1/13 eee’origine de lasur Viel’origine et le rôle Idées actuelles de du hasard. la vie et le rôle du hasard. Erreurs antérieures Erreurs antérieureset idées actuelles. par Serge Nahon. par Serge Nahon . Résumé : D’où vient la vie ? Certainement pas du hasard. La vie est née de l’évolution de la matière inerte et de ses lois. Ces lois sont celles de la physique et de la chimie. C’est à cause d’elles que certaines molécules, en présence d’eau, se “ mettent en boule ”. Ces “ gouttes ” possèdent un espace intérieur séparé par une membrane de l’espace extérieur. Ce qui correspond à la caractéristique fondamentale de la cellule d’un organisme vivant. A l’intérieur de ces “ gouttes ” se trouve une “soupe” où des réactions chimiques auront nécessairement lieu. Certaines gouttes “ réussiront ” c’est à dire que leurs réactions chimiques internes ne les feront pas éclater (c’est la “ sélection naturelle moléculaire ”) et aboutiront aux molécules complexes d’un être vivant. Mieux, ces “ gouttes ” finiront par posséder les caractéristiques d’un être vivant. En effet, elles assureront leur propre conservation, leurs échanges avec l'extérieur (nourriture, énergie) et leur reproduction (par l ‘ARN, antérieur à l’ADN). Et tout cela de façon déterministe, comme une conséquence logique des lois de la physique et de la chimie, sans intervention du hasard ! On aura noté, au passage, l’importance de la forme “ en boule ” , dans la genèse de la vie. 1- Bref historique : Il est toujours intéressant de se demander pourquoi on s’est trompé ! Comment des scientifiques de haut niveau ont-ils pu proposer des raisonnements et donc des réponses qui se sont avérées fausses par la suite ? Ils connaissaient pourtant les lois nécessaires à la compréhension des phénomènes en jeu ! Quelles erreurs de raisonnement ou de méthodologie ont-ils commises ? L’exemple qui est traité ici est celui du rôle éventuel du hasard dans la genèse de la vie . Toute l’antiquité a cru à la génération spontanée (voir livre de Jean Rostand). Puis on a cru que la vie, issue de la matière inerte, était impossible. Le dogme d’alors était : la vie ne peut venir que de la vie, plus exactement de germes. Cette conception s’est en partie renforcée à la suite des travaux de Pasteur, qui, après des expériences restées célèbres, montra que la génération spontanée n’existe pas. Aujourd’hui au contraire, l’apparition de la vie issue de la matière inerte, est considérée par les scientifiques non seulement comme très probable mais comme une conséquence possible -mais non nécessaire- des lois de la physique et de la chimie . Comment est-on passé de la conception “ vie improbable ” à la conception opposée “ vie très probable ” ? Pour la conception “ vie improbable ”, Fred Hoyle et l’un de ses collaborateurs ont pu, par un calcul simple exposé en annexe, montrer que le hasard ne pouvait 2/13 pas avoir généré la vie à partir de la matière “ inerte ”. Pourtant, aujourd’hui, on est pratiquement certain que la matière “ inerte ” a bien généré la vie ! Où est l’erreur ? Pourquoi a-t-on changé radicalement d’avis ? Mais d’abord, qu’est ce que la vie ? Rappelons pour commencer la position du grand physiologiste Claude Bernard. Pour lui, la biologie doit être une science expérimentale et “ la méthode qui consiste à définir et à tout déduire d’une définition peut convenir aux sciences de l’esprit mais elle est contraire à l’esprit même des sciences expérimentales ” ; en conséquence il suffit que l’on s’entende sur le mot “ vie ” pour l’employer, “ il est illusoire et chimérique, contraire à l’esprit même de la science d’en chercher une définition absolue ”. Selon lui un “ objet ” sera considéré comme “ vivant ” s’il est désigné comme tel par le sens commun. Une définition plus récente et surtout plus “ opératoire ” est présentée dans l’article publié sur le Net (1998) par L. Excoffier (voir bibliographie) : “ Curieusement, la plupart des dictionnaires de biologie ne fournissent pas de définition de la vie au sens biologique. Voilà une définition de la vie telle qu’on la connaît aujourd’hui : Un état organique caractérisé par la capacité de reproduction, de métabolisme et