Atelier n° 1 - Hélène Romano

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« L’effort pour se conserver est le premier et l’unique fondement de la vertu »
Baruch SPINOZA in « Ethique »
L’Homme, au cours de sa vie, connaît des crises. Certaines sont maturantes et lui
permettent d’avancer, d’autres peuvent le déstabiliser et le conduire à ce que l’on appelle une
Crise Suicidaire.
La souffrance psychique et/ou physique peut être si intense que l’idée de mort va
s’insinuer dans son esprit. Le désespoir le conduira à penser au suicide. Cette idée peut devenir
pour lui la seule issue envisagée pour sortir de cette impasse.
Ainsi, l’intervention de crise trouve toute sa place dans une telle trajectoire mortifère.
Alors la marche vers la mort doit se transformer en une marche vers la vie. Pour la majorité des
personnes suicidaires, il existe une ambivalence entre le désir de vivre et celui de
mourir. Retrouver l’espoir de moins souffrir moralement et/ou physiquement sera le but de ce
chemin.
Le Comité d’Organisation des 38èmes Journées du Groupement d’Etudes et de
Prévention du Suicide qui se déroule à Dijon, a fort justement proposer de réfléchir sur ce
thème central de la Crise Suicidaire.
Mais pour aborder cette crise, il est indispensable de définir une stratégie d’intervention.
Pour que celle-ci soit efficace, elle doit notamment s’appuyer sur la formation. Celle-ci doit
permettre de toucher un nombre important d’intervenants, s’inscrire dans la durée et dans le
cadre d’une véritable politique de Santé Publique de Prévention du Suicide.
Je souhaite bon travail à tous les participants de ce congrès et je félicite le Comité
d’Organisation de la richesse et la multiplicité des interventions.
Dr Jean Jacques CHAVAGNAT
Président du GEPS
Place du GEPS dans la recherche internationale
Lorsqu’en 1968, après avoir écouté Ed Shneidman, Jacques Védrinne et moi décidâmes de
créer une association de prévention de suicide, nous ne savions pas ce que pourrait être son
évolution et sa stabilité.
Nous fûmes encouragés par le professeur Pierre Pichot qui préféra que nous utilisions le label
Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide (GEPS) plutôt que celui de l’Association
Française de Suicidologie, gardant ainsi la notion de prévention pratique du suicide.
A tout moment de la recherche mondiale le GEPS était présent, que ce soit par ma présence
personnelle ou par les travaux développés depuis maintenant 37 ans. La relation avec
l’Association Internationale pour la Prévention du Suicide (IASP) a été immédiate et nous
avons organisé le congrès mondial en 1981 à Paris. Vers 1974-1975, le bureau européen de
l’OMS s’intéressa à nos travaux, le ministère de la santé s’appuya sur le GEPS pour la première
étape de stratégie nationale de prévention du suicide. En 1995, alors élu président de IASP, j’ai
organisé une rencontre avec la division de santé mentale de l’OMS à Genève. Ce fut le prélude
de l’enquête statistique mondiale sur la mortalité du suicide, suivie par l’élaboration du
programme SUPRE puis en dernier lieu par le programme SUPREMISS dont la version
française validée par nos soins est en cours de diffusion. Le but de ce programme est d’une part
d’obtenir la réduction de la mortalité de la morbidité liée au comportement suicidaire, et d’autre
part d’évaluer les stratégies thérapeutiques, les idées des comportements suicidaires, et de
décrire les caractéristiques socioculturelles de la communauté.
A tout moment, se trouve confirmée l’évolution du GEPS, toujours actif dans les diverses
rencontres avec l’OMS. Il faut se réjouir que notre association ait établi des liens solides avec
les associations de prévention francophones, la Belgique, suivie du Québéc. et de la Suisse.
Le GEPS, comme l’avait souhaité Pierre Pichot, subsiste comme la référence UNIQUE de la
recherche suicidologique française tant pour le gouvernement que pour les divers collègues
étrangers qui nous lisent et nous visitent. Il en va de même de notre présence dans le cadre de
l’Association Mondiale de Psychiatrie et de la première section de suicidologie créée en 2002.
On nous reproche parfois d’être trop médical ou psychiatrique. Ce n’est pas un mal, ce n’est que
renforcer l’idée que l’on ne peut pratiquer la prévention du suicide qu’avec une base éthique et
scientifique associée avec le respect de la relation humaine.
Prof. JP Soubrier
Expert de l’Organisation Mondiale de la Santé
Membre du Comité de recherche internationale sur la prévention du suicide
Président de la section suicidologie de l’Association mondiale de psychiatrie
Formations basées sur les données probantes, sur l’expérience clinique
ou sur le « bon sens »
Le G.E.P.S. est un pionnier mondial dans la promotion des actions en prévention du suicide
basées sur la recherche. Né en 1969, neuf années après l’établissement de l’Association
internationale pour la prévention du suicide, le G.E.P.S. a tenu 38 journées d’études et de
partage, à l’occasion desquelles ses membres ont discuté de recherches et de programmes de
prévention du suicide. Maintenant, des milliers de cours et de formations en prévention du
suicide ont lieu à travers le monde pour effectuer des pratiques d’intervention et prévention qui
vont de l’écoute amicale par un bénévole à la psychanalyse traditionnelle. Malgré la grande
diversité culturelle, il est étonnant de constater qu’il y a relativement peu de diversité à l’égard
de certains aspects de la prévention du suicide. En général, tous s’entendent sur l’importance de
bien évaluer le risque suicidaire, même si les questions et méthodes d’évaluation peuvent varier.
Les méthodes d’intervention téléphonique tombent généralement dans deux catégories :
l’écoute active et les approches basées sur la résolution de problèmes. Il y a consensus sur les
bénéfices de l’usage des médicaments pour certains problèmes de santé mentale même si
chaque compagnie pharmaceutique essaie de nous convaincre qu’il faut choisir son produit
plutôt que celui de la concurrence. Cependant, il existe peu de données probantes permettant de
valider les choix d’intervention et encore moins de preuves que les formations dispensées
changent les comportements d’intervention de ceux qui les reçoivent.
Le présent congrès fait partie du nombre croissant d’événements dans lesquels les chercheurs,
planificateurs et intervenants ont l’occasion de se poser des questions fondamentales du type :
quelles sont les preuves que ce qu’on fait va prévenir les suicides et si on n’a pas ces preuves,
que doit-on faire pour en obtenir? Je suggère dans le cadre des discussions sur quelle formation
pour quelle intervention que nous n’oubliions pas les théories d’intervention lors de nos
discussions de ce qu’il faut faire. Les meilleures interventions ont une forte justification
théorique qui expliquent comment en faisant telle intervention on obtiendra l’effet escompté.
De plus, elles seront validées par des recherches empiriques. Finalement, les intuitions
cliniques doivent être en concordance avec ce qu’on fait. Actuellement, l’Association
internationale pour la prévention du suicide est en train d’entreprendre plusieurs démarches
pour faire en sorte que les meilleures pratiques en formation et en prévention du suicide soient
diffusées à travers le monde. L’un des buts formels du G.E.P.S. est de représenter les
réalisations nationales au sein de l’Association internationale pour la prévention du suicide
(IASP). Je vous félicite pour le programme impressionnant de ce congrès et je vous invite à
partager vos connaissances avec les membres de l’IASP à travers le monde.
Brian L. Mishara, Ph.D.
Président, Association internationale pour la prévention du suicide (IASP)
Professeur, Département de psychologie
Directeur, Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE)
Université du Québec à Montréal
La crise constitue un moment de rupture dans l’existence du sujet.
Dans son sens originaire, la crise c’est le temps décisif, le moment de la sentence dont
l’issue est marquée du sceau de l’incertitude. La notion de crise fait référence à un moment de
déséquilibre, une transition entre deux périodes d’évolution.
Qu’en est il de la crise suicidaire ?
Celle-ci marquerait plutôt pour le sujet le sentiment d’être dans une impasse, avec
l’impossibilité de concevoir une autre issue que la mort. Cependant, existe-t-il toujours dans ce
moment de crise un désir de mort? N’y a-t-il pas le désir, exprimé paradoxalement, de vivre une
vie autre ?
Reconnaître la crise suicidaire, permettre au sujet de ne plus être envahi, voire submergé
par les idées morbides, tels sont les enjeux de l’intervention de crise. Permettre en effet qu’à
partir de celle-ci il puisse y avoir possibilité de changement.
Rappelons que le GEPS avait organisé en 1975 ses 7e journées sur le thème de la crise
suicidaire.
Nous sommes heureux d’accueillir à Dijon les 38e journées qui se dérouleront au Palais
des Congrès les 21, 22 et 23 septembre 2006.
Celles-ci s’articuleront autour d’une réflexion sur la crise suicidaire, sa clinique, les
modes d’intervention, les formations à l’intervention, la prévention.
Nous sommes certains que la pertinence des communications et la richesse des
expériences contribueront au succès de ce congrès.
Docteur P.BESSE
CHU Dijon
Président du comité d’organisation
Le comité d’organisation remercie :
La Direction Générale de la Santé
La Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales de Bourgogne
Le Conseil Régional de Bourgogne
Le Conseil Général de Côte d’Or
La Mairie de Dijon
La Macif
Le comité d’organisation remercie les laboratoires
Pierre Fabre Médicament
Lundbeck
Lilly France
Bristol Meyer Squibb
Wyeth
Chiesi
Sanofi Aventis
Eisai
Merk Lipha Santé
GlaxoSmithKline
Janssen-Cilag
Ardix Médical
Programme des journées
Jeudi 21 septembre
13 h : Accueil des participants
14 h : Allocutions de bienvenue (amphithéâtre Romanée Conti )
15 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti )
16 h30 : Pause – Présentation des posters (hall des grands échezeaux )
17 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti )
18 h : Assemblée générale du GEPS
19 h : Réception – Mairie de Dijon (Palais des Congrès)
Vendredi 22 septembre
8 h 30 : Accueil
9 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti )
10 h 30 : Pause – Présentation des posters (hall des grands échezeaux )
11 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti )
12 h45 : Repas
14 h : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti )
15 h 30 : Pause – Présentation des posters (hall des grands échezeaux )
16 h : Séances de communications
20h15 : Départ dîner de gala
21h : Dîner de gala – Château du Clos de Vougeot
Samedi 23 septembre
8 h 30 : Accueil
9 h : Séances de communications
11 h : Pause
11 h 15 : Séance plénière ( amphithéâtre Romanée Conti )
13h : Séance de clôture
13 h 15 : Buffet
JEUDI 21 SEPTEMBRE
14 h : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI
ALLOCUTIONS DE BIENVENUE : sont invités
Monsieur François Rebsamen
Maire de Dijon
Monsieur Louis de Broissia
Président du Conseil Général de Côte d’Or
Monsieur François Patriat
Président du Conseil Régional de Bourgogne
Monsieur Paul Roncière
Préfet de la Région Bourgogne
Préfet de la Côte d’Or
Madame Jacqueline Ibrahim
Directrice de la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales
Monsieur Michel Ballereau
Directeur de l’Agence Régionale de l’Hospitalisation
Monsieur le Professeur Brian Mishara
Président de l’Association Internationale pour la Prévention du Suicide
Monsieur le Professeur Jean Pierre Soubrier
Président de la section suicidologie de l’Association Mondiale de Psychiatrie
Monsieur le Docteur Jean Jacques Chavagnat
Président du Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide
15 h Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI
Le sens de la crise
Présidents : Prof. P. Bizouard (Besançon), Prof. J.Vedrinne (Lyon)
Penser la crise ?
E. Kromicheff, Professeur Agrégé de Philosophie, Docteur es Lettres, Châtillon-sur-Seine
Sens et non-sens de l’acte suicidaire
Doct. D. Cremniter, Samu de Paris , Groupe Hospitalier Necker-Enfants Malades, Paris
Jeunes suicidants et travail de la crise : l’enjeu des métaphores
Doct X. Pommereau, Pôle Aquitain de l’adolescent, Centre Jean Abadie, CHU de Bordeaux
Penser la crise ?
E. KROMICHEFF
Le terme crise recouvre plusieurs significations les unes complémentaires, les
autres contraires qui entraînent une confusion du discours. Les distinguer pourrait contribuer à
clarifier le débat entre les différentes disciplines qui ne parlent pas souvent de la même chose.
La difficulté à définir la notion de crise montre le caractère problématique du sujet humain et
révèle l’ambiguïté de notre conception du monde comme l’incertitude de la connaissance que
nous en avons. Cette prise de conscience pourrait amener chaque discipline à s’interroger sur la
légitimité de ses présupposés et la validité de sa méthode. Confronter par ailleurs les diverses
définitions de la notion de crise suicidaire et examiner leurs conséquences philosophiques
invite à une prudence élémentaire. Le sujet humain est irréductible à un quelconque discours.
Face à un terme équivoque et confronté à une notion complexe, une réflexion
« critique » s’impose. En d’autres termes, il s’agit de savoir, quand on parle de crise, ce qu’on
dit.
Sens et non sens de l’acte suicidaire
Docteur D. CREMNITER
La théorie psychanalytique classique bute sur une question fondamentale concernant le
suicide : qu’elle est sa place dans l’économie psychique ? Comment rendre compte de cet acte ?
En effet, ceci constitue l’une des premières interrogations de FREUD dans ce domaine,
notamment comment la pulsion sexuelle puis, plus tardivement la pulsion de mort
parviennent-elles à rendre compte de la force nécessaire pour déclencher le processus suicidaire.
Il existe une exception à cela : la mélancolie dont la clinique dans son développement classique
suppose un déchaînement suffisamment accompli de la pulsion de mort. Mais ceci ne rend pas
compte des faits d’observation que l’on est amené à constater aujourd’hui au niveau de la crise
suicidaire dans son ensemble et plus particulièrement dans les formes actuelles de psychose.
A partir d’exemples cliniques permettant de décrypter la conduite d’un sujet dans ses
derniers instants jusqu’au suicide, nous examinerons, à côté des théories sur les états limites ou
celles sur les psychoses blanches en quoi la « psychose ordinaire » telle qu’elle est définie par
l’apport théorique du dernier enseignement de LACAN peut rendre compte du déclenchement
de la conduite suicidaire. A partir d’une situation de non sens qui brouille le tableau clinique au
point de rendre la prévention du suicide aléatoire, il s’agit de redonner du sens grâce à une
forme de remise en ordre du symbolique, c’est à dire de paroles touchant un point de vérité.
Celles-ci peuvent être dites selon deux modalités : soit par le sujet lui-même lorsqu’il a pu
réchapper de son passage à l’acte suicidaire, soit par l’entourage au cours de ce que certains
appellent l’autopsie psychologique au décours du suicide accompli.
Dans tous les cas nous réfléchirons aux conséquences de cette approche théorique et
notamment à la théorie de l’acte et du passage à l’acte suicidaire dans cet intervalle entre sens et
non sens du suicide.
Jeunes suicidants et travail de la crise : l’enjeu des métaphores
Xavier Pommereau
Psychiatre des hôpitaux, chef de service, Pôle aquitain de l’adolescent, centre Abadie, CHU de Bordeaux
Les tentatives de suicide par intoxication médicamenteuse, les fugues et les scarifications sont
des conduites d’agir fréquentes à l’adolescence. Au même titre que d’autres conduites de
rupture, l’auteur les envisage comme des figurabilités corporelles qui s’ancrent, tant dans la
forme que dans le fond, bien davantage du côté des productions psychiques que des passages à
l’acte réputés court-circuiter la pensée. Certes exprimées lors de crises jugées plus ou moins
incoercibles, elles s’apparentent à des « actes-symptômes » dont le moment et les circonstances
de survenue, comme les modalités employées méritent d’être soigneusement pris en compte.
Ces conduites relèvent pour une part d’une intentionnalité consciente, incarnant l’effacement
ou l’évacuation hors de soi des tensions internes, leur « reprise en main » synonyme de maîtrise,
la transposition de la souffrance psychique en percepts sensibles et visibles, et la recherche
d’effets sur l’entourage dans l’attente d’une reconnaissance et de remaniements favorables.
Elles sont aussi inconscientes et très condensées, réalisant des tentatives de figuration qui
donnent forme et consistance aux représentations psychiques que le sujet en souffrance
identitaire tente ainsi d’éviter ou d’escamoter. La plupart des adolescents concernés ne peuvent
accéder au sens de leur souffrance et sont ainsi dans l’impossibilité de la mettre en mots au delà
de dire qu’ils veulent qu’elle cesse et que leur entourage comprenne. Il faut donc les
« préparer » à s’engager dans une élaboration psychique de leur souffrance, préparation qui
nécessite elle-même un travail préalable. Cela consiste à les aider à allier progressivement
l’affect à la représentation et l’acte à la parole par l’intermédiaire d’actes thérapeutiques
s’offrant comme autant de supports de figuration pouvant favoriser la reliaison. L’auteur en
fournit des exemples à partir de l’expérience de son équipe qui, depuis quinze ans, aménage de
brefs séjours hospitaliers pour les jeunes suicidants au sein d’une unité spécialisée.
17h Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI
Les enjeux de la formation
Présidents : Prof. M.Walter (Brest), Prof. B. Bonin (Dijon)
La formation de formateurs : aventure de la transmission
Prof. J.-L .Terra, Professeur de Psychiatrie Lyon I, Centre Hospitalier Le Vinatier, Lyon
Prof M. Séguin, Université du Québec en Outaouais, Groupe McGill d’études sur le suicide, Canada
Apports et limites de la formation dans une perspective de transformation
de pratique en prévention du suicide
Prof. C. Renard, Observatoire de la santé du Hainaut, Belgique
Vendredi 22 septembre
9h00 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI
Recherche et suicide - expériences internationales
Présidents : Prof. D. Sechter (Besançon), Prof. G.Vaiva (Lille)
Enjeux et défis dans la recherche sur le suicide
Prof. B. Mishara, Université du Québec à Montréal, Directeur du CRISE, Président de l’IASP, Canada
Conséquences du suicide sur les professionnels et leurs pratiques : résultats
préliminaires d’une étude menée en Suisse Romande
Prof. A. Castelli Dransart, Responsable du Département de la Recherche appliquée et développement,
Haute Ecole Fribourgeoise de Travail Social, Givisiez, Suisse
Doct. N. Kaufman Didisheim, Médecin associé, Division Accueil-Observation-Crise, Clinique
Psychiatrique Universitaire Prilly, Département de psychiatrie du CHUV, Suisse
Trieste et le suicide : « Amalia/Telephono speciale, un projet de prévention »
Doct. G. Dell’Acqua, Directeur du Département de Santé Mentale, Trieste, Italie
Doct. A. Oretti, Département de Santé Mentale, Trieste, Italie
Doct. M. Collucci, Département de Santé Mentale, Trieste, Italie
Enjeux et défis dans la recherche sur le suicide
Prof. Brian Mishara
Le suicide présente des spécificités qui font en sorte que la recherche en évaluation des actions
de prévention pose des défis importants. Il s’agit en effet d’un événement rare et la grande
majorité des personnes suicidaires trouvent d’autres solutions à leurs problèmes; ceci rend la
prédiction des cas individuels impossible et fait en sorte qu’une intervention à grande échelle
pourra prévenir peu de décès. Puisque le suicide est le résultat d’une conjonction de plusieurs
facteurs de risque en opposition aux facteurs de protection inadéquats, il n’existe pas de
solution simple mais la prévention du suicide exige des actions multiples. Les problèmes
éthiques et pratiques en recherche viennent compliquer la vie des chercheurs et exigent
l’utilisation de méthodologies de recherche novatrices. Puisque les actions préventives ont
toujours lieu dans un contexte de système ouvert, il est difficile de contrôler les variables
imprévues qui peuvent influencer les résultats. Nous aborderons plusieurs exemples de
questions de recherche en prévention du suicide et nous analyserons les résultats en tenant
compte de la méthodologie de la recherche et des objectifs visés. Nous conclurons sur une
discussion du rôle des théories en suicidologie et des théories de l’intervention en lien avec la
qualité des programmes et leurs effets escomptés et nous discuterons également de
l’importance de l’évaluation de l’implantation des programmes ainsi que de leurs effets
escomptés. Nous discuterons des différentes approches avec population homogène et
hétérogène et présenterons un modèle de recherche évaluative dans lequel les effets sont liés au
processus selon le cadre théorique choisi et les objectifs visés.
Conséquences du suicide sur les professionnels et leurs pratiques :
résultats préliminaires d’une étude menée en Suisse Romande.
Dolores Angela Castelli Dransart, Ph.D, Professeure, Responsable du Département de la Recherche
appliquée et du développement, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse.
Dr Nadine Kaufman Didisheim, Médecin associé, Division Accueil-Observation-Crise, Clinique
Psychiatrique Universitaire Prilly, Département de Psychiatrie du CHUV, Suisse.
Elisabeth Gutjahr, Lic. Phil., Professeure, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse.
Alida Gulfi, Lic. Phil., Collaboratrice scientifique, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse.
Jean-Luc Heeb, Dr, Collaborateur scientifique, Haute Ecole fribourgeoise de travail social, Suisse.
Didier Camus, Maîtrise en ingenieurie de la santé en recherche clinique, Infirmier spécialiste clinique,
Clinique Psychiatrique Universitaire Prilly, Département de Psychiatrie du CHUV, Suisse.
Le suicide d’un patient/client est considéré dans la littérature comme étant un événement parmi les plus
marquants dans une carrière professionnelle, entraînant des conséquences et impacts au niveau
personnel (sentiments de culpabilité et/ou honte), professionnel (remise en question de sa compétence)
voire institutionnel (éventuels dysfonctionnements). Toutefois, tout en représentant un risque
professionnel, le suicide d’un patient/client n’est abordé le plus souvent que superficiellement dans le
cadre de la formation ou au sein des institutions.
L’étude, actuellement en cours (2005-2007) a pour objectif de cerner les conséquences du suicide d’un
patient/client sur 4 catégories de professionnels (médecins/psychiatres, infirmiers, assistants sociaux,
éducateurs sociaux). L’étude vise également à identifier les ressources mobilisées par ces professionnels
pour faire face à cet événement et les procédés mis en œuvre dans le cadre institutionnel. Un
questionnaire composé de 9 échelles et de 60 questions a permis de récolter des données au sujets de
l’impact personnel, professionnel du suicide d’un patient/client, ainsi qu’au sujet des conséquences sur
les pratiques professionnelles de 314 professionnels oeuvrant dans 104 institutions dans les cantons de
Fribourg et de Vaud, en Suisse. La communication présentera les résultats relatifs à l’impact personnel
du suicide d’un client/patient, en particulier l’impact émotionnel et cognitif, ainsi que les réactions de
stress (échelles de Horn et Horowitz).
Les résultats permettront non seulement de mieux connaître cette problématique mais également
d’indiquer des pistes susceptibles de réduire l’impact du suicide et ses coûts tant humains
qu’institutionnels.
Trieste et le suicide : « Amalia/Telefono Speciale, un projet de prévention »
par Peppe Dell’Acqua, Alessandra Oretti e Mario Colucci
Dans les pays occidentaux, le suicide est l’une des dix premières causes de mortalité et
intéresse principalement la population âgée. En Italie, Trieste possédait, jusqu’à il y a encore
quelques années, un triste record avec un nombre de suicides continuellement plus élevé par
rapport à celui des autres villes du pays. La mortalité due au suicide a donc représenté un
problème important de santé publique si bien qu’on a été décidé de faire nôtres, à un niveau
local, les lignes directrices des organismes internationaux, nationaux et régionaux afin de
pouvoir formuler et mettre en place des stratégies de prévention ciblées.
Pour contraster le phénomène des suicides mais également le côté tragique de ce qu’on
appelle « les morts solitaires » de personnes âgées, la municipalité et les services de santé
(Département de Santé mentale et Districts) ont imaginé et mis en place, en collaboration avec
la société privée Televita s.r.l., un programme de prévention intitulé « Amalia/Telefono
Speciale, qui a vu le jour grâce aussi à une participation financière du Ministère de la Santé.
« Amalia, un projet pour la socialisation des personnes âgées et seules » et « Telefono Speciale :
un projet pour rallonger la vie » sont les deux branches distinctes mais bien intégrées du projet
global de prévention. Un des aspects innovants de ce programme est de pouvoir accéder à un
réseau intégré de services qui s’adresse aux familles, aux amis et à tous ceux qui souhaitent
signaler une situation à haut risque de suicide. De plus, pour que soit maintenue une haute
vigilance sur le développement du phénomène de la part des services sociaux et sanitaires, il a
paru nécessaire de prédisposer un contrôle précis et soigné du phénomène du suicide.
Parallèlement, on s’est employé à informer la population locale à travers les médias dans le sens
où l’activité de promotion et de communication sociale est l’une des parties intégrantes du
projet.
11h00 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI
Prévention, formation, intervention
Présidents : Prof. A. Gisselmann (Dijon), Prof. P.Moron (Toulouse)
Place et rôle des Programmes Régionaux de Santé dans la prévention du
suicide
Doct J.-J .Chavagnat, Praticien Hospitalier, Président du GEPS, Centre Hospitalier Henri
Laborit, Poitiers
A. Batt, INSERM, Faculté de Médecine, Rennes
A. Jourdain, Professeur, Directeur du LAPSS, Ecole Nationale de Santé Publique, Rennes
Organiser l’après PRS : devenir à moyen terme d’une dynamique collective
en Bourgogne
Doct I. Millot, Observatoire Régional de la Santé (Bourgogne), CORES, Dijon
« Au milieu d’écritures » : Action de prévention du suicide en Bresse
Louhannaise
M. Pastor, Mutualité Française Saône et Loire, Service Prévention, Chalon sur Saône
Maryvonne Vénard, Metteur en scène, Théâtre de la Pierre Noire, Troyes
PLACE ET ROLE DES PROGRAMMES REGIONAUX DE SANTE DANS
LA PREVENTION
Agnès BATT – Chercheur INSERM - RENNES
Dr Jean Jacques CHAVAGNAT – Coordonnateur Régional du Plan Régional de Santé
« Prévention du Suicide et de la Dépression Promotion de la Santé Mentale » Centre
Hospitalier Henri Laborit POITIERS
Alain JOURDAIN – Directeur du LAPSS – Ecole Nationale de Santé Publique – RENNES.
En France, une diminution globale des taux de suicide a été observée entre 1996 et 1999. Une
différence a pu être notée entre les onze régions qui ont appliqué un PRS et les autres.
Deux types d’analyses sont exposés :
- les facteurs susceptibles d’être corrélés avec cette tendance ont été examinés, dans une
étude de type « écologique » situant la Bretagne parmi les régions avec et sans PRS, en
utilisant les données disponibles à l’échelon régional (mortalité, inégalités économiques,
chômage, offre de soins…). L’analyse quantitative confirme le rôle des inégalités et du
chômage mais ne rend pas compte des différences entre régions,
- un audit du PRS réalisé en Poitou-Charentes par une structure indépendante, a effectué
une évaluation de type externe afin d’apprécier la cohérence du programme.
Il ressort de ces analyses qu’il n’est pas possible d’évaluer l’impact d’une stratégie de
prévention uniquement avec des données régionales, quelles soient quantitatives ou
qualitatives:
- il est important que tous les « référents suicides » aient bien la même compréhension de
leur rôle, car leur action doit se faire en cohérence avec la Stratégie Nationale et entre
eux ;
- les possibilités de comparaison quantitatives ou qualitatives en seront augmentées ;
- il est habituel, dans le domaine de la prévention, d’observer un temps notable entre
l’idée d’une action, sa réalisation et les effets de cette action. Une évaluation trop
précoce peut ne pas mettre en lumière le véritable impact de cette action ;
- différents niveaux sont utilisables pour organiser les actions : niveau régional,
départemental et territorial (notion de bassin ou de « pays ») ;
- les différences observables ne sont pas qu’affaire d’arithmétique ;
- l’impact des formations pluridisciplinaires à l’identification de la crise suicidaire
semble positif pour les gens formés. Toutefois, le résultat risque d’être partiel et
transitoire et nécessite, comme toute formation dans l’éducation, de ne pas être
interrompue ;
- les acteurs sont d’autant plus impliqués qu’ils savent que la pérennité est garantie, et on
constate que certaines régions font de gros efforts pour recréer la dynamique favorable à
l’obtention d’un nouveau PRS.
La période de recul est faible. Il est trop tôt, pour attribuer au seul PRS la diminution observée,
d’autant qu’une tendance à la décroissance des taux de suicide est notée dans plusieurs pays
d’Europe. Ce sera donc principalement l’ampleur des diminutions, leur durée et la spécificité de
certains types d’action, qu’il faudra suivre dans les années à venir.
Dans le cadre d’une nouvelle Stratégie Nationale d’Actions face au Suicide, la mise en place
des Plans Régionaux de Santé Publique devrait faciliter la coordination entre les partenaires
(PRS, ARH, URCAM, DRASS, DDASS, URML, FMC, CORES-CODES, Conseils Généraux,
associations…). Une telle coordination nécessitera la définition et la mise au point
d’indicateurs qualitatifs d’évaluation.
Au milieu d'écritures
Après avoir été alerté par les taux de suicide élevés en Bresse Louhannaise*;après avoir
rencontré la population dans son environnement, repéré les services et les structures à l'échelon
local, il a été décidé avec une partie de la population rencontrée (comité de pilotage) "d'agir sur
le suicide comme un symptôme d'un malaise social plus large, en développant les compétences
psychosociales" : telle était formulée, dans l'arbre des objectifs du PRS Bourgogne, l'action que
nous avons développée.
Sur le territoire de la Bresse, la sémantique utilisée était différente, le projet se nommait "Au
milieu d'écritures", mélange d'ateliers d'écriture et d'expression. Il s'agissait de mettre en avant
la population dans une dynamique de création, créer c'est percevoir que la transformation peut
exister, que l'on peut influer sur sa vie, sur la vie...
