annexe 1 - Service Central d`Authentification Université de Nantes

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
Année 2013
N° 162
THESE
pour le
DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE
(DES de MÉDECINE GÉNÉRALE)
par
Mathilde Collignon
née le 29 janvier 1985 à Rouen
Présentée et soutenue publiquement le 12 Décembre 2013.
REPÉRAGE DES CONDUITES ADDICTIVES EN MÉDECINE
GÉNÉRALE : CE QU'EN PENSENT LES PATIENTS
Président de jury :
Monsieur le Professeur Jean-Luc VENISSE
Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Patrick POINT
Membres du jury :
Madame le Professeur Jacqueline LACAILLE
Monsieur le Professeur Rémy SENAND
Madame
le
Docteur
Leila
MORET
REMERCIEMENTS
Monsieur le Professeur Jean-Luc Vénisse
Vous m'avez fait l'honneur d'accepter de présider ce jury,
Vous m'avez accordé l'inscription en DESC d'addictologie. Travailler dans votre service m'a permis de
découvrir les richesses de cette discipline.
Veuillez trouver ici le témoignage de ma reconnaissance et de mon respect
Madame le Professeur Jacqueline Lacaille
Vous avez témoigné votre intérêt pour ce travail et avez accepté d'être membre du jury de cette thèse.
Veuillez trouver ici le témoignage de ma reconnaissance et de mon respect
Monsieur le Professeur Rémy Senand
Vous avez accepté d'être membre du jury de cette thèse.
Veuillez trouver ici le témoignage de ma reconnaissance et de mon respect
Madame le Docteur Leila Moret
Vous avez accepté d'être membre du jury de cette thèse
Veuillez trouver ici le témoignage de ma reconnaissance et de mon respect
Monsieur le Docteur Patrick Point
Vous m'avez accompagnée et soutenue dans ce travail de thèse.
Merci pour vos conseils et votre disponibilité.
Merci pour cet engagement dans la médecine que vous avez su me faire partager.
Merci pour cette riche expérience professionnelle et humaine au sein de votre service.
SOMMAIRE
LISTE DES ABREVATIONS ..................................................................................................7
INTRODUCTION ......................................................................................................................8
1 - CONDUITES ADDICTIVES .................................................................................................... 10
2 - CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE : ....................................................................... 16
3 - LE REPERAGE PRECOCE : .................................................................................................. 20
4 - INTERVENTION BREVE : ..................................................................................................... 23
5 - OBSTACLES AU RPIB EN MEDECINE GENERALE................................................................ 27
MATERIEL ET METHODE .................................................................................................. 29
1 - OBJECTIFS DE L’ETUDE : .................................................................................................... 29
2 - TYPE DE L’ETUDE : ............................................................................................................. 29
3 - POPULATION DE L’ETUDE : ................................................................................................. 29
4 - ENTRETIENS SEMI-DIRIGES :.............................................................................................. 30
5 - ANALYSE DES RESULTATS : ................................................................................................ 30
RESULTATS........................................................................................................................... 31
1 - CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ETUDIEE : ........................................................... 31
2 - LE REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES : VECU ET PRATIQUES .................................. 32
3 - LE REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES : ATTENTES DES PATIENTS : ......................... 41
4 - ADDICTIONS, REPRESENTATIONS GENERALES DES PATIENTS : ......................................... 51
5 - LE PATIENT ET SON MEDECIN GENERALISTE ...................................................................... 58
6 - PLACE PARTICULIERE DU MEDECIN DU TRAVAIL ................................................................. 62
DISCUSSION......................................................................................................................... 64
CONCLUSION....................................................................................................................... 78
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................. 79
ANNEXE 1.............................................................................................................................. 86
ANNEXE 2.............................................................................................................................. 87
ANNEXE 3.............................................................................................................................. 88
ANNEXE 4.............................................................................................................................. 89
ANNEXE 5.............................................................................................................................. 90
ANNEXE 6.............................................................................................................................. 91
ANNEXE 7.............................................................................................................................. 92
ANNEXE 8.............................................................................................................................. 93
ANNEXE 9.............................................................................................................................. 99
ANNEXE 10 ......................................................................................................................... 100
LISTE DES ABREVATIONS
ALAC : Alcohol Advisory Council
ANAES : Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé
AUDIT : Alcohol Use Disorder Test
CDT : Carbohydrate Deficient Transferrin
CIM : Classification Internationale des Maladies
CO : Monoxyde de carbonne
DEPADO : DEPistage de consommation problématique d'alcool et de drogue chez les
ADOlescents
DETA-CAGE : Diminuer Trop Alcool – Cut-down Annoyed Guilty Eye-opener
DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
FACE : Fast Alcohol Consumption Evaluation
HAS : Haute Autorité de Santé
OFDT : Observatoire Français des drogues et toximcomanies
OMS : Organisation Mondiale de la santé
POSIT : Problem-oriented screening instrument for teenagers
RPIB : Repérage précoce et Intervention Brève
VGM : Volume Globulaire Moyen
INTRODUCTION
La notion d'addiction est née après une longue période de séparation des différentes
conduites de dépendance, opérant un regroupement à la fois descriptif, théorique,
thérapeutique et institutionnel ayant le mérite de promouvoir une approche globale des
troubles et des patients qui s'y adonnent.
