examen suisse de maturite / printemps 2006

publicité
Département fédéral de l'intérieur DFI
Commission suisse de maturité CSM
EXAMEN SUISSE DE MATURITE / ETE 2012
PHILOSOPHIE ET PEDAGOGIE / PSYCHOLOGIE
OPTION SPECIFIQUE
Note :
Durée : 3 heures
NOM : ........................................
PRENOM : ........................................... No : ...............
L’épreuve comporte trois (3) parties :
- la première est destinée à tous les candidats. (20 points)
- la deuxième (partie 2a, philosophie) doit être faite par les candidats qui ont choisi la
pédagogie/psychologie pour l’épreuve orale. (40 points)
- la troisième (partie 2b, pédagogie/psychologie) doit être faite par les candidats qui ont
choisi la philosophie pour l’épreuve orale. (40 points)
Répondre aux questions sur papier libre. Respecter strictement l'ordre des questions
et noter clairement leurs numéros.
PARTIE 1 : interdisciplinarité
20 points
1 heure environ
Lisez le texte suivant de Platon et répondez aux questions qui s’y rapportent. Chaque
réponse vaut 2 points.
5
10
15
20
Socrate — L’éducation n’est pas précisément ce que certains, pour en faire la réclame,
affirment qu’elle est. Ils affirment, n’est-ce pas, que le savoir n’est pas dans l’âme, et qu’eux
l’y font entrer, comme s’ils faisaient entrer la vision dans des yeux aveugles. Glaucon —
Oui, c’est ce qu’ils affirment. Socrate — Or, notre présent propos signifie que cette
puissance d’apprendre est présente dans l’âme de chacun, ainsi que l’organe grâce auquel
chacun peut apprendre : comme si on avait affaire à un œil qui ne serait pas capable de se
détourner de l’obscur pour aller vers ce qui est lumineux autrement qu’avec l’ensemble du
corps, ainsi c’est avec l’ensemble de l’âme qu’il faut retourner cet organe pour l’écarter de ce
qui est soumis au devenir, jusqu’à ce qu’elle devienne capable de soutenir la contemplation
de ce qui est, et de la région la plus lumineuse de ce qui est. Or cela, c’est ce que nous
affirmons être le Bien, n’est-ce pas? Glaucon — Oui. Socrate — L’éducation dès lors serait
l’art de retourner cet organe lui-même, l’art qui sait de quelle façon le faire changer
d’orientation le plus aisément et le plus efficacement possible ; non pas l’art de produire en
lui la puissance de voir, puisqu’il la possède déjà, sans être correctement orienté ni regarder
là où il faudrait, mais l’art de trouver le moyen de le réorienter. Glaucon — Oui,
apparemment. Socrate — Dès lors les autres vertus, que l’on appelle vertus de l’âme,
risquent bien d’être assez proches de celles du corps, car elles n’y sont pas préalablement
présentes en réalité, et on les y crée plus tard par des habitudes et des exercices — tandis
qu’apparemment la vertu de penser se trouve très certainement appartenir à quelque chose
de plus divin, qui ne perd jamais sa puissance, mais qui, en fonction du retournement qu’il
subit, devient utile et avantageux ou au contraire inutile et nuisible. N’as-tu jamais réfléchi, à
propos de ceux dont on dit qu’ils sont des méchants, mais aussi qu'ils sont malins, combien
leur âme mesquine sait regarder de façon perçante et distinguer avec acuité les choses vers
lesquelles elle s’est tournée, car elle n’a pas la vue faible, mais est contrainte de servir la
SER / 632-008 / OS PPP / E12
Veuillez rendre ce feuillet avec votre travail, merci !
