L’Information psychiatrique 2010 ; 86 : 127-34 PSYCHOSES : ÉVOLUTION DES CONCEPTS ET DES PRATIQUES (1) L’avenir des classifications des psychoses chez l’adulte J.-D. Guelfi Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. RÉSUMÉ Nous sommes vraisemblablement à la veille et à l’avant-veille de modifications importantes dans les classifications internationales à propos des psychoses de l’adulte. La prochaine classification publiée sera celle du DSM-V, en mai 2012 sauf retard supplémentaire ; celle de l’OMS, l’ICD-11 ne verra le jour au mieux qu’en 2014. Le processus de révision du DSM-IV a véritablement commencé dès 1999, c’est-à-dire avant même la publication du DSM-IV Text Revised. Nous évoquerons brièvement l’organisation très structurée du travail de titan que représentent la préparation et l’élaboration du DSM-V. En ce qui concerne les psychoses de l’adulte, bien que rien ne soit encore définitivement décidé à ce jour, les tendances qui se dessinent sont perceptibles dans la littérature internationale des deux dernières années, et nous les résumerons dans cet article. Mots clés : DSM, classification, psychose, CIM, évolution ABSTRACT The future of classification of psychoses in adults. We are possibly on the eve, or at the threshold of major changes in the international classification of adult psychosis. The next published classification will be the DSM-V in May 2012, except for an additional delay; the classification of the WHO ICD-11 will only be published at the very earliest in 2014. The process of revision of the DSM-IV began in fact in 1999, that is to say even before the publication of the revised DSM-IV text. We briefly discuss the highly structured organization of the Herculean task that represents the preparation and development of DSM-V. As regards adult psychoses, although nothing has yet been definitely decided, the trends are discernible in the international literature over the past two years, which is summarized in this article. Key Words: DSM, classification, psychosis, ICD, evolution doi: 10.1684/ipe.2010.0589 RESUMEN El futuro de las clasificaciones de las psicosis en el adulto. Estamos probablemente en la víspera y en la antevíspera de importantes cambios en las clasificaciones internacionales en lo que se refiere a las psicosis del adulto. La próxima clasificación publicada será la del DSM-V, en mayo de 2012, salvo retraso suplementario ; la de la OMS, la ICD-11, no saldrá a luz antes del 2014, en el mejor de los casos. El proceso de revisión del DSM-IV ha empezado verdaderamente en 1999 es decir antes siquiera de publicarse el DSM-V Text Revised. Se evocará brevemente la organización muy estructurada del titánico trabajo que representan la preparación y la elaboración del DSM-V. Respecto a las psicosis del adulto, aunque nada queda todavía definitivamente decidido hasta ahora, las tendencias venideras ya se perciben en la literatura internacional de los dos últimos años, y se resumirán en este artículo. Palabras claves : DSM, clasificación, psicosis, CIM, evolución Professeur émérite, université Paris-Descartes, Praticien attaché, Service du Pr F. Rouillon, CMME, 100, rue de la Santé, 75674 Paris Cedex 14 <[email protected]> Tirés à part : J.-D. Guelfi L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, N° 2 - FÉVRIER 2010 127 J.-D. Guelfi Tableau 1. Les conférences « APA/NIH » : objectifs. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Introduction Les prochaines classifications internationales des troubles mentaux seront très vraisemblablement publiées en 2012 pour le DSM-V et 2014 pour l’ICD-11. Diverses tendances sont déjà perceptibles dans la littérature internationale. Sans vouloir chercher à prédire l’avenir à trois et à cinq ans, je vais tenter de résumer les courants qui s’opposent à propos des psychoses chroniques, leurs avantages et leurs inconvénients potentiels. Le statut – toujours discuté – des psychoses aiguës sera aussi brièvement évoqué. Si la question des futures classifications des psychoses est déjà délicate, le second volet de mon sujet est encore plus aléatoire. En effet, la bataille idéologique autour de la personnalité et de ses troubles fait rage, particulièrement aux États-Unis ; par ailleurs les relations entre psychoses et personnalité sont en réalité