« L’effort pour se conserver est le premier et l’unique fondement de la vertu » Baruch SPINOZA in « Ethique » L’Homme, au cours de sa vie, connaît des crises. Certaines sont maturantes et lui permettent d’avancer, d’autres peuvent le déstabiliser et le conduire à ce que l’on appelle une Crise Suicidaire. La souffrance psychique et/ou physique peut être si intense que l’idée de mort va s’insinuer dans son esprit. Le désespoir le conduira à penser au suicide. Cette idée peut devenir pour lui la seule issue envisagée pour sortir de cette impasse. Ainsi, l’intervention de crise trouve toute sa place dans une telle trajectoire mortifère. Alors la marche vers la mort doit se transformer en une marche vers la vie. Pour la majorité des personnes suicidaires, il existe une ambivalence entre le désir de vivre et celui de mourir. Retrouver l’espoir de moins souffrir moralement et/ou physiquement sera le but de ce chemin. Le Comité d’Organisation des 38èmes Journées du Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide qui se déroule à Dijon, a fort justement proposer de réfléchir sur ce thème central de la Crise Suicidaire. Mais pour aborder cette crise, il est indispensable de définir une stratégie d’intervention. Pour que celle-ci soit efficace, elle doit notamment s’appuyer sur la formation. Celle-ci doit permettre de toucher un nombre important d’intervenants, s’inscrire dans la durée et dans le cadre d’une véritable politique de Santé Publique de Prévention du Suicide. Je souhaite bon travail à tous les participants de ce congrès et je félicite le Comité d’Organisation de la richesse et la multiplicité des interventions. Dr Jean Jacques CHAVAGNAT Président du GEPS Place du GEPS dans la recherche internationale Lorsqu’en 1968, après avoir écouté Ed Shneidman, Jacques Védrinne et moi décidâmes de créer une association de prévention de suicide, nous ne savions pas ce que pourrait être son évolution et sa stabilité. Nous fûmes encouragés par le professeur Pierre Pichot qui préféra que nous utilisions le label Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide (GEPS) plutôt que celui de l’Association Française de Suicidologie, gardant ainsi la notion de prévention pratique du suicide. A tout moment de la recherche mondiale le GEPS était présent, que ce soit par ma présence personnelle ou par les travaux développés depuis maintenant 37 ans. La relation avec l’Association Internationale pour la Prévention du Suicide (IASP) a été immédiate et nous avons organisé le congrès mondial en 1981 à Paris. Vers 1974-1975, le bureau européen de l’OMS s’intéressa à nos travaux, le ministère de la santé s’appuya sur le GEPS pour la première étape de stratégie nationale de prévention du suicide. En 1995, alors élu président de IASP, j’ai organisé une rencontre avec la division de santé mentale de l’OMS à Genève. Ce fut le prélude de l’enquête statistique mondiale sur la mortalité du suicide, suivie par l’élaboration du programme SUPRE puis en dernier lieu par le programme SUPREMISS dont la version française validée par nos soins est en cours de diffusion. Le but de ce programme est d’une part d’obtenir la réduction de la mortalité de la morbidité liée au comportement suicidaire, et d’autre part d’évaluer les stratégies thérapeutiques, les idées des comportements suicidaires, et de décrire les caractéristiques socioculturelles de la communauté. A tout moment, se trouve confirmée l’évolution du GEPS, toujours actif dans les diverses rencontres avec l’OMS. Il faut se réjouir que notre association ait établi des liens solides avec les associations de prévention francophones, la Belgique, suivie du Québéc. et de la Suisse. Le GEPS, comme l’avait souhaité Pierre Pichot, subsiste comme la référence UNIQUE de la recherche suicidologique française tant pour le gouvernement que pour les divers collègues étrangers qui nous lisent et nous visitent. Il en va de même de notre présence dans le cadre de l’Association Mondiale de Psychiatrie et de la première section de suicidologie créée en 2002. On nous reproche parfois d’être trop médical ou psychiatrique. Ce n’est pas un mal, ce n’est que renforcer l’idée que l’on ne peut pratiquer la prévention du suicide qu’avec une base éthique et scientifique associée avec le respect de la relation humaine. Prof. JP Soubrier Expert de l’Organisation Mondiale de la Santé Membre du Comité de recherche internationale sur la prévention du suicide Président de la section suicidologie de l’Association mondiale de psychiatrie Formations basées sur les données probantes, sur l’expérience clinique ou sur le « bon sens » Le G.E.P.S. est un pionnier mondial dans la promotion des actions en prévention du suicide basées sur la recherche. Né en 1969, neuf années après l’établissement de l’Association internationale pour la prévention du suicide, le G.E.P.S. a tenu 38 journées d’études et de partage, à l’occasion desquelles ses membres ont discuté de recherches et de programmes de prévention du suicide. Maintenant, des milliers de cours et de formations en prévention du suicide ont lieu à travers le monde pour effectuer des pratiques d’intervention et prévention qui vont de l’écoute amicale par un bénévole à la psychanalyse traditionnelle. Malgré la grande diversité culturelle, il est étonnant de constater qu’il y a relativement peu de diversité à l’égard de certains aspects de la prévention du suicide. En général, tous s’entendent sur l’importance de bien évaluer le risque suicidaire, même si les questions et méthodes d’évaluation peuvent varier. Les méthodes d’intervention téléphonique tombent généralement dans deux catégories : l’écoute active et les approches basées sur la résolution de problèmes. Il y a consensus sur les bénéfices de l’usage des médicaments pour certains problèmes de santé mentale même si chaque compagnie pharmaceutique essaie de nous convaincre qu’il faut choisir son produit plutôt que celui de la concurrence. Cependant, il existe peu de données probantes permettant de valider les choix d’intervention et encore moins de preuves que les formations dispensées changent les comportements d’intervention de ceux qui les reçoivent. Le présent congrès fait partie du nombre croissant d’événements dans lesquels les chercheurs, planificateurs et intervenants ont l’occasion de se poser des questions fondamentales du type : quelles sont les preuves que ce qu’on fait va prévenir les suicides et si on n’a pas ces preuves, que doit-on faire pour en obtenir? Je suggère dans le cadre des discussions sur quelle formation pour quelle intervention que nous n’oubliions pas les théories d’intervention lors de nos discussions de ce qu’il faut faire. Les meilleures interventions ont une forte justification théorique qui expliquent comment en faisant telle intervention on obtiendra l’effet escompté. De plus, elles seront validées par des recherches empiriques. Finalement, les intuitions cliniques doivent être en concordance avec ce qu’on fait. Actuellement, l’Association internationale pour la prévention du suicide est en train d’entreprendre plusieurs démarches pour faire en sorte que les meilleures pratiques en formation et en prévention du suicide soient diffusées à travers le monde. L’un des buts formels du G.E.P.S. est de représenter les réalisations nationales au sein de l’Association internationale pour la prévention du suicide (IASP). Je vous félicite pour le programme impressionnant de ce congrès et je vous invite à partager vos connaissances avec les membres de l’IASP à travers le monde. Brian L. Mishara, Ph.D. Président, Association internationale pour la prévention du suicide (IASP) Professeur, Département de psychologie Directeur, Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) Université du Québec à Montréal La crise constitue un moment de rupture dans l’existence du sujet. Dans son sens originaire, la crise c’est le temps décisif, le moment de la sentence dont l’issue est marquée du sceau de l’incertitude. La notion de crise fait référence à un moment de déséquilibre, une transition entre deux périodes d’évolution. Qu’en est il de la crise suicidaire ? Celle-ci marquerait plutôt pour le sujet le sentiment d’être dans une impasse, avec l’impossibilité de concevoir une autre issue que la mort. Cependant, existe-t-il toujours dans ce moment de crise un désir de mort? N’y a-t-il pas le désir, exprimé paradoxalement, de vivre une vie autre ? Reconnaître la crise suicidaire, permettre au sujet de ne plus être envahi, voire submergé par les idées morbides, tels sont les enjeux de l’intervention de crise. Permettre en effet qu’à partir de celle-ci il puisse y avoir possibilité de changement. Rappelons que le GEPS avait organisé en 1975 ses 7e journées sur le thème de la crise suicidaire. Nous sommes heureux d’accueillir à Dijon les 38e journées qui se dérouleront au Palais des Congrès les 21, 22 et 23 septembre 2006. Celles-ci s’articuleront autour d’une réflexion sur la crise suicidaire, sa clinique, les modes d’intervention, les formations à l’intervention, la prévention. Nous sommes certains que la pertinence des communications et la richesse des expériences contribueront au succès de ce congrès. Docteur P.BESSE CHU Dijon Président du comité d’organisation Le comité d’organisation remercie : La Direction Générale de la Santé La Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales de Bourgogne Le Conseil Régional de Bourgogne Le Conseil Général de Côte d’Or La Mairie de Dijon La Macif Le comité d’organisation remercie les laboratoires Pierre Fabre Médicament Lundbeck Lilly France Bristol Meyer Squibb Wyeth Chiesi Sanofi Aventis Eisai Merk Lipha Santé GlaxoSmithKline Janssen-Cilag Ardix Médical Programme des journées Jeudi 21 septembre 13 h : Accueil des participants 14 h : Allocutions de bienvenue (amphithéâtre Romanée Conti ) 15 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti ) 16 h30 : Pause – Présentation des posters (hall des grands échezeaux ) 17 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti ) 18 h : Assemblée générale du GEPS 19 h : Réception – Mairie de Dijon (Palais des Congrès) Vendredi 22 septembre 8 h 30 : Accueil 9 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti ) 10 h 30 : Pause – Présentation des posters (hall des grands échezeaux ) 11 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti ) 12 h45 : Repas 14 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti ) 15 h 30 : Pause – Présentation des posters (hall des grands échezeaux ) 16 h : Séances de communications 20h15 : Départ dîner de gala 21h : Dîner de gala – Château du Clos de Vougeot Samedi 23 septembre 8 h 30 : Accueil 9 h : Séances de communications 11 h : Pause 11 h 15 : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti ) 13h : Séance de clôture 13 h 15 : Buffet JEUDI 21 SEPTEMBRE 14 h : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI ALLOCUTIONS DE BIENVENUE : sont invités Monsieur François Rebsamen Maire de Dijon Monsieur Louis de Broissia Président du Conseil Général de Côte d’Or Monsieur François Patriat Président du Conseil Régional de Bourgogne Monsieur Paul Roncière Préfet de la Région Bourgogne Préfet de la Côte d’Or Madame Jacqueline Ibrahim Directrice de la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales Monsieur Michel Ballereau Directeur de l’Agence Régionale de l’Hospitalisation Monsieur le Professeur Brian Mishara Président de l’Association Internationale pour la Prévention du Suicide Monsieur le Professeur Jean Pierre Soubrier Président de la section suicidologie de l’Association Mondiale de Psychiatrie Monsieur le Docteur Jean Jacques Chavagnat Président du Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide 15 h Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI Le sens de la crise Présidents : Prof. P. Bizouard (Besançon), Prof. J.Vedrinne (Lyon) Penser la crise ? E. Kromicheff, Professeur Agrégé de Philosophie, Docteur es Lettres, Châtillon-sur-Seine Sens et non-sens de l’acte suicidaire Doct. D. Cremniter, Samu de Paris , Groupe Hospitalier Necker-Enfants Malades, Paris Jeunes suicidants et travail de la crise : l’enjeu des métaphores Doct X. Pommereau, Pôle Aquitain de l’adolescent, Centre Jean Abadie, CHU de Bordeaux Penser la crise ? E. KROMICHEFF Le terme crise recouvre plusieurs significations les unes complémentaires, les autres contraires qui entraînent une confusion du discours. Les distinguer pourrait contribuer à clarifier le débat entre les différentes disciplines qui ne parlent pas souvent de la même chose. La difficulté à définir la notion de crise montre le caractère problématique du sujet humain et révèle l’ambiguïté de notre conception du monde comme l’incertitude de la connaissance que nous en avons. Cette prise de conscience pourrait amener chaque discipline à s’interroger sur la légitimité de ses présupposés et la validité de sa méthode. Confronter par ailleurs les diverses définitions de la notion de crise suicidaire et examiner leurs conséquences philosophiques invite à une prudence élémentaire. Le sujet humain est irréductible à un quelconque discours. Face à un terme équivoque et confronté à une notion complexe, une réflexion « critique » s’impose. En d’autres termes, il s’agit de savoir, quand on parle de crise, ce qu’on dit. Sens et non sens de l’acte suicidaire Docteur D. CREMNITER La théorie psychanalytique classique bute sur une question fondamentale concernant le suicide : qu’elle est sa place dans l’économie psychique ? Comment rendre compte de cet acte ? En effet, ceci constitue l’une des premières interrogations de FREUD dans ce domaine, notamment comment la pulsion sexuelle puis, plus tardivement la pulsion de mort parviennent-elles à rendre compte de la force nécessaire pour déclencher le processus suicidaire. Il existe une exception à cela : la mélancolie dont la clinique dans son développement classique suppose un déchaînement suffisamment accompli de la pulsion de mort. Mais ceci ne rend pas compte des faits d’observation que l’on est amené à constater aujourd’hui au niveau de la crise suicidaire dans son ensemble et plus particulièrement dans les formes actuelles de psychose. A partir d’exemples cliniques permettant de décrypter la conduite d’un sujet dans ses derniers instants jusqu’au suicide, nous examinerons, à côté des théories sur les états limites ou celles sur les psychoses blanches en quoi la « psychose ordinaire » telle qu’elle est définie par l’apport théorique du dernier enseignement de LACAN peut rendre compte du déclenchement de la conduite suicidaire. A partir d’une situation de non sens qui brouille le tableau clinique au point de rendre la prévention du suicide aléatoire, il s’agit de redonner du sens grâce à une forme de remise en ordre du symbolique, c’est à dire de paroles touchant un point de vérité. Celles-ci peuvent être dites selon deux modalités : soit par le sujet lui-même lorsqu’il a pu réchapper de son passage à l’acte suicidaire, soit par l’entourage au cours de ce que certains appellent l’autopsie psychologique au décours du suicide accompli. Dans tous les cas nous réfléchirons aux conséquences de cette approche théorique et notamment à la théorie de l’acte et du passage à l’acte suicidaire dans cet intervalle entre sens et non sens du suicide. Jeunes suicidants et travail de la crise : l’enjeu des métaphores Xavier Pommereau Psychiatre des hôpitaux, chef de service, Pôle aquitain de l’adolescent, centre Abadie, CHU de Bordeaux Les tentatives de suicide par intoxication médicamenteuse, les fugues et les scarifications sont des conduites d’agir fréquentes à l’adolescence. Au même titre que d’autres conduites de rupture, l’auteur les envisage comme des figurabilités corporelles qui s’ancrent, tant dans la forme que dans le fond, bien davantage du côté des productions psychiques que des passages à l’acte réputés court-circuiter la pensée. Certes exprimées lors de crises jugées plus ou moins incoercibles, elles s’apparentent à des « actes-symptômes » dont le moment et les circonstances de survenue, comme les modalités employées méritent d’être soigneusement pris en compte. Ces conduites relèvent pour une part d’une intentionnalité consciente, incarnant l’effacement ou l’évacuation hors de soi des tensions internes, leur « reprise en main » synonyme de maîtrise, la transposition de la souffrance psychique en percepts sensibles et visibles, et la recherche d’effets sur l’entourage dans l’attente d’une reconnaissance et de remaniements favorables. Elles sont aussi inconscientes et très condensées, réalisant des tentatives de figuration qui donnent forme et consistance aux représentations psychiques que le sujet en souffrance identitaire tente ainsi d’éviter ou d’escamoter. La plupart des adolescents concernés ne peuvent accéder au sens de leur souffrance et sont ainsi dans l’impossibilité de la mettre en mots au delà de dire qu’ils veulent qu’elle cesse et que leur entourage comprenne. Il faut donc les « préparer » à s’engager dans une élaboration psychique de leur souffrance, préparation qui nécessite elle-même un travail préalable. Cela consiste à les aider à allier progressivement l’affect à la représentation et l’acte à la parole par l’intermédiaire d’actes thérapeutiques s’offrant comme autant de supports de figuration pouvant favoriser la reliaison. L’auteur en fournit des exemples à partir de l’expérience de son équipe qui, depuis quinze ans, aménage de brefs séjours hospitaliers pour les jeunes suicidants au sein d’une unité spécialisée. 17h Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI Les enjeux de la formation Présidents : Prof. M.Walter (Brest), Prof. B. Bonin (Dijon) La formation de formateurs : aventure de la transmission Prof. J.-L .Terra, Professeur de Psychiatrie Lyon I, Centre Hospitalier Le Vinatier, Lyon Prof M. Séguin, Université du Québec en Outaouais, Groupe McGill d’études sur le suicide, Canada Apports et limites de la formation dans une perspective de transformation de pratique en prévention du suicide Prof. C. Renard, Observatoire de la santé du Hainaut, Belgique Vendredi 22 septembre 9h00 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI Recherche et suicide - expériences internationales Présidents : Prof. D. Sechter (Besançon), Prof. G.Vaiva (Lille) Enjeux et défis dans la recherche sur le suicide Prof. B. Mishara, Université du Québec à Montréal, Directeur du CRISE, Président de l’IASP, Canada Conséquences du suicide sur les professionnels et leurs pratiques : résultats préliminaires d’une étude menée en Suisse Romande Prof. A. Castelli Dransart, Responsable du Département de la Recherche appliquée et développement, Haute Ecole Fribourgeoise de Travail Social, Givisiez, Suisse Doct. N. Kaufman Didisheim, Médecin associé, Division Accueil-Observation-Crise, Clinique Psychiatrique Universitaire Prilly, Département de psychiatrie du CHUV, Suisse Trieste et le suicide : « Amalia/Telephono speciale, un projet de prévention » Doct. G. Dell’Acqua, Directeur du Département de Santé Mentale, Trieste, Italie Doct. A. Oretti, Département de Santé Mentale, Trieste, Italie Doct. M. Collucci, Département de Santé Mentale, Trieste, Italie Enjeux et défis dans la recherche sur le suicide Prof. Brian Mishara Le suicide présente des spécificités qui font en sorte que la recherche en évaluation des actions de prévention pose des défis importants. Il s’agit en effet d’un événement rare et la grande majorité des personnes suicidaires trouvent d’autres solutions à leurs problèmes; ceci rend la prédiction des cas individuels impossible et fait en sorte qu’une intervention à grande échelle pourra prévenir peu de décès. Puisque le suicide est le résultat d’une conjonction de plusieurs facteurs de risque en opposition aux facteurs de protection inadéquats, il n’existe pas de solution simple mais la prévention du suicide exige des actions multiples. Les problèmes éthiques et pratiques en recherche viennent compliquer la vie des chercheurs et exigent l’utilisation de méthodologies de recherche novatrices. Puisque les actions préventives ont toujours lieu dans un contexte de système ouvert, il est difficile de contrôler les variables imprévues qui peuvent influencer les résultats. Nous aborderons plusieurs exemples de questions de recherche en prévention du suicide et nous analyserons les résultats en tenant compte de la méthodologie de la recherche et des objectifs visés. Nous conclurons sur une discussion du rôle des théories en suicidologie et des théories de l’intervention en lien avec la qualité des programmes et leurs effets escomptés et nous discuterons également de l’importance de l’évaluation de l’implantation des programmes ainsi que de leurs effets escomptés. Nous discuterons des différentes approches avec population homogène et hétérogène et présenterons un modèle de recherche évaluative dans lequel les effets sont liés au processus selon le cadre théorique choisi et les objectifs visés. Conséquences du suicide sur les professionnels et leurs pratiques : résultats préliminaires d’une étude menée en Suisse Romande. Dolores Angela Castelli Dransart, Ph.D, Professeure, Responsable du Département de la Recherche appliquée et du développement, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse. Dr Nadine Kaufman Didisheim, Médecin associé, Division Accueil-Observation-Crise, Clinique Psychiatrique Universitaire Prilly, Département de Psychiatrie du CHUV, Suisse. Elisabeth Gutjahr, Lic. Phil., Professeure, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse. Alida Gulfi, Lic. Phil., Collaboratrice scientifique, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse. Jean-Luc Heeb, Dr, Collaborateur scientifique, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse. Didier Camus, Maîtrise en ingenieurie de la santé en recherche clinique, Infirmier spécialiste clinique, Clinique Psychiatrique Universitaire Prilly, Département de Psychiatrie du CHUV, Suisse. Le suicide d’un patient/client est considéré dans la littérature comme étant un événement parmi les plus marquants dans une carrière professionnelle, entraînant des conséquences et impacts au niveau personnel (sentiments de culpabilité et/ou honte), professionnel (remise en question de sa compétence) voire institutionnel (éventuels dysfonctionnements). Toutefois, tout en représentant un risque professionnel, le suicide d’un patient/client n’est abordé le plus souvent que superficiellement dans le cadre de la formation ou au sein des institutions. L’étude, actuellement en cours (2005-2007) a pour objectif de cerner les conséquences du suicide d’un patient/client sur 4 catégories de professionnels (médecins/psychiatres, infirmiers, assistants sociaux, éducateurs sociaux). L’étude vise également à identifier les ressources mobilisées par ces professionnels pour faire face à cet événement et les procédés mis en œuvre dans le cadre institutionnel. Un questionnaire composé de 9 échelles et de 60 questions a permis de récolter des données au sujets de l’impact personnel, professionnel du suicide d’un patient/client, ainsi qu’au sujet des conséquences sur les pratiques professionnelles de 314 professionnels oeuvrant dans 104 institutions dans les cantons de Fribourg et de Vaud, en Suisse. La communication présentera les résultats relatifs à l’impact personnel du suicide d’un client/patient, en particulier l’impact émotionnel et cognitif, ainsi que les réactions de stress (échelles de Horn et Horowitz). Les résultats permettront non seulement de mieux connaître cette problématique mais également d’indiquer des pistes susceptibles de réduire l’impact du suicide et ses coûts tant humains qu’institutionnels. Trieste et le suicide : « Amalia/Telefono Speciale, un projet de prévention » par Peppe Dell’Acqua, Alessandra Oretti e Mario Colucci Dans les pays occidentaux, le suicide est l’une des dix premières causes de mortalité et intéresse principalement la population âgée. En Italie, Trieste possédait, jusqu’à il y a encore quelques années, un triste record avec un nombre de suicides continuellement plus élevé par rapport à celui des autres villes du pays. La mortalité due au suicide a donc représenté un problème important de santé publique si bien qu’on a été décidé de faire nôtres, à un niveau local, les lignes directrices des organismes internationaux, nationaux et régionaux afin de pouvoir formuler et mettre en place des stratégies de prévention ciblées. Pour contraster le phénomène des suicides mais également le côté tragique de ce qu’on appelle « les morts solitaires » de personnes âgées, la municipalité et les services de santé (Département de Santé mentale et Districts) ont imaginé et mis en place, en collaboration avec la société privée Televita s.r.l., un programme de prévention intitulé « Amalia/Telefono Speciale, qui a vu le jour grâce aussi à une participation financière du Ministère de la Santé. « Amalia, un projet pour la socialisation des personnes âgées et seules » et « Telefono Speciale : un projet pour rallonger la vie » sont les deux branches distinctes mais bien intégrées du projet global de prévention. Un des aspects innovants de ce programme est de pouvoir accéder à un réseau intégré de services qui s’adresse aux familles, aux amis et à tous ceux qui souhaitent signaler une situation à haut risque de suicide. De plus, pour que soit maintenue une haute vigilance sur le développement du phénomène de la part des services sociaux et sanitaires, il a paru nécessaire de prédisposer un contrôle précis et soigné du phénomène du suicide. Parallèlement, on s’est employé à informer la population locale à travers les médias dans le sens où l’activité de promotion et de communication sociale est l’une des parties intégrantes du projet. 11h00 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI Prévention, formation, intervention Présidents : Prof. A. Gisselmann (Dijon), Prof. P.Moron (Toulouse) Place et rôle des Programmes Régionaux de Santé dans la prévention du suicide Doct J.