* Canton rural Sud Bourgogne
14h00 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI
Réflexions sur la crise et l’intervention de crise
Présidents : Prof. I.Purssell-François (Dijon), Docteur C.Pichené (Nancy)
Stratégies de traitements et de soin de la tentative de suicide à l’hôpital
général : évaluation de l’efficacité et des coûts
Prof. A. Andreoli, Service d’Accueil d’Urgences et de Liaison psychiatrique, Hôpitaux
Universitaires de Genève, Suisse
La crise suicidaire ou les crises suicidaires : différentes typologies pour
différentes étiologies
Prof. M. Séguin, Université du Québec en Outaouais, Groupe McGill d’études sur le suicide, Canada
Place de l’attachement dans la compréhension de la crise suicidaire
Prof. H. Benony, Laboratoire de Psychologie Clinique et Sociale, Université de Bourgogne, Dijon
Stratégies de traitement et de soins de la tentative de suicide à l’hôpital
général : évaluation de l’efficacité et des coûts
A . Andreoli
Service d’accueil, d’urgences et de liaison psychiatriques, Hôpitaux universitaires de Genève
La crise suicidaire est un problème important de politique de soins et son traitement, mais aussi
la prévention de ses retombées, ont fait des progrès considérables au cours des dernières années.
L’avancée de nos connaissances a fait cependant apparaître une nouvelle difficulté : comment
appliquer les données des études scientifiques au rapport clinique quotidien avec le patient réel
qui s’adresse à nos soins ? Pour relever ce défi, qui correspond à l’objectif d’améliorer la
qualité des prestations et l’efficience des services, il s’agit d’utiliser la technologie de la
recherche clinique pour mieux évaluer le fonctionnement des systèmes de soins et leur impact
sur la gestion de la crise suicidaire et son issue à bref et long terme. Dans cette contribution,
nous nous proposons d’aborder cette question sous l’angle de la psychiatrie d’urgence. Après
avoir défini, à partir de la littérature spécialisée et de nos propres données, les priorités cliniques
de la prise en charge de la crise suicidaire dans ce domaine spécifique, nous analyserons les
résultats de l’étude comparative de nouvelles méthodes de travail visant à centrer le dispositif
de soins sur l’hôpital général afin d’augmenter l’efficacité et le caractère économique de nos
interventions via l’innovation des processus d’évaluation et de décision, une intégration plus
étroite du traitement hospitalier bref et de l’intervention de crise aux urgences, l’usage combiné
de la psychothérapie, de l’intervention psychosociale et du traitement pharmacologique dans le
traitement ambulatoire dans la continuité immédiate de l’urgence.
La crise suicidaire ou les crises suicidaires : différentes typologies pour
différentes étiologies
Monique Séguin Ph.D.
Professeur, Département de psychologie, Université du Québec en Outaouais
Chercheur Groupe McGill d’étude sur le suicide- Hôpital Douglas, Montréal.
Résumé :
La capacité d’évaluer avec justesse le type de crise permettrait d’intervenir de manière
différenciée plus rapidement dans le processus de développement de la crise. Malgré
certaines contributions et propositions d’une typologie de la crise, celles-ci sont peu
connues ou peu utiles dans la pratique. Tenant compte du fait qu’il serait utile pour la
pratique que chaque type de crise et les stratégies d’intervention qui y sont associées soit
mutuellement exclusive, nous proposons une nouvelle typologie basée sur des étiologies,
une symptomatologies et des interventions distinctes. Nous proposons que la crise soit
classifiée en trois grandes catégories : la crise psychosociale, la crise psychopathologique et
la crise psychotraumatique. Les différences cliniques et les modèles d’intervention à
privilégier selon chaque type de crise seront discutés
16 h SEANCES DE COMMUNICATIONS
Ateliers parallèles
Atelier n° 1 : Adolescence et crise suicidaire
Amphithéâtre Romanée Conti
Atelier n° 2 : Crise suicidaire et milieu pénitentiaire
Salle Mercurey
Atelier n° 3 : Quelles formations ?
Salle Santenay
Atelier n° 4 : Interventions de crise
Salle Saint-Romain
Atelier n° 5 : Prévention – Quels outils ?
Salle Chablis
Atelier n° 6 : Prise en charge du suicidant
Salle Givry
Atelier n° 7 : Présentation de vidéos
En association avec le cnasm Lorquin
Salle Morey-Saint-Denis
Atelier n° 1 : ADOLESCENCE ET CRISE SUICIDAIRE
Modérateur : Prof. M.Walter
Expérience de la tentative de suicide de l’adolescent dans un service de pédiatrie de l’île de la
Guadeloupe.
M-L. SALIN-HAUSSWALD
C.H de la BASSE-TERRE
Lorsque l’opération logique de s’interdire de jouir n’est pas suffisamment signifiée…
S. LELONG; M-E. COURJAUD; Ph. NIVET; D. VANHAY; V. DIAZ
Unité de Psychopathologie pour Adolescent (UP’ADO), Royan
Idéation suicidaire et passage à l’acte auto-agressif, quel sens donner aux défenestrations à
l’adolescence.
M. SCHWEITZER, N. PUIG-VERGES
GRECC, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière APHP, PARIS
Les scarifications à l’adolescence, équivalent suicidaire ou geste anti-suicidaire ?
C. BARRAULT; B. RIST
C.H Théophile Roussel, service de Pédopsychiatrie, 78I03
Prise en charge des jeunes suicidants dans le cadre du service de Pédiatrie du C.H de
Villefranche-sur-Saône.
P. REBAUD, E. SUCHET, L. LANGEVIN, R. FLEURY
C.H de Saint-Cyr au Mont d’Or ; C.H de Villefranche-sur-Saône
La crise de « l’intervention de crise » face aux problématiques émergentes des jeunes autour du suicide.
M. LAURENT. ; C. DELSART
Centre de crise, cliniques universitaires Saint Luc, BRUXELLES
Qu’en est-il de la prévention…lorsqu’on explique les suicides à l’adolescence comme des « suicides
d’émotions » ?
F. GRATTON; Ch. GENEST
Montréal (Québec)
EXPERIENCE DE LA TENTATIVE DE SUICIDE
CHEZ L’ADOLESCENT
DANS UN SERVICE DE PEDIATRIE
DE L’ILE DE LA GUADELOUPE
M.Lise SALIN-HAUSSWALD
Psychologue clinicienne
Centre Hospitalier de la Basse-Terre
Présentation d’une étude sur les adolescents suicidants du service de pédiatrie d’un hôpital
général dans lequel s’est effectuée notre enquête.
Les résultats de cette enquête ne montrent pas de différence radicale entre ces adolescents
d’origine guadeloupéenne et les jeunes patients d’autres recherches. Cependant, des
particularités sont à souligner notamment deux caractéristiques qui apparaissent
proportionnellement et significativement plus importantes : le pourcentage des familles
complexes parmi les foyers dont sont issus les adolescents suicidants et la part majeure des
conflits familiaux comme facteurs déclenchants du geste suicidaire.
L’importance de ces deux paramètres peut s’expliquer en grande partie par la restructuration
récente de la famille guadeloupéenne sous l’influence d’une mutation socio-économique
relativement rapide. Cette modification de la famille serait également un des facteurs
explicatifs de l’augmentation des conduites suicidaires observées depuis quelques années en
Guadeloupe.
Le fort potentiel létal de toute tentative de suicide et la fréquence des récidives lorsque le
suicide n’a pas abouti, confirment la présence d’une état pré et post-morbide particulier qui
justifie la mise en place d’une prévention efficace et d’une prise en charge alliant une
hospitalisation courte et un suivi psychothérapeutique prolongé.
Mots - clés : tentative de suicide – adolescent - Guadeloupe
Lorsque l’opération logique de s’interdire de jouir n’est pas suffisamment signifiée...
Lelong S* ; Courjaud M.E**. ; Nivet Ph***. ; Vanhay D****. Diaz V*****.
Résumé : Quoi de neuf, de nos jours, avec la mise en perspective psychanalytique de la
problématique de « l’adolescence » ? Dans la grande majorité des cas, tout se passe
parfaitement bien ; pour autant, pendant toute la durée de la « mue » qui s’étale du deuil des
relations infantiles à l’acte de fonder une famille, il reste en danger. Parfois cette « crise »
maturative, en réactivant la mémoire de l’histoire familiale, engage l’adolescent dans un
passage risqué. Des « fractures », peuvent apparaître à certains niveaux d’articulation de son
histoire si celle-ci fait montre de lignes de fragilité. En effet, l’adolescent retraverse les interdits
fondamentaux humanisants que sont l’inceste, le meurtre de soi ou de l’autre et le cannibalisme.
Ces pensées démoniaques deviennent tout à coup réalisables. Certains « ados » en proie à
l’omnipotence infantile peuvent dès lors se prendre comme cible en tant qu’objet sexué capable
de commettre l’inceste. Lorsque l’opération logique de s’interdire de jouir n’est pas
suffisamment signifiée, la permission de jouir s’origine de la béance de la jouissance et non de
l’interdit structurant. Est-il préférable de s’attaquer – ou d’attaquer l’autre qui n’est que le reflet
de soi – pour se défendre de la menace incestueuse d’autant plus prégnante que les failles
narcissiques sont plus profondes ?
Mots clés : Suicide – Homicide – Inceste – Deuils – Crises
Idéation suicidaire et passage à l’acte auto-agressif
Quel sens donner aux défenestrations à l’adolescence
SCHWEITZER M.G. M.D., Ph D., PUIG-VERGES N, M.D., Ph D..
Bien que les conduites suicidaires à l’adolescence aient déjà suscité de multiples colloques,
réunions scientifiques et articles spécialisés, elles font l’objet aujourd’hui de tentatives de
reformulations ; les analyses se situent au niveau clinique et au niveau sociologique dépassant
la référence à la crise suicidaire et tentant de rendre compte du passage à l’acte auto-agressif en
introduisant une conception élargie de la recherche de causalité.
Quelles soient réalisées au cours de l’adolescence ou dans les dernières phases maturatives de
la post-adolescence, les conduites de défenestration et de précipitation dans le vide soulèvent un
certain nombre d’interrogations cliniques et théoriques .
La prise en charge thérapeutique d’adolescents et de leurs familles, rencontrés au décours
immédiat de ce type de passage à l’acte auto-agressif, montre la nécessité de resituer l’acte dans
le contexte émotionnel et inter-personnnel dans lequel il s’est réalisé. Il s’agit de faire porter
l’analyse clinique à la fois sur les aspects concernant l’adolescent et sur les interrelations
parents-enfants dans la période qui précède l’acte ainsi que leur réaménagement dans les suites
du passage à l’acte auto-agressif. Celui-ci trouve t-il sa place dans l’émergence d’un trouble
spécifique, expression momentanée de la désorganisation intra-psychique ou est-il en relation
avec une défaillance transitoire des processus maturatifs intra-psychiques ?
La démarche clinique s’attachera à cerner les conditions qui ont conduit à l’effondrement des
mécanismes de défense intra-psychique face à l’exacerbation des tensions internes.conduisant à
la réalisation du passage à l’acte auto-agressif.
LES SCARIFICATIONS À L’ADOLESCENCE
Equivalent suicidaire ou geste anti-suicidaire ?
Dr Caroline BARRAULT, assistante spécialiste.
Dr Bruno RIST, praticien hospitalier, chef de service.
Centre hospitalier Théophile Roussel, Service de pédopsychiatrie, 78 I03.
Depuis une trentaine d’année, l’évolution de la psychopathologie adolescente a bousculé les repères
nosographiques classiques. Ainsi, des pathologies qui s’expriment par le corps et l’agir, se sont
développées de manière spectaculaire.
Dans notre pratique quotidienne, nous constatons une augmentation du nombre d’adolescents qui
s’infligent des blessures corporelles. Mais, le comportement de scarification est souvent englobé dans
l’utilisation d’autres termes tels que phlébotomie, automutilation et acte auto-agressif. Nous nous
sommes donc intéressée à préciser cette pratique et à la différencier des gestes suicidaires et notamment
de la phlébotomie. Le comportement de scarification peut se définir comme une « altération
intentionnelle, consciente et directe des tissus de l’organisme, sans volonté de mourir ». Les plus
fréquentes de ces blessures sont les coupures (75 % des patients), puis les brûlures (35 % des
automutilations), les morsures, les piqûres, les contusions et les pincements localisés.
Plus de trois millions d’Américains s’automutilent, soit près de 1 % de la population des Etats-Unis,
dont plus de la moitié de façon répétitive. De 12 à 35 % des étudiants américains de « collège »
reconnaissent s’être auto-agressés au moins une fois.
90 % des personnes qui se scarifient, commencent à se couper vers l’adolescence. La moyenne des
individus commence à l’âge de 14 ans.
62 % des sujets disent avoir été victimes d’abus sexuels, et la plupart rapportent une enfance avec abus
émotionnels ou négligences.
Comme la plupart des agirs, les actes de scarification se présentent comme une énigme. Dans les
blessures délibérées, le sujet ne recherche pas la mort. La blessure auto-infligée est un compromis, un
essai de restauration de sens. L’incision est une tentative d’auto-guérison. Les gestes de scarifications,
commis impulsivement par des adolescents, extériorisent des affects pénibles et témoignent de graves
carences dans les images de soi et d’objet.
Toutefois, la répétition de telles pratiques serait un facteur de risque pour un passage à l’acte suicidaire.
De plus, plusieurs auteurs considèrent l’automutilation comme un suicide partiel ou focalisé protégeant
le sujet du suicide proprement dit : « plutôt la partie que le tout ».
PRISE EN CHARGE DES JEUNES SUICIDANTS DANS LE CADRE DU SERVICE DE
PEDIATRIE DU CENTRE HOSPITALIER DE VILLEFRANCHE SUR SAÔNE
Dr Philippe REBAUD (Chef de service de Pédiatrie – CH de Villefranche sur Saône) – Dr Emmanuel
SUCHET (Chef de service – secteur 69I06 - CH de Saint-Cyr au Mont d’Or) – Dr Laurence
LANGEVIN (Pédiatre – CH de Villefranche sur Saône) – Dr Régis FLEURY (Psychiatre – secteur
69I06 - CH de Saint-Cyr au Mont d’Or)
Un travail récent portant sur le bilan de cinq années de prise en charge de pédopsychiatrie au sein du
service de pédiatrie fait ressortir l’importance quantitative des conduites suicidaires ; concernant
principalement des adolescentes, elles sont à l’origine de plus de 10 % des demandes d’avis
psychiatrique et représentent la situation clinique la plus fréquemment rencontrée dans notre pratique,
suivie de peu des troubles dépressifs avec le risque suicidaire qu’ils comportent.
Le geste suicidaire est dans la majorité des cas sans grave conséquence au plan somatique, ne nécessitant
qu’une surveillance médicale simple. Une hospitalisation est cependant systématiquement proposée afin
de traiter ce moment particulier de crise, tant du côté de l’adolescent que du côté de sa famille. La
tentative de suicide vient mobiliser de nombreux affects chez l’adolescent et son entourage ; par ce fait,
le temps qui suit immédiatement le passage à l’acte est souvent favorable pour un premier travail
d’élaboration.
Cependant, dans bien des cas, il apparaît souhaitable que ce travail puisse se poursuivre ultérieurement
dans le cadre d’un CMP ou d’un service de soins pour Adolescents. Et l’expérience montre que, souvent,
pour de multiples raisons, même si elle a pu être conseillée, cette démarche n’est pas faite, ni par
l’adolescent, ni par sa famille.
Afin de favoriser la possibilité d’un suivi psychologique au décours d’une hospitalisation, un dispositif
particulier a pu être mis en place au Centre Hospitalier de Villefranche sur Saône, avec une collaboration
étroite entre d’un côté le service de pédiatrie et le psychiatre qui y intervient dans le cadre des Urgences
et des hospitalisations, et de l’autre un service de soins pour Adolescents qui offre différentes
possibilités de suivis en ambulatoire.
Nous souhaitions, à partir de cinq ans d’expérience, témoigner de ces modalités de prise en charge des
jeunes suicidants, répondant à la fois au souci de la gestion de la crise ouverte par le passage à l’acte et à
celui d’une articulation de ce temps initial avec un suivi ultérieur en extra hospitalier.
La crise de « l’intervention de crise » face aux problématiques émergentes
des jeunes autour du suicide
Dr. Michèle Laurent- Mme Claudine Delsart
Centre de Crise
Cliniques Universitaires St. Luc
Bruxelles
La crise suicidaire de l’adolescent dans nos pays européens est-elle le catalyseur , le
point d’appel d’une psychopathologie naissante ou établie ? Pourrions-nous plutôt la décrire
comme un nouveau rite de passage et d’identification dans une société où le manque de repères
devient de plus en plus prégnant ? S’il s’agit d’un rituel, sa dramatisation est importante. Les
adolescents nous le démontrent tous les jours à travers la multiplication des blogs et des forums
de discussion dont la mort est la thématique centrale.
Dès lors, notre intervention de crise d’inspiration bio-psycho-sociale qui se veut non
stigmatisante de l’individu et de se famille est-elle toujours une réponse adaptée et efficace à ce
besoin de monstration du propre malaise de vivre et à ce questionnement existentiel ?
Notre pratique quotidienne invite à une réflexion sur cet argument dans un service qui se vit
souvent comme le « concierge » de l’institution
La présentation s’articulera entre une discussion théorique de cette hypothèse et une
illustration de ces réflexions au travers de deux exemples cliniques.
Qu’en est-il de la prévention… lorsqu’on explique les suicides à l’adolescence comme des
« suicides d’émotions »?
Francine Gratton, PhD, Prof., Vice Doyenne aux études supérieures
Christine Genest, doctorante
Université de Montréal
Résumé :
Afin d’identifier des pistes de prévention efficaces, le but de cette étude subventionnée par un organisme
fédéral canadien (CRSH) est de proposer une explication des suicides à l’adolescence. La perspective
théorique qui soutient cette étude étant la "sociologie compréhensive" de Weber, le suicide devient une
conduite qui a eu un sens pour l'adolescent ou l’adolescente qui l’a commis. Pour comprendre ce geste,
nous avons mené une recherche qualitative (approche par théorisation ancrée) en reconstituant des
histoires de vie d’adolescents suicidés (13 à 17 ans) à l'aide de 71 entrevues en profondeur avec 85
proches (parents, fratrie, camarades, etc.) dont la durée a varié entre une et quatre heures ; des
documents personnels (lettres d'adieu, journal intime, agenda, courriels, vidéo, etc.) ; des rapports du
coroner. Les résultats de l’analyse indiquent que, par comparaison à une première étude sur des suicides
de jeunes (18-30 ans) qui étaient fortement influencés par les valeurs et que nous nommions des
«suicides d’être », ces suicides à l’adolescence (13-17 ans) seraient des « suicides d’émotions ». La
consultation de nombreux écrits sur les émotions incite à expliquer ces suicides comme étant
l’aboutissement d’un «processus émotionnel» constitué de deux étapes : l’expérience et l’expression
émotionnelles. Suite à des événements précipitants, ces jeunes auraient fait l’expérience d’émotions
négatives dont l’expression, c’est-à-dire leur suicide, correspondrait à une « stratégie de coping centrée
sur les émotions » (figure 1). Nous proposons une typologie de ces suicides d’émotions (Figures 2 et 3 :
en construction actuellement). En termes de prévention, en plus du soutien des adultes, il importe
d’insister sur le développement de programmes aidant les adolescents à gérer leurs émotions et à
identifier plusieurs solutions à un problème en faisant l’analyse de stratégies de coping centrées, non sur
les émotions, mais sur les problèmes.
SUICIDES D’ÉMOTIONS (en construction)
LES SUICIDES D’ÉMOTION DES ADOLESCENTS
Événement(s) précipitant(s)
(provoquent des changements)
Types de suicides d’émotion
(en construction)
ÉMOTIONS
NÉGATIVES
ou expérience émotionnelle négative
Ém. nég. passives (tristesse..)
résignation
ou
Ém. nég. actives (colère) + passives
(tristesse) (cocktail explosif)
Passifs/actifs
Suicides passifs
Extérieur
Extérieur
Suicides actifs
Passif
Intérieurs/extérieurs
Actif
Chantal*
Suicides intérieurs
Serge
Marie
Intér ieur
Intérieur
Expression émotionnelle
Stratégie de coping centrée sur les émotions
Suicides extérieurs
SUICIDE
François
Mario
Anne
* Ce sont tous des noms fictifs
Figure 1
Figure 2
Guy
Estelle
Actif
Passif
Extérieur : déclenché par év éneme nts ext
Intérieur : Vague à l’âme permane nt
Passif : ado se rés igne, capitule, renonce à
se battre activement
Actif : ado agit, combat, est agr essif
Figure 3
Atelier n° 2 : CRISE SUICIDAIRE ET MILIEU PENITENTIAIRE
Modérateur : Prof. JL Terra
La crise suicidaire en milieu pénitentiaire : Quel impact des formations et quelles perspectives
d’amélioration en Nord-Pas-de-Calais.
EL BARTALI F. ; DUMONT M. ; VERITE E.
DRASS Nord-Pas-de-Calais
Gestion de la crise suicidaire: exemple du milieu pénitentiaire.
KAHN J.P ; MOURIC I.
Service de Psychiatrie et de Psychologie clinique, C.H.U de NANCY
Originalité de la formation à l’intervention de la crise suicidaire en milieu pénitentiaire dans la région
PACA.
HODGKINSON M. ; AZAS G. ; DAVID F.
SMPR CP Baumettes MARSEILLE
Processus suicidaire à l’aile d’accueil de Fleury-Mérogis : à propos de deux situations cliniques.
TESU-ROLLIER D.
SMPR de FLEURY-MEROGIS
LA CRISE SUICIDAIRE EN MILIEU PENITENTIAIRE : QUEL IMPACT DES FORMATIONS ET QUELLES
PERSPECTIVES D’AMELIORATION EN NORD-PAS DE CALAIS.
EL BARTALI F., DR DUMONT M., DR VÉRITÉ E.
Historique
Une circulaire du ministère chargé de la santé de juillet 2001 a fixé des orientations nationales
sur la prévention du suicide en population générale en proposant des formations pluri-catégorielles. En
2002 en Nord-Pas de Calais, les sessions de formation « tous publics » ont intégré des personnels de
l’administration pénitentiaire. Le bilan de ces sessions a montré la difficulté pour ces personnels à
trouver leur place. Ainsi depuis 2003, des formations spécifiques au milieu pénitentiaire ont été mises en
place dans la région.
La formation
La formation en milieu pénitentiaire est pluricatégorielle et interinstitutionnelle (personnel
pénitentiaire et personnel hospitalier des UCSA..). Ses objectifs sont: spécifier la problématique du
suicide en prison ; identifier les facteurs de risque associés à l’émergence d’une crise suicidaire ; fournir
des éléments pour la gestion d’une situation de décès par suicide et pour l’accompagnement des
personnes endeuillées. Elle devrait favoriser le travail en réseau et le maintien d’une dynamique de
prévention de la crise suicidaire. Elle est animée par un médecin du CRES et par une psychologue de
l’administration pénitentiaire. Elle se déroule sur 4 jours non consécutifs.
Méthodologie
Une évaluation "à chaud" est faite lors de la dernière journée de formation. Par ailleurs, une évaluation
externe par entretiens semi-directifs est menée auprès de 15 participants, de catégories professionnelles
différentes travaillant dans 5 prisons.
Les premiers résultats montrent
• En 2005, 5 formations ont regroupé 55 personnes de la région.
• Formation reconnue « utile » par les participants (amélioration des connaissances sur la crise
suicidaire et sa gestion, échanges,…)
• Faible taux de participation des personnels et particulièrement des personnels soignants.
La communication orale répondra aux deux questions:
• La formation suscite-t-elle des changements de pratiques individuelles et collectives?
• Le faible taux de participation est-il lié à des freins institutionnels ou à une absence de
perception de cette problématique par les personnels?
GESTION DE LA CRISE SUICIDAIRE : EXEMPLE DU MILIEU PENITENTIAIRE
KAHN Jean-Pierre 1, MOURIC Isabelle 2
1
PU-PH. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy.
2
Chef de Clinique – Assistant. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy.
Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy (Université Henri Poincaré, Nancy 1)
Hôpital Jeanne d’Arc. 54200 DOMMARTIN LES TOUL.
Le suicide et les tentatives de suicide sont une priorité de santé publique tant au niveau national
qu’international. Les études récentes sur les conduites suicidaires tentent de dégager des facteurs de
risque afin d’améliorer les stratégies de prévention. L’incarcération et les conditions de vie en détention
(enfermement, isolement, éloignement familial, toxicomanies, violence) constituent un de ces facteurs
de risque. Les conduites suicidaires sont de fait un motif fréquent de consultation des équipes
psychiatriques. Il est par conséquent nécessaire que les équipes psychiatriques pénitentiaires soient
formées à la gestion de la crise suicidaire mais cette formation doit aussi être pluridisciplinaire et faire
intervenir l’ensemble des équipes (chef de détention, surveillant, travailleurs sociaux…). Une formation
adéquate dans l’échange et la complémentarité pourrait permettre d’améliorer les pratiques de chacun et
d’instaurer des mesures de prévention efficace (surveillance spéciale, quartiers arrivant…). Après avoir
présenté une brève revue de la littérature sur les tentatives de suicide et leurs facteurs de risque en milieu
carcéral, nous proposons d’illustrer ce propos à travers l’exemple de la formation dispensée aux équipes
intervenant en milieu pénitentiaire par l’équipe du CHU de Nancy.
ORIGINALITE DE LA FORMATION A L’INTERVENTION DE LA CRISE SUICIDAIRE EN
MILIEU PENITENTIAIRE DANS LA REGION PACA
HODGKINSON M.
Psychiatre, PH - SMPR - CP Baumettes - 213 chemin de Morgiou 13009
Marseille
AZAS G.
Psychiatre, PH – SMPR - CP Baumettes - chemin de Morgiou 13009 Marseille
DAVID F.
Formateur régional - Administration Pénitentiaire - Direction Régionale Pénitentiaire
PACA4 traverse de Rabat BP121 13277 Marseille cedex 09
Le suicide en prison est sept fois plus élevé que dans une population générale comparable d’un point de
vue socio-démographique.
Parce que les professionnels de la santé, comme les professionnels de l’Administration pénitentiaire,
considèrent que ce phénomène ancien et important n’est pas une fatalité, ils se sont saisis ensembles du
programme national de formation à l’intervention de la crise suicidaire.
Les auteurs proposent une formation originale dans la région PACA, qui se veut un exemple de
partenariat réussi dans sa forme, sur le fond et par ses résultats. Ce sont ces trois aspects qui sont
présentés ici aujourd’hui.
Processus suicidaire à l’aile d’accueil de Fleury Mérogis : à propos de deux situations
cliniques
Docteur Tesu-Rollier Diana Doïna – Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis
Le but de notre communication est de présenter et détailler la prise en charge pluridisciplinaire
des patients-détenus à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, à l'aile des arrivants.
Il s'agit d'une prise en charge sanitaire, pénitentiaire, et enfin une prise en charge conjuguée,
médico-sociale, concernant les travailleurs sociaux du service médico psychologique régional
(SMPR) et les travailleurs sociaux du service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP).
Nous avons choisi comme première vignette clinique le cas d'un patient ayant des antécédents
judiciaires et connaissant la maison d'arrêt, en seconde situation clinique un patient primo
incarcéré, présentant les signes cliniques de ce que nous pourrions appeler "choc carcéral".
L'objectif prioritaire serait de leur éviter les passages à l'acte auto-agressif.
Atelier n° 3 : QUELLES FORMATIONS ?
Modérateur : Doct. D. Chavagnat- Levy
De la Formation à l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) :
L’exemple de l’évaluation du potentiel suicidaire
M. PACAUT TRONCIN, L. BEAUMONT, J-L. TERRA
C.H le Vinatier, Lyon
Quelles formations pour quelles réactions à la crise suicidaire ?
Comment le soignant gère t’il son implication ?
P. AÏM, E. CLAUDOT
C.H de Jury, Metz
De l’analyse de la demande à l’intervention
B. LEKEUX
Groupe Belge d’étude et de prévention du Suicide
Résultats de l’évaluation des effets de la formation AQPS de trois jours sur l’intervention en
situation de crise suicidaire
B. MISHARA, D. BEAULIEU, L. LEMAY, I. MARCOUX, S. RAYMOND,
C. BARDON
Centre de recherché et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE)
Montréal, Québec
Utilisation des connaissances scientifiques en prévention du suicide : enjeux et défis pour la
recherche et les milieux de pratique
F. CHAGNON
Montréal, Québec
Formation à la prise en charge de la crise suicidaire : un pas dans l’élaboration d’une politique
de prévention du suicide en Belgique
X. GERNAY
C.H.S de Lierneux, Belgique
DE LA FORMATION A L’EVALUATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES (EPP) :
L’EXEMPLE DE L’EVALUATION DU POTENTIEL SUICIDAIRE.
Pacaut Troncin Michèle, Beaumont Laurent, Terra Jean-Louis
CH Le Vinatier, 95 Bd Pinel, 69500 BRON
RESUME :
INTRODUCTION :
Dans le cadre de l’évaluation des pratiques professionnelles, avec le CEPPRAL (Coordination pour
l’Evaluation des Pratiques Professionnelles en santé en Rhône-Alpes), des établissements, publics ou
privés, ont décidés de travailler ensemble sur l’évaluation du potentiel suicidaire.Les professionnels
parient qu’une évaluation améliorée du potentiel suicidaire aura des effets positifs sur la prise en charge
des personnes en crise suicidaire.
METHODE :
Des représentants de quatorze établissements ont été volontaires pour cette EPP. La majorité des
membres du groupe n’avait reçu aucune formation spécifique à l’intervention de crise suicidaire
auparavant. Une formation brève a été assurée et une grille commune de recueil de données concernant
la crise suicidaire a été adoptée.
