Dyslexie développementale = lorsque enfant présente un tble durable et persistant d’acquisition de la lecture en dépit de capacités intellectuelles normales (évalué avec QI le plus souvent), d’un milieu socio-culturel normalement stimulant (difficile à évaluer) et d’une scolarisation adéquate. Le trouble relève d’inaptitudes cognitives fondamentales qui ont fréquemment une origine constitutionnelle (Critchley, 1974). On peut parler de dyslexie si : - QIP ou QIV >= 85 - Bonne acuité visuelle et auditive - Pas de tble neuro ou psychiatrique - Pas de carences socio-éducatives - Scolarisation régulière et adaptée - Age de lecture < âge réel (18 mois) - Déficit d’identification des mots isolés (pas de problème de compréhension orale). La lecture = identification et compréhension ; en l’absence de tble de compréhension orale, la compréhension écrite repose sur l’identification des mots On suppose qu’il existe deux procédures pour lire, une procédure globale (lexicale) qui repose sur la reconnaissance d’emblée de mot familiers par procédure d’adressage (qui sont en mémoire = lexique orthographe), ces mots étant dans une mémoire de forme orthographique des mots. Une procédure analytique qui repose sur le traitement séquentiel d’unités sublexicales (procédure d’assemblage) et qui implique des liens entre unités orthographiques et unités phonologiques (règles de conversion GP). Il y a plusieurs théories explicatives des (ou de la) dyslexies développementales : - Déficit phonologique - Déficit magnocellulaire - Déficit cérébelleux - Déficit d’attention perceptive - Hypothèse visuo-attentionnelle (un peu à part et repose sur un modèle spécifique : ACV) A noter que les hypothèses phonologique, magnocellulaire et cérébelleuse supposent toutes un tble phonologique proximale pour expliquer la dyslexie développementale. La DD est le signe d’un dysfonctionnement cognitif, l’idée est de comprendre quel niveau cognitif est touché et cela en rapport avec les modèles cognitifs (double-voies, PDP, ACV). Il faut noter que le dysfonctionnement cognitif est sous-tendu par un dysfonctionnement cérébral, et/ou génétique, dont on ignore la nature (voir ectopies et mycrogiri qui pourraient expliquer selon Galaburda, les dyslexies développementales), (Attention ce n’est pas une lésion cérébrale comme dans les dyslexies acquises = chez l’adulte). Sens Orthographique Phonologique Cette relation est utilisée avant l’apprentissage de la lecture puisque l’enfant parle et connaît le sens des mots qu’il utilise. La voie ortho/phono vient se greffer dessus au moment de l’apprentissage de la lecture. Hypothèse Explication de la dyslexie développementale Le déficit phono est la cause proximale des tbles de lecture. Au niveau de la lecture il va toucher la mise en place de la voie de CGP. Il va entraîner des tbles à d’autres niveaux que la lecture : csce phonémique, langage oral, mémoire verbale Théorie phonologique : touche la voie de CGP. On attend par ailleurs des déficits : - au niveau de la csce phonémique - au niveau du langage oral - au niveau de la mémoire verbale à CT Il est nécessaire d’évaluer la csce phonologique (aptitude à reconnaître des unités sonores à l’intérieur des mots parlés) - les compétences métaphono en GSM sont un bon prédicteur du niveau de lecture en CP - le niveau de csce phonémique s’améliore parallèlement au niveau de lecture - l’entraînement de la csce phonologique favorise l’apprentissage de la lecture Voir aussi hypothèse d’auto apprentissage qui serait déficitaire (du fait de pb métaphonologiques) chez les dyslexiques, impliquant un système de CGP inefficace. Théorie d’un déficit magnocellulaire : va toucher la voie de CGP. Va provoquer un tble phonologique (dc tble csce phonémique, langage oral et mémoire verbale à CT.) Mais aussi déficit visuel : - sensibilité au contraste - persistance visuelle - perception du mvt Le déficit phono est toujours la cause proximale, mais le tble magno est le tble sous-jacent distal qui en est la cause. Le syst magno est sensible aux BF spatiales, HF temporelles ; il a une faible latence, il répond aux changements, il est impliqué dans la vision périphérique (perception des formes grossières, du mvt, mvt des yeux, direction de l’attention visuelle). Actuellement cette théorie suppose que ce sont les modalités auditive et