Formation maîtres E – Rennes février 2011 « approfondissement didactique et posture professionnelle » Cette formation organisée par l’Oratoire de Lyon rassemble des maîtres E de toutes les régions de France , ce qui est très riche en échanges de pratiques , d’organisations … et qui met en évidence une inquiétude générale quant à l’avenir de nos postes E . Programme des 3 jours : Le 31/01 : - la circulaire de juillet 2009 : rappel de nos missions - retour sur les différents concepts indispensables pour les « E » - évaluation/repérages Le 01/02 : Repérer les difficultés et les troubles de la langue écrite : - difficultés de compréhension - notion de trouble Le 02/02 : - élaboration d’un projet d’aide ( groupe cycle 2 – difficultés de compréhension – dont un en difficulté de langue écrite ) - mutualisation : sites – logiciels – matériel … 1 La circulaire de juillet 2009 Les missions du maître E : - la prévention de la difficulté scolaire l’aide aux élèves qui rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages la contribution à l’observation des élèves la contribution à l’analyse de leurs compétences et de leurs difficultés apporter les aides nécessaires - l’aide au repérage des élèves en situation de handicap l’aide aux PPS contribution à la relation positive avec les familles donc 3 axes : - la prévention la remédiation l’accompagnement comme dans la circulaire de 2002 les élèves concernés : Ceux qui ont des difficultés à apprendre ou à comprendre : on est donc bien dans la compétence et non pas dans du notionnel En ASDP ( aide spécialisée à dominante pédagogique ) on est sur la construction de procédures , et la transférabilité de ces procédures . Les modalités : la co-intervention et l’atelier au R.A 2 Quelques concepts Prévention Objectifs : Dialogue Avant pour préparer l’après Travail en amont pour éviter que la difficulté ne s’installe + en maternelle Re médiation Objectifs : Développer de nouvelles stratégies Moyens : Utiliser les interactions (via le conflit sociocognitif ) Servir de médiateur entre l’élève et le savoir Moyens : S’adresse à tout un groupe ( on ne cible pas ) Permettre la verbalisation Etre un nouveau médiateur quand la 1ère Possible à tous les âges Permet le repérage d’autres difficultés médiation s’est mal passée ou quand l’enfant éventuelles n’a pas entendu la réponse à ses questions ( S’inscrit dans les missions du maître de la mauvaise représentation de l’apprentissage ) classe La re-médiation n’est pas un remède mais une Adaptation du dispositif à la réalité des élèves nouvelle médiation ( = comment accroître l’efficacité de l’école ) La difficulté est de trouver le support : il faut une situation problème , qui pose difficulté La prévention se fonde sur l’observation de Les situations langagières permettent de plusieurs contextes déconstruire et interrogent les représentations La prévention sert à concourir à un ajustement de la pédagogie de la classe Re-médier c’est apprendre en prenant Porter une attention aux situations ( ex. élèves conscience de son fonctionnement ( activité nés en fin d’année ) méta-cognitive ) La prévention n’est pas la prédiction ( pas En tant que maître E , on est médiateur qui d ‘étiquetage ) donne l’étayage juste en repérant la ZPD Il faut permettre de faire collectivement/à voix haute/ lentement ce que l’élève fera seul/en silence/rapidement dans sa classe . Amener l’élève à comprendre comment il fonctionne et comment il peut s’améliorer : donc importance du choix des supports , et de la constitution des groupes ( donc importance de la demande d’aide ) Actions possibles : Aider , accompagner aux évaluations diagnostiques Aider à faire la différence entre les différentes évaluations ( formatives/sommatives ) Aider les enseignants à formuler de l’implicite : qu’ils expliquent ce qu’ils attendent vraiment de leurs élèves Participer aux constitutions des classes : selon les élèves , les ateliers possibles … Présence instituée en maternelle ( ex. une heure tous les matins en PS ou MS …) 3 Difficulté Inhérente à tout apprentissage Passagère ou durable Normale ( s’il n’y a pas difficulté , il n’y a pas apprentissage ) Surmontable avec de l’étayage La difficulté est subjective : on a besoin d’évaluations Trouble Pathologique Systémique ( lié au médical/à l’affectif) Réponse thérapeutique ( soins ) Diagnostique pluridisciplinaire Peut être compensé Outils : observer : - les outils didactiques - les composantes logiques - les composantes cognitives - les composantes