Dans chaque centre, les médecins volontaires ont rempli la grille après chaque entretien sur une période
donnée.
Ils ont aussi donné leurs observations sur leurs éventuelles modifications de pratiques.
L’analyse des grilles est en cours au Vinatier.
Dans chaque centre une comparaison des données recueillies sur dossiers de patients, à l’aide de la
même grille de recueil, a été conduite.
RESULTATS :
Nous avons constaté à ce jour que :
• environ 30% des patients sont en crise suicidaire.
• Les changements intervenus dans les pratiques sont reconnus
• Une base de connaissances, délivrée même à minima, a permis l’acceptabilité de pratiques
auparavant mal formalisées (interrogatoire direct et ciblé du patient sur ces idées suicidaires)
• Le simple fait de s’essayer à évaluer et de s’approprier cette connaissance permet une
amélioration concrète de la prise en charge des patients.
DISCUSSION :
Ce travail confirme qu’environ 30% des personnes suivies en psychiatrie sont en crise suicidaire.
Quelques séances communes pour fonder une dynamique de groupe, une formation brève ainsi que
l’engagement important des membres du groupe ont été des conditions préalables à réunir pour
observer des conséquences sur les bonnes pratiques dans les différents établissements.
.
P. Aïm, Interne D.E.S
E. Claudot, Praticien Hospitalier
Centre Hospitalier de Jury
QUELLES FORMATIONS POUR QUELLES REACTIONS A LA CRISE SUICIDAIRE ?
COMMENT LE SOIGNANT GERE - T - IL SON IMPLICATION ?
La confrontation du personnel soignant à des patients en crise est fréquente que cela soit en milieu
hospitalier ou en centre médico-psychologique. Elle prend souvent la forme d’une crise « de nature
suicidaire » : menace d’autolyse, « acting out », alertes par tiers.
Face à ses situations, les réactions du personnel sont influencées par de nombreux facteurs : expérience,
formation, perception du patient, lieu et moment de la crise, modalités d’interventions, connaissance du
réseau de soins, qualités personnelles …
Les outils utilisés par le professionnel en ces temps forts sont-ils suffisamment performants ?
Un questionnaire a été adressé à tout le personnel infirmier des 5ème et 6ème secteur du CHS de Jury. Il
tente d’évaluer les impacts de ces moments de tension, d’analyser la nature des moyens mis à disposition
pour les gérer, et de formuler des hypothèses d’évolution des pratiques professionnelles.
DE L’ ANALYSE DE LA DEMANDE A L’ INTERVENTION
LEKEUX BEATRIX GROUPE BELGE D’ETUDE ET DE PREVENTION DU SUICIDE
Notre communication portera sur les fondements qui nous guident dans un processus de formation
depuis le moment de l’appel téléphonique en provenance d’une institution (école, service
psycho-médico-social, entreprise) jusqu’au moment de l’intervention in situ. Nous donnerons en
parallèle un aperçu des portes d’entrée que nous utilisons pour sensibiliser nos différents publics aux
problématiques du suicide.
Notre expérience nous a appris l’importance de l’analyse de la demande. Exporter un programme de
formation sans connaître les enjeux du demandeur, son inscription dans son institution, le moment de la
demande, peut rendre cette formation quasi inopérante. Si chacun connaît la complexité du phénomène
suicide, nous réalisons que, lorsqu’on l’aborde dans le cadre de nos formations, il révèle les complexités
internes du dit système et les comportements de ces différents acteurs.
RESULTATS DE L’EVALUATION DES EFFETS DE LA FORMATION AQPS DE TROIS
JOURS SUR L’INTERVENTION EN SITUATION DE CRISE SUICIDAIRE
MISHARA, Brian L., Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE),
Université du Québec à Montréal; BEAULIEU, Daniel et LEMAY, Louis, Association québécoise de
prévention du suicide (AQPS); MARCOUX, Isabelle, RAYMOND, Sylvaine, BARDON, Cécile,
Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE), Université du Québec à
Montréal.
Objectifs : Décrire la formation de l’AQPS sur l’intervention en situation de crise suicidaire et présenter
les résultats d’une évaluation de cette formation de trois jours.
Méthode : Nous avons comparé des intervenants qui ont suivi la formation à des intervenants n’ayant
pas suivi la formation, utilisant des mesures des connaissances, des attitudes ainsi que des observations
de changement dans leurs interventions, en comparant 41 intervenants ayant reçu la formation à 54
intervenants n’ayant pas reçu la formation, utilisant un devis longitudinal avec pré-test, post-test et suivi
quatre mois après, avec un questionnaire standardisé sur les attitudes et connaissances ainsi que les
observations des comportements d’intervention dans les mises en situation.
Résultats : Nos résultats indiquent des améliorations significatives des attitudes et des connaissances,
des habiletés et du sentiment de compétence dans le groupe expérimental et qu’il y a maintien de ces
acquisitions quatre mois après la formation.
Conclusions et implications pour la pratique. Les résultats indiquent que cette formation améliore les
habiletés à intervenir en situation de crise. Les discussions mettront l’accent sur les implications des
résultats pour le développement, l’amélioration et la diffusion de cette formation
Utilisation des connaissances scientifiques en prévention du suicide: enjeux et défis pour la recherche et les
milieux de pratique
Auteur principal : Chagnon François Ph.D.
Organisme : Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE)
Adresse postale : CRISE/UQAM CP 8888 succ.Centre-Ville
Ville : Montréal
Province : QC
Pays : CAN
Code postal : H3C 3P8
Téléphone : 987 3000 # 7768
Télécopieur : 987 0350
Collaborateurs : Mishara, Brian Ph.D., Houle, Janie Ph.D., Daigle, Marc. Ph.D.
Objectifs : Les chercheurs, les planificateurs et les intervenants doivent collaborer pour mieux prévenir le suicide,
mais quels sont les meilleurs moyens pour parvenir à cette collaboration et comment développer des connaissances
utiles pour la pratique? Cet atelier vise deux objectifs : 1) présenter les résultats des travaux du CRISE sur
l’application des connaissances en prévention du suicide; 2) proposer une réflexion sur la collaboration entre la
recherche et les milieux de pratique en prévention du suicide; 3) identifier des modalités novatrices afin de
renforcer l’application des connaissances en prévention du suicide.
Méthode : Une synthèse des connaissances scientifiques sur les modèles explicatifs et les déterminants de
l’application des connaissances est présentée. Un modèle théorique de l’application des connaissances en
prévention du suicide développé par le Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE)
et ses implications pour la pratique seront discutés. Les résultats de 29 études de cas visant à vérifier le modèle
théorique du CRISE auprès d’organismes en prévention du suicide seront présentés et discutés. Enfin, une
expérience pilote développée par le CRISE en collaboration avec l’AQPS afin de créer une communauté de
pratique entre intervenants et chercheurs sera examinée et les effets sur le rapprochement entre chercheurs et
intervenants ainsi que sur l’utilisation des connaissances scientifiques seront discutés.
Résultats : Afin d’intensifier l’utilisation des connaissances il est d’abord nécessaire d’adopter un cadre d’action
qui cible les éléments prioritaires et précise les finalités attendus par l’utilisation. Le rapprochement entre la
recherche et la pratique et les transformations conceptuelles sont souvent négligés à tort au profit de la recherche
de preuves scientifiques. Les résultats des travaux du CRISE montrent le rôle déterminant des mécanismes
relationnels et de collaboration entre chercheurs et intervenants afin de favoriser l’utilisation des connaissances.
Par ailleurs, ces résultats montre aussi que les connaissances scientifiques peuvent être utilisées selon diverses
formes (instrumentale; conceptuelle; symbolique) et que des déterminants différents peuvent favoriser ces formes
d’utilisation. Enfin, il apparaît que le rôle actif des organismes utilisateurs des connaissances dans la
transformation des connaissances empiriques en des connaissances cliniques doit être appuyé afin de favoriser une
meilleure utilisation des connaissances.
Conclusions et implications pour la pratique. Cet atelier permet d’illustrer pratiquement les défis de
l’application des connaissances, de développer une modélisation de l’utilisation des connaissances scientifiques en
prévention du suicide et de suggérer des moyens concrets pour accélérer l’utilisation des connaissances en ce
domaine.
FORMATION A LA PRISE EN CHARGE DE LA CRISE SUICIDAIRE : UN PAS
DANS L’ELABORATION D’UNE POLITIQUE DE PREVENTION DU SUICIDE EN
BELGIQUE
Docteur Xavier GERNAY
Psychiatre
Médecin-Chef au C.H.S. « L’Accueil » de Lierneux – Province de Liège (Belgique)
Médecin responsable du Centre Patrick Dewaere à Lierneux – Province de Liège (Belgique)
Rue du Doyard, 15
4990 LIERNEUX
BELGIQUE
Tél : 00 32 (0)80/292.318
Fax : 00 32 (0)80/292.157
Le territoire de la Belgique est divisé en 10 provinces, dirigée par un Gouverneur et administrées par les
députations provinciales.
En 1985, les 5 provinces francophones s’entendent pour mettre sur pied un organisme commun, le
C.I.M.P. (Comité Interprovincial de Médecine Préventive) qui a pour but, entre autres, le partage
d’expériences en matière de médecine préventive, l’éducation à la santé et la promotion du mieux-être
(le concept de santé englobe ici, en vertu de la charte d’Otawa, les facettes physique, sociale et mentale).
Au sein de cette structure, un groupe de travail réunissant des acteurs de prévention du suicide a proposé
parmi ses actions, l’élaboration d’un programme commun de formation à la prise en charge de la crise
suicidaire.
La démarche a consisté en 3 étapes :
-
réflexion sur les publics cibles,
réalisation d’un inventaire des outils de formation utilisés sur les territoires respectifs ainsi
qu’à l’étranger,
confrontation des outils et réalisation d’un manuel de formation commun (en voie de
finalisation).
Le C.I.M.P. dispose désormais d’un outil de formation à la prévention de la crise suicidaire qui intègre
les développement les plus récents en la matière.
L’exposé retracera les différentes étapes de ce processus, du choix des acteurs aux contenus des
formations, analysera leurs complémentarités, discutera de la « plus value » née de la confrontation des
expériences locales et étrangères et enfin proposera des pistes de réflexion pour l’implantation de ces
pratiques.
Atelier n° 4 : INTERVENTIONS DE CRISE
Modérateur : Prof. K. Chahraoui
Travail de liens entre un service d’urgences et une structure intersectorielle pour les patients en
crise suicidaire : une expérience de transitionnalité
C. RAUSCHER, M. YUSTE
Hôpital Edouard Herriot de Lyon, ALP Santé Mentale et Communauté, Villeurbanne
L’intervention de crise peut-elle être utile pour l’apprendre / la prendre ?
O. DUFOUR, G. HOURTON, S. VIRGILLITO
Hôpital Universitaire de Genève, Service Accueil, urgences et liaison psychiatriques,
Genève
La tentative de suicide, un espace entre deux crises : la vie et la mort
Y. MOURTADA
C.H.S de la Sarthe, Allonnes
Sujet en crise, entourage en crise ?
E. AVIET, K. YEBBAL
C.H.S de Montbert, Unité de Prévention du Suicide
Couples à bord de la crise suicidaire
J. OBADIA, V. DODIN, B. COVIAUX
C.H Saint Vincent de Paul, Lille
Les suicidés de la rue
J. LEREUIL
C.H.S de la Chartreuse, Dijon
Quel rôle attribué au psychiatre dans la prévention du suicide ?
I. REGAIEG
Faculté de Tunis, Tunisie
Travail de liens entre un service d’urgences et une structure intersectorielle pour les
patients en crise suicidaire : une expérience de transitionnalité.
Dr C.RAUSCHER* et M.YUSTE**
ALP (accueil, lien, psychothérapie) est une structure inter sectorielle crée en 1997 dans le cadre
d'une unité chargée des activités de liaison et de prévention. Cette strucure prend en charge des
patients en crise psychique, souvent suicidaire, pour des soins ambulatoires de 2 mois, dans une
prise en charge intensive, individuelle et groupale.
Diverses études ont montré que moins d'un suicidant sur dix consulte un soignant psychiatrique
après sa sortie d'un service d'urgence.Partant de cette constatation nous avons cherché à créer
une structure pouvant jouer un role d'intermédiaire entre les personnes souffrantes et les
structures soignantes ou sociales existantes. Il s'agit d'accueillir la crise et de mettre en lien ces
personnes avec des professionnels susceptibles de leur apporter ultérieurement un soutien
approprié. Ce dispositif a pour objectif d'apporter une réponse psychothérapique intensive mais
limitée dans le temps à des personnes présentant un état de détresse psychique important ne
nécessitant pas forcément une hospitalisation tout en nécessitant un étayage important.
Le psychiatre du service d’urgence fait appel à ALP et une première rencontre est organisée
entre le patient, le psychiatre des urgences et une infirmière d’ALP au sein du service des
urgences. Cette première rencontre nous semble très importante car elle initie une relation de
soutien psychothérapique qui va se poursuivre avec le même soignant tout au long de son
passage à ALP, témoin de ce qu’a été la crise au sein du service d’urgences. La prise en charge
est individualisée et le planning est convenu avec le patient et revu chaque semaine dans les
entretiens individuels. Peu à peu dans ces rencontres s'élabore aussi le projet de soins ultérieur.
Dans les groupes, les patients découvrent qu’il peut exister un plaisir à penser.
La prise en charge est suffisamment longue pour permettre un certain apprivoisement de
l'activité psychique en dédramatisant les soins ,mais aussi suffisamment courte pour permettre
le passage vers un autre thérapeute.
Ce dispositif, par les divers liens qui sont mis en place entre service d’urgence et ALP puis ALP
vers thérapeute au plus long cours, matérialise la transitionnalité nécessaire dans la prise en
charge de la crise suicidaire.
*psychiatre, assistante chef de clinique service de médecine légale psychiatrique des urgences,
hôpital E.HERRIOT, Lyon.
**infirmière à ALP Santé Mentale et Communautés, Villleurbanne
38è JOURNéES DU GEPS – DIJON – SEPT. 2006-07-06
LA CRISE SUCIDAIRE, QUELLES FORMATIONS POUR QUELLES INTERVENTIONS ?
Dufour Olivier,
Infirmier spécialisé, Praticien-Formateur HES, responsable projet qualité du SAULP,
SAULP, HUG,
Case postale, CH 1211 Genève 14
004122.372.38.59 / 004178.660.38.33 fax: 0041372.38.55
Gilles Hourton, infirmier responsable d’unité, SAULP, HUG
Salvatore Virgillito, infirmier spécialiste clinique, DSI, HUG
« L’INTERVENTION DE CRISE PEUT-ELLE ÊTRE UTILE POUR
L’APPRENDRE/LA PRENDRE ? »
Dufour Olivier, Hourton Gilles, Virgillitto Salvatore,
Service Accueil, urgences et liaison psychiatriques (SAULP), Hôp. Universitaires de Genève (HUG)
Dans le cadre du travail en soins psychiatriques aigus, notre équipe a développé l’intervention de crise
(IC). La formalisation de ce type d’intervention a été faite il y a de nombreuses années et est connue sous
l’appellation de « modèle genevois d’IC » ou « modèle d’interaction-intervention de crise ». La
continuité de notre pratique nous a permis de valider ce modèle ainsi que de l’affiner régulièrement. Il
est fondé sur les connaissances de la psychiatrie, plus spécifiquement la psychodynamique, la théorie de
la crise, plus particulièrement lors des situations d’urgence et de catastrophe et les études sur le
psychotraumatisme, ainsi que sur les concepts de base des soins infirmiers, telle l’approche
biopsychosociale.
Si je me réfère au modèle allostérique d’apprentissage, et à la question plus générale de « l’apprendre »,
qui nécessite que « pour qu’il y ait compréhension d'un modèle nouveau ou mobilisation d’un savoir par
l’apprenant, l'ensemble de sa structure mentale doit être transformée. Son cadre de questionnement est
complètement reformulé, sa grille de références largement réélaborée. Ces mécanismes ne sont jamais
immédiats, ils passent par des phases de conflits ou d’interférences. Tout est affaire d’approximation, de
concernation, de confrontation, de décontextualisation, d’interconnexion, de rupture, d’alternance,
d’émergence, de palier, de recul et surtout de mobilisation. ».
En effet, les caractéristiques nécessaires ci-dessus nommées sont typiques de la crise et plus
particulièrement de notre mode d’intervention. Toutefois, il n’échappera pas que le soignant
pour développer ses divers savoirs sur l’IC, va devoir se trouver quasi en situation de crise. A
savoir, constater que ses conceptions de la crise ne sont pas suffisamment opérationnelles.
D’aucun pourrait suggérer qu’il n’est pas le moment « d’en rajouter » en mettant le soignant
dans une telle situation alors qu’il s’agit d’apprendre quelques chose de nouveau.
Ce choix repose aussi sur un point de vue éthique postulant l’importance de donner à la
personne des moyens d’agir, de mieux contrôler sa propre situation, ses acquisitions et
compétences.
SUJET EN CRISE, ENTOURAGE EN CRISE ?
Elise AVIET, psychologue
Kahina YEBBAL, psychiatre
Unité de Prévention du Suicide - Fédération de Santé Publique -C.H.S. de Montbert
Le sujet en crise est-il le seul à l’être au sein de son entourage ? On a constaté que bien souvent la famille
qui fait une demande de consultation est également en crise, voire dans certains cas, prise dans le
processus suicidaire du suicidant, et si la prise en charge de la personne suicidante est efficiente, celle de
l’entourage n’est pas formalisée. C'est pourquoi depuis plusieurs années, l'équipe de l'Unité de
Prévention du Suicide, composée d’un praticien hospitalier, d’une psychologue et de trois infirmières,
mène des actions de prévention et propose des consultations spécifiques pour l’entourage du sujet en
crise suicidaire, lui conférant une place toute particulière. En effet, la reconnaissance de la famille en
crise ne peut se faire qu’à la condition qu’un espace lui soit réservé.
L’objectif n’est pas de soigner la famille, mais de proposer un lieu d’écoute différencié de celui du
patient, où la famille puisse s’autoriser à verbaliser ses difficultés, ses affects, ses craintes et ses limites,
ainsi qu’un lieu d’information et de renforcement des compétences familiales naturelles.
L’espace physique mais aussi psychique que l'on propose devrait pouvoir être suffisamment contenant
pour que l’on parle "d’espace transitionnel". Il est en effet essentiel, de restaurer la capacité de parole de
l’entourage, siège incontournable de la pensée, du symbolique. Pour y parvenir, il faut permettre un
espace de parole et d’élaboration autour de la crise et de ses représentations, pour aider l’entourage à se
décaler de la situation de crise sans s’en exclure, pour qu’elles deviennent ou redeviennent aidantes.
Une des idées majeures que soutient l'équipe de l'unité, est de considérer le suicide comme étant
"l’affaire de tous avant d’être celle des spécialistes".
« COUPLES À BORD DE LA CRISE SUICIDAIRE »
Obadia.J., Dodin.V., Coviaux. B., service de psychiatrie, Unité d’Accueil Médico-Psychologique
(UAMP) et centre de psychothérapie, Groupe Hospitalier de l’Institut Catholique de Lille, Centre
Hospitalier Saint-Vincent de Paul, Boulevard de Belfort, BP 387, 59020 Lille Cedex, et Faculté Libre de
Médecine de Lille.
Nous présentons le travail de notre équipe dans la situation du « couple à bord de la crise suicidaire ».
Nous nous appuierons sur des vignettes cliniques. Nous évoquerons des aspects techniques spécifiques,
qui nécessitent une formation appropriée. Nous prenons l’exemple d’une personne suicidante que nous
rencontrons aux urgences. Elle présente les critères psychiatriques d’une dépression, qui peut même
aller jusqu’à la tonalité mélancolique, ou d’une personnalité border line. Mais notre évaluation nous
amène aussi à formuler une ou des hypothèses systémiques de crise conjugale. En effet, une menace de
rupture d’appartenance au groupe couple a précédé le passage à l’acte. Nous nous rendons compte que la
perspective de la perte ne concerne pas seulement l’objet d’amour. Les amis communs, la belle-famille,
le statut social et le refuge identitaire investis dans le couple, sont aussi en question. Nous remettons
alors le couple en interaction dès les urgences. Soit il déploie ses compétences à l’amélioration du conflit
à l’occasion de la tentative de suicide, soit il se remet en crise. Nous intervenons sur un temps
relativement court, qui est souvent intense. Nous pensons qu’il est souhaitable de l’aborder en binôme. Il
a une fonction de pare-excitation et de contenant. Il assure une continuité dans un contexte de
destructivité conjugale révélée par la crise suicidaire. Le couple thérapeutique peut mieux tolérer la mise
en scène émotionnelle de la crise. Il tente de réduire les contre-attitudes thérapeutiques, qui seraient liées
à nos résonances individuelle et/ou conjugale. Nous nous apercevons que ce cadre d’intervention
spécifique diminue souvent les symptômes individuels de crise d’allure dépressive ou border line. Il met
en action l’amorce d’un changement thérapeutique dans la tempête traversée par le couple à bord de la
mise en acte suicidaire. La sortie des urgences n’est pas forcement l’arrivée au port. Notre assistance à la
navigation conjugale peut se poursuivre en ambulatoire dans notre centre de psychothérapie.
Mots-Clés : crise suicidaire, couple, systémique, changement.
« LES SUICIDES DE LA RUE »
Docteur LEREUIL Joël – 4ème secteur de Psychiatrie Adulte
Centre Hospitalier Spécialisé de La Chartreuse – DIJON
« Ils sont suicidés par leur maladie » disais-je au médecin généraliste oeuvrant à l’Antenne
d’Accueil Médical de Dijon.
Ainsi proposerons-nous à nos auditeurs la remontée aux origines du drame qui institue le sujet
dans cette descente permanente de « naufragés » décrite par Patrick DECLERCK.
Par la générosité des époux GRANGIER en 1903, Dijon, s’est dotée d’un lieu dont la vocation
première d’assistance par le travail a nécessité l’inauguration par l’Abbé Pierre en 1955 d’un foyer
d’hébergement pour l’ouverture, en mars 1989, par la DDASS, d’une Antenne d’Accueil Médical afin
de soigner « les patients en grande précarité », devenu Centre de Santé Polyvalent par arrêté préfectoral
du 12/09/2003.
L’errance a-t-elle un statut ? Le regard de l’Autre quant au clochard transforme-t-il ce statut en
prise de conscience politique au point de rencontre du fantasme dans le discours du politique qui
demanderait la fermeture même de ce lieu d’écoute où l’étrangeté et la singularité de chaque histoire
tente de faire renaître l’identité.
Les spécialistes de la crise sociétale, « terme très à la mode », semblent apporter peu de
réponses.
La position du soignant, par contre, dans la prise en charge classique, voire originale, permet de
redonner humanité, sens et vie au céleste individu quand il n’a pas été suicidé totalement par la rue.
Autant de questions qui ne cessent d’affirmer notre travail.
Atelier n° 5 : PREVENTION- QUELS OUTILS ?
Modérateur : Doct. JC. Girod
Ecouter, prévenir pour éviter le pire
A. SEGOUIN
Conseil Général de la Manche
Passado, un site internet comme outil de prévention
S. VERHELST
Centre Chapelle aux Champs, Bruxelles
Prévention des crises et crise de la prévention
B. CHAUVOT
La Croix Valmer
Prévention du suicide dans le nord Cotentin
G. BOITTIAUX, D. LENOURY
C.H de Picauville, Fondation Bon Sauveur
Du théâtre interactif au service de la prévention du suicide
J. CHIFFE
Association Aktis, Ile de Sein
Pourquoi et comment utiliser une plaquette de prévention sur la crise suicidaire ?
J-J. CHAVAGNAT, C. POUPIN
C.H Henri Laborit, Poitiers
Un copain, une copine va mal… Comment prévenir le suicide des adolescents grâce à une
plaquette spécifique ?
J-J. CHAVAGNAT, C. POUPIN
C.H Henri Laborit, Poitiers
ECOUTER, PREVENIR POUR EVITER LE PIRE
Notre région présente le malheureux record en nombre de suicides et cela depuis de nombreuses années,
ainsi les équipes de travailleurs médico-sociaux ont –ils été fortement mobilisés sur cette question,
notamment grâce à un PRS entre 1995 et 2000. Des travaux communs avaient alors permis le
rapprochement des services hospitaliers et notamment la psychiatrie et le domaine du social ce qui n’est
pas toujours chose aisée. A l’issue de ce travail une association ainsi qu’un service de « suicidologie »
sont nés dans notre région, les préoccupations allant vers une meilleure compréhension du phénomène
mais surtout une amélioration du travail de prévention par aussi le développement de l’écoute des
personnes endeuillées par un suicide. Le travail n’est désormais plus encadré par le dispositif du PRS,
mais les acteurs sont demandeurs et se mobilisent. L’idée forte étant que chacun de sa place peut avoir
son rôle à jouer, qu’en parler ne fait pas mourir et aussi parce, régulièrement l’actualité plus ou moins
proche nous rappelle à la réalité, au définitif. Nous développons la notion de « veille », nous pensons
que réunir les forces et les compétences peut nous aider à lutter. Notre groupe de travail inclue
professionnels du médical et du social et bénévoles, associatifs ou non. Nous construisons ensemble des
projets susceptibles de recevoir un écho près du plus grand nombre. A l’occasion de la 10èmes journée
de prévention le 5 février, nous avons proposé une réunion publique et eu la surprise de réunir une
centaine de personnes.
Simplement en parler, briser les tabous, s’unir pour apprendre à repérer les signes de détresse et
apprendre à en parler, vaincre la peur, oser dire, oser écouter. Lutter contre les idées reçues. Au cours de
la soirée les intervenants ont pu parler de cette notion de veille et de prévention, les questions étaient
nombreuses, les témoignages aussi, le public demandeur d’autres moments comme celui-ci. Cette
expérience nous invite à concevoir la suite de notre travail et nous donne la preuve que la mutualisation
des compétences enrichit le travail de chacun et nous espérons qu’à terme améliorera la situation, dans
l’attente il nous semble primordial d’apporter à chacun des espaces où il trouvera sinon des réponses, au
moins des clés de compréhension pour mieux aborder sa propre destinée et ainsi mieux être à même
d’aider un proche, un voisin, un usager, un client en difficulté.
Sûrs d’au moins ceci : le suicidé ne veut pas mourir, simplement il ne veut plus vivre, il n’en peut plus et
veut mettre fin à sa souffrance. Notre ambition n’est autre que de partager cette conviction, de la
développer de s’aider mutuellement à inventer tous les moyens qui pourront sinon éviter le pire, au
moins atténuer les souffrances et les soulager.
Annie SEGOUIN Responsable du Centre Médico-social d’Avranches
Conseil Général de la Manche
PASSADO, UN SITE INTERNET COMME OUTIL DE PREVENTION.
Sophie VERHELST, médecin assistant candidat spécialiste en pédopsychiatrie au Centre
Chapelle-aux-Champs à Bruxelles et animatrice dans l’équipe du site Internet
Passado, www.passado.be
Passado est un site Internet créé par cinq thérapeutes travaillant dans un service de santé mentale et
plus précisément dans le département accueillant les adolescents. L’idée est venue après une réflexion
par rapport aux jeunes qui n’avaient pas accès aux consultations ambulatoires. Internet pouvait aller à
leur rencontre pour leur offrir un lieu collectif garantissant néanmoins leur intimité et leur donnant
l’occasion de s’entraider.
L’espace d’échange vise à permettre aux adolescents l’expression de leurs difficultés mais aussi de
leurs expériences positives de la vie. Le jeune qui s’inscrit aura accès aux différents messages envoyés
par les autres participants et aura la possibilité d’en envoyer avec comme identification une signature
qu’il aura choisie.
Les grandes différences avec de nombreux forums existants sont la présence des animateurs ainsi que
le temps écoulé entre chaque échange. Les messages envoyés par les adolescents passent à chaque fois
par la lecture de l’animateur de veille. Chaque message est donc relancé aux participants avec une
phrase d’introduction (« l’annonce ») ainsi qu’un éventuel commentaire. L’animateur fait tiers, il fait
des liens, des suggestions de réflexion et ouvre des questions.
Les jeunes viennent parfois parler de leurs idées noires, de leurs expériences de tentative de suicide,
du suicide d’une connaissance ou d’un fait d’actualité. Ils auront plus ou moins de recul selon le temps
écoulé et le degré de proximité avec la personne concernée.
Le site Passado n’est pas, au départ, un outil spécifique de prévention contre le suicide. Il se veut,
avant tout, le plus accessible et le plus ouvert possible aux adolescents désireux de partager leurs
vécus tant négatifs que positifs.
Il devrait permettre aux adolescents de se déposer, d’échanger tout en étant soutenus mais avec, bien
sûr, les limites du cadre de l’espace proposé.
Nous leur proposons la possibilité d’exprimer leur souffrance dans un cadre suffisamment contenant
pour qu’ils puissent prendre appui et ainsi un peu de recul face à leur douleur. C’est donc avec l’aide
du langage écrit que nous souhaitons participer à la prévention des actes que le jeune pourrait diriger
contre lui-même.
PREVENTION DES CRISES ET
CRISE DE LA PREVENTION
--------------------
Dr Bernard CHAUVOT, Psychogériatre
La suicidologie décrit les crises suicidaires des différents âges et les formations
nécessaires pour les prévenir. Le personnel nécessaire est médico-scolaire pour les adolescents,
paramédical formé à l’écoute relationnelle pour l’âge isolé et médical prescripteur pour les
différentes crises dépressives.
Or, notre société ne met pas en place le personnel formé face aux jeunes et aux âgés.
