Financement et rentabilité des investissements

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Collection les mémentos finance
dirigée par Jack FORGET
Financement et rentabilité
des investissements
Maximiser les revenus des investissements
Jack FORGET
© Éditions d’Organisation, 2005
ISBN : 2-7081-3252-0
Chapitre 3
Optimiser le financement
des projets d’investissement
Le cas n˚ 3 a mis en évidence un des problèmes les plus importants en matière de financement des investissements. La question
de la structure du financement des dépenses d’investissement
n’est certes pas l’unique facteur, tant s’en faut, sur lequel l’attention de l’analyste financier doit porter. Néanmoins, la répartition
entre capitaux propres (ou ressources propres de l’entreprise) et
capitaux empruntés demeure un des points les plus critiques. Or
cette problématique est loin d’être aussi tranchée que les règles
de l’orthodoxie financière ne le postulent.
Face à une pénurie structurelle des capitaux propres, il a été
considéré que l’endettement pouvait s’y substituer, pour autant
que l’on différencie les différentes catégories de créanciers. Tel
était, du moins, la position des bailleurs de fonds internationaux
pour ce qui a trait au financement de projets dans les pays en voie
de développement et émergents, voire dans les pays industriels,
mais plus rarement. Les montages financiers souffraient d’une
carence permanente en fonds propres, les investisseurs étant réticents à souscrire à des augmentations de capital alors qu’ils ne
disposaient que d’un contrôle, qu’ils jugeaient insuffisant, de la
direction des opérations.
L’intervention des bailleurs de fonds internationaux (en particulier
les banques régionales de développement) a permis de contour-
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Financement et rentabilité des investissements
ner cet obstacle au lancement de projets d’investissement. Leur
participation dans le capital des sociétés indiquaient qu’ils envisageaient avec confiance leur succès. Mais surtout, le fait qu’ils
acceptent d’accorder des prêts destinés à leur financement, permettait de susciter l’intérêt du système bancaire international. Les
concours accordés par des banques publiques internationales faisaient en quelque sorte office d’effet de levier de substitution et
suffisaient à venir à bout des réticences des banques traditionnelles qui finissaient par participer au financement des projets. L’évaluation a posteriori de telles méthodes de financement montre
que ce ne sont pas les pays les plus endettés auprès des bailleurs
de fonds publics et privés qui affichent les meilleures performances économiques. L’utilisation de tels subterfuges ne saurait venir
se substituer à un examen rationnel de la viabilité technique, économique et financière des projets.
1. Définir les équilibres de haut de bilan
d’une entreprise
Le passif de l’entreprise comporte l’ensemble des dettes de l’entreprise, autrement dit l’ensemble des engagements que l’entreprise a
contractés auprès de tiers, les actionnaires, les banques et autres
bailleurs de fonds, les fournisseurs et clients, l’état et les organismes
sociaux, les fournisseurs d’immobilisations. La structure de ce passif
correspond à deux logiques complémentaires : une logique normée
et une logique d’optimisation. La première réside dans le respect de
certaines normes traduisant la solvabilité de l’entreprise. La seconde
vise à optimiser la composition du passif au regard du coût des différentes ressources.
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Optimiser le financement des projets d’investissement
Les équilibres de haut de bilan se résument à l’examen d’un solde
unique, le fonds de roulement. Il est égal à la différence entre les
capitaux permanents et les actifs permanents, c’est-à-dire à la part
des capitaux permanents qui finance des emplois à court terme.
La question qui se pose alors est celle du niveau optimal du fonds
de roulement, celui qui permet d’optimiser la rentabilité de
l’entreprise tout en assurant une certaine sécurité de la structure
du financement.
Structure simplifiee d’un bilan (optique bancaire)
ACTIF
PASSIF
Classe 2: immobilisations
Valeur brute
Amortissements
& Provisions Valeur nette
Immobilisations incorporelles
Immobilisations financières
Classe 3: valeurs d'exploitation
Matières premières
Produits semi-finis
Produits finis
Classe 4: créances
Créances d'exploitation
Créances hors exploitation
Classe 5: valeurs réalisables
et disponibles
Valeurs mobilières de placement
Trésorerie
Comptes de régularisation
Classe 1: capitaux permanents
Capitaux propres
Réserve légale
Réserve statutaire
Résultat
Dettes financières
Valeur nette à plus d'un an
Valeur nette Provisions réglementées
Valeur nette Provisions pour risques
et charges
Classe 4: dettes
Valeur nette Dettes d'exploitation
Valeur nette à court terme
Dettes hors exploitation
à court terme
Valeur nette Dettes bancaires à court terme
(y compris la part des dettes
financières à moins d'un an)
Comptes de régularisation
Un bilan se définit comme l’image la plus fidèle possible du patrimoine (actifs et passifs) d’une entreprise à la date à laquelle il a été
établi.