-J .Chavagnat, Praticien Hospitalier, Président du GEPS, Centre Hospitalier Henri Laborit, Poitiers A. Batt, INSERM, Faculté de Médecine, Rennes A. Jourdain, Professeur, Directeur du LAPSS, Ecole Nationale de Santé Publique, Rennes Organiser l’après PRS : devenir à moyen terme d’une dynamique collective en Bourgogne Doct I. Millot, Observatoire Régional de la Santé (Bourgogne), CORES, Dijon « Au milieu d’écritures » : Action de prévention du suicide en Bresse Louhannaise M. Pastor, Mutualité Française Saône et Loire, Service Prévention, Chalon sur Saône Maryvonne Vénard, Metteur en scène, Théâtre de la Pierre Noire, Troyes PLACE ET ROLE DES PROGRAMMES REGIONAUX DE SANTE DANS LA PREVENTION Agnès BATT – Chercheur INSERM - RENNES Dr Jean Jacques CHAVAGNAT – Coordonnateur Régional du Plan Régional de Santé « Prévention du Suicide et de la Dépression Promotion de la Santé Mentale » Centre Hospitalier Henri Laborit POITIERS Alain JOURDAIN – Directeur du LAPSS – Ecole Nationale de Santé Publique – RENNES. En France, une diminution globale des taux de suicide a été observée entre 1996 et 1999. Une différence a pu être notée entre les onze régions qui ont appliqué un PRS et les autres. Deux types d’analyses sont exposés : - les facteurs susceptibles d’être corrélés avec cette tendance ont été examinés, dans une étude de type « écologique » situant la Bretagne parmi les régions avec et sans PRS, en utilisant les données disponibles à l’échelon régional (mortalité, inégalités économiques, chômage, offre de soins…). L’analyse quantitative confirme le rôle des inégalités et du chômage mais ne rend pas compte des différences entre régions, - un audit du PRS réalisé en Poitou-Charentes par une structure indépendante, a effectué une évaluation de type externe afin d’apprécier la cohérence du programme. Il ressort de ces analyses qu’il n’est pas possible d’évaluer l’impact d’une stratégie de prévention uniquement avec des données régionales, quelles soient quantitatives ou qualitatives: - il est important que tous les « référents suicides » aient bien la même compréhension de leur rôle, car leur action doit se faire en cohérence avec la Stratégie Nationale et entre eux ; - les possibilités de comparaison quantitatives ou qualitatives en seront augmentées ; - il est habituel, dans le domaine de la prévention, d’observer un temps notable entre l’idée d’une action, sa réalisation et les effets de cette action. Une évaluation trop précoce peut ne pas mettre en lumière le véritable impact de cette action ; - différents niveaux sont utilisables pour organiser les actions : niveau régional, départemental et territorial (notion de bassin ou de « pays ») ; - les différences observables ne sont pas qu’affaire d’arithmétique ; - l’impact des formations pluridisciplinaires à l’identification de la crise suicidaire semble positif pour les gens formés. Toutefois, le résultat risque d’être partiel et transitoire et nécessite, comme toute formation dans l’éducation, de ne pas être interrompue ; - les acteurs sont d’autant plus impliqués qu’ils savent que la pérennité est garantie, et on constate que certaines régions font de gros efforts pour recréer la dynamique favorable à l’obtention d’un nouveau PRS. La période de recul est faible. Il est trop tôt, pour attribuer au seul PRS la diminution observée, d’autant qu’une tendance à la décroissance des taux de suicide est notée dans plusieurs pays d’Europe. Ce sera donc principalement l’ampleur des diminutions, leur durée et la spécificité de certains types d’action, qu’il faudra suivre dans les années à venir. Dans le cadre d’une nouvelle Stratégie Nationale d’Actions face au Suicide, la mise en place des Plans Régionaux de Santé Publique devrait faciliter la coordination entre les partenaires (PRS, ARH, URCAM, DRASS, DDASS, URML, FMC, CORES-CODES, Conseils Généraux, associations…). Une telle coordination nécessitera la définition et la mise au point d’indicateurs qualitatifs d’évaluation. Au milieu d'écritures Après avoir été alerté par les taux de suicide élevés en Bresse Louhannaise*;après avoir rencontré la population dans son environnement, repéré les services et les structures à l'échelon local, il a été décidé avec une partie de la population rencontrée (comité de pilotage) "d'agir sur le suicide comme un symptôme d'un malaise social plus large, en développant les compétences psychosociales" : telle était formulée, dans l'arbre des objectifs du PRS Bourgogne, l'action que nous avons développée. Sur le territoire de la Bresse, la sémantique utilisée était différente, le projet se nommait "Au milieu d'écritures", mélange d'ateliers d'écriture et d'expression. Il s'agissait de mettre en avant la population dans une dynamique de création, créer c'est percevoir que la transformation peut exister, que l'on peut influer sur sa vie, sur la vie... * Canton rural Sud Bourgogne 14h00 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI Réflexions sur la crise et l’intervention de crise Présidents : Prof. I.Purssell-François (Dijon), Docteur C.Pichené (Nancy) Stratégies de traitements et de soin de la tentative de suicide à l’hôpital général : évaluation de l’efficacité et des coûts Prof. A. Andreoli, Service d’Accueil d’Urgences et de Liaison psychiatrique, Hôpitaux Universitaires de Genève, Suisse La crise suicidaire ou les crises suicidaires : différentes typologies pour différentes étiologies Prof. M. Séguin, Université du Québec en Outaouais, Groupe McGill d’études sur le suicide, Canada Place de l’attachement dans la compréhension de la crise suicidaire Prof. H. Benony, Laboratoire de Psychologie Clinique et Sociale, Université de Bourgogne, Dijon Stratégies de traitement et de soins de la tentative de suicide à l’hôpital général : évaluation de l’efficacité et des coûts A . Andreoli Service d’accueil, d’urgences et de liaison psychiatriques, Hôpitaux universitaires de Genève La crise suicidaire est un problème important de politique de soins et son traitement, mais aussi la prévention de ses retombées, ont fait des progrès considérables au cours des dernières années. L’avancée de nos connaissances a fait cependant apparaître une nouvelle difficulté : comment appliquer les données des études scientifiques au rapport clinique quotidien avec le patient réel qui s’adresse à nos soins ? Pour relever ce défi, qui correspond à l’objectif d’améliorer la qualité des prestations et l’efficience des services, il s’agit d’utiliser la technologie de la recherche clinique pour mieux évaluer le fonctionnement des systèmes de soins et leur impact sur la gestion de la crise suicidaire et son issue à bref et long terme. Dans cette contribution, nous nous proposons d’aborder cette question sous l’angle de la psychiatrie d’urgence. Après avoir défini, à partir de la littérature spécialisée et de nos propres données, les priorités cliniques de la prise en charge de la crise suicidaire dans ce domaine spécifique, nous analyserons les résultats de l’étude comparative de nouvelles méthodes de travail visant à centrer le dispositif de soins sur l’hôpital général afin d’augmenter l’efficacité et le caractère économique de nos interventions via l’innovation des processus d’évaluation et de décision, une intégration plus étroite du traitement hospitalier bref et de l’intervention de crise aux urgences, l’usage combiné de la psychothérapie, de l’intervention psychosociale et du traitement pharmacologique dans le traitement ambulatoire dans la continuité immédiate de l’urgence. La crise suicidaire ou les crises suicidaires : différentes typologies pour différentes étiologies Monique Séguin Ph.D. Professeur, Département de psychologie, Université du Québec en Outaouais Chercheur Groupe McGill d’étude sur le suicide- Hôpital Douglas, Montréal. Résumé : La capacité d’évaluer avec justesse le type de crise permettrait d’intervenir de manière différenciée plus rapidement dans le processus de développement de la crise. Malgré certaines contributions et propositions d’une typologie de la crise, celles-ci sont peu connues ou peu utiles dans la pratique. Tenant compte du fait qu’il serait utile pour la pratique que chaque type de crise et les stratégies d’intervention qui y sont associées soit mutuellement exclusive, nous proposons une nouvelle typologie basée sur des étiologies, une symptomatologies et des interventions distinctes. Nous proposons que la crise soit classifiée en trois grandes catégories : la crise psychosociale, la crise psychopathologique et la crise psychotraumatique. Les différences cliniques et les modèles d’intervention à privilégier selon chaque type de crise seront discutés 16 h SEANCES DE COMMUNICATIONS Ateliers parallèles Atelier n° 1 : Adolescence et crise suicidaire Amphithéâtre Romanée Conti Atelier n° 2 : Crise suicidaire et milieu pénitentiaire Salle Mercurey Atelier n° 3 : Quelles formations ? Salle Santenay Atelier n° 4 : Interventions de crise Salle Saint-Romain Atelier n° 5 : Prévention – Quels outils ? Salle Chablis Atelier n° 6 : Prise en charge du suicidant Salle Givry Atelier n° 7 : Présentation de vidéos En association avec le cnasm Lorquin Salle Morey-Saint-Denis Atelier n° 1 : ADOLESCENCE ET CRISE SUICIDAIRE Modérateur : Prof. M.Walter Expérience de la tentative de suicide de l’adolescent dans un service de pédiatrie de l’île de la Guadeloupe. M-L. SALIN-HAUSSWALD C.H de la BASSE-TERRE Lorsque l’opération logique de s’interdire de jouir n’est pas suffisamment signifiée… S. LELONG; M-E. COURJAUD; Ph. NIVET; D. VANHAY; V. DIAZ Unité de Psychopathologie pour Adolescent (UP’ADO), Royan Idéation suicidaire et passage à l’acte auto-agressif, quel sens donner aux défenestrations à l’adolescence. M. SCHWEITZER, N. PUIG-VERGES GRECC, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière APHP, PARIS Les scarifications à l’adolescence, équivalent suicidaire ou geste anti-suicidaire ? C. BARRAULT; B. RIST C.H Théophile Roussel, service de Pédopsychiatrie, 78I03 Prise en charge des jeunes suicidants dans le cadre du service de Pédiatrie du C.H de Villefranche-sur-Saône. P. REBAUD, E. SUCHET, L. LANGEVIN, R. FLEURY C.H de Saint-Cyr au Mont d’Or ; C.H de Villefranche-sur-Saône La crise de « l’intervention de crise » face aux problématiques émergentes des jeunes autour du suicide. M. LAURENT. ; C. DELSART Centre de crise, cliniques universitaires Saint Luc, BRUXELLES Qu’en est-il de la prévention…lorsqu’on explique les suicides à l’adolescence comme des « suicides d’émotions » ? F. GRATTON; Ch. GENEST Montréal (Québec) EXPERIENCE DE LA TENTATIVE DE SUICIDE CHEZ L’ADOLESCENT DANS UN SERVICE DE PEDIATRIE DE L’ILE DE LA GUADELOUPE M.Lise SALIN-HAUSSWALD Psychologue clinicienne Centre Hospitalier de la Basse-Terre Présentation d’une étude sur les adolescents suicidants du service de pédiatrie d’un hôpital général dans lequel s’est effectuée notre enquête. Les résultats de cette enquête ne montrent pas de différence radicale entre ces adolescents d’origine guadeloupéenne et les jeunes patients d’autres recherches. Cependant, des particularités sont à souligner notamment deux caractéristiques qui apparaissent proportionnellement et significativement plus importantes : le pourcentage des familles complexes parmi les foyers dont sont issus les adolescents suicidants et la part majeure des conflits familiaux comme facteurs déclenchants du geste suicidaire. L’importance de ces deux paramètres peut s’expliquer en grande partie par la restructuration récente de la famille guadeloupéenne sous l’influence d’une mutation socio-économique relativement rapide. Cette modification de la famille serait également un des facteurs explicatifs de l’augmentation des conduites suicidaires observées depuis quelques années en Guadeloupe. Le fort potentiel létal de toute tentative de suicide et la fréquence des récidives lorsque le suicide n’a pas abouti, confirment la présence d’une état pré et post-morbide particulier qui justifie la mise en place d’une prévention efficace et d’une prise en charge alliant une hospitalisation courte et un suivi psychothérapeutique prolongé. Mots - clés : tentative de suicide – adolescent - Guadeloupe Lorsque l’opération logique de s’interdire de jouir n’est pas suffisamment signifiée... Lelong S* ; Courjaud M.E**. ; Nivet Ph***. ; Vanhay D****. Diaz V*****. Résumé : Quoi de neuf, de nos jours, avec la mise en perspective psychanalytique de la problématique de « l’adolescence » ? Dans la grande majorité des cas, tout se passe parfaitement bien ; pour autant, pendant toute la durée de la « mue » qui s’étale du deuil des relations infantiles à l’acte de fonder une famille, il reste en danger. Parfois cette « crise » maturative, en réactivant la mémoire de l’histoire familiale, engage l’adolescent dans un passage risqué. Des « fractures », peuvent apparaître à certains niveaux d’articulation de son histoire si celle-ci fait montre de lignes de fragilité. En effet, l’adolescent retraverse les interdits fondamentaux humanisants que sont l’inceste, le meurtre de soi ou de l’autre et le cannibalisme. Ces pensées démoniaques deviennent tout à coup réalisables. Certains « ados » en proie à l’omnipotence infantile peuvent dès lors se prendre comme cible en tant qu’objet sexué capable de commettre l’inceste. Lorsque l’opération logique de s’interdire de jouir n’est pas suffisamment signifiée, la permission de jouir s’origine de la béance de la jouissance et non de l’interdit structurant. Est-il préférable de s’attaquer – ou d’attaquer l’autre qui n’est que le reflet de soi – pour se défendre de la menace incestueuse d’autant plus prégnante que les failles narcissiques sont plus profondes ? Mots clés : Suicide – Homicide – Inceste – Deuils – Crises Idéation suicidaire et passage à l’acte auto-agressif Quel sens donner aux défenestrations à l’adolescence SCHWEITZER M.G. M.D., Ph D., PUIG-VERGES N, M.D., Ph D.. Bien que les conduites suicidaires à l’adolescence aient déjà suscité de multiples colloques, réunions scientifiques et articles spécialisés, elles font l’objet aujourd’hui de tentatives de reformulations ; les analyses se situent au niveau clinique et au niveau sociologique dépassant la référence à la crise suicidaire et tentant de rendre compte du passage à l’acte auto-agressif en introduisant une conception élargie de la recherche de causalité. Quelles soient réalisées au cours de l’adolescence ou dans les dernières phases maturatives de la post-adolescence, les conduites de défenestration et de précipitation dans le vide soulèvent un certain nombre d’interrogations cliniques et théoriques . La prise en charge thérapeutique d’adolescents et de leurs familles, rencontrés au décours immédiat de ce type de passage à l’acte auto-agressif, montre la nécessité de resituer l’acte dans le contexte émotionnel et inter-personnnel dans lequel il s’est réalisé. Il s’agit de faire porter l’analyse clinique à la fois sur les aspects concernant l’adolescent et sur les interrelations parents-enfants dans la période qui précède l’acte ainsi que leur réaménagement dans les suites du passage à l’acte auto-agressif. Celui-ci trouve t-il sa place dans l’émergence d’un trouble spécifique, expression momentanée de la désorganisation intra-psychique ou est-il en relation avec une défaillance transitoire des processus maturatifs intra-psychiques ? La démarche clinique s’attachera à cerner les conditions qui ont conduit à l’effondrement des mécanismes de défense intra-psychique face à l’exacerbation des tensions internes.conduisant à la réalisation du passage à l’acte auto-agressif. LES SCARIFICATIONS À L’ADOLESCENCE Equivalent suicidaire ou geste anti-suicidaire ? Dr Caroline BARRAULT, assistante spécialiste. Dr Bruno RIST, praticien hospitalier, chef de service. Centre hospitalier Théophile Roussel, Service de pédopsychiatrie, 78 I03. Depuis une trentaine d’année, l’évolution de la psychopathologie adolescente a bousculé les repères nosographiques classiques. Ainsi, des pathologies qui s’expriment par le corps et l’agir, se sont développées de manière spectaculaire. Dans notre pratique quotidienne, nous constatons une augmentation du nombre d’adolescents qui s’infligent des blessures corporelles. Mais, le comportement de scarification est souvent englobé dans l’utilisation d’autres termes tels que phlébotomie, automutilation et acte auto-agressif. Nous nous sommes donc intéressée à préciser cette pratique et à la différencier des gestes suicidaires et notamment de la phlébotomie. Le comportement de scarification peut se définir comme une « altération intentionnelle, consciente et directe des tissus de l’organisme, sans volonté de mourir ». Les plus fréquentes de ces blessures sont les coupures (75 % des patients), puis les brûlures (35 % des automutilations), les morsures, les piqûres, les contusions et les pincements localisés. Plus de trois millions d’Américains s’automutilent, soit près de 1 % de la population des Etats-Unis, dont plus de la moitié de façon répétitive. De 12 à 35 % des étudiants américains de « collège » reconnaissent s’être auto-agressés au moins une fois. 90 % des personnes qui se scarifient, commencent à se couper vers l’adolescence. La moyenne des individus commence à l’âge de 14 ans. 62 % des sujets disent avoir été victimes d’abus sexuels, et la plupart rapportent une enfance avec abus émotionnels ou négligences. Comme la plupart des agirs, les actes de scarification se présentent comme une énigme. Dans les blessures délibérées, le sujet ne recherche pas la mort. La blessure auto-infligée est un compromis, un essai de restauration de sens. L’incision est une tentative d’auto-guérison. Les gestes de scarifications, commis impulsivement par des adolescents, extériorisent des affects pénibles et témoignent de graves carences dans les images de soi et d’objet. Toutefois, la répétition de telles pratiques serait un facteur de risque pour un passage à l’acte suicidaire. De plus, plusieurs auteurs considèrent l’automutilation comme un suicide partiel ou focalisé protégeant le sujet du suicide proprement dit : « plutôt la partie que le tout ». PRISE EN CHARGE DES JEUNES SUICIDANTS DANS LE CADRE DU SERVICE DE PEDIATRIE DU CENTRE HOSPITALIER DE VILLEFRANCHE SUR SAÔNE Dr Philippe REBAUD (Chef de service de Pédiatrie – CH de Villefranche sur Saône) – Dr Emmanuel SUCHET (Chef de service – secteur 69I06 - CH de Saint-Cyr au Mont d’Or) – Dr Laurence LANGEVIN (Pédiatre – CH de Villefranche sur Saône) – Dr Régis FLEURY (Psychiatre – secteur 69I06 - CH de Saint-Cyr au Mont d’Or) Un travail récent portant sur le bilan de cinq années de prise en charge de pédopsychiatrie au sein du service de pédiatrie fait ressortir l’importance quantitative des conduites suicidaires ; concernant principalement des adolescentes, elles sont à l’origine de plus de 10 % des demandes d’avis psychiatrique et représentent la situation clinique la plus fréquemment rencontrée dans notre pratique, suivie de peu des troubles dépressifs avec le risque suicidaire qu’ils comportent. Le geste suicidaire est dans la majorité des cas sans grave conséquence au plan somatique, ne nécessitant qu’une surveillance médicale simple. Une hospitalisation est cependant systématiquement proposée afin de traiter ce moment particulier de crise, tant du côté de l’adolescent que du côté de sa famille. La tentative de suicide vient mobiliser de nombreux affects chez l’adolescent et son entourage ; par ce fait, le temps qui suit immédiatement le passage à l’acte est souvent favorable pour un premier travail d’élaboration. Cependant, dans bien des cas, il apparaît souhaitable que ce travail puisse se poursuivre ultérieurement dans le cadre d’un CMP ou d’un service de soins pour Adolescents. Et l’expérience montre que, souvent, pour de multiples raisons, même si elle a pu être conseillée, cette démarche n’est pas faite, ni par l’adolescent, ni par sa famille. Afin de favoriser la possibilité d’un suivi psychologique au décours d’une hospitalisation, un dispositif particulier a pu être mis en place au Centre Hospitalier de Villefranche sur Saône, avec une collaboration étroite entre d’un côté le service de pédiatrie et le psychiatre qui y intervient dans le cadre des Urgences et des hospitalisations, et de l’autre un service de soins pour Adolescents qui offre différentes possibilités de suivis en ambulatoire. Nous souhaitions, à partir de cinq ans d’expérience, témoigner de ces modalités de prise en charge des jeunes suicidants, répondant à la fois au souci de la gestion de la crise ouverte par le passage à l’acte et à celui d’une articulation de ce temps initial avec un suivi ultérieur en extra hospitalier. La crise de « l’intervention de crise » face aux problématiques émergentes des jeunes autour du suicide Dr. Michèle Laurent- Mme Claudine Delsart Centre de Crise Cliniques Universitaires St. Luc Bruxelles La crise suicidaire de l’adolescent dans nos pays européens est-elle le catalyseur , le point d’appel d’une psychopathologie naissante ou établie ? Pourrions-nous plutôt la décrire comme un nouveau rite de passage et d’identification dans une société où le manque de repères devient de plus en plus prégnant ? S’il s’agit d’un rituel, sa dramatisation est importante. Les adolescents nous le démontrent tous les jours à travers la multiplication des blogs et des forums de discussion dont la mort est la thématique centrale. Dès lors, notre intervention de crise d’inspiration bio-psycho-sociale qui se veut non stigmatisante de l’individu et de se famille est-elle toujours une réponse adaptée et efficace à ce besoin de monstration du propre malaise de vivre et à ce questionnement existentiel ? Notre pratique quotidienne invite à une réflexion sur cet argument dans un service qui se vit souvent comme le « concierge » de l’institution La présentation s’articulera entre une discussion théorique de cette hypothèse et une illustration de ces réflexions au travers de deux exemples cliniques. Qu’en est-il de la prévention… lorsqu’on explique les suicides à l’adolescence comme des « suicides d’émotions »? Francine Gratton, PhD, Prof., Vice Doyenne aux études supérieures Christine Genest, doctorante Université de Montréal Résumé : Afin d’identifier des pistes de prévention efficaces, le but de cette étude subventionnée par un organisme fédéral canadien (CRSH) est de proposer une explication des suicides à l’adolescence. La perspective théorique qui soutient cette étude étant la "sociologie compréhensive" de Weber, le suicide devient une conduite qui a eu un sens pour l'adolescent ou l’adolescente qui l’a commis. Pour comprendre ce geste, nous avons mené une recherche qualitative (approche par théorisation ancrée) en reconstituant des histoires de vie d’adolescents suicidés (13 à 17 ans) à l'aide de 71 entrevues en profondeur avec 85 proches (parents, fratrie, camarades, etc.) dont la durée a varié entre une et quatre heures ; des documents personnels (lettres d'adieu, journal intime, agenda, courriels, vidéo, etc.) ; des rapports du coroner. Les résultats de l’analyse indiquent que, par comparaison à une première étude sur des suicides de jeunes (18-30 ans) qui étaient fortement influencés par les valeurs et que nous nommions des «suicides d’être », ces suicides à l’adolescence (13-17 ans) seraient des « suicides d’émotions ». La consultation de nombreux écrits sur les émotions incite à expliquer ces suicides comme étant l’aboutissement d’un «processus émotionnel» constitué de deux étapes : l’expérience et l’expression émotionnelles. Suite à des événements précipitants, ces jeunes auraient fait l’expérience d’émotions négatives dont l’expression, c’est-à-dire leur suicide, correspondrait à une « stratégie de coping centrée sur les émotions » (figure 1). Nous proposons une typologie de ces suicides d’émotions (Figures 2 et 3 : en construction actuellement). En termes de prévention, en plus du soutien des adultes, il importe d’insister sur le développement de programmes aidant les adolescents à gérer leurs émotions et à identifier plusieurs solutions à un problème en faisant l’analyse de stratégies de coping centrées, non sur les émotions, mais sur les problèmes. SUICIDES D’ÉMOTIONS (en construction) LES SUICIDES D’ÉMOTION DES ADOLESCENTS Événement(s) précipitant(s) (provoquent des changements) Types de suicides d’émotion (en construction) ÉMOTIONS NÉGATIVES ou expérience émotionnelle négative Ém. nég. passives (tristesse..) résignation ou Ém. nég. actives (colère) + passives (tristesse) (cocktail explosif) Passifs/actifs Suicides passifs Extérieur Extérieur Suicides actifs Passif Intérieurs/extérieurs Actif Chantal* Suicides intérieurs Serge Marie Intér ieur Intérieur Expression émotionnelle Stratégie de coping centrée sur les émotions Suicides extérieurs SUICIDE François Mario Anne * Ce sont tous des noms fictifs Figure 1 Figure 2 Guy Estelle Actif Passif Extérieur : déclenché par év éneme nts ext Intérieur : Vague à l’âme permane nt Passif : ado se rés igne, capitule, renonce à se battre activement Actif : ado agit, combat, est agr essif Figure 3 Atelier n° 2 : CRISE SUICIDAIRE ET MILIEU PENITENTIAIRE Modérateur : Prof. JL Terra La crise suicidaire en milieu pénitentiaire : Quel impact des formations et quelles perspectives d’amélioration en Nord-Pas-de-Calais. EL BARTALI F. ; DUMONT M. ; VERITE E. DRASS Nord-Pas-de-Calais Gestion de la crise suicidaire: exemple du milieu pénitentiaire. KAHN J.P ; MOURIC I. Service de Psychiatrie et de Psychologie clinique, C.H.U de NANCY Originalité de la formation à l’intervention de la crise suicidaire en milieu pénitentiaire dans la région PACA. HODGKINSON M. ; AZAS G. ; DAVID F. SMPR CP Baumettes MARSEILLE Processus suicidaire à l’aile d’accueil de Fleury-Mérogis : à propos de deux situations cliniques. TESU-ROLLIER D. SMPR de FLEURY-MEROGIS LA CRISE SUICIDAIRE EN MILIEU PENITENTIAIRE : QUEL IMPACT DES FORMATIONS ET QUELLES PERSPECTIVES D’AMELIORATION EN NORD-PAS DE CALAIS. EL BARTALI F., DR DUMONT M., DR VÉRITÉ E. Historique Une circulaire du ministère chargé de la santé de juillet 2001 a fixé des orientations nationales sur la prévention du suicide en population générale en proposant des formations pluri-catégorielles. En 2002 en Nord-Pas de Calais, les sessions de formation « tous publics » ont intégré des personnels de l’administration pénitentiaire. Le bilan de ces sessions a montré la difficulté pour ces personnels à trouver leur place. Ainsi depuis 2003, des formations spécifiques au milieu pénitentiaire ont été mises en place dans la région. La formation La formation en milieu pénitentiaire est pluricatégorielle et interinstitutionnelle (personnel pénitentiaire et personnel hospitalier des UCSA..). Ses objectifs sont: spécifier la problématique du suicide en prison ; identifier les facteurs de risque associés à l’émergence d’une crise suicidaire ; fournir des éléments pour la gestion d’une situation de décès par suicide et pour l’accompagnement des personnes endeuillées. Elle devrait favoriser le travail en réseau et le maintien d’une dynamique de prévention de la crise suicidaire. Elle est animée par un médecin du CRES et par une psychologue de l’administration pénitentiaire. Elle se déroule sur 4 jours non consécutifs. Méthodologie Une évaluation "à chaud" est faite lors de la dernière journée de formation. Par ailleurs, une évaluation externe par entretiens semi-directifs est menée auprès de 15 participants, de catégories professionnelles différentes travaillant dans 5 prisons. Les premiers résultats montrent • En 2005, 5 formations ont regroupé 55 personnes de la région. • Formation reconnue « utile » par les participants (amélioration des connaissances sur la crise suicidaire et sa gestion, échanges,…) • Faible taux de participation des personnels et particulièrement des personnels soignants. La communication orale répondra aux deux questions: • La formation suscite-t-elle des changements de pratiques individuelles et collectives? • Le faible taux de participation est-il lié à des freins institutionnels ou à une absence de perception de cette problématique par les personnels? GESTION DE LA CRISE SUICIDAIRE : EXEMPLE DU MILIEU PENITENTIAIRE KAHN Jean-Pierre 1, MOURIC Isabelle 2 1 PU-PH. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy. 2 Chef de Clinique – Assistant. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy (Université Henri Poincaré, Nancy 1) Hôpital Jeanne d’Arc. 54200 DOMMARTIN LES TOUL. Le suicide et les tentatives de suicide sont une priorité de santé publique tant au niveau national qu’international. Les études récentes sur les conduites suicidaires tentent de dégager des facteurs de risque afin d’améliorer les stratégies de prévention. L’incarcération et les conditions de vie en détention (enfermement, isolement, éloignement familial, toxicomanies, violence) constituent un de ces facteurs de risque. Les conduites suicidaires sont de fait un motif fréquent de consultation des équipes psychiatriques. Il est par conséquent nécessaire que les équipes psychiatriques pénitentiaires soient formées à la gestion de la crise suicidaire mais cette formation doit aussi être pluridisciplinaire et faire intervenir l’ensemble des équipes (chef de détention, surveillant, travailleurs sociaux…). Une formation adéquate dans l’échange et la complémentarité pourrait permettre d’améliorer les pratiques de chacun et d’instaurer des mesures de prévention efficace (surveillance spéciale, quartiers arrivant…). Après avoir présenté une brève revue de la littérature sur les tentatives de suicide et leurs facteurs de risque en milieu carcéral, nous proposons d’illustrer ce propos à travers l’exemple de la formation dispensée aux équipes intervenant en milieu pénitentiaire par l’équipe du CHU de Nancy. ORIGINALITE DE LA FORMATION A L’INTERVENTION DE LA CRISE SUICIDAIRE EN MILIEU PENITENTIAIRE DANS LA REGION PACA HODGKINSON M. Psychiatre, PH - SMPR - CP Baumettes - 213 chemin de Morgiou 13009 Marseille AZAS G. Psychiatre, PH – SMPR - CP Baumettes - chemin de Morgiou 13009 Marseille DAVID F. Formateur régional - Administration Pénitentiaire - Direction Régionale Pénitentiaire PACA4 traverse de Rabat BP121 13277 Marseille cedex 09 Le suicide en prison est sept fois plus élevé que dans une population générale comparable d’un point de vue socio-démographique. Parce que les professionnels de la santé, comme les professionnels de l’Administration pénitentiaire, considèrent que ce phénomène ancien et important n’est pas une fatalité, ils se sont saisis ensembles du programme national de formation à l’intervention de la crise suicidaire. Les auteurs proposent une formation originale dans la région PACA, qui se veut un exemple de partenariat réussi dans sa forme, sur le fond et par ses résultats. Ce sont ces trois aspects qui sont présentés ici aujourd’hui. Processus suicidaire à l’aile d’accueil de Fleury Mérogis : à propos de deux situations cliniques Docteur Tesu-Rollier Diana Doïna – Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis Le but de notre communication est de présenter et détailler la prise en charge pluridisciplinaire des patients-détenus à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, à l'aile des arrivants. Il s'agit d'une prise en charge sanitaire, pénitentiaire, et enfin une prise en charge conjuguée, médico-sociale, concernant les travailleurs sociaux du service médico psychologique régional (SMPR) et les travailleurs sociaux du service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP). Nous avons choisi comme première vignette clinique le cas d'un patient ayant des antécédents judiciaires et connaissant la maison d'arrêt, en seconde situation clinique un patient primo incarcéré, présentant les signes cliniques de ce que nous pourrions appeler "choc carcéral". L'objectif prioritaire serait de leur éviter les passages à l'acte auto-agressif. Atelier n° 3 : QUELLES FORMATIONS ? Modérateur : Doct. D. Chavagnat- Levy De la Formation à l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) : L’exemple de l’évaluation du potentiel suicidaire M. PACAUT TRONCIN, L. BEAUMONT, J-L. TERRA C.H le Vinatier, Lyon Quelles formations pour quelles réactions à la crise suicidaire ? Comment le soignant gère t’il son implication ? P. AÏM, E. CLAUDOT C.H de Jury, Metz De l’analyse de la demande à l’intervention B. LEKEUX Groupe Belge d’étude et de prévention du Suicide Résultats de l’évaluation des effets de la formation AQPS de trois jours sur l’intervention en situation de crise suicidaire B. MISHARA, D. BEAULIEU, L. LEMAY, I. MARCOUX, S. RAYMOND, C. BARDON Centre de recherché et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) Montréal, Québec Utilisation des connaissances scientifiques en prévention du suicide : enjeux et défis pour la recherche et les milieux de pratique F. CHAGNON Montréal, Québec Formation à la prise en charge de la crise suicidaire : un pas dans l’élaboration d’une politique de prévention du suicide en Belgique X. GERNAY C.H.S de Lierneux, Belgique DE LA FORMATION A L’EVALUATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES (EPP) : L’EXEMPLE DE L’EVALUATION DU POTENTIEL SUICIDAIRE. Pacaut Troncin Michèle, Beaumont Laurent, Terra Jean-Louis CH Le Vinatier, 95 Bd Pinel, 69500 BRON RESUME : INTRODUCTION : Dans le cadre de l’évaluation des pratiques professionnelles, avec le CEPPRAL (Coordination pour l’Evaluation des Pratiques Professionnelles en santé en Rhône-Alpes), des établissements, publics ou privés, ont décidés de travailler ensemble sur l’évaluation du potentiel suicidaire.Les professionnels parient qu’une évaluation améliorée du potentiel suicidaire aura des effets positifs sur la prise en charge des personnes en crise suicidaire. METHODE : Des représentants de quatorze établissements ont été volontaires pour cette EPP. La majorité des membres du groupe n’avait reçu aucune formation spécifique à l’intervention de crise suicidaire auparavant. Une formation brève a été assurée et une grille commune de recueil de données concernant la crise suicidaire a été adoptée. Dans chaque centre, les médecins volontaires ont rempli la grille après chaque entretien sur une période donnée. Ils ont aussi donné leurs observations sur leurs éventuelles modifications de pratiques. L’analyse des grilles est en cours au Vinatier. Dans chaque centre une comparaison des données recueillies sur dossiers de patients, à l’aide de la même grille de recueil, a été conduite. RESULTATS : Nous avons constaté à ce jour que : • environ 30% des patients sont en crise suicidaire. • Les changements intervenus dans les pratiques sont reconnus • Une base de connaissances, délivrée même à minima, a permis l’acceptabilité de pratiques auparavant mal formalisées (interrogatoire direct et ciblé du patient sur ces idées suicidaires) • Le simple fait de s’essayer à évaluer et de s’approprier cette connaissance permet une amélioration concrète de la prise en charge des patients. DISCUSSION : Ce travail confirme qu’environ 30% des personnes suivies en psychiatrie sont en crise suicidaire. Quelques séances communes pour fonder une dynamique de groupe, une formation brève ainsi que l’engagement important des membres du groupe ont été des conditions préalables à réunir pour observer des conséquences sur les bonnes pratiques dans les différents établissements. . P. Aïm, Interne D.E.S E. Claudot, Praticien Hospitalier Centre Hospitalier de Jury QUELLES FORMATIONS POUR QUELLES REACTIONS A LA CRISE SUICIDAIRE ? COMMENT LE SOIGNANT GERE - T - IL SON IMPLICATION ? La confrontation du personnel soignant à des patients en crise est fréquente que cela soit en milieu hospitalier ou en centre médico-psychologique. Elle prend souvent la forme d’une crise « de nature suicidaire » : menace d’autolyse, « acting out », alertes par tiers. Face à ses situations, les réactions du personnel sont influencées par de nombreux facteurs : expérience, formation, perception du patient, lieu et moment de la crise, modalités d’interventions, connaissance du réseau de soins, qualités personnelles … Les outils utilisés par le professionnel en ces temps forts sont-ils suffisamment performants ? Un questionnaire a été adressé à tout le personnel infirmier des 5ème et 6ème secteur du CHS de Jury. Il tente d’évaluer les impacts de ces moments de tension, d’analyser la nature des moyens mis à disposition pour les gérer, et de formuler des hypothèses d’évolution des pratiques professionnelles. DE L’ ANALYSE DE LA DEMANDE A L’ INTERVENTION LEKEUX BEATRIX GROUPE BELGE D’ETUDE ET DE PREVENTION DU SUICIDE Notre communication portera sur les fondements qui nous guident dans un processus de formation depuis le moment de l’appel téléphonique en provenance d’une institution (école, service psycho-médico-social, entreprise) jusqu’au moment de l’intervention in situ. Nous donnerons en parallèle un aperçu des portes d’entrée que nous utilisons pour sensibiliser nos différents publics aux problématiques du suicide. Notre expérience nous a appris l’importance de l’analyse de la demande. Exporter un programme de formation sans connaître les enjeux du demandeur, son inscription dans son institution, le moment de la demande, peut rendre cette formation quasi inopérante. Si chacun connaît la complexité du phénomène suicide, nous réalisons que, lorsqu’on l’aborde dans le cadre de nos formations, il révèle les complexités internes du dit système et les comportements de ces différents acteurs. RESULTATS DE L’EVALUATION DES EFFETS DE LA FORMATION AQPS DE TROIS JOURS SUR L’INTERVENTION EN SITUATION DE CRISE SUICIDAIRE MISHARA, Brian L., Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE), Université du Québec à Montréal; BEAULIEU, Daniel et LEMAY, Louis, Association québécoise de prévention du suicide (AQPS); MARCOUX, Isabelle, RAYMOND, Sylvaine, BARDON, Cécile, Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE), Université du Québec à Montréal. Objectifs : Décrire la formation de l’AQPS sur l’intervention en situation de crise suicidaire et présenter les résultats d’une évaluation de cette formation de trois jours. Méthode : Nous avons comparé des intervenants qui ont suivi la formation à des intervenants n’ayant pas suivi la formation, utilisant des mesures des connaissances, des attitudes ainsi que des observations de changement dans leurs interventions, en comparant 41 intervenants ayant reçu la formation à 54 intervenants n’ayant pas reçu la formation, utilisant un devis longitudinal avec pré-test, post-test et suivi quatre mois après, avec un questionnaire standardisé sur les attitudes et connaissances ainsi que les observations des comportements d’intervention dans les mises en situation. Résultats : Nos résultats indiquent des améliorations significatives des attitudes et des connaissances, des habiletés et du sentiment de compétence dans le groupe expérimental et qu’il y a maintien de ces acquisitions quatre mois après la formation. Conclusions et implications pour la pratique. Les résultats indiquent que cette formation améliore les habiletés à intervenir en situation de crise. Les discussions mettront l’accent sur les implications des résultats pour le développement, l’amélioration et la diffusion de cette formation Utilisation des connaissances scientifiques en prévention du suicide: enjeux et défis pour la recherche et les milieux de pratique Auteur principal : Chagnon François Ph.D. Organisme : Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) Adresse postale : CRISE/UQAM CP 8888 succ.Centre-Ville Ville : Montréal Province : QC Pays : CAN Code postal : H3C 3P8 Téléphone : 987 3000 # 7768 Télécopieur : 987 0350 Collaborateurs : Mishara, Brian Ph.D., Houle, Janie Ph.D., Daigle, Marc. Ph.D. Objectifs : Les chercheurs, les planificateurs et les intervenants doivent collaborer pour mieux prévenir le suicide, mais quels sont les meilleurs moyens pour parvenir à cette collaboration et comment développer des connaissances utiles pour la pratique? Cet atelier vise deux objectifs : 1) présenter les résultats des travaux du CRISE sur l’application des connaissances en prévention du suicide; 2) proposer une réflexion sur la collaboration entre la recherche et les milieux de pratique en prévention du suicide; 3) identifier des modalités novatrices afin de renforcer l’application des connaissances en prévention du suicide. Méthode : Une synthèse des connaissances scientifiques sur les modèles explicatifs et les déterminants de l’application des connaissances est présentée. Un modèle théorique de l’application des connaissances en prévention du suicide développé par le Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) et ses implications pour la pratique seront discutés. Les résultats de 29 études de cas visant à vérifier le modèle théorique du CRISE auprès d’organismes en prévention du suicide seront présentés et discutés. Enfin, une expérience pilote développée par le CRISE en collaboration avec l’AQPS afin de créer une communauté de pratique entre intervenants et chercheurs sera examinée et les effets sur le rapprochement entre chercheurs et intervenants ainsi que sur l’utilisation des connaissances scientifiques seront discutés. Résultats : Afin d’intensifier l’utilisation des connaissances il est d’abord nécessaire d’adopter un cadre d’action qui cible les éléments prioritaires et précise les finalités attendus par l’utilisation. Le rapprochement entre la recherche et la pratique et les transformations conceptuelles sont souvent négligés à tort au profit de la recherche de preuves scientifiques. Les résultats des travaux du CRISE montrent le rôle déterminant des mécanismes relationnels et de collaboration entre chercheurs et intervenants afin de favoriser l’utilisation des connaissances. Par ailleurs, ces résultats montre aussi que les connaissances scientifiques peuvent être utilisées selon diverses formes (instrumentale; conceptuelle; symbolique) et que des déterminants différents peuvent favoriser ces formes d’utilisation. Enfin, il apparaît que le rôle actif des organismes utilisateurs des connaissances dans la transformation des connaissances empiriques en des connaissances cliniques doit être appuyé afin de favoriser une meilleure utilisation des connaissances. Conclusions et implications pour la pratique. Cet atelier permet d’illustrer pratiquement les défis de l’application des connaissances, de développer une modélisation de l’utilisation des connaissances scientifiques en prévention du suicide et de suggérer des moyens concrets pour accélérer l’utilisation des connaissances en ce domaine. FORMATION A LA PRISE EN CHARGE DE LA CRISE SUICIDAIRE : UN PAS DANS L’ELABORATION D’UNE POLITIQUE DE PREVENTION DU SUICIDE EN BELGIQUE Docteur Xavier GERNAY Psychiatre Médecin-Chef au C.H.S. « L’Accueil » de Lierneux – Province de Liège (Belgique) Médecin responsable du Centre Patrick Dewaere à Lierneux – Province de Liège (Belgique) Rue du Doyard, 15 4990 LIERNEUX BELGIQUE Tél : 00 32 (0)80/292.318 Fax : 00 32 (0)80/292.157 Le territoire de la Belgique est divisé en 10 provinces, dirigée par un Gouverneur et administrées par les députations provinciales. En 1985, les 5 provinces francophones s’entendent pour mettre sur pied un organisme commun, le C.I.M.P. (Comité Interprovincial de Médecine Préventive) qui a pour but, entre autres, le partage d’expériences en matière de médecine préventive, l’éducation à la santé et la promotion du mieux-être (le concept de santé englobe ici, en vertu de la charte d’Otawa, les facettes physique, sociale et mentale). Au sein de cette structure, un groupe de travail réunissant des acteurs de prévention du suicide a proposé parmi ses actions, l’élaboration d’un programme commun de formation à la prise en charge de la crise suicidaire. La démarche a consisté en 3 étapes : - réflexion sur les publics cibles, réalisation d’un inventaire des outils de formation utilisés sur les territoires respectifs ainsi qu’à l’étranger, confrontation des outils et réalisation d’un manuel de formation commun (en voie de finalisation). Le C.I.M.P. dispose désormais d’un outil de formation à la prévention de la crise suicidaire qui intègre les développement les plus récents en la matière. L’exposé retracera les différentes étapes de ce processus, du choix des acteurs aux contenus des formations, analysera leurs complémentarités, discutera de la « plus value » née de la confrontation des expériences locales et étrangères et enfin proposera des pistes de réflexion pour l’implantation de ces pratiques. Atelier n° 4 : INTERVENTIONS DE CRISE Modérateur : Prof. K. Chahraoui Travail de liens entre un service d’urgences et une structure intersectorielle pour les patients en crise suicidaire : une expérience de transitionnalité C. RAUSCHER, M. YUSTE Hôpital Edouard Herriot de Lyon, ALP Santé Mentale et Communauté, Villeurbanne L’intervention de crise peut-elle être utile pour l’apprendre / la prendre ? O. DUFOUR, G. HOURTON, S. VIRGILLITO Hôpital Universitaire de Genève, Service Accueil, urgences et liaison psychiatriques, Genève La tentative de suicide, un espace entre deux crises : la vie et la mort Y. MOURTADA C.H.S de la Sarthe, Allonnes Sujet en crise, entourage en crise ? E. AVIET, K. YEBBAL C.H.S de Montbert, Unité de Prévention du Suicide Couples à bord de la crise suicidaire J. OBADIA, V. DODIN, B. COVIAUX C.H Saint Vincent de Paul, Lille Les suicidés de la rue J. LEREUIL C.H.S de la Chartreuse, Dijon Quel rôle attribué au psychiatre dans la prévention du suicide ? I. REGAIEG Faculté de Tunis, Tunisie Travail de liens entre un service d’urgences et une structure intersectorielle pour les patients en crise suicidaire : une expérience de transitionnalité. Dr C.RAUSCHER* et M.YUSTE** ALP (accueil, lien, psychothérapie) est une structure inter sectorielle crée en 1997 dans le cadre d'une unité chargée des activités de liaison et de prévention. Cette strucure prend en charge des patients en crise psychique, souvent suicidaire, pour des soins ambulatoires de 2 mois, dans une prise en charge intensive, individuelle et groupale. Diverses études ont montré que moins d'un suicidant sur dix consulte un soignant psychiatrique après sa sortie d'un service d'urgence.Partant de cette constatation nous avons cherché à créer une structure pouvant jouer un role d'intermédiaire entre les personnes souffrantes et les structures soignantes ou sociales existantes. Il s'agit d'accueillir la crise et de mettre en lien ces personnes avec des professionnels susceptibles de leur apporter ultérieurement un soutien approprié. Ce dispositif a pour objectif d'apporter une réponse psychothérapique intensive mais limitée dans le temps à des personnes présentant un état de détresse psychique important ne nécessitant pas forcément une hospitalisation tout en nécessitant un étayage important. Le psychiatre du service d’urgence fait appel à ALP et une première rencontre est organisée entre le patient, le psychiatre des urgences et une infirmière d’ALP au sein du service des urgences. Cette première rencontre nous semble très importante car elle initie une relation de soutien psychothérapique qui va se poursuivre avec le même soignant tout au long de son passage à ALP, témoin de ce qu’a été la crise au sein du service d’urgences. La prise en charge est individualisée et le planning est convenu avec le patient et revu chaque semaine dans les entretiens individuels. Peu à peu dans ces rencontres s'élabore aussi le projet de soins ultérieur. Dans les groupes, les patients découvrent qu’il peut exister un plaisir à penser. La prise en charge est suffisamment longue pour permettre un certain apprivoisement de l'activité psychique en dédramatisant les soins ,mais aussi suffisamment courte pour permettre le passage vers un autre thérapeute. Ce dispositif, par les divers liens qui sont mis en place entre service d’urgence et ALP puis ALP vers thérapeute au plus long cours, matérialise la transitionnalité nécessaire dans la prise en charge de la crise suicidaire. *psychiatre, assistante chef de clinique service de médecine légale psychiatrique des urgences, hôpital E.HERRIOT, Lyon. **infirmière à ALP Santé Mentale et Communautés, Villleurbanne 38è JOURNéES DU GEPS – DIJON – SEPT. 2006-07-06 LA CRISE SUCIDAIRE, QUELLES FORMATIONS POUR QUELLES INTERVENTIONS ? Dufour Olivier, Infirmier spécialisé, Praticien-Formateur HES, responsable projet qualité du SAULP, SAULP, HUG, Case postale, CH 1211 Genève 14 004122.372.38.59 / 004178.660.38.33 fax: 0041372.38.55 Gilles Hourton, infirmier responsable d’unité, SAULP, HUG Salvatore Virgillito, infirmier spécialiste clinique, DSI, HUG « L’INTERVENTION DE CRISE PEUT-ELLE ÊTRE UTILE POUR L’APPRENDRE/LA PRENDRE ? » Dufour Olivier, Hourton Gilles, Virgillitto Salvatore, Service Accueil, urgences et liaison psychiatriques (SAULP), Hôp. Universitaires de Genève (HUG) Dans le cadre du travail en soins psychiatriques aigus, notre équipe a développé l’intervention de crise (IC). La formalisation de ce type d’intervention a été faite il y a de nombreuses années et est connue sous l’appellation de « modèle genevois d’IC » ou « modèle d’interaction-intervention de crise ». La continuité de notre pratique nous a permis de valider ce modèle ainsi que de l’affiner régulièrement. Il est fondé sur les connaissances de la psychiatrie, plus spécifiquement la psychodynamique, la théorie de la crise, plus particulièrement lors des situations d’urgence et de catastrophe et les études sur le psychotraumatisme, ainsi que sur les concepts de base des soins infirmiers, telle l’approche biopsychosociale. Si je me réfère au modèle allostérique d’apprentissage, et à la question plus générale de « l’apprendre », qui nécessite que « pour qu’il y ait compréhension d'un modèle nouveau ou mobilisation d’un savoir par l’apprenant, l'ensemble de sa structure mentale doit être transformée. Son cadre de questionnement est complètement reformulé, sa grille de références largement réélaborée. Ces mécanismes ne sont jamais immédiats, ils passent par des phases de conflits ou d’interférences. Tout est affaire d’approximation, de concernation, de confrontation, de décontextualisation, d’interconnexion, de rupture, d’alternance, d’émergence, de palier, de recul et surtout de mobilisation. ». En effet, les caractéristiques nécessaires ci-dessus nommées sont typiques de la crise et plus particulièrement de notre mode d’intervention. Toutefois, il n’échappera pas que le soignant pour développer ses divers savoirs sur l’IC, va devoir se trouver quasi en situation de crise. A savoir, constater que ses conceptions de la crise ne sont pas suffisamment opérationnelles. D’aucun pourrait suggérer qu’il n’est pas le moment « d’en rajouter » en mettant le soignant dans une telle situation alors qu’il s’agit d’apprendre quelques chose de nouveau. Ce choix repose aussi sur un point de vue éthique postulant l’importance de donner à la personne des moyens d’agir, de mieux contrôler sa propre situation, ses acquisitions et compétences. SUJET EN CRISE, ENTOURAGE EN CRISE ? Elise AVIET, psychologue Kahina YEBBAL, psychiatre Unité de Prévention du Suicide - Fédération de Santé Publique -C.H.S. de Montbert Le sujet en crise est-il le seul à l’être au sein de son entourage ? On a constaté que bien souvent la famille qui fait une demande de consultation est également en crise, voire dans certains cas, prise dans le processus suicidaire du suicidant, et si la prise en charge de la personne suicidante est efficiente, celle de l’entourage n’est pas formalisée. C'est pourquoi depuis plusieurs années, l'équipe de l'Unité de Prévention du Suicide, composée d’un praticien hospitalier, d’une psychologue et de trois infirmières, mène des actions de prévention et propose des consultations spécifiques pour l’entourage du sujet en crise suicidaire, lui conférant une place toute particulière. En effet, la reconnaissance de la famille en crise ne peut se faire qu’à la condition qu’un espace lui soit réservé. L’objectif n’est pas de soigner la famille, mais de proposer un lieu d’écoute différencié de celui du patient, où la famille puisse s’autoriser à verbaliser ses difficultés, ses affects, ses craintes et ses limites, ainsi qu’un lieu d’information et de renforcement des compétences familiales naturelles. L’espace physique mais aussi psychique que l'on propose devrait pouvoir être suffisamment contenant pour que l’on parle "d’espace transitionnel". Il est en effet essentiel, de restaurer la capacité de parole de l’entourage, siège incontournable de la pensée, du symbolique. Pour y parvenir, il faut permettre un espace de parole et d’élaboration autour de la crise et de ses représentations, pour aider l’entourage à se décaler de la situation de crise sans s’en exclure, pour qu’elles deviennent ou redeviennent aidantes. Une des idées majeures que soutient l'équipe de l'unité, est de considérer le suicide comme étant "l’affaire de tous avant d’être celle des spécialistes". « COUPLES À BORD DE LA CRISE SUICIDAIRE » Obadia.J., Dodin.V., Coviaux. B., service de psychiatrie, Unité d’Accueil Médico-Psychologique (UAMP) et centre de psychothérapie, Groupe Hospitalier de l’Institut Catholique de Lille, Centre Hospitalier Saint-Vincent de Paul, Boulevard de Belfort, BP 387, 59020 Lille Cedex, et Faculté Libre de Médecine de Lille. Nous présentons le travail de notre équipe dans la situation du « couple à bord de la crise suicidaire ». Nous nous appuierons sur des vignettes cliniques. Nous évoquerons des aspects techniques spécifiques, qui nécessitent une formation appropriée. Nous prenons l’exemple d’une personne suicidante que nous rencontrons aux urgences. Elle présente les critères psychiatriques d’une dépression, qui peut même aller jusqu’à la tonalité mélancolique, ou d’une personnalité border line. Mais notre évaluation nous amène aussi à formuler une ou des hypothèses systémiques de crise conjugale. En effet, une menace de rupture d’appartenance au groupe couple a précédé le passage à l’acte. Nous nous rendons compte que la perspective de la perte ne concerne pas seulement l’objet d’amour. Les amis communs, la belle-famille, le statut social et le refuge identitaire investis dans le couple, sont aussi en question. Nous remettons alors le couple en interaction dès les urgences. Soit il déploie ses compétences à l’amélioration du conflit à l’occasion de la tentative de suicide, soit il se remet en crise. Nous intervenons sur un temps relativement court, qui est souvent intense. Nous pensons qu’il est souhaitable de l’aborder en binôme. Il a une fonction de pare-excitation et de contenant. Il assure une continuité dans un contexte de destructivité conjugale révélée par la crise suicidaire. Le couple thérapeutique peut mieux tolérer la mise en scène émotionnelle de la crise. Il tente de réduire les contre-attitudes thérapeutiques, qui seraient liées à nos résonances individuelle et/ou conjugale. Nous nous apercevons que ce cadre d’intervention spécifique diminue souvent les symptômes individuels de crise d’allure dépressive ou border line. Il met en action l’amorce d’un changement thérapeutique dans la tempête traversée par le couple à bord de la mise en acte suicidaire. La sortie des urgences n’est pas forcement l’arrivée au port. Notre assistance à la navigation conjugale peut se poursuivre en ambulatoire dans notre centre de psychothérapie. Mots-Clés : crise suicidaire, couple, systémique, changement. « LES SUICIDES DE LA RUE » Docteur LEREUIL Joël – 4ème secteur de Psychiatrie Adulte Centre Hospitalier Spécialisé de La Chartreuse – DIJON « Ils sont suicidés par leur maladie » disais-je au médecin généraliste oeuvrant à l’Antenne d’Accueil Médical de Dijon. Ainsi proposerons-nous à nos auditeurs la remontée aux origines du drame qui institue le sujet dans cette descente permanente de « naufragés » décrite par Patrick DECLERCK. Par la générosité des époux GRANGIER en 1903, Dijon, s’est dotée d’un lieu dont la vocation première d’assistance par le travail a nécessité l’inauguration par l’Abbé Pierre en 1955 d’un foyer d’hébergement pour l’ouverture, en mars 1989, par la DDASS, d’une Antenne d’Accueil Médical afin de soigner « les patients en grande précarité », devenu Centre de Santé Polyvalent par arrêté préfectoral du 12/09/2003. L’errance a-t-elle un statut ? Le regard de l’Autre quant au clochard transforme-t-il ce statut en prise de conscience politique au point de rencontre du fantasme dans le discours du politique qui demanderait la fermeture même de ce lieu d’écoute où l’étrangeté et la singularité de chaque histoire tente de faire renaître l’identité. Les spécialistes de la crise sociétale, « terme très à la mode », semblent apporter peu de réponses. La position du soignant, par contre, dans la prise en charge classique, voire originale, permet de redonner humanité, sens et vie au céleste individu quand il n’a pas été suicidé totalement par la rue. Autant de questions qui ne cessent d’affirmer notre travail. Atelier n° 5 : PREVENTION- QUELS OUTILS ? Modérateur : Doct. JC. Girod Ecouter, prévenir pour éviter le pire A. SEGOUIN Conseil Général de la Manche Passado, un site internet comme outil de prévention S. VERHELST Centre Chapelle aux Champs, Bruxelles Prévention des crises et crise de la prévention B. CHAUVOT La Croix Valmer Prévention du suicide dans le nord Cotentin G. BOITTIAUX, D. LENOURY C.H de Picauville, Fondation Bon Sauveur Du théâtre interactif au service de la prévention du suicide J. CHIFFE Association Aktis, Ile de Sein Pourquoi et comment utiliser une plaquette de prévention sur la crise suicidaire ? J-J. CHAVAGNAT, C. POUPIN C.H Henri Laborit, Poitiers Un copain, une copine va mal… Comment prévenir le suicide des adolescents grâce à une plaquette spécifique ? J-J. CHAVAGNAT, C. POUPIN C.H Henri Laborit, Poitiers ECOUTER, PREVENIR POUR EVITER LE PIRE Notre région présente le malheureux record en nombre de suicides et cela depuis de nombreuses années, ainsi les équipes de travailleurs médico-sociaux ont –ils été fortement mobilisés sur cette question, notamment grâce à un PRS entre 1995 et 2000. Des travaux communs avaient alors permis le rapprochement des services hospitaliers et notamment la psychiatrie et le domaine du social ce qui n’est pas toujours chose aisée. A l’issue de ce travail une association ainsi qu’un service de « suicidologie » sont nés dans notre région, les préoccupations allant vers une meilleure compréhension du phénomène mais surtout une amélioration du travail de prévention par aussi le développement de l’écoute des personnes endeuillées par un suicide. Le travail n’est désormais plus encadré par le dispositif du PRS, mais les acteurs sont demandeurs et se mobilisent. L’idée forte étant que chacun de sa place peut avoir son rôle à jouer, qu’en parler ne fait pas mourir et aussi parce, régulièrement l’actualité plus ou moins proche nous rappelle à la réalité, au définitif. Nous développons la notion de « veille », nous pensons que réunir les forces et les compétences peut nous aider à lutter. Notre groupe de travail inclue professionnels du médical et du social et bénévoles, associatifs ou non. Nous construisons ensemble des projets susceptibles de recevoir un écho près du plus grand nombre. A l’occasion de la 10èmes journée de prévention le 5 février, nous avons proposé une réunion publique et eu la surprise de réunir une centaine de personnes. Simplement en parler, briser les tabous, s’unir pour apprendre à repérer les signes de détresse et apprendre à en parler, vaincre la peur, oser dire, oser écouter. Lutter contre les idées reçues. Au cours de la soirée les intervenants ont pu parler de cette notion de veille et de prévention, les questions étaient nombreuses, les témoignages aussi, le public demandeur d’autres moments comme celui-ci. Cette expérience nous invite à concevoir la suite de notre travail et nous donne la preuve que la mutualisation des compétences enrichit le travail de chacun et nous espérons qu’à terme améliorera la situation, dans l’attente il nous semble primordial d’apporter à chacun des espaces où il trouvera sinon des réponses, au moins des clés de compréhension pour mieux aborder sa propre destinée et ainsi mieux être à même d’aider un proche, un voisin, un usager, un client en difficulté. Sûrs d’au moins ceci : le suicidé ne veut pas mourir, simplement il ne veut plus vivre, il n’en peut plus et veut mettre fin à sa souffrance. Notre ambition n’est autre que de partager cette conviction, de la développer de s’aider mutuellement à inventer tous les moyens qui pourront sinon éviter le pire, au moins atténuer les souffrances et les soulager. Annie SEGOUIN Responsable du Centre Médico-social d’Avranches Conseil Général de la Manche PASSADO, UN SITE INTERNET COMME OUTIL DE PREVENTION. Sophie VERHELST, médecin assistant candidat spécialiste en pédopsychiatrie au Centre Chapelle-aux-Champs à Bruxelles et animatrice dans l’équipe du site Internet Passado, www.passado.be Passado est un site Internet créé par cinq thérapeutes travaillant dans un service de santé mentale et plus précisément dans le département accueillant les adolescents. L’idée est venue après une réflexion par rapport aux jeunes qui n’avaient pas accès aux consultations ambulatoires. Internet pouvait aller à leur rencontre pour leur offrir un lieu collectif garantissant néanmoins leur intimité et leur donnant l’occasion de s’entraider. L’espace d’échange vise à permettre aux adolescents l’expression de leurs difficultés mais aussi de leurs expériences positives de la vie. Le jeune qui s’inscrit aura accès aux différents messages envoyés par les autres participants et aura la possibilité d’en envoyer avec comme identification une signature qu’il aura choisie. Les grandes différences avec de nombreux forums existants sont la présence des animateurs ainsi que le temps écoulé entre chaque échange. Les messages envoyés par les adolescents passent à chaque fois par la lecture de l’animateur de veille. Chaque