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1.4 L'inflation a en revanche été plus élevée que
prévu
Malgré une croissance beaucoup plus faible que
prévu, l'inflation a été plus élevée, à 2,1% en moyenne
annuelle 2003 contre une prévision initiale de 1,6%
(soit 1,9% hors tabac contre une prévision initiale de
1,5%). Les plus fortes contributions sectorielles à cet
écart sont localisées dans l'alimentation et les services
et sont en partie compensées par une inflation plus
faible que prévu pour les produits manufacturés.
L'inflation sous-jacente a été en ligne avec la prévi-
sion, à 1,6% en moyenne annuelle, malgré une activité
plus faible et une désinflation importée liée aux évolu-
tions des taux de change.
2. Trois éléments d'explication
2.1 Un retournement conjoncturel inattendu en
phase de reprise
Les prévisions économiques se fondent d'abord, pour
le trimestre en cours ou passé et le suivant4, sur les
informations conjoncturelles disponibles à la date de
la prévision (enquêtes de conjoncture, chiffres men-
suels de production et de consommation de produits
manufacturés, données des douanes…). Une des
explications de l'erreur de prévision générale pour
2003 est que jusqu'à la fin juillet 2002, ces informa-
tions étaient plutôt bonnes : les enquêtes faisaient
apparaître une stabilisation, qui ne semblait qu'une
simple pause après une forte accélération. La reprise
enclenchée début 2002 semblait donc devoir se pour-
suivre, d'autant que le retard de demande accumulé
dans la zone euro et le bas niveau des taux d’intérêt
plaidaient pour un rebond marqué. Dans l'industrie, si
l'enquête de juin 2002 semblait marquer une pause,
c'est seulement à partir de septembre-octobre que le
risque d’un ralentissement marqué est apparu (cf. DP-
AE n°27). Le Rapport Économique, Social et Finan-
cier annexé au PLF 2003 soulignait d'ailleurs les ris-
ques à la baisse, liés aux «incertitudes géopolitiques», à
la faiblesse de la demande intérieure en Allemagne et
en Italie, et aux turbulences boursières (pages 7-8).
2.2 Une évolution défavorable des taux de
change et de l'environnement extérieur5
Un des faits marquants de l'année 2003 a été l'évolu-
tion des taux de change : l'euro s'est apprécié d'envi-
ron 10% par rapport au dollar dans la seconde moitié
de l'année 2002, et d'encore environ 20% en 2003.
Graphique 3 : perspectives personnelles de
production des industriels
source : enquête de conjoncture de l’INSEE
La fin de 2002 et le premier semestre 2003 ont égale-
ment été marqués par un contexte international défa-
vorable. Les incertitudes géopolitiques liées à la guerre
en Irak ont pesé sur les échanges et sur la visibilité des
entreprises –peut-être aussi sur la confiance des
ménages– tout en tirant vers le haut le prix du baril de
pétrole (près de 29 USD en moyenne en 2003 contre
25 USD prévu). En Asie, le SRAS a bridé la reprise.
Ces facteurs externes se sont traduits par un ralentis-
sement du commerce mondial, et des contributions
très négatives du commerce extérieur à la croissance
en France au premier semestre 2003. Au-delà, la dété-
rioration des bilans des entreprises et le surinvestisse-
ment de la décennie 1990, notamment aux États-Unis,
ont probablement retardé la reprise de l'investisse-
ment et de l'emploi.
Au total, vus de France, ces facteurs «externes» se sont
traduits par une croissance de la demande mondiale
adressée à la France d'environ 4% en 2003 contre près
de 7% prévus à l'automne 2002. Les effets combinés
de ce choc de demande mondiale, du choc de taux de
change et du choc de prix du pétrole peuvent être esti-
més, à l'aide du modèle macro-économétrique
Mésange, à un peu plus de 1 point de croissance en
2003, après prise en compte des effets de bouclage
habituels (effets multiplicateurs et accélérateurs) :
½ point lié à la demande mondiale, ½ point lié au taux
de change6, et 0,1 point au prix du pétrole en dollars
(cf. tableau 2).
Ces chocs auraient dû avoir également un impact glo-
balement désinflationniste (d'environ ½ point), l'effet
des variations du taux de change l'emportant sur celui
du prix du baril de pétrole. Les craintes de déflation
dans la zone euro –entretenues au printemps 2003 par
la hausse du chômage, la persistance d'output gap
4. Les premiers résultats des comptes trimestriels sont disponibles
environ 50 jours après la fin du trimestre, une estimation précoce
du PIB étant depuis peu disponible une semaine avant.
5. Le chiffrage des effets sur la croissance des différents chocs non
anticipés est réalisé à l'aide du modèle macro-économétrique
Mésange.
6. Ceci ne représente pas l'effet total des variations du taux de change
sur la croissance en 2003, mais seulement la contribution des pertes
de compétitivité liées à l'appréciation de l'euro postérieure à la date
de la prévision : les effets retardés de l'appréciation de l'euro en
2002 étaient en effet pris en compte dans la prévision, et une partie
des effets défavorables des mouvements de change en 2003 est
intégrée dans l'effet «demande mondiale».
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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Dernier point : septembre 2002
moyenne de long terme