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Financement et rentabilité des investissements
1.1 Étudier les soldes remarquables du bilan
L’étude du bilan est caractérisée par quelques soldes remarquables :
■ le fonds de roulement net (F.R.N.) est égal au total des ressources
à plus d’un an (capitaux permanents) moins le total des emplois
nets à plus d’un an (valeurs immobilisées nettes) ;
■ le besoin en fonds de roulement d’exploitation (B.F.R.E.) est
égal au total des emplois d’exploitation à moins d’un an (stocks
et créances d’exploitation à court terme) moins les ressources
hors exploitation à moins d’un an (dettes d’exploitation à court
terme) ;
■ le besoin en fonds de roulement hors exploitation (B.R.E.H.E.)
est égal au total des emplois hors exploitation à moins d’un an
(créances hors exploitation à court terme) moins les ressources
hors exploitation à moins d’un an (dettes hors exploitation à
court terme) ;
■ la trésorerie nette (T.N.) est égale aux liquidités à court terme
(trésorerie et placements à court terme) moins les dettes bancaires et financières à court terme.
Comme le bilan est équilibré (actifs = passifs), l’équation de base
demeure :
F.R.N. = B.F.R.E. + B.F.R.H.E. + T.N.
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1.2 Déterminer un niveau optimal
de fonds de roulement
A – Le fonds de roulement net est un excédent
Le fonds de roulement net peut se définir comme l’excédent des ressources à long terme destiné à couvrir les emplois à court terme.
Cet excédent constitue la marge de sécurité permettant de financer
le cycle d’exploitation avec des ressources qui ne sont pas exigibles
pendant la durée de l’exercice comptable. Le niveau optimal du
fonds de roulement est usuellement estimé à la moitié de la valeur
des stocks, voire les deux tiers de celle-ci, mais celui-ci doit être
déterminé de manière plus précise en fonction des caractéristiques
inhérentes à l’activité de l’entreprise. Il peut être également exprimé
en mois de chiffres d’affaires (1 à 2 mois).
Une règle de prudence
À l’évidence, une règle inspirée par le principe de prudence
devrait considérer que le fonds de roulement doit au minimum couvrir la part des stocks (ou valeurs d’exploitation) qui
corresponde au niveau des stocks de sécurité.
F.R.N. en jours de C.A. H.T. :
Fonds de roulement × Nombre de jours/Ventes hors taxes
F.R.N. en jours de stocks :
Fonds de roulement × Nombre de jours/Stocks
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Financement et rentabilité des investissements
Savoir saisir les opportunités
tout en gardant l’esprit des règles financières
Dans le domaine de l’analyse financière, les considérations
générales doivent toujours être nuancées et précisées en
fonction de la situation concrète dans laquelle l’entreprise se
trouve.
Ces échéanciers doivent être révisés en fonction de la longueur du cycle d’exploitation et la distinction entre court
terme et long terme perd toute sa signification lorsque celleci excède une année (cas de la fabrication des biens d’équipement industriels ou des chantiers de grande dimension).
Inversement des entreprises peuvent bénéficier de crédits à
court terme suffisamment importants pour être en mesure
de financer des emplois longs par des ressources courtes
(grande distribution, travaux publics).
Les règles de l’orthodoxie financière doivent céder le pas
devant les opportunités offertes par les conditions financières prévalant dans certains secteurs économiques.
B – Le fonds de roulement est lié au cycle des investissements
et financements à long terme
Le fonds de roulement doit être rattaché au cycle des investissements
et des financements à long terme. Les dépenses d’investissements, les
cessions d’actifs, les souscriptions d’emprunts et les remboursements
d’annuités, les augmentations de capital et les rachats d’actions sont
des opérations qui se traduisent par des variations de fonds de roulement. Leur principale caractéristique est leur nature non récurrente,
voire exceptionnelle. Toutefois, la principale source d’accroissement
des fonds propres demeure l’autofinancement, c’est-à-dire les dotations aux amortissements, les dotations aux provisions à long terme
et la part du bénéfice net non distribuée.
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Optimiser le financement des projets d’investissement
C – Du strict respect des ratios du fonds de roulement
découle la solvabilité à terme de l’entreprise
Les ratios qui concernent le fonds de roulement se réfèrent à son
niveau relatif et à sa composition organique.