visuelle (et tactile aussi) qui sont touchées Déficit cérébelleux : va toucher la voie de CGP. Va provoquer un tble phonologique (dc tble csce phono, langage oral et mémoire verbal à CT). Mais aussi des tbles des gestes moteurs : - tble équilibre - faible tonus musculaire - motricité fine dysgraphie Le déficit phono est toujours la cause proximale, mais le tble cérébelleux est le tble sous-jacent distal qui en est la cause. Le déficit cérébelleux implique un problème articulatoire (moteur), un retard ou un dysfonctionnement articulatoire implique pb au niveau de la construction des Ro phono. En plus de cela le cervelet est impliqué dans l’automatisation des tâches sur-apprises, une capacité moindre d’automatisation va affecter l’apprentissage des CGP Observations des études Dans les études de gpes on note que les dyslexiques ont des perfs faibles en : - répétition de PM - lecture de PM - dénomination - fluence verbale - métaphonologie - mémoire verbale à CT Le déficit phonologique est sous-jacent On observe un déficit de la perception catégorielle (niveau auditif) chez les dyslexiques, ce déficit pourrait être la cause du tble phonologique car difficulté à construire les catégories phonémiques Chez les dyslexiques : - difficultés à différencier les faibles contrastes - pb de persistance visuelle, les dx ont besoin d’un ISI plus lg pour discriminer qu’il y a eu la présentation de 2 stimuli - les données histologiques montrent une désorganisation des couches et des corps cellulaires + petits au niveau magno (système parvo identique entre sujet dx et normaux) - sensibilité réduite aux points en mvt - moindre discrimination de la différence de vitesse entre deux cibles en mvt - atypie du contrôle oculo-moteur - pb de tonus musculaire - opposition pouce / doigts - mvt alternés main - stabilité posturale - au niveau IRM : les contrôles ont une plus forte activation du cervelet D et du gyrus cingulaire que les dlx - Hypoactivation du cervelet chez les dlx - Anomalies régions latérales de l’HD du cervelet reliées aux aires motrices frontales et à l’aire de Broca Evaluation/bilan Arguments contre 1 – Examen du langage oral : - Fluence verbale formelle / sémantique - répétition de PM - dénomination d’image - niveau de vocabulaire 2 – Examen de la lecture (lecture de mots réguliers et irréguliers et de pseudo mots 3 – Evaluation des capacités métaphonologiques : un déficit métaphono serait à l’origine des difficultés d’acquisition des CGP (une procédure de CGP inefficace entraîne des difficultés en lecture de PM. De même elle empêche le dvpt normal du lexique orthographique parce que pas d’auto apprentissage). Comment rendre cpte d’association de déficits sensoriels et moteurs ? 1 – Examen de la lecture 2 – Examen du langage oral 3 – Examen des capacités métaphono 4 – Examen des capacités visuelles : sensibilité au contraste, persistance visuelle, perception du mvt. + voir si déficit visuel et auditif ; les syst magno visuel et auditif seraient impliqués, impliquant dont un déficit amodal (NB : la corrélation entre déficit visuel et auditif chez les dlx explique 36% de la variance en lecture de PM) 1 – Examen lecture 2 – Examen langage oral 3 – examen capacités métaphono 4 – examen des gestes moteurs (équilibre, tonus musculaire, motricité fine) Problème de réplication d’un déficit auditif ds la dyslexie Déficit visuels dans toutes les gammes de fréquence et non pas seulement celles traitées par le magno Problèmes méthodologiques Ne peut pas rendre cpte de déficits associés de type sensoriel. Le lien entre articulation et dvpt des capacités phonologique est abandonné au vu de patients dysarthrique ayant par ailleurs un dvpt phonologique correct Théorie visuoattentionnelle (rentre dans le déficit magnocellulaire) Lorsqu’on lit, l’attention est fixée sur les infos focales et les infos périphériques sont filtrées. Chez les dlx, l’info périphérique est peut-être aussi pertinente que l’info locale, ce qui pose un pb. NB : le tble pourrait être amodal - dans tâche de détection de cible, lorsque la recherche est automatique (pop-out) les dlx = les S normaux, en revanche qd recherche attentionnelle les dlx ont des tps de recherche > aux normaux. - déficit attentionnelle = atteinte du cortex pariétal - asymétrie en faveur du champ visuel droit, il y a une distribution