de réactions aux stimulus. ” 2- Le hasard peut-il donner naissance à la vie ? De façon plus précise : les molécules complexes qui ont constitué le premier être vivant peuvent-elles avoir été conçues uniquement par hasard ? De quelles molécules s’agit-il ? Y a-t-il un type de molécules nécessaires aux êtres vivants ? Oui , les protéines . “ Par leur structure et leurs fonctions, les protéines sont les constituants universels et fondamentaux des êtres vivants. Elles forment la trame des os, les substances contractiles des muscles, véhiculent l’oxygène dans le sang (par l’hémoglobine qui est une protéine), assurent la perméabilité de la peau … Quand elles se trouvent sous la forme d’enzymes, elles catalysent (c’est à dire favorisent et accélèrent) les réactions indispensables du métabolisme (le métabolisme est la totalité des réactions chimiques qui ont lieu dans la cellule) ” (Encyclopédie EDMA). La question devient maintenant : est-ce qu’une protéine peut construite uniquement par hasard ? Ou encore : d’où vient la protéine ? Comment est-elle fabriquée ? 3- Les protéines : molécules fondamentales êtres vivants être des D’où viennent les protéines ? De la synthèse protéique . Nous n’entrerons pas dans les détails. Il suffit de savoir que c’est l’ADN qui est la source de la genèse d’une protéine. Concrètement, le chemin de l'ADN vers 3/13 la protéine passe par les chromosomes puis par les gènes. Le point important aujourd’hui admis est que l’information va du gène à la protéine, qui est le produit final. (L’annexe 1 donne quelques informations supplémentaires). La question du hasard comme étant à l'origine de la vie peut maintenant être traitée. 4- Comment calculer l’effet du hasard sur la genèse de la vie. L’idée de base est simple. On sait que lorsqu’un événement se produit rarement, il est assez naturel de penser que si on attend “ assez ” longtemps, il finira par se produire. C’est cette idée qui est à la base du calcul de Hoyle. (L’influence du temps sur l’apparition d’un événement a priori peu probable est en réalité délicate à traiter. Le lecteur intéressé se reportera à l’annexe 3). La question de l’intervention du hasard dans la genèse de la vie peut maintenant être précisée de la façon suivante : On met en présence diverses molécules : celles supposées exister dans les temps lointains du début des ères géologiques. On attend “ assez ” longtemps et, à cause du changement des conditions ambiantes, du climat, de la présence de la foudre, etc.. des associations de molécules, des réactions chimiques vont se produire au hasard des rencontres. Question : Dans ces conditions, obtiendra-t-on la séquence de protéines qui correspond à une cellule vivante ? On obtiendrait ainsi, et par hasard, la première manifestation de la vie . (C'est la même question que celle du singe placé devant une machine à écrire et dont on se demande si, avec le temps, il ne finira pas par taper, par hasard, un roman comme les "Misérables" de Victor Hugo ! ) Réponse : La réponse est non . Robert Shapiro -professeur de chimie à l’Université de New-York et spécialisé dans des recherches sur l’ADN- a écrit un livre célèbre intitulé “ L’Origine de la vie : Le sceptique et le Gourou ” publié en France en 1988 où il présente diverses hypothèses pouvant expliquer l’origine de la vie. Il donne en particulier un calcul assez simple, dû à Fred Hoyle, montrant de façon claire que la vie ne peut pas naître du hasard. Le calcul, présenté en annexe 2 avec quelques variantes mineures, est largement inspiré de celui de Hoyle présenté par Shapiro. Les hypothèses à la base du calcul sont les suivantes : 1. la vie c’est la reproduction. 2. la vie est issue de réactions chimiques. 3. il suffit d’obtenir un être unicellulaire -auto reproductible- pour pouvoir dire que l’on a créé de la vie . 4. Cet être étant très petit, les réactions chimiques qui lui ont donné naissance ont pu se produire dans un espace très petit, par exemple un petit cube de 1 4/13 micron de coté (1 micron est égal à 1/1000 de millimètre et c’est l’ordre de grandeur de petites cellules) . 