Une autre règle de prudence
Une des grandes règles de prudence concernant la structure
financière du bilan de l’entreprise se réfère à la part relative
des capitaux propres et des capitaux empruntés à long terme
dans les capitaux permanents (y compris les contrats de
crédit-bail comptabilisés en engagements hors bilan). En
théorie, le montant des capitaux extérieurs à plus d’un an ne
doit pas excéder celui des capitaux propres après retraitement. Il faut en effet veiller à soustraire les dividendes du
bénéfice net et éliminer la dette fiscale latente des provisions
réglementées constituées en franchise d’impôt et qui deviendra exigible lors de leur réintégration dans le compte de
résultat.
Ratio d’endettement à terme :
Capitaux propres/Capitaux empruntés à long terme > 1
Ce ratio d’endettement à terme doit être mis en relation avec deux
autres ratios. Le premier mesure la part des dettes bancaires dans le
passif total (coefficient d’endettement). Le second mesure la capacité de remboursement de la dette à moyen et long terme par l’autofinancement.
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Une entreprise est réputée être en mesure de rembourser sa dette à
moyen et long terme lorsque la C.A.F. représente plus d’un tiers de
l’encours de la dette à moyen et long terme. Un ratio compris entre
1/3 et 1/5 indique que l’entreprise doit être placée sous surveillance.
Un ratio inférieur à 1/5 signifie que la probabilité de cessation de
paiements de l’entreprise est élevée à terme.
Ces trois ratios doivent être évidemment considérés comme des
indicateurs de la solvabilité à long terme de l’entreprise.
Ratio d’endettement :
Dettes bancaires (y compris les contrats de crédit-bail)
/Total du passif
Ratio de remboursement des dettes à moyen et long terme :
C.A.F./Dettes M.L.T. > 1/3
Ces ratios constituent des contraintes à observer dans tout processus
d’optimisation de la structure du financement d’une entreprise.
2. Choisir la structure du financement en fonction
du coût du capital
2.1 Prendre en compte toutes les catégories
de ressources
Le passif se compose de trois grandes catégories de ressources :
■
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les fonds propres stricto sensu (capital social), les réserves (légales,
statutaires, libres) et les provisions à caractère de réserve;
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Optimiser le financement des projets d’investissement
■
les provisions à caractère de dette à long terme, qui représentent
des charges différées à plus d’un an et des dettes fiscales latentes
(qui seront constatées lors de leur réintégration dans le compte
de résultat, et donc lors de leur reprise);
■
les dettes financières à court, moyen et long terme (dont le taux
facial n’est pas nécessairement égal au taux effectif, à savoir le
taux actuariel qui tient compte de l’ensemble des coûts afférents
aux moyens de financement);
■
les dettes à court terme d’exploitation et hors exploitation qui
sont apparemment à coût nul et dont le coût réel correspond à
l’escompte qui serait obtenu en cas de règlement comptant.
2.2 Optimiser la structure du passif et minimiser
le coût des capitaux
L’optimisation de la structure du passif est la conséquence de la différence entre le coût de l’endettement financier et la rentabilité des
fonds propres.
A – Le modèle selon la théorie financière de la firme
■
Si la rentabilité des actifs est supérieure au coût des emprunts, la
rentabilité des fonds propres est accrue par un recours à l’endettement externe. Le risque (mesuré par la volatilité des résultats
d’exploitation) croît avec l’endettement.
- La rentabilité de l’actif (A) est égale à : A . r (r étant la rentabilité de l’actif avant impôts et intérêts) ;
- L’endettement (E) sera rémunéré par un taux unique d’intérêt
(i) ;
- Les fonds propres sont exprimés par la différence entre l’actif
et l’endettement: FP = A – E ;
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- Le résultat avant impôt est égal à: r . A – i . E ;
- La rentabilité des fonds propres après impôts (t) est égale au
bénéfice net après impôts rapporté aux fonds propres, Is
désignant le taux d’imposition de l’impôt sur les sociétés.
t = (1 – Is) . ( r . A – i . E)/(A – E) avec A = FP + E
Donc t = (1 – Is). [r . (FP + E) – i . E]/FP
= (1 – Is) [(r – i) . E + r . FP]/FP
Soit h = E/FP : h désigne le taux de levier ou taux d’endettement
t = (1 – Is) . [(r – i) . h + r ]
Paramètres :
t : rentabilité des fonds propres après impôts
r : rentabilité de l’actif, avant impôts et intérêts
i : taux d’intérêt de l’endettement
Is : taux d’imposition des bénéfices bruts pour l’impôt
sur les sociétés
h : effet de levier (ratio Endettement/Fonds Propres)
■
Si la rentabilité de l’actif est supérieure au coût de la dette, la rentabilité des fonds propres croît avec l’endettement. Mais la diminution de la rentabilité des fonds propres due à une diminution
de la rentabilité des actifs sera d’autant plus forte que le ratio
(Endettement/Fonds Propres) sera élevé.
