impôts).
L’examen concurrentiel
L’association est-elle en concurrence avec
des entreprises du secteur privé ? Dans
l’affirmative, l’examen des « 4 P » est à
effectuer.
• Produit proposé : l’association propose-
t-elle ou non un produit insuffisamment
fourni par les entreprises du secteur ?
• Prix pratiqués : l’association pratique-t-
elle des prix différents ou inférieurs au
marché ?
• Public bénéficiaire : l’association s’adresse-
t-elle à un public spécifique (personnes
en précarité, personnes handicapées…) ?
• Publicité : l’association fait-elle de la publi-
cité pour ses prestations ?
Si l’un des critères est affirmatif, il existe
une présomption du caractère lucratif.
Les relations privilégiées
avec les entreprises
L’association ne doit pas proposer ses
services à des entreprises qui, de manière
indirecte, en retireraient un avantage
(économie de dépenses, surcroît de
recettes, meilleures conditions de fonc-
tionnement…), quand bien même cette
association ne rechercherait pas de profits
pour elle-même. Afin de formaliser cette
procédure, l’administration fiscale a mis
en place un questionnaire. Celui-ci pourra
être transmis à un « correspondant » asso-
ciation de la direction des services fiscaux
qui émettra un avis sur la situation fiscale
de l’association.
Néanmoins, une association réalisant des
activités lucratives peut bénéficier de
certains dispositifs d’exonération prévus
par la loi.
Association fiscalisée ou non fiscalisée ?
Une problématique complexe
al 2LES AFFICHES DE GRENOBLE ET DU DAUPHINé10 avril 2015