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BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE
CONFÉRENCE DE PRESSE de Mario DRAGHI
5 décembre 2013
Mesdames et messieurs, je suis très heureux de vous accueillir à cette conférence de presse. Je vais à
présent vous faire part des conclusions de la réunion du Conseil des gouverneurs qui s’est tenue
aujourd’hui.
Au terme de notre examen régulier de la situation économique et monétaire, nous avons décidé de
laisser inchangés les taux d’intérêt directeurs de la BCE. Les informations et les analyses
disponibles ont conforté notre évaluation et nos décisions de politique monétaire du mois dernier. Les
tensions sous-jacentes sur les prix dans la zone euro devraient rester contenues à moyen terme.
Corroborant ce scénario, les évolutions monétaires et celles du crédit demeurent atones. Dans le même
temps, les anticipations d’inflation à moyen et à long terme pour la zone euro continuent d’être
solidement ancrées à un niveau compatible avec notre objectif de maintenir l’inflation à des niveaux
inférieurs à, mais proches de 2 %. Cette configuration tend à indiquer que nous pourrions connaître
une période prolongée de faible inflation, suivie d’une remontée graduelle vers des taux d’inflation
inférieurs à, mais proches de 2 %. L’orientation de notre politique monétaire demeurera
accommodante aussi longtemps que nécessaire et continuera ainsi de soutenir la reprise progressive de
l’économie dans la zone euro. Dans ce contexte, le Conseil des gouverneurs a confirmé ses indications
sur la trajectoire future des taux directeurs de la BCE et continue de prévoir que ces taux resteront à
leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas sur une période prolongée. Cette anticipation demeure
fondée sur le maintien à moyen terme de perspectives d’inflation globalement modérées, compte tenu
de la faiblesse généralisée de l’économie et de l’atonie des évolutions monétaires. En ce qui concerne
les conditions du marché monétaire et leurs implications éventuelles pour l’orientation de notre
politique monétaire, nous suivrons attentivement leurs évolutions et sommes prêts à examiner tous les
instruments disponibles.
Permettez-moi à présent d’expliquer plus en détail notre évaluation, en commençant par l’analyse
économique. Après une hausse de 0,3 % au deuxième trimestre 2013, le PIB en volume de la zone
euro a augmenté, en glissement trimestriel, de 0,1 %, au troisième trimestre. Les évolutions des
indicateurs de confiance tirés des enquêtes disponibles jusqu’en novembre vont dans le sens d’un taux
de croissance positif au quatrième trimestre de l’année également. En 2014 et 2015, la production
devrait se redresser lentement, sous l’effet notamment d’une légère hausse de la demande intérieure
soutenue par l’orientation accommodante de la politique monétaire. L’activité économique dans la
zone euro devrait également bénéficier d’un raffermissement graduel de la demande extérieure. En
outre, les effets de l’amélioration générale observée sur les marchés financiers depuis l’an dernier se
font sentir sur l’économie réelle, et il devrait en aller de même des progrès réalisés en matière
d’assainissement budgétaire. De plus, les revenus réels ont récemment bénéficié d’une hausse plus
faible des prix de l’énergie. Cela étant, le chômage demeure élevé dans la zone euro et le nécessaire
processus d’ajustement des bilans dans les secteurs public et privé continuera de peser sur l’activité
économique.
Ce scénario ressort également des projections macroéconomiques de décembre 2013 pour la zone euro
établies par les services de l’Eurosystème, qui prévoient une baisse de 0,4 % du PIB annuel en volume
en 2013 suivie d’une progression de 1,1 % en 2014 et de 1,5 % en 2015.
Les risques entourant les perspectives économiques dans la zone euro sont considérés comme orientés
à la baisse. Les évolutions des conditions sur les marchés monétaires et financiers à l’échelle mondiale
et les incertitudes qui y sont associées pourraient influer négativement sur la situation économique.
D’autres risques à la baisse ont trait à un renchérissement des matières premières, à une demande
intérieure et une croissance des exportations plus faibles que prévu et à une mise en oeuvre trop lente
ou insuffisante des réformes structurelles dans les pays de la zone euro.
Selon l’estimation rapide d’Eurostat, la hausse annuelle de l’IPCH dans la zone euro s’est accentuée
en novembre 2013, s’établissant à à 0,9 % après 0,7 % en octobre. Cette évolution, globalement