1/9
25
30
35
40
45
méchanceté, si bien que plus elle regarde avec acuité, plus elle fait de mal ? Glaucon —
Oui, exactement. Socrate — Cependant cette âme mesquine, avec la nature qu’elle a, si, en
taillant en elle dès l’enfance on la débarrassait de ce qui l’apparente au devenir, comme on
enlèverait des charges de plomb qui, venues se coller à sa nature à force de victuailles, de
plaisirs, et de convoitises de ce genre, tournent la vue de l’âme vers le bas ; si elle en était
débarrassée, et qu’elle se retournait vers ce qui est vrai, ce même organe, chez les mêmes
hommes, verrait aussi cela avec la plus grande acuité, comme il voit ce vers quoi il est à
présent tourné. Glaucon — Oui, ce serait normal. Socrate — Mais dis-moi : ne serait-il pas
normal et nécessaire, en fonction de ce qui a été dit auparavant, que ceux qui sont sans
éducation et sans expérience de la vérité ne sachent jamais administrer une cité de façon
satisfaisante, ni non plus ceux qu’on laisse passer leur vie, jusqu’à sa fin, dans l’étude? Les
premiers parce qu’ils n’ont pas un but unique dans la vie, dont la visée orienterait tout ce
qu’ils auraient à faire dans leur vie personnelle comme dans la vie publique ; les autres
parce qu’ils n’iront pas s’en charger de leur plein gré. Car ils sont persuadés d’être parvenus
de leur vivant dans les îles des Bienheureux. Glaucon — C’est vrai. Socrate — C’est donc
notre tâche, à nous les fondateurs, que de contraindre les meilleures natures à aller vers
l’étude de ce que précédemment nous avons déclaré être le plus important, à voir le bien et
à accomplir cette ascension, mais, une fois qu’après leur ascension elles auront vu de façon
satisfaisante, de ne pas leur permettre ce qui à présent leur est permis.
Platon, La République, livre VII (texte remanié),
http://fr.wikisource.org/wiki/La_République_(trad._Chambry)/Livre_VII. Consulté le 26 avril 2012
1. 1 - Dites en quelques lignes quelle est la thèse défendue par Socrate dans ce texte de
Platon.
1. 2 - Dans le texte, quel est le sens
a- du mot âme (présent à de nombreuses reprises)
b- du mot nécessaire (ligne 33)
c- du couple de mots être (= "ce qui est", ligne 10) et devenir (lignes 9 et 27).
1. 3 - Le propos de ce texte sur l'éducation relève-t-il - de la pédagogie ?
- de la philosophie ?
Justifiez votre réponse.
1. 4 - Expliquez la comparaison proposée par Socrate à la ligne 3 : "comme s’ils faisaient
entrer la vision dans des yeux aveugles". Vous semble-t-elle pertinente ou abusive?
1. 5 - Pourquoi, selon Socrate, la faculté de connaître ne saurait-elle se suffire à elle-même
"pour aller vers ce qui est lumineux" (ligne 7)?
1. 6 - "Retourner" (lignes 8 et 12), "changer d'orientation" (lignes 12-13), "réorienter" (ligne
15), "retournement" (ligne 20) : pourquoi ce mouvement de l'âme est-il nécessaire
selon Socrate?
1. 7 - Pourquoi, selon Socrate, la vertu de penser n'est-elle pas spontanément orientée
vers le Bien (lignes 18 à 25)? Autrement dit, qu'est-ce qui rend certains hommes
"méchants" (ligne 22)?
1. 8 - "Eduquer, c'est transmettre un savoir", semblent dire les penseurs auxquels Socrate
s'oppose aux lignes 1 à 3. A votre avis, ont-ils complètement tort, partiellement
raison, totalement raison? Justifiez votre réponse.
2/9
1. 9 - Socrate estime que les gens sans éducation et sans expérience de la vérité ne sont
pas capables de bien administrer une cité (lignes 33-34). Quel est votre point de vue
sur ce sujet?
1. 10 - A votre avis, la connaissance du bien conduit-elle nécessairement à faire le bien? La
connaissance du mal permet-elle d'éviter aisément de faire le mal? Justifiez vos
réponses.
3/9
PARTIE 2a : philosophie
40 points
2 heures environ
Partie réservée aux candidats présentant la pédagogie/psychologie à l’oral
Lisez attentivement le texte suivant :
5
10
15
20
25
30
35
40
Il n'y a [...] qu'un impératif catégorique, et c'est celui-ci : Agis uniquement d'après la
maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle.
[...] De ce seul impératif, tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés comme de
leur principe.