5. Si on a des milliards de petits cubes, on aura des milliards de réactions chimiques qui vont se produire tout à fait par hasard à cause du changement des conditions ambiantes : des éclairs de foudre par exemple peuvent apporter l’énergie nécessaire au déclenchement de certaines réactions chimiques . 6. Le milieu réactif sera l’eau. On suppose donc que tous ces petits cubes sont dans l’eau. 7. Si on attend assez longtemps, par exemple des milliards d’années, on peut penser qu’il finira par se produire par hasard, une chaîne de réactions chimiques qui conduiront à un être vivant élémentaire. Ce dernier serait alors à l’origine de la vie sur Terre. Comme on l’a écrit ci dessus, le calcul complet est présenté en annexe 2. Voici son résultat. L’idée de base était que si on laissait au hasard “ assez de temps ” on finirait peut-être par avoir au moins UNE réaction chimique qui déclencherait la formation d’une enzyme, premier maillon d’un être vivant primitif. (l’enzyme est une forme de protéine) Mais le calcul montre que cela est strictement impossible ! On s'aperçoit qu'avec des ordres de grandeur raisonnables on n'arrive pas à avoir un nombre assez grand de réactions chimiques pour permettre au hasard de tirer la bonne séquence de 200 acides aminés constitutive d'une enzyme “ moyenne ”. En réalité ce calcul est encore optimiste. En effet si l'objectif est que le hasard “ fabrique ” une bactérie il faut savoir qu'une bactérie c'est environ 2000 enzymes ! Mais il y a pire, en ce sens qu’on a supposé l’existence préalable des 20 acides aminés de base …or ces acides sont eux mêmes des molécules assez complexes… En conclusion le moins qu'on puisse dire c'est que la vie n'est certainement pas née du hasard. Inutile de dire que les créationnistes (C'est Dieu qui a créé la vie ) ont vite adopté cet argument...mais, pour un scientifique, Dieu n'est pas une explication. C'est pourquoi nous ne retiendrons pas, ici, cette affirmation. Mais alors si ce n'est pas le hasard, c'est quoi ? Critique du calcul précédent : En résumé, avec les hypothèses faites, le calcul précédent montre que le hasard ne peut donner naissance à la vie. Mais est-ce que cette réponse est “ stable ”, “ robuste ” ? Comme dans tout calcul, il faut évaluer l’influence des hypothèses sur la réponse obtenue. D’où la question : Si on avait changé certaines hypothèses, la réponse aurait-elle changé elle aussi ? La réponse est OUI et c’est bien ce qui s’est produit . L’erreur dans le calcul de Hoyle est qu’il n’a pas tenu compte des lois de la physique et de la chimie…or les molécules ne “ s’accrochent ” pas au hasard…. La clé de la réponse actuelle réside dans le fait que des molécules enfermées dans un petit espace et dans certaines 5/13 conditions, ont une forte probabilité de réagir les unes sur les autres. Or les conditions nécessaires à l’apparition de la vie (planète située à une “ bonne ” distance d’un “ soleil ”, masse assez importante pour retenir une atmosphère…etc..) “ ne sont pas exceptionnelles et peuvent être réunies dans de nombreuses régions de l’univers ” (livre cité réf 3). 5- Les idées actuelles sur l'origine de la vie. Les éléments de réponses présentés ci dessous sont extraits d’un bon livre de vulgarisation scientifique intitulé “ La plus belle histoire du monde – Les secrets de nos origines ” (Editions du Seuil –Avril 1996) dont les auteurs, bien connus du Grand Public sont Hubert Reeves, Joël de Rosnay et Yves Coppens, interrogés par Dominique Simonnet (rédacteur en chef adjoint à l’Express). Je vais me risquer à en résumer les grands traits, aussi je demande au lecteur de s’attacher non à la précision des détails mais plutôt au cheminement général des idées. La naissance de la matière Ce livre trace depuis le Big Bang l’évolution de notre Univers . Comme on le sait, parler de “ l’avant Big Bang ” n’a pas de sens physique, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y avait rien ; simplement, aujourd’hui, on ne sait pas répondre à cette question ; on peut seulement dire que les notions d’espace et de temps prennent sens quelques instants (de l’ordre de quelques milliardièmes de secondes) après l’explosion initiale. Toute l’épopée présentée dans le livre cité ne sera pas reprise il suffit de savoir que deux idées fondamentales sont à la base des idées actuelles en ce qui concerne l'origine de la vie sur la Terre : 1/ la matière inerte a évoluée depuis les temps les plus anciens et s’est complexifiée jusqu’à donner des molécules organiques , c’est à dire celles des organismes vivants. 