Economie de Rente et Pauvreté en Algérie Rent - univ-oeb

Fourth Issue
15
Journal of Economic & Financial Research
ISSN :
2352
- 9822
Fourth Issue / December 201
5
OEB Univ. Publish. Co.
Economie de Rente et Pauvreté en Algérie
Rent Economy and Poverty in Algeria
Nawal HIRECH
Université de Tlemcen, Algeria OUDJAMA Ibrahim
C. Universitaire Ain Temouchent, Algeria
JEL: N1, I3, O4 Received date: 03/01/2015 Accepted paper: 05/10/2015
Résumé:
A l’aube de l’indépendance, on a associé le niveau élevé de la pauvreté en
Algérie à l’opacité coloniale. Après cinq décennies, le phénomène de la pauvreté
touche encore une large couche de la population de ce pays malgré sa dotation
d’importantes richesses naturelles. Ce travail de recherche tentera de vérifier à
quel point le caractère rentier du régime d’accumulation de l’économie nationale
est responsable du taux de la pauvreté en Algérie.
Mots clés : Pauvreté- Economie de rente- Richesses naturelles-Performance
économique en Algérie
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Journal of Economic & Financial Research HIRECH Nawal & OUDJAMA Ibrahim
16 Oum El Bouaghi University – December 2015
Introduction :
« La source de toute richesse est dans le travail ». Cette célèbre conception
de la richesse du père de l’économie politique, n’a pas changé du 18ième
siècle jusq’à nos jours. En effet, les pays dont les populations sont les
moins pauvres selon l’indice de la pauvreté multidimensionnelle (Norvège,
Australie, Allemagne, Suisse, Danemark, les Etats Unis) sont les mêmes
pays en haut des classements du PIB. Sans surprise, on les trouve
également en haut des classements de la bonne gouvernance (Banque
Mondiale), de la liberté économique (Fondation héritage), du climat des
affaires (Banque Mondiale) et de la liberté de la presse (Reporters sans
frontières) etc.
Alors que, les pays dotés d’une importante richesse naturelle sont dans leur
majorité caractérisés par une population pauvre. Parmi eux l’Algérie. Le
gouvernement Algérien a depuis l’indépendance adopté des politiques
d’amélioration du niveau de vie de la société. Ces politiques ont été
couplées à des modèles de développement économique dans le but de
construire une base économique productive indépendante à la rente.
Seulement après cinq décennies, l’objectif de diversification de l’Economie
nationale reste toujours au stade des intentions, et la pauvreté touche
encore une large couche de la population, cela malgré l’accroissement de la
rente dû à l’envol du prix du pétrole qui a atteint son pic en 2008 avec 110
$ le baril.
Dans cette optique, ce travail traitera la problématique
suivante : « Comment l’économie de rente peut-elle expliquer le degde
pauvreté en Algérie ? »
En se basant sur des données statistiques ce travail tentera de répondre à
cette problématique en analysant l’état actuel de l’économie nationale en
termes de pauvreté et de gestion de la rente.
1. Définition de la Pauvreté :
La pauvreté est un phénomène complexe et pluridimensionnel ne pouvant
pas être réduit à sa seule dimension économique. Adam Smith (1776)
l’avait déjà noté dans la Richesse des Nations : « Est pauvre celui qui n’a
pas le moyen de participer à la vie sociale ».
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Le concept de pauvreté devient plus populaire depuis que des organisations
internationales comme la Banque Mondiale, l’ONU ou encore le FMI lui
consacrent des ressources et des activités et publient les résultats de leurs
efforts.
La Banque Mondiale et lONU à travers le Programme des Nations Unies
pour la Pauvreté (PNUD), agissent d’une manière différente par rapport au
FMI.
1.1. La pauvreté selon le FMI :
La période qui a suivi la seconde guerre mondiale, connue par « les trente
glorieuses » a engendré plusieurs réflexions naïves en pensant que ce qui
était bon pour les économies occidentales pouvaient aussi l’être pour celles
des pays en développement. On considérait la croissance durable comme le
miracle qui allait tout résoudre. La chute du régime communiste a incité le
FMI à concentrer ses efforts dans la lutte contre la pauvreté à travers ses
programmes d’ajustement structurel couplés à des programmes de
stabilisation macro-économique, basés sur un panachage d’austérité
budgétaire, de privatisation et de régulation afin d’installer les mécanismes
d’une économie de marché. Seulement, ce qui semblait comme solution a
voué à l’échec. La libéralisation des prix a engendune inflation qui n’a
pas pu être facilement jugulée notamment pour les pays qui n’ont pas dès
le début de leur transition économique rattaché leur monnaie à une
monnaie forte comme le dollar américain. La privatisation rapide appelée
aussi par la thérapie de choc a déplacé le monopole des mains de l’Etat
vers les mains d’un groupe d’individus ce qui ne favorise pas la
compétitivité entre les entreprises privatisées.
L’austérité budgétaire a accentué les inégalités entre les pays en transition
économique et au sein même de ces pays. Alors on a pensé que l’attention
devait être portée sur des actions ciblées comme la satisfaction des besoins
essentiels. Ce qui était justement le rôle de la Banque Mondiale et du
PNUD qui procèdent selon leur conception de la pauvreté.