En même temps, la formation médicale n’apprend pas aux médecins à utiliser correctement les
antidépresseurs. Cette carence provient de la non prise en charge des facteurs psychologiques et
relationnels. Elle entraîne dans la pratique une véritable crise de la prévention.
PREVENTION DU SUICIDE DANS LE NORD COTENTIN
Dr BOITTIAUX Gérard, LENOURY David, Centre Hospitalier de Picauville, Fondation Bon Sauveur
Avec 31 suicides pour 100000 habitants chaque année, La Manche fait partie des départements français
les plus touchés par le phénomène suicidaire. Pour y faire face, le Centre Hospitalier de Picauville
conduit depuis 2000, sur le nord du département (210 000 habitants), une démarche de prévention du
suicide avec ses partenaires de terrain.
Après une large dynamique de mobilisation et de sensibilisation, qui a conduit à l’élaboration d’un
diagnostic partagé sur la problématique suicidaire, la création d’un Comité de Pilotage rassemblant des
représentants de nos partenaires a permis de mettre en œuvre une démarche de formation en direction
des professionnels de première ligne, issus des champs sanitaires et sociaux. Cette démarche de
formation a reçu le soutien financier de la Fondation de France et ainsi, depuis janvier 2004, plus de 160
professionnels d’horizons divers ont été formés à l’intervention de crise suicidaire et au travail en réseau
(dont 110 durant l’année 2004).
L’évaluation de ces formations montre qu’elles permettent d’améliorer les compétences des acteurs de
terrain à l’évaluation et la prise en charge des situations de souffrance psychique ou de crise suicidaire,
et modifient les pratiques d’entretien d’aide. Des suivis de formation sont organisés afin d’accompagner
les professionnels dans l’application de ces nouvelles méthodes de travail, de recueillir les demandes
émergentes et de répondre aux besoins exprimés.
Parallèlement à cette démarche de formation, en 2005 un collectif départemental de prévention du
suicide, regroupant les professionnels issus des trois secteurs sanitaires de La Manche, s’est constitué. Il
s’est donné pour vocation de coordonner les différentes actions de prévention du suicide, de développer
des formations sur l’ensemble du territoire et de créer un Observatoire du suicide afin de mieux
comprendre cette problématique.
Depuis peu, des estimations épidémiologiques encourageantes sont venus soutenir notre motivation.
Basées sur les certificats de décès recensés, ces données montrent la chute importante des statistiques de
décès par suicide dans le nord de la Manche, et ce depuis l’année 2004, année des premières formations.
D éc ès
Estimation de l'évolution du nombre de suicide dans la
Manche
80
70
60
50
40
30
20
10
0
66
72
49
35
2002
2003
2004
Années
2005
Zone Nord Cotentin
Zone Centre
Zone Sud
DU THEÂTRE INTERACTIF AU SERVICE DE LA PREVENTION DU SUICIDE
DOCTEUR JEAN CHIFFE – Association Aktis – 8, rue Saint Corentin – 29990 Ile de Sein
DU THEÂTRE POURQUOI ?
L’expression théâtrale… La théâtralisation est un langage. Comme tout langage humain, il a ses
domaines d’utilisation qui ne sont que le fait d’un consensus social donné, à une période donnée et en un
lieu donné. Et comme tout langage, il est apte à évoquer l’immatériel, à exprimer abstractions,
sentiments et concepts. Ainsi il sert, de plus en plus souvent, à la formation des individus.
L’illusion théâtrale… que le comédien, par son jeu, crée chez le public fait toute la force du théâtre
occidental, pousse le participant à prendre la parole, à quitter sa place et à aller s’essayer dans le jeu de la
scène, alors qu’il feint de croire que ce qui se passe sous ses yeux est vrai.
Un instrument d’éducation et de formation… avec la mise en situation (mise en danger) par la fiction,
qui se situe au niveau des démarches visant au « savoir être » et au « savoir faire ».
Ces interventions avec le théâtre prennent ainsi le sens d’une mise en fonctionnalité des compétences
déjà énoncée mais non encore testées au plan de performances. C’est la part de l’apprentissage.
DU THEÂTRE PAR QUI ?
Association Aktis… qui œuvre depuis 1988 dans le domaine de l’éducation pour la santé et la formation,
avec le théâtre comme outil privilégié et trois principes :
Une action par les pairs … Le public est concerné par la problématique de la formation et c’est
lui qui construira le cheminement de la fiction.
La fiction propose des actions accessibles au public. Pas de solution extérieure "magique".
Aller au-delà du discours.
THEÂTRE ET JEU DE RÒLES
Quelques réflexions sur l’expérience de trois années de séances de théâtre interactif au crédit de
formations sur la prévention du suicide dans le pays diois :
•
2004 « le matricule des anges » sur le thème de la prévention des récidives : un fils
adolescent qui, après une TS, vient consulter avec son père qui banalise, sa mère qui
dramatise…
• 2005 « le vague alarme » sur l’intervention de crise (présenté en atelier aux Journées de
Lyon) : une femme tente de faire entendre son projet suicidaire au plus mauvais moment
pour ceux qu’elle choisit pour confidents
• 2006 « Post it » sur la prise en charge diversifiée : dans un centre médicosocial, un infirmier,
une assistante sociale et le fils adoptif de Betty… à chacun sa vérité.
Un Copain, une copine va mal… Comment prévenir le suicide des adolescents grâce à une
plaquette spécifique ?
Objectifs :
Permettre aux pairs de reconnaître les principaux signes d’alerte lors d’une crise suicidaire chez leurs camarades,
mais aussi les informer sur les idées fausses concernant le suicide, afin d’accompagner ces camarades vers un
adulte ressource.
Méthode :
Un groupe de travail constitué d’adultes dans des champs différents (santé, éducation nationale, justice…) a
travaillé pendant un an et demi en lien avec deux classes de terminales d’un lycée de Poitiers. Le groupe d’adultes
a fait critiquer son travail par le groupe des adolescents, qui leurs faisaient des propositions en retour. L’échange a
porté aussi bien sur le fond que sur la forme.
Il a donc été proposé d’indiquer les principaux signes d’alerte, quelques idées fausses sur le suicide, d’expliquer
pourquoi il fallait agir et ne pas garder ce secret pour soi et enfin de préciser les aides possibles tant auprès d’une
personne, qu’éventuellement auprès d’une association ou d’une écoute téléphonique ou internet.
Cette plaquette a commencé à être présentée aux différents lycées de la région Poitou-Charentes. Le déroulement
est souvent le même : 2 heures de présentation et d’échanges avec les délégués de classes élus, puis 3 heurs de
présentation auprès des enseignants et des parents d’élèves.
Les relais sont également faits par l’infirmière scolaire, l’assistante sociale scolaire, le médecin scolaire, voire le
Conseiller Principal d’Education.
Résultats :
Jusqu’à présent, l’impact a toujours été favorable tant pour les élèves que pour les adultes, qui ont ainsi un moyen
commun pour communiquer autour d’un sujet particulièrement difficile. Les chefs d’établissement sortent peu à
peu de leur réserve et comprennent mieux notre démarche de prévention envers les adolescents en mal-être ayant
subi parfois un traumatisme caché ou bien suicidaire pour d’autres raisons.
Conclusion :
Cette action qui a débuté il y a maintenant plusieurs mois, est donc très encourageante et a commencé à montrer sa
pertinence grâce à ce médium que représente la plaquette intitulée « Un copain, une copine va mal… Comment
prévenir le suicide ? ». Le travail en partenariat adultes/adolescents a donc été validé et cette action va être
poursuivie pendant plusieurs année grâce au soutien des autorités locales (Conseil Régional Poitou-Charentes ).
.
Pourquoi et comment utiliser une plaquette de prévention sur la crise suicidaire ?
Objectifs :
Grâce aux formations à la crise suicidaire et à l’utilisation d’une plaquette spécifique, les auteurs espèrent réduire
les passages à l’acte suicidaire et mieux dépister des traumatismes qui peuvent en être à l’origine.
Méthode :
La généralisation des formations à la crise suicidaire instaurée par les professeurs Jean louis TERRA (Lyon) et
Monique SEGUIN (Québec), ont permis de former plusieurs centaines de formateurs en France.
Ces derniers ont eux mêmes répliqué cette formation à plusieurs milliers de personnes, notamment dans le champ
de la santé, de l’éducation nationale ou de la Justice. Afin d’augmenter l’impact de cette formation de plusieurs
jours, les auteurs ont mis au point, grâce à un groupe de travail inter-institutionnel une plaquette spécifique
reprenant les poins principaux de la crise suicidaire. Elle permet de mieux fixer et de mieux diffuser les
informations essentielles.
Résultats :
Les utilisateurs de cette plaquette sur la crise suicidaire possèdent ainsi un instrument clair, simple et précis, leurs
permettant de diffuser de manière plus efficace leur message de prévention en direction des personnes formées.
Ces dernières associant la formation spécifique et l’utilisation de ce support, se disent mieux armées pour
reconnaître et prendre en charge les personnes suicidaires et notamment celles ayant des antécédents de
traumatisme psychique.
Conclusion :
L’utilisation systématique des différents supports et notamment une plaquette spécifique, centrée sur la crise
suicidaire, permettent d’avoir une action plus efficace et prolonge l’impact des formations à cette crise suicidaire.
Atelier n° 6 : PRISE EN CHARGE DU SUICIDANT
Modérateur : Doct. F. Chastang
Prise en charge des suicidants : limites d’une filière
M. THALASSINOS, V. KESSELER
C.H V Dupouy, Argenteuil
Impact du modèle de soins actuel sur la clinique psychiatrique et la place du psychiatre au sein
d’un service de post-urgences
F. HAESEBAERT, S. HENRIETTE, S. GOLIN, C. PLUCHON, C. RAUSCHER,
F. DANET
Hôpital Edouard Herriot, Lyon
Un dispositif de prise en charge de la crise suicidaire au SRAU de Dijon
M. REBSAMEN, M.C. FRENISY, P. BESSE
C.H.U, Dijon
L’activité de liaison au décours de tentatives de suicide violentes
C. GENSOLLEN
C.H Lyon Sud, Pierre Bénite
Prise en charge de la crise suicidaire à l’hôpital : l’hospitalisation brève au service des urgences
F. ROYER
C.H Lyon Sud, Pierre Bénite
Prise en charge globale infirmière après une tentative de suicide grave
Equipe infirmière
Fondation Santé des Etudiants de France, Bouffémont
Handicap physique sévère après une tentative de suicide par précipitation
Ph. LESIEUR, J. TIRAVY-SILBER, V. FAURIE, P. LE NOUVEL
Fondation Santé des Etudiants de France, Bouffémont
PRISE EN CHARDE DES SUICIDANTS : LIMITES D’UNE FILIERE
Thalassinos M., Kesseler V.
Service de Psychiatrie, Centre Hospitalier V. Dupouy, Argenteuil.
La création d’une filière « suicidant » au Service d’Accueil des Urgences d’un Centre Hospitalier
Général a pour objectif de définir les modalités d’accueil, de prise en charge et d’orientation répondant
aux recommandations émanant des conférences de consensus ; elle se décline en termes de conduites
relativement codifiées et de protocole d’orientation supposés évaluer, traiter, inscrire le sujet dans un
parcours de soins . Cette déclinaison serait le pré requis d’une prévention de la récidive.
Une étude naturalistique menée sur une année, a porté sur les 545 suicidants accueillis dans le Service
d’Accueil des Urgences. L’orientation et les modalités de prise en charge des suicidants restent variables
selon les intervenants, notamment au niveau des consultations de suivi. Ceci nous semble poser le
problème des limites d’un protocole de soins, qui ne remporte pas toujours l’adhésion des différents
intervenants, selon leurs références théoriques, leur position institutionnelle et leur praxis.
Si l’objet à décrire existe dans la pratique professionnelle sous une forme plus ou moins élaborée, il est
surtout déjà codé dans un discours politique de santé, ce qui n’exclue en rien l’équivoque.
La notion de tentative suicidaire ou geste suicidaire ne nous semble pas strictement équivalente
au concept de crise suicidaire ; l’usage du terme suicidant a le mérite de situer le problème au
niveau du sujet, mais esquive l’écart sémantique.
Le suicide convoque des points de vue émanant de la philosophie, de la sociologie, de la
biologie, de la médecine, de la psychanalyse, qui demeurent en partie antinomiques. Ces points
de vue infiltrent, souvent à leur insu, la pratique des différents intervenants et la constitution
même de la filière dans une institution donnée. Ceci pourrait rendre compte, en partie, de
l’aspect aléatoire dans l’utilisation d’une telle filière.
Impact du modèle de soins actuel sur la clinique psychiatrique et la
place du psychiatre au sein d’un service de post-urgences.
F.HAESEBAERT, S.HENRIETTE, S.GOLIN, C.PLUCHON *, C.RAUSCHER**,
F.DANET***.
Psychiatres au sein d’une service de post-urgences d’un hôpital universitaire prenant en charge des
patients en situation de crise psychique, nous voyons depuis plusieurs mois notre activité se modifier.
Les patients suicidants que nous accueillions majoritairement auparavant ont laissé place à des
personnes âgées, des patients en détresse psychosociale, en rupture de soins, des patients porteurs de
polypathologies non assimilables par la médecine de spécialités.
Ce constat survient alors que lors des deux dernières décennies nous avons vu un nouveau modèle de
soins émerger, celui de l’« hôpital entreprise », dans un contexte de contraintes économiques liées à
l’accroissement de plus en plus important des dépenses de santé. Alors que le système sanitaire peine
pour appréhender sa place autrement qu’en s’appuyant sur des outils de gestion industriels, le grand âge
et la détresse psychosociale, indices des limites de cette segmentation et de la bureaucratie, ont été
écartés de l’hôpital clinique.
Le « sujet total », non classifiable, non programmable, aux difficultés imprécises et imprévisibles, ainsi
que tous ceux qui étaient auparavant accueillis par l’hôpital / lieu d’hébergement, se retrouvent aux
urgences. Désemparés par cette nouvelle donne, nous nous questionnons sur un nouveau rôle à jouer en
tant que psychiatres dans cette clinique particulière de l’urgence, du lieu, du lien, et de la scène humaine
des problèmes non résolus, à décrypter pour la perfectionner.
La psychiatrie pourrait revendiquer au sein du système de soins, avec d’autres spécialités attachées au
« sujet global » ( gériatrie, médecine générale, soins de suite et de réadaptation…) une place à la fois
intégrée et marginale vis-à-vis de la médecine hyper spécialisée. Elle pourrait notamment participer à
l’élaboration de nouveaux modèles cliniques, décalés par rapport aux grands standards de la médecine
qui tendent à une segmentation corporelle de l’humain.
*internes en psychiatrie, service de médecine légale psychiatrique des urgences, hôpital E.Herriot,
Lyon.
**psychiatre, assistante chef de clinique, service de médecine légale psychiatrique des urgences,
Hôpital E.Herriot, Lyon.
***psychiatre, médecin légiste, praticien hospitalier temps plein, service de médecine légale
psychiatrique des urgences, hôpital E.Herriot, Lyon.
Un dispositif de prise en charge de la crise suicidaire au Service Régional
d’Accueil des Urgences du C.H.U de Dijon.
Maryline Rebsamen*, Marie-Claude Frénisy*, Dr Pierre Besse **
*Unité de Consultations Psychologiques des Urgences, Service Régional d’Accueil des
Urgences, C.H.U. Dijon
**
Au Service des Urgences de l’Hôpital Général de Dijon, un dispositif singulier de prise en
charge de certains patients suicidants a été mis en place par le médecin psychiatre et les
psychologues. Le psychiatre voit tous les patients pris en charge en urgence à la suite d’un
passage à l’acte suicidaire. Lors d’un premier examen psychiatrique, il évalue la gravité de la
crise suicidaire. Cette évaluation est fondée sur la prise en compte de différents paramètres,
notamment le contexte familial et environnemental du patient au moment de la crise, la
situation matérielle et affective du patient sont également des éléments déterminants. De plus,
le psychiatre rencontre également la famille ou les proches du patient afin de prendre une
décision quant à la suite à donner au traitement. Quelquefois l’hospitalisation est proposée et
dans certains cas imposée. Dans le cas où l’hospitalisation n’est pas justifiée, le psychiatre
propose un suivi en ambulatoire et fait intervenir les psychologues du service.
Ainsi les psychologues interviennent avant que les patients ne ressortent de l’hôpital. Le
premier entretien avec les psychologues a lieu la plupart du temps à la suite de celui mené par le
médecin psychiatre. Ce dispositif permet une prise en charge immédiate de la dimension
psychologique au sein même du service des urgences. En effet, s’il est évidemment
indispensable de prendre en charge les aspects somatiques de la crise, il est tout aussi important
de prendre en charge, pendant le temps d’hospitalisation, la dimension psychologique de la
crise suicidaire. L’avantage de ce dispositif est de permettre une amorce de travail avec la
psychologue, dans le prolongement du travail effectué avec le psychiatre. Le premier entretien
psychologique consiste à tenter de situer le moment de crise dans l’histoire singulière du sujet.
Ensuite lorsqu’un suivi peut être mis en place, les patients viennent en consultation au service
des urgences, où les consultations sont gratuites, ce suivi se poursuivant tant que cela est
nécessaire pour le patient.
Avant d’illustrer par l’exposé d’un cas le type de travail effectué dans ce dispositif, je voudrais
faire la distinction entre deux concepts, celui de « passage à l’acte » et celui « d’acting out ».
Dans la conception de Lacan, le suicide est le modèle, le paradigme de l’acte et comme le dit
Jacques Alain Miller, « tout acte vrai au sens de Lacan est un suicide du sujet ». Dans le passage
à l’acte, le sujet fait l’impasse sur l’Autre, il dit non à l’Autre. Le passage à l’acte est un
franchissement, c’est un acte sans après, il y a une disparition de l’après, dans ce sens le seul
acte réussi est le suicide, le suicide réussi. Mais heureusement toute tentative de suicide ne se
solde pas par une réussite et ainsi on peut faire la distinction entre suicide réussi, donc passage
à l’acte et suicide manqué que l’on peut qualifier d’acting out. Dans l’acting out, contrairement
au passage à l’acte, il y a une scène sur laquelle le sujet se met à agir sous le regard de l’Autre.
Donc comme le précise J. A. Miller, dans l’acting out, il faut la présence de l’Autre, le
spectateur. C’est ce à quoi nous avons le plus souvent à faire dans notre dispositif de prise en
charge de la crise suicidaire, des tentatives de suicide « appel à l’Autre ».
(Illustration par un cas clinique non encore choisi)
L’ACTIVITE DE LIAISON AU DECOURS DE TENTATIVES DE SUICIDE VIOLENTES
Dr. Gensollen Cédric, Psychiatre, Chef de Clinique Assistant, Service d’Accueil des Ugences du
Centre Hospitalier Lyon-Sud, Pierre Bénite (69)
Depuis novembre 2005, 17 tentatives de suicide violentes (10 tentatives de suicide par précipitation dans
le vide, 4 par arme par feu, 1 par précipitation contre un bus, 1 par arme blanche dans l’abdomen et 1 par
ingestion de caustique) ont été prises en charge par la psychiatrie de liaison au Centre Hospitalier
Lyon-Sud.
L’analyse de ces situations cliniques met en évidence deux éléments remarquables :
- Bien que de tels passages à l’acte soient classiquement attribués aux patients psychotiques, ces derniers
ne représentent qu’une courte majorité des situations considérées (52,9%). Dans le cadre des suicidants
aux prises avec une problématique névrotique, le rôle déshinibiteur de l’alcool est une quasi constante
(96,2%).
- Il existe chez la totalité des patients pris en charge une disparition de la détermination suicidaire après
leur passage à l’acte violent.
A partir de trois brèves illustrations cliniques, nous proposons quelques éléments de réflexions rendant
compte de la relative extinction du processus autolytique après la tentative de suicide violente.
Seront ainsi abordés les rôles respectifs de la durée prolongée d’hospitalisation en CHU, de la dimension
quasi cathartique de tels gestes et de la fonction maternante de l’hôpital général pour ces patients.
PRISE EN CHARGE DE LA CRISE SUICIDAIRE A L’HOPITAL :
L’HOSPITALISATION BREVE AU SERVICE DES URGENCES
Docteur François ROYER, psychiatre, Service des Urgences, Centre Hospitalier Lyon Sud, Pierre
Bénite (69)
Résumé :
Au service des urgences du Centre Hospitalier Lyon Sud, les suicidants bénéficient systématiquement
d’un entretien psychiatrique qui permet d’évaluer la situation globale, en particulier le risque suicidaire,
et de proposer une prise en charge adaptée.
Lorsque le risque de récidive suicidaire est moyen ou élevé, nous proposons une hospitalisation brève
dans le service des urgences. Cette hospitalisation de quelques jours est le pivot du traitement de la crise
dans notre service.
En quoi consiste-t-elle ? Quels soins psychiatriques peut-on réaliser dans un service d’urgence ? Les
trois axes de la prise en charge sont l’évaluation, le traitement de la crise et l’orientation. Je propose
d’exposer ici certaines particularités du traitement de la crise suicidaire et de les illustrer par des
exemples cliniques.
Le projet de l’entretien psychiatrique est d’aborder la situation qui a amené le patient aux urgences, de
tenter de comprendre les motivations du geste suicidaire, d’en décortiquer la genèse. Mais ce projet est
en partie un leurre car le patient lui-même ignore les raisons de son geste – raisons multiples et fortement
inconscientes. Le projet de l’entretien n’est donc pas l’objectivation scientifique d’une mécanique
suicidaire. Il est l’occasion d’une rencontre autour d’un événement méconnu que l’on tentera ensemble
d’éclairer. A cette occasion, le patient amènera (éventuellement) des éléments permettant de se
représenter la dynamique inconsciente de son geste. L’enjeu n’est pas tant de découvrir une vérité du
sujet que de permettre au patient de prendre du recul en nous parlant de ce qui lui arrive. Ce travail aide
le suicidant à se dégager du registre imaginaire et narcissique où il est pris. Il réinstaure une distance
entre le sujet et sa psyché et contribue ainsi à l’apaisement de la crise.
Mots clés :
Crise suicidaire – Urgences – Hospitalisation Brève
PRISE EN CHARGE GLOBALE INFIRMIERE APRES UNE TENTATIVE DE SUICIDE
GRAVE
Equipe infirmière
(Fondation Santé des Etudiants de France, CMJA 95570 Bouffémont)
Notre service (transdisciplinaire) est un service de psychiatrie de 20 lits prenant en charge des patients
polytraumatisés de 15 à 35 ans après une tentative de suicide par précipitation. La durée de séjour,
définie par la rééducation fonctionnelle, varie de 3 mois à plus d’un an. Les soins somatiques
post-chirurgicaux prédominent en début de séjour, alors que la prise en charge psychiatrique va
s’intensifier peu à peu. Ce temps de soin particulier après une chirurgie, permet d’instaurer ou de
poursuivre les soins psychiatriques.Il est important que notre travail psychiatre/infirmier trouve aussi sa
place dès le début du séjour. Il s’intensifie lorsque les soins post chirurgicaux diminuent.
L’espace de soins, conçu pour la prise en charge médicale de patients polytraumatisés ressemble dans
son architecture plus à un service de médecine qu’à un service de psychiatrie. Il est cependant adapté à
l’accueil de patients suicidant : localisation en rez-de-chaussée, accueil filtrant, patio, espace commun
pour les activités de groupe, chambres individuelles, bureau infirmier pour les entretiens.
Le travail quotidien d’écoute et d’accompagnement constituent le cadre de soins
psychiatriques/infirmiers. En début de séjour, pendant les soins somatiques, les premiers échanges,
entretiens informels peuvent se faire. Par la suite, ils seront plus ciblés, à la demande, lors des crises…
Les repas pris en commun (thérapeutiques), les activités thérapeutiques, le groupe de paroles sont des
moments utilisés pour remettre au premier plan la problématique psychiatrique ayant entraîné le geste
suicidaire.
HANDICAP PHYSIQUE SEVERE APRES UNE TENTATIVE DE SUICIDE PAR PRECIPITATION :
Ph. LESIEUR, J. TIRAVY-SILBER, V. FAURIE, P. LE NOUVEL
(Fondation Santé des Etudiants de France, CMJA 95570 Bouffémont)
Les patients atteints de maladie chroniques, ont un risque accru de décès par suicide et de trouble dépressif. Ainsi,
chez les patients présentant des lésions médullaires post traumatiques le risque de décès par suicide est une des
principales causes de décès prématuré et le risque dépressif est 4 à 5 fois supérieur à celui de la population
générale.
Dans notre service de psychiatrie, nous accueillons chaque année environ 45 patients après une tentative de suicide
par précipitation (hauteur, métro, train), le temps des soins de rééducation fonctionnelle. Parmi ceux-ci 25%
environ présentent des lésions médullaires ou des traumatismes orthopédiques importants avec des handicaps
d'évolution incertaine (tétra et paraplégies, syndrome de la queue de cheval, amputations…).
Le travail psychiatrique avec ces patients va consister, à coté de la prise en charge du suicide et du trouble
psychiatrique sous-jacent, à accompagner les soins de rééducation fonctionnelle dans leur objectif de réadaptation.
Le handicap physique, dans la rupture qu'il représente, n'est jamais accepté, il faut "faire avec", l'intégrer. Une
première question est donc celle des ressources psychiques personnelles des patients, de leur capacité de résilience.
Une deuxième question est celle des conséquences du trouble psychiatrique sur les capacités d'autonomie
soudainement altérée par les déficits physiques. Le temps du retour au domicile, est le moment où tout les
problèmes se conjuguent, parfois en facteur d'exclusion et de stigmatisation : les capacités d'autonomie altérée,
l'accessibilité réduite des lieux (même des lieux de soin), la réorientation professionnelle, mais aussi le
traumatisme des familles et de l'entourage et la peur de la récidive.
A partir de ces questions, la discussion interrogera l'idée d'une prévention possible du risque de récidive. Cette
présentation sera illustrée par notre expérience des trois dernières années.
PRESENTATION DE VIDEOS
Modérateur : Doct. JC. Vignoles
Enjeu de vie (2002) : durée 26 min.
La crise suicidaire chez l’adolescent (2001) : durée 27 min.
La vie à dos (1995) : durée 56 min.
Samedi 23 Septembre
9 H : SEANCES DE COMMUNICATIONS
Ateliers parallèles
Atelier n° 1 : ADDICTIONS ET SUICIDE
Salle Morey – Saint- Denis
Atelier n° 2 : PROFIL DU SUICIDANT
Salle Mercurey
Atelier n° 3 : INTERVENTIONS DE CRISE
Salle Santenay
Atelier n° 4 : CRISE SUICIDAIRE ET MILIEU SCOLAIRE
Amphithéâtre Romanée Conti
Atelier n° 5 : URGENCES ET CRISE
Salle Chablis
Atelier n° 6 : CRISE SUICIDAIRE ET IDENTITE
Salle Saint Romain
Atelier n° 7 : FORMATION-PREVENTION
Salle Givry
Atelier n° 1 : ADDICTIONS ET SUICIDE
Modérateur : Prof.B.Bonin
« J’m barre »… de mon corps !
V. SCOLAN, V. NOEL, A. MEYER, G. BASTRENTA
C.H.U de Grenoble
Toxicomanie et risque suicidaire
J-C. PIQUET, A. MARCHAND, A. MURAT
C.H.U de Dijon, Service de psychiatrie
Suicidalité, adolescence et addiction : données descriptives, hypothèses psychopathologiques
J-M. PINOIT, B. BONIN, H. BENONY,
P. BIZOUARD, A. GISSELMANN
Service de Psychiatrie
C.H.U de Dijon, C.H.U de Besançon
Addiction et suicide
T. HANNIER
Phare Enfants-Parents, Paris
Représentation du cannabis dans une population de jeunes adultes hospitalisés dans une unité
spécifique de prise en charge de la crise suicidaire
H. CONSTANTY, D. BOURGUET, E. COURTY, D. ALEXEI, I. JALENQUES
C.H.U de Clermont Ferrand
« J’M BARRE. »…DE MON CORPS !
Unité Fonctionnelle de MEDECINE LEGALE CLINIQUE ( Centre d’Accueil pour Toxicomanes),
CHU de Grenoble :
Virginie Scolan, Médecin légiste,
Virginie Noël, Psychiatre,
Arielle Meyer, Educatrice,
Gisèle Bastrenta, Psychologue.
La vocation d’un C.H.U., depuis toujours, a été de recueillir les corps en Souffrance, en Déchéance mais
aussi de pouvoir abriter ces nouveaux sujets en Errance.
Les crises suicidaires, quelles que soient leurs expressions, démontrent que ces corps singuliers sont
expulsés des Lois des Echanges Humains. Cette crise en acte ouvre aux jeux pulsionnels qu’il s’agira de
« convertir » en volonté pour Dire, soit d’accepter les lois de la parole et des échanges.
« J’m barre », injonction pulsionnelle, se conjugue à tous les répertoires où des jouissances directes sont
au rendez-vous.
La crise suicidaire est l’extrême d’un défi lancé dans « un sauve qui peut », où la mort est montrée.
L’autre extrême de cette crise est l’invention pratiquée par des milliers de lycéens pour parvenir à
réguler leurs troubles de l’humeur en s’auto administrant une molécule, interdite : le Cannabis… Les
paroles qui nous lient et nous relient aux autres sont jetées aux orties par ces jeunes pour que soient
privilégiées les Jouissances Autonomes. Nous connaissons les risques, à terme.
Notre corps nous appartient-il ? Pour quels usages ?
Les corps échoués dans notre service de Médecine Légale doivent être pris en charge dans l’Urgence.
Cette clinique de l’Urgence autant physique que mentale, nous enseigne sur les conditions nécessaires
pour faire barrage aux récidives.
Les soins du corps sont toujours assurés, avec compétence. Mais qu’en est-il de ce « nursing », du soin à
prendre du corps, dont l’hôte tente de se débarrasser ?