Cet effet de levier peut être exprimé de manière complémentaire.
Soit e = E/A = E/(FP + E). Alors, il s’écrit :
(1 – Is) . r = e . (1 – Is) . i + (1 – e) . t
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Optimiser le financement des projets d’investissement
La rentabilité nette des actifs, et donc des passifs, est égale à la
moyenne pondérée du coût net de la dette [(1 – Is) . i] et de la rentabilité nette des fonds propres (t), les coefficients de pondération
correspondant respectivement à la part des dettes et à la part des
fonds propres dans le passif.
Les dirigeants doivent surmonter leur aversion
pour le risque
Apparemment, la maximisation de la rentabilité des capitaux
propres dépend de la capacité des dirigeants à surmonter
leur aversion pour le risque en s’endettant autant que les
bailleurs de fonds extérieurs à l’entreprise le permettent.
La question de la faillite à un horizon de temps assez rapproché n’est
pas véritablement évoquée, puisqu’il ne s’agit pas d’un processus
d’optimisation sous contrainte (comme celle exprimée par le ratio
d’endettement à terme). À la limite, la croissance de l’endettement
se traduit par l’incorporation d’une prime de risque de plus en plus
élevée dans le taux d’intérêt de la dette.
Par ailleurs, la politique de distribution ou de rétention des dividendes exerce une influence mineure sur la valeur de la firme.
B – La réalité invalide partiellement la théorie
Ce modèle se rapporte à la théorie financière de la firme. Il
méconnaît trois ensembles de facteurs qui invalident en grande
partie ses conclusions.
■
La fiscalité des sociétés et des revenus a été traitée de manière
simplifiée, ignorant l’impact des mesures d’incitation fiscale ou
de la taxation des bénéfices industriels et commerciaux à une
série de taux progressifs.
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Financement et rentabilité des investissements
■
Le fonctionnement réel des marchés financiers n’est pas conforme à leur idéal type. L’information n’y est pas diffusée de
manière égale pour tous les acteurs. Au contraire, la répartition
inégale de l’information est un des moteurs de leur dynamique.
Les transactions ont un coût parfois important. En réalité, les
marchés financiers existent parce que des opérateurs prennent
des positions opposées à un moment donné à propos d’un même
titre dans un même environnement économique. Comme ils
sont tous a priori dotés de la même rationalité économique, il en
résulte que leurs décisions sont fondées sur des opinions divergentes, c’est-à-dire des appréciations subjectives et contradictoires de la valeur d’un même titre à un même moment.
■
Le transfert le plus important au bénéfice des agents économiques endettés est la conséquence de la dévalorisation de la valeur
nominale des créances et des dettes opérée par l’inflation, autrement dit de la dépréciation du pouvoir d’achat de la monnaie.
L’opposition entre créanciers et débiteurs permet des réallocations de patrimoine d’une ampleur plus importante que les effets
de levier d’endettement, les crises d'inflation permettant dans
certaines circonstances d'inverser les rapports de domination
entre créanciers et débiteurs.
■
Le surendettement des entreprises permet également, dans certains cas, d’inverser les rapports de dépendance entre débiteurs et
créanciers. Lorsqu’une grande entreprise est menacée de faillite,
les banquiers doivent arbitrer entre la perte certaine de leurs
créances en cas de liquidation de l’entreprise et une probabilité
de récupération des fonds prêtés, à condition le plus souvent
qu’ils financent le redressement de l’entreprise se trouvant en
difficulté (que ce soit par abandon de créances, par transformation des dettes bancaires en capitaux propres, ou par octroi de
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nouveaux crédits). Cet arbitrage dépend des rapports de force
entre l’entreprise et ses banques d’une part, des interventions
d’acteurs économiques et politiques extérieurs d’autre part.