message est donc relancé aux participants avec une phrase d’introduction (« l’annonce ») ainsi qu’un éventuel commentaire. L’animateur fait tiers, il fait des liens, des suggestions de réflexion et ouvre des questions. Les jeunes viennent parfois parler de leurs idées noires, de leurs expériences de tentative de suicide, du suicide d’une connaissance ou d’un fait d’actualité. Ils auront plus ou moins de recul selon le temps écoulé et le degré de proximité avec la personne concernée. Le site Passado n’est pas, au départ, un outil spécifique de prévention contre le suicide. Il se veut, avant tout, le plus accessible et le plus ouvert possible aux adolescents désireux de partager leurs vécus tant négatifs que positifs. Il devrait permettre aux adolescents de se déposer, d’échanger tout en étant soutenus mais avec, bien sûr, les limites du cadre de l’espace proposé. Nous leur proposons la possibilité d’exprimer leur souffrance dans un cadre suffisamment contenant pour qu’ils puissent prendre appui et ainsi un peu de recul face à leur douleur. C’est donc avec l’aide du langage écrit que nous souhaitons participer à la prévention des actes que le jeune pourrait diriger contre lui-même. PREVENTION DES CRISES ET CRISE DE LA PREVENTION -------------------- Dr Bernard CHAUVOT, Psychogériatre La suicidologie décrit les crises suicidaires des différents âges et les formations nécessaires pour les prévenir. Le personnel nécessaire est médico-scolaire pour les adolescents, paramédical formé à l’écoute relationnelle pour l’âge isolé et médical prescripteur pour les différentes crises dépressives. Or, notre société ne met pas en place le personnel formé face aux jeunes et aux âgés. En même temps, la formation médicale n’apprend pas aux médecins à utiliser correctement les antidépresseurs. Cette carence provient de la non prise en charge des facteurs psychologiques et relationnels. Elle entraîne dans la pratique une véritable crise de la prévention. PREVENTION DU SUICIDE DANS LE NORD COTENTIN Dr BOITTIAUX Gérard, LENOURY David, Centre Hospitalier de Picauville, Fondation Bon Sauveur Avec 31 suicides pour 100000 habitants chaque année, La Manche fait partie des départements français les plus touchés par le phénomène suicidaire. Pour y faire face, le Centre Hospitalier de Picauville conduit depuis 2000, sur le nord du département (210 000 habitants), une démarche de prévention du suicide avec ses partenaires de terrain. Après une large dynamique de mobilisation et de sensibilisation, qui a conduit à l’élaboration d’un diagnostic partagé sur la problématique suicidaire, la création d’un Comité de Pilotage rassemblant des représentants de nos partenaires a permis de mettre en œuvre une démarche de formation en direction des professionnels de première ligne, issus des champs sanitaires et sociaux. Cette démarche de formation a reçu le soutien financier de la Fondation de France et ainsi, depuis janvier 2004, plus de 160 professionnels d’horizons divers ont été formés à l’intervention de crise suicidaire et au travail en réseau (dont 110 durant l’année 2004). L’évaluation de ces formations montre qu’elles permettent d’améliorer les compétences des acteurs de terrain à l’évaluation et la prise en charge des situations de souffrance psychique ou de crise suicidaire, et modifient les pratiques d’entretien d’aide. Des suivis de formation sont organisés afin d’accompagner les professionnels dans l’application de ces nouvelles méthodes de travail, de recueillir les demandes émergentes et de répondre aux besoins exprimés. Parallèlement à cette démarche de formation, en 2005 un collectif départemental de prévention du suicide, regroupant les professionnels issus des trois secteurs sanitaires de La Manche, s’est constitué. Il s’est donné pour vocation de coordonner les différentes actions de prévention du suicide, de développer des formations sur l’ensemble du territoire et de créer un Observatoire du suicide afin de mieux comprendre cette problématique. Depuis peu, des estimations épidémiologiques encourageantes sont venus soutenir notre motivation. Basées sur les certificats de décès recensés, ces données montrent la chute importante des statistiques de décès par suicide dans le nord de la Manche, et ce depuis l’année 2004, année des premières formations. D éc ès Estimation de l'évolution du nombre de suicide dans la Manche 80 70 60 50 40 30 20 10 0 66 72 49 35 2002 2003 2004 Années 2005 Zone Nord Cotentin Zone Centre Zone Sud DU THEÂTRE INTERACTIF AU SERVICE DE LA PREVENTION DU SUICIDE DOCTEUR JEAN CHIFFE – Association Aktis – 8, rue Saint Corentin – 29990 Ile de Sein DU THEÂTRE POURQUOI ? L’expression théâtrale… La théâtralisation est un langage. Comme tout langage humain, il a ses domaines d’utilisation qui ne sont que le fait d’un consensus social donné, à une période donnée et en un lieu donné. Et comme tout langage, il est apte à évoquer l’immatériel, à exprimer abstractions, sentiments et concepts. Ainsi il sert, de plus en plus souvent, à la formation des individus. L’illusion théâtrale… que le comédien, par son jeu, crée chez le public fait toute la force du théâtre occidental, pousse le participant à prendre la parole, à quitter sa place et à aller s’essayer dans le jeu de la scène, alors qu’il feint de croire que ce qui se passe sous ses yeux est vrai. Un instrument d’éducation et de formation… avec la mise en situation (mise en danger) par la fiction, qui se situe au niveau des démarches visant au « savoir être » et au « savoir faire ». Ces interventions avec le théâtre prennent ainsi le sens d’une mise en fonctionnalité des compétences déjà énoncée mais non encore testées au plan de performances. C’est la part de l’apprentissage. DU THEÂTRE PAR QUI ? Association Aktis… qui œuvre depuis 1988 dans le domaine de l’éducation pour la santé et la formation, avec le théâtre comme outil privilégié et trois principes : Une action par les pairs … Le public est concerné par la problématique de la formation et c’est lui qui construira le cheminement de la fiction. La fiction propose des actions accessibles au public. Pas de solution extérieure "magique". Aller au-delà du discours. THEÂTRE ET JEU DE RÒLES Quelques réflexions sur l’expérience de trois années de séances de théâtre interactif au crédit de formations sur la prévention du suicide dans le pays diois : • 2004 « le matricule des anges » sur le thème de la prévention des récidives : un fils adolescent qui, après une TS, vient consulter avec son père qui banalise, sa mère qui dramatise… • 2005 « le vague alarme » sur l’intervention de crise (présenté en atelier aux Journées de Lyon) : une femme tente de faire entendre son projet suicidaire au plus mauvais moment pour ceux qu’elle choisit pour confidents • 2006 « Post it » sur la prise en charge diversifiée : dans un centre médicosocial, un infirmier, une assistante sociale et le fils adoptif de Betty… à chacun sa vérité. Un Copain, une copine va mal… Comment prévenir le suicide des adolescents grâce à une plaquette spécifique ? Objectifs : Permettre aux pairs de reconnaître les principaux signes d’alerte lors d’une crise suicidaire chez leurs camarades, mais aussi les informer sur les idées fausses concernant le suicide, afin d’accompagner ces camarades vers un adulte ressource. Méthode : Un groupe de travail constitué d’adultes dans des champs différents (santé, éducation nationale, justice…) a travaillé pendant un an et demi en lien avec deux classes de terminales d’un lycée de Poitiers. Le groupe d’adultes a fait critiquer son travail par le groupe des adolescents, qui leurs faisaient des propositions en retour. L’échange a porté aussi bien sur le fond que sur la forme. Il a donc été proposé d’indiquer les principaux signes d’alerte, quelques idées fausses sur le suicide, d’expliquer pourquoi il fallait agir et ne pas garder ce secret pour soi et enfin de préciser les aides possibles tant auprès d’une personne, qu’éventuellement auprès d’une association ou d’une écoute téléphonique ou internet. Cette plaquette a commencé à être présentée aux différents lycées de la région Poitou-Charentes. Le déroulement est souvent le même : 2 heures de présentation et d’échanges avec les délégués de classes élus, puis 3 heurs de présentation auprès des enseignants et des parents d’élèves. Les relais sont également faits par l’infirmière scolaire, l’assistante sociale scolaire, le médecin scolaire, voire le Conseiller Principal d’Education. Résultats : Jusqu’à présent, l’impact a toujours été favorable tant pour les élèves que pour les adultes, qui ont ainsi un moyen commun pour communiquer autour d’un sujet particulièrement difficile. Les chefs d’établissement sortent peu à peu de leur réserve et comprennent mieux notre démarche de prévention envers les adolescents en mal-être ayant subi parfois un traumatisme caché ou bien suicidaire pour d’autres raisons. Conclusion : Cette action qui a débuté il y a maintenant plusieurs mois, est donc très encourageante et a commencé à montrer sa pertinence grâce à ce médium que représente la plaquette intitulée « Un copain, une copine va mal… Comment prévenir le suicide ? ». Le travail en partenariat adultes/adolescents a donc été validé et cette action va être poursuivie pendant plusieurs année grâce au soutien des autorités locales (Conseil Régional Poitou-Charentes ). . Pourquoi et comment utiliser une plaquette de prévention sur la crise suicidaire ? Objectifs : Grâce aux formations à la crise suicidaire et à l’utilisation d’une plaquette spécifique, les auteurs espèrent réduire les passages à l’acte suicidaire et mieux dépister des traumatismes qui peuvent en être à l’origine. Méthode : La généralisation des formations à la crise suicidaire instaurée par les professeurs Jean louis TERRA (Lyon) et Monique SEGUIN (Québec), ont permis de former plusieurs centaines de formateurs en France. Ces derniers ont eux mêmes répliqué cette formation à plusieurs milliers de personnes, notamment dans le champ de la santé, de l’éducation nationale ou de la Justice. Afin d’augmenter l’impact de cette formation de plusieurs jours, les auteurs ont mis au point, grâce à un groupe de travail inter-institutionnel une plaquette spécifique reprenant les poins principaux de la crise suicidaire. Elle permet de mieux fixer et de mieux diffuser les informations essentielles. Résultats : Les utilisateurs de cette plaquette sur la crise suicidaire possèdent ainsi un instrument clair, simple et précis, leurs permettant de diffuser de manière plus efficace leur message de prévention en direction des personnes formées. Ces dernières associant la formation spécifique et l’utilisation de ce support, se disent mieux armées pour reconnaître et prendre en charge les personnes suicidaires et notamment celles ayant des antécédents de traumatisme psychique. Conclusion : L’utilisation systématique des différents supports et notamment une plaquette spécifique, centrée sur la crise suicidaire, permettent d’avoir une action plus efficace et prolonge l’impact des formations à cette crise suicidaire. Atelier n° 6 : PRISE EN CHARGE DU SUICIDANT Modérateur : Doct. F. Chastang Prise en charge des suicidants : limites d’une filière M. THALASSINOS, V. KESSELER C.H V Dupouy, Argenteuil Impact du modèle de soins actuel sur la clinique psychiatrique et la place du psychiatre au sein d’un service de post-urgences F. HAESEBAERT, S. HENRIETTE, S. GOLIN, C. PLUCHON, C. RAUSCHER, F. DANET Hôpital Edouard Herriot, Lyon Un dispositif de prise en charge de la crise suicidaire au SRAU de Dijon M. REBSAMEN, M.C. FRENISY, P. BESSE C.H.U, Dijon L’activité de liaison au décours de tentatives de suicide violentes C. GENSOLLEN C.H Lyon Sud, Pierre Bénite Prise en charge de la crise suicidaire à l’hôpital : l’hospitalisation brève au service des urgences F. ROYER C.H Lyon Sud, Pierre Bénite Prise en charge globale infirmière après une tentative de suicide grave Equipe infirmière Fondation Santé des Etudiants de France, Bouffémont Handicap physique sévère après une tentative de suicide par précipitation Ph. LESIEUR, J. TIRAVY-SILBER, V. FAURIE, P. LE NOUVEL Fondation Santé des Etudiants de France, Bouffémont PRISE EN CHARDE DES SUICIDANTS : LIMITES D’UNE FILIERE Thalassinos M., Kesseler V. Service de Psychiatrie, Centre Hospitalier V. Dupouy, Argenteuil. La création d’une filière « suicidant » au Service d’Accueil des Urgences d’un Centre Hospitalier Général a pour objectif de définir les modalités d’accueil, de prise en charge et d’orientation répondant aux recommandations émanant des conférences de consensus ; elle se décline en termes de conduites relativement codifiées et de protocole d’orientation supposés évaluer, traiter, inscrire le sujet dans un parcours de soins . Cette déclinaison serait le pré requis d’une prévention de la récidive. Une étude naturalistique menée sur une année, a porté sur les 545 suicidants accueillis dans le Service d’Accueil des Urgences. L’orientation et les modalités de prise en charge des suicidants restent variables selon les intervenants, notamment au niveau des consultations de suivi. Ceci nous semble poser le problème des limites d’un protocole de soins, qui ne remporte pas toujours l’adhésion des différents intervenants, selon leurs références théoriques, leur position institutionnelle et leur praxis. Si l’objet à décrire existe dans la pratique professionnelle sous une forme plus ou moins élaborée, il est surtout déjà codé dans un discours politique de santé, ce qui n’exclue en rien l’équivoque. La notion de tentative suicidaire ou geste suicidaire ne nous semble pas strictement équivalente au concept de crise suicidaire ; l’usage du terme suicidant a le mérite de situer le problème au niveau du sujet, mais esquive l’écart sémantique. Le suicide convoque des points de vue émanant de la philosophie, de la sociologie, de la biologie, de la médecine, de la psychanalyse, qui demeurent en partie antinomiques. Ces points de vue infiltrent, souvent à leur insu, la pratique des différents intervenants et la constitution même de la filière dans une institution donnée. Ceci pourrait rendre compte, en partie, de l’aspect aléatoire dans l’utilisation d’une telle filière. Impact du modèle de soins actuel sur la clinique psychiatrique et la place du psychiatre au sein d’un service de post-urgences. F.HAESEBAERT, S.HENRIETTE, S.GOLIN, C.PLUCHON *, C.RAUSCHER**, F.DANET***. Psychiatres au sein d’une service de post-urgences d’un hôpital universitaire prenant en charge des patients en situation de crise psychique, nous voyons depuis plusieurs mois notre activité se modifier. Les patients suicidants que nous accueillions majoritairement auparavant ont laissé place à des personnes âgées, des patients en détresse psychosociale, en rupture de soins, des patients porteurs de polypathologies non assimilables par la médecine de spécialités. Ce constat survient alors que lors des deux dernières décennies nous avons vu un nouveau modèle de soins émerger, celui de l’« hôpital entreprise », dans un contexte de contraintes économiques liées à l’accroissement de plus en plus important des dépenses de santé. Alors que le système sanitaire peine pour appréhender sa place autrement qu’en s’appuyant sur des outils de gestion industriels, le grand âge et la détresse psychosociale, indices des limites de cette segmentation et de la bureaucratie, ont été écartés de l’hôpital clinique. Le « sujet total », non classifiable, non programmable, aux difficultés imprécises et imprévisibles, ainsi que tous ceux qui étaient auparavant accueillis par l’hôpital / lieu d’hébergement, se retrouvent aux urgences. Désemparés par cette nouvelle donne, nous nous questionnons sur un nouveau rôle à jouer en tant que psychiatres dans cette clinique particulière de l’urgence, du lieu, du lien, et de la scène humaine des problèmes non résolus, à décrypter pour la perfectionner. La psychiatrie pourrait revendiquer au sein du système de soins, avec d’autres spécialités attachées au « sujet global » ( gériatrie, médecine générale, soins de suite et de réadaptation…) une place à la fois intégrée et marginale vis-à-vis de la médecine hyper spécialisée. Elle pourrait notamment participer à l’élaboration de nouveaux modèles cliniques, décalés par rapport aux grands standards de la médecine qui tendent à une segmentation corporelle de l’humain. *internes en psychiatrie, service de médecine légale psychiatrique des urgences, hôpital E.Herriot, Lyon. **psychiatre, assistante chef de clinique, service de médecine légale psychiatrique des urgences, Hôpital E.Herriot, Lyon. ***psychiatre, médecin légiste, praticien hospitalier temps plein, service de médecine légale psychiatrique des urgences, hôpital E.Herriot, Lyon. Un dispositif de prise en charge de la crise suicidaire au Service Régional d’Accueil des Urgences du C.H.U de Dijon. Maryline Rebsamen*, Marie-Claude Frénisy*, Dr Pierre Besse ** *Unité de Consultations Psychologiques des Urgences, Service Régional d’Accueil des Urgences, C.H.U. Dijon ** Au Service des Urgences de l’Hôpital Général de Dijon, un dispositif singulier de prise en charge de certains patients suicidants a été mis en place par le médecin psychiatre et les psychologues. Le psychiatre voit tous les patients pris en charge en urgence à la suite d’un passage à l’acte suicidaire. Lors d’un premier examen psychiatrique, il évalue la gravité de la crise suicidaire. Cette évaluation est fondée sur la prise en compte de différents paramètres, notamment le contexte familial et environnemental du patient au moment de la crise, la situation matérielle et affective du patient sont également des éléments déterminants. De plus, le psychiatre rencontre également la famille ou les proches du patient afin de prendre une décision quant à la suite à donner au traitement. Quelquefois l’hospitalisation est proposée et dans certains cas imposée. Dans le cas où l’hospitalisation n’est pas justifiée, le psychiatre propose un suivi en ambulatoire et fait intervenir les psychologues du service. Ainsi les psychologues interviennent avant que les patients ne ressortent de l’hôpital. Le premier entretien avec les psychologues a lieu la plupart du temps à la suite de celui mené par le médecin psychiatre. Ce dispositif permet une prise en charge immédiate de la dimension psychologique au sein même du service des urgences. En effet, s’il est évidemment indispensable de prendre en charge les aspects somatiques de la crise, il est tout aussi important de prendre en charge, pendant le temps d’hospitalisation, la dimension psychologique de la crise suicidaire. L’avantage de ce dispositif est de permettre une amorce de travail avec la psychologue, dans le prolongement du travail effectué avec le psychiatre. Le premier entretien psychologique consiste à tenter de situer le moment de crise dans l’histoire singulière du sujet. Ensuite lorsqu’un suivi peut être mis en place, les patients viennent en consultation au service des urgences, où les consultations sont gratuites, ce suivi se poursuivant tant que cela est nécessaire pour le patient. Avant d’illustrer par l’exposé d’un cas le type de travail effectué dans ce dispositif, je voudrais faire la distinction entre deux concepts, celui de « passage à l’acte » et celui « d’acting out ». Dans la conception de Lacan, le suicide est le modèle, le paradigme de l’acte et comme le dit Jacques Alain Miller, « tout acte vrai au sens de Lacan est un suicide du sujet ». Dans le passage à l’acte, le sujet fait l’impasse sur l’Autre, il dit non à l’Autre. Le passage à l’acte est un franchissement, c’est un acte sans après, il y a une disparition de l’après, dans ce sens le seul acte réussi est le suicide, le suicide réussi. Mais heureusement toute tentative de suicide ne se solde pas par une réussite et ainsi on peut faire la distinction entre suicide réussi, donc passage à l’acte et suicide manqué que l’on peut qualifier d’acting out. Dans l’acting out, contrairement au passage à l’acte, il y a une scène sur laquelle le sujet se met à agir sous le regard de l’Autre. Donc comme le précise J. A. Miller, dans l’acting out, il faut la présence de l’Autre, le spectateur. C’est ce à quoi nous avons le plus souvent à faire dans notre dispositif de prise en charge de la crise suicidaire, des tentatives de suicide « appel à l’Autre ». (Illustration par un cas clinique non encore choisi) L’ACTIVITE DE LIAISON AU DECOURS DE TENTATIVES DE SUICIDE VIOLENTES Dr. Gensollen Cédric, Psychiatre, Chef de Clinique Assistant, Service d’Accueil des Ugences du Centre Hospitalier Lyon-Sud, Pierre Bénite (69) Depuis novembre 2005, 17 tentatives de suicide violentes (10 tentatives de suicide par précipitation dans le vide, 4 par arme par feu, 1 par précipitation contre un bus, 1 par arme blanche dans l’abdomen et 1 par ingestion de caustique) ont été prises en charge par la psychiatrie de liaison au Centre Hospitalier Lyon-Sud. L’analyse de ces situations cliniques met en évidence deux éléments remarquables : - Bien que de tels passages à l’acte soient classiquement attribués aux patients psychotiques, ces derniers ne représentent qu’une courte majorité des situations considérées (52,9%). Dans le cadre des suicidants aux prises avec une problématique névrotique, le rôle déshinibiteur de l’alcool est une quasi constante (96,2%). - Il existe chez la totalité des patients pris en charge une disparition de la détermination suicidaire après leur passage à l’acte violent. A partir de trois brèves illustrations cliniques, nous proposons quelques éléments de réflexions rendant compte de la relative extinction du processus autolytique après la tentative de suicide violente. Seront ainsi abordés les rôles respectifs de la durée prolongée d’hospitalisation en CHU, de la dimension quasi cathartique de tels gestes et de la fonction maternante de l’hôpital général pour ces patients. PRISE EN CHARGE DE LA CRISE SUICIDAIRE A L’HOPITAL : L’HOSPITALISATION BREVE AU SERVICE DES URGENCES Docteur François ROYER, psychiatre, Service des Urgences, Centre Hospitalier Lyon Sud, Pierre Bénite (69) Résumé : Au service des urgences du Centre Hospitalier Lyon Sud, les suicidants bénéficient systématiquement d’un entretien psychiatrique qui permet d’évaluer la situation globale, en particulier le risque suicidaire, et de proposer une prise en charge adaptée. Lorsque le risque de récidive suicidaire est moyen ou élevé, nous proposons une hospitalisation brève dans le service des urgences. Cette hospitalisation de quelques jours est le pivot du traitement de la crise dans notre service. En quoi consiste-t-elle ? Quels soins psychiatriques peut-on réaliser dans un service d’urgence ? Les trois axes de la prise en charge sont l’évaluation, le traitement de la crise et l’orientation. Je propose d’exposer ici certaines particularités du traitement de la crise suicidaire et de les illustrer par des exemples cliniques. Le projet de l’entretien psychiatrique est d’aborder la situation qui a amené le patient aux urgences, de tenter de comprendre les motivations du geste suicidaire, d’en décortiquer la genèse. Mais ce projet est en partie un leurre car le patient lui-même ignore les raisons de son geste – raisons multiples et fortement inconscientes. Le projet de l’entretien n’est donc pas l’objectivation scientifique d’une mécanique suicidaire. Il est l’occasion d’une rencontre autour d’un événement méconnu que l’on tentera ensemble d’éclairer. A cette occasion, le patient amènera (éventuellement) des éléments permettant de se représenter la dynamique inconsciente de son geste. L’enjeu n’est pas tant de découvrir une vérité du sujet que de permettre au patient de prendre du recul en nous parlant de ce qui lui arrive. Ce travail aide le suicidant à se dégager du registre imaginaire et narcissique où il est pris. Il réinstaure une distance entre le sujet et sa psyché et contribue ainsi à l’apaisement de la crise. Mots clés : Crise suicidaire – Urgences – Hospitalisation Brève PRISE EN CHARGE GLOBALE INFIRMIERE APRES UNE TENTATIVE DE SUICIDE GRAVE Equipe infirmière (Fondation Santé des Etudiants de France, CMJA 95570 Bouffémont) Notre service (transdisciplinaire) est un service de psychiatrie de 20 lits prenant en charge des patients polytraumatisés de 15 à 35 ans après une tentative de suicide par précipitation. La durée de séjour, définie par la rééducation fonctionnelle, varie de 3 mois à plus d’un an. Les soins somatiques post-chirurgicaux prédominent en début de séjour, alors que la prise en charge psychiatrique va s’intensifier peu à peu. Ce temps de soin particulier après une chirurgie, permet d’instaurer ou de poursuivre les soins psychiatriques.Il est important que notre travail psychiatre/infirmier trouve aussi sa place dès le début du séjour. Il s’intensifie lorsque les soins post chirurgicaux diminuent. L’espace de soins, conçu pour la prise en charge médicale de patients polytraumatisés ressemble dans son architecture plus à un service de médecine qu’à un service de psychiatrie. Il est cependant adapté à l’accueil de patients suicidant : localisation en rez-de-chaussée, accueil filtrant, patio, espace commun pour les activités de groupe, chambres individuelles, bureau infirmier pour les entretiens. Le travail quotidien d’écoute et d’accompagnement constituent le cadre de soins psychiatriques/infirmiers. En début de séjour, pendant les soins somatiques, les premiers échanges, entretiens informels peuvent se faire. Par la suite, ils seront plus ciblés, à la demande, lors des crises… Les repas pris en commun (thérapeutiques), les activités thérapeutiques, le groupe de paroles sont des moments utilisés pour remettre au premier plan la problématique psychiatrique ayant entraîné le geste suicidaire. HANDICAP PHYSIQUE SEVERE APRES UNE TENTATIVE DE SUICIDE PAR PRECIPITATION : Ph. LESIEUR, J. TIRAVY-SILBER, V. FAURIE, P. LE NOUVEL (Fondation Santé des Etudiants de France, CMJA 95570 Bouffémont) Les patients atteints de maladie chroniques, ont un risque accru de décès par suicide et de trouble dépressif. Ainsi, chez les patients présentant des lésions médullaires post traumatiques le risque de décès par suicide est une des principales causes de décès prématuré et le risque dépressif est 4 à 5 fois supérieur à celui de la population générale. Dans notre service de psychiatrie, nous accueillons chaque année environ 45 patients après une tentative de suicide par précipitation (hauteur, métro, train), le temps des soins de rééducation fonctionnelle. Parmi ceux-ci 25% environ présentent des lésions médullaires ou des traumatismes orthopédiques importants avec des handicaps d'évolution incertaine (tétra et paraplégies, syndrome de la queue de cheval, amputations…). Le travail psychiatrique avec ces patients va consister, à coté de la prise en charge du suicide et du trouble psychiatrique sous-jacent, à accompagner les soins de rééducation fonctionnelle dans leur objectif de réadaptation. Le handicap physique, dans la rupture qu'il représente, n'est jamais accepté, il faut "faire avec", l'intégrer. Une première question est donc celle des ressources psychiques personnelles des patients, de leur capacité de résilience. Une deuxième question est celle des conséquences du trouble psychiatrique sur les capacités d'autonomie soudainement altérée par les déficits physiques. Le temps du retour au domicile, est le moment où tout les problèmes se conjuguent, parfois en facteur d'exclusion et de stigmatisation : les capacités d'autonomie altérée, l'accessibilité réduite des lieux (même des lieux de soin), la réorientation professionnelle, mais aussi le traumatisme des familles et de l'entourage et la peur de la récidive. A partir de ces questions, la discussion interrogera l'idée d'une prévention possible du risque de récidive. Cette présentation sera illustrée par notre expérience des trois dernières années. PRESENTATION DE VIDEOS Modérateur : Doct. JC. Vignoles Enjeu de vie (2002) : durée 26 min. La crise suicidaire chez l’adolescent (2001) : durée 27 min. La vie à dos (1995) : durée 56 min. Samedi 23 Septembre 9 H : SEANCES DE COMMUNICATIONS Ateliers parallèles Atelier n° 1 : ADDICTIONS ET SUICIDE Salle Morey – Saint- Denis Atelier n° 2 : PROFIL DU SUICIDANT Salle Mercurey Atelier n° 3 : INTERVENTIONS DE CRISE Salle Santenay Atelier n° 4 : CRISE SUICIDAIRE ET MILIEU SCOLAIRE Amphithéâtre Romanée Conti Atelier n° 5 : URGENCES ET CRISE Salle Chablis Atelier n° 6 : CRISE SUICIDAIRE ET IDENTITE Salle Saint Romain Atelier n° 7 : FORMATION-PREVENTION Salle Givry Atelier n° 1 : ADDICTIONS ET SUICIDE Modérateur : Prof.B.Bonin « J’m barre »… de mon corps ! V. SCOLAN, V. NOEL, A. MEYER, G. BASTRENTA C.H.U de Grenoble Toxicomanie et risque suicidaire J-C. PIQUET, A. MARCHAND, A. MURAT C.H.U de Dijon, Service de psychiatrie Suicidalité, adolescence et addiction : données descriptives, hypothèses psychopathologiques J-M. PINOIT, B. BONIN, H. BENONY, P. BIZOUARD, A. GISSELMANN Service de Psychiatrie C.H.U de Dijon, C.H.U de Besançon Addiction et suicide T. HANNIER Phare Enfants-Parents, Paris Représentation du cannabis dans une population de jeunes adultes hospitalisés dans une unité spécifique de prise en charge de la crise suicidaire H. CONSTANTY, D. BOURGUET, E. COURTY, D. ALEXEI, I. JALENQUES C.H.U de Clermont Ferrand « J’M BARRE. »…DE MON CORPS ! Unité Fonctionnelle de MEDECINE LEGALE CLINIQUE ( Centre d’Accueil pour Toxicomanes), CHU de Grenoble : Virginie Scolan, Médecin légiste, Virginie Noël, Psychiatre, Arielle Meyer, Educatrice, Gisèle Bastrenta, Psychologue. La vocation d’un C.H.U., depuis toujours, a été de recueillir les corps en Souffrance, en Déchéance mais aussi de pouvoir abriter ces nouveaux sujets en Errance. Les crises suicidaires, quelles que soient leurs expressions, démontrent que ces corps singuliers sont expulsés des Lois des Echanges Humains. Cette crise en acte ouvre aux jeux pulsionnels qu’il s’agira de « convertir » en volonté pour Dire, soit d’accepter les lois de la parole et des échanges. « J’m barre », injonction pulsionnelle, se conjugue à tous les répertoires où des jouissances directes sont au rendez-vous. La crise suicidaire est l’extrême d’un défi lancé dans « un sauve qui peut », où la mort est montrée. L’autre extrême de cette crise est l’invention pratiquée par des milliers de lycéens pour parvenir à réguler leurs troubles de l’humeur en s’auto administrant une molécule, interdite : le Cannabis… Les paroles qui nous lient et nous relient aux autres sont jetées aux orties par ces jeunes pour que soient privilégiées les Jouissances Autonomes. Nous connaissons les risques, à terme. Notre corps nous appartient-il ? Pour quels usages ? Les corps échoués dans notre service de Médecine Légale doivent être pris en charge dans l’Urgence. Cette clinique de l’Urgence autant physique que mentale, nous enseigne sur les conditions nécessaires pour faire barrage aux récidives. Les soins du corps sont toujours assurés, avec compétence. Mais qu’en est-il de ce « nursing », du soin à prendre du corps, dont l’hôte tente de se débarrasser ? Il faut pouvoir intervenir le plus tôt possible et pouvoir prendre du Temps ( ! ) afin de rendre possible un changement de statut de la parole. Il faut que « ça » parle ! et chacun doit s’y mettre. Certaines « piqûres de rappel » sont ces « récidives » qui nous indiquent qu’il ne faut pas les lâcher trop tôt. Cliniquement, le repérage structural familial est la base de notre travail. Chacun y est invité, à « Dire comment ça fait » d’avoir un proche qui fricote avec la Mort ! « ça les regarde. » Reste qu’à leur sortie, ces jeunes ne peuvent retourner brutalement vivre dans l’environnement qu’ils ont quitté. Il est essentiel de trouver un temps dans des lieux intermédiaires. Ces lieux sont à inventer… TOXICOMANIE ET RISQUE SUICIDAIRE Jean-Christophe PIQUET, Arnaud MARCHAND, Astrid MURAT Dépendance aux drogues et conduite suicidaire sont souvent associées. On retrouve ainsi une conduite addictive dans 12% des tentatives de suicide (Facy, 1991). La dépendance représentait le diagnostic principal dans 39 %des cas de suicides dans une étude américaine de 1989. De nombreux facteurs sont en cause dans la conduite suicidaire du toxicomane. Nous nous intéresserons à la relation directe entre la substance et les conduites suicidaires: nature du produit, polyconsommation et surconsommation de substances. Au-delà de ce lien, nous tenterons d'identifier des types de personnalité associées simultanément au risque suicidaire et à la dépendance. Par ailleurs, nous décrirons les facteurs socio-environnementaux engendrés par la toxicomanie, susceptibles d'influer sur le risque suicidaire. Suicidalité, adolescence et addiction : Données descriptives, hypothèses psychopathologiques Doct. JM Pinoit, , Prof. B Bonin, Prof. H Bénony, Prof. P Bizouard , Prof. A Gisselmann Résumé : La mortalité dans la population dépendante a diminué entre les années 1990 et 2000, parallèlement à la baisse des overdoses, et à une meilleure prise en charge des pathologies infectieuse et cirrhotique. On reconnaît à présent l’existence fréquente d’idées suicidaires, de tentatives de suicide et de suicides dans cette population. Sur un plan descriptif, on observe que les tentatives de suicide et les décès sont d’autant plus fréquents que les sujets dépendants sont adolescents ou jeunes adultes. Des corrélations ont pu être établies entre comportement suicidaire, sexe féminin, gravité de l’addiction évaluée sur l’ASI, nombre de comportements addictifs et comorbidité en particulier dépressive. Sur le plan psychopathologique, les auteurs s’interrogent sur les liens entre addiction, dépression, personnalité dépendante, alexithymie et suicidalité, et ce d’autant que l’on reconnaît chez l’adolescent la grande fréquence des conduites addictives « autothérapeutiques » Mots clés : adolescence, addiction, suicidalité, dépression, personnalité dépendante, alexithymie. PHARE Enfants-Parents 5, rue Guillaumot – 75012 PARIS 01 42 66 55 55 – fax. 01 42 66 50 99 N° azur : 0 810 810 987 Appel à communication GEPS à DIJON 21, 22, 23 septembre 2006 RESUME sur le thème « ADDICTION et SUICIDE » Thérèse HANNIER, présidente de PHARE Enfants-Parents Association de prévention du mal-être et du suicide des jeunes. Les formes d’addictions peuvent être multiples et je ne souhaite aborder qu’un seul volet des différentes addictions possibles, celui de la consommation de CANNABIS et le lien avec le passage à l’acte suicidaire. En dehors de tout débat idéologique sur la dépénalisation du cannabis ou non, je situe mon propos sur le terrain de l’observation, certes à confirmer, d’un lien entre la consommation du cannabis et le suicide en particulier par défenestration et précipitation et sur le terrain de la prévention. La prévention : Le produit présente un certain nombre de risques avérés sur la santé physique et psychique, cela est démontré scientifiquement. Néanmoins, qu’en est-il de l’application d’un principe dit de précaution ? Qu’en est-il de la prévention auprès des populations de jeunes, puisque principaux consommateurs ? La prévention auprès des adultes serait sans doute aussi des plus nécessaires puisque les parents sont souvent aveugles ou inconscients, mal informés ou parfaitement ignorants, imprégnés éventuellement d’idées reçues. Il s’agit bien d’une démarche de prévention s’inscrivant dans le cadre d’une prévention du mal-être et du suicide des jeunes. En effet, l’observation que je suis amenée à faire sur le terrain, me conforte dans l’idée que la consommation régulière du cannabis chez certains sujets peut provoquer des conduites suicidaires. Observation d’une situation : La relation directe avec les parents qui appellent sur le n° azur ou avec les parents d’enfant suicidé qui participent aux groupes de parole (réunions depuis 15 ans), le contact également avec les enseignants ou avec les jeunes dans les collèges ou lycées, nous amènent à faire un constat singulier : un certain nombre de jeunes, consommateurs de cannabis, présentent tous les symptômes d’une dépression nerveuse ou changent complètement de personnalité, deviennent violents, insultants, asociaux, se désintéressent de toute activité scolaire ou professionnelle ; d’autres deviennent schizophrènes, sont victimes de troubles mentaux graves, refusant tout soin ou suivi thérapeutique. dans le parcours d’un certain nombre de jeunes suicidés, on retrouve plus spécialement chez les défenestrés ou ceux qui se précipitent d’un lieu élevé, la consommation du cannabis. Est-ce la dépression nerveuse qui pousse au suicide ou l’effet physiologique du produit sur le cerveau qui donne la mortelle illusion de pouvoir s’envoler ? Conclusion : Que faire en matière de prévention pour endiguer la montée en puissance de la consommation chez les jeunes ? Un Observatoire du suicide et de sa prévention, dont la création a été annoncée lors de la 10ème journée Nationale de Prévention du suicide le 4 février 2006, devrait permettre de mieux appréhender les questions que pose la problématique suicidaire et de développer une meilleure connaissance, entre autres, des liens de cause à effet entre le produit et le passage à l’acte suicidaire. REPRESENTATION DU CANNABIS DANS UNE POPULATION DE JEUNES ADULTES HOSPITALISES DANS UNE UNITE SPECIFIQUE DE PRISE EN CHARGE DE LA CRISE SUICIDAIRE H. Constanty, D. Bourguet, E. Courty, D. Alexei, I. Jalenques Dans le cadre de notre travail à l’unité PASS-AJE prenant en charge de jeunes adultes en crise suicidaires (suicidants ou suicidaires), nous avons choisi de nous intéresser à la représentation qu’ont ces jeunes patients du cannabis. Pour cela, nous leur avons fait passer à leur entrée et à leur sortie de l’hôpital 3 questionnaires d’évaluation concernant l’usage nocif de cannabis en regroupant secondairement certains items de ces 3 questionnaires validés afin de faire ressortir le caractère autothérapeutique de leur consommation. Les résultats de cette étude, bien que portant sur un faible nombre de sujets et peu étendue dans le temps, nous ont toutefois permis d’orienter notre prise en charge vers un discours moins « moralisateur » qu’ouvert sur un questionnement personnel du sujet sur la relation entre sa souffrance psychique et sa consommation de cannabis. Atelier n° 2 : PROFIL DU SUICIDANT Modérateur : Prof. Gisselmann Profil psychologique de vingt suicidants inclus dans une recherche clinique longitudinale : évaluation multidimensionnelle de la personnalité et diagnostique psychiatrique à 6 mois E. THIEMARD, A.MONNIN C.H.U de Besançon Tentatives de suicide : existe-t-il un profil du suicidant ? Résultats préliminaires d’une enquête rétrospective de 159 patients I. MOURIC , J-P KAHN C.H.U de Nancy, Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique Evolution du nombre de gestes suicidaires pris en charge au C.H.U de Caen. Mise en perspective en terme de formations et d’actions furturs F. CHASTANG, F. CHEVASSON C.H.U de Caen Urgences Psychiatriques Impact d’une consultation de post-urgence sur le taux de récidive suicidaire : une étude pilote N. MORAGUES, F. DUBOIS-CARMAGNAT, F. BOUYSSY, J. CANO, M. FILLATRE, P. GAILLARD, V. CAMUS C.H.R.U, Université François Rabelais, Tours Relation entre les facteurs de risque de suicide et la présence d’une crise suicidaire actuelle M. PACAUT-TRONCIN(1), S. POTAKIAN(2), J. AUSSUDRE(1), L. BEAUMONT(3), A. CUERQ(4), J-H CHAUCHAT(4), J-L TERRA(1) (1) Laboratoire de psychologie de la santé et du développement, Lyon 1 Lyon 2 (2) Département de médecine générale, Lyon 1 (3) Département qualité et sécurité, C.H le Vinatier, Lyon (4) Laboratoire ERIC université, Lyon 2 XXXVIIIèmes Journées du Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide. Palais des Congrès de Dijon, les 21, 22, 23 septembre 2006. « La crise suicidaire : quelles formations pour quelles interventions ? » PROFIL PSYCHOLOGIQUE DE VINGT SUICIDANTS INCLUS DANS UNE RECHERCHE CLINIQUE LONGITUDINALE : EVALUATION MULTIDIMENSIONNELLE DE LA PERSONNALITE ET DIAGNOSTIQUE PSYCHIATRIQUE A 6 MOIS. ¹Thiémard E, ¹Monnin A, ²Monnet E, ¹Vandel P, ³Nezelof S, ³Bizouard P, ¹Sechter D, ¹Haffen E. ¹Service de psychiatrie de l’Adulte – CHU de Besançon, ²Département de Santé Publique et service d’Hépatologie – CHU de Besançon, ³Service de Psychiatrie Infanto-Juvenile- CHU de Besançon. Les caractéristiques de la personnalité et les pathologies psychiatriques constituent des données cliniques primordiales dans la recherche de facteurs liées au risque de gestes suicidaires et de leur récidive. Dans le cadre du Programme Hospitalier de Recherche Clinique que nous menons depuis deux années au CHU de Besançon (25) sur l’ensemble de la région de Franche-Comté (« Effets des facteurs psychosociaux et génétiques sur le devenir à un an des suicidants pris en charge dans les services d’accueil d’urgence »), nous avons suivi en deux temps, à six mois d’intervalle, une vingtaine de suicidants. Par une évaluation psychiatrique (M.I.N.I) et une étude multiphasique de la personnalité (SCID II et inventaire NEO PI-R), nous disposons de données cliniques larges et spécifiques pour un profil du fonctionnement psychologique des suicidants avec des traits de personnalité normale comme des troubles de la personnalité en référence à la nosographie psychiatrique. L’analyse de ces deux champs – traits de personnalité et troubles psychiatriques - dans leurs corrélations et leur interdépendance participe à la réflexion concernant les facteurs de risque, et l’orientation spécifique de la prise en charge des suicidants. TENTATIVES DE SUICIDE : EXISTE-T-IL UN PROFIL DU SUICIDANT ? RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES D’UNE ENQUÊTE RÉTROSPECTIVE DE 159 PATIENTS. MOURIC Isabelle 1, KAHN Jean-Pierre 2 1 Chef de Clinique – Assistant. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy. PU-PH. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy (Université Henri Poincaré, Nancy 1) Hôpital Jeanne d’Arc. 54200 DOMMARTIN LES TOUL. Tel : 03-83-65-64-47 2 La prévention du suicide est une priorité de santé publique, mais si les facteurs de risque du suicide sont bien documentés, ceux relatifs aux tentatives de suicide le sont moins. Cependant, les données de la littérature internationale et nationale - que nous exposerons - concernant l’épidémiologie, les facteurs de risque, les études de devenir des suicidants montrent qu’une tentative de suicide est un facteur de risque majeur de suicide accompli ainsi que de récidive de tentative de suicide. Le service de Psychiatrie et Psychologie Clinique du CHU de Nancy a ainsi réalisé une étude rétrospective portant sur le devenir d’une cohorte de 159 patients admis dans le service des urgences du Centre Hospitalier Général de Toul ou dans le service à la suite d’une tentative de suicide entre août 2003 et mai 2005. Des données socio-démographiques, diagnostiques et relatives au contexte de l’épisode-index ont été collectées grâce à un hétéro-questionnaire. Par la suite, les patients ont été recontactés avec un recul de trois à vingt-quatre mois. Ont alors été évalués : 1) l’utilisation du dispositif de soins ; 2) l’existence d’éventuelles récidives de tentatives de suicide. Nous exposerons les premiers résultats de ce travail et les comparerons à ceux de la littérature. Ceci nous permettre de faire un certain nombre de propositions quant à des modalités de prise en charge des patients suicidants. Enfin, ce travail n’est que la première étape d’un plus vaste projet d’étude prospective dont nous donnerons les principaux objectifs. . EVOLUTION DU NOMBRE DE GESTES SUICIDAIRES PRIS EN CHARGE AU CHU DE CAEN. MISE EN PERSPECTIVE EN TERME DE FORMATIONS ET D’ACTIONS FUTURS F. CHASTANG (1), F. CHEVASSON (2) (1) Praticien Hospitalier, UF Urgences psychiatriques, CHU Caen (2) Assistante, UF Urgences psychiatriques, CHU Caen La Basse-Normandie est une des régions de France les plus touchées par la problématique suicidaire, et c’est à ce titre qu’a été initié de 1995 à 2000 un Programme Régional de Santé sur ce thème, avec mise en place de structure d’accueil hospitalière et de consultation axées sur la prévention des conduites suicidaires des jeunes. Une évaluation de l’évolution du nombre de gestes suicidaires admis au niveau du CHU de Caen, principale porte d’entrée des urgences de l’agglomération caennaise, a été réalisé de 1991 à 2004, en mettant en perspective les années suivantes : 1991, 1995 (début du PRS), 2000 (fin du PRS), et 2004, pour les tranches d’âge 15-34 ans, 35-44 ans, 45-64 ans et plus de 65 ans. Les résultats mettent en évidence une augmentation régulière des tentatives de suicides admises au CHU de Caen (n = 1074 en 1991, n = 1604 en 2004). Les chiffres demeurent hauts et stables chez les 15-34 ans, qui représentent entre 63 et 50% des suicidants. Les conduites suicidaires admises au CHU augmentent également chez les 35-44 ans (n = 232 en 1991 ; n = 389 en 2004). C’est chez les 45-64 ans que l’augmentation est la plus importante, avec des chiffres passant de 124 en 1991 à 383 en 2004, la proportion de cette tranche d’âge au sein des tentatives de suicide étant de 11% en 1991, et de 24% en 2004. Ces constats ouvrent plusieurs pistes de réflexion. Sans doute l’augmentation du nombre des conduites suicidaires peut-elle s’expliquer en partie par une orientation plus systématique vers un circuit de soins. La vigilance particulière introduite auprès des jeunes grâce au PRS suicide a probablement permis de contrôler la constante augmentation des conduites suicidaires constatée sur cette tranche d’âge. Il n’en demeure qu’une attention spécifique doit être apportée aux autres tranches d’âge, et notamment aux 45-64 ans, qui ont vu leur nombre de conduites suicidaires croître de façon importante, multiplié par 3, tant chez les femmes que chez les hommes. Sans doute sera-t-il utile d’améliorer la détection de la dépression sur cette tranche d’âge et d’y intégrer les particularités de la crise de milieu de vie, tant dans le domaine individuel, familial que professionnel. IMPACT D'UNE CONSULTATION DE POST-URGENCE SUR LE TAUX DE RECIVICE SUICIDAIRE: UNE ETUDE PILOTE. Moraguès N; Dubois-Carmagnat F; Bouyssy F; Cano J; Fillatre M; Gaillard P; Camus,V. Clinique Psychiatrique Universitaire - Urgences psychiatriques; CHRU de TOURS & Université François Rabelais, Tours. Contexte: Avec 11000 décès par an, le suicide représente un problème majeur de santé publique en France. La région Centre se situe parmi les régions dont le taux de suicide est le plus élevé( 7000 tentatives de suicide par an environ). Le fait d’avoir déjà fait un geste suicidaire est un facteur de risque majeur de décès par suicide. L'une des mesure préventive du décès par suicide est donc la prise en charge spécifique des suicidants. L’ANAES souligne toutefois que les modalités de prise en charge des sucidants doivent être évaluées en terme d'efficacité, en particulier sur leur capacité à diminuer le risque de récidive du geste suicidaire et le risque de décès par suicide. Objectif: Evaluer l’impact sur les récidives suicidaires et sur le parcours de soins, d’un protocole d’intervention brève de type interaction-intervention de crise auprès de patients suicidants recrutés dans l'unité urgences-crise de psychiatrie du CHRU de Tours. Méthode: Etude rétrospective et naturalistique de 44 patients admis aux urgences pour tentative de suicide comparant le devenir de 21 patients ré-adressés sur leur secteur de soins versus 23 patients revus par l’équipe initiale en post-crise. La consultation de post-crise consistait en une série de consultations sur le modèle de l'interaction-intervention de crise. Résultats: Les caractéristiques sociaux-démographiques des deux groupes sont comparables. Il n'y a pas de différence significative en terme de récidives suicidaires entre les deux groupes. Discussion et conclusion: Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la négativité des résultats: faible effectif; critères de sélection des suicidants revus par l’équipe des urgences. La mise en évidence d'une efficacité d'une protocole d'intervention précoce auprès de patients suicidants nécessite probablement d'être réalisée sur un groupe de patients plus homogène en terme de risque, par exemple des primo-suicidants, ou des suicidants ayant une comorbidité avérée et documentée sur l'axe II. RELATION ENTRE LES FACTEURS DE RISQUE DE SUICIDE ET LA PRESENCE D’UNE CRISE SUICIDAIRE ACTUELLE Pacaut Troncin Michèle 1, Potakian Stéphane 2, Aussudre Julie 1, Beaumont Laurent 3, Cuerq Anne 4, Chauchat Jean-Hugues 4, Terra Jean-Louis 1 1 Laboratoire de psychologie de la santé et du développement Lyon 1 Lyon 2 (EA3729). CH le Vinatier 95 boulevard Pinel 69500 Bron 2 Département de médecine générale Lyon 1 3 Département qualité et sécurité, CH le Vinatier 4 Laboratoire ERIC université Lyon 2 RESUME : INTRODUCTION : Les professionnels de psychiatrie doivent repérer les patients les plus à risque de suicide et surtout celles qui sont actuellement en crise suicidaire. Une étude menée auprès de 250 patients nous permet de disposer pour chacun des facteurs de risque de suicide et de la présence ou non d’une crise suicidaire. Dans quelle mesure un risque de suicide élevé doit encore plus inciter à l’exploration d’idéations suicidaires ? Existe-t-il un lien entre le nombre de facteurs de risque et la présence actuelle d’une crise suicidaire ? Certains facteurs de risque sont ils plus associés à la présence d’une crise actuelle ? METHODE : Dans le secteur 69G12 du CH Le Vinatier, un échantillon a été constitué en incluant 4 sous groupes représentatifs des différentes situations cliniques intra ou extra hospitalières. Après entretien clinique individuel, une grille de recueil de données était renseignée, comportant les différents éléments du potentiel suicidaire d’après la conférence de consensus de 2000 portant sur la crise suicidaire. RESULTATS : 82 des 250 personnes de l’échantillon global, soit 32,8% sont en crise suicidaire. Le degré d’urgence suicidaire est presque toujours faible. Il existe une relation statistiquement significative entre le nombre de facteurs de risque et l’existence d’une crise suicidaire actuelle (cf courbe et tableau). Certains facteurs de risque sont significativement associés à la présence d’une crise suicidaire actuelle : - globalement : désespoir, séparation-perte des liens-deuils, dépression, difficultés économiques persistantes, mauvaise estime de soi, isolement social et affectif, victimisation-harcèlement moral, impulsivité. chez la personne déprimée, en plus des 2 premiers cités, l’impulsivité et les antécédents de tentative de suicide chez les parents DISCUSSION : Cette évaluation s’intègre facilement dans l’activité clinique quotidienne et montre qu’un tiers des patients présente une crise suicidaire, chez lesquels existe un lien statistique significatif avec le nombre de facteurs de risque. % cumulé des patients qui sont "En Crise Suicidaire", selon le nombre de facteurs de risque décélés à l'entretien % c u mu lé de s "En C ris e Su icid 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 Nombre de Facteurs de Risque à l'Entretien Fréquence des crises suicidaires en fonction du nombre de facteurs de risque de suicide identifiés [0 - 2] 7% 93% 17% [3 - 5] 83% 28% [6 - 8] 72% 42% [9 - 11] En crise 58% Pas en crise 41% [12 - 14] [15 - 17] 59% 56% 44% 100% [18 - 20] 0% 20% 40% 60% 80% 100% Atelier n° 3 : INTERVENTIONS DE CRISE Modérateur : Doct. C.Omnes Crise suicidaire : Quelle approche cognitive ? B. TEFAHI Service hospitalo-universitaire de psychiatrie, Annaba (Algérie) De la place du concept de crise chez les soignants M. LUSTMAN U.N.P.S, Paris Questionnement solutionniste face à la crise suicidaire W. MARTINEAU, V. LAGREE C.H.U de Nantes Un autre mode de résolution de la crise psychique ? A-M TRONCHE, M. VILLEMEYRE-PLANE, G. BROUSSE, P-M LLORCA C.H.U de Clermont-Ferrand, Hôpital Gabriel Montpied La place des émotions dans l’abord de la crise suicidaire E. GRANIER, I. BORDAT Unité d’accueil des urgences psychiatriques, Avignon, C.H de Montfavet Complémentarité de l’intervention de crise et de la référence analytique dans la prise en charge d’un adulte suicidaire E. GONTIER Membre du Réseau VIES 37 Crise suicidaire : Quelle approche cognitive ? Auteur : DR TEFAHI BANI EHS A.ER RAZI. ANNABA ( ALGERIE ) Résumé : La crise suicidaire est un état d'insuffisance des moyens de défense et de vulnérabilité qui place le sujet en situation de souffrance et de rupture d'équilibre relationnel avec lui même et son environnement , s'accompagnant d'idées suicidaires intentionnelles avec des manifestations de crise psychique. L'approche cognitive de la crise suicidaire consiste à faire prendre conscience au sujet des effets nocifs des croyances irrationnelles qui accompagnent sa dépression et facilite son amélioration afin d'affronter par pallier les situations qui lui paraisse insurmontables. Nous illustrerons notre intervention par un cas clinique pour discuter tous les paramètres qui nous semble importants dans la prise en charge de la crise suicidaire par une approche cognitive. Mots clés : Crise suicidaire, Dépression , Prise en charge , Approche cognitive DE LA PLACE DU CONCEPT DE CRISE CHEZ LES SOIGNANTS. Lustman, Matthieu Médecin généraliste / Sociologue/ U.N.P.S. 148/150 rue Saint Maur, Paris 750011 Fondée sur l’étude « Evaluation des stratégies de prise en charge des suicidants » (ANAES) et la formation de généralistes à la crise suicidaire, cette intervention s’inscrit dans une perspective d’évaluation et de réflexion du soignant sur sa pratique. Comprendre l’évolution de la prise en charge du suicide ne se résume pas au savoir clinique, mais implique aussi d’analyser la manière dont se transforment le savoir et les pratiques. Le champs sémantique de la suicidologie a évolué, au concept de tentative de suicide (TS) et de suicide, se substitue le concept de crise suicidaire. Quelle réalité exacte recouvre cette modification ? S’agit-il d’une évolution du savoir clinique ou d’une transformation plus profonde ? L’épidémiologie apporte une réponse : 140.000 TS / 4 millions de crises suicidaires. A cette évolution font écho les nouvelles théories psychiatriques : le suicide, longtemps considéré comme conséquence fatale d’une pathologie mentale, devient, avec la notion de crise, une « rupture dans l’existence d’un être vivant résultant d’une perturbation du système de régulation » (Vedrinne, Conférence de Consensus 2000) Dans le 1er cas la thérapeutique est simple : traiter une maladie. Dans le 2eme, il s’agit de prendre en charge « l’insaisissable et le protéiforme » qui relève d’une approche multidisciplinaire. En quoi l’apparition du concept de crise suicidaire transforme t-elle le regard et les pratiques des soignants ? Jadis le suicide était radicalement séparé de la TS, le premier appartenait au registre médical, la seconde à la vie privée des personnes. L’évolution des techniques de réanimation et du savoir a rapproché les deux entités. Il ne suffit plus de faire « un lavage gastrique », le soignant doit proposer un suivi. Cela ne va pas de soi, de nombreuses questions se posent : comment prendre en charge tout en respectant l’autonomie ? Jusqu’où s’impliquer ? Comment construire l’alliance thérapeutique ? Quelle place pour la famille ? Avec le concept de crise suicidaire le soignant se retrouve confronté aux limites de son rôle : obligé de prendre en charge une entité hybride qui relève autant de la prise en charge médicale que de l’implication dans la vie privée. Le concept de crise suicidaire impose d’agir sur un nouveau type de population et de souffrance, sans base scientifique complètement définie : cela pose les questions de légitimité et de limite de l’action. QUESTIONNEMENT SOLUTIONNISTE FACE A LA CRISE SUICIDAIRE Dr Wilfrid MARTINEAU, C.H.U. Nantes, Dr Virginie LAGREE, C.H.U. Nantes. La crise suicidaire touche l’ensemble des composantes de la vie de relation du sujet. L’accès à ses ressources momentanément empêché met le sujet dans une situation d’impasse, dans laquelle il n’a plus la possibilité de choisir. Saisir la crise, c’est en comprendre le sens et la raison du point de vue du patient. Avant tout, le thérapeute doit créer l’alliance thérapeutique, base de toute relation d’aide, en validant les émotions du patient, ses paroles, ses choix, en respectant ses valeurs, ses croyances. Ensuite, il s’agit de lui permettre une restauration psychique suffisante afin non seulement d’affronter la situation de crise mais aussi, si possible, d’acquérir les moyens de faire face à d’autres situations susceptibles de le déstabiliser. Pour cela, le thérapeute peut utiliser un questionnement dit « solutionniste » centré sur les ressources et l’anticipation, afin d’aider le sujet à sortir de la crise en lui offrant un éventail de choix plus large et ainsi lui restituer un certain pouvoir sur sa situation, en lui permettant de construire un objectif.. La sortie de la crise correspond à une restauration des choix et celle-ci ne peut se faire sans un début de restauration de la confiance en soi. UN AUTRE MODE DE RESOLUTION DE LA CRISE PSYCHIQUE ? TRONCHE AM, VILLEMEYRE-PLANE M, BROUSSE G, LLORCA PM CMP B - CHU de Clermont-Ferrand, Hôpital Gabriel Montpied, 58 rue Montalembert, BP69 – 63003 Clermont-Ferrand Cedex 1. La crise se définit comme la rupture de l’équilibre de fonctionnement de personnalité d’un individu. Les mécanismes de défense habituellement mis en œuvre se trouvent dépassés et l’appareil psychique ne peut plus s’adapter à la réalité. L’issue peut être favorable ou défavorable. La conduite suicidaire est un des modes de résolution de la crise. Les troubles psychiatriques (dépression et troubles anxieux principalement) et les évènements de vie ont un rôle dans l’incidence du suicide mais ce lien est peu spécifique : seule un petite minorité des patients présentant des troubles psychiatriques font une tentative de suicide. A l’inverse, le risque suicidaire existe aussi chez les patients indemnes de pathologie psychiatrique. La notion d’antécédent de tentative de suicide est le facteur de risque le plus prédictif. Le fonctionnement individuel joue donc un rôle central dans la conduite suicidaire. Ainsi, dans certaines situations dramatiques où l’on pourrait facilement craindre un passage à l’acte suicidaire, la crise prend fin différemment. Nous souhaitons illustrer ce propos à travers le cas d’une jeune femme ayant commis un néonaticide. Après un déni de grossesse total, elle accouche seule à terme au domicile de ses parents et a tué