Il faut pouvoir intervenir le plus tôt possible et pouvoir prendre du Temps ( ! ) afin de rendre possible un
changement de statut de la parole. Il faut que « ça » parle ! et chacun doit s’y mettre. Certaines « piqûres
de rappel » sont ces « récidives » qui nous indiquent qu’il ne faut pas les lâcher trop tôt. Cliniquement,
le repérage structural familial est la base de notre travail. Chacun y est invité, à « Dire comment ça fait »
d’avoir un proche qui fricote avec la Mort ! « ça les regarde. »
Reste qu’à leur sortie, ces jeunes ne peuvent retourner brutalement vivre dans l’environnement qu’ils
ont quitté. Il est essentiel de trouver un temps dans des lieux intermédiaires. Ces lieux sont à inventer…
TOXICOMANIE ET RISQUE SUICIDAIRE
Jean-Christophe PIQUET, Arnaud MARCHAND, Astrid MURAT
Dépendance aux drogues et conduite suicidaire sont souvent associées. On retrouve
ainsi une conduite addictive dans 12% des tentatives de suicide (Facy, 1991). La dépendance
représentait le diagnostic principal dans 39 %des cas de suicides dans une étude américaine de
1989.
De nombreux facteurs sont en cause dans la conduite suicidaire du toxicomane.
Nous nous intéresserons à la relation directe entre la substance et les conduites
suicidaires: nature du produit, polyconsommation et surconsommation de substances.
Au-delà de ce lien, nous tenterons d'identifier des types de personnalité associées
simultanément au risque suicidaire et à la dépendance.
Par ailleurs, nous décrirons les facteurs socio-environnementaux engendrés par la
toxicomanie, susceptibles d'influer sur le risque suicidaire.
Suicidalité, adolescence et addiction :
Données descriptives, hypothèses psychopathologiques
Doct. JM Pinoit, , Prof. B Bonin, Prof. H Bénony, Prof. P Bizouard , Prof. A Gisselmann
Résumé :
La mortalité dans la population dépendante a diminué entre les années 1990 et 2000,
parallèlement à la baisse des overdoses, et à une meilleure prise en charge des pathologies
infectieuse et cirrhotique. On reconnaît à présent l’existence fréquente d’idées suicidaires, de
tentatives de suicide et de suicides dans cette population.
Sur un plan descriptif, on observe que les tentatives de suicide et les décès sont d’autant
plus fréquents que les sujets dépendants sont adolescents ou jeunes adultes. Des corrélations ont
pu être établies entre comportement suicidaire, sexe féminin, gravité de l’addiction évaluée sur
l’ASI, nombre de comportements addictifs et comorbidité en particulier dépressive.
Sur le plan psychopathologique, les auteurs s’interrogent sur les liens entre addiction,
dépression, personnalité dépendante, alexithymie et suicidalité, et ce d’autant que l’on
reconnaît chez l’adolescent la grande fréquence des conduites addictives
« autothérapeutiques »
Mots clés :
adolescence, addiction, suicidalité, dépression, personnalité dépendante, alexithymie.
PHARE Enfants-Parents
5, rue Guillaumot – 75012 PARIS
01 42 66 55 55 – fax. 01 42 66 50 99
N° azur : 0 810 810 987
Appel à communication
GEPS à DIJON 21, 22, 23 septembre 2006
RESUME sur le thème
« ADDICTION et SUICIDE »
Thérèse HANNIER, présidente de PHARE Enfants-Parents
Association de prévention du mal-être et du suicide des jeunes.
Les formes d’addictions peuvent être multiples et je ne souhaite aborder qu’un seul volet des différentes
addictions possibles, celui de la consommation de CANNABIS et le lien avec le passage à l’acte
suicidaire.
En dehors de tout débat idéologique sur la dépénalisation du cannabis ou non, je situe mon propos sur le
terrain de l’observation, certes à confirmer, d’un lien entre la consommation du cannabis et le suicide en
particulier par défenestration et précipitation et sur le terrain de la prévention.
La prévention :
Le produit présente un certain nombre de risques avérés sur la santé physique et psychique, cela est
démontré scientifiquement. Néanmoins, qu’en est-il de l’application d’un principe dit de précaution ?
Qu’en est-il de la prévention auprès des populations de jeunes, puisque principaux consommateurs ? La
prévention auprès des adultes serait sans doute aussi des plus nécessaires puisque les parents sont
souvent aveugles ou inconscients, mal informés ou parfaitement ignorants, imprégnés éventuellement
d’idées reçues.
Il s’agit bien d’une démarche de prévention s’inscrivant dans le cadre d’une prévention du mal-être et du
suicide des jeunes. En effet, l’observation que je suis amenée à faire sur le terrain, me conforte dans
l’idée que la consommation régulière du cannabis chez certains sujets peut provoquer des conduites
suicidaires.
Observation d’une situation :
La relation directe avec les parents qui appellent sur le n° azur ou avec les parents d’enfant suicidé qui
participent aux groupes de parole (réunions depuis 15 ans), le contact également avec les enseignants ou
avec les jeunes dans les collèges ou lycées, nous amènent à faire un constat singulier :
un certain nombre de jeunes, consommateurs de cannabis, présentent tous les symptômes
d’une dépression nerveuse ou changent complètement de personnalité, deviennent violents,
insultants, asociaux, se désintéressent de toute activité scolaire ou professionnelle ; d’autres
deviennent schizophrènes, sont victimes de troubles mentaux graves, refusant tout soin ou
suivi thérapeutique.
dans le parcours d’un certain nombre de jeunes suicidés, on retrouve plus spécialement chez
les défenestrés ou ceux qui se précipitent d’un lieu élevé, la consommation du cannabis.
Est-ce la dépression nerveuse qui pousse au suicide ou l’effet physiologique du produit sur le cerveau
qui donne la mortelle illusion de pouvoir s’envoler ?
Conclusion :
Que faire en matière de prévention pour endiguer la montée en puissance de la consommation chez les
jeunes ?
Un Observatoire du suicide et de sa prévention, dont la création a été annoncée lors de la 10ème journée
Nationale de Prévention du suicide le 4 février 2006, devrait permettre de mieux appréhender les
questions que pose la problématique suicidaire et de développer une meilleure connaissance, entre
autres, des liens de cause à effet entre le produit et le passage à l’acte suicidaire.
REPRESENTATION DU CANNABIS DANS UNE POPULATION DE JEUNES ADULTES
HOSPITALISES DANS UNE UNITE SPECIFIQUE DE PRISE EN CHARGE DE LA CRISE
SUICIDAIRE
H. Constanty, D. Bourguet, E. Courty, D. Alexei, I. Jalenques
Dans le cadre de notre travail à l’unité PASS-AJE prenant en charge de jeunes adultes en crise
suicidaires (suicidants ou suicidaires), nous avons choisi de nous intéresser à la représentation
qu’ont ces jeunes patients du cannabis. Pour cela, nous leur avons fait passer à leur entrée et à
leur sortie de l’hôpital 3 questionnaires d’évaluation concernant l’usage nocif de cannabis en
regroupant secondairement certains items de ces 3 questionnaires validés afin de faire ressortir
le caractère autothérapeutique de leur consommation.
Les résultats de cette étude, bien que portant sur un faible nombre de sujets et peu étendue dans
le temps, nous ont toutefois permis d’orienter notre prise en charge vers un discours moins «
moralisateur » qu’ouvert sur un questionnement personnel du sujet sur la relation entre sa
souffrance psychique et sa consommation de cannabis.
Atelier n° 2 : PROFIL DU SUICIDANT
Modérateur : Prof. Gisselmann
Profil psychologique de vingt suicidants inclus dans une recherche clinique longitudinale :
évaluation multidimensionnelle de la personnalité et diagnostique psychiatrique à 6 mois
E. THIEMARD, A.MONNIN
C.H.U de Besançon
Tentatives de suicide : existe-t-il un profil du suicidant ? Résultats préliminaires d’une enquête
rétrospective de 159 patients
I. MOURIC , J-P KAHN
C.H.U de Nancy, Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique
Evolution du nombre de gestes suicidaires pris en charge au C.H.U de Caen. Mise en
perspective en terme de formations et d’actions furturs
F. CHASTANG, F. CHEVASSON
C.H.U de Caen Urgences Psychiatriques
Impact d’une consultation de post-urgence sur le taux de récidive suicidaire : une étude pilote
N. MORAGUES, F. DUBOIS-CARMAGNAT, F. BOUYSSY, J. CANO,
M. FILLATRE, P. GAILLARD, V. CAMUS
C.H.R.U, Université François Rabelais, Tours
Relation entre les facteurs de risque de suicide et la présence d’une crise suicidaire actuelle
M. PACAUT-TRONCIN(1), S. POTAKIAN(2), J. AUSSUDRE(1),
L. BEAUMONT(3), A. CUERQ(4), J-H CHAUCHAT(4), J-L TERRA(1)
(1) Laboratoire de psychologie de la santé et du développement, Lyon 1 Lyon 2
(2) Département de médecine générale, Lyon 1
(3) Département qualité et sécurité, C.H le Vinatier, Lyon
(4) Laboratoire ERIC université, Lyon 2
XXXVIIIèmes Journées du Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide.
Palais des Congrès de Dijon, les 21, 22, 23 septembre 2006.
« La crise suicidaire : quelles formations pour quelles interventions ? »
PROFIL PSYCHOLOGIQUE DE VINGT SUICIDANTS INCLUS DANS UNE RECHERCHE
CLINIQUE LONGITUDINALE : EVALUATION MULTIDIMENSIONNELLE DE LA
PERSONNALITE ET DIAGNOSTIQUE PSYCHIATRIQUE A 6 MOIS.
¹Thiémard E, ¹Monnin A, ²Monnet E, ¹Vandel P, ³Nezelof S, ³Bizouard P, ¹Sechter D, ¹Haffen E.
¹Service de psychiatrie de l’Adulte – CHU de Besançon, ²Département de Santé Publique et service
d’Hépatologie – CHU de Besançon, ³Service de Psychiatrie Infanto-Juvenile- CHU de Besançon.
Les caractéristiques de la personnalité et les pathologies psychiatriques constituent des données
cliniques primordiales dans la recherche de facteurs liées au risque de gestes suicidaires et de leur
récidive.
Dans le cadre du Programme Hospitalier de Recherche Clinique que nous menons depuis deux années
au CHU de Besançon (25) sur l’ensemble de la région de Franche-Comté (« Effets des facteurs
psychosociaux et génétiques sur le devenir à un an des suicidants pris en charge dans les services
d’accueil d’urgence »), nous avons suivi en deux temps, à six mois d’intervalle, une vingtaine de
suicidants.
Par une évaluation psychiatrique (M.I.N.I) et une étude multiphasique de la personnalité (SCID II et
inventaire NEO PI-R), nous disposons de données cliniques larges et spécifiques pour un profil du
fonctionnement psychologique des suicidants avec des traits de personnalité normale comme des
troubles de la personnalité en référence à la nosographie psychiatrique.
L’analyse de ces deux champs – traits de personnalité et troubles psychiatriques - dans leurs
corrélations et leur interdépendance participe à la réflexion concernant les facteurs de risque, et
l’orientation spécifique de la prise en charge des suicidants.
TENTATIVES DE SUICIDE : EXISTE-T-IL UN PROFIL DU SUICIDANT ? RÉSULTATS
PRÉLIMINAIRES D’UNE ENQUÊTE RÉTROSPECTIVE DE 159 PATIENTS.
MOURIC Isabelle 1, KAHN Jean-Pierre 2
1
Chef de Clinique – Assistant. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy.
PU-PH. Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy.
Service de Psychiatrie et Psychologie Clinique. CHU de Nancy (Université Henri Poincaré, Nancy 1)
Hôpital Jeanne d’Arc. 54200 DOMMARTIN LES TOUL.
Tel : 03-83-65-64-47
2
La prévention du suicide est une priorité de santé publique, mais si les facteurs de risque du suicide sont
bien documentés, ceux relatifs aux tentatives de suicide le sont moins.
Cependant, les données de la littérature internationale et nationale - que nous exposerons - concernant
l’épidémiologie, les facteurs de risque, les études de devenir des suicidants montrent qu’une tentative de
suicide est un facteur de risque majeur de suicide accompli ainsi que de récidive de tentative de suicide.
Le service de Psychiatrie et Psychologie Clinique du CHU de Nancy a ainsi réalisé une étude
rétrospective portant sur le devenir d’une cohorte de 159 patients admis dans le service des urgences du
Centre Hospitalier Général de Toul ou dans le service à la suite d’une tentative de suicide entre août
2003 et mai 2005. Des données socio-démographiques, diagnostiques et relatives au contexte de
l’épisode-index ont été collectées grâce à un hétéro-questionnaire. Par la suite, les patients ont été
recontactés avec un recul de trois à vingt-quatre mois. Ont alors été évalués : 1) l’utilisation du dispositif
de soins ; 2) l’existence d’éventuelles récidives de tentatives de suicide. Nous exposerons les premiers
résultats de ce travail et les comparerons à ceux de la littérature. Ceci nous permettre de faire un certain
nombre de propositions quant à des modalités de prise en charge des patients suicidants. Enfin, ce travail
n’est que la première étape d’un plus vaste projet d’étude prospective dont nous donnerons les
principaux objectifs.
.
EVOLUTION DU NOMBRE DE GESTES SUICIDAIRES PRIS EN CHARGE AU CHU DE
CAEN. MISE EN PERSPECTIVE EN TERME DE FORMATIONS ET D’ACTIONS FUTURS
F. CHASTANG (1), F. CHEVASSON (2)
(1) Praticien Hospitalier, UF Urgences psychiatriques, CHU Caen
(2) Assistante, UF Urgences psychiatriques, CHU Caen
La Basse-Normandie est une des régions de France les plus touchées par la problématique suicidaire, et
c’est à ce titre qu’a été initié de 1995 à 2000 un Programme Régional de Santé sur ce thème, avec mise
en place de structure d’accueil hospitalière et de consultation axées sur la prévention des conduites
suicidaires des jeunes.
Une évaluation de l’évolution du nombre de gestes suicidaires admis au niveau du CHU de Caen,
principale porte d’entrée des urgences de l’agglomération caennaise, a été réalisé de 1991 à 2004, en
mettant en perspective les années suivantes : 1991, 1995 (début du PRS), 2000 (fin du PRS), et 2004,
pour les tranches d’âge 15-34 ans, 35-44 ans, 45-64 ans et plus de 65 ans.
Les résultats mettent en évidence une augmentation régulière des tentatives de suicides admises au CHU
de Caen (n = 1074 en 1991, n = 1604 en 2004). Les chiffres demeurent hauts et stables chez les 15-34
ans, qui représentent entre 63 et 50% des suicidants. Les conduites suicidaires admises au CHU
augmentent également chez les 35-44 ans (n = 232 en 1991 ; n = 389 en 2004). C’est chez les 45-64 ans
que l’augmentation est la plus importante, avec des chiffres passant de 124 en 1991 à 383 en 2004, la
proportion de cette tranche d’âge au sein des tentatives de suicide étant de 11% en 1991, et de 24% en
2004.
Ces constats ouvrent plusieurs pistes de réflexion. Sans doute l’augmentation du nombre des conduites
suicidaires peut-elle s’expliquer en partie par une orientation plus systématique vers un circuit de soins.
La vigilance particulière introduite auprès des jeunes grâce au PRS suicide a probablement permis de
contrôler la constante augmentation des conduites suicidaires constatée sur cette tranche d’âge. Il n’en
demeure qu’une attention spécifique doit être apportée aux autres tranches d’âge, et notamment aux
45-64 ans, qui ont vu leur nombre de conduites suicidaires croître de façon importante, multiplié par 3,
tant chez les femmes que chez les hommes. Sans doute sera-t-il utile d’améliorer la détection de la
dépression sur cette tranche d’âge et d’y intégrer les particularités de la crise de milieu de vie, tant dans
le domaine individuel, familial que professionnel.
IMPACT D'UNE CONSULTATION DE POST-URGENCE SUR LE TAUX DE RECIVICE
SUICIDAIRE: UNE ETUDE PILOTE.
Moraguès N; Dubois-Carmagnat F; Bouyssy F; Cano J; Fillatre M; Gaillard P; Camus,V.
Clinique Psychiatrique Universitaire - Urgences psychiatriques; CHRU de TOURS & Université
François Rabelais, Tours.
Contexte: Avec 11000 décès par an, le suicide représente un problème majeur de santé publique en
France. La région Centre se situe parmi les régions dont le taux de suicide est le plus élevé( 7000
tentatives de suicide par an environ). Le fait d’avoir déjà fait un geste suicidaire est un facteur de risque
majeur de décès par suicide. L'une des mesure préventive du décès par suicide est donc la prise en
charge spécifique des suicidants. L’ANAES souligne toutefois que les modalités de prise en charge des
sucidants doivent être évaluées en terme d'efficacité, en particulier sur leur capacité à diminuer le risque
de récidive du geste suicidaire et le risque de décès par suicide.
Objectif: Evaluer l’impact sur les récidives suicidaires et sur le parcours de soins, d’un protocole
d’intervention brève de type interaction-intervention de crise auprès de patients suicidants recrutés dans
l'unité urgences-crise de psychiatrie du CHRU de Tours.
Méthode: Etude rétrospective et naturalistique de 44 patients admis aux urgences pour tentative de
suicide comparant le devenir de 21 patients ré-adressés sur leur secteur de soins versus 23 patients revus
par l’équipe initiale en post-crise. La consultation de post-crise consistait en une série de consultations
sur le modèle de l'interaction-intervention de crise.
Résultats: Les caractéristiques sociaux-démographiques des deux groupes sont comparables. Il n'y a pas
de différence significative en terme de récidives suicidaires entre les deux groupes.
Discussion et conclusion: Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la négativité des résultats: faible
effectif; critères de sélection des suicidants revus par l’équipe des urgences. La mise en évidence d'une
efficacité d'une protocole d'intervention précoce auprès de patients suicidants nécessite probablement
d'être réalisée sur un groupe de patients plus homogène en terme de risque, par exemple des
primo-suicidants, ou des suicidants ayant une comorbidité avérée et documentée sur l'axe II.
RELATION ENTRE LES FACTEURS DE RISQUE DE SUICIDE ET LA PRESENCE D’UNE
CRISE SUICIDAIRE ACTUELLE
Pacaut Troncin Michèle 1, Potakian Stéphane 2, Aussudre Julie 1, Beaumont Laurent 3, Cuerq Anne 4, Chauchat
Jean-Hugues 4, Terra Jean-Louis 1
1
Laboratoire de psychologie de la santé et du développement Lyon 1 Lyon 2 (EA3729).
CH le Vinatier 95 boulevard Pinel 69500 Bron
2
Département de médecine générale Lyon 1
3
Département qualité et sécurité, CH le Vinatier
4
Laboratoire ERIC université Lyon 2
RESUME :
INTRODUCTION :
Les professionnels de psychiatrie doivent repérer les patients les plus à risque de suicide et surtout celles qui sont
actuellement en crise suicidaire.
Une étude menée auprès de 250 patients nous permet de disposer pour chacun des facteurs de risque de suicide et
de la présence ou non d’une crise suicidaire.
Dans quelle mesure un risque de suicide élevé doit encore plus inciter à l’exploration d’idéations suicidaires ?
Existe-t-il un lien entre le nombre de facteurs de risque et la présence actuelle d’une crise suicidaire ?
Certains facteurs de risque sont ils plus associés à la présence d’une crise actuelle ?
METHODE :
Dans le secteur 69G12 du CH Le Vinatier, un échantillon a été constitué en incluant 4 sous groupes représentatifs
des différentes situations cliniques intra ou extra hospitalières.
Après entretien clinique individuel, une grille de recueil de données était renseignée, comportant les différents
éléments du potentiel suicidaire d’après la conférence de consensus de 2000 portant sur la crise suicidaire.
RESULTATS :
82 des 250 personnes de l’échantillon global, soit 32,8% sont en crise suicidaire.
Le degré d’urgence suicidaire est presque toujours faible. Il existe une relation statistiquement significative entre
le nombre de facteurs de risque et l’existence d’une crise suicidaire actuelle (cf courbe et tableau).
Certains facteurs de risque sont significativement associés à la présence d’une crise suicidaire actuelle :
- globalement : désespoir, séparation-perte des liens-deuils, dépression, difficultés économiques
persistantes, mauvaise estime de soi, isolement social et affectif, victimisation-harcèlement moral,
impulsivité.
chez la personne déprimée, en plus des 2 premiers cités, l’impulsivité et les antécédents de tentative de
suicide chez les parents
DISCUSSION :
Cette évaluation s’intègre facilement dans l’activité clinique quotidienne et montre qu’un tiers des patients
présente une crise suicidaire, chez lesquels existe un lien statistique significatif avec le nombre de facteurs de
risque.
% cumulé des patients qui sont "En Crise Suicidaire",
selon le nombre de facteurs de risque décélés à l'entretien
% c u mu lé de s "En C ris e Su icid
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
Nombre de Facteurs de Risque à l'Entretien
Fréquence des crises suicidaires en fonction du nombre de facteurs de risque de suicide identifiés
[0 - 2]
7%
93%
17%
[3 - 5]
83%
28%
[6 - 8]
72%
42%
[9 - 11]
En crise
58%
Pas en crise
41%
[12 - 14]
[15 - 17]
59%
56%
44%
100%
[18 - 20]
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Atelier n° 3 : INTERVENTIONS DE CRISE
Modérateur : Doct. C.Omnes
Crise suicidaire : Quelle approche cognitive ?
B. TEFAHI
Service hospitalo-universitaire de psychiatrie, Annaba (Algérie)
De la place du concept de crise chez les soignants
M. LUSTMAN
U.N.P.S, Paris
Questionnement solutionniste face à la crise suicidaire
W. MARTINEAU, V. LAGREE
C.H.U de Nantes
Un autre mode de résolution de la crise psychique ?
A-M TRONCHE, M. VILLEMEYRE-PLANE, G. BROUSSE, P-M LLORCA
C.H.U de Clermont-Ferrand, Hôpital Gabriel Montpied
La place des émotions dans l’abord de la crise suicidaire
E. GRANIER, I. BORDAT
Unité d’accueil des urgences psychiatriques, Avignon, C.H de Montfavet
Complémentarité de l’intervention de crise et de la référence analytique dans la prise en charge
d’un adulte suicidaire
E. GONTIER
Membre du Réseau VIES 37
Crise suicidaire : Quelle approche cognitive ?
Auteur : DR TEFAHI BANI
EHS A.ER RAZI. ANNABA ( ALGERIE )
Résumé :
La crise suicidaire est un état d'insuffisance des moyens de défense et de vulnérabilité qui place le sujet en situation
de souffrance et de rupture d'équilibre relationnel avec lui même et son environnement , s'accompagnant d'idées
suicidaires intentionnelles avec des manifestations de crise psychique.
L'approche cognitive de la crise suicidaire consiste à faire prendre conscience au sujet des effets nocifs des
croyances irrationnelles qui accompagnent sa dépression et facilite son amélioration afin d'affronter par pallier les
situations qui lui paraisse insurmontables.
Nous illustrerons notre intervention par un cas clinique pour discuter tous les paramètres qui nous semble
importants dans la prise en charge de la crise suicidaire par une approche cognitive.
Mots clés : Crise suicidaire, Dépression , Prise en charge , Approche cognitive
DE LA PLACE DU CONCEPT DE CRISE CHEZ LES SOIGNANTS.
Lustman, Matthieu
Médecin généraliste / Sociologue/ U.N.P.S.
148/150 rue Saint Maur, Paris 750011
Fondée sur l’étude « Evaluation des stratégies de prise en charge des suicidants » (ANAES) et la formation de
généralistes à la crise suicidaire, cette intervention s’inscrit dans une perspective d’évaluation et de réflexion du
soignant sur sa pratique. Comprendre l’évolution de la prise en charge du suicide ne se résume pas au savoir
clinique, mais implique aussi d’analyser la manière dont se transforment le savoir et les pratiques.
Le champs sémantique de la suicidologie a évolué, au concept de tentative de suicide (TS) et de suicide, se
substitue le concept de crise suicidaire. Quelle réalité exacte recouvre cette modification ? S’agit-il d’une
évolution du savoir clinique ou d’une transformation plus profonde ?
L’épidémiologie apporte une réponse : 140.000 TS / 4 millions de crises suicidaires. A cette évolution font écho
les nouvelles théories psychiatriques : le suicide, longtemps considéré comme conséquence fatale d’une
pathologie mentale, devient, avec la notion de crise, une « rupture dans l’existence d’un être vivant résultant d’une
perturbation du système de régulation » (Vedrinne, Conférence de Consensus 2000)
Dans le 1er cas la thérapeutique est simple : traiter une maladie. Dans le 2eme, il s’agit de prendre en charge
« l’insaisissable et le protéiforme » qui relève d’une approche multidisciplinaire. En quoi l’apparition du concept
de crise suicidaire transforme t-elle le regard et les pratiques des soignants ?
Jadis le suicide était radicalement séparé de la TS, le premier appartenait au registre médical, la seconde à la vie
privée des personnes. L’évolution des techniques de réanimation et du savoir a rapproché les deux entités. Il ne
suffit plus de faire « un lavage gastrique », le soignant doit proposer un suivi. Cela ne va pas de soi, de nombreuses
questions se posent : comment prendre en charge tout en respectant l’autonomie ? Jusqu’où s’impliquer ?
Comment construire l’alliance thérapeutique ? Quelle place pour la famille ?
Avec le concept de crise suicidaire le soignant se retrouve confronté aux limites de son rôle : obligé de prendre en
charge une entité hybride qui relève autant de la prise en charge médicale que de l’implication dans la vie privée.
Le concept de crise suicidaire impose d’agir sur un nouveau type de population et de souffrance, sans base
scientifique complètement définie : cela pose les questions de légitimité et de limite de l’action.
QUESTIONNEMENT SOLUTIONNISTE FACE A LA CRISE SUICIDAIRE
Dr Wilfrid MARTINEAU, C.H.U. Nantes, Dr Virginie LAGREE, C.H.U. Nantes.
La crise suicidaire touche l’ensemble des composantes de la vie de relation du sujet. L’accès à ses
ressources momentanément empêché met le sujet dans une situation d’impasse, dans laquelle il n’a plus
la possibilité de choisir.
Saisir la crise, c’est en comprendre le sens et la raison du point de vue du patient. Avant tout, le
thérapeute doit créer l’alliance thérapeutique, base de toute relation d’aide, en validant les émotions du
patient, ses paroles, ses choix, en respectant ses valeurs, ses croyances.
Ensuite, il s’agit de lui permettre une restauration psychique suffisante afin non seulement d’affronter la
situation de crise mais aussi, si possible, d’acquérir les moyens de faire face à d’autres situations
susceptibles de le déstabiliser.
Pour cela, le thérapeute peut utiliser un questionnement dit « solutionniste » centré sur les ressources et
l’anticipation, afin d’aider le sujet à sortir de la crise en lui offrant un éventail de choix plus large et ainsi
lui restituer un certain pouvoir sur sa situation, en lui permettant de construire un objectif..
La sortie de la crise correspond à une restauration des choix et celle-ci ne peut se faire sans un début de
restauration de la confiance en soi.
UN AUTRE MODE DE RESOLUTION DE LA CRISE PSYCHIQUE ?
TRONCHE AM, VILLEMEYRE-PLANE M, BROUSSE G, LLORCA PM
CMP B - CHU de Clermont-Ferrand, Hôpital Gabriel Montpied, 58 rue Montalembert,
BP69 – 63003 Clermont-Ferrand Cedex 1.
La crise se définit comme la rupture de l’équilibre de fonctionnement de personnalité d’un individu. Les
mécanismes de défense habituellement mis en œuvre se trouvent dépassés et l’appareil psychique ne
peut plus s’adapter à la réalité. L’issue peut être favorable ou défavorable. La conduite suicidaire est un
des modes de résolution de la crise. Les troubles psychiatriques (dépression et troubles anxieux
principalement) et les évènements de vie ont un rôle dans l’incidence du suicide mais ce lien est peu
spécifique : seule un petite minorité des patients présentant des troubles psychiatriques font une
tentative de suicide. A l’inverse, le risque suicidaire existe aussi chez les patients indemnes de
pathologie psychiatrique. La notion d’antécédent de tentative de suicide est le facteur de risque le plus
prédictif. Le fonctionnement individuel joue donc un rôle central dans la conduite suicidaire. Ainsi, dans
certaines situations dramatiques où l’on pourrait facilement craindre un passage à l’acte suicidaire, la
crise prend fin différemment.
Nous souhaitons illustrer ce propos à travers le cas d’une jeune femme ayant commis un néonaticide.
Après un déni de grossesse total, elle accouche seule à terme au domicile de ses parents et a tué son
enfant dans un accès de violence extrême. Elle a une amnésie complète du meurtre. Après son séjour en
gynécologie, elle est orientée en psychiatrie pour surveillance d’un éventuel effondrement thymique et
du risque suicidaire. Aucun élément n’a été retrouvé dans ce sens au cours de l’hospitalisation et après
plusieurs mois de suivi ambulatoire. Elle ne présentait pas de trouble psychiatrique avéré. En raison de
son mode de fonctionnement particulier, elle s’est probablement « protégée » et ne peut ressentir de
culpabilité par rapport à son geste. Ainsi, la mise en place de mécanismes de défense à type de déni et de
clivage peut être impliquée dans un autre mode pathologique de résolution de la crise.
