Rev. Ivoir. Odonto-Stomatol., vol. 8, n° 1, 2006, pp. 10-15
© EDUCI 2006
Auteurs
AMANI* S. R.
N’GUESSAN* K.S.
N’DINDIN* A.C.
ADOU* M.
BITTY* M.J.
Services
* Département de prothèse et
Occlusodontie,
Section de Prothèse adjointe
UFR D’Odonto-Stomatologie.
Université de Cocody Abidjan
Côte d’Ivoire.
Correspondance
Dr AMANI Sélibouet R.
Maître-Assistant
UFR d’Odontostomatologie
d’Abidjan,
22 BP 612 Abidjan 22
RESUME
Le sujet africain mélanoderme se caractérise par une
biproalvéolie qui à la vue des études menés par Djaha
peu être toléré.
Dans certains cas, une intervention s’impose à nous,
soit pour rectifier l’angle formé par les dents antérieures
soit de façon plus radicale pour extraire les dents car
fortement mobilisées.
Dans cette perspective la prothèse adjointe donne une
solution intéressante à deux niveaux.
L’acception par le patient du choix thérapeutique et
la conduite du traitement.
Nous nous proposons au travers d’un cas clinique de
présenter une approche diagnostic et de traitement.
Mots-clés : Biproalvéolie - Chirurgie - Prothèse adjointe.
SUMMARY
The black African subject is characterized by a projection
of alveolar bone which, with the sight of the studies carried
out by Djaha , can be tolerated . In certain case an intervention is
essential has, that is to say to us to rectify the angle made by the
former teeth or, of more radical way , to extract the strongly
mobilized teeth. From this point of view the assistant prosthesis
gives an interesting solution to two levels. Meaning by the
patient of the therapeutic choice and the control of the
treatment. We propose through clinical case to present an
approach diagnosis and of treatment.
Key words : Biproalvéolie - Surgery - Removable prosthesis.
TRAITEMENT DE LA BIPROALVÉOLIE PATHOLOGIQUE PAR LA
PROTHÈSE ADJOINTE PARTIELLE
RIOS - RIOS - RIOS - RIOS - RIOS - RIOS - RIOS - RIOS - RIOS - RIOS
INTRODUCTION
La notion de l’esthétique varie selon les
peuples et les cultures. Les canons de beauté
d’une race ne sont pas forcement juxtaposable
chez une autre. Nous avons comme exemple
la biproalveolie chez le caucasiens et chez le
noir mélanoderme. Longtemps considéré
comme anormale passé le seuil d’un angle
inter-incisif I/i de 135° est aujourd’hui mis
en cause par des auteurs comme DJAHA5,
BANCON3 et collaborateurs qui ont montrées
que le biproalvéolisme est une des
caractéristiques biomorphologique du sujet
africain mélanoderme.
La biproalvéolie lorsqu’elle engendre des
perturbations sur le plan esthétique et
fonctionnel sera qualifié de pathologique.
Cette biproalvéolie va se caractériser
par une avancée trop prononcée des procès
alvéolaires au delà des normes bio
morphologiques du mélanoderme africain ;
entraînant ainsi une vestibulo-version des
dents du secteur antérieur. Elle occasionne
la rupture des points de contact (diastèmes
inter- incisifs) et la mobilité de ces dents,
suivies de leur chute.
Les options thérapeutiques sont variées
mais, lorsque la biproalvéolie pathologique
entraîne ou nécessite l’avulsion des dents,
la prothèse s’impose alors comme une
alternative de choix.
La décision doit tenir compte des attentes
du patient ce qui nous amène à l’impliquer
dans la démarche thérapeutique.
I- LA BIPROALVEOLIE PATHOLOGIQUE
Pour orthodontiste, la proalvéolie est
l’avancée des procès alvéolaire maxillaire
et mandibulaire dans le plan sagittal. Il en
résulte une protrusion et une vestibulo-
version des blocs incisivo-canins supérieurs
et inférieurs.