L'évolution de l'addictologie a permis une prise de conscience de la nécessité d'une prise
en charge précoce.
Le médecin généraliste, en première ligne, a de toute évidence une place majeure dans
cette prise en charge dont la première étape en est le repérage.
De nombreux outils et méthodes ont montré leur efficacité. Les types d'usage sont
multiples allant de l'usage simple à la dépendance en ce qui concerne la consommation
de substances psychoactives et les modalités de prise en charge en sont différentes. Le
repérage précoce et intervention brève (RPIB) est à ce jour la méthode la plus efficace
dans la prise en charge précoce des usagers nocifs.
La recherche d'une conduite addictive doit être réalisée à plusieurs reprises au cours de la
vie d'un patient. Les risques de développer une conduite addictive surviennent tout au long
de la vie, de l'adolescence à l'approche de la retraite, jusqu'aux sujets âgés. Les
interventions seront là aussi différentes.
Les médecins généralistes voient chaque année 75% de la population générale. Moins de
la moitié dépistent systématiquement une consommation de tabac ou d'alcool. Et pourtant,
30,7% des consultants fument, 18% ont une consommation d'alcool problématique (1). La
consommation de substances psychoactives est un réel problème de santé publique,
ayant une forte incidence sur la morbi-mortalité et des dommages bio-psycho-sociaux non
négligeables.
L'activité du dépistage des addictions fait partie du rôle de prévention du généraliste. Ce
domaine est si vaste qu'il est difficile à réaliser en pratique et nécessite une priorisation.
L'addictologie n'est pas la priorité de beaucoup de médecins, les prises en charges étant
moins connues et l'usage de substances étant chargé de représentations péjoratives. Il est
important de rappeler que la médecine générale est touchée par les addictions au même
titre que la population générale, pouvant mettre certains médecins en difficultés face à ces
questions.
Le repérage précoce et l'intervention brève ont fait l'objet de très nombreuses études
quantitatives en ce qui concerne l'alcool. Les études qualitatives ont principalement
intéressé les médecins. Ces études ont cherché à comprendre les difficultés à réaliser le
dépistage des buveurs excessifs. Les médecins décrivent des difficultés inhérentes à la
consultation (manque de temps, absence de rémunération spécifique) , des freins liés à
leurs représentations et à un sentiment d'inefficacité. Ils craignent la réaction de leurs
patients à l'abord des questions de consommations, pensant souvent les gêner.
La question se pose alors de ce que peut attendre la population générale des médecins
généralistes en matière d'addictions. Leurs craintes sont-elles justifiées ? Nous nous
efforcerons à travers notre travail de recueillir le vécu des patients au cours du repérage
des conduites addictives, mais aussi leurs attentes en terme de modalités de dépistage.
1 - CONDUITES ADDICTIVES
1.1 D EFINITIONS :
1.1.1 LA NOTION D'ADDICTION : (2–7)
Le mot addiction prend ses origines dans le droit commun romain : « ad-dictus » qui fait
référence à la contrainte par le corps. C'est « le droit de disposer à son profit de la
personne même du débiteur défaillant ».
Fénichel (1945) décrivait déjà les « addictions sans drogue » regroupant alors diverses
conduites impulsives pathologiques et signifiant l'urgence du besoin de les satisfaire ainsi
que l'incapacité finale de toute tentative de les satisfaire.
Dans les pays anglo-saxons S. Peele (1975) utilise le terme d'addiction pour désigner les
troubles du comportement associés à l'utilisation de substances.
Voyant cette notion de plus en plus utilisée, le psychiatre anglais A. Goodman (1990) en a
proposé une définition opératoire intégrant les six critères diagnostics de trouble addictif
[Annexe 1]. Sa description de l'addiction est issue de ses observations sur l'addiction
comportementale et plus précisément l'addiction sexuelle.(8)
La triade symptomatique du comportement addictif se caractérise par :
- l'impossibilité répétée de contrôler un comportement
- la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses
conséquences négatives
- ce comportement vise à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise interne
L'addictologie, considérée au sens large, est une discipline médico-psycho-sociale
transversale dont l'objet est l'ensemble des conduites susceptibles d'être considérées
comme addictives, au-delà des seules conduites de dépendance aux substances
psychoactives.
La question de limites dans la notion d'addiction reste entière, celles-ci n'étant posées de
façon claire et indiscutable par aucune approche théorique qu'elle soit psychanalytique ou
cognitivo-comportementale. On tend à intégrer dans le champ des addictions de plus en
plus de comportements pouvant s'y apparenter. (9)
Dans notre travail nous utiliserons le terme de « conduites addictives » incluant les usages
de substances psychoactives mais aussi les troubles des conduites alimentaires et le jeu
pathologique.
1.1.2 DE L'USAGE A LA DEPENDANCE : (6,7,10)
Le
DSM-5, paru récemment en 2013, apporte une nouvelle approche d'ordre
dimensionnelle classant les troubles liés à l'usage de substance de léger à sévère, faisant
disparaître les notions précédemment décrites. Il intègre dorénavant la notion d'addiction
comportementale par le jeu pathologique.