[...] Puisque l'universalité de la loi d'après laquelle des effets se produisent constitue ce
qu'on appelle proprement nature dans le sens le plus général [...], c'est-à-dire l'existence des
objets en tant qu'elle est déterminée selon des lois universelles, l'impératif universel du
devoir pourrait encore être énoncé en ces termes : Agis comme si la maxime de ton action
devait être érigée par ta volonté en LOI UNIVERSELLE DE LA NATURE.
Nous allons maintenant énumérer quelques devoirs. […]
1. Un homme, à la suite d'une série de maux qui ont fini par le réduire au désespoir,
ressent du dégoût pour la vie, tout en restant assez maître de sa raison pour pouvoir se
demander à lui-même si ce ne serait pas une violation du devoir envers soi que d'attenter à
ses jours. Ce qu'il cherche alors, c'est si la maxime de son action peut bien devenir une loi
universelle de la nature. Mais voici sa maxime : par amour de moi-même, je pose en principe
d'abréger ma vie, si en la prolongeant j'ai plus de maux à en craindre que de satisfaction à
en espérer. La question est donc seulement de savoir si ce principe de l'amour de soi peut
devenir une loi universelle de la nature. Mais alors on voit bientôt qu'une nature dont ce
serait la loi de détruire la vie même, juste par le sentiment dont la fonction spéciale est de
pousser au développement de la vie, serait en contradiction avec elle-même, et ainsi ne
subsisterait pas comme nature; que cette maxime ne peut donc en aucune façon occuper la
place d'une loi universelle de la nature, et qu'elle est en conséquence contraire au principe
suprême de tout devoir.
2. Un autre se voit poussé par le besoin à emprunter de l'argent. Il sait bien qu'il ne
pourra pas le rendre, mais il voit bien aussi qu'on ne lui prêtera rien s'il ne s'engage ferme à
s'acquitter à une époque déterminée. Il a envie de faire cette promesse; mais il a aussi assez
de conscience pour se demander : n'est-il pas défendu, n'est-il pas contraire au devoir de se
tirer d'affaire par un tel moyen? Supposé qu'il prenne cependant ce parti; la maxime de son
action signifierait ceci : quand je crois être à court d'argent, j'en emprunte, et je promets de
rendre, bien que je sache que je n'en ferai rien. Or il est fort possible que ce principe de
l'amour de soi ou de l'utilité personnelle se concilie avec tout mon bien-être à venir; mais
pour l'instant la question est de savoir s'il est juste. Je convertis donc l'exigence de l'amour
de soi en une loi universelle, et j'institue la question suivante : qu'arriverait-il si ma maxime
devenait une loi universelle? Or je vois là aussitôt qu'elle ne pourrait jamais valoir comme loi
universelle de la nature et s'accorder avec elle-même, mais qu'elle devrait nécessairement
se contredire. Car admettre comme une loi universelle que tout homme qui croit être dans le
besoin puisse promettre ce qui lui vient à l'idée, avec l'intention de ne pas tenir sa promesse,
ce serait même rendre impossible le fait de promettre avec le but qu'on peut se proposer par
là, étant donné que personne ne croirait à ce qu'on lui promet, et que tout le monde rirait de
pareilles démonstrations, comme de vaines feintes.
Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, deuxième section,
http://philotra.pagesperso-orange.fr/fondem.htm#section2. Consulté le 24 avril 2012
4/9
Répondez dans l’ordre aux questions ci-dessous.
A. Carte d’identité du texte et connaissances préalables
(6 points)
Phi 1 - En utilisant vos propres mots, définissez la position (déontologique) de Kant en
matière de philosophie morale telle qu'elle apparaît dans ce texte.
Phi 2 - Montrez ce qui différencie ce modèle déontologique des modèles eudémoniste
d'Aristote et utilitariste de Bentham .
B. Explication de détail/compréhension
(10 points)
Phi 3 - Pourquoi, selon Kant, n'y a-t-il qu'un seul impératif catégorique (lignes 1-4)?
Phi 4 - Pourquoi Kant précise-t-il aux lignes 12-13 : " tout en restant assez maître de sa
raison pour pouvoir se demander à lui-même si..."?