langagières - les composantes sociales/affectives Comprendre Apprendre Faire des liens Se mettre en projet Donner du sens Il faut une disponibilité / une décentration Se faire des images mentales Modifier ses représentations ( déstabilisation ) Organiser les informations Passe par le questionnement et la verbalisation La compréhension passe par l’apprentissage Une procédure ( capacité = par le maître E ) ou une notion ( connaissance ) Transférer La structuration passe par le langage Inter-agir / expérimenter Mettre en œuvre une activité métacognitive On peut apprendre à comprendre Il faut apprendre pour comprendre Il faut comprendre pour apprendre 4 Co-intervention Intervenir ensemble Co-préparation = projet écrit - communiquer - confronter les représentations - s’identifier - se connaître pour se reconnaître - définir le rôle et la place de chacun Partenariat Partition = séparation : on est différent mais complémentaire Confronter les différents regards au service de l’enfant Importance d’être identifié dans nos diversités évolution dans le temps Permet l’observation en classe dans le cadre d’activités La co-intervention est une manifestation du partenariat Postures Procédures Du point de vue du maître E : « ensembles ordonnés de règles » Attitude / éthique / objectivité ( se construisent en fonction de nos référents théoriques ) Cheminements professionnalisme ( correspondre à la spécificité du poste ) personne ressource / expertise médiateur neutralité bienveillante empathie Schèmes mentaux Déconstruire pour reconstruire Verbalisation ( méta-cognition ) : la démarche , la tâche passent par la verbalisation Explicitation accompagnée Du point de vue de l’élève : Planification de la tâche Rôle d’élève Acteur Oser / accepter / coopérer Confiance indispensable Contrat didactique Méthodologie 5 Observation Dans un contexte / une situation On observe un fait / une activité Nécessite une analyse , une concertation pour définir la problématique Est subjectif ++ Repérage On repère des manifestations de la difficulté On est dans le symptôme Il y a un rapport à la norme ( on repère le déviant ) mais il n’y a pas d’étalonnage , il faut donc une évaluation précise des compétences Observer : c’est aller à rencontre de quelqu’un avec la volonté de connaître sans modifier . Evaluer : c’est comparer ce que l’on observe avec autre chose C’est une démarche , un état d’esprit Ce n’est pas l’outil qui est intéressant mais la manière dont on l’utilise . On évalue pour proposer de l’aide ensuite . Repérer : c’est marquer , borner , jalonner , Le repérage est l’ action de déterminer exactement l’emplacement de quelque chose . Du point de vue de l’éthique : 1 – Quelles conditions devons-nous construire pour que l’évaluation nous permette d’aller à la rencontre d’un enfant que l’on veut accompagner ? * construire la sécurité affective : - en lui donnant la parole - en lui expliquant le pourquoi de l’évaluation - en lui expliquant notre rôle / notre fonction - en contractualisant son adhésion - en lui expliquant ce que cela va permettre , à quoi cela va servir - en lui explicitant les modalités , les attendus , les critères , les indices de réussite , qu »il a le droit de se tromper … * être au clair avec ce que l’on veut savoir , et donc utiliser les outils appropriés * être au clair sur la finalité de l’évaluation « à quelle fin on s’autorise à évaluer ? » 6 2 – A quoi devons-nous être vigilants dans un projet d’observation ou de repérage Quoi - conditions de mise en œuvre varier les contextes s’inscrire dans la durée à plusieurs pour croiser les regards observer ? l’entrée dans la tâche les attitudes les relations aux autres le développement de l’activité , la régulation le résultat ( la production ) 4 entrées d’observation : le cognitif , l’instrumental , l’affectif , le social ( le relationnel ) ( voir le livre de Pierre Bonjour ) grille possible de repérage : Manifestations Symptômes Eléments déclencheurs Répercussions sur les apprentissages Réponses pédagogiques adaptées 7 La co-intervention [ co-intervention : dans le même espace ou non ; co-animation : dans le même espace ] Travailler ensemble dans le cadre d’un projet écrit On met l’accent sur l’action : on agit ensemble Mise en synergie d’objectifs : on travaille ensemble et non pas côte à côte Il y a un accueillant ( l’enseignant ) et un intervenant ( le maître E ) : L’intervenant vient « entre » les élèves et la maîtresse , donc cela introduit un « désordre » . Inter-venir ça