Le DSM-5 fait apparaître un nouveau critère : celui du craving alors que l'on voit
disparaître celui des conséquences légales. Les critères d'abus de substance et de
dépendance sont désormais combinés en une seule liste de critères définissant les
« troubles liés à l'usage de substance ». La présence d'au moins deux critères est
nécessaire dans cette nouvelle classification alors qu'un seul critère suffisait dans le DSM
IV-TR. (11)
Dans les deux plus grandes classifications internationales des troubles mentaux que sont
le DSM IV-TR et la CIM10, les critères de définition des troubles liés à l'usage de
substances psychoactives font l'objet d'une approche catégorielle allant de l'usage à la
dépendance (critères s'approchant de la définition de Goodman) (12,13). Les limites entre
ces types d'usage sont cependant floues, elles sont un continuum non figé, pouvant
passer de l'un à l'autre sans que l'on puisse établir de règle.
L'usage est caractérisé par la consommation réglée de substance psychoactive
n'entraînant
pas
de
dommage
ni
de
conséquence
somatique,
psychologique,
psychiatrique ou judiciaire.
L'usage à risque se caractérise par un risque aigu associé à la consommation de
substance (grossesse, conduite automobile, machines-outils, tâches nécessitant une
coordination psychomotrice, troubles du comportement). Un risque statistique à long terme
(selon les effets pharmacologiques de la substance) peut être également pris en compte.
En pratique, la limite entre usage à risque et usage nocif est controversée, les praticiens
ayant leurs propres définitions du risque et du nocif. La légalité des produits diffère
également selon les pays (pour le cannabis notamment), modifiant ce critère pour une
même consommation, d'un pays à l'autre.
L'usage nocif (CIM 10) ou Abus (DMS IV-TR) est une consommation inadéquate et
répétée d'une substance au cours des 12 derniers mois induisant des dommages
somatiques, psychoaffectifs ou sociaux soit pour le sujet lui-même, soit pour son
environnement proche ou, à distance, pour les autres ou la société.
Le DSM IV-TR décrit cinq critères définissant l'abus à une substance au travers d'un
hétéro-questionnaire de dépistage [Annexe 2]
La dépendance se caractérise par l'impossibilité de s'abstenir de consommer une SPA,
avec possible existence d'une tolérance et d'un syndrome de sevrage à cette substance.
Ceci, malgré les conséquences que peut avoir la consommation de cette substance. Les
critères DSM IV-TR la décrivent en sept points. [Annexe 3].
1.2 D ONNEES EPIDEMIOLOGIQUES :
1.2.1 USAGE DE SUBSTANCES PSYCHOACTIVES : (14,15)
Les substances licites que sont l'alcool, le tabac et les médicaments psychotropes sont les
substances psychoactives les plus consommées en France en terme d'usage.
Parmi les 11-75 ans, 13,4 millions ont un usage régulier de tabac et 8,8 millions un usage
régulier d'alcool. Onze millions des 18-75 ans ont fait un usage de médicament
psychotrope dans l'année.
Le tabagisme quotidien à 17 ans a vu une hausse de 10% entre 2008 et 2011, il concerne
31,5% des jeunes de 17 ans et 30% des adultes de 18 à 75 ans.
Les ivresses régulières chez les jeunes de 17 ans sont en hausse depuis 2008 (8,6% en
2007) tout comme les ivresses répétées et la consommation régulière d'alcool.
Plus d'un jeune de 17 ans sur deux déclare une alcoolisation ponctuelle importante (5
verres en une même occasion) au cours du mois écoulé.
On note donc globalement une augmentation des conduites d'alcoolisation aiguë chez les
jeunes de 17 ans en France depuis 2008. (Tableau 1)
Parmi les adultes, on compte 3,8 millions de consommateurs à risque au sens du test
Audit-C (hétéro-questionnaire de 3 questions définissant le type d'usage d'alcool). [Annexe
4]
Tableau 1 : Types de consommation d'alcool chez les jeunes et les adultes en 2011
Consommation d'alcool
Jeunes de 17 ans
Adultes 18-75 ans
Régulière
10,50%
Ivresses régulières
10,50%
Ivresses répétées
27,80%
Ponctuelle importante
53,20%
19,90%
8,00%
En 2011, 15% des jeunes de 17 ans ont déjà pris des anxiolytiques (en baisse depuis
2008). La consommation de médicaments psychotropes dans l'année est en hausse
depuis 2005, concernant 18,3% des 18-75 ans.
Parmi les substances illicites, le cannabis est le plus consommé (Tableau 2). On note une
stabilisation de l'expérimentation du cannabis et un fléchissement de l'usage régulier à 17
ans entre 2008 et 2011.
L'usage régulier des autres substances illicites par produit n'est pas évaluable, cependant
le nombre d'usagers problématiques de drogues (usagers de drogues par voie
intraveineuse, usagers réguliers d'opiacés, cocaïne, ou amphétamines dans l'année chez
les 15-64ans) est estimé à 281000.