spatiale asymétrique de l’attention ; chez les dlx on observe une focalisation attentionnelle D (mini-négligence G) - pb d’inhibition des informations périphériques - l’empan visuel/attentionnel est + réduit chez les faibles lecteurs et ne s’adapte pas à la longueur du mot à traiter - évaluer l’existence de tbles attentionnels + hyperactivité (questionnaire de Conners) - évaluer les aptitudes attentionnelles en modalité visuelle et auditive (NEPSY) - proposer des épreuves attentionnelles de type paradigme de Posner avec indiçage C/c - les dlx présentent un tble de l’attention perceptive ds des tâches de détection simple - tble de l’attention auditive et visuelle - mais pas de pb de l’attention en général - Déficit attentionnel se rencontrerait plutôt chez les dlx phonologique Hypothèse de déficit multiples : hypo de double déficit basé sur observation d’une dissociation entre aptitudes métaphono et tble de la dénomination rapide (RAN) Trouble de l’empan visuo attentionnel Le RAN : - prédit le niveau ultérieur de lecture indépendamment de la phono - prédit le niveau de lecture des dlx indépendamment de la phono et du QI - performance en RAN davantage associées à l’identification des mots qu’à la lecture de PM - Ran corrélé à la vitesse de lecture et pas au score, c’est l’inverse pour la phono - Perf en RAN modifiées par les caractéristiques visuelles plutôt que phono La tâche de RAN consiste à lire à haute voix et le plus rapidement possible des items (des lettres svt au nombre de 50). Elle est un bon prédicteur des acquisitions en lecture. Plus cette tâche est réussie (rapidité) plus on peut considérer que le dvpt en lecture sera bon. - l’empan visuo-attentionnel (VA) est la quantité d’éléments distincts qui peuvent être traités en parallèle au sein d’une séquence - un déficit de l’empan VA pourrait être à l’origine de difficultés d’apprentissage de la lecture et donc de certaines dlx - le déficit de l’empan VA serait indépendant de tout tble phono En référence au modèle théorique ACV, certains enfants dlx devraient présenter un tble VA indépendamment de toute atteinte phono : - Epreuve de report global : étude des cas Laurent (dlx phono) et Nicolas (dlx de surface). Nicolas à des performances effondrées à cette épreuve - Epreuve de report partiel : même profil que report global ; Nicolas - - ; Laurent ++ - ACP sur des tâches phono et VA montre une indépendance de ces facteurs (avec âge qui explique aussi une part de variance) Pb : la majorité des enfants dlx présente à la fois un tble phono et un déficit RAN, ce qui est peut compatible avec l’hypo d’indépendance Evaluation de l’empan VA : comparaison de séquences, test des cloches, copie de texte, etc. - Sur tâche de lecture de mots réguliers, irréguliers et PM, régression montre que l’empan VA explique bcps de variance Le tble de l’empan VA est indépendant du tble phono chez une majorité d’enfant Un tble de l’empan VA n’est pas rare ou exceptionnel ds la popu de dlx Fonctionnement du modèle ACV : lecture en mode global ou analytique. Lorsque lecture en mode global, la fenêtre VA doit être assez grande pour englober la totalité du mot à lire. Tout mot familier est traité en mode global (car trace au sein de la ME), si il y a échec du mode global le système bascule en mode analytique, il y a alors une réduction de la fenêtre VA permettant un traitement séquentiel de l’unité la plus petite reconnu (en partant du début du mot, sans oublier l’unité blanche au début en fin de mot. Cf le cours de Carbonnel). Le traitement séquentiel demande un maintien en MCT. Dans ce modèle un déficit phonologique s’exprime par un tble du mode analytique, la production est alors uniquement assuré par le mode global, les PM ne pouvant être lus en mode global, la production donne lieu à des erreurs de lexicalisation (dlx phonologique). Si en revanche il y a une réduction de la fenêtre VA, le système bascule en mode analytique et le mode global ne fonctionne plus, les mots irréguliers sont alors lus en mode analytique, ce qui donne lieu à des erreurs de régularisation (dlx de surface). Le modèle ACV permet aussi d’expliquer l’auto-apprentissage, l’association GP permet de créer en mémoire des traces ds la mesure où la taille des unités sublexicales augmente au cours de l’apprentissage, mais si la fenêtre VA n’augmente