largement inconnues malgré ce qu’ont pu en dire divers théoriciens au discours péremptoire. Quelques rares études cliniques ont pourtant eu lieu dans ce champ de la recherche clinique et je mentionnerai brièvement les principales d’entre elles. Les psychoses : du DSM-IV au DSM-V Les premiers travaux préparatifs à l’élaboration du DSM-V ont commencé dès 1999, c’est-à-dire avant même la publication aux États-Unis en 2000 du DSM-IV TR. Je vous rappelle que, dans ce manuel, la schizophrénie figure – avec les autres troubles psychotiques – dans un chapitre distinct de ceux des troubles de l’humeur et des troubles de la personnalité. Dans le chapitre des troubles de l’humeur on trouve cependant plusieurs formes cliniques qui comprennent « des caractéristiques cliniques psychotiques », parfois même « catatoniques ». Dans le chapitre sur la schizophrénie, figurent en premier lieu les principales formes cliniques que sont les formes paranoïdes, désorganisées, catatoniques, indifférenciées, résiduelles, puis le trouble schizophréniforme, le trouble schizo-affectif, le trouble délirant (correspondant à nos délires chroniques), le trouble psychotique bref, le trouble psychotique partagé ou folie à deux, les troubles psychotiques liés à une affection médicale générale puis les troubles psychotiques induits par une substance, enfin les troubles psychotiques non spécifiés. Dans une annexe du DSM-IV, des catégories diagnostiques qui nécessitent des études supplémentaires de validation figurent avec une description dimensionnelle de la schizophrénie individualisant trois dimensions : psychotique (c’est-à-dire délirante/hallucinatoire), une dimension de désorganisation et une dimension négative déficitaire, puis un trouble dépressif dit « post-psychotique » au décours d’une schizophrénie et une schizophrénie dite simple. 128 Organisation avec l’assistance et le soutien de l’OMS : co-organisation avec d’autres institutions Objectif principal : « promote international collaboration in order to increase the likelihood of developing a future unified DSM/ICD Le chef d’orchestre de ces réunions est Darrel Regier, Executive Director of the American Psychiatric Institute for Research and Education (APIRE) Tableau 2. Les conferences APA/NIH : les membres. Le « steering committee » dirigé par D. Regier comprend des représentants des 3 institutions : NIMH, NIDA, NI AAA, M First (Columbia) consultant de l’APA sur le DSM et N. Sartorius représentant B. Saraceno de l’OMS Pour chaque conférence le comité a désigné un leading US expert et un « distinguished investigator » spécialiste du domaine mais non US Les participants-discutants sont au nombre de 20, apportent au groupe des revues de la littérature, élaborent les comptes-rendus des réunions publiées : les chercheurs invités sont au nombre de 25. La validité de ces différentes catégories diagnostiques n’est pas établie à ce jour. Pour faciliter les travaux de la Task Force (27 membres dirigés par David Kupfer assisté de Darrel Regier) qui élabore le DSM-V, les psychiatres américains ont initié plusieurs séries de conférences, de 2004 à 2007, conférences organisées conjointement par l’Association américaine de psychiatrie, les Instituts nationaux de recherche et l’Organisation mondiale de la santé (tableaux 1 et 2). Celle de ces conférences qui concernait la classification des psychoses s’est tenue en février 2006. La réflexion s’est poursuivie avec une conférence internationale sur la recherche en matière de schizophrénie à Colorado Springs en mars 2007. Les principales sources d’information disponibles concernant l’état actuel des révisions des deux classifications figurent sur le tableau 3. La conférence de février 2006 Il est vrai que la psychiatrie mondiale reste profondément influencée par la nosologie kraepelinienne et par l’opposition entre la dementia precox de mauvais pronostic et la maladie maniaco-dépressive de meilleur pronostic. Cependant, c’est en réalité à partir d’E. Bleuler que l’hétérogénéité du concept de schizophrénie s’est développée. Les critiques de l’édifice kraepelinien se sont dès lors multipliées. Les cas mixtes et les chevauchements – dont d’ailleurs Kraepelin était conscient – sont légions. Les travaux de psychiatrie génétique n’ont pas définitivement tranché. Les concepts de troubles schizo-affectifs et ceux de troubles divers « avec caractéristiques psychotiques » ne correspondent L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, N° 2 - FÉVRIER 2010 L’avenir des classifications des psychoses chez l’adulte Tableau 3. Principales sources d’information concernant l’état actuel des révisions. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. POUR LA CIM-11 http://www.who.int/mentalhealth/evidence/en - http://www.who.int/mental_health/evidence/en - Coordinating the revision : Geoffrey M Reed Revision of ICD-10, WHO, 20 Av Appia CH 12-11 Geneva 27 Switzerland POUR LE DSM-V - http://dsm5.org/planning.cfm - DJ Kupfer. Pittsburg (PA) Mail : [email protected] - DA Regier American Psychiatric Institute for Research and Education and Division of Research, American Psychiatric Association Arlington (VA) peut-être pas à des catégories diagnostiques autonomes ; elles sont en fait des tentatives faites pour construire des ponts entre les deux principales psychoses. Aujourd’hui même on peut affirmer que le concept de schizophrénie au sens néo-kraepelinien du DSM-IV n’est pas véritablement validé. Les critères d’inclusion, d’exclusion, de durée, manquent de justifications empiriques ayant valeur de preuve. Il en est de même pour l’existence de frontières entre les différentes entités isolées dans la classification. C’est dans ce contexte que certains ont considéré que le temps était peut-être venu de détruire l’édifice kraepelinien jusqu’à intituler en 2006 une conférence internationale : « Deconstructing Psychosis » ! Plusieurs articles publiés entre 2005 et 2007 développent les arguments d’une telle évolution [1, 4, 5, 9, 13, 14, 19-22]. Aux études empiriques se sont ajoutés des travaux portant sur la population générale au sein de laquelle on a trouvé des symptômes d’allure psychotique en grand nombre ; par ailleurs, une perspective dimensionnelle et l’idée d’un continuum entre la normalité et la psychose ont conduit à être tentés par un retour en quelque sorte à Kretschmer, en utilisant certes d’autres mots, par exemple traits de personnalité psychotique, schizotypie et forme légère de schizophrénie, au lieu de la classique triade : schizothymie, schizoïdie et schizophrénie. Un grand espoir d’avancée scientifique est apparu lors de la confirmation d’altérations cognitives et neurodéveloppementales dans la schizophrénie récemment synthétisées dans plusieurs revues générales dont celle de R. Freedman dans un numéro de l’American Journal of Psychiatry de 2007 « Neuronal dysfunction and schizophrenia symptoms » [11]. Les principales sources de ces données sont brièvement rappelées. Il en est ainsi de l’intérêt de l’approche endophénotypique avec, chez les apparentés non atteints, des découvertes, maintes fois répliquées, d’anomalies telles que les troubles de la poursuite oculaire, les déficits cognitifs mnésiques et attentionnels ; il en va de même pour les apports des études de liaison et d’associations en faveur d’une transmission vraisemblablement polygénique multifactorielle (dont cependant les résultats sont variables d’une étude à l’autre). Néanmoins, aucun des marqueurs isolés, endophénotypes ou marqueurs génétiques, aucune des anomalies identifiées par l’imagerie cérébrale ne possède une sensibilité et une spécificité suffisantes pour avoir une réelle valeur prédictive. C’est à cette conclusion qu’est arrivée la conférence de 2006. Divers travaux répliqués ont certes mis en évidence dans la pathologie schizophrénique une atteinte cérébrale globale et une réduction de volume des hippocampes, dont une revue récente a été effectuée par R.E. Gur et al. en 2007 [14]. Mais c’est à propos des décisions qui découlent de ces conclusions que les auteurs divergent. Ainsi, les deux groupes de travail constitués lors de la conférence sont parvenus à des recommandations très différentes les unes des autres. Le premier groupe a ainsi plaidé en faveur de l’existence d’un « syndrome psychotique général » incluant la schizophrénie et le trouble bipolaire, avec réduction de 6 mois à 1 mois de la durée des troubles pour que le diagnostic soit porté, enfin à l’inclusion de critères diagnostiques dimensionnels. Le second groupe – s’il a suggéré de réévaluer par des études empiriques la durée optimale des troubles