L’angle formé entre les incisives peu
atteindre une valeur moyenne de 116. Les
difficultés apparaissent avec la diminution
de cet angle. Il est actuellement pas possible
de dire avec exactitude le seuil de tolérance
à partir du quel nous pouvons parler de
biproalvéolie pathologique.
Il est important de connaître l’étio-
pathogénie pour mieux cerner le traitement
afin d’éviter les complications.
1- étiologie
Elle peut s’installer grâce à la présence
de facteurs favorisants tels que :
1.1- La macroglossie
C’est le premier facteur incriminé à
l’apparition de la biproalvéolie pathologique.
Une langue hypertonique a également les
mêmes effets.
1.2- L’hygiène dentaire
Elle est la cause des maladies parodontales
entraînant des résorptions osseuses, des
déchaussements et des mobilités dentaires.
Ce qui facilite la migration dentaire et très
souvent leur perte.
1.3- L’état des lèvres
Les lèvres trop épaisses hypotoniques,
en inocclusion ou hypo-dévéloppées peuvent
être mise en cause.
1.4- Les para-fonctions
La respiration buccale et la succion
digitale ont une répercussion sur la fonction
maxillo-faciale. Elle facilite la proversion
incisive.
1.5- Les extractions dentaires
C’est surtout la perte de la dimension ver-
ticale suite à l’extraction des dents cuspidées.
2- Pathogénie
La biproalvéolie pathologique est une
anomalie dont la mise en place se fait dans
le temps.
Les facteurs favorisants agissent associés
ou individuellement grâce à la position
naturellement protrusive des incisives
chez l’Africain mélanoderme. L’angle inter-
incisif du noir étant plus fermé (116°) que
celui du caucasien (135°).
12 AMANI S. R. & al. : Traitement de la biproalvéolie par la prothèse adjointe partielle.
L’effet négatif résultant de ces facteurs
se manifeste en déséquilibrant les rapports
entre les incisives supérieures et les
incisives inférieures, puis entre les incisives
d’une même arcade par la perte des points
de contact inter proximaux avec des mobilités
suivies de leur chute.
Ces phénomènes peuvent aussi se produire
au niveau des latérales voir même des
canines ;
Dans tous les cas, les rapport normaux
sont remplacés soit par une supraclusion
incisive caractérisée par une béance
antérieure soit par un bout à bout incisif.
II MATÉRIEL ET MÉTHODE
1- Matériel
Il s’agit essentiellement de :
- plateau d’examen (miroir, précelle,
sonde),
- matériel de chirurgie (instruments
pour extraction, fil de suture),
- matériel de prothèse (Porte empreinte,
alginate, plâtre, articulateur, résine rose
thermo polymérisable, dents prothétiques
en résine, teinter, paralléliseur).
2- Méthode
Au détour d’un cas clinique nous allons
vous présenter notre approche diagnostique
et thérapeutique. Mademoiselle Y. âgée de
18 ans est venue consulter pour des
problèmes esthétiques. Elle ne supporte
plus sa béance et les versions de ses dents
antérieures.
2.1 L’examen exobuccal
De face une inocclusion labiale avec
visibilité des incisives. Cela est beaucoup
plus prononcé sur une vue de profil avec
une meilleure visibilité de la biprotrusion
et la béance antérieure (figures 1a, 1b).
2.2 L’examen endobuccal
- Au niveau dentaire : les malpositions
des incisives et des canines caractérisées
par des rotations et des vestibulo-versions
prononcées (figures 2a, 2b).
Figure 2a : Vue de face
Figure 2b : Vue de profil
- Au niveau parodontal : le déchaussement
prononcé des incisives et des mobilités
plus ou moins importantes (11 ; 12 ; 13 ;
21 ; 22 ; 23).
- Au niveau occlusal : une béance et
bout à incisive.
figure 1a :
Vue de face figure 1b :
Vue de profil
13Rev. Ivoir. Odonto-Stomatol., Vol. 8, n° 1, 2006, pp. 10-15
2.3 L’examen radiologique (panoramique
et télé radiographique) permet d’objectiver
la forte lise alvéolaire au niveau antérieur
et de mieux apprécier la biproalvéolie
pathologique.