Phi 5 - Expliquez la phrase : " par amour de moi-même, je pose en principe d'abréger ma
vie, si en la prolongeant j'ai plus de maux à en craindre que de satisfaction à en
espérer." (lignes 15-17).
Phi 6 - Exposez les termes de la "contradiction" dont parle Kant à la ligne 20.
Phi 7 - De manière analogue, exposez les termes de la contradiction dont parle Kant à la
ligne 36 ("se contredire").
C. Maîtrise des notions philosophiques
(10 points)
Dites à quel terme du vocabulaire philosophique correspond chacune des dix
définitions suivantes. Voici un exemple :
Définition : « Fait d’être unique, seul de son espèce ».
Réponse : « Singularité ».
Phi 8 -
Caractère de ce qui est valable pour tous. Qualité de ce qui s'étend à tout
l'ensemble des êtres ou des idées que l'on considère.
Phi 9 -
Faculté qui permet à l'homme de connaître (notamment de distinguer le vrai du
faux) et de décider de son action (notamment de distinguer le bien du mal).
Phi 10 - Proposition ayant la forme d'un commandement (en particulier d'un commandement
que l'esprit se donne à lui-même). Proposition qui impose certaines actions comme
un ordre.
Phi 11 - Conduite humaine. Opération d'un être humain considérée comme produite par cet
être lui-même et pas par une cause extérieure.
Phi 12 - L'ensemble des choses qui présentent un ordre. Chez Kant, l'existence des
phénomènes en tant qu'elle est déterminée selon des lois unitaires.
Phi 13 - Pensée adoptée comme règle de conduite. Principe subjectif du vouloir, donc
considéré par celui qui l'adopte comme valable pour sa volonté propre.
5/9
Phi 14 - Affirmation par laquelle on s'engage à faire quelque chose devant quelqu'un.
Phi 15 - Opposition logique entre deux termes ou entre deux propositions dont la seconde
nie ce que la première affirme.
Phi 16 - Proposition fondamentale qui sert de base à un travail de langue ou de pensée.
Proposition première, dont le raisonnement tire par déduction des conséquences.
Phi 17 - L'obligation morale considérée en elle-même et en général, donc indépendamment
de telle règle d'action particulière.
D. Questions générales
(6 points)
Phi 18 - Pour Kant, le suicide est "une violation du devoir" (ligne 13). Sans tenir compte de
votre avis personnel, faites-vous un instant l'avocat de la thèse contraire : "le
suicide n'est pas une violation du devoir". Comment peut-on la défendre?
Phi 19 - "Toute loi peut avoir ses exceptions" : Kant peut-il accepter une telle affirmation? Et
quel est votre point de vue personnel en cette affaire?
E. Questions ouvertes
(8 points)
Phi 20 - Selon Charles Péguy, "Kant a les mains pures, mais il n'a pas de mains". Dans sa
philosophie morale, Kant n'aurait proposé que des principes abstraits déconnectés
de la vie réelle. Développez votre propre point de vue sur ce sujet. Appuyez-vous
sur des exemples pour justifier votre réponse.
Phi 21 - Voici une expérience de pensée imaginée par Bernard Williams : Jim, explorateur
texan à la recherche des vestiges d’une civilisation précolombienne, arrive un jour
sur la place centrale d’une petite ville d’Amérique du Sud. Fendant une foule
disposée en cercle autour d’un groupe d’hommes en uniforme qu’il distingue mal, il
parvient au premier rang et se rend compte avec stupeur que vingt Indiens sont
attachés, le dos contre un mur, face à plusieurs soldats armés. Le capitaine qui les
dirige, surpris et gêné par l’irruption de Jim, citoyen d’un pays allié, lui explique que
ces Indiens ont été choisis au hasard et vont être fusillés pour l’exemple, afin que
les habitants de cette région restent tranquilles et ne manifestent plus contre le
gouvernement. Mais comme Jim est un hôte d’honneur, le capitaine lui fait la
proposition de tuer lui-même l’un des Indiens, et alors les autres seront relâchés.
Si, par contre, il refuse, les vingt seront fusillés comme prévu. Que doit faire Jim ?