2/ Les forces fondamentales de la physique existaient au tout début du Big Bang mais n’ont pu jouer leur rôle qu’à partir d’un certain stade de l’évolution de la matière. De la matière inerte aux premières “ gouttes ” de vie. Et maintenant parcourons le chemin tel qu’il est aujourd’hui imaginé (et en partie validé) qui a pu permettre l'arrivée des organismes vivants. Au tout début, juste après le Big Bang, il y a des particules élémentaires : électrons, photons, quarks...etc… Au bout d’une minute le premier noyau atomique se constitue. C’est la force nucléaire qui intervient en groupant, au hasard, les quarks trois par trois et forme les premiers noyaux atomiques : ce sont ceux de l’hydrogène et de l’hélium (le groupement de quark deux par deux n’est pas stable). Puis le temps passe, beaucoup de temps, plusieurs millions d’années. Pendant ce temps, l’expansion de l’univers se poursuit et l’univers se refroidit jusqu’à 3000 degrés environ, la force électromagnétique peut alors intervenir et mettre les électrons autour des 6/13 noyaux : ce sont les premiers atomes qui se forment. L’univers est alors rempli de matière dispersée qui va être regroupée en “ grumeaux ” sous l’action de la force de gravité : ce sont les premières galaxies. Le système solaire apparaît. Les étoiles apparaissent. L’univers continue son expansion et se refroidit. Pas les étoiles qui au contraire subissent un échauffement considérable. Elles deviennent des creusets pour l’élaboration de la matière (elles “ rejouent ” un mini Big Bang). Cet échauffement est dû à l’effondrement de l’étoile sous son propre poids, c’est la force de gravité qui intervient ici. La température étant très élevée (plusieurs millions de degrés) la force nucléaire intervient de nouveau et provoque la formation de l’hélium. Ces réactions dégagent beaucoup de lumière… Surtout ces réactions nucléaires vont provoquer des combinaisons importantes pour la suite : trois hélium s’associent pour former le carbone et quatre hélium associés donneront l’hydrogène. Deux molécules fondamentales des organismes vivants viennent d’apparaître : le carbone et l’hydrogène. Le cœur de l’étoile s’affaisse sur lui même, la température atteint cette fois le milliard de degrés ce qui engendre des atomes plus lourds, ceux des métaux (fer, cuivre, zinc…) et cela jusqu’à l’uranium. Mais l’étoile finit par éclater (c’est une super nova) et les atomes fabriqués sont éjectés dans l’espace. Ces atomes éjectés dans l’espace vont ensuite se regrouper pour former des molécules de plus en plus lourdes : l’oxygène et l’hydrogène vont donner l’eau, l’azote et l’hydrogène, l’ammoniac ...etc… A ce moment il n’y a que des boules de feu et des gaz dans l’univers. En se refroidissant, certains atomes : silicium, oxygène, fer, vont s’associer et donner les premiers silicates, les premières matières solides. Ce sont de minuscules grains mais l’attraction universelle (la gravité), va regrouper tout cela … Les premières planètes -chaudesapparaissent. La Terre en a gardé un “ souvenir ” avec son noyau encore chaud … Le gaz carbonique se dissout dans les océans et se dépose sous forme de carbonates. A cette époque (-3 milliards d’années environ), l’atmosphère terrestre initiale contient du méthane, de l’ammoniac, de l’hydrogène, de la vapeur d’eau et du gaz carbonique. Sous l’effet des éclairs et des ultraviolets solaires ces gaz se combinent et donnent les premiers acides aminés. (C’est la fameuse expérience de Miller-Urey en 1952) Ces molécules, les acides aminés et d’autres (acides gras) qui sont dans l’atmosphère, vont tomber en pluie sur la Terre . Le facteur déclenchant la suite des évènements sera le couple “ pression –température ” La vie va apparaître, non pas dans les océans comme on l’a longtemps cru (c’était l’hypothèse de Hoyle) mais ailleurs. Il paraît ici utile et prudent de citer