Tableau 2 : Consommations de cannabis chez l'adulte et le jeune de 17 ans en 2011
Consommations
Population générale
Jeunes de 17 ans
Expérimentation
13,4 millions
41,50%
Usage dans l'année
3,8 millions
Usage régulier
1,2 millions
6,50%
Adultes
2,50%
L'expérimentation de la cocaïne et de l'héroïne chez les jeunes de 17 ans est en légère
baisse entre 2008 et 2011. L'expérimentation d'ecstasy diminue depuis 2002. En
revanche, la consommation de cocaïne au cours de l'année chez les adultes de 18 à 64
ans a légèrement augmenté depuis 2005 (Tableau 3).
Tableau 3 : Consommations de cocaïne, héroïne et ecstasy en 2011
Substance
Expérimentation
population
générale
Expérimentation
jeunes 17 ans
Usage dans l'année
Adultes
Cocaïne
1,5 millions
3,00%
0,90%
Héroïne
500000
0,90%
0,20%
Ecstasy
1,1 millions
1,90%
2,70%
1.2.2 DOMMAGES LIES A LA CONSOMMATION DE SUBSTANCES PSYCHOACTIVES :(14,16)
Le tabac est la substance psychoactive à laquelle peut être attribuée le plus grand nombre
de décès (73000 décès par an) devant l'alcool (49000 décès par an) en 2009. Il s'agit de la
première cause de décès évitable en France comme dans le monde. Soixante quinze pour
cents des décès liés à l'alcool et 81% des décès liés au tabac concernent les hommes.
Parmi les fumeurs, 2,4 millions ont recours à des traitements d'aide à l'arrêt du tabac.
133000 consommateurs d'alcool sont suivis dans les centres spécialisés en addictologie.
En 2011, l'alcool est en cause dans 3 accidents mortels de la route sur 10.
L'usage du cannabis multiplie le risque de cancer de poumon par 3 et le risque de
mortalité est multiplié par près de 15 en cas de consommation conjointe d'alcool et de
cannabis. En 2010, 38000 personnes au moins étaient prises en charge dans des
structures spécialisées en addictologie pour leur consommation de cannabis.
Les hommes interpellés pour usage d'héroïne, de cocaïne ou de crack ont 5,2 fois plus de
risque de décéder que les autres hommes du même âge. Pour les femmes, le risque de
décès est multiplié par 9,5. On note une diminution de la prévalence de la séropositivité
chez les usagers de drogue en lien avec la politique de réduction des risques depuis 1996.
1.2.3 ADDICTIONS COMPORTEMENTALES (4,7,16)
La prévalence pour le jeu excessif (jeu de hasard et d'argent incluant jeu à problème et jeu
pathologique) chez l'adulte est de 3% en Europe (données tirées d'une méta-analyse
portant sur des études menées en Europe de 2000 à 2005) avec deux populations plus
vulnérables : les adolescents (2,2 à 7,4%) et les adultes de plus de 55 ans. (4)
En France, elle a été estimée pour la première fois en 2010 et concerne environ 200000
personnes (soit 0,4% de la population des 18-75 ans). Il y aurait environ 400000 joueurs à
risque modéré pour un total de 1,3% de joueurs problématiques. Les hommes sont très
majoritairement concernés (plus de 90%). Vingt pour cents des sujets concernés ont fait
des tentatives de suicide.
Concernant les cyberaddictions (au sens large, c'est à dire incluant les jeux vidéo) ; les
études sont peu nombreuses et les outils différents, fournissant des taux de prévalence de
0,61% à 10,7% selon le pays et l'outil d'évaluation utilisé.
La fréquence des achats compulsifs est évaluée à 4% en France (2002).
Vingt pour cents des usagers de substances illicites sont concernés par les troubles du
comportement alimentaire et jusqu'à 30% des patients boulimiques ont eu un problème
avec une substance psychoactive.
1.3 R EPRESENTATIONS EN POPULATION GENERALE :
Depuis 1999, l'Enquête sur les représentations, opinions, perceptions sur les produits
psychotropes (EROPP) a permis à quatre reprises de faire le point sur les opinions des
Français vis-à-vis des substances psychoactives, de leurs usagers et des grandes
orientations de la politique publique (16,17).
Neuf français sur 10 considèrent l'héroïne et la cocaïne comme dangereuses dès leur
premier usage. Un français sur deux (54%) en dit de même concernant l'expérimentation
du cannabis. Seuls 47% des français considèrent le tabac dangereux lors d'un usage
quotidien et 74% pour l'alcool.
Le seuil de dangerosité des drogues selon la population française fait apparaître les
drogues licites comme étant les moins dangereuses, l'héroïne étant considérée comme la
plus dangereuse. Du plus dangereux au moins dangereux, la population française classe
les substances psychoactives comme suit : héroïne, cocaïne, cannabis, tabac, alcool.
Les français jugent les usagers « dangereux pour leur entourage » dans 91% des cas
pour l'alcool, 87% pour l'héroïne, 83% pour la cocaïne et 67% pour le cannabis.
Quarante neuf pour cents d'entre eux pensent que les usagers d'alcool en grande quantité
le font à cause de problèmes familiaux, 33% pensent la même chose concernant les
usagers d'héroïne. Dix neuf pourcents pensent que les usagers d'héroïne souffrent d'une
maladie.