pour le diagnostic – n’en a pas pour autant suggéré d’abandonner la distinction entre schizophrénie et trouble bipolaire. Ce groupe s’est aussi déclaré partisan de critères diagnostiques dimensionnels qui devront être établis par des études empiriques selon M. First en 2006-2007 [9]. La Conférence de Colorado Springs Les principaux points de vue exprimés à Colorado Springs ont été ceux de Jim van Os (Hollande), Assen Jablensky (Australie), William Carpenter (États-Unis) et Robin Murray (Royaume-Uni). Le compte rendu de cette conférence figure sur le site <http ://www.schizophreniaforum.org/new/detailprint.asp ?id=1333>. Pour Jim van Os, le diagnostic de schizophrénie selon les critères du DSM-IV ne possède aucune validité de construct. Il n’existe en effet ni symptômes, ni causes, ni évolution, ni traitements spécifiques. Par ailleurs, des symptômes de type psychotique existent chez plus de 3 % de la population générale. Enfin dans une analyse taxométrique des symptômes positifs, négatifs ou de désorganisation recueillis chez 660 patients hospitalisés pour une symptomatologie psychotique aucun « taxon » qui serait en faveur d’une entité catégorielle n’a pu être mis en évidence tandis que des descriptions dimensionnelles paraîtraient plus appropriées. La proposition de van Os est de distinguer deux syndromes, L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, N° 2 - FÉVRIER 2010 129 J.-D. Guelfi un syndrome général affectif et un syndrome psychotique, ainsi que, mais sur l’Axe II, quatre dimensions distinctes : symptômes positifs, symptômes négatifs, symptômes dépressifs et symptômes maniaques. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. La proposition de Assen Jablensky est bien différente. Certes, la dichotomie kraepelinienne ne possède pas de réelle validité et la catégorie schizophrénie est hétérogène ; toutefois des données cognitives, neuropsychologiques et l’imagerie paraissent suffisamment consistantes pour conserver cette catégorie. Pour Robin Murray, il existe plusieurs objections pour le diagnostic actuel de schizophrénie, dont la grande fréquence des symptômes d’allure psychotique dans la population générale, pouvant aller jusqu’à plus de 10 %. D’autre part, le point de vue dimensionnel ne lui paraît pas incompatible avec le modèle médical, à l’image de ce qui se passe pour l’obésité et l’hypertension. Enfin de même qu’il ne lui semble pas qu’il y ait une dichotomie schizophrénie-normalité, il n’existe pas non plus de dichotomie bipolarité-schizophrénie. Un point de vue purement dimensionnel caractérisera sans doute le DSM-VI. Le DSM-V sera vraisemblablement, quant à lui, encore mixte, catégoriel et dimensionnel. R. Murray suggère enfin de se débarrasser du terme de schizophrénie au profit d’un « dopamine dysregulation disorder ». Les trois dimensions qu’il propose sont les symptômes affectifs, les symptômes positifs et l’altération développementale. Pour W. Carpenter enfin, chairman du groupe de travail sur les psychoses pour le DSM-V (tableau 4), il est temps de reconnaître l’hétérogénéité de l’entité schizophrénie, et « déconstruire » ce chapitre en différents sub-syndromes. Il propose aussi de remplacer la catégorie par trois dimensions : la psychopathologie (comprenant les symptômes positifs et négatifs), les cibles du traitement (anxiété, dépression, insertion socioprofessionnelle) et les objectifs à long terme (autonomie, qualité de fonctionnement, qualité de vie). Lors d’une longue discussion, diverses propositions ont été faites par les participants à cette Conférence internationale,notamment l’introduction au rang des critères diagnostiques des perturbations cognitives ainsi que divers endophénotypes voire des anomalies des potentiels évoqués (P50). Le vote final concernant la disparition de la schizophrénie en tant qu’entité autonome dans le DSM-V a donné 62 voix pour versus 61 contre. Les arguments pour ou contre (la destruction) ont ensuite été développés par Craddock et Owen en 2007 [5] à la suite d’une proposition déjà formulée l’année précédente par T. Levin [16] qui avait proposé de remplacer la schizophrénie par l’expression « Neuro-emotional Integration Disorder ». 