son enfant dans un accès de violence extrême. Elle a une amnésie complète du meurtre. Après son séjour en gynécologie, elle est orientée en psychiatrie pour surveillance d’un éventuel effondrement thymique et du risque suicidaire. Aucun élément n’a été retrouvé dans ce sens au cours de l’hospitalisation et après plusieurs mois de suivi ambulatoire. Elle ne présentait pas de trouble psychiatrique avéré. En raison de son mode de fonctionnement particulier, elle s’est probablement « protégée » et ne peut ressentir de culpabilité par rapport à son geste. Ainsi, la mise en place de mécanismes de défense à type de déni et de clivage peut être impliquée dans un autre mode pathologique de résolution de la crise. LA PLACE DES EMOTIONS DANS L’ABORD DE LA CRISE SUICIDAIRE Emmanuel Granier, Psychiatre, Unité d’Accueil des Urgences Psychiatriques Hôpital Henri Duffaut 305 rue Raoul Follereau 84 902 AVIGNON Isabelle Bordat Cadre Supérieur de Santé Secteur II 2 avenue de la pinède 84 140 MONTFAVET Les émotions occupent une place prépondérante dans la crise suicidaire : − émotions souvent négatives et submergeantes de la personne en crise, ou parfois absence totale d’émotions paralysant le contact, − émotions de tristesse, d’angoisse, de douleur ou parfois d’agressivité de l’entourage, − émotions d’inquiétude, de bouleversement voire d’épuisement du thérapeute, − émotions souvent mises à distance chez les « spectateurs externes » à la crise. Cependant la gestion de la crise est souvent ciblée essentiellement sur le comportement ou sur l’action : « que faut-il faire ? », ainsi que sur les pensées et la rationalisation : « pourquoi a-t-il ou a-t-elle fait cela, qu’est-ce que cela veut dire ? ». Les aspects émotionnels ne répondant pas immédiatement à une ou l’autre de ces deux questions, ils sont souvent relativement négligés. Une meilleure connaissance et prise en compte de tous ces phénomènes émotionnels permettrait de les intégrer dans les gestions des crises suicidaires (que ce soit en prévention primaire, secondaire et tertiaire) et d’améliorer celles-ci, à la fois à des niveaux individuel, institutionnel ou même social. De nombreux exemples seront donnés. COMPLEMENTARITE DE L’INTERVENTION DE CRISE ET DE LA REFERENCE ANALYTIQUE DANS LA PRISE EN CHARGE D’UN ADULTE SUICIDAIRE Elisabeth Gontier, psychologue, membre du Réseau VIES 37 Il s’agit ici de la prise en charge en urgence d’un patient suicidant par une psychologue d’orientation analytique. Le patient adressé a formulé à un tiers son projet de se suicider le surlendemain avec une arme à feu qu’il détient, pour l’anniversaire du jour où sa compagne l’a quitté. Le Risque est moyen : homme, 38 ans, séparé, enfance difficile, accumulation d’événements de vie, forte dépression sur une personnalité vraisemblablement état-limite. L’Urgence est élevée : suicide planifié à 48 h, moyen déjà choisi, ralentissement, souffrance omniprésente. La Dangerosité est forte : arme à feu directement accessible. Cette triple évaluation (Seguin et Terra) est indispensable pour décider de l’orientation de ce patient et pour argumenter son admission dans un service de psychiatrie. La référence aux concepts de la psychanalyse éclaire sur le Risque : notions de relation d’objet, d’anaclitisme, de perte de l’objet Idéal atteignant l’Idéal du Moi (Freud, Jean Bergeret, Michel Hanus). Le désamorçage de crise (Seguin et Terra) vise à : aborder et valider les émotions, aborder directement les intentions suicidaires, se centrer sur l’événement déclenchant de la crise, offrir des alternatives au suicide, ici, hospitalisation puis psychothérapie. Le suicide est une pathologie du lien : désaffiliation à une société anomique, troubles précoces dans l’introjection d’un objet protecteur puis dans l’ identification à une imago paternelle suffisamment bonne, difficulté à « jouer » avec une pensée créative (Freud, Mélanie Klein, Winnicott). Pour le psychologue-psychanalyste, le désamorçage de la crise s’appuiera aussi sur une tentative très précoce pour réaffilier le patient à l’humanité en redonnant du sens à son acte : il s’agira de lui montrer qu’il existe une possibilité d’instaurer des liens de pensée entre son comportement autodestructeur et les éléments signifiants de son histoire. L’intervention de crise, outil pour la survie du patient mis à disposition du psychologue, n’interdit pas qu’une référence analytique concomitante enrichisse l’évaluation du Risque et le désamorçage de la crise. A ceci près : pas de neutralité bienveillante envers le suicide ! Atelier n° 4 : CRISE SUICIDAIRE ET MILIEU SCOLAIRE Modérateur : Doct. JJ.Chavagnat La postvention en milieu scolaire, une nouvelle logique d’intervention F. ROY, M. SEGUIN Direction de santé publique de la Montérégie, Département de psychoéducation et de psychologie de l’université du Québec en Outaounais (Québec) Crise suicidaire et institution scolaire H. ROMANO Hôpital Henri Mondor, Cellule d’urgences Médico-Psychologique du SAMU 94, Créteil Les point-écoutes : un outil de repérage avance et gestion de la crise suicidaire en milieu scolaire V. SIMON, A. CAILLAUD APLEAT Eviter la crise suicidaire, sensibilisation en milieu scolaire P. SATET Suicide Ecoute, U.N.P.S, Paris La postvention en milieu scolaire, une nouvelle logique d’intervention Françoise Roy, M. Éd, Direction de santé publique de la Montérégie (Québec), Monique Séguin, Ph. D, Département de psychoéducation et de psychologie de l’université du Québec en Outaouais (Québec). Lorsqu’un décès par suicide survient dans un milieu, on peut observer des réactions de stress, de crise et de deuil. Lorsque ces réactions ne sont pas rapidement désamorcées, il ressort un plus grand risque de contagion. Des réactions normales de stress temporaire seront observées et seront adaptées à l’intensité de l’événement. Pour les témoins du suicide (exposés directement), un état de stress aigu peut se développer. Au-delà d’un mois, si certaines manifestations sont présentes, il pourra être question d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT). D’autres personnes pourront vivent une période de désespoir ou de désorganisation durant laquelle ils n’auront pas les mécanismes d’adaptation nécessaires pour retrouver leur équilibre. Une augmentation de l’état de vulnérabilité pourra entraîner un état de crise ou de crise suicidaire. Pour les endeuillés, des réactions de deuil pourront se manifester dès l’annonce du décès. De plus, elles pourraient avoir besoin de soutien lors du processus de deuil (jours et mois qui suivent) ou même lorsqu’on remarquera la présence de symptômes de deuil compliqué. Après plusieurs années de recherches et de réflexions sur les mesures et programmes de postvention existants, un groupe d’experts du Québec est parvenu à un consensus sur les meilleures pratiques à adopter en postvention à la suite d’un suicide. Ce groupe recommande un changement de pratique qui s’inscrit dans un cadre d’intervention basé sur un processus décisionnel et sur l’analyse de chaque situation. Le programme est basé davantage sur le jugement clinique des intervenants que sur la mise en place d’un protocole «étape par étape». Les intervenants responsables de ces mesures doivent pouvoir développer les compétences nécessaires à l’analyse de la situation et au choix des bonnes interventions (annonce de la nouvelle, recadrage, ventilation, intervention de crise ou de crise suicidaire, intervention précoce de deuil, counseling ou thérapie de deuil, pour les bonnes personnes offertes au bon moment. Crise suicidaire et institution scolaire Hélène Romano Psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie • Cellule d’urgence Médico-Psychologique du SAMU 94 – SAMU 94 Hôpital H. Mondor 51 avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny 94000 Créteil tel. 01 45 17 95 29 Fax. 01 45 17 95 30 L’institution scolaire est régulièrement confrontée à la question du suicide. Si la confrontation à la mort est une violence psychique indicible par les bouleversements qu’elle entraîne, la confrontation à la mort d’un enfant par suicide vient révéler une violence supplémentaire, celle de la transgression ultime que représente le meurtre de soi-même. Qu’il ait lieu dans les murs de l’école ou à l’extérieur, l’impact traumatique du suicide d’un jeune élève contamine l’ensemble de l’institution scolaire : élèves, parents d’élèves, professionnels. Le suicide, s’il peut être compris comme une façon de traiter la culpabilité individuelle, peut également cristalliser la culpabilité collective : l’adolescent suicidé est alors investi comme victime émissaire, tout à la fois innocente et coupable. Le suicide s’inscrit aux frontières du traumatisme et de la mort ; se dégager de l’impact de cette horreur terrifiante passe par la tentative désespérée de trouver une explication et de réinscrire cet acte dans une trajectoire de vie : la quête d’élément(s) déclencheur(s) s’inscrit ainsi dès l’annonce du suicide comme une lutte défensive contre l’arbitraire. Isolement, échec scolaire, décès récent, conflit familial, déception sentimentale, appartenance à des groupuscules, révélation de violences subies, consommation de produits, autant d’éléments de compréhension qui apparaissent comme autant de facteurs d’apaisement, de réassurance psychique pour un entourage en panne d’élaboration. La clinique des jeunes suicidants témoigne ainsi du décalage entre la banalité de certains éléments déclencheurs invoqués et la dimension dramatique d’autres facteurs liés à des épisodes traumatiques antérieurs. Nous proposons de faire part de notre expérience, au sein d’une Cellule d’Urgence Médico-Psychologique, de la prise en charge de la crise suicidaire en ouvrant notre réflexion particulièrement sur trois points : - Dans quelle mesure le suicide peut-il être compris à la lumière du traumatisme ? - Quelle(s) répercussion(s) un tel événement va-t-il avoir sur les élèves et les professionnels de l’institution scolaire ? - Quelles sont les modalités d’intervention et les spécificités d’intervention d’urgence médico-psychologique auprès des personnes impliquées ? les Point-ecoutes : un outil de Repérage avance et gestion de la crise suicidaire en milieu scolaire SIMON Valérie, psychologue à l’APLEAT, et CAILLAUD Aurélie, psychologue clinicienne. Dans le cadre de sa politique associative de la prévention des conduites à risques des adolescents, L’APLEAT (Association Pour L’Ecoute et l’Accueil des Toxicomanes) à mis en place, au sein même de certains lycées de l’agglomération orléanaise, des Point-Ecoutes accueillant exclusivement les élèves des établissements. Bien que ces lieux, interne aux établissements, ont un accueil généraliste en terme de problématique de l’adolescence, ils ont du s’adapter au fil du temps aux nécessités des élèves et à leur souffrance. Il s’agit avant tout de décliner les trois axes de travail de ces Point-Ecoutes avec les équipes socio-médico-éducatives des établissements scolaires : Accueil individuel et évaluation sous anonymat et confidentialité Mutualisation des compétences et formation des équipes des lycées afin d’apporter une réponse adaptée et pluridisciplinaire au jeune et/ou à sa famille Actions collectives de prévention de la crise suicidaire au sein des établissements Puis, au travers d’un cas clinique, il sera présenté la gestion d’une crise suicidaire dune élève au sein d’un lycée. Il s’agit d’articuler l’action du Point-Ecoute avec le travail en réseau interne et externe, tout en tenant compte de la formation « Personnes ressources » (organisée par la DRASS) et en exposant les outils utilisés (« l’entonnoir » et le RUD). Il est intéressant de préciser que la plupart des formations initiales de certains professionnels de l’éducation national ne prédisposent pas à la gestion de ces situations de crise. En sus, rappelons que si l’établissement scolaire est le lieu le plus souvent fréquenté par les adolescents dans leur semaine, ce n’est pas un lieu de soin. Ceci pointe toute la complexité à la fois du repérage et de la mise en place d’une réponse adaptée afin d’éviter le passage à l’acte suicidaire. Enfin ils sera abordé le travail en partenariat existant sur Orléans, avec une succincte présentation du « Réseau 45 de l’adolescence », un outil de réflexion, de coopération et d’élaboration d’un dispositif pour prendre en charge la crise suicidaire des adolescents. EVITER LA CRISE SUICIDAIRE SENSIBILISATION EN MILIEU SCOLAIRE Pierre SATET Président d’Honneur de SUICIDE ECOUTE Vice Président de l’UNPS Cinq associations, membres de l’UNPS, habituées à effectuer des interventions en milieu scolaire ont créé un groupe de travail pour confronter et mutualiser leurs pratiques. Dans un premier temps, elles ont travaillé sur les interventions de sensibilisation, à savoir celles qui peuvent être effectuées par des bénévoles, les interventions de crise étant du ressort des professionnels. Il en est ressorti un certain nombre de règles : 1. Nécessité d’un entretien préalable approfondi (fut-il téléphonique), afin de préciser le souhait du demandeur, de vérifier qu’il s’agit bien d’un établissement « vierge » de tout drame, d’établir la forme d’intervention (journée forum, succession d’interventions sur des thèmes divers…). Cela se passera-t-il en heures de cours ou en extra (avantages de l’un et de l’autre). 2. Etablir et signer une convention précisant tous ces points. 3. Fixer une rémunération. 4. Tenter d’impliquer l’ensemble de la communauté scolaire : élèves, professeurs…. Voire parents d’élèves. 5. Prévoir une durée de 2 heures minimum. 6. Mener un programme en quatre points : • situer rapidement le phénomène, • traiter des idées reçues, • faire découvrir les signes d’alerte, • faire découvrir comment aider (ce qu’on peut faire, ce qu’il ne faut pas faire), Le tout en style non directif : dialogue, questions/réponses. 7. Ne pas accepter d’adulte (professeur ou autre) dans le groupe, afin que les élèves soient libres de leurs propos. 8. Prévoir du temps pour des élèves éventuellement repérés en difficulté et avoir une ou des personnes ressources dans l’établissement. 9. Laisser des documents (textes, adresses, téléphones). 10. Effectuer une triple évaluation : • par l’autorité demanderesse, • par les élèves (individuellement) • par les animateurs. Constatations après plusieurs interventions pluri associatives : • le sujet fait encore peur à l’administration, • les adolescents sont très intéressés et posent beaucoup de questions, • il y a une grande méconnaissance du phénomène • il y a encore beaucoup d’idées reçues. -=-=-=-=-=-=- Atelier n° 5 : URGENCES ET CRISE Modérateur : Doct. JC.Chauvet Evolution actuelle dans la prise en charge somatique des intoxications médicamenteuses volontaires (IMV) D. HONNART, C. SCHAEFER, A. MAJBRI, C. FOURNIER, L. BOIDRON C.H.U, Service Régional d’Accueil des Urgences, Dijon Démence et suicide du sujet âgé : une approche psychopathologique C. DUFRESNE, J. HUGUARD, J-C MONFORT, G. MASSE Hôpital Sainte Anne, Paris, C.H.S de la Chartreuse, Dijon Dépression du post-partum et risque suicidaire A. RICHARD, J-M PINOIT, G. PERRIOT, B. BONIN, A. GISSELMANN C.H.S de Sevrey, Châlon sur Saône, C.H.U de Dijon Grossesse et périnatalité Articulation des soins dans un service d’urgences psychiatriques C. LE COQ, A. NELVA, L. NEZIRI, S. VETOIS, C. MASSOUBRE C.H.U, Hôpital Bellevue, Service d’urgences psychiatriques, Saint Etienne Tentative de suicide et suicide chez les patients porteurs d’un défibrillateur cardiaque implantable N. JAAFARI(1), N. LAFAY(1), A. AMIEL(2), C. PAILLARD(1), M. HUMEAU, J-L SENON(1) (1) C.H Henri Laborit, C.H.R.U La Miletrie, Service hospitalo-universitaire de psychiatrie et de psychologie médicale, Poitiers (2) Pôle cœur Poumon, C.H.R.U la Miletrie, Poitiers Prévention du suicide lors des interventions des CUMP P. LOUVILLE Hôpital Corentin Celton, Service de psychiatrie universitaire, Issy les Moulineaux AFORCUMP, Société Française de psychotraumatologie Evolution actuelle dans la prise en charge somatique des intoxications médicamenteuses volontaires (IMV). D. HONNART, C. SCHAEFER, A. MAJBRI, C FOURNIER, L BOIDRON Service Régional d’Accueil des Urgences CHU de DIJON 21 033 Dijon Cédex [email protected] La prise en charge des IMV commence par le SAMU qui reçoit l’appel. L’interrogatoire du médecin régulateur détecte les cas graves ou potentiellement graves (cardiotropes, tricycliques, antipaludéens…) entraînant l’envoi d’une équipe SMUR qui entreprend les gestes d’urgence et fait admettre le patient directement en réanimation. Des intoxications autrefois gravissimes ont vu leur pronostic transformé par le recours précoce à des techniques de circulation extra-corporelle temporaire. Les malades moins graves sont adressés dans les structures des urgences, souvent encombrées avec des délais d’attente importants ; un médecin coordonnateur, et l’admission immédiate en Salle d’Accueil des Urgences Vitales des suicidants permet la détection rapide des malades potentiellement graves (respect des délais pour une épuration éventuelle), une gestion rapide dans les intoxications simples, avec orientation vers l’Unité d’Hospitalisation de Courte Durée (UHCD). La prise en charge somatique s’est simplifiée devant la bénignité des IMV par benzodiazépines et nouveaux antidépresseurs. Les techniques d’épuration digestive sont rarement nécessaires, de même que les prélèvements toxicologiques, la voie veineuse ou l’électrocardiogramme. Cependant, cette banalisation apparente ne doit pas diminuer la vigilance de l’urgentiste : un interrogatoire poussé et un examen clinique attentif restent de mise pour éviter un décès indu. Deux nouvelles difficultés se dressent sur le parcours de ces malades : la loi du 4 mars 2002 et le manque de lit d’aval. La loi Kouchner impose d’obtenir le consentement du malade et le contexte suicidaire n’échappe pas complètement au cadre de la loi, surtout si le malade est conscient. Une attente peut alors être responsable du décès par dépassement des délais de mise en route du traitement toxicologique. Quant aux lits d’aval, l’UHCD n’est pas toujours disponible et se pose alors l’orientation dans un service non adapté ou une prolongation du séjour aux urgences avec le risque de fugue. Enfin, une prévention systématique des complications thrombo-emboliques est de mise au delà de 12-24 heures d’alitement, car elles ne sont pas exceptionnelles. Une protocolisation des prises en charge est nécessaire pour répondre avec pertinence aux difficultés rencontrées. DÉMENCE ET SUICIDE PSYCHOPATHOLOGIQUE DU SUJET AGÉ : UNE APPROCHE Cécile DUFRESNE(1), Jacques HUGARD(2), Jean Claude MONFORT(1), Gérard MASSE(1) Le suicide et les pathologies dégénératives démentielles sont deux problèmes de santé publique particulièrement préoccupants, ayant une forte prévalence dans la population âgée. Les relations entre démences et suicide sont paradoxalement peu étudiées, notamment au plan épidémiologique, contrairement aux relations entre démences et dépression qui rassemblent une littérature considérable. Par des illustrations cliniques, nous avons cherché à positionner le passage à l’acte suicidaire chez le dément à travers différentes approches éthiopathogéniques. Cette question du passage à l’acte suicidaire dans la pathologie démentielle nous a conduit à nous interroger sur la question de la souffrance dans la vie psychique du dément et ainsi de replacer notre travail de psychiatre à ses côtés. (1) Unité intersectorielle de psychogériatrie, service du Docteur MASSE, Hôital Sainte Anne, 1 rue Cabanis 75014 PARIS (2) Service du docteur Capitain, CHS La Chartreuse, 1 boulevard Chanoine Kir 21000 DIJON Titre : DEPRESSION DU POST-PARTUM ET RISQUE SUICIDAIRE Auteurs : A Richard*, JM Pinoit**, G Perriot***, B Bonin****, A Gisselmann**** * : interne en psychiatrie, CHS Sevrey. ** : PH, Psychiatrie, CHU Dijon. *** : PH, Psychiatrie, CHS Sevrey. **** : PU-PH, Psychiatrie, CHU Dijon. Résumé : La dépression du post-partum est un important problème de santé publique, touchant à la fois la mère et l’enfant, et ayant ainsi des répercussions sur le développement de ce dernier. Dans la grande majorité des cas, la dépression survient durant les quatre semaines suivant la naissance et atteint sa plus grande intensité durant les six premiers mois. Les récentes études montrent que le risque suicidaire est moins important durant la grossesse et le post-partum que dans la population générale de sexe féminin. Cependant, le suicide représente plus de 20% des décès survenant dans le post-partum. Par ailleurs, plusieurs auteurs insistent sur l’importance de pouvoir disposer d’un outil de dépistage et en décrivent l’utilisation. Après une revue de la littérature, à partir d’un cas clinique, les auteurs développent la clinique de la dépression du post-partum, l’intérêt de son dépistage et centrent leur discussion sur l’éventualité possible d’un acte suicidaire. Ils postulent que l’utilisation des outils référencés et l’action conjointe des équipes médicales (psychiatres, pédiatres, obstétriciens, sage-femmes…) pourraient aboutir à une meilleure prévention de l’acte suicidaire. Mots-clés : Dépression, post-partum, suicide, dépistage GROSSESSE ET PERINATALITE Articulation des soins dans un service d’urgences psychiatriques LE COQ Catherine – NELVA Agnès – NEZIRI Lafdia – VETOIS Sophie – MASSOUBRE Catherine Service d’Urgence Psychiatrique – Hôpital Bellevue – CHU Saint Etienne Le temps de la grossesse et de la périnatalité constitue pour le père la mère et l’enfant en devenir, une étape de réorganisation psychique. Cette période peut favoriser une certaine vulnérabilité à l’origine de la survenue ou de la décompensation d’une pathologique psychiatrique. Dans notre service d’urgences, nous accueillons régulièrement des femmes enceintes ou en période périnatale, environ 30 à 40 cas par an . Nous nous intéressons à cette population spécifique qui nécessite une prise en charge complexe au cours de laquelle nous essayons de maintenir, si l’état clinique de la mère le permet, le lien mère enfant. Nous souhaitons constituer un recueil de données afin d’évaluer le travail réalisé autour de ces situations, d’améliorer leur accueil, leur prise en charge et leur orientation. Depuis janvier 2005, nous répertorions toutes les femmes enceintes, dès le diagnostic de grossesse, en incluant les interruptions de grossesse, et en limitant la période post natale à la première année de l’enfant. Nous recueillons les données concernant la mère, son histoire médicale, familiale, sociale, le déroulement de la grossesse, de l’accouchement, du post-partum, et les données concernant l’enfant, son état clinique, son développement psychomoteur et son entourage parental et familial. Les données concernant la pathologique psychiatrique de la mère sont obtenues à partir du dossier de soin du service. On retrouve les motifs de consultation et d’hospitalisation d’une population non spécifique tels que tentative de suicide, état dépressif, angoisse psychotique, état maniaque, agitation, décompensation ou apparition d’une pathologie psychiatrique connue. Dans le premier temps de l’urgence, le traitement instauré, le cadre et la prise en charge globale de la patiente font l’objet d’une réflexion d’équipe. Puis, nous tentons d’établir rapidement des contacts avec l’entourage familial, social, médical afin d’une part d’affiner le diagnostic et d’autre part d’évaluer la contenance de l’environnement. A partir de toutes les données recueillies, notre objectif actuel est d’élargir les liens existant avec les différents partenaires du soin : médecins et paramédicaux, hospitaliers et libéraux, PMI, services sociaux, associations de parents et de professionnels de santé afin de consolider la prise en charge ultérieure. Tentative de suicide et suicide chez les patients porteurs d’un défibrillateur cardiaque implantable N.Jaafari*, N. Lafay* N, A. Amiel**, C. Paillard*, M. Humeau*, . J.L.Senon* *Service hospitalo-universitaire de psychiatrie et de psychologie médical. CHRU La Miletrie, Centre hospitalier Henri Laborit Poitiers ** Pole cœur poumon CHRU La Miletrie Poitiers Le défibrillateur cardiaque implantable est devenu l’arme absolue contre la mort subite d’origine cardiaque dans le cadre d’une arythmie ventriculaire. Son efficacité a été prouvée par différentes études, elle a été validée par la conférence de consensus française en prévention primaire et secondaire. Etude: Nous travaillons sur ce sujet depuis 6 ans, dans le cadre de la psychiatrie de liaison. Sur 200 patients implantés depuis 2001, nous avons noté 4 suicides et 4 tentatives de suicide. Ce qui représente 2% de suicide ou de TS dans notre échantillon. Caractéristiques cliniques de notre échantillon de 200 patients : 30% de femmes 70% d’hommes, le moyen d’âge est 56,6 ±13,9 ans. 71,4% présentent une cardiopathie ischémique et 28,6% une cardiopathie non ischémique. 