La limite de la consommation d'alcool à ne pas dépasser pour la conduite automobile est
appréciée de façon relativement prudente, 72% de la population la plaçant à 2 verres ou
moins. En revanche, le seuil de risque chronique lié à l'alcool est sous-estimé (41%
estiment que le risque existe à partir de 4 verres ou plus pour un homme au lieu de 3, et
54% évaluent le risque à partir de 3 verres ou plus pour les femmes au lieu de 2).
Le niveau d'assimilation à une drogue pour les substances licites est élevé (88% pour le
tabac et 84% pour l'alcool). Les conséquences sociales jugées les plus importantes
reviennent à l'alcool (60% des cas) loin devant le tabac et les substances illicites. (18)
Les personnes abstinentes de toute consommation d'alcool perçoivent mieux le risque
alcool pour la santé que les consommateurs. L'incidence d'une consommation de tabac
sur la santé est perçue d'une façon plus importante que la consommation d'alcool.
D'ailleurs, le besoin de réduire le risque tabac parmi les fumeurs est beaucoup plus
présent que celui de réduire le risque alcool parmi les consommateurs d'alcool. Les
fumeurs ont une plus grande perspective de changement que les consommateurs d'alcool
associé à un meilleur sentiment de capacité au changement.
Les patients ont tendance à minimiser leur consommation d'alcool alors qu'ils déclarent
facilement leur consommation de tabac. Cela est d'autant plus important lorsqu'il s'agit de
consommateurs à risque, population davantage concernée par le déni. (19)
2 - CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE :
2.1 GENERALITES
La médecine générale est habituellement le premier contact avec le système de soins
permettant un accès ouvert et non limité aux usagers. Elle prend en compte tous les
problèmes de santé, indépendamment de l'âge, du sexe ou de toutes autres
caractéristiques de la personne concernée. Elle utilise un mode de consultation spécifique
qui construit dans la durée une relation médecin-patient basée sur une communication
appropriée. La médecine générale répond aux problèmes de santé dans leurs dimensions
physique, psychologique, sociale, culturelle et existentielle. (20)
2.2 C OMPETENCES DU MEDECIN GENERALISTE :
Les compétences du médecin généraliste ont été revues récemment par un groupe
d'experts permettant la rédaction d'un consensus. (21)
Les six compétences en médecine générale peuvent être regroupées dans le schéma
suivant, appelé « marguerite des compétences ». (22)
La compétence éducation, prévention, santé individuelle et communication a été définie
ainsi :
« capacité à accompagner « le » patient dans une démarche autonome visant à maintenir
et améliorer sa santé, prévenir les maladies, les blessures et les problèmes
psychosociaux dans le respect de son propre cheminement et donc à intégrer et à
articuler dans sa pratique l'éducation et la prévention ; c'est à dire en mettant en place des
actes destinés à diminuer l'incidence d'une maladie par des mesures individuelles de
prévention, à favoriser un dépistage précoce des maladies, et à réduire les séquelles
d'une maladie ; en développant une posture qui place le patient en position de sujet en
s'engageant dans une alliance, un partenariat en aidant le patient à construire ses
compétences [...] »
Le repérage des conduites addictives fait donc partie intégrante des compétences du
médecin généraliste.
Les médecins les plus investis dans la prévention liée aux comportements de santé sont
définis comme ceux qui abordent au moins une fois avec chaque patient la question de la
consommation d'alcool, de tabac ou de cannabis. (23)
2.3 D EROULEMENT D'UNE CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE :
La durée moyenne actuelle d'une consultation de médecine générale est de 16 minutes.
Cette durée varie en fonction de la situation et de la pathologie, des attentes des patients
et des médecins.
Elle est plus longue en cas de problèmes d’origine psychologique, de maladies
chroniques, de personnes âgées et lorsqu'il s'agit de nouveaux patients. Une enquête
américaine a montré qu'une majoration du temps de consultation de 3 minutes s'est
accompagnée d'une augmentation des dépistages et conseils de style de vie. Ce temps
de consultation importe moins pour le patient que le fait de pouvoir parler et être écouté.
(24)
En effet, on sait que le motif principal de la consultation énoncé par le patient est
généralement accompagné d'autres motifs secondaires pouvant parfois avoir une plus
grande importance que la demande initiale. Mais il reste difficile pour les médecins de
répondre aux préoccupations de leurs patients, le manque de temps et de formation en
étant les principaux obstacles. (25)
2.4 C E QU'ATTENDENT LES PATIENTS D'UNE CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE :
Dans les enquêtes de satisfaction ou les études d'opinion concernant les attentes des
patients lors d'une consultation de médecine générale, on retrouve que les princi pales
préoccupations des usagers sont des éléments de la relation médecin-patient. En effet,
l'échange d'information sur le problème de santé, sur l'histoire médicale du patient, sur le
traitement, la clarté des explications, le fait de pouvoir parler et être écouté par le médecin
constituent les principales priorités pour la majorité des usagers. La minutie de l'examen
clinique, la réalisation d'actions de prévention et d'éducation à la santé et la réponse aux
conséquences physiques du problème de santé ont également une importance élevée
dans ce qu'attendent les patients. Il en est de même dans une moindre mesure
concernant la coordination des soins attendue par la patientelle des médecins
généralistes. (26)
La notion de confidentialité, la disponibilité et l'accessibilité du médecin semblent
importants. En revanche, les actes médicaux et techniques importent peu dans la
satisfaction des usagers. (27)
Dans la relation médecin-patient, les patients attendent entre autre que le médecin
questionne ouvertement les motifs de consultation, qu'il connaisse les idées, croyances et
représentations que le malade se fait de ses problèmes de santé, qu'il l'interroge sur les
événements de vie. Le médecin doit également demander au patient s'il a d'autres
questions avant la fin de la consultation afin d'éviter les questions de « dernières
minutes » (ou le syndrome du pas-de-porte) (28,29).