le texte intégral de Joël de Rosnay extrait 7/13 du livre cité dessus. Donc la vie n’est pas apparue dans les océans mais … “ très probablement dans des lagunes ou des marécages, des endroits secs et chauds le jour, froid et humides la nuit, qui s’assèchent, puis se réhydratent. Dans ces milieux là il y a du quartz et de l’argile dans lesquels les longues chaînes de molécules vont se trouver piégées et vont s’associer les unes aux autres. Des expériences récentes qui ont permis de simuler les cycles d’assèchement des mares, l’ont confirmé : en présence d’argiles, les fameuses “ bases ” s’assemblent spontanément en petites chaînes d’acides nucléiques, des formes simplifiés de l’ADN, futur support de l’information génétique.[…..] L’argile agit sur ces molécules comme un petit aimant. Ses ions c’est à dire ses atomes qui ont perdu des électrons ou qui en possèdent en surplus attirent la matière autour d’eux et l’incite à réagir . [….] Certaines molécules sont hydrophiles, elles sont attirées par l’eau ; d’autres sont hydrophobes, elles en sont repoussées. Les protéines qui se trouvent dans les lagunes sont composées d’acides aminés parmi lesquels certains aiment l’eau, d’autres non. Que font-elles ? Elles se pelotonnent ce qui les met en contact avec l’eau à l’extérieur et à l’écart de l’eau à l’intérieur . - Elles se mettent en boule ? En quelque sorte, elles se ferment sur elle mêmes ” (fin de citation). Le point très important ici est qu’on a atteint, pour la première fois dans l’histoire, quelque chose qui a un dedans et un dehors. “ Parfois, le cocktail chimique interne fait éclater la membrane, les molécules se dispersent. Parfois il contribue au contraire à renforcer sa membrane et assure donc la survie du système...C’est ainsi que s’amorce une sorte de sélection des gouttes qui va durer pendant des millions d’années. Il y a une lutte pour la vie avant la vie.” (livre cité réf.3) C’est une sorte de “ sélection naturelle moléculaire ”. On aura noté le “ Parfois ” qui pourrait ainsi justifier un rôle au hasard. La réalité est différente : cette sélection moléculaire est déterministe. Des expériences de laboratoire confirment ce point de vue. Par exemple celle de Spiegelman en 1970 (Voir L. Excoffier). Dans cette expérience, parfaitement répétable, on obtient systématiquement un résultat a priori très improbable (une séquence d’ARN d’environ 200 nucléotides), ce qui montre bien que le hasard n’a aucun rôle. L. Excoffier écrit : “ La sélection ne procède pas par essai de toutes les combinaisons possibles, au hasard, pour en retenir les meilleures. Le processus de sélection est plutôt analogue à celui qui consiste à grimper une colline. La forme optimale [de la molécule] est obtenue par une série d’étapes où chaque intermédiaire est meilleur que le précédent. Par un tel processus, et en un faible nombre d’étapes, on peut aboutir à une structure complexe fortement optimisée ”. (Le lecteur intéressé se reportera à l’article très technique , et documenté, de L. Excoffier). En bref, ces “ gouttes ” seraient en quelque sorte les ancêtres des cellules…et donc de l’Humanité ! 8/13 Voilà donc le tableau dans les années 1996-1998. On peut dire que l’idée générale associant la naissance de la vie à l’évolution de la matière est toujours acceptée . On aura cependant remarqué les points suivants : a/ le hasard ne joue pas un rôle dans la genèse de la vie mais dans celle de la matière ! En effet, juste après le Big-Bang, “ C’est la force nucléaire qui intervient en groupant au hasard trois quarks… ” (livre cité réf. 3) b/ actuellement il est admis que l’information va du gène à la protéine. Dans la conception présentée ci dessus c’est l’inverse qui se serait produit au temps de la terre primitive. Certaines protéines -en se mettant “ en boule ”- vont en quelque sorte favoriser des réactions chimiques particulières qui, plus tard, donneront des êtres vivants. c/ l’importance du rôle de la forme “ en boule ” pour le “ vivant ” apparaît dés le début de son histoire. Avant de conclure …. Il paraît nécessaire de préciser que dans ce domaine de recherche l’origine de la vie- les idées et les expériences