LA PLACE DES EMOTIONS DANS L’ABORD DE LA CRISE SUICIDAIRE
Emmanuel Granier,
Psychiatre,
Unité d’Accueil des Urgences Psychiatriques
Hôpital Henri Duffaut
305 rue Raoul Follereau
84 902 AVIGNON
Isabelle Bordat
Cadre Supérieur de Santé
Secteur II
2 avenue de la pinède
84 140 MONTFAVET
Les émotions occupent une place prépondérante dans la crise suicidaire :
− émotions souvent négatives et submergeantes de la personne en crise, ou parfois absence totale d’émotions
paralysant le contact,
− émotions de tristesse, d’angoisse, de douleur ou parfois d’agressivité de l’entourage,
− émotions d’inquiétude, de bouleversement voire d’épuisement du thérapeute,
− émotions souvent mises à distance chez les « spectateurs externes » à la crise.
Cependant la gestion de la crise est souvent ciblée essentiellement sur le comportement ou sur l’action : « que
faut-il faire ? », ainsi que sur les pensées et la rationalisation : « pourquoi a-t-il ou a-t-elle fait cela, qu’est-ce que
cela veut dire ? ». Les aspects émotionnels ne répondant pas immédiatement à une ou l’autre de ces deux questions,
ils sont souvent relativement négligés.
Une meilleure connaissance et prise en compte de tous ces phénomènes émotionnels permettrait de les intégrer
dans les gestions des crises suicidaires (que ce soit en prévention primaire, secondaire et tertiaire) et d’améliorer
celles-ci, à la fois à des niveaux individuel, institutionnel ou même social. De nombreux exemples seront donnés.
COMPLEMENTARITE DE L’INTERVENTION DE CRISE ET DE LA REFERENCE
ANALYTIQUE DANS LA PRISE EN CHARGE D’UN ADULTE SUICIDAIRE
Elisabeth Gontier, psychologue, membre du Réseau VIES 37
Il s’agit ici de la prise en charge en urgence d’un patient suicidant par une psychologue
d’orientation analytique. Le patient adressé a formulé à un tiers son projet de se suicider le
surlendemain avec une arme à feu qu’il détient, pour l’anniversaire du jour où sa compagne l’a
quitté.
Le Risque est moyen : homme, 38 ans, séparé, enfance difficile, accumulation d’événements de vie,
forte dépression sur une personnalité vraisemblablement état-limite. L’Urgence est élevée : suicide
planifié à 48 h, moyen déjà choisi, ralentissement, souffrance omniprésente. La Dangerosité est forte :
arme à feu directement accessible. Cette triple évaluation (Seguin et Terra) est indispensable pour
décider de l’orientation de ce patient et pour argumenter son admission dans un service de psychiatrie.
La référence aux concepts de la psychanalyse éclaire sur le Risque : notions de relation d’objet,
d’anaclitisme, de perte de l’objet Idéal atteignant l’Idéal du Moi (Freud, Jean Bergeret, Michel Hanus).
Le désamorçage de crise (Seguin et Terra) vise à : aborder et valider les émotions, aborder directement
les intentions suicidaires, se centrer sur l’événement déclenchant de la crise, offrir des alternatives au
suicide, ici, hospitalisation puis psychothérapie. Le suicide est une pathologie du lien : désaffiliation à
une société anomique, troubles précoces dans l’introjection d’un objet protecteur puis dans l’
identification à une imago paternelle suffisamment bonne, difficulté à « jouer » avec une pensée
créative (Freud, Mélanie Klein, Winnicott). Pour le psychologue-psychanalyste, le désamorçage de la
crise s’appuiera aussi sur une tentative très précoce pour réaffilier le patient à l’humanité en redonnant
du sens à son acte : il s’agira de lui montrer qu’il existe une possibilité d’instaurer des liens de pensée
entre son comportement autodestructeur et les éléments signifiants de son histoire.
L’intervention de crise, outil pour la survie du patient mis à disposition du psychologue, n’interdit pas
qu’une référence analytique concomitante enrichisse l’évaluation du Risque et le désamorçage de la
crise. A ceci près : pas de neutralité bienveillante envers le suicide !
Atelier n° 4 : CRISE SUICIDAIRE ET MILIEU SCOLAIRE
Modérateur : Doct. JJ.Chavagnat
La postvention en milieu scolaire, une nouvelle logique d’intervention
F. ROY, M. SEGUIN
Direction de santé publique de la Montérégie, Département de psychoéducation et de
psychologie de l’université du Québec en Outaounais (Québec)
Crise suicidaire et institution scolaire
H. ROMANO
Hôpital Henri Mondor, Cellule d’urgences Médico-Psychologique du SAMU 94,
Créteil
Les point-écoutes : un outil de repérage avance et gestion de la crise suicidaire en milieu
scolaire
V. SIMON, A. CAILLAUD
APLEAT
Eviter la crise suicidaire, sensibilisation en milieu scolaire
P. SATET
Suicide Ecoute, U.N.P.S, Paris
La postvention en milieu scolaire, une nouvelle logique d’intervention
Françoise Roy, M. Éd, Direction de santé publique de la Montérégie (Québec), Monique Séguin, Ph. D,
Département de psychoéducation et de psychologie de l’université du Québec en Outaouais (Québec).
Lorsqu’un décès par suicide survient dans un milieu, on peut observer des réactions de stress, de crise et
de deuil. Lorsque ces réactions ne sont pas rapidement désamorcées, il ressort un plus grand risque de
contagion.
Des réactions normales de stress temporaire seront observées et seront adaptées à l’intensité de
l’événement. Pour les témoins du suicide (exposés directement), un état de stress aigu peut se
développer. Au-delà d’un mois, si certaines manifestations sont présentes, il pourra être question d’un
trouble de stress post-traumatique (TSPT).
D’autres personnes pourront vivent une période de désespoir ou de désorganisation durant laquelle ils
n’auront pas les mécanismes d’adaptation nécessaires pour retrouver leur équilibre. Une augmentation
de l’état de vulnérabilité pourra entraîner un état de crise ou de crise suicidaire.
Pour les endeuillés, des réactions de deuil pourront se manifester dès l’annonce du décès. De plus, elles
pourraient avoir besoin de soutien lors du processus de deuil (jours et mois qui suivent) ou même
lorsqu’on remarquera la présence de symptômes de deuil compliqué.
Après plusieurs années de recherches et de réflexions sur les mesures et programmes de
postvention existants, un groupe d’experts du Québec est parvenu à un consensus sur les
meilleures pratiques à adopter en postvention à la suite d’un suicide. Ce groupe recommande un
changement de pratique qui s’inscrit dans un cadre d’intervention basé sur un processus
décisionnel et sur l’analyse de chaque situation. Le programme est basé davantage sur le
jugement clinique des intervenants que sur la mise en place d’un protocole «étape par étape».
Les intervenants responsables de ces mesures doivent pouvoir développer les compétences
nécessaires à l’analyse de la situation et au choix des bonnes interventions (annonce de la
nouvelle, recadrage, ventilation, intervention de crise ou de crise suicidaire, intervention
précoce de deuil, counseling ou thérapie de deuil, pour les bonnes personnes offertes au bon
moment.
Crise suicidaire et institution scolaire
Hélène Romano
Psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie
•
Cellule d’urgence Médico-Psychologique du SAMU 94 –
SAMU 94
Hôpital H. Mondor
51 avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny
94000 Créteil
tel. 01 45 17 95 29
Fax. 01 45 17 95 30
L’institution scolaire est régulièrement confrontée à la question du suicide. Si la confrontation à la mort
est une violence psychique indicible par les bouleversements qu’elle entraîne, la confrontation à la mort
d’un enfant par suicide vient révéler une violence supplémentaire, celle de la transgression ultime que
représente le meurtre de soi-même. Qu’il ait lieu dans les murs de l’école ou à l’extérieur, l’impact
traumatique du suicide d’un jeune élève contamine l’ensemble de l’institution scolaire : élèves, parents
d’élèves, professionnels.
Le suicide, s’il peut être compris comme une façon de traiter la culpabilité individuelle, peut également
cristalliser la culpabilité collective : l’adolescent suicidé est alors investi comme victime émissaire, tout
à la fois innocente et coupable. Le suicide s’inscrit aux frontières du traumatisme et de la mort ; se
dégager de l’impact de cette horreur terrifiante passe par la tentative désespérée de trouver une
explication et de réinscrire cet acte dans une trajectoire de vie : la quête d’élément(s) déclencheur(s)
s’inscrit ainsi dès l’annonce du suicide comme une lutte défensive contre l’arbitraire. Isolement, échec
scolaire, décès récent, conflit familial, déception sentimentale, appartenance à des groupuscules,
révélation de violences subies, consommation de produits, autant d’éléments de compréhension qui
apparaissent comme autant de facteurs d’apaisement, de réassurance psychique pour un entourage en
panne d’élaboration. La clinique des jeunes suicidants témoigne ainsi du décalage entre la banalité de
certains éléments déclencheurs invoqués et la dimension dramatique d’autres facteurs liés à des épisodes
traumatiques antérieurs.
Nous proposons de faire part de notre expérience, au sein d’une Cellule d’Urgence
Médico-Psychologique, de la prise en charge de la crise suicidaire en ouvrant notre réflexion
particulièrement sur trois points :
- Dans quelle mesure le suicide peut-il être compris à la lumière du traumatisme ?
- Quelle(s) répercussion(s) un tel événement va-t-il avoir sur les élèves et les professionnels de
l’institution scolaire ?
- Quelles sont les modalités d’intervention et les spécificités d’intervention d’urgence
médico-psychologique auprès des personnes impliquées ?
les Point-ecoutes : un outil de Repérage avance
et gestion de la crise suicidaire en milieu scolaire
SIMON Valérie, psychologue à l’APLEAT, et CAILLAUD Aurélie, psychologue clinicienne.
Dans le cadre de sa politique associative de la prévention des conduites à risques des
adolescents, L’APLEAT (Association Pour L’Ecoute et l’Accueil des Toxicomanes) à mis en
place, au sein même de certains lycées de l’agglomération orléanaise, des Point-Ecoutes
accueillant exclusivement les élèves des établissements. Bien que ces lieux, interne aux
établissements, ont un accueil généraliste en terme de problématique de l’adolescence, ils ont
du s’adapter au fil du temps aux nécessités des élèves et à leur souffrance.
Il s’agit avant tout de décliner les trois axes de travail de ces Point-Ecoutes avec les
équipes socio-médico-éducatives des établissements scolaires :
Accueil individuel et évaluation sous anonymat et confidentialité
Mutualisation des compétences et formation des équipes des lycées afin
d’apporter une réponse adaptée et pluridisciplinaire au jeune et/ou à sa
famille
Actions collectives de prévention de la crise suicidaire au sein des
établissements
Puis, au travers d’un cas clinique, il sera présenté la gestion d’une crise suicidaire dune
élève au sein d’un lycée. Il s’agit d’articuler l’action du Point-Ecoute avec le travail en réseau
interne et externe, tout en tenant compte de la formation « Personnes ressources » (organisée
par la DRASS) et en exposant les outils utilisés (« l’entonnoir » et le RUD). Il est intéressant de
préciser que la plupart des formations initiales de certains professionnels de l’éducation
national ne prédisposent pas à la gestion de ces situations de crise. En sus, rappelons que si
l’établissement scolaire est le lieu le plus souvent fréquenté par les adolescents dans leur
semaine, ce n’est pas un lieu de soin. Ceci pointe toute la complexité à la fois du repérage et de
la mise en place d’une réponse adaptée afin d’éviter le passage à l’acte suicidaire.
Enfin ils sera abordé le travail en partenariat existant sur Orléans, avec une succincte
présentation du « Réseau 45 de l’adolescence », un outil de réflexion, de coopération et
d’élaboration d’un dispositif pour prendre en charge la crise suicidaire des adolescents.
EVITER LA CRISE SUICIDAIRE
SENSIBILISATION EN MILIEU SCOLAIRE
Pierre SATET
Président d’Honneur de SUICIDE ECOUTE
Vice Président de l’UNPS
Cinq associations, membres de l’UNPS, habituées à effectuer des interventions en milieu scolaire ont
créé un groupe de travail pour confronter et mutualiser leurs pratiques.
Dans un premier temps, elles ont travaillé sur les interventions de sensibilisation, à savoir celles qui
peuvent être effectuées par des bénévoles, les interventions de crise étant du ressort des professionnels.
Il en est ressorti un certain nombre de règles :
1. Nécessité d’un entretien préalable approfondi (fut-il téléphonique), afin de préciser le souhait
du demandeur, de vérifier qu’il s’agit bien d’un établissement « vierge » de tout drame, d’établir
la forme d’intervention (journée forum, succession d’interventions sur des thèmes divers…).
Cela se passera-t-il en heures de cours ou en extra (avantages de l’un et de l’autre).
2. Etablir et signer une convention précisant tous ces points.
3. Fixer une rémunération.
4. Tenter d’impliquer l’ensemble de la communauté scolaire : élèves, professeurs…. Voire
parents d’élèves.
5. Prévoir une durée de 2 heures minimum.
6. Mener un programme en quatre points :
• situer rapidement le phénomène,
• traiter des idées reçues,
• faire découvrir les signes d’alerte,
• faire découvrir comment aider (ce qu’on peut faire, ce qu’il ne faut pas faire),
Le tout en style non directif : dialogue, questions/réponses.
7. Ne pas accepter d’adulte (professeur ou autre) dans le groupe, afin que les élèves soient libres de
leurs propos.
8. Prévoir du temps pour des élèves éventuellement repérés en difficulté et avoir une ou des
personnes ressources dans l’établissement.
9. Laisser des documents (textes, adresses, téléphones).
10. Effectuer une triple évaluation :
• par l’autorité demanderesse,
• par les élèves (individuellement)
• par les animateurs.
Constatations après plusieurs interventions pluri associatives :
• le sujet fait encore peur à l’administration,
• les adolescents sont très intéressés et posent beaucoup de questions,
• il y a une grande méconnaissance du phénomène
• il y a encore beaucoup d’idées reçues.
-=-=-=-=-=-=-
Atelier n° 5 : URGENCES ET CRISE
Modérateur : Doct. JC.Chauvet
Evolution actuelle dans la prise en charge somatique des intoxications médicamenteuses
volontaires (IMV)
D. HONNART, C. SCHAEFER, A. MAJBRI, C. FOURNIER, L. BOIDRON
C.H.U, Service Régional d’Accueil des Urgences, Dijon
Démence et suicide du sujet âgé : une approche psychopathologique
C. DUFRESNE, J. HUGUARD, J-C MONFORT, G. MASSE
Hôpital Sainte Anne, Paris, C.H.S de la Chartreuse, Dijon
Dépression du post-partum et risque suicidaire
A. RICHARD, J-M PINOIT, G. PERRIOT, B. BONIN, A. GISSELMANN
C.H.S de Sevrey, Châlon sur Saône, C.H.U de Dijon
Grossesse et périnatalité
Articulation des soins dans un service d’urgences psychiatriques
C. LE COQ, A. NELVA, L. NEZIRI, S. VETOIS, C. MASSOUBRE
C.H.U, Hôpital Bellevue, Service d’urgences psychiatriques, Saint Etienne
Tentative de suicide et suicide chez les patients porteurs d’un défibrillateur cardiaque
implantable
N. JAAFARI(1), N. LAFAY(1), A. AMIEL(2), C. PAILLARD(1), M. HUMEAU, J-L
SENON(1)
(1) C.H Henri Laborit, C.H.R.U La Miletrie, Service hospitalo-universitaire de
psychiatrie et de psychologie médicale, Poitiers
(2) Pôle cœur Poumon, C.H.R.U la Miletrie, Poitiers
Prévention du suicide lors des interventions des CUMP
P. LOUVILLE
Hôpital Corentin Celton, Service de psychiatrie universitaire, Issy les Moulineaux
AFORCUMP, Société Française de psychotraumatologie
Evolution actuelle dans la prise en charge somatique des intoxications médicamenteuses
volontaires (IMV).
D. HONNART, C. SCHAEFER, A. MAJBRI, C FOURNIER, L BOIDRON
Service Régional d’Accueil des Urgences CHU de DIJON 21 033 Dijon Cédex
[email protected]
La prise en charge des IMV commence par le SAMU qui reçoit l’appel. L’interrogatoire du médecin
régulateur détecte les cas graves ou potentiellement graves (cardiotropes, tricycliques, antipaludéens…)
entraînant l’envoi d’une équipe SMUR qui entreprend les gestes d’urgence et fait admettre le patient
directement en réanimation. Des intoxications autrefois gravissimes ont vu leur pronostic transformé par
le recours précoce à des techniques de circulation extra-corporelle temporaire.
Les malades moins graves sont adressés dans les structures des urgences, souvent encombrées avec des
délais d’attente importants ; un médecin coordonnateur, et l’admission immédiate en Salle d’Accueil
des Urgences Vitales des suicidants permet la détection rapide des malades potentiellement graves
(respect des délais pour une épuration éventuelle), une gestion rapide dans les intoxications simples,
avec orientation vers l’Unité d’Hospitalisation de Courte Durée (UHCD).
La prise en charge somatique s’est simplifiée devant la bénignité des IMV par benzodiazépines et
nouveaux antidépresseurs. Les techniques d’épuration digestive sont rarement nécessaires, de même
que les prélèvements toxicologiques, la voie veineuse ou l’électrocardiogramme. Cependant, cette
banalisation apparente ne doit pas diminuer la vigilance de l’urgentiste : un interrogatoire poussé et un
examen clinique attentif restent de mise pour éviter un décès indu.
Deux nouvelles difficultés se dressent sur le parcours de ces malades : la loi du 4 mars 2002 et le manque
de lit d’aval. La loi Kouchner impose d’obtenir le consentement du malade et le contexte suicidaire
n’échappe pas complètement au cadre de la loi, surtout si le malade est conscient. Une attente peut alors
être responsable du décès par dépassement des délais de mise en route du traitement toxicologique.
Quant aux lits d’aval, l’UHCD n’est pas toujours disponible et se pose alors l’orientation dans un service
non adapté ou une prolongation du séjour aux urgences avec le risque de fugue.
Enfin, une prévention systématique des complications thrombo-emboliques est de mise au delà de 12-24
heures d’alitement, car elles ne sont pas exceptionnelles.
Une protocolisation des prises en charge est nécessaire pour répondre avec pertinence aux difficultés
rencontrées.
DÉMENCE
ET
SUICIDE
PSYCHOPATHOLOGIQUE
DU
SUJET
AGÉ :
UNE
APPROCHE
Cécile DUFRESNE(1), Jacques HUGARD(2), Jean Claude MONFORT(1), Gérard MASSE(1)
Le suicide et les pathologies dégénératives démentielles sont deux problèmes de santé publique
particulièrement préoccupants, ayant une forte prévalence dans la population âgée.
Les relations entre démences et suicide sont paradoxalement peu étudiées, notamment au plan
épidémiologique, contrairement aux relations entre démences et dépression qui rassemblent
une littérature considérable.
Par des illustrations cliniques, nous avons cherché à positionner le passage à l’acte suicidaire
chez le dément à travers différentes approches éthiopathogéniques.
Cette question du passage à l’acte suicidaire dans la pathologie démentielle nous a conduit à
nous interroger sur la question de la souffrance dans la vie psychique du dément et ainsi de
replacer notre travail de psychiatre à ses côtés.
(1) Unité intersectorielle de psychogériatrie, service du Docteur MASSE, Hôital Sainte Anne, 1
rue Cabanis 75014 PARIS
(2) Service du docteur Capitain, CHS La Chartreuse, 1 boulevard Chanoine Kir 21000 DIJON
Titre :
DEPRESSION DU POST-PARTUM ET RISQUE SUICIDAIRE
Auteurs :
A Richard*, JM Pinoit**, G Perriot***, B Bonin****, A Gisselmann****
* : interne en psychiatrie, CHS Sevrey. ** : PH, Psychiatrie, CHU Dijon. *** : PH, Psychiatrie,
CHS Sevrey. **** : PU-PH, Psychiatrie, CHU Dijon.
Résumé :
La dépression du post-partum est un important problème de santé publique, touchant à la
fois la mère et l’enfant, et ayant ainsi des répercussions sur le développement de ce dernier.
Dans la grande majorité des cas, la dépression survient durant les quatre semaines suivant la
naissance et atteint sa plus grande intensité durant les six premiers mois.
Les récentes études montrent que le risque suicidaire est moins important durant la
grossesse et le post-partum que dans la population générale de sexe féminin. Cependant, le
suicide représente plus de 20% des décès survenant dans le post-partum. Par ailleurs, plusieurs
auteurs insistent sur l’importance de pouvoir disposer d’un outil de dépistage et en décrivent
l’utilisation.
Après une revue de la littérature, à partir d’un cas clinique, les auteurs développent la
clinique de la dépression du post-partum, l’intérêt de son dépistage et centrent leur discussion
sur l’éventualité possible d’un acte suicidaire. Ils postulent que l’utilisation des outils
référencés et l’action conjointe des équipes médicales (psychiatres, pédiatres, obstétriciens,
sage-femmes…) pourraient aboutir à une meilleure prévention de l’acte suicidaire.
Mots-clés :
Dépression, post-partum, suicide, dépistage
GROSSESSE ET PERINATALITE
Articulation des soins dans un service d’urgences psychiatriques
LE COQ Catherine – NELVA Agnès – NEZIRI Lafdia – VETOIS Sophie – MASSOUBRE Catherine
Service d’Urgence Psychiatrique – Hôpital Bellevue – CHU Saint Etienne
Le temps de la grossesse et de la périnatalité constitue pour le père la mère et l’enfant en
devenir, une étape de réorganisation psychique. Cette période peut favoriser une certaine
vulnérabilité à l’origine de la survenue ou de la décompensation d’une pathologique
psychiatrique.
Dans notre service d’urgences, nous accueillons régulièrement des femmes enceintes ou en période
périnatale, environ 30 à 40 cas par an . Nous nous intéressons à cette population spécifique qui nécessite
une prise en charge complexe au cours de laquelle nous essayons de maintenir, si l’état clinique de la
mère le permet, le lien mère enfant. Nous souhaitons constituer un recueil de données afin d’évaluer le
travail réalisé autour de ces situations, d’améliorer leur accueil, leur prise en charge et leur orientation.
Depuis janvier 2005, nous répertorions toutes les femmes enceintes, dès le diagnostic de grossesse, en
incluant les interruptions de grossesse, et en limitant la période post natale à la première année de
l’enfant. Nous recueillons les données concernant la mère, son histoire médicale, familiale, sociale, le
déroulement de la grossesse, de l’accouchement, du post-partum, et les données concernant l’enfant, son
état clinique, son développement psychomoteur et son entourage parental et familial. Les données
concernant la pathologique psychiatrique de la mère sont obtenues à partir du dossier de soin du service.
On retrouve les motifs de consultation et d’hospitalisation d’une population non spécifique tels que
tentative de suicide, état dépressif, angoisse psychotique, état maniaque, agitation, décompensation ou
apparition d’une pathologie psychiatrique connue.
Dans le premier temps de l’urgence, le traitement instauré, le cadre et la prise en charge globale de la
patiente font l’objet d’une réflexion d’équipe. Puis, nous tentons d’établir rapidement des contacts avec
l’entourage familial, social, médical afin d’une part d’affiner le diagnostic et d’autre part d’évaluer la
contenance de l’environnement. A partir de toutes les données recueillies, notre objectif actuel est
d’élargir les liens existant avec les différents partenaires du soin : médecins et paramédicaux,
hospitaliers et libéraux, PMI, services sociaux, associations de parents et de professionnels de santé afin
de consolider la prise en charge ultérieure.
Tentative de suicide et suicide chez les patients porteurs d’un défibrillateur
cardiaque implantable
N.Jaafari*, N. Lafay* N, A. Amiel**, C. Paillard*, M. Humeau*, . J.L.Senon*
*Service hospitalo-universitaire de psychiatrie et de psychologie médical. CHRU La Miletrie,
Centre hospitalier Henri Laborit Poitiers
** Pole cœur poumon CHRU La Miletrie Poitiers
Le défibrillateur cardiaque implantable est devenu l’arme absolue contre la mort subite
d’origine cardiaque dans le cadre d’une arythmie ventriculaire. Son efficacité a été prouvée
par différentes études, elle a été validée par la conférence de consensus française en
prévention primaire et secondaire.
Etude:
Nous travaillons sur ce sujet depuis 6 ans, dans le cadre de la psychiatrie de liaison. Sur 200
patients implantés depuis 2001, nous avons noté 4 suicides et 4 tentatives de suicide. Ce qui
représente 2% de suicide ou de TS dans notre échantillon. Caractéristiques cliniques de notre
échantillon de 200 patients : 30% de femmes 70% d’hommes, le moyen d’âge est 56,6 ±13,9
ans. 71,4% présentent une cardiopathie ischémique et 28,6% une cardiopathie non
ischémique. 57,1% n’ont pas d’antécédent psychiatrique, 37% ont fait une dépression dans les
4 ans précédant la pose de défibrillateur et 5,7% sont psychotiques.
Les 4 patients qui se sont suicidés, sont des hommes. Le passage à l’acte a été réalisé par les
médicaments (digitaliques), par une arme, par pendaison et par immolation. Les TS sont de
type : le refus de changer le défibrillateur, en sachant qu’en absence de l’appareil le risque de
mourir par arrêt cardiaque est très élevé, de prendre des risques inhabituel par exemple la
plongé sous marine, de continuer de conduire la voiture malgré 3 chocs reçus et enfin
utilisation d’un aiment pour arrêter le fonctionnement du l’appareil.
L’anxiété et la dépression sont significativement plus élevées parmi les patients consultant en
cardiologie pour la pose d’un défibrillateur que dans la population générale. Le taux des
troubles médico-psychologique est de 63% pendant la première année. Troubles adaptatifs,
panique avec agoraphobie et anxiété généralisée augmentent significativement chez les
patients pendant les six premiers mois puis ils diminuent à un an. Un épisode dépressif majeur
est rapporté chez 20% des patients à un an.
La qualité de vie des patients est altérée pendant les six premiers mois puis elle s’améliore à
un an. Les deux dimensions touchées sont l’activité professionnelle et sexuelle. Cette
altération da la qualité de vie est en rapport avec les pathologies psychiatriques apparaissant
après la pose de défibrillateur. Elle est significativement de meilleure qualité chez les patients
avec un conjoint et/ou un enfant. Elle est altérée chez les patients recevant plus de cinq chocs..
Le fait étonnant c’est que tous les patients qui ont reçu un ou plusieurs chocs avaient fait une
dépression l’année précédente la pose de l’ICD. Une prise en charge psychiatrique
(psychothérapie et psychotrope) permet une amélioration de la qualité de vie de 57%.
Conclusion :
La mort subite est un défi pour le cardiologue, elle l’est devenue pour le psychiatre depuis
l’apparition de l’ICD. Implanter un défibrillateur cardiaque à un patient, c’est lui imposer une
menace du choc, ne pas prendre en charge sa qualité de vie c’est une erreur. Nous somme à la
limite d’une technique très efficace qui est probablement à son maximum, le prix à payer est
un prix psychique, certes transitoire (un an) mais il peut coûté la vie du patient. Nous
conseillons un suivi psychiatrique après la pose d’un ICD.
XXXVIIIèmes Journées du GEPS
Prévention du suicide lors des interventions des CUMP
LOUVILLE Patrice
Psychiatre des hôpitaux, AFORCUMP - Société Française de Psychotraumatologie
AP-HP, hôpital Corentin Celton, service de psychiatrie universitaire
4, parvis Corentin Celton
Ville : Issy-les-Moulineaux
Code postal : 92133
Les catastrophes sont des événements imprévus qui associent la mise en danger d’un grand nombre de
personnes, des destructions de géographie humaine plus ou moins étendues et une désorganisation du
fonctionnement de la société. Les victimes de catastrophes ont été confrontées à un événement
traumatogène, impliquant une menace vitale ou la mort de proches, mais sont aussi sinistrées, ayant subi
la perte brutale de leurs biens matériels, de leur habitation et des repères environnementaux habituels.
Les conséquences psychiques des catastrophes les plus souvent retrouvées sont des syndromes
psychotraumatiques, des dépressions, des abus de substance, des deuils multiples ou traumatiques.
Plusieurs études ont montré une augmentation parfois dramatique des conduites suicidaires dans les
suites d’une catastrophe.
Les interventions psychosociales dans les suites des catastrophes sont encore peu évaluées mais font
l’objet de recommandations au niveau international. En France, les cellules d’urgence
médico-psychologique (CUMP) interviennent depuis 1995 sur le terrain des événements majeurs et
prennent en charge les victimes psychiques pendant la période post-immédiate. La formation nationale
actuellement organisée pour les nouvelles équipes de CUMP, suite à la circulaire du 20 mai 2003,
permet de sensibiliser les intervenants aux modalités mais aussi aux limites de ces interventions, dont les
objectifs sont la prise en charge des manifestations majeures du stress et la prévention des troubles
post-traumatiques, y compris des conduites suicidaires.
Atelier n° 6 : CRISE SUICIDAIRE ET IDENTITE
Modérateur : Doct E.Courty
Quels sont les (vrais) objectifs de l’évaluation du patient suicidant aux urgences ?
A. MATHUR, D. MORIZET, L. SCHMITT
C.H.U de Toulouse, Service de Psychiatrie et de psychologie médicale
Le plus petit dénominateur commun à une tentative de suicide : un corps ou un soma ?
A BOUHLAL
C.H.G de Longjumeau, S.A.U psychiatrie
Personnalité et identité professionnelle : à propos de tentatives de suicide chez un gendarme
O. LEVY , C. WIOT, P. LORIOT, G. BIGEON
C.H.S la Chartreuse, Dijon ; C.H.S. de Sevrey, Châlon-sur-Saône
Les tentatives de suicide et milieu institutionnel
B. SEMOUANE, O. RIHANE
Hôpital Central de l’Armée, Alger (Algérie)
QUELS SONT LES (VRAIS) OBJECTIFS DE L’EVALUATION DU PATIENT
SUICIDANT AUX URGENCES ?