D'une façon générale, les patients attendent de leur médecin généraliste :

Des compétences techniques et biomédicales (premier recours, polyvalence, bonne
tenue du dossier médical, réalisation d'examen clinique complet, capacité à faire un
bon diagnostic, prise d'avis secondaires, vision globale et préventive)

Des
compétences
dans
la relation/communication (médecin « de famille »,
réassurance, relation de confiance, partenariat, bon contact, considération du
patient comme personne, écoute des problèmes psychologiques, attention portée
aux événements de vie, absence de jugement de valeur)

Accessibilité et disponibilité
2.5 PARTICULARITES DE LA PREVENTION ET DE L'EDUCATION DU PATIENT
Le concept de consultation de prévention en médecine générale est dans la loi de Santé
Publique du 9 août 2004. Pourtant, cette démarche de prévention est encore insuffisante.
Les médecins concernés mettent en avant le manque de temps, l'absence de
rémunération adaptée et le déficit de formation des médecins. Il est également difficile
d'avoir une vision correcte de ce que représente la prévention et l'éducation du patient
dans une consultation de médecine générale tant sa définition est large et les activités de
prévention prises en compte diffèrent selon les études.
La majorité des médecins estiment que les patients sont demandeurs d'information. Les
généralistes se sentent plutôt efficaces en matière de prévention en ce qui concerne le
suivi vaccinal, le suivi gynécologique, la prise en charge des personnes âgées (dans plus
de 75% des cas pour chaque item). L'efficacité dans la prise en charge des modes de vie
est retenue dans une moindre mesure et seul un médecin sur deux se sent efficace en ce
qui concerne les addictions (un sur deux pour le tabac, 1/3 pour l'alcool et 1/5 pour les
drogues). Environ 30% de l'activité du médecin généraliste est dédié à la prévention.
Cependant, l'efficacité objective perçue par les patients est beaucoup plus pessimiste que
le point de vue des médecins. Il y a donc un réel travail à réaliser pour optimiser la
prévention par les généralistes. (30)
Le modèle de l'entretien motivationnel, développé par Miller et Rollnick, dont l'effi cacité a
été largement démontrée, permet d'amener un patient à changer de comportement (qu'il
s'agisse de consommation d'alcool ou de tabac mais aussi de perte de poids, de
changement de régime alimentaire,...). L'utilisation de ce concept par les médecins
généralistes amènerait probablement à une meilleure efficacité de leurs actions de
préventions, dans la prise en charge des maladies chroniques et de leurs facteurs de
risques.
Ce modèle implique écoute, empathie et établissement d'une relation de partenariat entre
le médecin et son patient. Ce dernier devient l'acteur principal dans sa prise en charge, le
médecin l'accompagnant et le conseillant. (23,31)
3 - LE REPERAGE PRECOCE :
3.1 GENERALITES
Comme vu plus haut, la consommation de substances psychoactives peut avoir des
dommages évitables importants pouvant aller jusqu'à la mort. Il est donc nécessaire de
repérer les usagers à risque avant l'arrivée de ces dommages. Il en est de même pour les
addictions comportementales bien quelles soient plus difficiles à appréhender en matière
de repérage.
Le repérage précoce doit s'adresser à tous les patients, de façon systématique une fois
par an. (32)
De nombreux outils ont été proposés puis validés pour le repérage des consommations de
substances psychoactives. Nous nous intéresserons à ceux qui permettent de distinguer
les usages simples des usages nocifs et de la dépendance, même s'il est important de
retenir que la pathologie addictive est un continuum pouvant aller du normal au
pathologique et que les limites pour définir ces usages sont floues.
3.2 OUTILS POUR LE REPERAGE DES SUBSTANCES PSYCHOACTIVES : (33–35)
D'une façon générale, l'usage nocif de toute substance peut être repéré par la recherche
de consommation déclarée. Le médecin interroge alors son patient sur : consomme-t-il
telle substance ? Si oui, quand, comment et en quelles quantités ? Il peut ensuite
approfondir le repérage par des questionnaires plus élaborés spécifiques de la substance.
(36)
3.2.1 LE TABAC :
Concernant le tabac, deux outils ont été validés : le Test de Fagerström, un auto
questionnaire de 6 items qui évalue la gravité de la dépendance (37) et le Short Test
tabac, test court de deux questions validé en France pour une évaluation plus rapide de la
consommation tabagique. Le premier fait partie des tests les plus utilisés par les médecins
généralistes car plus connu de par son ancienneté (1991) et sa présence dans les
recommandations concernant l'aide à l'arrêt du tabac dès 1998.
