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Le Document préparé par le Forum du Secteur Privé et qui a bénéficié des études de deux firmes
internationales, OTF, (On The Frontiers) et Dalberg Global Development Advisors et des travaux du
Groupe de Travail sur la Compétitivité (GTC) présente non seulement les secteurs susceptibles de
dynamiser l’économie haïtienne, du point de vue á la fois de la croissance et de la création d’emplois
mais aussi les quatre pôles géographiques de développement ainsi qu’un calendrier de mise e œuvre. Le
secteur privé des affaires constitue lui aussi un acteur incontournable et est appelé à jouer un véritable
rôle de moteur pour le développement d’Haïti. D’où la nécessité de revisiter le PSSN a la lumière de ces
deux importants documents pour des ajustements éventuels. L’Initiative de la Société Civile s’intéresse à
une telle démarche et c’est certainement un domaine où la société civile peut apporter une contribution
appréciable.
La seconde démarche à entreprendre par les concepteurs et les promoteurs du Plan, c’est de
travailler à l’appropriation du PSSN par les différents secteurs de la société haïtienne. Je sais qu’il y a
déjà un projet dans ce sens et que des déplacements sont prévus dans les 10 départements
géographiques. Toutefois, je voudrais insister sur le fait que cette démarche ne doit pas rester à un
niveau superficiel. En effet, l’appropriation par la population haïtienne d’un projet de modernisation
sociale, économique et politique d’Haïti, suppose une rupture d’avec une vision et un discours qui ont
été dominants depuis la fin des années 80. Cette vision était caractérisée par un refus de l intégration
économique d’Haïti dans le monde et envisageait un développement endogène, un développement en
autarcie. Le slogan de cette vision est « Grès kochon kap kuit kochon ». C’est un refus systématique de
la globalisation. Il est vrai que la globalisation peut présenter certains dangers pour de petits pays faibles
comme Haïti. Mais elle peut aussi présenter des avantages et des opportunités pour nous, á condition
que nous sachions en profiter et que nous fassions l’effort nécessaire pour saisir ces opportunités et les
tourner à notre profit. Cela demande du travail, de l’organisation et un esprit d’entreprise. Cette vision
et ce discours dominant voyait Haïti comme une société essentiellement agraire où le maitre mot est la
souveraineté alimentaire, avec une tendance à tuer dans l’œuf toute tentative d’industrialisation et où
aucun effort n’est fait pour profiter sérieusement de la manne touristique qui se déverse sur la Caraïbe.
La mise en œuvre d’un plan de modernisation suppose une insertion de l’économie haïtienne dans
l’économie mondiale, une ouverture sur le progrès scientifique et technique, le développement d’une
certaine compétitivité dans des secteurs porteurs, une étroite collaboration entre les entrepreneurs de
tous les niveaux et les dirigeants politiques. On ne peut plus considérer l’investisseur, l’entrepreneur
comme l’ennemi de la nation, ni le profit comme un sacrilège. En effet, il n’y a pas de recherche,
d’innovation, d’investissement, sans profit, sans épargne et sans accumulation. Il n’y a pas de progrès
sans profit, a condition bien sur que ce profit soit réalisé dans le respect des droits humains et des lois
du pays et que sa réalisation s’accompagne d’une certaine responsabilité sociale de la part de
l’entrepreneur. La société civile peut contribuer largement à développer et à propager une nouvelle
vision plus moderne, plus ouverte sur le monde et en même temps soucieuse de l’intérêt général et du
bien-être collectif.
La troisième condition pour la mise en œuvre du PSSN, c’est qu’il se transforme en un projet
politique. Il faut d’abord affirmer qu’une partie importante de la société civile haïtienne aspire
fortement à une modernisation de la vie sociale, politique et économique du pays et souhaite sortir du