engage , ça implique une remise en question : c’est le « qui suis-je ? » qui est interrogé , il peut donc y avoir un problème identitaire ( jusqu’à la rivalité ) Quand il y a rivalité : - il faut se recentrer sur le projet de l’élève - il est indispensable de penser la place et le rôle de chacun ( on n’est plus collègue/collègue mais collègue / maître E ) Préalables L’envie de travailler ensemble L’empathie ( envie de se mettre à la place de l’autre ) Attention positive Communication Accepter les manifestations d’autrui sans les juger Il faut du temps ( temps avant – temps pendant – temps de régulation ) Il faut ressentir le besoin d’élaborer des projets ensemble Nécessité de revenir sur le ressenti pour ajuster / continuer / arrêter Intérêts La co-intervention n’est pas une fin en soi Il faut en repérer les besoins , les limites La co-intervention peut favoriser la rupture du face à face élève/enseignant Elle peut favoriser l’émulation entre enseignants Exemples de co-intervention : Observations en classe Evaluations : passation ou analyse Co-préparation En fin d’aide : accompagner le groupe ou l’enfant dans sa classe Co-élaboration de projets : PPS , PPRE … 8 Repérer les difficultés et les troubles de la langue 1 - Les difficultés Ce qui facilite la démarche d’apprentissage : - fournir les éléments d’apprentissage re-contextualiser les connaissances par rapport aux savoirs antérieurs ( = retour sur les acquis notionnels et les procédures pour faire du lien ) expliquer et justifier les activités et les modalités mettre en situation de prendre conscience d’un besoin et d’un enjeu permettre de maîtriser les indicateurs de réussite et d’achèvement donner des consignes claires ( différencier la tâche de la compétence visée ) mettre en jeu les processus intellectuels ( images mentales ) : reconnaître ( discriminer / distinguer ) anticiper ( imaginer / prévoir ) se décentrer analyser ( du général à l’élément ) dialectiser synthétiser ( du particulier au général ) diverger ( rapprocher des éléments ) Repérer des difficultés de compréhension : ( travail de groupes : lecture d’un calligramme et puzzle de texte ) ce qui a fait difficulté : - la typographie - la conception de la langue : sens conventionnel de la lecture , segmentation des mots , syntaxe … - les références culturelles - la ponctuation Nous ne pouvons construire du sens si nous ne pouvons faire des inférences . Pour faire des inférences , il faut des connaissances antérieures et faire des hypothèses à partir d’un début de compréhension . Repérages : - des connecteurs - des anaphores - morphologiques - morpho-syntaxiques - des mécanismes de la lecture rappel : L = R x C L : lecture R : reconnaissance des mots ( perception graphique et mécanismes de la lecture ) C : compréhension ( maîtrise du langage oral et connaissances sur le monde ) 9 Selon GOIGOU : L = fonction ( C T I ) L : lecture C : Compréhension T : traitement exploratoire du texte I : identification des mots Compétences mises en jeu - - re contextualiser ( nos connaissances antérieures ) décentrer ( accepter de procéder différemment , se remettre en question , élaborer des stratégies ..) anticiper ( hypothèses , vérification , ajustements ..) maîtriser l’usage des connecteurs / des anaphores prélever des indices / les interpréter inférer ( déduire ) maîtriser les outils ( mécanismes de la lecture , sens des opérations …) avoir une bonne mémoire de travail Synthèse La compréhension est un acte complexe ( interactions de plusieurs activités sans hiérarchisation ) : - prélever des indices explicites : identifier les données graphiques discriminer auditivement et visuellement comprendre le principe alphabétique connaître un lexique orthographique , un répertoire visuel - traiter des indices implicites pour déduire repérer les substituts , les connecteurs ( cohérence , chronologie ..) , les anaphores repérer les marques morpho-syntaxiques ( orthographe , accords , déterminants …) Comprendre c’est être capable de traiter l’implicite , de formuler des hypothèses , de raisonner pour traiter ce qui n’est pas écrit . La compréhension requiert des connaissances extérieures La compréhension requiert la subjectivité du lecteur , sa représentation de son travail de lecteur , son rapport à l’écrit en lien avec sa socialisation . 