Les test biologiques (dosage du CO expiré et dosage des métabolites de la cotinine) ne
sont pas utilisés ni recommandés en pratique de médecine de ville. (38)
3.2.2 L'ALCOOL :
Le repérage en matière de consommation de boissons alcoolisées a fait l'objet de
nombreuses études.
Au niveau international, le DETA-CAGE a été validé mais c'est un auto questionnaire
difficile à pratiquer dans le contexte français. En effet, il s'est montré décevant pour le
repérage des consommateurs excessifs ne repérant que les usagers les plus dépendants.
Le test AUDIT (Alcohol Use Disorders Test), auto questionnaire de 10 items développé
spécifiquement pour le repérage précoce et classant les usagers en trois groupes, a fait
ses preuves au niveau international et en France. Il a été créé par le groupe de travail de
l'OMS et est le plus efficace (39). Il existe dans une forme courte appelée AUDIT-C
[Annexe 4] (40). Toutefois, sa faisabilité en consultation de routine en médecine générale
en France n'est pas satisfaisante du fait de la difficulté à s'assurer de la distribution d'un
auto questionnaire en parallèle des consultations du médecin généraliste. Ainsi, un outil
plus court, a été validé : l’hétéro questionnaire FACE (Formule pour Apprécier la
Consommation par Entretien), issu du programme « Boire moins c'est mieux ». Il comporte
5 questions dont deux évaluent la modalité de consommation et trois autres le
retentissement des consommations. Ce test semble le plus adapté pour la pratique en
médecine générale en France [Annexe 5] (41).
Les tests biologiques tels que le VGM et les GammaGT d’utilisation courante n'ont pas
une bonne sensibilité pour le repérage des usages nocifs d'alcool. Le dosage de la CDT,
moins utilisé car coûteux, est pertinent s'il est associé aux dosages précédents pour
dépister les usagers nocifs avec alcoolisations excessives épisodiques. Cependant son
intérêt est plus marqué pour le suivi des consommateurs excessifs puisqu'il repère les
alcoolisations récentes des trois dernières semaines (42).
3.2.3 LE CANNABIS :
L' autoquestionnaire CAST (Cannabis Abuse Screening Test) qui comporte 6 items a été
développé par l'OFDT et validé en population générale. C'est le plus utilisé en Europe
auprès des jeunes mais il surestime les prévalences des usages à risque sévère ou de
dépendance dans la plupart les études. (43)
L'ALAC, questionnaire spécifique du cannabis comporte 11 items et est destiné aux
jeunes. Le DETC (Diminuer, Entourage, Trop, Cannabis), traduction française du CAGE
cannabis évalue en 4 items une consommation nocive de cannabis pour les adultes et les
adolescents [Annexe 6] (44,45)
3.2.4 TOUTES SUBSTANCES PSYCHOACTIVES :
ADOPSA (ADOlescents et Substances Psycho-Actives ou Auto/moto, Détente, Oubli,
Seul, Problèmes, Amis/famille), destiné aux adolescents et jeunes adultes permet le
repérage d'un usage nocif d'alcool ou de drogues illicites [Annexe 7]. Il est la traduction
française du CRAFFT (Car Relax Alone Forget Family or Friend Trouble) et comporte 6
items. (46)
Le DEPADO et le POSIT sont des questionnaires plus longs pour l’évaluation de la
consommation d'alcool et de drogues chez les adolescents (44).
Le questionnaire ASSIST, développé par l'Organisation Mondiale de la Santé a été validé
en français pour le repérage de l'usage de substances psychoactives (objectivation et
quantification des consommations) [Annexe 8] (47). Il propose en fonction du score obtenu
la suite de la prise en charge la plus adaptée (pas d'intervention, intervention brève,
traitement plus intensif). Cet auto questionnaire a été validé en médecine générale dans la
population générale, y compris pour le sujet âgé. C'est un bon outil de prévention puisqu'il
permet le dépistage complet de l'usage de substances psychoactives, y compris des
médicaments. Cependant, ce test long dure de 4 à 15 minutes selon les consommations.
Un test court appelé ASSIST lite a été récemment validé en anglais pour la pratique en
médecine générale (48).
3.3 LE REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES EN MEDECINE GENERALE :
Moins de la moitié des médecins généralistes recherchent une consommation de tabac ou
d’alcool de façon systématique lors de la consultation.
Et pourtant, 30,7% des consultants fument et 18% ont une consommation d’alcool
problématique.
En 2009, 34% des médecins généralistes déclarent utiliser des questionnaires pour le
repérage de la consommation de tabac. Cette proportion a nettement augmenté depuis
2003 (6,3%), dans le même temps que la mise en place des plans cancer.
En revanche, l’utilisation de questionnaires pour le repérage des consommations d’alcool
et de cannabis est moindre (respectivement 12,9% et 2% des médecins généralistes)
même si l’on note une amélioration de cette pratique depuis 2003 (2% pour l’alcool en
2003).