130 Plusieurs propositions allemandes C’est à la fin de l’année 2008 que Wolfgang Gaebel et Jürgen Zielasek [13] de Düsseldorf ont publié un article résumant les conférences citées ci-dessus et qu’ils ont présenté leurs propres propositions. Cet article, central pour mon propos, est intitulé « The DSM-V initiative deconstructing psychosis in the context of Kraepelin’s concept on nosology ». Pour W. Gaebel et J. Zielasek, ce débat mérite d’être élargi à l’ensemble des troubles psychiatriques à l’image de la démarche de Zachar et Kendler en 2007 [28] qui rappellent les différents concepts dimensionnels qui peuvent sous- tendre nos modèles de descriptions, modèles médicaux, reposant soit sur ceux des troubles organiques soit sur un modèle dysfonctionnel, soit sur un modèle « biopsychosocial », soit enfin sur un modèle hybride de J.C. Wakefield, modèle du « dysfonctionnement nocif » (Harmful Dysfunction). Les idées de J.C. Wakefield, développées depuis les années 1990 sont loin de faire l’unanimité. L’article cité, paru dans le numéro d’octobre 2007 de la revue World Psychiatry [26], a aussi entraîné divers commentaires contrastés, en majorité critiques de A. Jablensky, de D. Bolton, de K. Fulford et T. Thornton ou encore du B. Brülde, mais aussi des commentaires reconnaissants pour l’effort réalisé pour disposer enfin d’une réelle définition d’un trouble mental (M. First, N. Sartorius). Les auteurs allemands W. Gaebel et J. Zielasek [13] préconisent quant à eux, un modèle alternatif des troubles psychiatriques issus des conceptions de Jerry Fodor [10] elles-mêmes inspirées de l’ancienne psychologie des facultés (Franz Joseph Gall et ses 27 facultés mentales) et du localisationnisme de Brodman (52 aires distinguées d’un point de vue cytoarchitechtonique). Le livre de J. Fodor sur la modularité de l’esprit, publié en anglais en 1983, traduit en français et publié en 1986 réhabilite en effet la psychologie des facultés. Dans cette perspective néo-cartésienne, l’esprit est constitué de différents dispositifs cognitifs indépendants, chacun traitant de façon automatique un petit nombre d’informations en provenance du monde extérieur. Ces systèmes modulaires transforment les sensations en représentations et fournissent aussi de la matière à la pensée, tout en demeurant relativement autonomes par rapport à la pensée elle-même. Fodor ne mentionnait guère, quant à lui, la psychopathologie – et la schizophrénie notamment – sauf pour rappeler « qu’autrefois on pensait que la schizophrénie était une pathologie de la pensée mais j’imagine – poursuivait Fodor – que ce point de vue n’est plus très populaire ». À la suite de Kurt Shneider, les auteurs allemands ont réactualisé cette conception modulaire qui pourrait s’appliquer à la pathologie psychotique et inclure, par exemple, les cognitions, les perceptions, les intentions, les émotions, les fonctions sociales et conduire à dresser pour un patient L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, N° 2 - FÉVRIER 2010 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. L’avenir des classifications des psychoses chez l’adulte donné un profil de dysfonctions dont on pourrait évaluer l’importance et les répercussions sur l’adaptation générale. Ce point de vue semble applicable à la schizophrénie selon Mc Gorry en 2007 [18]. W. Gaebel et J. Zielasek concluent leur article en réinsistant sur l’hétérogénéité du champ de la schizophrénie qui regroupe vraisemblablement plusieurs entités différentes avec des facteurs de risque génétique distincts, tout comme d’autres facteurs endophénotypiques, et des réponses thérapeutiques et un pronostic différent. L’approche modulaire leur parait susceptible de permettre des jonctions entre données génétiques, neurobiologiques, et psychopathologiques. Encore faut-il – ajoutent-ils prudemment – confirmer l’intérêt de cette perspective originale, notamment par une thérapeutique orientée sur les modules dysfonctionnels telles qu’ils la pratiquent, par exemple dans la reconnaissance mimique des affects. Les psychoses aiguës La position nosographique des psychoses aiguës est toujours discutée. Comme on le sait, la bouffée délirante aiguë est restée une entité française, même si le trouble psychotique aigu et transitoire isolé par la CIM-10 lui correspond de façon étroite. Le statut des épisodes aigus récidivants se rapproche plus souvent du trouble bipolaire que de la schizophrénie comme l’ont montré en France, Sophie Criquillion-Doublet et Bertrand Samuel-Lajeunesse en 1987 [6], à partir de 471 dossiers de patients hospitalisés pour psychose aiguë entre 1979 et 1985. À ma connaissance, la revue en langue française la plus récente sur ce thème est celle de H. Weibel et J.