Montrez d'abord pourquoi toute réponse nette à cette question est embarrassante,
puis justifiez au mieux la réponse qui a votre faveur.
6/9
PARTIE 2b : pédagogie/psychologie
40 points
2 heures environ
Partie réservée aux candidats présentant la philosophie à l’oral
Lisez attentivement le texte suivant :
5
10
15
20
25
30
35
40
De tous les procédés dont se sert la psychothérapie, la psychanalyse est, sans contredit, le
plus puissant. Ce n'est d'ailleurs que justice, car il exige aussi le plus de temps et d'efforts, et
on ne l'applique pas aux cas légers. Les résultats qu'obtient la psychanalyse dans certains
cas appropriés : disparition de symptômes, modification d'état, sont tels qu'aux époques
préanalytiques nul n'eût seulement osé les espérer. Toutefois, la psychanalyse a ses limites,
bien nettement marquées, limites que certains de nos adeptes, trop présomptueux, se sont
donné beaucoup de peine à franchir, dans le dessein de parvenir à guérir toutes les
maladies névrotiques. Ils ont essayé de raccourcir la durée du travail analytique, de renforcer
le transfert afin qu'il puisse parvenir à surmonter toutes les résistances, de soumettre leurs
patients à d'autres influences encore qu'à celle de l’analyse, tout cela dans le but d'arracher,
pour ainsi dire, la guérison. Ces efforts sont louables, certes, mais je les crois vains. De plus,
l'analyste risque ainsi lui-même de ne pouvoir se maintenir dans les limites de l'analyse et de
se livrer à une expérience hasardeuse. L'idée que toutes les névroses sont guérissables
découle, je le soupçonne, d'une croyance très généralement répandue parmi les profanes, à
savoir que ces névroses sont quelque chose de totalement superflu qui n'a aucun droit
d'exister. Il s'agit pourtant, en réalité, d'affections graves, fixées constitutionnellement, qui se
limitent rarement à quelques accès, qui persistent le plus souvent pendant de longues
années, parfois même pendant toute la vie. Nous nous sommes rendu compte, grâce à
l'analyse, que l'on pouvait agir sur elles quand on parvenait à en découvrir le motif historique
et les causes accidentelles secondaires. Ainsi nous avons été amenés à négliger, dans le
traitement, le facteur constitutionnel sur lequel nous n'avons aucune prise, mais qu'il
convient cependant, théoriquement, de ne jamais oublier. Le traitement analytique n'a
généralement aucun effet sur les psychoses et ce fait seul doit nous engager à nous en tenir
aux névroses, leurs proches parentes. L'action thérapeutique de la psychanalyse est
entravée par une série de facteurs importants et à peu près inattaquables. Chez l'enfant,
c'est-à-dire là où il est permis d'escompter les meilleurs résultats, nous nous heurtons à des
difficultés extérieures qui découlent de la situation vis-à-vis des parents et cependant ces
difficultés sont inhérentes à l'enfance même. Chez l'adulte, deux facteurs prévalent : le degré
de fixation psychique et le genre de la maladie, avec tout ce qu'elle dissimule de
déterminations plus profondes. C'est bien à tort que souvent l'on mésestime le premier de
ces facteurs. Quelles que soient la plasticité de la vie spirituelle et la possibilité de raviver
d'anciens états, il faut se rappeler que tout ne réapparaît pas. Certaines modifications
semblent être définitives, paraissent correspondre à des cicatrices laissées par d'anciens
processus. D'autres fois, la vie psychique paraît s'être figée. Les processus psychiques
qu'on pourrait diriger sur de nouvelles voies ne semblent plus capables de sortir des voies
anciennes. Mais peut-être rien n'a-t-il changé que la manière de voir. Trop souvent, l'on croit
sentir que ce qui manque à la thérapeutique pour imposer quelque changement, c'est la
force d'impulsion. Une dépendance déterminée, une certaine composante instinctuelle
l’emportent sur les forces adverses que nous pouvons mettre en oeuvre. C'est ce qui se
passe, la plupart du temps, dans les psychoses. Nous les connaissons assez pour savoir où
il conviendrait de placer les leviers, mais ceux-ci ne pourraient jamais être suffisamment
puissants pour soulever le fardeau.