57,1% n’ont pas d’antécédent psychiatrique, 37% ont fait une dépression dans les 4 ans précédant la pose de défibrillateur et 5,7% sont psychotiques. Les 4 patients qui se sont suicidés, sont des hommes. Le passage à l’acte a été réalisé par les médicaments (digitaliques), par une arme, par pendaison et par immolation. Les TS sont de type : le refus de changer le défibrillateur, en sachant qu’en absence de l’appareil le risque de mourir par arrêt cardiaque est très élevé, de prendre des risques inhabituel par exemple la plongé sous marine, de continuer de conduire la voiture malgré 3 chocs reçus et enfin utilisation d’un aiment pour arrêter le fonctionnement du l’appareil. L’anxiété et la dépression sont significativement plus élevées parmi les patients consultant en cardiologie pour la pose d’un défibrillateur que dans la population générale. Le taux des troubles médico-psychologique est de 63% pendant la première année. Troubles adaptatifs, panique avec agoraphobie et anxiété généralisée augmentent significativement chez les patients pendant les six premiers mois puis ils diminuent à un an. Un épisode dépressif majeur est rapporté chez 20% des patients à un an. La qualité de vie des patients est altérée pendant les six premiers mois puis elle s’améliore à un an. Les deux dimensions touchées sont l’activité professionnelle et sexuelle. Cette altération da la qualité de vie est en rapport avec les pathologies psychiatriques apparaissant après la pose de défibrillateur. Elle est significativement de meilleure qualité chez les patients avec un conjoint et/ou un enfant. Elle est altérée chez les patients recevant plus de cinq chocs.. Le fait étonnant c’est que tous les patients qui ont reçu un ou plusieurs chocs avaient fait une dépression l’année précédente la pose de l’ICD. Une prise en charge psychiatrique (psychothérapie et psychotrope) permet une amélioration de la qualité de vie de 57%. Conclusion : La mort subite est un défi pour le cardiologue, elle l’est devenue pour le psychiatre depuis l’apparition de l’ICD. Implanter un défibrillateur cardiaque à un patient, c’est lui imposer une menace du choc, ne pas prendre en charge sa qualité de vie c’est une erreur. Nous somme à la limite d’une technique très efficace qui est probablement à son maximum, le prix à payer est un prix psychique, certes transitoire (un an) mais il peut coûté la vie du patient. Nous conseillons un suivi psychiatrique après la pose d’un ICD. XXXVIIIèmes Journées du GEPS Prévention du suicide lors des interventions des CUMP LOUVILLE Patrice Psychiatre des hôpitaux, AFORCUMP - Société Française de Psychotraumatologie AP-HP, hôpital Corentin Celton, service de psychiatrie universitaire 4, parvis Corentin Celton Ville : Issy-les-Moulineaux Code postal : 92133 Les catastrophes sont des événements imprévus qui associent la mise en danger d’un grand nombre de personnes, des destructions de géographie humaine plus ou moins étendues et une désorganisation du fonctionnement de la société. Les victimes de catastrophes ont été confrontées à un événement traumatogène, impliquant une menace vitale ou la mort de proches, mais sont aussi sinistrées, ayant subi la perte brutale de leurs biens matériels, de leur habitation et des repères environnementaux habituels. Les conséquences psychiques des catastrophes les plus souvent retrouvées sont des syndromes psychotraumatiques, des dépressions, des abus de substance, des deuils multiples ou traumatiques. Plusieurs études ont montré une augmentation parfois dramatique des conduites suicidaires dans les suites d’une catastrophe. Les interventions psychosociales dans les suites des catastrophes sont encore peu évaluées mais font l’objet de recommandations au niveau international. En France, les cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) interviennent depuis 1995 sur le terrain des événements majeurs et prennent en charge les victimes psychiques pendant la période post-immédiate. La formation nationale actuellement organisée pour les nouvelles équipes de CUMP, suite à la circulaire du 20 mai 2003, permet de sensibiliser les intervenants aux modalités mais aussi aux limites de ces interventions, dont les objectifs sont la prise en charge des manifestations majeures du stress et la prévention des troubles post-traumatiques, y compris des conduites suicidaires. Atelier n° 6 : CRISE SUICIDAIRE ET IDENTITE Modérateur : Doct E.Courty Quels sont les (vrais) objectifs de l’évaluation du patient suicidant aux urgences ? A. MATHUR, D. MORIZET, L. SCHMITT C.H.U de Toulouse, Service de Psychiatrie et de psychologie médicale Le plus petit dénominateur commun à une tentative de suicide : un corps ou un soma ? A BOUHLAL C.H.G de Longjumeau, S.A.U psychiatrie Personnalité et identité professionnelle : à propos de tentatives de suicide chez un gendarme O. LEVY , C. WIOT, P. LORIOT, G. BIGEON C.H.S la Chartreuse, Dijon ; C.H.S. de Sevrey, Châlon-sur-Saône Les tentatives de suicide et milieu institutionnel B. SEMOUANE, O. RIHANE Hôpital Central de l’Armée, Alger (Algérie) QUELS SONT LES (VRAIS) OBJECTIFS DE L’EVALUATION DU PATIENT SUICIDANT AUX URGENCES ? A.,Mathur, D. Morizet L. Schmitt Service de Psychiatrie et de Psychologie Médicale Casselardit, CHU Toulouse Trop souvent l’évaluation du patient qui a fait une tentative de suicide se réduit à l’évaluation du risque suicidaire. Les conditions de travail aux Urgences (contraintes temporelles en particulier) expliquent en partie cet état de faits. La revue de la littérature démontre bien que, sauf exception, chez les patients les plus graves (mélancoliques par exemple), le risque suicidaire est très difficile à déterminer, même pour cette population à haut risque. Selon l’état des connaissances sur les facteurs de risque du suicide et les caractéristiques des patients qui ont fait des tentatives de suicide, l’évaluation doit intégrer un nombre important de paramètres. La rencontre avec les suicidants est l’occasion de poser un diagnostic, donc de dépister éventuellement une pathologie, surtout chez les adolescents, de faire entrer le patient dans un système de soins, d’informer les familles et les patients sur les troubles et les facteurs de risque suicidaires. Les vrais objectifs de l’évaluation du patient suicidant seront définis à travers une revue de la littérature et les recommandations des sociétés savantes. LE PLUS PETIT DENOMINATEUR COMMUN A UNE TENTATIVE DE SUICIDE : UN CORPS OU UN SOMA ? Docteur Ahmed BOUHLAL S.A.U. psychiatrie (91G06) Centre hospitalier général de Longjumeau (91164) L’assertion à laquelle est souvent confronté le psychiatre aux urgences de l’hôpital général : « l’examen somatique est normal, c’est à vous de voir.. ». Il s’agit souvent, implicitement, d’une invitation à autoriser la sortie d’un patient admis pour tentative d’autolyse. A une époque où le principe de précaution semble l’emporter, où le risque zéro demeure vaillant, nous assistons à une sorte de « confusion des corps » lorsque la confusion des langues semble l’autoriser. Littéralement on n’invente pas le corps. Pour faire quelque chose, même mourir, il faut posséder un corps. Qu’en est-il de la parole aux urgences. « Au commencement était la parole… ». Qu’est ce qu’il en reste aujourd’hui ? L’indispensable à tout acte dans l’expérience humaine, fut-il suicidaire, est le corps. D’où l’on vient et quelle que soit la destination, on a tendance à y laisser quelque chose, même si la mémoire défaille ou que l’histoire tressaille ; mais on emporte toujours son corps… L’entreprise suicidaire semble imposer une séparation, une sécession, voire un meurtre. Qui attaque qui ? Nécessairement, pour opposer, il faut séparer… Le patient est-il confronté à son propre corps, ou s’agit-il d’une sorte de démantèlement qui se déroule dans un ailleurs qui échappe, impliquant l’irréfragable corps et le « prétentieux » soma ? S’agit-il d’une séquestration dans un intérieur ou une exclusion d’une adresse, connue ? Quoi penser de : « l’examen somatique est normal », alors qu’il s’agissait d’une patiente paraplégique, suite à une défénestration. De quel soma il s’agit ? Depuis qu’il « parle » le soma est devenu corps, donc capable de mentir…Mais à qui ? Personnalité et identité professionnelle : à propos de tentatives de suicide chez un gendarme. O.Levy, C.Wiot, Doct. P.Loriot , Doct. Bigeon CHS Sevrey (71) Ce travail porte sur les tentatives de suicide d’un gendarme de 35 ans. Il mettait en avant les difficultés rencontrées dans l’exercice de sa profession, ce qui peut interroger sur le rôle que son identité professionnelle pouvait avoir sur sa personnalité. En effet, l’identité professionnelle n’est qu’une composante de l’identité d’un individu, qui peut également se définir par rapport à sa famille, à sa fonction sociale, ou groupale. Chacune de ces fonctions peut prendre une place plus ou moins prépondérante. Dans le cas de ce patient, il semble que son identité professionnelle ait occulté entièrement le reste de sa personnalité. Le patient, atteint dans son « honneur » par une sanction disciplinaire, décrivait un effondrement anaclitique, avec passage à l’acte suicidaire : dans un premier temps le patient s’est volontairement intoxiqué avec des médicaments, et a été hospitalisé. Suite à sa sortie de clinique, il s’est alcoolisé, et a présenté des troubles du comportement ayant nécessité l’intervention des forces de l’ordre et son placement en « hospitalisation d’office » au CHS de Sevrey, où il est resté plusieurs semaines. Ce second passage à l’acte pourrait être un équivalent suicidaire, le patient ayant alerté lui-même les secours, en affirmant être armé et avoir tué son épouse et ses enfants, ce qui était faux. La place importante, voire exclusive, que ses ennuis professionnels ont prise, pointe un rapport le rapport complexe qui peut exister entre la personnalité d’un individu et son identité. LES TENTATIVES DE SUICIDES ET MILIEU INSTITUTIONNEL Pr B. SEMAOUNE, Dr O. RIHANE Hôpital Central de l’Armée ALGER Le suicide est un phénomène universel, mais demeure toujours un tabou social : il est souvent dévié, minimisé, condamné. Son appréciation est donc variable, d'autant plus lorsqu'il survient dans une collectivité humaine tel une institution militaire où le secret, la loyauté et la stabilité organisationnelle sont de règles, mettant alors en avant la résistance, voir l’échec d'un projet à visées différentes; ou soit de l'insuffisance lorsqu'il y a rencontre des deux (02) carences : individuelle et institutionnelle. L’Algérie pays jeune et de jeunes où le service militaire est un passage obligatoire dans la vie du citoyen qu'il soit dans un mode choisi ou imposé, ajouter à cela les contraintes de ce dernier, l’impulsivité, imprévisibilité et l’ampleur de tel acte. Nous pouvons dire que le lien des suicides avec la pénibilité des conditions de travail est loin d'être établi. Laisser croire, d'une part, que l’armée est particulièrement exposée au suicide et que, d'autre part, les conditions d'exercice de cette profession en sont la cause, est strictement fallacieux. Si les enjeux du débat sont relativement clairs (désigner d'éventuels effets suicidogènes des conditions de travail peut donner un support à certaines revendications professionnelles), en revanche la validité scientifique des arguments reste incertaine. Elle l'est d'autant plus que cette discussion survient dans un vide empirique et théorique relatif. Il n'existe en effet aucune étude Algérienne sur le suicide du militaire (et même du policier) et les données statistiques sont très parcellaires et difficiles d'accès. Les rares travaux sur la question du suicide en milieu institutionnel que nous avons pu consulter sont anglo-saxons et posent la question délicate de la transposabilité des observations dans notre pays. Cette étude n’a pas la prétention de combler ce vide mais se propose d’évaluer d'une part la tentative de suicide au service des urgences psychiatriques de l’hôpital militaire et de discuter la pertinence du lien pouvant exister entre celle-ci et les conditions de travail des militaires. Pour ce faire, nous analyserons dans un premier temps la fréquence des tentatives de suicide de notre échantillon et dans un second temps inciter une réflexion sur les conditions de travail comme éventuel facteur de risque. Atelier n° 7 : FORMATION-PREVENTION Modérateur : Doct B.Chauvot La formation au repérage à la crise suicidaire en Guadeloupe : quelles évaluations ? P. RACON, A. ACCIPE, C. JEANNELLO C.H de Montéran Guadeloupe, Conseil Général de la Guadeloupe Formation à la prévention du suicide : résistances et attentes des professionnels d’un EPSM V. DELECOURT, L. DUFEUTREL, I. DANSET, C. THEVENON E.P.S.M Lille Métropole, Armentières De l’absence d’offre de soins à un réseau de prévention organisé, L’expérience de Die autour de la formation D. POUDEVIGNE Loriol sur Drôme Suivi et évaluation des personnes formées à la prévention du suicide en Charente C.RIZET, P.RIVIERE, MJ.ROUSSEAU C.H.S. de Charente Bilan de huit ans de formations en prévention du suicide des adolescents C. RIZET Université René Descartes-Paris V, Laboratoire de psychologie clinique et psychopathologie C.H.S Camille Claudel, Unité d’accueil d’orientation et centre de crise – La Couronne Formation (s) et prévention du suicide : Les postures du formateur I. BORDAT C.H de Montfavet LA FORMATION AU REPERAGE A LA CRISE SUICIDAIRE EN GUADELOUPE: QUELLES EVALUATIONS ? Patrick Racon, psychologue clinicien, Centre hospitalier de Montéran Guadeloupe Auteurs associés : - Annick Accipe Conseil Général, Guadeloupe - Catherine Jeannello, psychologue, Guadeloupe La prévention du suicide en Guadeloupe est à ses balbutiements. Il existe un certain nombre d’actions éparses face au phénomène, mais qui garde encore un caractère inorganisé face une pathologie grandissante, notamment : - Pauvreté en matière de recherche épidémiologique et statistique - Caractère tabou du phénomène - Absence de structures prenant en charge la pathologie suicidaire. Ces indicateurs sont autant d’obstacles qui font que le suicide ne figure pas parmi les dix priorités de santé publique. Notre pratique clinique au quotidien, dans les Centres médicopsychologiques et les interpellations nombreuses sur le problème du suicide par des équipes soignantes, des bénévoles d’association, et le personnel de l’Education Nationale témoignent de la nécessité de développer des stratégies d’actions et de prévention au regard de l’ampleur du phénomène. Ainsi, notre objectif de travail s’est axé sur le postulat suivant : « Faire de la prévention, s’est parvenir à tisser des liens auprès de tout acteur sentinelle (entourage, professionnel ou bénévole) et par la même, créer un système de travail en réseau ». Depuis l’année 2002, suite à notre participation à la formation « Repérage à la crise suicidaire » dispensée par M. Seguin et Pr J.L. Terra, nous avons principalement orienté notre stratégie dans le domaine de la formation et de l’information, tant en hôpital général, que hôpital spécialisé et à l’Education Nationale. Aujourd’hui nous souhaitons par notre modeste contribution partager avec vous l’évaluation de la formation au repérage à la crise suicidaire en GUADELOUPE et espérer que ce travail soit profitable à la communauté et qu’il puisse permettre une consolidation des réseaux d’aide. Nous attendons aussi qu’il nous conduise à affiner davantage le contenu de la formation, pour le rendre plus opérant en fonction du public. Nous sommes habité par cette profonde conviction que la prévention du suicide est l’affaire de la communauté et non des spécialistes. Toute une leçon d’humilité ! Formation à la prévention du suicide : résistances et attentes des professionnels d’un EPSM Dr Véronique DELECOURT Dr Ludovic DUFEUTREL Dr Isabelle DANSET Dr Catherine THEVENON EPSM LILLE METROPOLE (Armentières) Depuis 1999, la formation à la prévention des comportements suicidaires est largement dispensée aux professionnels sanitaires et sociaux de la ville de Tourcoing(Nord), par une équipe médicale de l’EPSM Lille Métropole (Armentières). La proposition d’extension aux 7 autres secteurs de cet établissement a suscité de nombreuses résistances au départ, si bien que cette initiative est restée embryonnaire pendant plusieurs années. En 2006, dans le contexte des attentes du Plan de Santé Mentale, des recommandations de l’OMS, et de la perspective locale de l’accréditation de l’EPSM, le sujet a été reconsidéré. Une évaluation des préoccupations et attentes des professionnels à l’égard des situations cliniques et de la formation en matière de suicide a été réalisée. Les auteurs présentent les résultats de cette action recherche et discutent de la possibilité d’évoluer vers une formation généralisée de l’ensemble des territoires de l’établissement . Pôle secrétaire/Dr THEVENON/Communication Abstract …/Congrès Dijon.doc DE L’ABSENCE D’OFFRE DE SOINS A UN RESEAU DE PREVENTION ORGANISE, L’EXPERIENCE DE DIE AUTOUR DE LA FORMATION - :- :- :Didier POUDEVIGNE 1998, 3 ados meurent par suicide. Cmp saturés, pas de psy en libéral, pas d’assistance sociale, pas de psychologue à l’hôpital de Die, pas de médecin formé. Un groupe d’habitants interpelle en vain les pouvoirs publics. 2007, l’hôpital de Die va organiser sa 5ème session de formation autour de la prévention du suicide. Les CMP sont toujours saturés, mais 40 professionnels de l’hôpital et du social sont formés et organisés en réseau de prévention du suicide. Pas de miracle, pas de moyens financiers extraordinaires mais une volonté des acteurs de devenir efficaces au travers de la formation. Animé par le Directeur de l’Espace Social et Culturel, ce réseau s’est formé autour des interventions en formation de J.L. Terra. Avec d’autres intervenants, dans différentes approches, il est intervenu sur la crise suicidaire, la récidive, les conduites d’entretien, les interventions pluridisciplinaires. Les participants aux formations travaillent pour 2/3 en milieu hospitalier, 1/3 dans l’environnement socio-éducatif. De 40 à 60 personnes suivent les formations dont 1/3 travaille à Die. Ces formations privilégient la pluridisciplinarité et l’alternance entre séances plénières, participation active à un théâtre-forum, ateliers à effectif réduit et séances d’analyse de la pratique professionnelle. Les effets de cette formation annuelle se repèrent à plusieurs niveaux : - Effet de motivation : elle est évaluée comme « stimulante » (74%) et « plutôt stimulante » (26%). - Acquisition de compétences dans l’évaluation de la crise et la conduite d’entretiens. - Notoriété de l’hôpital dans le domaine du suicide. Cette formation est un programme prioritaire pour l’ANRH depuis 2004. L’hôpital a créé une PASS avec psychologoue et assistante sociale. - Prévention : le réseau fonctionne dans le repérage et l’accompagnement social, l’hôpital est le lieu de la prise en charge. Le processus de formation mis en oeuvre à Die déborde largement le cadre de la transmission de connaissances. Il crée une dynamique et des réalisations concrètes dont bénéficie la population et les professionnels. L’investissement en temps de formation est largement amorti par l’efficience du travail produit. SUIVI ET EVALUATION DES PERSONNES FORMEES A LA PREVENTION DU SUICIDE EN CHARENTE - :- :- :RIZET Clément, psychologue UAOCC, CHS de Charente, Université René Descartes Paris V. RIVIERE Patrick, coordonnateur Charente du réseau de Prévention du suicide et promotion de la santé mentale. ROUSSEAU Marie-Josée, psychiatre, chef du pôle Accueil, CHS de Charente, 16400 la Couronne. Depuis huit ans que nous formons des professionnels de toutes institutions médicales, sociales et éducatives dans le champ de la prévention du suicide, nous avons eu le souci et suivre et d’évaluer les pratiques. Des modifications et des résistances sont apparues, et nous nous proposons d’en faire part lors de ce congrès, afin, notamment d’offrir à nos collègues d’autres régions ou départements des points de comparaison et d’engager la réflexion. Tout un volet de cette évaluation porte sur les représentations que les personnes formées comme les usagers de la santé en Charente se font de l’accès au soin et aux structures préventives en Charente. Des outils classiques de formation ont été utilisés et évalués, mais aussi des outils plus originaux comme le théâtre interactif ou les forums santé. Les étudiants de l’IFSI d’Angoulême ont été impliqués dans cette démarche, et cela s’amorce avec les étudiants en psychologie et les internes en psychiatrie. Mots-clé : prévention du suicide, suivi, évaluation, représentations. BILAN DE HUIT ANS DE FORMATIONS EN PREVENTION DU SUICIDE DES ADOLESCENTS - :- :- :- RIZET Clément, psychologue Université René Descartes-Paris V – Laboratoire de Psychologie clinique et Psychopathologie UA 1512 (Pr François Marty) Unité d’Accueil, d’Orientation et Centre de Crise, CHS Camille Claudel 16400 La Couronne Intervenant comme formateur dans le cadre du Programme Régional de Santé « Prévention du suicide et de la dépression des adolescents et jeunes adultes » en Poitou-Charente depuis 1999, je souhaite témoigner de l’évolution de ces formations auprès d’un public pluridisciplinaire, sur un plan pédagogiques. En effet, la forme, les contenus et les outils utilisés lors de ces formations, incluant depuis leur mise en place des éléments de la formation à la Crise suicidaire (modèle du Pr Monique Séguin), se sont modifiés en fonction de divers facteurs. Je souhaiterais aussi montrer en quoi le feed-back fourni par les stagiaires donne des renseignements très utiles sur la façon dont la prise en charge des jeunes suicidants se fait et évolue dans l’ensemble d’une région. L’évaluation par une sociologue mandatée par la DRASS (Melle Sarah Dujoncquoy) a également permis de confirmer ou de remodeler certaines options pédagogiques. Il m’a semblé qu’un tel bilan peut apporter d’utiles éléments dans la comparaison avec d’une part mon expérience comme formateur de formateurs (Formation Terra-Séguin) en Ile-de-France, d’autre part l’expérience des congressistes. Mots-Clé : Formation, prévention du suicide, adolescents, pédagogie, évaluation. FORMATION(S) ET PREVENTION DU SUICIDE : Les postures du formateur Isabelle BORDAT Cadre Supérieur de Santé Centre Hospitalier 2, Avenue de la Pinède 84140 MONTFAVET Le travail de prévention du suicide peut amener à intervenir dans différentes situations de formation, parmi lesquelles : - les formations à l’intervention de crise suicidaire (sur le modèle national de développement d’un réseau de personnes ressources) - un travail sous forme d’ateliers (repérage des facteurs de risque, accompagnement des familles endeuillées, prise en charge des personnes suicidaires…) - un travail auprès d’une troupe d’artistes pratiquant le forum-théâtre notamment en milieu scolaire auprès d’adolescents Dans toutes ces situations de formation, de transmission d’un savoir clinique ou procédural, le formateur rencontre différentes contraintes parmi lesquelles : - la commande institutionnelle : l’intervention s’inscrit dans une organisation sociale, une institution, une politique de santé. Cette donnée de départ « formate » la situation d’apprentissage, vécue communément comme une valorisation de l’individu en formation en tant que sujet. Mais il existe une part d’assujettissement liée à la situation particulière donnée à l’institution, dans une nécessité d’adaptation. - l’organisation des situations d’apprentissage : la part de l’activité des personnes en formation, et celle des conditions de cette formation qui pourront plus ou moins influencer, faciliter, accélérer ou freiner le processus de construction d’un savoir. Même si l’objectif demeure le même, il n’existe pas un chemin unique pour tous. - les modèles et les références théoriques : ils servent à la compréhension des pratiques tout comme une mappemonde peut aider à comprendre le monde, mais la mappemonde n’est pas le monde ! L’analyse de la situation de formation permet d’agir en toute lucidité : le savoir que l’on veut transmettre est-il extérieur au sujet ? Est-ce le sujet lui-même qui construit sa connaissance ? Les interactions entre le sujet et son environnement permettent elles la construction d’un savoir ? - Enfin, quelle(s) définition(s) donnons nous à l’apprentissage ? Il s’agit à la fois du processus d’acquisition et du résultat recherché. L’apprentissage n’est pas la simple acquisition mais appropriation des savoirs, transformation, altération d’une certaine façon : travail en profondeur sur des représentations. Au delà de ces contraintes la situation de formation est également une « terra incognita » qui revêt des paramètres non maîtrisables, et relève d’une rencontre réelle entre les différents protagonistes. Ici, le formateur devient un « passeur » (en référence à J.J. Bonniol, fondateur des sciences de l’éducation) capable d’accueillir ce qui vient, d’éclairer un chemin sur lequel chacun va dévoiler, révéler une part de vérité et faire sien le savoir ainsi mis en commun. De ce point de vue, c’est la trace qui perdurera dans le temps. 10h45 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI Adolescence et crise suicidaire Présidents : Doct. A. Liebschutz (Dijon), Doct. J.-J. Chavagnat (Poitiers) Crise suicidaire à l’adolescence et mouvements institutionnels Doct. S. Nezelof, Service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Hôpital St Jacques, CHU de Besançon Crise et paroxysme chez l’adolescent limite : logique du désespoir et délire de chagrin Doct. M. Corcos, Service de psychiatrie de l'adolescent, Institut Mutualiste Montsouris, Paris Suicide et problématique narcissique : A partir de l’Ajax de Sophocle Doct. J.-P. Marnier, Service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Hôpital d’Enfants, CHU de Dijon CRISE ET PAROXYSME CHEZ L’ADOLESCENT LIMITE : LOGIQUE DU DESESPOIR ET DELIRE DE CHAGRIN Doct. M.Corcos Les états d’angoisse aigus qu’éprouvent les adolescents font rapidement place à des états paranoïaques aigus avec vécu persécutif intense, bien sûr centrés sur les objets les plus investis…les parents. Aussi ils surchargent !…L’appétence objectale exacerbée de ses adolescents, générée par la fragilité de leurs assises narcissiques, colore monstrueusement leur contenu fantasmatique qui génère des auto-représentations de soi et des autres monstrueuses et in fine des symptômes monstrueux. Et là difficile de dire si il s’agit d’un tempérament pulsionnel primaire, exacerbé chez l’enfant (facteur constitutionnel), ou si nous sommes face à un déséquilibre interne lié à l’absence de réponse de l’objet, déséquilibre à l’origine des conflits et des tensions qui prennent le visage de l’épreuve de force. Bien sûr, accepter les projections de l’adolescent n’aboutirait qu’à leur conférer un surplus de réalité ! mais ne pas reconnaître le désarroi qui les meut et le fait que leurs fantasmes essaient avant tout d’amadouer leurs délires de chagrin ! Je veux donc ici mettre essentiellement en exergue les effets d’une excitation libre car non accordée, rythmiquement, pulsionnellement, affectivement, émotionnellement par l’objet, et la difficulté majeure pour l’enfant de contrôler cette excitation, qui reste, contrairement à la psychose, organisée dans des congloméras d’affects et de pré-représentations, mais qui n’aboutit pas à une construction plus sécure dans des émotions et des sentiments teintés d’ambivalence comme dans la névrose, évitant le clivage bon-mauvais objet et ses conséquences passionnelles. Or, c’est bien cette capacité que l’excitation puisse devenir émotion, puis représentation affective c'est-à-dire sentiment, qui permet le contrôle de soi et évite le passage à l’acte contre soi ou l’autre. Cette excitation non liée ayant naturellement tendance soit à se retourner contre le sujet, à rebrousser autoérotiquement puis mécaniquement dans le corps, soit à s’expulser agressivement vers l’objet. C’est d’avoir été libidinalisé, accordé rythmiquement, affectivé, nommé aussi bien sûr, qui permet à l’enfant l’accès à une humanité et à un certain jugement de valeur de soi et des autres en ce qu’il lui permet de reconnaître, les émotions en soi et en l’autre, et dès lors de tolérer et non détruire l’humanité en l’autre. Car dans cette question de la régulation des émotions, il y a à la fois l’impossibilité pour le sujet de reconnaître ses émotions lorsqu’elles en restent à des états primaires enchâssées dans le corps ou avortées quant à leur possible émergence psychique, mais aussi l’incapacité de pouvoir lire celles de l’autre. Ainsi on demande aux adolescents dans l’agir, un impossible recul dans la réflexion, alors qu’ils n’en ont même pas, pour certains d’entre eux, la possibilité dans l’émotion. Cette absence de possibilité de recul en eux, où ils rencontreraient et/ou se coltineraient avec bien sûr ce témoin intérieur et ce tuteur, cet objet interne suffisamment bon, fait qu’ils perçoivent, ressentent tout à vif, tout à cru, et sont à cran. Ils sont à la fois à l’affût et aux aguets. Ils nous persécutent car ils sont persécutés, prisonniers d’une dialectique morbide, réactivée par le processus pubertaire : insuffisance- autosuffisance. Ils sont enfermés, pour le dire de manière plus clinique, dans un vécu sensitif, paranoïaque, voire , pour certains , paranoïde du fait d’un éprouvé permanent de menace sur leur identité. Ils éprouvent, dans tout commerce objectal, pulsionnellement ou affectivement sollicitant, une ré-expérience de détresse agonistique et de carence de symbolisation primaire (ne peuvent rien dire de l’orage pulsionnel avant qu’il ne les foudroie…Désespoir de ne pas savoir ce qui les désespère…les désespèce aurait dit Didier Anzieu). Le sens c’est pour ceux qui vont suffisamment bien. La relation émotionnelle perturbée génère pour les autres dans l’échange, un ébranlement du sens, voire une anarchie du sens et ce surtout si l’émetteur fait montre d’humanité…une humanité qu’ils ne reconnaissent pas, et qu’ils vont rejeter au nom de leur fidélité à leurs expériences négatives primaires. Il leur importe moins d’être névrotiquement heureux ,tirés vers le haut ou il y a de la lumière et de la raison ,que d’être d’abord perçus…dans la continuité de leurs expériences primaires. Dans leur continuité d’existence fut-elle morbide. Leur agressivité n’est sous-tendue par aucun fantasme mortifère[1]…elle est en une prise directe avec l’excitation libre. Le quantitatif secrète le qualitatif comme le corps secrète l’âme…les rêves, les pensées, les fantasmes qui sont marqués par ces excès de fureur…de vivre. Et non de mort. Ce qui meut, agis, pense même, l’adolescent, et de fait le passivise (roc biologique et ou compulsion de répétition), c’est de « la matière première psychique brute «, non liée, non accordée, non contenue-parexcitée. C’est le ça, ou pour le mieux des conglomérats d’affects bruts et de pré-représentations (pas les festivités du ça, non mais ce qu’il y a de plus impersonnel en nous). Le ça qui dépersonnalise, donne ce vécu d’étrangeté fait d’inquiétante familiarité. Eprouvé trop connu et reconnu de la crainte de l’effondrement. C’est cette dépersonnalisation qui brise le sentiment de continuité (c’est un processus interne, plus que lié à la discontinuité de présence de l’objet d’investissement) - et/ou la fonction du jugement statuant sur l’existence de l’objet dedans dehors, avant que ne naisse la capacité d’identification à autrui. C’est cette félure-brisure qui fait achopper le développement de la conscience réflexive. Au total : pas de régulation des affects et des pensées ; pas d’accès à la symbolisation et au sentiment ; Vécu parano et refus de l’aide de l’autre ; ACTE délinquant (rupture du lien). [1] Le péril jeune ne menace pas la société et la société ne tue pas ses enfants. POSTERS Etude de l’environnement familial des adolescents suicidants MARCOU J.*, BENONY H.**, MARNIER JP.***, BONIN B.**** * Interne de psychiatrie au C.H.U de Dijon, ** Professeur de psychologie, Université de Bourgogne, LPCS de Dijon, *** Praticien Hospitalier dans le service d’adopsychiatrie du C.H.U de Dijon, **** Professeur de psychiatrie dans le service de psychiatrie adulte et d’addictologie du C.H.U de Dijon. Résumé : Notre travail est une recherche portant sur l’étude d’une population de parents d’adolescents suicidants. Nous avons considéré deux populations : un groupe de parents d’adolescents primosuicidants (groupe P), et un groupe de parents d’adolescents suicidants récidivants (groupe R), avec l’objectif principal de montrer que la dynamique familiale des parents d’adolescents suicidants récidivants, est plus perturbée, que celle des parents d’adolescents primosuicidants. Pour rendre compte de la dynamique familiale, nous avons choisi d’évaluer les symptômes psychopathologiques, l’attachement, le fonctionnement familial, et les évènements anamnestiques des parents d’adolescents suicidants. Les résultats, malgré leur faible significativité, montrent que les parents du groupe R présentent plus de symptômes psychopathologiques et possèdent des styles d’attachement plus fréquemment préoccupés et craintifs (modèle de soi négatif) que les parents du groupe P. En revanche, ils possèdent, contrairement à nos hypothèses, plus fréquemment un fonctionnement familial équilibré que les parents du groupe P, peut-être en lien avec des remaniements familiaux à l’occasion de TS antérieures. Cette étude souligne la nécessité, après une première TS, d’évaluer et de prendre en charge l’adolescent et ses parents, dans le but de mobiliser les capacités de réaménagement de la dynamique familiale et ainsi prévenir les récidives. Mots-clefs : Adolescent / tentative de suicide / récidive / famille / parents / psychopathologie / attachement / fonctionnement familial / évènements anamnestiques. TITRE : STYLES PRIMITIFS DE DEFENSE ET APPROCHE DIMENSIONNELLE DE LA PERSONNALITE BORDERLINE CHEZ DES ADOLESCENTES SUICIDANTES HOSPITALISEES AUTEURS: R. GARROUTY3, E. MASSABIE2, J. P. MARNIER1, 2, H. BENONY1, P. ZMUDZINSKI1, M. FUCHET1, M. BRENOT2 1 Université de Bourgogne, LPCS EA 3658, Dijon, Psychiatrie de l’Adolescent, 3 CHU de Dijon. 