-Y. Metzger [27], respectivement de Mulhouse et de Colmar, revue publiée en 2005. Deux études de suivi longitudinal montrent le devenir de patients initialement considérés comme ayant des psychoses aiguës. L’étude de A. Marneros, et al. en 2005 [17] a porté sur les rapports entre le trouble psychotique aigu transitoire, la schizophrénie et les troubles mixtes schizo-affectifs. Au terme d’un suivi de cinq années, la comparaison dans les trois groupes des caractéristiques prépsychotiques comme de la symptomatologie de l’épisode n’est pas en faveur de l’indépendance nosologique du trouble psychotique aigu transitoire. L’étude de S.P. Singh [24] et al. publiée en 2004, a réévalué des patients chez qui un diagnostic de premier épisode psychotique avait été porté trois années auparavant. Sur 168 patients, 32 soit 19 % avaient reçu initialement le diagnostic d’épisode psychotique aigu et transitoire. Trois années plus tard, 8 femmes sur 11 conservaient ce même diagnostic mais seulement 3 hommes sur 21. L’évolution du groupe dans lequel ce diagnostic avait été porté (F23) s’est révélée plus favorable que celle des patients diagnostiqués comme schizophrènes. Le statut à venir des autres épisodes brefs isolés dans le DSM-IV reste incertain : trouble psychotique bref (de 1 jour à 1 mois), trouble schizophréniforme (moins de 6 mois) et trouble schizo-affectif. Le trouble schizo-affectif Ce dernier trouble avait jadis été isolé, à partir de 1933, par Kasanin. Les études de suivi ont donné des résultats variables avec une évolution proche de celles des patients schizophrènes (Tsuang et Coryell avec un follow-up de 8 années en 1993), moins bonne en tout cas que celle des patients thymiques selon Coryell et al. comme le rapportent Weibel et Metzger [27]. Dans d’autres travaux, l’évolution est intermédiaire entre celle des schizophrènes et des bipolaires. Cela nous conduit à l’hypothèse du continuum. La notion d’un continuum entre la schizophrénie et les troubles affectifs a été défendue par J. Angst ; mais celle d’une psychose indépendante des deux principales psychoses a toujours des défenseurs. C’est le cas des psychoses aiguës de Kleist, psychoses cycloïdes (résumées in 27). Un des élèves de Kleist, Leonhard a été à l’origine d’une classification des psychoses endogènes fondée sur des combinaisons caractéristiques de symptômes, mal connue en France malgré les efforts de Gerald Stöber et Jack René Foucher (manuscrit en préparation). Purement clinique, cette classification a pu être considérée comme complexe avec 35 tableaux élémentaires mais manifestement plus riche que la classification américaine du DSM. Ce point de vue a en revanche eu un certain succès dans les pays scandinaves depuis les travaux de Carlo Perris à la fin des années 1970. Les premiers résultats, sur 60 patients, sont en effet en faveur de l’autonomie des psychoses cycloïdes, intermédiaires entre les troubles schizophréniques et affectifs [27]. Un dernier concept issu de la tradition psychiatrique franco-allemande et scandinave est celui de psychose psychogène. Environ la moitié des patients conservent dans le temps ce diagnostic sur l’ensemble des études mais beaucoup moins pour certains auteurs comme Vetter et Köller (10 %) cités par Weibel et Metzger [27]. On ignore la place qui sera éventuellement réservée à ce concept dans les futures classifications. Les relations avec la personnalité Le continuum entre la normalité et la pathologie de la personnalité a fait l’objet de quelques études récentes venues apporter un renouveau dans ce domaine de la recherche clinique. Mais toutes les variétés de troubles de la personnalité ne sont pas concernées de la même manière. L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, N° 2 - FÉVRIER 2010 131 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. J.