1.2. La pauvreté selon le PNUD et la Banque Mondiale :
Le PNUD déclare que « La pauvreté n’est pas un phénomène
unidimensionnel-un manque de revenus pouvant être résolu de façon
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sectorielle. Il s’agit d’un problème multidimensionnel qui nécessite des
solutions multisectorielles intégrées »
1. A travers cette définition le PNUD estime qu’il existe trois types de
pauvreté : (1) « L’extrême pauvreté », (2) « La pauvreté générale » et (3)
« La pauvreté humaine ». Ainsi, une personne vit dans l’extrême pauvreté,
si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins
alimentaires essentiels. La pauvreté générale concerne les personnes qui ne
disposent pas des revenus suffisants pour satisfaire leurs besoins essentiels
non alimentaires, tels que l’habillement, l’énergie, le logement…etc. Quant
à la pauvreté humaine, elle est présentée comme l’absence des capacités
humaines de base tel que l’analphabétisme, la malnutrition, la longévité
réduite, la mauvaise santé maternelle, les maladies pouvant être évitées2.
La pauvrehumaine tire sa définition de celle du développement humain3,
elle signifie « La négation des opportunités et des perspectives
fondamentales sur lesquelles repose tout développement humain à savoir,
vivre une vie longue, saine, constructive, et jouir d’un niveau de vie décent,
ainsi que la liberté, de la dignité, du respect de soi-même et d’autrui »4.
Afin de mesurer cette pauvreté humaine, le PNUD a développé en premier
temps l’IPH (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ce dernier est centré sur les
trois aspects essentiels de la vie humaine déjà envisagés dans le cadre de
l’IDH (Indice de Développement Humain), c'est-à-dire la longévité,
l’instruction et les conditions de vie décentes. Cependant l’IPH envisage
ces aspects en prenant en compte les manques.
Les insuffisances en termes de longévité sont représentées par le
pourcentage de personnes risquant de décéder avant l’âge de 40 (P1). Le
manque d’instruction est traduit par le pourcentage d’adultes analphabètes
(P2). Quant au manque de conditions de vie décentes, il est représenté par
un sous-indicateur composite comprenant lui-même trois variables : le
pourcentage d’individus privés d’accès à l’eau potable (P31), celui des
personnes privées d’accès aux services de santé (P32), et celui des enfants
de moins de 5 ans souffrant de malnutrition (P33). Le sous indicateur
composite P3 s’obtient en calculant la moyenne arithmétique des trois
variables P31, P32, P33. On calcule ensuite l’IPH en faisant la moyenne
arithmétique des trois indicateurs P1, P2 et P3.
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LIPH a été remplacé en 2010 par lIPM (Indice de la Pauvreté
Multidimensionnelle). Cet indicateur complète les mesures monétaires de
la pauvreté en prenant en considération les privations cumulées subies
simultanément par des personnes. L'indice identifie les privations dans les
trois dimensions de l'IDH et indique le nombre de personnes qui vivent
dans une pauvreté multidimensionnelle ainsi que le nombre de privations
auxquelles sont confrontés généralement les foyers pauvres. Il peut être
décomposé par : région, appartenance ethnique et autres groupes, ainsi que
par dimension, ce qui fait de cet indice un outil approprié pour les
décideurs politiques.
Le PNUD estime que l’application à tous les pays d’un seuil de pauvreté
identique peut gravement induire en erreur la mesure de la pauvreté,
puisque la conception du nécessaire varie d’une société à une autre. C’est
pourquoi cette organisation veille à ne pas intégrer la dimension monétaire
dans la mesure de lIPH, le PNUD focalise son analyse sur la pauvreté
humaine.
Quant à la Banque Mondiale, son raisonnement est basé sur la distinction
entre la pauvreté absolue et la pauvreté relative. La pauvreté absolue
correspond à un seuil de revenu nécessaire pour assurer la survie des
personnes. Ce seuil est calculé en fonction d’un régime alimentaire de
base.
La notion de la pauvreté relative est plus axée sur la répartition des
revenus. Cette conception est relative au niveau de revenu nécessaire pour
vivre dans une société particulière, autrement dit, un niveau de revenu qui
permet du logement, de l’habillement…etc.
Selon ces définitions on déduit que la Banque Mondiale centre son analyse
sur l’aspect monétaire de la pauvreté. Néanmoins, cette organisation ne
s’en tient pas à cette analyse simpliste. En effet, la Banque Mondiale
considère la pauvreté comme « La résultante de processus économiques
politiques et sociaux interagissant entre eux dans des sens qui exacerbent
l’Etat d’indigence dans lequel vivent les personnes pauvres »5. Dans cette
finition, il est évoqué l’importance des interrelations entre les différents
domaines ou secteurs liés à la pauvreté monétaire. Ces domaines sont : la
santé ; l’éducation, la vulnérabilité, le manque de parole (voicelessness) et
le manque de pouvoir (powerlessness).
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