HAKIM BAH
JACQUES ALLAIRE
DOSSIER DE PRODUCTION
CRÉATION NOVEMBRE 2018
THÉÂTRE
e t s i d i e u
est mort !
© Hervé Bohnert
LE TARMAC LA SCÈNE INTERNATIONALE FRANCOPHONE
159 AVENUE GAMBETTA | 75020 PARIS
WWW.LETARMAC.FR
ET SI DIEU EST MORT ! Hakim BaH - Jacques allaire
2/12
Texte Hakim Bah
Un spectacle de Jacques Allaire
Scénographie Jacques Allaire
Son Guillaume Allory
Lumière Christophe Mazet
Costumes Jacques Allaire, Wanda Wellard
Avec Boutaïna El Fekkak, Jean-Pierre Baro, Malik Faraoun, Criss Niangouna, Jacques Allaire...
(ditribution en cours)
Production : Le Tarmac - La scène internationale francophone
Coproduction (en cours) : La Comédie de Saint-Etienne - Centre dramatique national, Tropiques Atrium - Scène nationale de
Martinique, Théâtre de Chelles...
GÉNÉRIQUE
ET SI DIEU EST MORT ! CRÉATION NOVEMBRE 2018
ET SI DIEU EST MORT ! Hakim BaH - Jacques allaire
3/12
NOTE D'INTENTION  LE PROJET
Jacques Allaire
Et si Dieu est mort est un projet de création d'un texte qu’Hakim Bah écrira à partir du livre Ainsi
parla Zarathoustra de Nietzsche.
Il y a un certain temps que je voulais travailler sur ce texte fondateur de la pensée moderne et
sur les questions qui se posent de nos jours. Essentiellement la question de l'émancipation de
l'humanité des dogmes économiques, politiques, religieux, etc. Mais je souhaitais traiter le livre
et ses questions comme on pourrait le faire d’un mythe, et non comme le flot déversé d'une
vérité d'un seul homme ainsi que peut apparaître Zarathoustra. Et il me semblait nécessaire
de le faire depuis l'invention d'une fable qui ne soit pas l'adaptation de Nietzsche mais le
Zarathoustra comme matériau de pensée et nourriture d'une invention poétique.
Il s'agit de se détourner en conséquence de toute forme d'adaptation et pour cela j'avais le désir
de m'associer à un auteur de notre temps, un jeune auteur qui se confronterait et s'emparerait
de cette matrice pour inventer une "fable" à partir de sa langue et de sa culture.
Ainsi, en consultation avec Le Tarmac, nous nous sommes tournés vers Hakim Bah et lui avons
proposé d'écrire pour moi et soumis cette commande d'une pièce, Et si Dieu est mort.
Ce n'est donc pas une adaptation mais une commande qui est faite à Hakim Bah : d'écrire
à travers le texte de Nietzsche sur les questions qui se posent à l'homme moderne. Il s’agit
de les problématiser par la création d'une fable et l'invention de personnages ainsi que l'ont
fait à leur manière Ibsen (Brand) ou Byron (Manfred), ou encore Hermann Hesse (Le retour de
Zarathoustra), sans parler du livret d'opéra de Strauss.
Zarathoustra a valeur de mythe aujourd'hui, aussi puissamment que Faust, à l'égal des
grands mythes qui ont nourri la dramaturgie mondiale. Ce texte est à la fois pensée et texte
philosophique. Un récit et un poème lyrique autant qu'une odyssée peuplée d'étranges
créatures. Il pose surtout à notre temps les questions de son dépassement dans une parole
et une pensée libératrice qui explosent littéralement les cadres normatifs avec lesquels
notre temps se débat encore : replis identitaires, conservatismes, murs et patrie frontière et
famille. Mythologies délirantes, origines pures que chacun se renvoient : les vrais français,
la vraie Amérique, la Russie éternelle, le peuple élu d'Israël, les fondamentalistes de la vraie
foi, les races, etc. Tout ce fatras nauséabond où les peuples risquent de s'engluer à force
de manipulation, de négligence, de directivisme d'état ou de mercantilisation des rapports
humains et de consumérisme.
Pensée visionnaire dont il s'agit de s'emparer mais j'ai posé quelques contraintes à Hakim
Bah en lui proposant de passer par les filtres de Ibsen, de Tchekhov ou encore de quelques
nouvelles de Jack London. Un peu comme si le texte, l'ensemble de ces textes était un édifice
de verre qui aurait explosé et serait tombé en éclats. Je lui ai proposé d'écrire depuis les débris
de verre et les éclats, la fable des sensations qu'ils lui inspirent, et sans jamais chercher à
restituer l'édifice, sans chercher à remettre en ordre d'origine les morceaux de verre brisé, ni à
tous les utiliser, mais en acceptant d'être guidé par l'organisation des sensations et les fictions
que cela lui inspire. Ces morceaux de "verre brisés" sont la matière depuis lesquels Hakim Bah
écrira et inventera la pièce Et si Dieu est mort.
ET SI DIEU EST MORT ! Hakim BaH - Jacques allaire
4/12
NOTE D'INTENTION  L'ÉCRITURE
Hakim Bah
Quand on lit Zarathoustra on est frappé tout de suite par le style.
La poésie.
Le récit-poème.
Une forme peut-être à prendre pour la pièce à venir ?
Partir de Zarathoustra ?
Mais comment partir de Zarathoustra sans parler de Zarathoustra ?
Mais comment parler de Zarathoustra sans parler de Nietzsche ?
Car l’un et l’autre se confondent quelque fois.
