Deuxième intervention : Hélène Romano Urgentiste au SAMU Val de Marne : intervention dans l’immédiat et à distance d’un évènement traumatique. Modes d’intervention différents en immédiat ou à distance. SUICIDE et MENACE SUICIDAIRE – DiaporamaUN MILLION DE SUICIDE PAR AN. Un décès par suicide toutes les 40 secondes. Suicide au travail : il existe des différences entre un suicide sur le site ou à domicile et selon les modalités opératoires. Définition des Conduites suicidaires : -Suicide (déf) : un patient suicidé et donc mort. -tentative de suicide (TS) : patient Suicidant – pas de décès-idées suicidaires : patient suicidaire (désir de mort sans passage à l’acte). -crise suicidaire : un moment donné de l’existence d’un patient marqué par l’existence d’un risque suicidaire. Fréquent chez les bipolaires. -le processus suicidaire peut être décrit en 4 étapes : * la recherche de solutions : le patient se trouve dans une impasse * l’apparition d’idées suicidaire * les ruminations * la cristallisation et la mise en place du scénario. -les équivalences suicidaires : comportement d’un désir de mort « inconsciente », sans intention de mort. Les Idées fausses : Il ne faut pas aborder la question du suicide : FAUX. Il ne faut pas hésiter à parler suicide avec le patient. Cela lui permet de se sentir reconnu, écouté, soulagé et ne majore pas le risque de passage à l’acte. Importance de mettre des mots. Le suicide est un choix : FAUX. Les personnes qui passent à l’acte n’ont plus leurs capacités de discernement, ce n’est pas un choix librement consenti mais une impasse. Les patients qui en parlent beaucoup ne passent pas à l’acte : FAUX.70 à 80% des patients ont évoqué leur suicide avant le passage à l’acte. Les antidépresseurs favorisent le passage à l’acte. La dépression est aussi une cause de passage à l’acte. EPIDEMIOLOGIE : cf diaporama Phénomène multifactoriel ++++ Sexe : Homme Statut matrimonial : divorcé, célibataire Facteurs psycho sociaux : Absence ou manque de support social, manque de reconnaissance, humiliation, accès facile à un moyen de suicide Troubles de la personnalité Pathologie psychiatrique sous jacente : 90% des suicidés présentaient un trouble psychiatrique (dépression, bipolarité) au moment de leur suicide. Pour 10% ce n’est pas retrouvé. Neurobiologie : hyposérotoninergie centrale ; vulnérabilité génétique Impulsivité Désespoir Histoire familiale Vulnérabilité psycho : faible résilience, environnement parental humiliant, dévalorisant, névrose psycho traumatique Evènements de vie Pénibilité, situation professionnelle compliquée Affections médicales : cancer, séro-positivité, tr neuro, douleurs fortes Dimensions comportementales : ATCD TS Disponibilité des moyens et notamment la question des armes Populations à risques : personnes âgées, adolescent, personnel médical… PREVENTION : elle est difficile Il n’existe aucun moyen sûr. Forte implication médico-légale de ce type de prise en charge. Ne jamais banaliser. Connaitre les facteurs de risques. Connaître les structures de soins. Prévention primaire : repérage de la vulnérabilité psychique, des ressources individuelles, familiales. Certaines personnes ne se plaignent pas mais décrivent un problème sans accéder à cela. Parfois, la demande est ambivalente car ils ont peur des suites (changement de poste). Se plaindre fait ressurgir la souffrance psychique qui est anxiogène. Il existe un décalage entre le discours latent et le discours manifeste. Il ne faut pas hésiter à utiliser des formules comme : « en tant que médecin des personnels, j’ai souvent des personnes qui….et qui me disent que…… » cela permet de libérer la parole. Prévention secondaire : pour les patients suicidaires : éviter la catastrophe. Repérer la crise, identifier les facteurs de risque et ne pas être rassuré s’ils sont absents. Période suicidaire = période où la personne peut encore échanger, discuter ; le passage à l’acte lui parait la seule solution pour apaiser ses souffrances. Poser la question : avez-vous déjà eu des idées