2 CHU de Dijon, Hôpital d’enfants, Unité de RESUMES Objectif : L’objectif de cette recherche est d’étudier les corrélations entre les styles primitifs de défense et les dimensions de la personnalité borderline chez des adolescentes hospitalisées suicidantes. L’hypothèse avancée est que l'aspect dimensionnel de la personnalité Borderline au SIDP-IV est associé au clivage, à l’identification projective, à l’omnipotence, à la projection, au déni et à l’idéalisation primitive au DSQ88. Méthodologie : Du 1er octobre 2005 au 26 juin 2006, sur 135 adolescents hospitalisés (CHU de Dijon, Unité d’Adopsychiatrie), 50 étaient parasuicidants. Après l’entretien d’entrée, un bilan psychiatrique et psychologique leur a été systématiquement proposé. Il était composé du Mini DSM IV, du SIDP-IV, du SCL-90, du DSQ88, du DEQ, du test de Rorschach et du TAT. Nous ne traiterons ici que les résultats au SIDP-IV et au DSQ88. Après exclusion de 8 sujets de sexe masculin, 1 refus, 8 dossiers incomplets, 33 sujets féminins âgés de 14 à 18 ans (âge moyen=15.00 ans ± 1.28) ont été inclus. Le mode de passage à l’acte suicidaire majoritaire est le recours aux médicaments (N=31), viennent ensuite la défenestration (N=1) et la phlébotomie (N=1). 31 adolescents (94%) poursuivent leur scolarité au sein du cursus ordinaire. Les analyses statistiques ont utilisé le test r de Pearson. Résultats : Les analyses statistiques sont en cours. LA MORT PAR SUICIDE DE GAËTAN GATIAN DE CLERAMBAULT PINOIT JM, BESSE P, GRILLET C, BENONY H, BONIN B, GISSELMANN A Service de Psychiatrie et d’Addictologie CHU Dijon L’aliéniste Gaëtan Gatian de Clerambault est connu pour ses définitions de l’automatisme mental, ses travaux sur l’érotomanie et ses certificats d’internement à l’Infirmerie du Dépôt de Paris. Ses études à propos des tissus, des soieries et ses talents de photographe du drapé participent également à sa célébrité. Les auteurs rappellent le décès par suicide, à l’âge de 62 ans, de ce psychiatre confronté à une perte de la vision, ce qui les fait associer sur les statistiques actuelles des suicides concernant les médecins, en particulier les psychiatres. ADOLESCENCE, SUICIDE et ANTIDEPRESSEURS PINOIT JM, BESSE P,SALVE A, CHAUVET-GELINIER JC, CHARAHOUI K, BONIN B, GISSELMANN A L’ Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé précise en 2004 qu’environ 40 000 enfants et adolescents sont traités en France chaque année par antidépresseur pour un état dépressif. Plusieurs études non seulement ne démontrent pas l’efficacité des antidépresseurs Inhibiteurs de la Recapture de la Sérotonine dans ces indications mais évoquent même une augmentation du risque suicidaire. La prescription de ces antidépresseurs est devenue déconseillée pour le traitement de la dépression chez les patients âgés de moins de 18 ans. De manière assez étonnante, tout récemment, l’ Agence Européenne du Médicament recommande d’étendre l’indication de la fluoxétine au traitement des épisodes dépressifs majeurs d’intensité modérée à sévère chez les enfants âgés de 8 ans ou plus. Les auteurs reprennent l’évolution de ces recommandations et proposent une mise au point actuelle. LA TENTATIVE DE SUICIDE MOTIF D’HOSPITALISATION ROMANESCU S, PINOIT JM, BESSE P, PONAVOY E, BONIN B, GISSELMANN A Les auteurs décrivent, sur une période d’un an, les caractéristiques d’une population de patients hospitalisés dans le service de Psychiatrie et d’ Addictologie du CHU de Dijon à l’issue d’un geste suicidaire. Certains éléments cliniques mais aussi biologiques apparaissent intéressants à considérer dans les cas d’ingestions médicamenteuses volontaires en particulier pour améliorer la sécurité des premiers soins de ces patients. LA CONTINUITE DES SOINS DES SUICIDANTS Docteurs PARIS P.C., FERRIC O., FERRANT N et l’équipe du CAC. CHG de Dreux, Service de PSYCHIATRIE, 28 G 04 Hôpital Victor JOUSSELIN 44 Avenue du Président-KENNEDY, BP 69, 28102 DREUX Cedex. Un des enjeux majeurs de la prise en charge hospitalière des personnes ayant fait une tentative de suicide (TS) est de prévenir la rechute ou la récidive suicidaire. A partir des données de plusieurs tours d’évaluation (méthode de l’audit clniqure ciblé) sur des groupes de 30 sujets, nous pouvons présenter les résultats de l’évaluation clinique des suicidants, de l’analyse de leur environnement, de l’orientation et des conditions de sortie après un séjour au Centre d’Accueil et de Crise (CAC) de psychiatrie. Cette étude pointe surtout des problèmes de suivi de la population des suicidants. Elle conduit à mettre en place des actions destinées à mieux préparer leur sortie et à assurer une meilleure traçabilité des soins proposés en ambulatoire. Elle amène à envisager, dans le cadre de l’organisation sectorielle, les principaux facteurs institutionnels et d’organisation des soins à bien prendre en compte dans la prévention du suicide. Alors que les passages à l’acte font partie de l’évolution des troubles psychiatriques majeurs, elle permet de discuter les éléments de prophylaxie de la rechute à promouvoir non seulement dans des protocoles de prise en charge mais aussi dans les formations spécifiques destinées aux personnes ressources qui s’impliquent volontairement dans les programmes régionaux de santé. LA REGULATION DES APPELS PSYCHIATRIQUES AU SAMU-CENTRE 15 DU CHU DE ROUEN A. Baguelin Pinaud, M.Décreau, B.Dureuil et F.Thibaut A. Baguelin Pinaud, interne CHU Rouen F. Thibaut, service Hospitalo-universitaire de Psychiatrie, INSERM U614, CHU Charles Nicolle et centre hospitalier du Rouvray Rouen B. Dureuil et M.Décreau SAMU, Département d’Anesthésie et de Réanimation, CHU Charles Nicolle Rouen Objectifs : Il s’agit de décrire et d’évaluer la régulation des appels psychiatriques au SAMU-centre 15 du centre hospitalier universitaire de Rouen puis de réaliser des propositions en s’inspirant de l’expérience d’autres SAMU-centre 15 ou de l’étranger, afin de respecter au plus près les recommandations nationales (circulaire du 30 juillet 1992, projet de plan 2005-2008 et conférence de consensus concernant la crise suicidaire). Méthode : Une étude prospective d’épidémiologie descriptive a été menée du 1ER juillet au 20 septembre 2004 au SAMU-centre 15 de Rouen. 3300 appels psychiatriques ont été étudiés. Par ailleurs, la totalité des SAMU de France ont été interrogés sur leurs pratiques. Résultats : Les appels pour motifs psychiatriques (anxiété, tentative d’autolyse médicamenteuse et non médicamenteuse, menaces suicidaires, délire, agitation, consommation d’alcool et de toxiques) représentent 11% du total (3300/29 839). L’évaluation psychiatrique recommandée par les experts n’est pas effective pour un quart des patients ayant réalisé une tentative d’autolyse et pour plus d’un tiers des patients délirants. 96% des SAMU-centre 15 français ne bénéficient pas de la présence d’un psychiatre ou d’un infirmier en psychiatrie en régulation. Les centres de Paris, Bordeaux, Créteil et Poitiers ont des pratiques innovantes. Conclusion : La présence d’un infirmier en psychiatrie en régulation permettrait d’orienter, d’informer et d’évaluer les patients en crise avant d’envisager la création d’équipes mobiles intersectorielles de psychiatrie déjà répandues aux Etats-Unis. SUICIDE:UNE APPROCHE SOCIOLOGIQUE (A PARTIR DE L'ANALYSE DE DURKHEIM) Arnaud MARCHAND, Astrid MURAT, Jean-Christophe PIQUET Emile Durkheim définit le suicide comme un fait social: une force collective qui pousse les hommes à se tuer. Ainsi il décrit 4 types de suicides: égoïste, altruiste, anomique, fataliste. Pour lui ce ne sont pas les individus qui se suicident mais la société à travers ses sociétaires. Dans sa théorie, il expose le principe d'intégration: la protection de l'individu face au suicide est fonction du nombre et de la profondeur des relations qu'il noue avec son milieu familial. D'un point de vue macrosociologique, il distingue 2 types de solidarités: -solidarité mécanique : l'identité sociale s'impose à chacun -solidarité organique : différence individuelle qui est valorisée, l'individu est livré à lui-même. En un siècle qu'est-ce qui a changé par rapport aux observations de Durkheim? D'autres sociologues en se basant sur les travaux de Durkheim apportent un regard novateur. En effet, la société en évolution perpétuelle nous semble peu comparable actuellement à celle du XIXe siècle: quid de l'éclatement de la cellule familiale; de la place de la femme, de la recherche de performance individuelle, l'exode rural, des modifications du cadre professionnel.... Baudelot et Establet constatent que certains des phénomènes décrits par Durkheim ont peu varié (prévalence importante pour le sexe masculin et l'âge avancé et les personnes isolées), mais d'autres se sont modifiés, notamment pour ce qui est du rapport ville/campagne. Pour certains auteurs, dans sa théorie Durkheim dénie l'aspect psychologique du suicide pour ne se référer qu'à une explication sociologique. Est-ce concevable si on admet qu'au moins 95% des suicides sont liés à un trouble mental? Cette théorie permet de reléguer au second plan la détresse des suicidaires et le sens de leur geste. En effet le suicide inquiète ; et la vision Durkheimienne permet une déculpabilisation en occultant le concept de fragilité individuelle. MISE EN RELATION DES PASSAGES A L ACTE DE L’ADOLESCENCE AVEC LES RELATIONS FAMILIALES PERCUES COMME PSYCHOLOGIQUEMENT VIOLENTES, L’ANXIETE ET LES EVENEMENTS DE VIE Mlle MIRANDO Sabrina, UFR Lettres et Sciences Humaines, Psychologie Clinique et Psychopathologique, Dijon Des vérités populaires comme « Qui ne risque rien, n’a rien », « Trop de précaution nuit » nous ont toujours rappelé que le train de la vie n’est jamais qu’une succession d’apprentissages, d’aventures et de mésaventures menant à l’expérience, certains diront à la sagesse. Dans ce parcours, il serait difficile de nier que ce sont justement les risques pris ou encourus qui nous donnent souvent l’impression d’exister, nous procurent le sentiment jubilatoire que la vie vaut la peine d’être vécue. Les mécanismes et les finalités des prises de risque sont nombreux, mais ils ne se limitent pas au seul plaisir procuré par le risque. Certes, un risque peut être pris, en toute conscience ou non, par simple curiosité, goût du risque ou espoir d’obtenir quelque chose que l’on convoite. Mais il peut aussi être pris – pour le meilleur et pour le pire – afin d’échapper à une menace ou un danger réels ou perçus comme tels, pouvant provenir tout autant de la réalité extérieur que du vécu intérieur. Cette dernière dimension me parait trop souvent négligée- dans ses aspects réels ou symboliques- lorsque l’on parle des conduites à risque en général, et à l’adolescence en particulier. Ainsi, c’est face aux nombres alarmants de passages à l’acte à l’adolescence et aux conséquences parfois irrémédiables que nous avons voulu investiguer cette problématique. Nous nous sommes donc penchés sur un nouveau paradigme (Pochard et Grassin), qui permettrait de fonder une hypothèse explicative et circulaire du passage à l’acte : « Le passage à l’acte suicidaire peut être analysé comme une utilisation par le suicidant de la violence dans l’objectif de mettre fin à des conflits relationnels, eux-mêmes vécus comme violents ». Par la même, nous avons voulu vérifier l’impact d’autres variables sur le passage à l’acte : les événements de vie et l’anxiété. Deux groupes ont été constitués : un groupe d’adolescents dans les conduites agies (TS, fugues, auto/hétéro agressivité…) et un groupe d’adolescents « tout venants ». Pour cela nous avons utilisé divers tests tels que le test d’anxiété (Spielberger), l’inventaire d’événement de vie (Guelfi) et l’inventaire des conduites parentales psychologiquement violentes (ICPPV, Gagné et al). Ainsi, nous avons pu établir, et ce de manière significative, un niveau d’anxiété chronique plus élevé, une plus grande perception parentale désorganisante et un nombre d’événements de vie supérieurs chez les adolescents dans les passages à l’acte. De plus, par cette étude nous avons voulu faire évoluer les données sur ce nouvel outil qu’est l’ICPPV. Nos résultats montrent une très forte corrélation positive entre le score total à l’ICPPV et le score d’anxiété chronique (test de Spielberger). Nous nous sommes donc engagés dans une recherche à la fois descriptive et comparative, notre objectif principal étant de pouvoir agir le mieux possible au niveau tant de la prévention que du traitement thérapeutique. RISQUE SUICIDAIRE ET PRENVENTION DU SUICIDE EN MILIEU CARCERAL.* > > *AUTEURS :* *K. GROGUENIN* (LPCS, Université de Bourgogne, Dijon), *C. PATURAL (CHSY d’Auxerre - Secteur III, Centre de Détention de Joux-la-Ville), M. PERREAU (CHSY d’Auxerre – Secteur III, Centre de Détention de Joux-la-Ville). > > > *OBJECTIF : *Eléments de réflexion quant à la détection et la prévention du risque suicidaire en milieu carcéral auprès d’une population générale de détenus, c'est-à-dire toute personne ayant commis un délit. Tout en accordant une attention particulière au vécu imposé et subi en milieu pénitentiaire, cette présentation vise en l’évaluation, au moyen d’outils cliniques, du risque suicidaire d’un détenu à un moment de son incarcération. > > *RESUME :* Le choix de présenter ce poster en milieu carcéral est, à la fois motivé par des expériences de stages et par l’expérience professionnelle des auteurs. Ce milieu paraît d’autant plus > intéressant que le taux de mortalité par suicide en prison est près de six fois supérieur à celui rencontré dans la population générale. Ici, il paraît important de penser une problématique de prise en charge et de soins. Après avoir présenté au travers de différentes vignettes ce en quoi la détention exposait au suicide, nous étayerons nos propos suivant un cas clinique rencontré en carcéralité. Les vignettes nous permettront d’aborder l’étiologie et la prévalence des conduites suicidaires, les facteurs de vulnérabilité et de protection au > suicide, les moments de détention auxquels les soignants doivent être attentifs pour prév enir le risque suicidaire, et la comorbidité avec les troubles de la personnalité. « addiction et suicide » : à propos de la prise en charge des suicidants « à répétition » aux urgences du centre hospitalier d’Auxerre . KARNYCHEFF J-F , SEETHARAMDOO H Le vécu du service de liaison du centre hospitalier d’Auxerre donnait l’impression d’un nombre important de patients fréquemment hospitalisé au cours de l’année. Une étude des cas de l’année 2005 a apporté une première information : il ne sont pas si nombreux . 4 cas . L’étude des cas portera sur un certain nombre de caractéristiques ( age, sexe, nombre de TS dans l’année, modalités suicidaire unique ou multiple et moyens, conséquences somatiques, séquelles , décès, insertion sociale, statut marital, antériorité de prise en charge en psychiatrie, diagnostic, menaces de récidive pendant l’hospitalisation,….). Les commentaires se résument dans deux axes principaux. Le diagnostic n’est pas évident avec une grande variabilité clinique pendant l’hospitalisation qui s’accompagne d’une réaction très variable de l’entourage ( demande ambivalente de soin par exemple).l’attitude des soignants est marquée par un « contre-transfert » difficile marqué par des réactions particulière ou la place de l’émotionnel est au premier plan ce qui rend difficile l’appréciation du risque suicidaire dans sa globalité ACCUEIL DES PATIENTS EN CRISE SUICIDAIRE : ELABORATION D’UN PROTOCOLE D’ACCUEIL ET DE SURVEILLANCE DES PATIENTS EN CRISE SUICIDAIRE AU SAU DE CHALON SUR SAONE. Audrey Pingaud, Stéphanie Leclercq, Dr Bijeon, Dr Loriot, Dr Leuret, Dr Vitton, Hélène Versini (Chalon /saone) Depuis 1996, le suicide est reconnu comme une des priorités nationale et régionale de Santé Publique et la France se situe parmi les 10 pays les plus concernés dans le monde. De ces constats sont nés les programmes nationaux et régionaux (10 régions inclues dont la Bourgogne) de prévention du suicide. Selon le Pr Terra, 5% des suicides auraient lieu en établissement de santé (psychiatrique et non psychiatrique) Le pluri déterminisme du suicide et la faible prédictibilité sur le plan individuel impliquent la mise en place de dispositions spécifiques, tant hospitalières que post-hospitalières ainsi que l’intervention coordonnée des différents acteurs médico-psycho-sociaux. A partir de l’exemple du fonctionnement des urgences de Chalon-Sur-Saone, nous proposons de relater la mise en place d’un protocole d’accueil des patients en crise suicidaire, ainsi que les difficultés rencontrées par les équipes. L'accueil des patients suicidants aux urgences d'un établissement de santé s'articule autour de trois temps: - une évaluation somatique : l'examen médical permet d'apaiser et d'entrer en relation - une évaluation psychologique et psychiatrique dans les 24 premières heures - une évaluation sociale C’est à partir de cette triple évaluation que se met en place la prise en charge ultérieure du patient - soit une hospitalisation dans un service adapté - soit un suivi ambulatoire par une équipe de secteur psychiatrique - soit une orientation vers un médecin psychiatre en lien avec le médecin référent Les facteurs associés à la survenue de suicide en milieu hospitalier et les signaux de danger susceptibles d'alerter sur le risque suicidaires doivent être connus et recherchés par l'équipe soignante. L'existence de moyens suicidaires facilement accessibles, la sous-estimation du risque suicidaire, l'insuffisance de communication entre médecins et infirmières, une surveillance inadéquate sont des facteurs de risque dont l'évaluation paraît indispensable. Un protocole d'accueil et de surveillance adapté, l’information et la sensibilisation des équipes soignantes sont au centre du projet. Le sentiment d'être compris, reconnu et accepté par l'intervenant, la capacité d'établir un bon contact avec la personne suicidaire ne peuvent être remplacés par une technique standardisée. Comment adapter nos convictions de soignants aux contraintes de fonctionnement d’un SAU ? CHEMINEMENT CLINIQUE DU PATIENT AUX URGENCES SELMA Toufik, Psychiatre Praticien Hospitalier – CHLMV (77) Equipe d’urgence de la Fédération de psychiatrie – CHLMV (77) A l’hôpital général de Lagny sur Marne (Seine et Marne) , les urgences psychiatriques sont situées à coté des urgences medicochirugicales et des spécialités. Par ailleurs l’hôpital est le siège de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique départementale. De ces particularités et spécificités, nous décrirons le cheminement clinique du patient en fonction de la symptomatologie qu’il présente et nous développerons l’articulation qui existe entre ces différentes entités et les intrications qui en découlent. DE L’AGRESSION SEXUELLE AUX CONDUITES SUICIDAIRES : APPROCHE PSYCHODYNAMIQUE ET COGNITIVO-COMPORTEMENTALE S.Richard-Devantoy(1), G.Auger(2), A.I.Bouyer (3), Dr B.Gohier (4), Pr J.B. Garré (5) (1) Interne DES Psychiatrie, Département de Psychiatrie et Psychologie médicale, CHU, 4 rue Larrey, 49933 Angers cedex 9. (2) Interne DES de psychiatrie, Clinique Psychiatrique Universitaire, CHRU de Tours, F-37044 Tours Cedex 1. (3) Interne DES Psychiatrie, Centre Hospitalier Hôtel Dieu, Paris (4) Praticien Hospitalier, Département de Psychiatrie et Psychologie médicale, CHU Angers (5) Professeur des Universités - Praticien Hospitalier, Département de Psychiatrie et Psychologie médicale, CHU Angers. Par leur fréquence (11% des femmes entre 20 et 69 ans sont victimes d’agressions sexuelles, et 160 000 sujets tentent de se suicider), les agressions sexuelles et les conduites suicidaires interpellent le psychiatre : existe-il un lien entre ces deux comportements ? Epidémiologiquement, l’agression sexuelle est un facteur de risque, établi et largement documenté dans la littérature, de comportements suicidaires. Notre démarche est de dégager une compréhension psychopathologique de deux conduites, le suicide et le viol, à première vue éloignées, mais qui se rejoignent pourtant sur un point : l’agressivité. Dans le viol, l’agressé subit passivement une désintégration psychique et physique. Le suicide serait-il, comme le suggère Freud, un meurtre transposé, déplacé et substitutif, un retournement centripète de la haine et de l’hostilité, un meurtre réfléchi ? Homicide de l’autre à travers soi ? Nous proposons dans ce travail d’aborder la compréhension psychopathologique des liens entre l’abus sexuel et les comportements suicidaires, et d’examiner, plus particulièrement, le traumatisme psychique, comme lien possible. Nous utiliserons successivement et comparativement un abord psychodynamique et un abord cognitivo-comportementale. Nous dégagerons les principes de prise en charge d’une victime de viol à partir de chacune de ces approches. Mots clés : Conduites suicidaires, Agressions sexuelles, Psychopathologie, Psychodynamique, Cognitivo-comportementaliste, Traumatisme psychique, Etat de Stress Post Traumatique L’ACCUEIL ET LA PRISE EN CHARGE DES SUICIDANTS AU SERVICE D’ACCUEIL ET D’URGENCE : étude descriptive des admissions et enquête de satisfaction Fanny Jacq¹, Catherine Martelli¹, Anne-Cécile Courtois¹, Jean-Claude Candé², Patrick Hardy¹ ¹Service de psychiatrie, CHU Bicêtre -APHP - Université Paris XI, Le Kremlin Bicêtre, France. ²Service de psychiatrie, secteur 94G14 CHS Paul Guiraud, Villejuif Le suicide est une priorité de santé publique en terme de pertes en vies humaines et de problèmes psychologiques et sociaux. En France, la majorité des tentatives de suicides (TS) donne lieu à un recours au système de soins. Environ 150.000 suicidants y sont pris en charge annuellement dont 137.000 sont admis aux urgences (Enquête Premutam publiée en mars 1998). Afin d’évaluer ce système de soins, depuis 1999, un projet national de prévention du suicide, notamment chez les jeunes, a été mis en place par le secrétariat d’Etat à la Santé. Dans ce cadre, l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’ Evaluation en Santé) a développé différents critères d’évaluation issus des recommandations professionnelles concernant la prise en charge des jeunes suicidants, critères qui peuvent être étendus à tout patient suicidant pris en charge à l’ hôpital. Le Service d’Accueil et d’Urgence du CHU de Bicêtre reçoit en moyenne 4.4 patients suicidants par jour et est de ce fait un terrain privilégié pour faire un état des lieux sur les pratiques cliniques actuelles de la prise en charge de ces patients. L'objectif de notre étude a été de décrire les caractéristiques individuelles et de prise en charge de l'ensemble des suicidants accueillis et/ou admis au SAU (accueil des urgences, lits-portes) et dans le service de réanimation médicale, pendant la période du 14 juin 2005 au 7 août 2005. Nous avons reçu 100 patients, (50% aux urgences, 42% aux lits- portes, 6% en réanimation médicale) d’âge moyen 35 ans, 65% de femmes, 58% de couples. Un quart d'entre eux souffraient de troubles de l’adaptation et un quart de syndrome dépressif majeur, 10% étaient schizophrènes. La TS avait, dans 75% des cas, été réalisée par intoxication médicamenteuse volontaire. L'orientation des patients avait été effectuée dans 36% des cas vers une hospitalisation, dans 30% des cas vers un CMP et dans 16% des cas vers un psychiatre de ville. Les caractéristiques de la prise en charge ont été évaluées à l'aide des 16 critères de l'ANAES. L'évaluation a été effectuée à l'aide du dossier médical et, le cas échéant, par contact téléphonique auprès du psychiatre d'urgence qui était intervenu auprès du patient concerné. Enfin, par un système de rappel téléphonique des patients 3 à 6 mois après leur prise en charge aux urgences, nous avons pu évaluer : leur devenir (récidive suicidaire, modalités de prise en charge psychiatrique effectivement mises en place), leur satisfaction quant à leur prise en charge aux urgences et leur avis quant à l’utilité d’un rappel téléphonique systématique de tout patient suicidant. CHARLIE PARKER : LES LIMITES DU GENIE CLAVE L., GARROUTY R., Doct. CHAUVET J.C., Doct. BESSE P., Prof. BONIN B., Prof. GISSELMAN A Service de Psychiatrie et d’Addictologie CHU Dijon Charlie PARKER (1920-1955) est un afro-américain originaire de Kansas City connu pour avoir révolutionné le monde de la musique et plus particulièrement celui du jazz : L’inventeur du BE-BOP, Yardbird, le génie. Plus qu’un style de musique, le Be-Bop un nouveau mode d’expression au sein d’une société où la ségrégation du peuple noir montre encore ses dents. Il s’agit d’un jazz rapide, frénétique, extrêmement rythmé et propice à l’improvisation. Mais Charlie PARKER est aussi une personne en proie à des addictions tenaces dès l’adolescence ( alcool et héroïne) dont la souffrance va conduire à deux tentatives de suicide. C’est la question de la créativité qui se pose ici dans ses rapports avec la souffrance psychique ; le génie créatif de C.PARKER pourrait s’envisager par la conjonction entre un environnement social prospère et un rapport à la musique particulier en ce qu’il permet un équilibre interne, une relation au monde fonctionnelle. Ainsi, les moments de crise dans la vie de l’artiste ne sont pas productifs ; le génie s’efface et la déstructuration psychique est de mise. Dépression, tentative de suicide et relations d’attachement M. Reynaud, K. Chahraoui K, B. Bonin, A. Gisselmann Matthieu Reynaud, Doctorant en psychologie clinique sous la direction du Professeur Khadija Chahraoui, Université de Bourgogne Khadija Chahraoui, Professeur de Psychologie Clinique, Université de Bourgogne Bernard Bonin, Professeur de Psychiatrie, Université de Bourgogne, CHU de Dijon André Gisselmann, Professeur de Psychiatrie, Université de Bourgogne, CHU de Dijon Objectif de l’étude : Nous présentons une étude de doctorat, en cours de réalisation, qui a pour objectif d’investiguer les représentations et les styles d’attachement de sujets femmes déprimées hospitalisées en Psychiatrie. Nous nous proposons de montrer que les femmes hospitalisées à la suite d’une tentative de suicide ont des représentations d’attachement plus préoccupées et moins sécurisantes que les sujets déprimés non suicidaires, aussi bien au niveau des figures parentales, que des relations conjugales et des relations interpersonnelles. Méthodologie : 30 femmes hospitalisées pour un épisode dépressif majeur ont été inclues dans notre étude, après avoir été informées de notre recherche et après avoir donné leur consentement écrit. 2 groupes ont été constitués : un groupe de patientes suicidantes (N=15) et un groupe de patientes non suicidantes (N=15). Sur le plan de la procédure, les sujets participent à un examen psychologique composé d’un entretien clinique et de plusieurs tests à T1, au début de l’hospitalisation et à T2 en fin d’hospitalisation. Les tests comprennent : 1) Les échelles de Beck et MADRS qui permettent d’évaluer l’intensité de la dépression ; 2) Le Ca-Mir (Pierrehumbert, 1996) qui permet de mettre en évidence les représentations d’attachement dans l’enfance ; 3) Le questionnaire de Perception des Relations (Bartholomew, 1994) qui distingue 4 styles d’attachement dans la perception des relations interpersonnelles, prenant en compte les modèles de soi et de l’autre : secure, évitant, détaché, désorganisé et 4) Le questionnaire des Expériences amoureuses (Shaver, 1998) qui permet d’investiguer le style d’attachement amoureux selon les 4 catégories : secure, évitant, préoccupé, détaché. Résultats : Les résultats indiquent que les représentations d’attachement que les femmes suicidantes ont de leur enfance sont marquées par davantage de pensées prises dans les souvenirs passés et les relations parentales (représentations préoccupées). Elles ont davantage de rancune à l’égard de leurs figures parentales. Elles ont des représentations d’attachement de figures parentales qui ne répondent pas à leurs demandes de sécurité affective et qui les ont privés d’espace d’intimité au cours de l’enfance. Du point de vue des relations de couple, les femmes suicidantes ont une relation au conjoint moins sécurisante que les femmes déprimées non suicidantes. En fin d’hospitalisation, l’intensité de la dépression reste significativement plus élevée chez les personnes déprimées suicidantes que chez les personnes déprimées non suicidantes. Conclusion : En conclusion, nous pensons que la tentative de suicide serait le signe d’une hyperactivation de l’attachement qui ne peut être étayé ; mais aussi d’un traumatisme parental qui a fait effraction et qui rend difficile l’élaboration psychique de l’histoire infantile, et la confiance dans une figure aimante. Cette problématique peut constituer une vulnérabilité importante de l’état dépressif associé aux conduites suicidaires.