Car il y a en Nietzsche le drame humain (et c’est ce qu’on retrouve dans Zarathoustra).
Mais pas seulement.
Car Zarathoustra donne un chemin pour le surmonter.
Car Zarathoustra refuse qu’on succombe à la pitié.
On ne peut pas comprendre Nietzsche en ignorant sa vie. Son drame. Sa douleur.
Il y a en lui la solitude, la folie mais aussi et surtout le dépit amoureux.
Et justement l’amour.
Lamour avorté.
Lamoureux déçu.
S’il y a eu Zarathoustra c’est parce qu’il y a eu quelque part une grande déception amoureuse.
Déception à la suite de la rencontre de l’être aimé : « Le texte, je tiens à le préciser, parce qu’un
malentendu s’est répandu à ce sujet, n’est pas de moi : il est dû à l’étonnante inspiration d’une
jeune Russe avec qui j’étais à l’époque lié d’amitié, Mlle Lou Von Salomé. »
La rencontre de Nietzsche avec Lou Andréas Salomé.
Relation brève mais gravée à jamais en lui.
Zarathoustra n’est-il pas (peut-être) quelque part l’enfant manqué des deux ?
Le fruit de l’amour refoulé.
Lamour manqué qui a enfanté l’enfant manqué.
Lenfant manqué que finalement Nietzsche seul portera, la grossesse et l’accouchement.
Enfant dont il sera ainsi le père et la mère.
Imaginons :
Ils sont trois.
Amis au départ.
Nietzsche, Paul, Lou.
Seront même quatre.
Peut-être même cinq.
Puisqu’il y aura la sœur et la mère qui haïssent Lou, qu’elles trouvent sale et dépravée.
Et qui feront tout pour l’éloigner de Nietzsche.
Pourtant Nietzsche aime Lou, caresse même l’idée de faire un ménage à trois avec Paul
s’il le faut.
Paul laisse paraître un peu de jalousie.
Lou refuse l’aventure amoureuse avec Nietzsche.
Paul et Lou finissent par conspirer contre Nietzsche et l’éloigner d’eux.
Nietzsche se sent, trahi, mal aimé, rejeté du monde.
ET SI DIEU EST MORT ! Hakim BaH - Jacques allaire
5/12
NOTE D'INTENTION  L'ÉCRITURE
Nietzsche se retire ainsi du monde, se retrouvant seul et sentant la folie le gagner, une folie
douloureuse qui lui rappelle celle de son père : « Mon père dut supporter d’incroyables
souffrances. La maladie ne voulait pas reculer, au contraire elle croissait de jour en jour. Il
s’éteignit dans la douleur et la paix le 27 Juillet 1849 ».
Justement, son père : « Quoi que je fusse encore très jeune et inexpérimenté, j’avais pourtant
déjà une idée de la mort. La pensée d’être à jamais séparé de mon père s’empara de moi
et je pleurai amèrement. Les jours suivants passèrent entre les larmes et les préparatifs de
l’enterrement. Même si je ne saisissais pas totalement l’ampleur de la menace, l’atmosphère
de tristesse et d’inquiétude dut faire sur moi une impression des plus troublantes. C’est de
cette époque funeste, lourde de conséquences, que ma vie prit un cours différent. Je tiens
pour un grand privilège d’avoir eu un tel père : les paysans devant qui il prêchait disaient de lui
"c’est à cela que doit ressembler un ange !" ».
Un père parti trop tôt. Nietzsche avait quoi? Quatre ans? Peut-être plus. Ou peut-être moins.
La mort du père est en quelque sorte la mort de Dieu pour Nietzsche.
La mort de la famille aussi.
Puisque que ni la mère, ni la sœur n’arriveront à combler le vide : « La manière dont, jusqu’à
l’instant présent, ma mère et ma sœur me traitent, m’inspire une indicible horreur : c’est une
véritable machine infernale qui est à l’œuvre, et cherche avec une infaillible sûreté le moment
où l’on peut me blesser le plus cruellement – dans mes plus hauts moments… car aucune
force ne permet alors de se défendre contre cette venimeuse vermine… C’est avec ses parents
que l’on a le moins de parenté : ce serait le pire signe de bassesse que de vouloir se sentir
"apparenté" à ses parents ».
Et voilà que la douleur lui donne des ailes.
Il va enfanter de Zarathoustra dont il sera à la fois le père et la mère.
Qui « à un degré inouï, dit non à tout ce à quoi l’on a toujours dit oui jusqu’alors, peut-être en
même temps le contraire d’un esprit négateur… ».
Dans le texte à venir, comme il faut parler du texte à venir, il sera peut-être question de tout
ça. Ou peut-être d’une infime partie de tout ça. Les personnages porteront sûrement d’autres
noms. Seront confrontés sûrement à d’autres situations. Car il faut se le dire, il ne s’agit pas
d’écrire sur Nietzsche mais de partir de Zarathoustra pour parler du drame humain. De la mort
de Dieu.
Mais de quel Dieu ?
Il sera donc question de Dieu. De famille. De diner. D’amitiés. De naissance. D’amour. De justice.
D’errance. De mort. De quête de bonheur. De. De…
Ou peut-être sera-t-il simplement question d’un rêve, en fin de compte ?
Du rêve de l’enfant voyant son père sortir de sa tombe pour venir le chercher et l’amener avec
lui.
Et puis il y aura aussi certainement
Un peu de Brand de Ibsen.
Un peu de Manfred de Lord Byron.
Un peu de Dura Lex de Lev Koulechov.
Et un peu d’autres choses à venir.
À creuser.
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