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CORTEN — Société civile de la misère
1995 250 180 800 380 1.460
Mortalité infantile (en 0/1000)
1980 123 128 118 90 76
1995 73 133 69 46 37
Taux d'analphabétisme (en %)
1995 55 40 17 34 18
Prod. alimentaire per capita (Indice: 1985 = 100)
1996 63 64 129 92 91
Source: Banque mondiale, Rapport du développement dans le monde, Washington,
1997 et FAO, Annuaire de la Production, 1996.
En comparaison avec d'autres pays pauvres y compris ceux ayant connu
une histoire récente bouleversée (Rwanda et Nicaragua), Haïti est un pays
caractérisé par une profonde érosion sociale. La malnutrition (2.000 calories par
jour), la misère (revenus dérisoires5 et carence de ressources d'éducation6), le
manque d'hygiène et la profonde dégradation de la qualité de la vie7 ainsi que les
relations de servitude8 auxquelles sont condamnées plusieurs catégories de la
5 Un reportage de Michèle Ouimet dans le Journal québecois La Presse (1-4 novembre 1997)
rapportait la situation d'enfants de la rue survivant avec deux ou trois gourdes par jour(25
cents).
6 L'État a démissionné en matière d'éducation n'assurant plus, selon la même série d'articles,
que 28% de l'enseignement primaire et 20% du secondaire.secondaire.
7 «Port-au-Prince est une ville infernale: les rues sont sales, une odeur d'urine et de pourriture
flotte dans l'air, les déchets s'amoncellent dans les rues, les conditions sanitaires sont
désastreuses, les maisons négligées croulent sous le poids des années, les fils électriques, tout
emmêlés, pendent dans un incroyable désordre, l'anarchie règne au centre-ville .. Plus de 2,2
millions d'hommes, de femmes et d'enfants s'entassent dans la capitale conçue pour recevoir,
tout au plus, 200.000 personnes». Ajoutons cette description de Cité-Soleil. «C'est un endroit
sale où les détritus, qui jonchent les canaux depuis une éternité, sont presque fossilisés. L'eau
boueuse et malpropre déborde parfois dans les rues. Le soleil se reflète sur les toits en tôle,
surchauffant une atmosphère lourde où bourdonnent des mouches. Il n'existe pas un seul arbre
qui pourrait jeter un peu d'ombre et apporter une brise de fraîcheur». Ouimet, art. cités.
8 Environ 50.000 Haïtiens vivent dans les plantations sucrières dominicaines privés pour la
plupart des droits fondamentaux. D'autres sont également réduits à des conditions de quasi-
servitude dans d"autres secteurs (riz, café mais aussi domesticité). Par ailleurs en Haïti même,
200.000 enfants vivraient, selon l'UNICEF (1996), en domesticité. Les parents ne parvenant
plus à nourrir leurs enfants, placent leurs enfants en domesticité dans des familles des couches
moyennes inférieures espérant (espoir illusoire) qu'ils auront ainsi une quelconque chance d'aller
à l'école. Ces enfants non rémunérés sont au service de toute la famille, enfants compris.