suicidaires ? Est-ce que ce sont des idées qui envahissent votre quotidien ? Y a-t-il des moments particuliers ? Y a-t-il un projet suicidaire planifié ? Attention avec les façons de poser des questions !! Comment se passe… Pas de question qui ferme, éviter le pourquoi (jugement)? Mais qu’est ce qui vous amène ? Pourriez-vous m’expliquer ce qui fait que vous n’avez pas pu en parler ? Etablir un lien de confiance, qualifier la crise (j’entends des idées de ne plus vivre, des idées suicidaires). Etre dans l’altérité : ce que j’entends fait que JE PENSE QUE vous avez des idées suicidaires très fortes +++ Reconnaitre la souffrance. Si la personne dit je ne sais pas comment je vais faire, je n’en peux plus : envisager une hospitalisation libre (n’idéalisez pas l’hospitalisation). Elle peut être refusée. Si le risque est trop important, une hospitalisation sous contrainte peut être nécessaire : appeler le SAMU et expliquer : « A l’évaluation, j’ai noté …il y a un risque avéré de passage à l’acte suicidaire ». Cela dégage la responsabilité du médecin. Hospitalisation et crise suicidaire : peut être courte (5 jours) ; Prévention tertiaire : devant un patient suicidant, c’est la triple urgence : médicale / psychiatrique / Sociale. Risque majeur de raptus : Répéter les prises en charge, marquer beaucoup d’attention, de respect, trouver la bonne distance (1m), le raccrocher dans la réalité. Depuis combine de temps il est là, qu’est ce qui l’a amené à faire cela. Il y a des issues possibles, on va trouver des solutions… Ne pas le culpabiliser. Trois processus : culpabilité, arbitraire, injustice. Valable pour les patients et les témoins. Culpabilité : « Ce n’est pas de votre faute » : n’est pas aidant cela sous entend « moi, je pense mieux que vous »-préférer : « Aujourd’hui, vous pensez cela et ce que vous dites est important. Pour moi, ce n’est pas de votre faute mais qu’est ce qui vous amène à penser que c’est votre faute ? » Ne pas nier le ressenti de la personne. Ne pas banaliser. Suicide à l’extérieur : gérer problématique de deuil différemment d’un suicide dans l’entreprise. L’urgence, ce sont les victimes directes, c'est-à-dire celles qui ont vu et sont intervenues. On recherchera : un stress inadapté : conduite inadaptée, inhibition stuporeuse, conduite automatique, stress dépassé avec conduite inadaptée. Il faut retenir que le stress adapté est très couteux. Un état de stress post traumatique : plus d’un mois après l’accident avec troubles qui peuvent apparaitre longtemps après. Il faut déclarer l’AT initial sinon la MP dans un deuxième temps n’est pas reconnue deux ans plus tard par exemple quand se déclarent des troubles liés au stress post-traumatique. Il faut établir des protocoles dans les entreprises : secours, protections visuelles du corps sans le déplacer, repérer les impliqués directs (une personne en stress dépassé est une urgence psychiatrique). Défusing, réanimation psychique par les cellules médico-psychologiques des SAMU. Protocole sur ce qu’on dit aux collègues de travail. Pas de groupes de paroles mais un espace en retrait pour prendre soin d’eux puis les renvoyer chez eux. Le débreefing : il doit être fait par les professionnels habitués à cet exercice. Il faut faire des groupes : ceux qui ont vu/ les collègues plus éloignés/ Ceux qui étaient proches…Il n’est pas systématique. Penser les rituels de deuil au niveau collectif est aidant. Ne pas rester seul face à ces situations… laisser les traces des démarches dans les dossiers (judiciarisation). Lectures conseillées :cf diaporama Discussion : Pouvez vous préciser les différences entre Défusing et Débreefing ? Défusing : est un déchocage psychique au plus près de l’évènement dans la journée. Il faut accepter que des psychologues vont intervenir auprès de sujets qui ne sont pas en mesure d’élaborer une demande. Cela suppose de repérer les gens en état de stress dépassé (conduite automatique….) = urgence absolue. Dans un lieu protégé, se présenter, dire pourquoi on est là, voir s’ils ont envie