évoluent constamment. Ici, UNE théorie explicative de l’origine de la vie sur Terre a été présentée. D’autres théories existent. En voici deux exemples : 1/ la vie sur Terre serait d’origine extraterrestre (Mars ?) et 2/ la vie sur Terre serait issue de mélanges gazeux rejetés par des volcans du fond des océans primitifs, appelés “ fumeurs noirs ” (Revue Science et Avenir Réf 7). D’autres problèmes restent à résoudre Par exemple “ quelles audacieuses bestioles ont bien pu sortir de l’eau il y a près de 500 millions d’années pour s’aventurer sur la terre ferme et désolée ? C’est l’une des questions que soulève la découverte d’empreintes fossilisées d’arthropodes au Canada dans une strate de sable éolien qui daterait […..] de –500 à –420 millions d’années ” (Site Sciences et avenir Réf 8 –Cécile Dumas). Un autre problème est celui du passage d’être simples, comme des bactéries, à des êtres plus complexes, comme l’homme. “ Il a bien fallu que le génome change de taille et multiplie la quantité d’informations qu’il contient. La duplication de segments entiers de génome est l’une des explications avancées pour expliquer cette évolution ” ( Site Sciences et avenir Ref : 8 – Cécile Dumas). Cette explication a été en partie vérifiée par des chercheurs de l’Inserm qui ont pu constater que des parties du génome appartenant à un genre de “ vers ”, appelé “ amphioxius ” était bien dupliquées dans certaines régions du génome humain) Bref la recherche continue … 6- Conclusion générale : L’idée essentielle relative à l’origine de la vie sur Terre est la suivante : La vie ne serait qu’une conséquence logique de l’évolution de la matière inerte qui devient de plus en plus complexe à cause des lois de la physique et de la chimie. Il paraît peu probable que cette idée soit remise en cause dans les années à venir. 9/13 Un des intérêts de cette conception est qu’elle peut justifier une vie extraterrestre… Le rôle du hasard se limiterait à la construction de la matière mais il n’intervient pas dans la genèse de la vie. (On peut même se demander si la structure des quarks n’exclut pas l’intervention du hasard…) Il faut pourtant reconnaître que le “ mystère ” reste entier et qu’aujourd’hui on ne sait pas créer une vie artificielle. Créer des molécules de la vie n’est pas créer la vie. Par exemple les acides aminés obtenus en laboratoire dans des conditions simulant la terre primitive sont en quantités égales dextrogyres et lévogyres. Or tous les acides aminés biologiques sont lévogyres. Il manque donc, quelque part, une “ information ” pour “ organiser ” la matière . Certains pensent que cette information serait stockée dans des “ champs biologiques ” (Voir les travaux d’Emile Pinel ou de Jacqueline Bousquet)…mais l’origine de cette information reste encore inconnue. En bref on n’a pas encore trouvé le “ secret ” de la vie ! … 7- Bibliographie : 1/-EDMA-Livre de poche (Encyclopédie du Monde Actuel) La Biologie Moléculaire-1977 2/L’origine de la vie . Le sceptique et le gourou. Robert Shapiro. Editeur :Eshel -Paris-1988 3-La plus belle histoire du monde. Le secret de nos origines. H.Reeves-J.de Rosnay-Y.CoppensD.Simonnet. Editeur : Seuil -Avril 1996 4- La vie, expérience inachevée. Salvador E. Luria Editeur : Armand Colin - 1975 5- Courrier International -n°258 du 12 au 18/10/95 Nombre de gènes par organe. 6- Origine de la vie par Laurent Excoffier. Laboratoire de Génétique et Biométrie. Département d’Anthropologie Université de Genève. iginevie.html 7-Revue Science et Avenir Août 2001. H.Reeves :Mes plus belles histoires. 