A.,Mathur, D. Morizet L. Schmitt
Service de Psychiatrie et de Psychologie Médicale
Casselardit, CHU Toulouse
Trop souvent l’évaluation du patient qui a fait une tentative de suicide se réduit à l’évaluation du risque
suicidaire. Les conditions de travail aux Urgences (contraintes temporelles en particulier) expliquent en
partie cet état de faits. La revue de la littérature démontre bien que, sauf exception, chez les patients les
plus graves (mélancoliques par exemple), le risque suicidaire est très difficile à déterminer, même pour
cette population à haut risque. Selon l’état des connaissances sur les facteurs de risque du suicide et les
caractéristiques des patients qui ont fait des tentatives de suicide, l’évaluation doit intégrer un nombre
important de paramètres. La rencontre avec les suicidants est l’occasion de poser un diagnostic, donc de
dépister éventuellement une pathologie, surtout chez les adolescents, de faire entrer le patient dans un
système de soins, d’informer les familles et les patients sur les troubles et les facteurs de risque
suicidaires. Les vrais objectifs de l’évaluation du patient suicidant seront définis à travers une revue de
la littérature et les recommandations des sociétés savantes.
LE PLUS PETIT DENOMINATEUR COMMUN A UNE TENTATIVE DE SUICIDE :
UN CORPS OU UN SOMA ?
Docteur Ahmed BOUHLAL
S.A.U. psychiatrie (91G06)
Centre hospitalier général de Longjumeau (91164)
L’assertion à laquelle est souvent confronté le psychiatre aux urgences de l’hôpital général :
« l’examen somatique est normal, c’est à vous de voir.. ». Il s’agit souvent, implicitement, d’une
invitation à autoriser la sortie d’un patient admis pour tentative d’autolyse.
A une époque où le principe de précaution semble l’emporter, où le risque zéro demeure vaillant,
nous assistons à une sorte de « confusion des corps » lorsque la confusion des langues semble
l’autoriser.
Littéralement on n’invente pas le corps. Pour faire quelque chose, même mourir, il faut posséder
un corps. Qu’en est-il de la parole aux urgences. « Au commencement était la parole… ».
Qu’est ce qu’il en reste aujourd’hui ?
L’indispensable à tout acte dans l’expérience humaine, fut-il suicidaire, est le corps.
D’où l’on vient et quelle que soit la destination, on a tendance à y laisser quelque chose, même si
la mémoire défaille ou que l’histoire tressaille ; mais on emporte toujours son corps…
L’entreprise suicidaire semble imposer une séparation, une sécession, voire un meurtre. Qui
attaque qui ? Nécessairement, pour opposer, il faut séparer…
Le patient est-il confronté à son propre corps, ou s’agit-il d’une sorte de démantèlement qui se
déroule dans un ailleurs qui échappe, impliquant l’irréfragable corps et le « prétentieux » soma ?
S’agit-il d’une séquestration dans un intérieur ou une exclusion d’une adresse, connue ?
Quoi penser de : « l’examen somatique est normal », alors qu’il s’agissait d’une patiente
paraplégique, suite à une défénestration. De quel soma il s’agit ?
Depuis qu’il « parle » le soma est devenu corps, donc capable de mentir…Mais à qui ?
Personnalité et identité professionnelle : à propos de tentatives de suicide chez un
gendarme.
O.Levy, C.Wiot, Doct. P.Loriot , Doct. Bigeon
CHS Sevrey (71)
Ce travail porte sur les tentatives de suicide d’un gendarme de 35 ans. Il mettait en avant les difficultés
rencontrées dans l’exercice de sa profession, ce qui peut interroger sur le rôle que son identité
professionnelle pouvait avoir sur sa personnalité.
En effet, l’identité professionnelle n’est qu’une composante de l’identité d’un individu, qui peut
également se définir par rapport à sa famille, à sa fonction sociale, ou groupale.
Chacune de ces fonctions peut prendre une place plus ou moins prépondérante. Dans le cas de ce patient,
il semble que son identité professionnelle ait occulté entièrement le reste de sa personnalité. Le patient,
atteint dans son « honneur » par une sanction disciplinaire, décrivait un effondrement anaclitique, avec
passage à l’acte suicidaire : dans un premier temps le patient s’est volontairement intoxiqué avec des
médicaments, et a été hospitalisé. Suite à sa sortie de clinique, il s’est alcoolisé, et a présenté des troubles
du comportement ayant nécessité l’intervention des forces de l’ordre et son placement en
« hospitalisation d’office » au CHS de Sevrey, où il est resté plusieurs semaines. Ce second passage à
l’acte pourrait être un équivalent suicidaire, le patient ayant alerté lui-même les secours, en affirmant
être armé et avoir tué son épouse et ses enfants, ce qui était faux.
La place importante, voire exclusive, que ses ennuis professionnels ont prise, pointe un rapport le
rapport complexe qui peut exister entre la personnalité d’un individu et son identité.
LES TENTATIVES DE SUICIDES ET MILIEU INSTITUTIONNEL
Pr B. SEMAOUNE, Dr O. RIHANE
Hôpital Central de l’Armée
ALGER
Le suicide est un phénomène universel, mais demeure toujours un tabou social : il
est souvent dévié, minimisé, condamné.
Son appréciation est donc variable, d'autant plus lorsqu'il survient dans une collectivité
humaine tel une institution militaire où le secret, la loyauté et la stabilité organisationnelle sont
de règles, mettant alors en avant la résistance, voir l’échec d'un projet à visées différentes; ou
soit de l'insuffisance lorsqu'il y a rencontre des deux (02) carences : individuelle et
institutionnelle.
L’Algérie pays jeune et de jeunes où le service militaire est un passage obligatoire dans
la vie du citoyen qu'il soit dans un mode choisi ou imposé, ajouter à cela les contraintes de ce
dernier, l’impulsivité, imprévisibilité et l’ampleur de tel acte.
Nous pouvons dire que le lien des suicides avec la pénibilité des conditions de travail est loin
d'être établi. Laisser croire, d'une part, que l’armée est particulièrement exposée au suicide et
que, d'autre part, les conditions d'exercice de cette profession en sont la cause, est strictement
fallacieux.
Si les enjeux du débat sont relativement clairs (désigner d'éventuels effets suicidogènes
des conditions de travail peut donner un support à certaines revendications professionnelles), en
revanche la validité scientifique des arguments reste incertaine. Elle l'est d'autant plus que cette
discussion survient dans un vide empirique et théorique relatif. Il n'existe en effet aucune étude
Algérienne sur le suicide du militaire (et même du policier) et les données statistiques sont très
parcellaires et difficiles d'accès.
Les rares travaux sur la question du suicide en milieu institutionnel que nous avons pu
consulter sont anglo-saxons et posent la question délicate de la transposabilité des observations
dans notre pays.
Cette étude n’a pas la prétention de combler ce vide mais se propose d’évaluer d'une part
la tentative de suicide au service des urgences psychiatriques de l’hôpital militaire et de discuter
la pertinence du lien pouvant exister entre celle-ci et les conditions de travail des militaires.
Pour ce faire, nous analyserons dans un premier temps la fréquence des tentatives de suicide de
notre échantillon et dans un second temps inciter une réflexion sur les conditions de travail
comme éventuel facteur de risque.
Atelier n° 7 : FORMATION-PREVENTION
Modérateur : Doct B.Chauvot
La formation au repérage à la crise suicidaire en Guadeloupe : quelles évaluations ?
P. RACON, A. ACCIPE, C. JEANNELLO
C.H de Montéran Guadeloupe, Conseil Général de la Guadeloupe
Formation à la prévention du suicide : résistances et attentes des professionnels d’un EPSM
V. DELECOURT, L. DUFEUTREL, I. DANSET, C. THEVENON
E.P.S.M Lille Métropole, Armentières
De l’absence d’offre de soins à un réseau de prévention organisé,
L’expérience de Die autour de la formation
D. POUDEVIGNE
Loriol sur Drôme
Suivi et évaluation des personnes formées à la prévention du suicide en Charente
C.RIZET, P.RIVIERE, MJ.ROUSSEAU
C.H.S. de Charente
Bilan de huit ans de formations en prévention du suicide des adolescents
C. RIZET
Université René Descartes-Paris V, Laboratoire de psychologie clinique et
psychopathologie
C.H.S Camille Claudel, Unité d’accueil d’orientation et centre de crise – La Couronne
Formation (s) et prévention du suicide : Les postures du formateur
I. BORDAT
C.H de Montfavet
LA FORMATION AU REPERAGE A LA CRISE SUICIDAIRE EN
GUADELOUPE: QUELLES EVALUATIONS ?
Patrick Racon, psychologue clinicien, Centre hospitalier de Montéran Guadeloupe
Auteurs associés :
-
Annick Accipe Conseil Général, Guadeloupe
-
Catherine Jeannello, psychologue, Guadeloupe
La prévention du suicide en Guadeloupe est à ses balbutiements. Il existe un certain nombre d’actions éparses face
au phénomène, mais qui garde encore un caractère inorganisé face une pathologie grandissante, notamment :
- Pauvreté en matière de recherche épidémiologique et statistique
- Caractère tabou du phénomène
- Absence de structures prenant en charge la pathologie suicidaire.
Ces indicateurs sont autant d’obstacles qui font que le suicide ne figure pas parmi les dix priorités de santé
publique.
Notre pratique clinique au quotidien, dans les Centres médicopsychologiques et les interpellations nombreuses sur
le problème du suicide par des équipes soignantes, des bénévoles d’association, et le personnel de l’Education
Nationale témoignent de la nécessité de développer des stratégies d’actions et de prévention au regard de l’ampleur
du phénomène.
Ainsi, notre objectif de travail s’est axé sur le postulat suivant :
« Faire de la prévention, s’est parvenir à tisser des liens auprès de tout acteur sentinelle (entourage,
professionnel ou bénévole) et par la même, créer un système de travail en réseau ».
Depuis l’année 2002, suite à notre participation à la formation « Repérage à la crise suicidaire »
dispensée par M. Seguin et Pr J.L. Terra, nous avons principalement orienté notre stratégie dans le domaine de la
formation et de l’information, tant en hôpital général, que hôpital spécialisé et à l’Education Nationale.
Aujourd’hui nous souhaitons par notre modeste contribution partager avec vous l’évaluation de la formation au
repérage à la crise suicidaire en GUADELOUPE et espérer que ce travail soit profitable à la communauté et qu’il
puisse permettre une consolidation des réseaux d’aide.
Nous attendons aussi qu’il nous conduise à affiner davantage le contenu de la formation, pour le rendre plus
opérant en fonction du public.
Nous sommes habité par cette profonde conviction que la prévention du suicide est l’affaire de la communauté et
non des spécialistes. Toute une leçon d’humilité !
Formation à la prévention du suicide : résistances et
attentes des professionnels d’un EPSM
Dr Véronique DELECOURT
Dr Ludovic DUFEUTREL
Dr Isabelle DANSET
Dr Catherine THEVENON
EPSM LILLE METROPOLE (Armentières)
Depuis 1999, la formation à la prévention des comportements suicidaires est largement
dispensée aux professionnels sanitaires et sociaux de la ville de Tourcoing(Nord), par une
équipe médicale de l’EPSM Lille Métropole (Armentières).
La proposition d’extension aux 7 autres secteurs de cet établissement a suscité de
nombreuses résistances au départ, si bien que cette initiative est restée embryonnaire pendant
plusieurs années.
En 2006, dans le contexte des attentes du Plan de Santé Mentale, des recommandations
de l’OMS, et de la perspective locale de l’accréditation de l’EPSM, le sujet a été reconsidéré.
Une évaluation des préoccupations et attentes des professionnels à l’égard des situations
cliniques et de la formation en matière de suicide a été réalisée.
Les auteurs présentent les résultats de cette action recherche et discutent de la possibilité
d’évoluer vers une formation généralisée de l’ensemble des territoires de l’établissement .
Pôle secrétaire/Dr THEVENON/Communication Abstract …/Congrès Dijon.doc
DE L’ABSENCE D’OFFRE DE SOINS A UN RESEAU DE
PREVENTION ORGANISE, L’EXPERIENCE DE DIE AUTOUR DE LA
FORMATION
- :- :- :Didier POUDEVIGNE
1998, 3 ados meurent par suicide. Cmp saturés, pas de psy en libéral, pas
d’assistance sociale, pas de psychologue à l’hôpital de Die, pas de médecin formé. Un groupe
d’habitants interpelle en vain les pouvoirs publics.
2007, l’hôpital de Die va organiser sa 5ème session de formation autour de la
prévention du suicide. Les CMP sont toujours saturés, mais 40 professionnels de l’hôpital et du
social sont formés et organisés en réseau de prévention du suicide. Pas de miracle, pas de
moyens financiers extraordinaires mais une volonté des acteurs de devenir efficaces au travers
de la formation.
Animé par le Directeur de l’Espace Social et Culturel, ce réseau s’est formé autour
des interventions en formation de J.L. Terra. Avec d’autres intervenants, dans différentes
approches, il est intervenu sur la crise suicidaire, la récidive, les conduites d’entretien, les
interventions pluridisciplinaires. Les participants aux formations travaillent pour 2/3 en milieu
hospitalier, 1/3 dans l’environnement socio-éducatif. De 40 à 60 personnes suivent les
formations dont 1/3 travaille à Die.
Ces formations privilégient la pluridisciplinarité et l’alternance entre séances
plénières, participation active à un théâtre-forum, ateliers à effectif réduit et séances d’analyse
de la pratique professionnelle. Les effets de cette formation annuelle se repèrent à plusieurs
niveaux :
- Effet de motivation : elle est évaluée comme « stimulante » (74%) et « plutôt
stimulante » (26%).
- Acquisition de compétences dans l’évaluation de la crise et la conduite
d’entretiens.
- Notoriété de l’hôpital dans le domaine du suicide. Cette formation est un
programme prioritaire pour l’ANRH depuis 2004. L’hôpital a créé une PASS avec
psychologoue et assistante sociale.
- Prévention : le réseau fonctionne dans le repérage et l’accompagnement social,
l’hôpital est le lieu de la prise en charge.
Le processus de formation mis en oeuvre à Die déborde largement le cadre de la
transmission de connaissances. Il crée une dynamique et des réalisations concrètes dont
bénéficie la population et les professionnels. L’investissement en temps de formation est
largement amorti par l’efficience du travail produit.
SUIVI ET EVALUATION DES PERSONNES FORMEES A LA
PREVENTION DU SUICIDE EN CHARENTE
- :- :- :RIZET Clément, psychologue UAOCC, CHS de Charente, Université René Descartes Paris V.
RIVIERE Patrick, coordonnateur Charente du réseau de Prévention du suicide et promotion de la
santé mentale.
ROUSSEAU Marie-Josée, psychiatre, chef du pôle Accueil, CHS de Charente, 16400 la
Couronne.
Depuis huit ans que nous formons des professionnels de toutes institutions médicales,
sociales et éducatives dans le champ de la prévention du suicide, nous avons eu le souci et suivre
et d’évaluer les pratiques. Des modifications et des résistances sont apparues, et nous nous
proposons d’en faire part lors de ce congrès, afin, notamment d’offrir à nos collègues d’autres
régions ou départements des points de comparaison et d’engager la réflexion.
Tout un volet de cette évaluation porte sur les représentations que les personnes
formées comme les usagers de la santé en Charente se font de l’accès au soin et aux structures
préventives en Charente. Des outils classiques de formation ont été utilisés et évalués, mais aussi
des outils plus originaux comme le théâtre interactif ou les forums santé. Les étudiants de l’IFSI
d’Angoulême ont été impliqués dans cette démarche, et cela s’amorce avec les étudiants en
psychologie et les internes en psychiatrie.
Mots-clé : prévention du suicide, suivi, évaluation, représentations.
BILAN DE HUIT ANS DE FORMATIONS EN PREVENTION DU
SUICIDE DES ADOLESCENTS
- :- :- :-
RIZET Clément, psychologue
Université René Descartes-Paris V – Laboratoire de Psychologie clinique et Psychopathologie
UA 1512 (Pr François Marty)
Unité d’Accueil, d’Orientation et Centre de Crise, CHS Camille Claudel 16400 La Couronne
Intervenant comme formateur dans le cadre du Programme Régional de Santé
« Prévention du suicide et de la dépression des adolescents et jeunes adultes » en
Poitou-Charente depuis 1999, je souhaite témoigner de l’évolution de ces formations auprès d’un
public pluridisciplinaire, sur un plan pédagogiques. En effet, la forme, les contenus et les outils
utilisés lors de ces formations, incluant depuis leur mise en place des éléments de la formation à
la Crise suicidaire (modèle du Pr Monique Séguin), se sont modifiés en fonction de divers
facteurs. Je souhaiterais aussi montrer en quoi le feed-back fourni par les stagiaires donne des
renseignements très utiles sur la façon dont la prise en charge des jeunes suicidants se fait et
évolue dans l’ensemble d’une région. L’évaluation par une sociologue mandatée par la DRASS
(Melle Sarah Dujoncquoy) a également permis de confirmer ou de remodeler certaines options
pédagogiques.
Il m’a semblé qu’un tel bilan peut apporter d’utiles éléments dans la comparaison
avec d’une part mon expérience comme formateur de formateurs (Formation Terra-Séguin) en
Ile-de-France, d’autre part l’expérience des congressistes.
Mots-Clé : Formation, prévention du suicide, adolescents, pédagogie, évaluation.
FORMATION(S) ET PREVENTION DU SUICIDE :
Les postures du formateur
Isabelle BORDAT
Cadre Supérieur de Santé
Centre Hospitalier
2, Avenue de la Pinède
84140 MONTFAVET
Le travail de prévention du suicide peut amener à intervenir dans différentes situations de formation,
parmi lesquelles :
- les formations à l’intervention de crise suicidaire (sur le modèle national de développement
d’un réseau de personnes ressources)
- un travail sous forme d’ateliers (repérage des facteurs de risque, accompagnement des familles
endeuillées, prise en charge des personnes suicidaires…)
- un travail auprès d’une troupe d’artistes pratiquant le forum-théâtre notamment en milieu
scolaire auprès d’adolescents
Dans toutes ces situations de formation, de transmission d’un savoir clinique ou procédural, le formateur
rencontre différentes contraintes parmi lesquelles :
- la commande institutionnelle : l’intervention s’inscrit dans une organisation sociale, une
institution, une politique de santé. Cette donnée de départ « formate » la situation
d’apprentissage, vécue communément comme une valorisation de l’individu en formation en
tant que sujet. Mais il existe une part d’assujettissement liée à la situation particulière donnée à
l’institution, dans une nécessité d’adaptation.
- l’organisation des situations d’apprentissage : la part de l’activité des personnes en formation, et
celle des conditions de cette formation qui pourront plus ou moins influencer, faciliter, accélérer
ou freiner le processus de construction d’un savoir. Même si l’objectif demeure le même, il
n’existe pas un chemin unique pour tous.
- les modèles et les références théoriques : ils servent à la compréhension des pratiques tout
comme une mappemonde peut aider à comprendre le monde, mais la mappemonde n’est pas le
monde ! L’analyse de la situation de formation permet d’agir en toute lucidité : le savoir que
l’on veut transmettre est-il extérieur au sujet ? Est-ce le sujet lui-même qui construit sa
connaissance ? Les interactions entre le sujet et son environnement permettent elles la
construction d’un savoir ?
- Enfin, quelle(s) définition(s) donnons nous à l’apprentissage ? Il s’agit à la fois du processus
d’acquisition et du résultat recherché. L’apprentissage n’est pas la simple acquisition mais
appropriation des savoirs, transformation, altération d’une certaine façon : travail en profondeur
sur des représentations.
Au delà de ces contraintes la situation de formation est également une « terra incognita » qui revêt des
paramètres non maîtrisables, et relève d’une rencontre réelle entre les différents protagonistes. Ici, le
formateur devient un « passeur » (en référence à J.J. Bonniol, fondateur des sciences de l’éducation)
capable d’accueillir ce qui vient, d’éclairer un chemin sur lequel chacun va dévoiler, révéler une part de
vérité et faire sien le savoir ainsi mis en commun. De ce point de vue, c’est la trace qui perdurera dans le
temps.
10h45 Séance plénière : AMPHITHEATRE ROMANEE CONTI
Adolescence et crise suicidaire
Présidents : Doct. A. Liebschutz (Dijon), Doct. J.-J. Chavagnat (Poitiers)
Crise suicidaire à l’adolescence et mouvements institutionnels
Doct. S. Nezelof, Service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Hôpital St Jacques, CHU de
Besançon
Crise et paroxysme chez l’adolescent limite : logique du désespoir et délire
de chagrin
Doct. M. Corcos, Service de psychiatrie de l'adolescent, Institut Mutualiste Montsouris, Paris
Suicide et problématique narcissique : A partir de l’Ajax de Sophocle
Doct. J.-P. Marnier, Service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Hôpital d’Enfants, CHU de
Dijon
CRISE ET PAROXYSME CHEZ L’ADOLESCENT LIMITE : LOGIQUE DU
DESESPOIR ET DELIRE DE CHAGRIN
Doct. M.Corcos
Les états d’angoisse aigus qu’éprouvent les adolescents font rapidement place à des états
paranoïaques aigus avec vécu persécutif intense, bien sûr centrés sur les objets les plus
investis…les parents. Aussi ils surchargent !…L’appétence objectale exacerbée de ses
adolescents, générée par la fragilité de leurs assises narcissiques, colore monstrueusement leur
contenu fantasmatique qui génère des auto-représentations de soi et des autres monstrueuses et
in fine des symptômes monstrueux. Et là difficile de dire si il s’agit d’un tempérament
pulsionnel primaire, exacerbé chez l’enfant (facteur constitutionnel), ou si nous sommes face à
un déséquilibre interne lié à l’absence de réponse de l’objet, déséquilibre à l’origine des conflits
et des tensions qui prennent le visage de l’épreuve de force. Bien sûr, accepter les projections de
l’adolescent n’aboutirait qu’à leur conférer un surplus de réalité ! mais ne pas reconnaître le
désarroi qui les meut et le fait que leurs fantasmes essaient avant tout d’amadouer leurs délires
de chagrin !
Je veux donc ici mettre essentiellement en exergue les effets d’une excitation libre car non
accordée, rythmiquement, pulsionnellement, affectivement, émotionnellement par l’objet, et la
difficulté majeure pour l’enfant de contrôler cette excitation, qui reste, contrairement à la
psychose, organisée dans des congloméras d’affects et de pré-représentations, mais qui
n’aboutit pas à une construction plus sécure dans des émotions et des sentiments teintés
d’ambivalence comme dans la névrose, évitant le clivage bon-mauvais objet et ses
conséquences passionnelles. Or, c’est bien cette capacité que l’excitation puisse devenir
émotion, puis représentation affective c'est-à-dire sentiment, qui permet le contrôle de soi et
évite le passage à l’acte contre soi ou l’autre. Cette excitation non liée ayant naturellement
tendance soit à se retourner contre le sujet, à rebrousser autoérotiquement puis mécaniquement
dans le corps, soit à s’expulser agressivement vers l’objet. C’est d’avoir été libidinalisé, accordé
rythmiquement, affectivé, nommé aussi bien sûr, qui permet à l’enfant l’accès à une humanité
et à un certain jugement de valeur de soi et des autres en ce qu’il lui permet de reconnaître, les
émotions en soi et en l’autre, et dès lors de tolérer et non détruire l’humanité en l’autre. Car dans
cette question de la régulation des émotions, il y a à la fois l’impossibilité pour le sujet de
reconnaître ses émotions lorsqu’elles en restent à des états primaires enchâssées dans le corps
ou avortées quant à leur possible émergence psychique, mais aussi l’incapacité de pouvoir lire
celles de l’autre.
Ainsi on demande aux adolescents dans l’agir, un impossible recul dans la réflexion, alors
qu’ils n’en ont même pas, pour certains d’entre eux, la possibilité dans l’émotion. Cette absence
de possibilité de recul en eux, où ils rencontreraient et/ou se coltineraient avec bien sûr ce
témoin intérieur et ce tuteur, cet objet interne suffisamment bon, fait qu’ils perçoivent,
ressentent tout à vif, tout à cru, et sont à cran. Ils sont à la fois à l’affût et aux aguets. Ils nous
persécutent car ils sont persécutés, prisonniers d’une dialectique morbide, réactivée par le
processus pubertaire : insuffisance- autosuffisance.
Ils sont enfermés, pour le dire de manière plus clinique, dans un vécu sensitif, paranoïaque,
voire , pour certains , paranoïde du fait d’un éprouvé permanent de menace sur leur identité. Ils
éprouvent, dans tout commerce objectal, pulsionnellement ou affectivement sollicitant, une
ré-expérience de détresse agonistique et de carence de symbolisation primaire (ne peuvent rien
dire de l’orage pulsionnel avant qu’il ne les foudroie…Désespoir de ne pas savoir ce qui les
désespère…les désespèce aurait dit Didier Anzieu). Le sens c’est pour ceux qui vont
suffisamment bien. La relation émotionnelle perturbée génère pour les autres dans l’échange,
un ébranlement du sens, voire une anarchie du sens et ce surtout si l’émetteur fait montre
d’humanité…une humanité qu’ils ne reconnaissent pas, et qu’ils vont rejeter au nom de leur
fidélité à leurs expériences négatives primaires. Il leur importe moins d’être névrotiquement
heureux ,tirés vers le haut ou il y a de la lumière et de la raison ,que d’être d’abord perçus…dans
la continuité de leurs expériences primaires. Dans leur continuité d’existence fut-elle morbide.
Leur agressivité n’est sous-tendue par aucun fantasme mortifère[1]…elle est en une prise directe
avec l’excitation libre. Le quantitatif secrète le qualitatif comme le corps secrète l’âme…les
rêves, les pensées, les fantasmes qui sont marqués par ces excès de fureur…de vivre. Et non de
mort. Ce qui meut, agis, pense même, l’adolescent, et de fait le passivise (roc biologique et ou
compulsion de répétition), c’est de « la matière première psychique brute «, non liée, non
accordée, non contenue-parexcitée. C’est le ça, ou pour le mieux des conglomérats d’affects
bruts et de pré-représentations (pas les festivités du ça, non mais ce qu’il y a de plus
impersonnel en nous). Le ça qui dépersonnalise, donne ce vécu d’étrangeté fait d’inquiétante
familiarité. Eprouvé trop connu et reconnu de la crainte de l’effondrement.
C’est cette dépersonnalisation qui brise le sentiment de continuité (c’est un processus interne,
plus que lié à la discontinuité de présence de l’objet d’investissement) - et/ou la fonction du
jugement statuant sur l’existence de l’objet dedans dehors, avant que ne naisse la capacité
d’identification à autrui. C’est cette félure-brisure qui fait achopper le développement de la
conscience réflexive.
Au total : pas de régulation des affects et des pensées ; pas d’accès à la symbolisation et au
sentiment ; Vécu parano et refus de l’aide de l’autre ; ACTE délinquant (rupture du lien).
[1]
Le péril jeune ne menace pas la société et la société ne tue pas ses enfants.
POSTERS
Etude de l’environnement familial des
adolescents suicidants
MARCOU J.*, BENONY H.**, MARNIER JP.***, BONIN B.****
* Interne de psychiatrie au C.H.U de Dijon, ** Professeur de psychologie, Université de Bourgogne, LPCS de
Dijon, *** Praticien Hospitalier dans le service d’adopsychiatrie du C.H.U de Dijon, **** Professeur de
psychiatrie dans le service de psychiatrie adulte et d’addictologie du C.H.U de Dijon.
Résumé :
Notre travail est une recherche portant sur l’étude d’une population de parents d’adolescents suicidants.
Nous avons considéré deux populations : un groupe de parents d’adolescents primosuicidants (groupe
P), et un groupe de parents d’adolescents suicidants récidivants (groupe R), avec l’objectif principal de
montrer que la dynamique familiale des parents d’adolescents suicidants récidivants, est plus perturbée,
que celle des parents d’adolescents primosuicidants. Pour rendre compte de la dynamique familiale,
nous avons choisi d’évaluer les symptômes psychopathologiques, l’attachement, le fonctionnement
familial, et les évènements anamnestiques des parents d’adolescents suicidants.
Les résultats, malgré leur faible significativité, montrent que les parents du groupe R présentent plus de
symptômes psychopathologiques et possèdent des styles d’attachement plus fréquemment préoccupés et
craintifs (modèle de soi négatif) que les parents du groupe P. En revanche, ils possèdent, contrairement à
nos hypothèses, plus fréquemment un fonctionnement familial équilibré que les parents du groupe P,
peut-être en lien avec des remaniements familiaux à l’occasion de TS antérieures.
Cette étude souligne la nécessité, après une première TS, d’évaluer et de prendre en charge l’adolescent
et ses parents, dans le but de mobiliser les capacités de réaménagement de la dynamique familiale et
ainsi prévenir les récidives.
Mots-clefs :
Adolescent / tentative de suicide / récidive / famille / parents / psychopathologie / attachement / fonctionnement
familial / évènements anamnestiques.
TITRE : STYLES PRIMITIFS DE DEFENSE ET APPROCHE DIMENSIONNELLE DE LA
PERSONNALITE BORDERLINE CHEZ DES ADOLESCENTES SUICIDANTES
HOSPITALISEES
AUTEURS: R. GARROUTY3, E. MASSABIE2, J. P. MARNIER1, 2, H. BENONY1, P.
ZMUDZINSKI1, M. FUCHET1, M. BRENOT2
1
Université de Bourgogne, LPCS EA 3658, Dijon,
Psychiatrie de l’Adolescent, 3 CHU de Dijon.
2
CHU de Dijon, Hôpital d’enfants, Unité de
RESUMES
Objectif :
L’objectif de cette recherche est d’étudier les corrélations entre les styles primitifs de défense et les
dimensions de la personnalité borderline chez des adolescentes hospitalisées suicidantes.