pas, l’auto-apprentissage ne se fera pas et donc pas de création de traces en mémoire. La taille de l’empan VA augmente avec l’apprentissage de la lecture, de plus il doit s’étendre sur l’ensemble des lettres du graphème pour qu’il soit correctement traité, et enfin, l’empan VA doit s’adapter à la longueur des mots pour qu’il y ait un traitement de leur forme globale. Certains enfants dlx devraient présenter un tble VA indépendamment de toute atteinte phono. Type de dyslexie Dyslexie profonde Dyslexies visuelles Caractéristiques cliniques - lecture de mots concrets > mots abstraits - lecture de pseudo-mots très mauvaise (voire nulle) - erreurs sémantiques (tigre = lion) - pas d’effet de lexicalité, ni effet de régularisation, toutes les erreurs sont de nature visuelle Dyslexie par négligence Dyslexie phonologique Dyslexie de surface - tble de la lecture des PM - Lexicalisation et paraphasie phonémique - déficit de csce phonémique - tble du langage oral associé - tble de la mémoire verbal à CT - tble de la lecture des mots IRR - régularisation - lecture correcte des mots réguliers et PM Etudes de cas/interprétations/critiques - cas KJ (QI = 54) : tble très sévère, ne lit que 10% des mots proposés, pas de PM, la plupart des mots lus sont concrets - évolution vers une dlx phono - Cas Olivia : mots réguliers = 80%, IRR = 87% et PM = 78% ; elle ne produit que des erreurs visuelles et le mot produit est + fréquent que le mot cible. Pas d’erreur en contexte. - Cas NT : lecture de mots 50%, PM = 40% - produit 90% d’erreurs sur la lettre finale Interprétée comme relevant d’un tble phono ss-jacent. - Cas RE : mots = 80% ; PM courts = 70% (3 sec/item) ; PM longs = 15% ; + dysorthographie phonologique : dictée de mots = moyenne, dictée de PM = 30% + tble de la csce phono et de la mémoire verbale à CT (empan de chiffre < 2 Sd) sans effet de similarité phono et de longueur de mot - Cas Mélanie-Jane : ttt lexical normal : effet de fréquence et de régularité - cas MI : mots réguliers = 87% ; mots IRR = 27% ; PM = 87% ; régularisations = 70%. Bonne csce phono. Pas de tble phono et pas de tble visuel - pas de tble du langage oral - Pas de tble de la mémoire verbale à CT - pas de déficit métaphonologique - dysorthographie massive associée car pas de connaissance relative à la forme orthographique des mots Le problème est que la plupart des études de dlx de surface portent sur des ado ou jeunes adultes qui auraient pu compenser leur tble phono. Le cas MI n’est pas pur car la lecture de PM est très ralentie. Nécessité d’évaluer les dlx phono et de surface sur les mêmes épreuves (cas Laurent et Nicolas). La distinction entre phono et surface n’est pas aussi claire ; la plupart des dlx ont de faibles perf à la fois en lecture de mots IRR et de PM, il y a en fait 2/3 de dlx mixtes. Le modèle double voie n’est pas adapté pour rendre cpte d’un double déficit (dysfonctionnement de la voie lexicale et phonologique, ce qui est peu plausible). En revanche ACV permet d’expliquer : dlx mixte : double déficit phono et empan VA dlx mixte suite à un déficit isolé qui peut être de nature phono dlx mixte suite à un déficit isolé qui peut être de nature de pb de l’empan VA Voir le cas de Martial qui a une dlx mixte (voir aussi au niveau orthographique où c’est assez déficitaire), avec une csce phonologique correcte, un traitement visuel déficitaire + tâche de report global et partiel déficitaire. Voir aussi le cas de Sylvestre : dlx mixte avec pas de pb d’acquisition du langage oral, bon niveau de langage oral, bonnes compétences métaphono. En résumé, un déficit de l’empan VA peut provoquer un déficit isolé de lecture de mots IRR (donc une dlx de surface), ou des faibles performances en lecture de mots REG, IRR et PM. Un déficit phono peut provoquer un déficit isolé de la lecture des PM (donc une dlx phono), ou des faibles performances en lecture de mots REG, IRR et PM. Un déficit phono et de l’empan VA va provoquer des faibles performances en lecture de mots REG, IRR et PM (dyslexie mixte + ou – sévère). Il existe différents sous-types de dlx qui reflètent des déficits cognitifs différents. Ces sous-types ne se caractérisent pas nécessairement par une dissociation entre lecture de mots IRR et de PM. Les dissociations mots IRR/PM sont d’autant plus probables que l’enfant est plus grand.