10 Quelques outils : LMC de KHOMSY ECS cycle 2 et cycle 3 de KHOMSY BLI ( version informatisée ) « le lis je comprends » CEBE et GOIGOU « la chasse aux indices » chez SED « lire et lier » chez RETZ « jeux de mots , jeux de sens » chez SED « réflexe lecture » ORTHO éditions « stratégies pour lire au quotidien » GS au CM2 chez SCEREN jeu « Imagine » chez l’oiseau magique 11 2 – trouble spécifique de la langue ( point de vue des neurosciences) Quand on est dans le trouble de la langue , c’est qu’il y a d’abord eu un repérage pédago puis pose d’un diagnostique : - Repérage par l’enseignant - Dépistage par le médecin scolaire - Diagnostique par une équipe pluridisciplinaire Trouble dans le processus d’identification des mots Déficits cognitifs altérant la mémoire verbale à court terme et la conscience phonologique Troubles structurels de l’analyse et de la reconnaissance de mots écrits Trouble qui persiste : la rééducation n’a pas vocation à combler mais à réduire la gravité des empêchements ( différence avec le retard : même s’il est grave , il peut se combler ) Pas de dyslexie avant le CE2 ( 18 mois à 2 ans de décalage ) mais ça n’empêche pas de faire qq chose avant … C’est une équipe pluridisciplinaire qui pose le diagnostique « par défaut » : - pas d’anomalie du cerveau - pas de D.I - pas de trouble psychiatrique - pas de trouble sensoriel - pas de déficit socio-culturel TSL : Trouble Spécifique de la Langue Donc l’apprenant est un élève à part entière , mais qui a des fonctions qui ne marchent pas : mémorisation ; attention ; concentration ; représentation mentale de l’espace Un TSL est déficit structurel donc pas d’acharnement en rééducation … Les dys n’ont pas de représentation mentale stabilisée ni des formes sonores , ni des formes graphiques des mots , aucun automatisme ne se met en place . Les dys doivent tout conscientiser : donc surcharge ++ Il y a différentes dyslexies selon les deux voies : adressage et assemblage Dyslexie phonologique ( 65 %) : atteinte de la voie phonologique , difficultés pour les logatomes Dyslexie de surface ( ou visuo-attentionnelle ) 15 % : atteinte de la voie lexicosémantique ( adressage ) , difficultés pour les mots irréguliers , logatomes pas impossible mais très lents , problèmes de compréhension , grande lenteur Dyslexie mixte ( 25% ) qui cumule les deux Importance de typer la dyslexie pour orienter la rééducation et aménager la pédago 12 Signes d’alerte : - - anomalies de déchiffrage : confusions auditives , visuelles inversions omissions , ajouts de lettres substitutions lecture très lente et saccadée difficultés à copier difficultés à répéter des mots - anomalies de compréhension ( il se souvient de la fin de la lecture car effort trop important ) - pas de goût à lire - en maternelle : trouble du langage oral problème de conscience phonologique difficultés mnésiques et attentionnelles instabilité psychomotrice ( car insécurité ) Outils - institutionnels : ODEDYS , ELFE , La Cigale … docs de la classe ( analyse des écrits spontanés ) bilan langage oral bilan phono + jeux phono jeux de discrimination visuelle lecture de logatomes / mots réguliers / mots irréguliers lecture de petits textes : exactitude/intonation/vitesse + niveau de compréhension 13 Adaptation en classe 1 - Dys phono ( atteinte de la voie indirecte ) : renforcer la conscience phono + Développer les aptitudes visuelles ( reconnaissance globale ) Activités possibles : - mots à trous à compléter - travailler la conscience phono : les rimes / l’attaque des mots / la syllabe/ le phonème ( avec le passage à l’écrit ) / lotos des sons / « le corbillon » / « syllabo-zoo » - stratégies de compensation = renforcer le visuel : mémo des mots / lecture flash / épellation par l’enfant par l’adulte à l’envers en vertical …/ mots casés / gestuelle BOREL MAISONNY/ cartes mots référent - simplifier les apprentissages : pas de doubles homophones/ règles sans les contre-exemples - répertoires de mots avec dessins+ mots 2 - Dys visuo-attentionnelle ( déficience de la voie d’adressage , du répertoire visuel ) : renforcer la maîtrise grapho-phono Activités possibles : - travailler la prise d’indices ( mots avec une lettre qui change ) - développer la mémoire visuelle , surtout les mots outils ( 70 mots ) : jeux Attention Mémo et Attention mes yeux chez Ortho éditions . - donner des stratégies : morphologie des mots / familles de mots (préfixe-suffixe) / lien morphologie et sens / jeux mémory des mots proches / des familles / liste avec intrus - compensation : jouer sur la capacité à assembler pour lire vie : entraînement à la Fluence / aide mémoire/ classement des erreurs / outil méthodo personnel et fabriqué par l’enfant 14