2.4 L’examen des moulages sur
articulateur
Une mise en articulateur nous servira
pour expliquer le choix thérapeutique au
patient. Celle-ci nous permettra objectiver
la biproalvéolie (figure 3).
Figure 3 : Examen des moulage sur
articulateur
Par la suite, faire un montage directeur
pour mettre en évidence les corrections
(figure 4).
Figure 4 : Montage directeur
3- Décision thérapeutique
En clinique, la décision de réaliser une
prothèse adjointe en résine immédiate
sera prise en toute confiance car la patiente
voie le projet et les résultats escomptés.
4- Traitement proprement dit
La mise en route du traitement nécessite
une polymérisation préalable de la prothèse.
4.1- Phase préprothetique
Elle consiste à l’extraction des dents du
bloc antérieur inférieur et supérieur
compromise, suivie d’une régularisation
des crêtes et de points de suture pour
circonscrire les hémorragies et facilité la
cicatrisation (figure 5).
Figure 5 : Extractions avec points
de sutures
4.2- Phase prothétique
Nous allons procéder à la pose de notre
prothèse adjointe immédiate. Elle doit être
rapide pour éviter que l’anesthésie ne
disparaisse et la survenue de douleur. La
mise en articulateur et les réglages après
polymérisation doivent permettre d’atteindre
cet objectif (figure 6).
Figure 6 : Prothèse en bouche
14 AMANI S. R. & al. : Traitement de la biproalvéolie par la prothèse adjointe partielle.
III- RÉSULTATS
Les prothèses nous ont permis de régler le
problème esthétique au niveau labiale et
dentaire. La patiente a retrouvé le sourire
(figures 7a, 7b). Au niveau social, elle a
retrouvé confiance et a beaucoup plus
d’assurance.
IV- DISCUSSION
Le traitement de la biproalvéolie
pathologique fait souvent intervenir
l’orthodontie en première intention, mais
quand cela n’est pas possible la prothèse
est un recours appréciable.
La prothèse conjointe peut être proposée
comme solution pour régler le problème de
la biproalvéolie pathologique. Les causes
de cette biproalvéolie et le coût du traite-
ment sont un frein important.
La prothèse adjointe immédiate ne pose
pas de problèmes à la plus part des praticiens.
Dans ce type de cas, la difficulté réside
dans l’approche du traitement.
La prothèse adjointe en résine est très
sollicitée en raison des avantages qu’elles
procurent.
Elle permet de restaurer immédiatement
l’esthétique et la fonction.
De ce qu’elle est en résine, la prothèse
pourra être adapté aux modifications
morphologiques après cicatrisation.
Les crochets auront pour avantage de
solidariser les dents antérieures aux dents
postérieures et ainsi limitées leur migration.
Bien souvent, pour des raisons socio-
économiques, la prothèse adjointe en résine
s’impose à nous.
Le caractère irréversible du traitement
demande un diagnostic précis et des résultats
appréciables.
Cette approche didactique a pour avantage
de rassurer le patient, d’obtenir sa
coopération et de facilité l’intégration de
notre prothèse.
Le patient doit pouvoir se reconnaître
dans sa nouvelle denture et en être fier
car toute échec est synonyme de descente au
enfer pour lui et de discrédit pour le praticien.
CONCLUSION
Dans nos sociétés africaines les dents du
sourire son un facteur important d’intégration.
Le jugement des autres va déterminer
notre introversion ou notre extraversion.
La biproalvéolie lorsqu’elle est non
justifiable d’un traitement orthodontique
du fait des consultations tardives la pro-
thèse adjointe partielle en résine reste
une alternative crédible.
La mise en œuvre de notre thérapeutique
doit tenir compte de la relation praticien-
patient.
Une franche collaboration du patient
peut être obtenue s’il est associé à la prise
de décision et est instruit des aboutissants.
Vu le nombre élevé de patients que nous
recevons avec ses mêmes problèmes une
étude doit être mené pour définir les côtes
d’alertes et intervenir à temps.
Figure 7a : Avant
traitement Figure 7b : Après
traitement
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