L’hypothèse avancée est que l'aspect dimensionnel de la personnalité Borderline au SIDP-IV est
associé au clivage, à l’identification projective, à l’omnipotence, à la projection, au déni et à
l’idéalisation primitive au DSQ88.
Méthodologie :
Du 1er octobre 2005 au 26 juin 2006, sur 135 adolescents hospitalisés (CHU de Dijon, Unité
d’Adopsychiatrie), 50 étaient parasuicidants.
Après l’entretien d’entrée, un bilan psychiatrique et psychologique leur a été systématiquement proposé.
Il était composé du Mini DSM IV, du SIDP-IV, du SCL-90, du DSQ88, du DEQ, du test de Rorschach et
du TAT. Nous ne traiterons ici que les résultats au SIDP-IV et au DSQ88.
Après exclusion de 8 sujets de sexe masculin, 1 refus, 8 dossiers incomplets, 33 sujets féminins âgés de
14 à 18 ans (âge moyen=15.00 ans ± 1.28) ont été inclus.
Le mode de passage à l’acte suicidaire majoritaire est le recours aux médicaments (N=31), viennent
ensuite la défenestration (N=1) et la phlébotomie (N=1). 31 adolescents (94%) poursuivent leur scolarité
au sein du cursus ordinaire.
Les analyses statistiques ont utilisé le test r de Pearson.
Résultats : Les analyses statistiques sont en cours.
LA MORT PAR SUICIDE DE GAËTAN GATIAN DE CLERAMBAULT
PINOIT JM, BESSE P, GRILLET C, BENONY H, BONIN B, GISSELMANN A
Service de Psychiatrie et d’Addictologie
CHU Dijon
L’aliéniste Gaëtan Gatian de Clerambault est connu pour ses définitions de l’automatisme
mental, ses travaux sur l’érotomanie et ses certificats d’internement à l’Infirmerie du Dépôt de
Paris. Ses études à propos des tissus, des soieries et ses talents de photographe du drapé
participent également à sa célébrité. Les auteurs rappellent le décès par suicide, à l’âge de 62
ans, de ce psychiatre confronté à une perte de la vision, ce qui les fait associer sur les
statistiques actuelles des suicides concernant les médecins, en particulier les psychiatres.
ADOLESCENCE, SUICIDE et ANTIDEPRESSEURS
PINOIT JM, BESSE P,SALVE A, CHAUVET-GELINIER JC, CHARAHOUI K, BONIN B, GISSELMANN A
L’ Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé précise en 2004 qu’environ
40 000 enfants et adolescents sont traités en France chaque année par antidépresseur pour un
état dépressif. Plusieurs études non seulement ne démontrent pas l’efficacité des
antidépresseurs Inhibiteurs de la Recapture de la Sérotonine dans ces indications mais
évoquent même une augmentation du risque suicidaire. La prescription de ces antidépresseurs
est devenue déconseillée pour le traitement de la dépression chez les patients âgés de moins de
18 ans. De manière assez étonnante, tout récemment, l’ Agence Européenne du Médicament
recommande d’étendre l’indication de la fluoxétine au traitement des épisodes dépressifs
majeurs d’intensité modérée à sévère chez les enfants âgés de 8 ans ou plus. Les auteurs
reprennent l’évolution de ces recommandations et proposent une mise au point actuelle.
LA TENTATIVE DE SUICIDE MOTIF D’HOSPITALISATION
ROMANESCU S, PINOIT JM, BESSE P, PONAVOY E, BONIN B, GISSELMANN A
Les auteurs décrivent, sur une période d’un an, les caractéristiques d’une population de patients
hospitalisés dans le service de Psychiatrie et d’ Addictologie du CHU de Dijon à l’issue d’un
geste suicidaire. Certains éléments cliniques mais aussi biologiques apparaissent intéressants à
considérer dans les cas d’ingestions médicamenteuses volontaires en particulier pour améliorer
la sécurité des premiers soins de ces patients.
LA CONTINUITE DES SOINS DES SUICIDANTS
Docteurs PARIS P.C., FERRIC O., FERRANT N et l’équipe du CAC.
CHG de Dreux, Service de PSYCHIATRIE, 28 G 04
Hôpital Victor JOUSSELIN
44 Avenue du Président-KENNEDY,
BP 69, 28102 DREUX Cedex.
Un des enjeux majeurs de la prise en charge hospitalière des personnes ayant fait une tentative de suicide
(TS) est de prévenir la rechute ou la récidive suicidaire.
A partir des données de plusieurs tours d’évaluation (méthode de l’audit clniqure ciblé) sur des groupes de
30 sujets, nous pouvons présenter les résultats de l’évaluation clinique des suicidants, de l’analyse de leur
environnement, de l’orientation et des conditions de sortie après un séjour au Centre d’Accueil et de Crise (CAC)
de psychiatrie.
Cette étude pointe surtout des problèmes de suivi de la population des suicidants. Elle conduit à mettre en
place des actions destinées à mieux préparer leur sortie et à assurer une meilleure traçabilité des soins proposés en
ambulatoire.
Elle amène à envisager, dans le cadre de l’organisation sectorielle, les principaux facteurs institutionnels
et d’organisation des soins à bien prendre en compte dans la prévention du suicide.
Alors que les passages à l’acte font partie de l’évolution des troubles psychiatriques majeurs, elle permet
de discuter les éléments de prophylaxie de la rechute à promouvoir non seulement dans des protocoles de prise en
charge mais aussi dans les formations spécifiques destinées aux personnes ressources qui s’impliquent
volontairement dans les programmes régionaux de santé.
LA REGULATION DES APPELS PSYCHIATRIQUES AU SAMU-CENTRE 15 DU
CHU DE ROUEN
A.
Baguelin Pinaud, M.Décreau, B.Dureuil et F.Thibaut
A. Baguelin Pinaud, interne CHU Rouen
F. Thibaut, service Hospitalo-universitaire de Psychiatrie, INSERM U614, CHU
Charles Nicolle et centre hospitalier du Rouvray Rouen
B. Dureuil et M.Décreau SAMU, Département d’Anesthésie et de Réanimation, CHU Charles
Nicolle Rouen
Objectifs : Il s’agit de décrire et d’évaluer la régulation des appels psychiatriques au SAMU-centre 15 du
centre hospitalier universitaire de Rouen puis de réaliser des propositions en s’inspirant de l’expérience
d’autres SAMU-centre 15 ou de l’étranger, afin de respecter au plus près les recommandations
nationales (circulaire du 30 juillet 1992, projet de plan 2005-2008 et conférence de consensus
concernant la crise suicidaire).
Méthode : Une étude prospective d’épidémiologie descriptive a été menée du 1ER juillet au 20
septembre 2004 au SAMU-centre 15 de Rouen. 3300 appels psychiatriques ont été étudiés. Par ailleurs,
la totalité des SAMU de France ont été interrogés sur leurs pratiques.
Résultats : Les appels pour motifs psychiatriques (anxiété, tentative d’autolyse médicamenteuse et non
médicamenteuse, menaces suicidaires, délire, agitation, consommation d’alcool et de toxiques)
représentent 11% du total (3300/29 839).
L’évaluation psychiatrique recommandée par les experts n’est pas effective pour un quart des patients
ayant réalisé une tentative d’autolyse et pour plus d’un tiers des patients délirants.
96% des SAMU-centre 15 français ne bénéficient pas de la présence d’un psychiatre ou d’un infirmier
en psychiatrie en régulation. Les centres de Paris, Bordeaux, Créteil et Poitiers ont des pratiques
innovantes.
Conclusion : La présence d’un infirmier en psychiatrie en régulation permettrait d’orienter, d’informer et
d’évaluer les patients en crise avant d’envisager la création d’équipes mobiles intersectorielles de
psychiatrie déjà répandues aux Etats-Unis.
SUICIDE:UNE APPROCHE SOCIOLOGIQUE
(A PARTIR DE L'ANALYSE DE DURKHEIM)
Arnaud MARCHAND, Astrid MURAT, Jean-Christophe PIQUET
Emile Durkheim définit le suicide comme un fait social: une force collective qui pousse les hommes à se tuer.
Ainsi il décrit 4 types de suicides: égoïste, altruiste, anomique, fataliste. Pour lui ce ne sont pas les individus
qui se suicident mais la société à travers ses sociétaires.
Dans sa théorie, il expose le principe d'intégration: la protection de l'individu face au suicide est fonction du
nombre et de la profondeur des relations qu'il noue avec son milieu familial. D'un point de vue macrosociologique,
il distingue 2 types de solidarités:
-solidarité mécanique : l'identité sociale s'impose à chacun
-solidarité organique : différence individuelle qui est valorisée, l'individu est livré à lui-même.
En un siècle qu'est-ce qui a changé par rapport aux observations de Durkheim?
D'autres sociologues en se basant sur les travaux de Durkheim apportent un regard novateur.
En effet, la société en évolution perpétuelle nous semble peu comparable actuellement à celle du XIXe siècle:
quid de l'éclatement de la cellule familiale; de la place de la femme, de la recherche de performance individuelle,
l'exode rural, des modifications du cadre professionnel....
Baudelot et Establet constatent que certains des phénomènes décrits par Durkheim ont peu varié (prévalence
importante pour le sexe masculin et l'âge avancé et les personnes isolées), mais d'autres se sont modifiés,
notamment pour ce qui est du rapport ville/campagne.
Pour certains auteurs, dans sa théorie Durkheim dénie l'aspect psychologique du suicide pour ne se référer qu'à
une explication sociologique. Est-ce concevable si on admet qu'au moins 95% des suicides sont liés à un trouble
mental? Cette théorie permet de reléguer au second plan la détresse des suicidaires et le sens de leur geste. En effet
le suicide inquiète ; et la vision Durkheimienne permet une déculpabilisation en occultant le concept de fragilité
individuelle.
MISE EN RELATION DES PASSAGES A L ACTE DE L’ADOLESCENCE AVEC LES
RELATIONS FAMILIALES PERCUES COMME PSYCHOLOGIQUEMENT VIOLENTES,
L’ANXIETE ET LES EVENEMENTS DE VIE
Mlle MIRANDO Sabrina,
UFR Lettres et Sciences Humaines, Psychologie Clinique et Psychopathologique, Dijon
Des vérités populaires comme « Qui ne risque rien, n’a rien », « Trop de précaution nuit » nous ont
toujours rappelé que le train de la vie n’est jamais qu’une succession d’apprentissages, d’aventures et de
mésaventures menant à l’expérience, certains diront à la sagesse. Dans ce parcours, il serait difficile de
nier que ce sont justement les risques pris ou encourus qui nous donnent souvent l’impression d’exister,
nous procurent le sentiment jubilatoire que la vie vaut la peine d’être vécue.
Les mécanismes et les finalités des prises de risque sont nombreux, mais ils ne se limitent pas au seul
plaisir procuré par le risque. Certes, un risque peut être pris, en toute conscience ou non, par simple
curiosité, goût du risque ou espoir d’obtenir quelque chose que l’on convoite. Mais il peut aussi être pris
– pour le meilleur et pour le pire – afin d’échapper à une menace ou un danger réels ou perçus comme
tels, pouvant provenir tout autant de la réalité extérieur que du vécu intérieur. Cette dernière dimension
me parait trop souvent négligée- dans ses aspects réels ou symboliques- lorsque l’on parle des conduites
à risque en général, et à l’adolescence en particulier.
Ainsi, c’est face aux nombres alarmants de passages à l’acte à l’adolescence et aux conséquences parfois
irrémédiables que nous avons voulu investiguer cette problématique. Nous nous sommes donc penchés
sur un nouveau paradigme (Pochard et Grassin), qui permettrait de fonder une hypothèse explicative et
circulaire du passage à l’acte : « Le passage à l’acte suicidaire peut être analysé comme une utilisation
par le suicidant de la violence dans l’objectif de mettre fin à des conflits relationnels, eux-mêmes vécus
comme violents ». Par la même, nous avons voulu vérifier l’impact d’autres variables sur le passage à
l’acte : les événements de vie et l’anxiété.
Deux groupes ont été constitués : un groupe d’adolescents dans les conduites agies (TS, fugues,
auto/hétéro agressivité…) et un groupe d’adolescents « tout venants ».
Pour cela nous avons utilisé divers tests tels que le test d’anxiété (Spielberger), l’inventaire d’événement
de vie (Guelfi) et l’inventaire des conduites parentales psychologiquement violentes (ICPPV, Gagné et
al). Ainsi, nous avons pu établir, et ce de manière significative, un niveau d’anxiété chronique plus élevé,
une plus grande perception parentale désorganisante et un nombre d’événements de vie supérieurs chez
les adolescents dans les passages à l’acte.
De plus, par cette étude nous avons voulu faire évoluer les données sur ce nouvel outil qu’est l’ICPPV.
Nos résultats montrent une très forte corrélation positive entre le score total à l’ICPPV et le score
d’anxiété chronique (test de Spielberger).
Nous nous sommes donc engagés dans une recherche à la fois descriptive et comparative, notre objectif
principal étant de pouvoir agir le mieux possible au niveau tant de la prévention que du traitement
thérapeutique.
RISQUE SUICIDAIRE ET PRENVENTION DU SUICIDE EN MILIEU CARCERAL.*
>
> *AUTEURS :* *K. GROGUENIN* (LPCS, Université de Bourgogne, Dijon), *C. PATURAL (CHSY
d’Auxerre - Secteur III, Centre de Détention de Joux-la-Ville), M. PERREAU (CHSY d’Auxerre – Secteur III,
Centre de Détention de Joux-la-Ville).
>
>
> *OBJECTIF : *Eléments de réflexion quant à la détection et la prévention du risque suicidaire en milieu carcéral
auprès d’une population générale de détenus, c'est-à-dire toute personne ayant commis un délit. Tout en accordant
une attention particulière au vécu imposé et subi en milieu pénitentiaire, cette présentation vise en l’évaluation, au
moyen d’outils cliniques, du risque suicidaire d’un détenu à un moment de son incarcération.
>
> *RESUME :* Le choix de présenter ce poster en milieu carcéral est, à la fois motivé par des expériences de
stages et par l’expérience professionnelle des auteurs. Ce milieu paraît d’autant plus
> intéressant que le taux de mortalité par suicide en prison est près de six fois supérieur à celui rencontré dans la
population générale.
Ici, il paraît important de penser une problématique de prise en charge et de soins. Après avoir présenté au travers
de différentes vignettes ce en quoi la détention exposait au suicide, nous étayerons nos propos suivant un cas
clinique rencontré en carcéralité. Les vignettes nous permettront d’aborder l’étiologie et la prévalence des
conduites suicidaires, les facteurs de vulnérabilité et de protection au
> suicide, les moments de détention auxquels les soignants doivent être attentifs pour prév enir le risque suicidaire,
et la comorbidité avec les troubles de la personnalité.
« addiction et suicide » : à propos de la prise en charge des suicidants « à répétition » aux
urgences du centre hospitalier d’Auxerre
. KARNYCHEFF J-F , SEETHARAMDOO H
Le vécu du service de liaison du centre hospitalier d’Auxerre donnait l’impression d’un
nombre important de patients fréquemment hospitalisé au cours de l’année. Une étude des cas
de l’année 2005 a apporté une première information : il ne sont pas si nombreux . 4 cas .
L’étude des cas portera sur un certain nombre de caractéristiques ( age, sexe, nombre de TS
dans l’année, modalités suicidaire unique ou multiple et moyens, conséquences somatiques,
séquelles , décès, insertion sociale, statut marital, antériorité de prise en charge en psychiatrie,
diagnostic, menaces de récidive pendant l’hospitalisation,….).
Les commentaires se résument dans deux axes principaux. Le diagnostic n’est pas évident avec
une grande variabilité clinique pendant l’hospitalisation qui s’accompagne d’une réaction très
variable de l’entourage ( demande ambivalente de soin par exemple).l’attitude des soignants est
marquée par un « contre-transfert » difficile marqué par des réactions particulière ou la place de
l’émotionnel est au premier plan ce qui rend difficile l’appréciation du risque suicidaire dans sa
globalité
ACCUEIL DES PATIENTS EN CRISE SUICIDAIRE :
ELABORATION D’UN PROTOCOLE D’ACCUEIL ET DE SURVEILLANCE DES
PATIENTS EN CRISE SUICIDAIRE AU SAU DE CHALON SUR SAONE.
Audrey Pingaud, Stéphanie Leclercq, Dr Bijeon, Dr Loriot, Dr Leuret, Dr Vitton, Hélène
Versini (Chalon /saone)
Depuis 1996, le suicide est reconnu comme une des priorités nationale et régionale de Santé Publique et
la France se situe parmi les 10 pays les plus concernés dans le monde.
De ces constats sont nés les programmes nationaux et régionaux (10 régions inclues dont la Bourgogne)
de prévention du suicide.
Selon le Pr Terra, 5% des suicides auraient lieu en établissement de santé (psychiatrique et non
psychiatrique)
Le pluri déterminisme du suicide et la faible prédictibilité sur le plan individuel impliquent la mise en
place de dispositions spécifiques, tant hospitalières que post-hospitalières ainsi que l’intervention
coordonnée des différents acteurs médico-psycho-sociaux.
A partir de l’exemple du fonctionnement des urgences de Chalon-Sur-Saone, nous proposons de relater
la mise en place d’un protocole d’accueil des patients en crise suicidaire, ainsi que les difficultés
rencontrées par les équipes.
L'accueil des patients suicidants aux urgences d'un établissement de santé s'articule autour de trois
temps:
- une évaluation somatique : l'examen médical permet d'apaiser et d'entrer en relation
- une évaluation psychologique et psychiatrique dans les 24 premières heures
- une évaluation sociale
C’est à partir de cette triple évaluation que se met en place la prise en charge ultérieure du patient
- soit une hospitalisation dans un service adapté
- soit un suivi ambulatoire par une équipe de secteur psychiatrique
- soit une orientation vers un médecin psychiatre en lien avec le médecin référent
Les facteurs associés à la survenue de suicide en milieu hospitalier et les signaux de danger susceptibles
d'alerter sur le risque suicidaires doivent être connus et recherchés par l'équipe soignante.
L'existence de moyens suicidaires facilement accessibles, la sous-estimation du risque suicidaire,
l'insuffisance de communication entre médecins et infirmières, une surveillance inadéquate sont des
facteurs de risque dont l'évaluation paraît indispensable.
Un protocole d'accueil et de surveillance adapté, l’information et la sensibilisation des équipes
soignantes sont au centre du projet.
Le sentiment d'être compris, reconnu et accepté par l'intervenant, la capacité d'établir un bon contact
avec la personne suicidaire ne peuvent être remplacés par une technique standardisée.
Comment adapter nos convictions de soignants aux contraintes de fonctionnement d’un SAU ?
CHEMINEMENT CLINIQUE DU PATIENT AUX URGENCES
SELMA Toufik, Psychiatre Praticien Hospitalier – CHLMV (77)
Equipe d’urgence de la Fédération de psychiatrie – CHLMV (77)
A l’hôpital général de Lagny sur Marne (Seine et Marne) , les urgences psychiatriques sont situées à
coté des urgences medicochirugicales et des spécialités.
Par ailleurs l’hôpital est le siège de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique départementale.
De ces particularités et spécificités, nous décrirons le cheminement clinique du patient en fonction de la
symptomatologie qu’il présente et nous développerons l’articulation qui existe entre ces différentes
entités et les intrications qui en découlent.
DE L’AGRESSION SEXUELLE AUX CONDUITES SUICIDAIRES :
APPROCHE PSYCHODYNAMIQUE ET COGNITIVO-COMPORTEMENTALE
S.Richard-Devantoy(1), G.Auger(2), A.I.Bouyer (3), Dr B.Gohier (4),
Pr J.B. Garré (5)
(1) Interne DES Psychiatrie, Département de Psychiatrie et Psychologie médicale, CHU, 4 rue Larrey,
49933 Angers cedex 9.
(2) Interne DES de psychiatrie, Clinique Psychiatrique Universitaire, CHRU de Tours,
F-37044 Tours Cedex 1.
(3) Interne DES Psychiatrie, Centre Hospitalier Hôtel Dieu, Paris
(4) Praticien Hospitalier, Département de Psychiatrie et Psychologie médicale, CHU Angers
(5) Professeur des Universités - Praticien Hospitalier, Département de Psychiatrie et Psychologie
médicale, CHU Angers.
Par leur fréquence (11% des femmes entre 20 et 69 ans sont victimes d’agressions sexuelles, et
160 000 sujets tentent de se suicider), les agressions sexuelles et les conduites suicidaires interpellent le
psychiatre : existe-il un lien entre ces deux comportements ?
Epidémiologiquement, l’agression sexuelle est un facteur de risque, établi et largement
documenté dans la littérature, de comportements suicidaires.
Notre démarche est de dégager une compréhension psychopathologique de deux conduites, le
suicide et le viol, à première vue éloignées, mais qui se rejoignent pourtant sur un point : l’agressivité.
Dans le viol, l’agressé subit passivement une désintégration psychique et physique. Le suicide serait-il,
comme le suggère Freud, un meurtre transposé, déplacé et substitutif, un retournement centripète de la
haine et de l’hostilité, un meurtre réfléchi ? Homicide de l’autre à travers soi ?
Nous proposons dans ce travail d’aborder la compréhension psychopathologique des liens entre
l’abus sexuel et les comportements suicidaires, et d’examiner, plus particulièrement, le traumatisme
psychique, comme lien possible. Nous utiliserons successivement et comparativement un abord
psychodynamique et un abord cognitivo-comportementale. Nous dégagerons les principes de prise en
charge d’une victime de viol à partir de chacune de ces approches.
Mots clés : Conduites suicidaires, Agressions sexuelles, Psychopathologie, Psychodynamique,
Cognitivo-comportementaliste, Traumatisme psychique, Etat de Stress Post Traumatique
L’ACCUEIL ET LA PRISE EN CHARGE DES SUICIDANTS AU SERVICE
D’ACCUEIL ET D’URGENCE : étude descriptive des admissions et enquête de satisfaction
Fanny Jacq¹, Catherine Martelli¹, Anne-Cécile Courtois¹, Jean-Claude Candé², Patrick Hardy¹
¹Service de psychiatrie, CHU Bicêtre -APHP - Université Paris XI, Le Kremlin Bicêtre,
France.
²Service de psychiatrie, secteur 94G14 CHS Paul Guiraud, Villejuif
Le suicide est une priorité de santé publique en terme de pertes en vies humaines et de problèmes
psychologiques et sociaux.
En France, la majorité des tentatives de suicides (TS) donne lieu à un recours au système de soins.
Environ 150.000 suicidants y sont pris en charge annuellement dont 137.000 sont admis aux urgences
(Enquête Premutam publiée en mars 1998).
Afin d’évaluer ce système de soins, depuis 1999, un projet national de prévention du suicide, notamment
chez les jeunes, a été mis en place par le secrétariat d’Etat à la Santé. Dans ce cadre, l’ANAES (Agence
Nationale d’Accréditation et d’ Evaluation en Santé) a développé différents critères d’évaluation issus
des recommandations professionnelles concernant la prise en charge des jeunes suicidants, critères qui
peuvent être étendus à tout patient suicidant pris en charge à l’ hôpital.
Le Service d’Accueil et d’Urgence du CHU de Bicêtre reçoit en moyenne 4.4 patients suicidants par
jour et est de ce fait un terrain privilégié pour faire un état des lieux sur les pratiques cliniques actuelles
de la prise en charge de ces patients.
L'objectif de notre étude a été de décrire les caractéristiques individuelles et de prise en charge de
l'ensemble des suicidants accueillis et/ou admis au SAU (accueil des urgences, lits-portes) et dans le
service de réanimation médicale, pendant la période du 14 juin 2005 au 7 août 2005.
Nous avons reçu 100 patients, (50% aux urgences, 42% aux lits- portes, 6% en réanimation
médicale) d’âge moyen 35 ans, 65% de femmes, 58% de couples. Un quart d'entre eux
souffraient de troubles de l’adaptation et un quart de syndrome dépressif majeur, 10% étaient
schizophrènes. La TS avait, dans 75% des cas, été réalisée par intoxication médicamenteuse
volontaire. L'orientation des patients avait été effectuée dans 36% des cas vers une
hospitalisation, dans 30% des cas vers un CMP et dans 16% des cas vers un psychiatre de ville.
Les caractéristiques de la prise en charge ont été évaluées à l'aide des 16 critères de l'ANAES.
L'évaluation a été effectuée à l'aide du dossier médical et, le cas échéant, par contact téléphonique auprès
du psychiatre d'urgence qui était intervenu auprès du patient concerné.
Enfin, par un système de rappel téléphonique des patients 3 à 6 mois après leur prise en charge aux
urgences, nous avons pu évaluer : leur devenir (récidive suicidaire, modalités de prise en charge
psychiatrique effectivement mises en place), leur satisfaction quant à leur prise en charge aux urgences
et leur avis quant à l’utilité d’un rappel téléphonique systématique de tout patient suicidant.
CHARLIE PARKER : LES LIMITES DU GENIE
CLAVE L., GARROUTY R., Doct. CHAUVET J.C., Doct. BESSE P., Prof. BONIN B., Prof.
GISSELMAN A
Service de Psychiatrie et d’Addictologie
CHU Dijon
Charlie PARKER (1920-1955) est un afro-américain originaire de Kansas City connu
pour avoir révolutionné le monde de la musique et plus particulièrement celui du jazz :
L’inventeur du BE-BOP, Yardbird, le génie. Plus qu’un style de musique, le Be-Bop un
nouveau mode d’expression au sein d’une société où la ségrégation du peuple noir montre
encore ses dents. Il s’agit d’un jazz rapide, frénétique, extrêmement rythmé et propice à
l’improvisation.
Mais Charlie PARKER est aussi une personne en proie à des addictions tenaces dès
l’adolescence ( alcool et héroïne) dont la souffrance va conduire à deux tentatives de suicide.
C’est la question de la créativité qui se pose ici dans ses rapports avec la souffrance
psychique ; le génie créatif de C.PARKER pourrait s’envisager par la conjonction entre un
environnement social prospère et un rapport à la musique particulier en ce qu’il permet un
équilibre interne, une relation au monde fonctionnelle. Ainsi, les moments de crise dans la vie
de l’artiste ne sont pas productifs ; le génie s’efface et la déstructuration psychique est de mise.
Dépression, tentative de suicide et relations d’attachement
M. Reynaud, K. Chahraoui K, B. Bonin, A. Gisselmann
Matthieu Reynaud, Doctorant en psychologie clinique sous la direction du Professeur Khadija Chahraoui,
Université de Bourgogne
Khadija Chahraoui, Professeur de Psychologie Clinique, Université de Bourgogne
Bernard Bonin, Professeur de Psychiatrie, Université de Bourgogne, CHU de Dijon
André Gisselmann, Professeur de Psychiatrie, Université de Bourgogne, CHU de Dijon
Objectif de l’étude : Nous présentons une étude de doctorat, en cours de réalisation, qui a pour objectif
d’investiguer les représentations et les styles d’attachement de sujets femmes déprimées hospitalisées en
Psychiatrie. Nous nous proposons de montrer que les femmes hospitalisées à la suite d’une tentative de
suicide ont des représentations d’attachement plus préoccupées et moins sécurisantes que les sujets
déprimés non suicidaires, aussi bien au niveau des figures parentales, que des relations conjugales et des
relations interpersonnelles.
Méthodologie : 30 femmes hospitalisées pour un épisode dépressif majeur ont été inclues dans notre
étude, après avoir été informées de notre recherche et après avoir donné leur consentement écrit. 2
groupes ont été constitués : un groupe de patientes suicidantes (N=15) et un groupe de patientes non
suicidantes (N=15). Sur le plan de la procédure, les sujets participent à un examen psychologique
composé d’un entretien clinique et de plusieurs tests à T1, au début de l’hospitalisation et à T2 en fin
d’hospitalisation. Les tests comprennent : 1) Les échelles de Beck et MADRS qui permettent d’évaluer
l’intensité de la dépression ; 2) Le Ca-Mir (Pierrehumbert, 1996) qui permet de mettre en évidence les
représentations d’attachement dans l’enfance ; 3) Le questionnaire de Perception des Relations
(Bartholomew, 1994) qui distingue 4 styles d’attachement dans la perception des relations
interpersonnelles, prenant en compte les modèles de soi et de l’autre : secure, évitant, détaché,
désorganisé et 4) Le questionnaire des Expériences amoureuses (Shaver, 1998) qui permet d’investiguer
le style d’attachement amoureux selon les 4 catégories : secure, évitant, préoccupé, détaché.
Résultats : Les résultats indiquent que les représentations d’attachement que les femmes suicidantes ont
de leur enfance sont marquées par davantage de pensées prises dans les souvenirs passés et les relations
parentales (représentations préoccupées). Elles ont davantage de rancune à l’égard de leurs figures
parentales. Elles ont des représentations d’attachement de figures parentales qui ne répondent pas à leurs
demandes de sécurité affective et qui les ont privés d’espace d’intimité au cours de l’enfance. Du point
de vue des relations de couple, les femmes suicidantes ont une relation au conjoint moins sécurisante
que les femmes déprimées non suicidantes. En fin d’hospitalisation, l’intensité de la dépression reste
significativement plus élevée chez les personnes déprimées suicidantes que chez les personnes
déprimées non suicidantes.
Conclusion : En conclusion, nous pensons que la tentative de suicide serait le signe d’une
hyperactivation de l’attachement qui ne peut être étayé ; mais aussi d’un traumatisme parental qui a fait
effraction et qui rend difficile l’élaboration psychique de l’histoire infantile, et la confiance dans une
figure aimante. Cette problématique peut constituer une vulnérabilité importante de l’état dépressif
associé aux conduites suicidaires.
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