À retenir
✔ La théorie financière (théorème de MILLERMODIGLIANI) énonce que le coût moyen pondéré
du capital d’une entreprise est complètement
indépendant de la structure financière de celleci. Il est égal au taux de capitalisation du flux de
revenu d’une entreprise de même risque, financée exclusivement par du capital propre, en
l’absence de fiscalité des sociétés. Cette théorie a
été contredite par deux théories plus réalistes, la
théorie de l’agence (fondée sur la reconnaissance
des conflits qui opposent les différentes parties
prenantes de l’organisation) et la théorie de la
signalisation (qui prend en compte les asymétries
d’informations existant entre les différentes catégories d’investisseurs).
✔ Dans les faits, le rapport entre fonds propres et
endettement est un paramètre crucial. Des investisseurs engageant des fonds qui sont leur propriété portent une attention autrement plus
soutenue aux projets qu’ils financent que des
bailleurs de fonds classiques. Ils font montre d’un
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Financement et rentabilité des investissements
sens des responsabilités beaucoup plus prononcé que de simples intermédiaires financiers.
Le niveau des sanctions en cas d’échec financier
du projet est relativement dissemblable. Dans le
premier cas, un échec se traduit par la diminution
du patrimoine des investisseurs à hauteur des
capitaux engagés. Dans le second cas, les responsables en charge du suivi des dossiers de financement peuvent, le cas échéant, faire l’objet de
sanctions. Mais c’est l’institution qui les emploie
qui devra enregistrer la perte de richesse qui correspond au non-remboursement des capitaux
prêtés.
✔ Bien-entendu, il est possible de mettre au point
des systèmes permettant de limiter les effets de
cette asymétrie fondamentale (comme l’indexation
des rémunérations des employés des intermédiaires financiers sur leurs performances professionnelles). Il n’en demeure pas moins vrai que les
nombreux échecs de projets d’investissement
montrent que la compétence professionnelle,
l’intégrité des dirigeants et des bailleurs de fonds
et un sens des responsabilités partagé par l’ensemble des parties prenantes sont des conditions
préalables qui doivent être remplies de manière
impérative afin que les projets d’investissement
aient des chances raisonnables de déboucher sur
des succès commerciaux et financiers.
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Exemples numériques solubles sur tableur
Cas N° 5 : L’effet de levier
Si l’on fixe le taux de rendement de l’actif à 20 %, le taux de l’impôt
des sociétés à 40 % et le taux d’intérêt à 8 %, le taux de rentabilité
varie de 12 % pour un endettement nul à l’infini pour un taux
d’endettement infini.
Part de l'endettement
Taux de rentabilité
99 %
724,80 %
90 %
76,80 %
80 %
40,80 %
70 %
28,80 %
60 %
22,80 %
50 %
19,20 %
40 %
16,80 %
30 %
15,09 %
20 %
13,80 %
10 %
12,80 %
0%
12,00 %
La formule de l’effet de levier ne prend pas en compte les effets de
l’inflation. Il met en relation un taux de rentabilité, un taux de rendement, un taux d’intérêt et un taux de taxation. Le taux d’intérêt est lié
par une relation affine au taux de rentabilité. Normalement, la
hausse de l’inflation se traduit par une hausse des taux d’intérêt
nominaux et la relation indique une hausse consécutive du taux de
rentabilité.
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Financement et rentabilité des investissements
t = [e . (Is - 1)/(1 – e)] . i + [(1 – Is) . r/(1 – e)]
Cette approche illustre les limites d’une théorie qui est contredite,
par ailleurs, par les modèles de valorisation des actions. La hausse
des taux d’intérêt se traduit normalement par une baisse des cours
des actions. Or, selon ce modèle, elle accroît la rentabilité des capitaux propres (l’effet de levier étant fixé par ailleurs à 50 %).
Taux d’intérêt
Taux de rentabilité
0,00 %
24,00 %
2,50 %
25,50 %
5,00 %
27,00 %
7,50 %
28,50 %
10,00 %
30,00 %
12,50 %
31,50 %
15,00 %
33,00 %
17,50 %
34,50 %
20,00 %
36,00 %
22,50 %
37,50 %
25,00 %
39,00 %
Paradoxalement, une hausse de la rentabilité des fonds propres se
traduirait par une baisse des cours boursiers, ce qui est contraire
aux fondements mêmes de la théorie financière de la firme.
• Plus les bénéfices générés par une entreprise sont importants,
plus sa valeur augmente.
• Si l’entreprise est cotée, le cours de ses actions doit monter.
• À l’exception d’un modèle, tous les modèles de valorisation des
actions fondés sur les techniques actuarielles reposent sur le
même principe que la valorisation des instruments de taux. Les
cours des titres varient de façon inverse à ceux des taux d’intérêt.
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