-D. Guelfi La littérature internationale sur les troubles de la personnalité vient de faire l’objet d’une revue par Boschen et Warner en 2009 [2]. Les publications réunissant des critères de qualité suffisants montrent que dans la période 1971-2005, en réunissant les références sur Medline et Psychinfo, le trouble de la personnalité le plus souvent étudié est la personnalité borderline (1 656 articles) suivi (de loin) par la personnalité antisociale (314 articles), et la personnalité schizotypique (186 articles). En revanche, sont en chute libre les articles consacrés aux personnalités paranoïaques [20] et schizoïdes [41]. La projection faite par les auteurs sur les publications à venir jusqu’en 2015 fait état d’une augmentation attendue du nombre d’articles consacrés aux personnalités borderline, antisociales et schizotypiques, d’une disparition de la personnalité schizoïde et d’une stagnation du nombre de publications pour les autres troubles. L’approche dimensionnelle viendra vraisemblablement stimuler les recherches dans ce champ de la recherche. Je ne citerai ici que quelques travaux portant sur le cluster A, personnalités paranoïaques, schizoïdes et schizotypiques, plus proche des psychoses que les autres troubles de la personnalité. Traits et troubles paranoïaques L’idéation persécutoire paraît quasiment aussi fréquente que les symptômes d’anxiété ou de dépression dans la population générale pour J. van Os et H. Verdoux en 2003 [25] D. Freeman et al. ont publié en 2008 [12] les résultats d’une enquête réalisée sur Internet à l’aide de six questionnaires chez 1 202 personnes montrant qu’environ un tiers de ceux qui ont répondu font état de méfiance, de sentiments de persécution et de suspicion paraissant accréditer cette thèse. La distribution de ces thèmes de préoccupation ressemble à ce que l’on observe dans la dépression. Les notes les plus élevées sont liées à un évitement et un coping de type émotionnel au détriment des copings détachés et rationnels avec une émotionnalité négative et des attitudes de soumission. Dans le DSM-IV, les personnalités paranoïaques peuvent présenter des épisodes psychotiques très brefs, de quelques minutes à quelques heures, notamment en réaction à des facteurs de stress. Dans certains cas, la personnalité paranoïaque peut sembler être un antécédent d’un trouble délirant ou d’une schizophrénie. Enfin, il y a un risque accru de personnalité paranoïaque chez les parents de patients schizophrènes. La schizotypie Le concept de schizotypie est apparu avec Sandor Rado au début des années 1950. Il s’agit d’une expression phénotypique d’une vulnérabilité à la schizophrénie. Les études d’adoption danoises de Kety avaient mis en 132 évidence dans les années 1960 une agrégation importante de troubles de la personnalité dans les familles de patients schizophrènes, surtout des personnalités paranoïaques, schizoïdes et schizotypiques. La personnalité schizotypique est apparue en tant que telle dans le DSM-III en 1980. L’OMS la fait figurer comme un trouble mental dans la section de la schizophrénie et des troubles délirants. Les manifestations cliniques les plus apparentes sont évocatrices : gênes relationnelle (déficit social), idées de référence, distorsions cognitives, idées de référence, bizarrerie de la pensée, souvent persécutoire, pensée magique avec des épisodes transitoires « quasi-psychotiques ». Diverses études de marqueurs neuropsychologiques, biologiques, électro-physiologiques ou d’imagerie cérébrale rapprochent ce trouble de la schizophrénie. Bien que l’OMS recommande officiellement la prudence dans l’utilisation de ce diagnostic, qui ne se différencie pas nettement de la schizophrénie simple et des personnalités schizoïdes et paranoïaques et que les associations de plusieurs troubles de la personnalité soient particulièrement fréquentes, la personnalité schizotypique a fait l’objet d’un nombre croissant d’études depuis une dizaine d’années. La personnalité schizotypique concernerait environ 3 % de la population générale. Divers instruments d’évaluation ont été développés depuis les années 1960 pour évaluer ce type de trouble : autoquestionnaires, échelles ou entretiens structurés. Leur revue a été effectuée en langue française par Dumas en 2002 et 2007 [7, 8]. Les questionnaires développés par Chapman, et al. [3] explorent l’anhédonie, l’idéation magique et les aberrations perceptives. Dans l’optique catégorielle du DSM, le questionnaire de