8 http://permanent.sciencesetavenir.com Les premiers pas terrestres repoussés de 40 millions d’années – Cécile Dumas – 07/05/2002 Et Le génome et son double Cécile Dumas 07/05/2002 9 La genèse de la vie . Histoire des idées sur la génération spontanée . Jean Rostand Edit :Librairie Hachette 1943 10 Les certitudes du hasard Collection : Que sais-je ? N° 3 Marcel Boll- 1951-P.73 10/13 11 Science dans la Lumière J.Bousquet –St Michel Editions1992 12 Au cœur du Vivant J.Bousquet –St Michel Editions-1992 Voir aussi le site http://www.arsitra.org Annexe 1 : Le chromosome : Chaque cellule son corps en milliards) est comprenant chromosomes. d'un être humain (et comporte plusieurs doté d'un noyau 23 paires de Par simplification, nous dirons que le chromosome est constitué d'ADN (en réalité certains chromosomes contiennent en outre des protéines). Résumé En résumé la cellule contient un noyau qui contient des chromosomes. Ces chromosomes sont constitués de gènes, pas toujours d’un seul tenant . Les gènes sont les substances qui permettent la fabrication des protéines . Pour cela le gène, qui est un brin d’ADN, utilise un code qui est le code génétique. (La façon dont ce code fonctionne ne sera pas traitée ici ) Autrement dit l’information va du gène à la protéine qui est le produit final. Le schéma suivant résume ce cheminement : Noyau 1 gène = ADN enroulé Un chromosome contient des milliers et des milliers de gènes. Protéine ADN + code génétique Cellule 1 chromosome = des gènes Le gène Les gènes sont les supports des caractères héréditaires (couleur des yeux, des cheveux ..etc..) Nous avons environ 100 000 gènes. Plus l’organe est complexe, plus il faut de gènes pour le caractériser: 3295 pour le cerveau, 1195 pour les testicules, 1195 pour le cœur ..etc… Le gène est constitué de morceaux d'ADN, car il n'est pas nécessairement d’un seul tenant. Le gène sert à la fabrication des protéines . gènes Chimie des protéines : Du point de vue chimique , les protéines sont des polymères, c’est à dire des substances composées de chaînes de petites molécules (appelées monomères) s’ordonnant et se raccordant spécifiquement. Ces monomères sont des acides aminés, (appelés aussi amino-acides). Ce sont de petites molécules qui contiennent rarement plus de 10 atomes de carbone. Chaque acide aminé est lui même constitué d'ADN et d'ARN . On a ainsi le “ chemin ” : ADN ---> acide aminé ---> protéine. Une protéine “ moyenne ” contient environ 200 acides aminés, ce chiffre 11/13 pouvant varier de 50 à 1000 selon la protéine considérée. Une protéine, molécule de base des êtres vivants est donc une molécule assez complexe. Annexe 2 Les calculs de Shapiro et de Hoyle. (légèrement modifiés) On va maintenant “ mettre des chiffres ” sur les hypothèses présentées dans le texte principal. Pour commencer ce calcul il faut avoir une idée du temps de reproduction d'un être vivant relativement élémentaire, par exemple une bactérie. Dans les conditions les plus favorables une colonie d’E.coli (Exactement Escherichia coli, bactérie très banale de l'intestin humain) peut doubler en 20 minutes. Pour simplifier et augmenter nos chances de succès nous admettrons qu’il suffit d’une minute à une bactérie pour produire une copie d’elle même. En conséquence nous admettrons qu’il faut une minute pour créer une bactérie. Autre question : combien de temps a-t-il fallu pour créer la vie sur Terre ? L'âge du système solaire est estimé à moins 4,5 milliards d’années. Les premières traces de vie, des bactéries identifiées par des paléontologues remontent à environ 3 milliards d’années. Compte tenu de ces deux éléments, on peut estimer qu'il a fallu environ un milliard d'années pour que la vie prenne naissance. Il y a donc eu 1 milliardx365x24x60= 5,25 14 x10 minutes de disponibles pour créer la vie. C’est à dire un grand nombre puisqu’il s’agit de 5,25 multiplié par 1 suivi de 14 zéros ce qui correspond à 525 000 milliards de minutes ! Nous allons maintenant calculer combien de tentatives simultanées nous pouvons faire . On est pratiquement sûr que la vie est apparue d’abord dans l’eau en conséquence le milieu réactif c’est l’eau. Il faut maintenant estimer de combien de “ petits cubes ” d’eau peut-on disposer ? L’eau, c’est évidemment les océans. La terre a la forme d’un ellipsoïde dont les rayons sont de 6356 km aux Pôles et 6378 km à l’Equateur. Pour simplifier on va admettre une Terre sphérique dont le rayon est de 6370 km. Reste maintenant à estimer l’épaisseur des océans. On peut estimer que l’épaisseur des océans depuis l’origine a été au maximum d’environ 10 km . On a donc une couronne d’eau dont le volume est calculable par la formule: V= (4/3)x pi x (63803 - 63703 ) km3 petits cubes TERRE primitive 6370 Km 10 Km Océans Comme nos petits