de parler. Débreefing : est mis en place de 48h à une semaine après l’évènement traumatique. En France, il est appelé Intervention Psychothérapeutique Post Immédiat (IPPI). Intervention avec des psychologues sur site. Préciser que c’est un temps libre non imposé !!C’est un temps de proposition d’élaboration de vécu, de ressenti…, un temps de soin psychiatrique fait à deux personnes formées avec un groupe maximum de 15 personnes et pour ceux qui ont vu la même chose. Table circulaire ++ fixer des règles. On n’enregistre pas, on ne fait pas de photo. Rappeler que c’est interdit lors de l’annonce de la réunion. Le plus souvent, il faut d’abord, protéger, proposer un verre d’eau ou un café, rassurer, faire du nursing, prendre contact avec la famille pour le retour à la maison (Collègue mort violemment).Contacter le SAMU pour faire venir des psychologues pour le défusing des gens en état de stress désadapté. Stress adapté : valoriser leur intervention, proposer de se changer, en parler s’ils le souhaitent sinon, se mettre à disposition (« être confronté à ce type de mort peut être difficile, éprouvant, je suis à votre disposition car certaines fois, des images peuvent revenir, envahir, et être difficiles à vivre, n’hésitez pas à venir à ce moment là ».) Si auditionné : la personne doit mettre son adresse professionnelle, parfois, il peut y avoir une garde à vue. Quand une personne assiste à une mort violente sur son temps de travail ou sur son trajet, elle fait une déclaration d’AT. Si l’institution refuse, il faut mettre une trace dans le dossier médical et conseiller au médecin personnel de le noter dans leur dossier médical. Question : un salarié fait une TS à domicile et l’employeur a eu l’information et demande au médecin de le rencontrer. Que faire si refus du dialogue de cette personne ? A l’appel de l’employeur : comment avez eu l’info ? C’est compliqué quand la rumeur donne une info à l’employeur : si je vois Mr Dupond, je dois savoir ce que vous savez, savez vous ce qu’il a fait : passage à l’acte ou idées suicidaires ? Quand on est dépositaire d’une info à l’insu de notre plein grès, on ne peut pas clairement aborder la question. Avec le suicidant : Savez vous dans quel contexte je vous reçois ? Votre employeur m’a appelé car il s’inquiète pour vous. Pouvez-vous me dire ce qui pourrait l’avoir conduit à être inquiet. Parler des autres…. Quand je vous vois, je me dis que peut être c’est ce que vous vivez ou que votre employeur a pensé qu’il y avait des choses difficiles pour vous …. Question sur la plainte latente : ex mal au dos. Lui faire parler de sa douleur au dos ; comment vous l’expliquez ? Qu’est ce qui aurait pu l’aggraver ? S’appuyer sur le Soma (savoir scientifique) pour cerner aussi le reste : vous que ressentez vous ? Cerner les croyances du patient. En cas d’absence de dialogue, utiliser nos émotions : « je me disais que peut être, ce mal au dos il a aussi une autre dimension. Essayez de réfléchir s’il y aurait des éléments qui pourraient expliquer cette douleur. Moi, je me dis qu’il y a peut être une autre dimension ». Quand il ya chantage au suicide attribué à un mal être au travail : qu’est ce qu’on peut faire remonter à la collectivité ? Si nous avons une impression de chantage au suicide : attention, ce n’est pas rien ! prudence. Par rapport à une demande de prise en charge : « moi j’ai l’impression que ce poste là est difficile pour vous et que l’entreprise ne facilitant pas votre mobilité, je comprends que vous ayez ces idées. Cependant, moi je suis responsable et si j’estime que vos idées suicidaires sont importantes, je peux sur le plan médico -légal, demander votre hospitalisation ». Par rapport à la collectivité : ne pas banaliser cette notion de « chantage ». Il y a toujours un risque qu’une personne qui faisait du chantage se convainc que c’est le seul mode opératoire vis à vis de l’institution. Il faut donc trouver une solution. « Je n’ai pas suffisamment d’éléments pour dire que c’est une plainte authentique, néanmoins…. »