serait possible de prévenir ou de retarder de nombreuses complications les plus
onéreuses du diabète au moyen de programmes d'autogestion. La compagnie Tylenol,
qui fabrique l'un des analgésiques les plus répandus en Amérique du Nord, avoue que
les essais cliniques ne peuvent démontrer que l'analgésique amoindrit la douleur, et ce,
même à l'aide de larges échantillons de population. Qui plus est, elle est prête à investir
des sommes considérables dans la création de programmes qui visent à modifier le
comportement et qui traiteront les causes de la douleur, afin de jouir d'un avantage sur
ses concurrents.
Les essais cliniques ont également démontré que le Xanax, anxiolytique le plus
répandu et le plus rentable, réduit considérablement l'anxiété au bout de huit semaines,
mais n'a aucun effet à la seizième semaine. Les données recueillies sur la période de
16 semaines n'ont jamais été publiées. Nous pouvons faire mieux. Des programmes
visant à modifier le comportement aux fins du contrôle de l'anxiété ont une incidence
non seulement après huit semaines, mais jusqu'à 18 et 24 mois. Les gens ne
consacrent pas assez d'efforts sur le plan du comportement dans les cas où nous
savons que les solutions biologiques ne pourront leur être suffisamment profitables.
En ce qui concerne les médicaments utilisés pour traiter la dépression, Greenberg fait
état, dans le Journal of Consulting and Clinical Psychology, de 22 études portant sur les
effets des antidépresseurs et n'a pu relever, à la suite d'une méta-analyse, que de
modestes effets. Par ailleurs, les médicaments étaient efficaces uniquement du point de
vue du médecin traitant. Six mesures de l'évolution de la dépression du point de vue du
patient ont révélé que les médicaments n'avaient d'autres effets que celui du placebo.
Les éléments de preuve recueillis à l'égard de la nouvelle génération d'antidépresseurs
indiquent encore moins d'efficacité. Les patients peuvent bénéficier dans la même
mesure de placebos «actifs» ayant des effets secondaires. Des études menées dans
des conditions contrôlées, comparant la médication et la psychothérapie, penchent
davantage en faveur de cette dernière. (Voir le sondage réalisé par Consumers Report
en 1995 sur la psychothérapie.)
Voilà où nous en sommes. Ce qu'il nous faut, selon Prochaska, c'est une meilleure
couverture des médias au sujet du miracle qui s'opère par le changement de
comportement. Par exemple, faire des exercices énergiques à raison de 60 minutes par
semaine peut procurer au-delà de 50 avantages vérifiés sur les plans psychologique et
physiologique. Une période de relaxation de 20 minutes chaque jour a de nombreuses
répercussions bénéfiques. Une séance de psychothérapie de 50 minutes toutes les
semaines est également profitable à maints égards; elle réduit l'anxiété et la
dépression, rehausse l'estime de soi, améliore les relations sociales, atténue les
attitudes défensives et diminue les comportements de dépendance. La thérapie peut
aussi accroître le taux de survie à la suite d'un cancer du sein ou d'une maladie
cardiovasculaire. «Oust, médicaments. Rétablissons l'équilibre en ouvrant la voie au
changement de comportement.»
Nous devons tout d'abord joindre la population. Des efforts collectifs s'imposent, mais
ne suffisent certainement pas. Nous devons chacun manifester notre présence, sembler