Sigmund FREUD, Nouvelles conférences sur la psychanalyse, sixième conférence,
http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre28008-chapitre140177.html. Consulté le 26 avril 2012
7/9
Répondez dans l’ordre aux questions ci-dessous.
A. Carte d’identité du texte et connaissances préalables
(6 points)
PP 1 - Formulez en quelques lignes la thèse générale du texte.
PP 2 - a) Distinguez psychologie humaniste et psychanalyse.
b) Distinguez psychologie cognitive et psychanalyse.
c) Distinguez psychologie béhavioriste et psychanalyse.
B. Explication de détail/compréhension
(14 points)
PP 3 - Selon Freud, " de tous les procédés dont se sert la psychothérapie, la psychanalyse
est, sans contredit, le plus puissant" (lignes 1-2). Pourquoi prétend-il cela?
PP 4 - "Renforcer le transfert afin qu'il [le travail analytique] puisse parvenir à surmonter
toutes les résistances" : expliquez ce passage du texte (lignes 8-9).
PP 5 - Pourquoi ne faut-il pas tenter, selon Freud, "d'arracher, pour ainsi dire, la guérison"
(lignes 10-11)?
PP 6 - Que reproche Freud à ceux qui affirment que les "névroses sont quelque chose de
totalement superflu" (ligne 15)?
PP 7 - Qu'entend Freud lorsqu'il parle à la ligne 19 de " motif historique"?
PP 8 - Pourquoi Freud estime-t-il que c'est chez l'enfant qu'il "est permis d'escompter les
meilleurs résultats" (ligne 26) d'une cure analytique?
PP 9 - A quoi Freud fait-il allusion lorsqu'il parle de "cicatrices laissées par d'anciens
processus" (lignes 33-34)?
C. Maîtrise des notions de psychologie
(10 points)
Dites à quel terme du vocabulaire psychologique présent dans le texte correspond
chacune des 10 définitions suivantes. Voici un exemple :
Définition : « Ensemble des ajustements effectués par un individu pour lui
permettre de se réaliser dans un ensemble social donné ».
Réponse : « Adaptation ».
PP 10 - Maladie dont les symptômes sont l'expression symbolique d'un conflit psychique
trouvant sa racine dans l'histoire infantile du sujet.
PP 11 - Méthode curative fondée sur l'expression verbale des pensées et associations
d'idées qui se présentent au sujet, afin de mettre en évidence leur signification
inconsciente.
PP 12 - Processus psychique par lequel les désirs inconscients s'actualisent dans le cadre
de la relation entre le patient et son psychanalyste.
8/9
PP 13 - Retour du sujet atteint d'une affection mentale à un état de bonne santé psychique.
PP 14 - Maladie, trouble, processus morbide, dysfonctionnement psychique ou physique.
PP 15 - Maladie mentale grave fondée sur une perturbation primaire de la relation du sujet
à la réalité.
PP 16 - Phénomène observable lié à un état pathologique qu'il permet de déceler.
PP 17 - Toute utilisation de moyens psychologiques pour traiter une maladie mentale, une
inadaptation ou un trouble psychosomatique.
PP 18 - Ce qui s'oppose, dans les actes et les paroles d'un sujet psychanalysé, à l'accès de
celui-ci à son inconscient et donc au progrès de la cure.
PP 19 - Qualité de ce qui est souple, malléable, modifiable.
D. Questions générales et ouvertes
(10 points)
PP 20 - (4 points)
a) Selon Freud, la vie psychique est-elle avant tout plastique ("plasticité", ligne 31)
ou "figée" (ligne 34)? Pourquoi?
b) Quel est votre point de vue à ce sujet?
PP 21 - (3 points)
L'idéal d'une médecine de l'âme, quelle qu'elle soit, est-il de supprimer en l'homme
toute souffrance, toute douleur? Justifiez votre réponse.
PP 22 - (3 points)
Selon Freud, nous restons toujours fondamentalement une énigme pour nousmêmes. Partagez-vous cette conviction? Justifiez votre réponse.
*** FIN ***
9/9
Téléchargement