cubes ont un volume 12/13 3 micron , cela donne 36 5,11x10 cubes de disponibles simultanément. Comme on dispose 14 de 5,25 x10 minutes cela donne 36 14 5,11x10 x 5,25 x10 = 50 26,8x10 réactions chimiques possibles c’est à dire tentatives pour en obtenir au moins UNE - par hasard- susceptible de donner naissance à un être vivant, évidemment très élémentaire, par exemple une bactérie . de 1 Que faut -il pour réaliser une bactérie ? Fred Hoyle et son collègue N.C. Wickramasinghe ont d’abord soutenu la génération spontanée puis ils on changé d’avis . Pourquoi ? Parce qu’ils ont fait un petit calcul… Plutôt que de considérer une bactérie qui est déjà un être très élaboré, ils n’ont pris en considération que son ensemble d’enzymes. Or une enzyme “ banale ” est constituée d’environ 200 acides aminés. On sait que la nature a isolé 20 acides aminés pour l’ensemble du monde vivant. Dans l’enzyme il y aura donc, nécessairement, des répétitions. Il faut maintenant chercher quelle est la probabilité que par le seul hasard la Nature fabrique cette chaîne de 200 acides aminés. Le problème est le suivant : Supposez que vous ayez un très grand nombre de “ blocs ” de 20 acides aminés . Quand vous tirez, au hasard, un acide aminé, le bloc correspondant est éliminé “ du jeu ”. Vous retirez alors un autre acide aminé, évidemment dans un nouveau “ bloc ”, qui sera lui aussi éliminé et ainsi de suite… Quelle chance avez vous d’obtenir - par le seul hasard des tirages - la séquence de 200 acides aminés nécessaires pour fabriquer l’enzyme en question ? La première fois vous avez une chance sur 20 de tirer le “ bon ” acide aminé, on dit que la probabilité de tirer le “ bon ” acide aminé est de 1/20 . Au deuxième tirage vous avez toujours une chance sur 20 de tirer le “ bon ” acide aminé (c’est à dire le deuxième dans la chaîne de l’enzyme ) ….mais le problème c’est qu’il vous faut tirer le “ bon ” acide aminé au premier tirage ET le “ bon ” acide aminé au deuxième tirage . On montre en probabilité que dans ce cas les probabilités se multiplient. Autrement dit vous avez (1/20) x (1/20) chances de tirer successivement les DEUX “ bons ” acides aminés de la chaîne de l’enzyme (qui sont donc les deux premiers).Il en résulte que la probabilité de tirer successivement les deux “ bons ” acides aminés est de 1/400. Comme l’enzyme a 200 acides aminés, la probabilité de tirer successivement les 200 “ bons ” acides aminés est de : (1/20) x (1/20 ) x (1/20) et cela 200 fois ce qui s’écrit (1/20)200 = Z. Comme Z est un nombre très petit cela veut dire qu’il faudrait au moins (1/Z) essais pour avoir – par hasard- au moins UNE enzyme. Or (1/Z)= 20200 = 1,61 x 10260 Appelons “ A ” le nombre (1/Z) et “ B ” le nombre de réactions chimiques 13/13 50 possibles :B= 26,8x10 .Il est clair que “ B ” est très inférieur à “ A ” . On s'aperçoit donc qu'avec des ordres de grandeur raisonnables on n'arrive pas à avoir un nombre assez grand de réactions chimiques pour permettre au hasard de tirer la bonne séquence d'acides aminés constitutive d'une enzyme. En réalité ce calcul est encore optimiste. En effet si l'objectif est que le hasard "fabrique" une bactérie il faut savoir qu'une bactérie c'est environ 2000 enzymes! Mais il y a pire, en ce sens qu’on a supposé l’existence préalable des 20 acides aminés de base ..or ces acides sont eux mêmes des molécules assez complexes… Annexe 3 : A propos de l’influence du temps sur l’apparition d’un événement rarissime Voici ce qu’écrivait Marcel Boll (ref :Que sais-je ?) “ Un événement presque impossible finit, à la longue, par se réaliser sûrement, et, pourtant, à l’instant où il allait apparaître, on aurait eu raison de le tenir pour pratiquement impossible. “ Quel hasard inouï ! On ne pouvait s’y attendre ! ” dira alors un témoin. “ Il était sûr que cela finirait bien par arriver…. ” objectera un autre. Tous les deux ont raison : cela devait arriver, mais on ne pouvait pas prédire quand, et personne n’était capable de prévoir que c’était justement pour cette fois là. Si l’on veut bien réfléchir, on comprendra qu’il n’y a, dans tout cela, aucune contradiction. ” Diffusé sur www.arsitra.org - (c) 2002