personnalité schizotypique de Raine, et al. SPQ [23] explore l’ensemble des critères retenus dans la classification américaine pour le diagnostic. L’approche dimensionnelle met en évidence trois facteurs distincts : cognitif-perceptif, interpersonnel et désorganisé ce qui, pour Dumas, renforce l’hypothèse d’un continuum avec la schizophrénie. Conclusion En résumé, un nombre croissant d’auteurs est actuellement en faveur d’un démembrement des psychoses de l’adulte. La dichotomie kraepelinienne que la classification américaine du DSM-IV a radicalisée est certes largement critiquée dans la littérature Toutefois, une classification totalement nouvelle des psychoses paraîtrait aujourd’hui problématique et prématurée. Jusqu’à présent en effet les auteurs des DSM III-R, DSM-IV et DSM IV-TR n’ont effectué les modifications d’une version antérieure que lorsque la preuve était faite de la supériorité du changement par rapport à l’existant. Ces preuves empiriques manquent L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, N° 2 - FÉVRIER 2010 L’avenir des classifications des psychoses chez l’adulte Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Tableau 4. Constitution du groupe de travail pour le DSM-V sur les troubles psychotiques constitués de deux membres non américains, M. Owen et J. Van Os. Il travaille actuellement sur les diverses suggestions faites à Colorado Springs. PSYCHOTIC DISORDERS WORK GROUP (DSM-V) UPDATED APR.30, 2008 - W.T. Carpenter Jr, Baltimore, MD - D. Barch, St Louis, Mo - J.R. Bastillo, Albuquerque, NM - R. Gur, Philadelphia, PA - S.H. Heckers, Nashville, TN - M. Owen, Cardiff, UK - S.K. Schultz, lowa City, IA - R. Tandor, Talahassee, FL - M. Tsuang, San Diego La Jolla, CA - J. Van Os, Maastricht, the Netherlands encore aujourd’hui pour la classification des psychoses de l’adulte. C’est en tout cas la position exprimée en 2008 par HansJürgen Moller de Munich [19, 20]. Les études empiriques n’ont pas apporté suffisamment d’arguments en faveur de la psychose unique défendue par Griesinger (Einheitpsychose). De la même façon, pour Kendell et Jablensky en 1988 [15], les résultats de la neurobiologie et de l’imagerie restaient insuffisants pour abandonner le concept de schizophrénie – au moins pour certaines formes cliniques – et pour abandonner aussi la distinction de ces formes avec les troubles de l’humeur. En revanche la présentation caricaturale de la dichotomie Kraepelinienne a sans doute vécu. Il est vraisemblable que les prochaines classifications internationales des psychoses ajouteront des critères dimensionnels au point de vue catégoriel et que certaines recherches cliniques innovantes seront encouragées. Dans une perspective de taxonomie conceptuelle, P. Zachar et K.S. Kendler [28] ont récemment schématisé les 4 versions possibles du modèle médical applicable en psychiatrie : le modèle de la maladie organique, le modèle de l’altération fonctionnelle, le modèle biopsychosocial et le modèle hybride de la « Harmful Dysfunction » (Szasz puis Wakefield à partir des années 1990). Le point de vue purement catégoriel, en psychiatrie, est de plus en plus critiqué en raison de l’hétérogénéité manifeste de certaines entités et des nombreux chevauchements observés entre catégories distinctes. Cette remarque générale s’applique au champ des psychoses et un modèle mixte serait ici vraisemblablement plus adapté d’autant que le point de vue purement catégoriel semble aussi dans une impasse en matière du trouble de la personnalité et que les relations entre traits de personnalité normale, troubles de la personnalité et psychose semblent avoir impérativement besoin de l’approche dimensionnelle ou, au minimum d’une approche mixte pour progresser. Remerciements. J’adresse mes remerciements à Catherine Lavielle et Nadine Rodary (Bibliothèque H. Ey de l’hôpital Sainte-Anne, Paris) pour leur assistance dans la recherche de documentation. Références 1. Allardyce J, Gaebel W, Zielasek J, van Os J. Deconstructing psychosis Conference February 2006 : The validation of Schizophrenia and alternative Approaches to the classification of psychosis. Schizophr Bull 2007 ; 33 : 863-7. 2. Boschen MJ, Warner JC. Publication Trends in individual DSM personality disorders : 1971-2015. 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