Ronflements et apnées du sommeil Le ronflement concerne 20 à 30 % de la population et 10 % des patients ronfleurs sont porteurs d’un syndrome d'apnées du sommeil, ce qui représente près de 2 millions de personnes en France. Quel est le mécanisme en cause ? Le ronflement est généré au niveau de la gorge et est causé par : - un vibrateur : le voile du palais qui sépare le nez de la cavité buccale et qui se termine par la luette plus ou moins développée selon les individus. - un rétrécissement au niveau de la gorge, qui provoque un écoulement turbulent de l’air à l’inspiration. Ce rétrécissement est lié soit à une conformation anatomique particulière avec souvent un recul de la mâchoire qui entraine une bascule postérieure de la base de la langue, soit à une augmentation de volume des tissus mous de la gorge dû à la prise de poids. Le phénomène est majoré lorsque l’on dort sur le dos ou lors de la prise d’alcool ou de somnifères. Ce rétrécissement peut aboutir à une fermeture complète de la gorge empêchant l’air de passer et provoquant l’apnée du sommeil. Les apnées sont responsables d’une baisse du taux d’oxygène dans le sang par diminution de la ventilation pulmonaire. Cette diminution d’oxygène dans le sang expose à des risques cardio vasculaires et neurologiques. Tout ronfleur nécessite un examen ORL complet appréciant l’état du vibrateur, en particulier le voile du palais mais également les différents sites possibles de rétrécissement de la gorge. Une recherche de signes évocateurs d’apnées du sommeil sera systématique ; le symptôme le plus évocateur de syndrome d'apnées du sommeil reste le trouble de la vigilance diurne en particulier la somnolence à laquelle il devient de plus en plus difficile de résister. L’infirmation ou la confirmation d’un syndrome d'apnées du sommeil repose sur des examens complémentaires de sommeil. Tout ronfleur doit donc bénéficier d’un enregistrement nocturne avant d’être traité. L’examen ambulatoire le plus simple est réalisé à domicile. Non invasif, il permet de tester le taux d’oxygène dans le sang en continu ainsi que la mesure des débits aériens au niveau du nez et de la cavité buccale. Au terme de ce bilan clinique et des examens de sommeil, deux solutions sont possibles : - soit il s’agit d’un ronflement simple, qu’il faudra traiter si le patient en exprime la demande, - soit il existe un syndrome d'apnées du sommeil dont le traitement est indispensable. Comment traiter ? Le traitement du ronflement vise essentiellement à traiter le vibrateur vélaire. Initialement, ce traitement reposait sur une chirurgie de réduction de la longueur du voile du palais souvent associée à une amygdalectomie. Cependant, il s’agissait d’un traitement douloureux et nécessitant une hospitalisation et une anesthésie générale. Puis les traitements ont évolué vers des techniques ambulatoires sous anesthésie locale utilisant une résection partielle de la luette avec un laser. Ce traitement simple, efficace et rapide expose cependant à des douleurs importantes. Puis sont apparues de nouvelles techniques dont le principe est de piquer le voile avec une petite aiguille reliée à un générateur de radiofréquence dans le but d’échauffer le muscle du voile du palais de manière contrôlée afin qu’il cicatrise en se fibrosant, diminuant ainsi ses capacités vibratoires. En pratique, 2 à 3 séances de radiofréquence à 8 semaines d’écart sont nécessaires. Ces traitements instrumentaux, non chirurgicaux et très peu algiques sont réalisés au fauteuil du cabinet, sous anesthésie locale avec un taux de succès de l’ordre de 75 %, légèrement supérieurs au laser ( Dr Le Gac, Revue Française d'ORL, 2007). Ils doivent être accompagnés, si possible, de règles hygiéno diététiques en particulier d’un amaigrissement et d’une diminution de la consommation d’alcool en particulier le soir. Le traitement du syndrome d'apnées du sommeil est plus complexe et moins univoque. Le traitement de référence est constitué par la ventilation nocturne à pression positive continue (PPC) durant la nuit. Un masque est appliqué sur le nez relié à un compresseur qui envoie de l’air sous une pression suffisante pour permettre l’ouverture de la voie aérienne au niveau de la gorge. Près de 50 000 patients bénéficient actuellement de ce traitement. Les prothèses dentaires sont une autre voie thérapeutique. Ces prothèses portées la nuit visent à propulser la mâchoire inférieure par rapport à la mâchoire supérieure. Elles doivent être portées à vie. Les effets secondaires à type d’hyper salivation ou de douleurs articulaires des mâchoires sont également responsables d’un rejet par le patient. Enfin, la chirurgie reste le seul traitement radical et définitif de cette maladie. Pour les syndromes d'apnées du sommeil légers avec peu de pauses respiratoires pendant le sommeil, il est possible de pratiquer un laser ou une radiofréquence au niveau du voile du palais mais les syndromes d'apnées du sommeil les plus graves nécessitent des chirurgies plus importantes visant à augmenter l’espace aérien situé en arrière de la langue. Cette chirurgie s’adresse soit aux mâchoires en les avançant, soit à la langue en diminuant le volume de sa partie postéro inférieure. Ces opérations lourdes sont proposées surtout chez les patients souhaitant un traitement définitif et ne tolérant pas la PPC.