Les outils proposés depuis déjà de nombreuses années sont encore peu utilisés par les
médecins généralistes. Les femmes médecin ont tendance à faire un repérage plus
systématique que les hommes et le fait d’appartenir à un réseau est également en cette
faveur.
Concernant le tabac, la question des consommations est abordée facilement de manière
systématique
alors
que
les médecins généralistes décrivent un repérage
plutôt
opportuniste pour les consommations d’alcool et de cannabis.
Le repérage des autres substances psychoactives par les médecins généralistes n’a pas
été évalué à ce jour (23,49,50).
4 - INTERVENTION BREVE :
4.1 GENERALITES :
Le repérage précoce des conduites addictives n'a d'intérêt que s'il est couplé à une
intervention du médecin, en vue d'une modification du comportement repéré à risque ou
pouvant le devenir s'il est poursuivi tel quel (ex : tabagisme actif quel qu'il soit,
alcoolisations au delà des seuils OMS, consommation de drogues quelles qu'elles soient).
L'intervention brève est une méthode qui a été développée depuis le début des années 80
pour la problématique alcool et dont la mise en place pour une utilisation en routine par les
médecins généralistes est encore difficile.
Nous allons exposer les recommandations françaises pour la médecine générale destinée
aux buveurs excessifs. L'intervention brève est cependant extrapolable pour les usagers
d'autres substances et même d'une façon plus générale pour les comportements
problématiques modifiables. En effet, il s'agit avant tout de principes de communication et
de relation avec le patient en vue de modifier un comportement en respectant ses
motivations intrinsèques et son statut d'expert de sa propre vie. (51,52)
4.2 LES RECOMMANDATIONS FRANÇAISES :
L'intervention brève est destinée aux consommateurs excessifs d'alcool, c'est à dire
dépassant les seuils de consommation OMS (20g par jour pour les femmes et 30g par jour
pour les hommes) et/ou ayant des symptômes ou dommages liés à leur consommation
(ou voir encore les définitions d'usage à risque et usage nocif décrits plus hauts). Les
alcoolodépendants ne sont pas concernés par ce type de prise en charge qui doit être plus
complète même si l'on peut aussi s'en inspirer. (41)
Les objectifs sont :

La réduction des consommations en deçà des seuils OMS

La disparition de symptômes secondaires aux consommations
Elle doit être réalisée en consultation de routine, au décours de chaque repérage précoce
pendant une séance au moins. L'intervention brève peut faire l'objet d'une proposition de
consultation ultérieure lui étant spécifiquement dédiée.
Elle est modulable : sa durée est variable, de 5-10min à une heure ainsi que le nombre de
séances, allant de 1 à 5.
L'intervention brève est développée à partir des approches motivationnelle et cognitivocomportementale, pouvant aller du conseil minimal à une démarche plus complète de
relation d'aide comportementale. (41,53,54)
L'acronyme « FRAMES » en résume les principes : (55)

Feedback ou Restitution : L'information relative à la fréquence et à la quantité
d'alcool consommé (issue du repérage) est restituée au patient

Responsability
ou
Responsabilité :
La
responsabilité
du
changement
de
comportement appartient exclusivement au patient et non au médecin

Advice ou Conseil : Un conseil précis sur la réduction de la consommation est
clairement donné au patient

Menu ou Choix d'options : Les différentes options relatives à la quantité, au délai et
au rythme de la consommation d'alcool sont présentées au patient

Empathy ou Empathie : Le médecin fait preuve d'empathie, évite les jugements de
valeur et la condescendance

Self-efficacity ou Sentiment d'efficacité personnelle : Le thérapeute valorise les
efforts et les acquis du patient et renforce la confiance en sa capacité au
changement
Le programme national « Boire moins c'est mieux » a proposé une check-list de neufs
items pour faciliter une intervention brève courte (de 5 à 10 minutes) destinée à la
consultation de routine en médecine générale [Annexe 9] (41).
Des campagnes d'information et de formation régionales destinées aux médecins
généralistes ont été développées et ont permis une nette progression de son utilisation
chez les médecins formés. Cependant les résultats restent encore décevants, le nombre
de médecins entrant dans ces programmes de formation étant encore insuffisant. Sa
promotion à grande échelle en pratique de routine fait encore l'objet de publications et de
réflexion tant elle est complexe. Cette complexité est liée au manque d'intervention
médiatique de masse (qui existe pourtant depuis le milieu des années 2000) visant à
modifier les représentations aussi bien du grand public que des professionnels. Alors que
les
interventions
concernant
le
tabac
se
sont
faites
dans
une
stratégie
de
« dénormalisation » de la cigarette, les actions médias concernant l'alcool ne ciblent que
les consommateurs excessifs. Cette complexité est aussi du fait d’autres obstacles que
nous détaillerons ci-après (16,56–59).
4.3 INTERET ET EFFICACITE :
Il existe de nombreuses études aussi bien à l'échelle locale qu'à grande échelle
internationale (méta-analyses) concernant l'intervention brève chez les buveurs excessifs.
Elles ont permis d'en évaluer les modalités, la faisabilité, le coût, la validité et l'efficacité.
Les divergences méthodologiques rendent difficiles les évaluations à grande échelle qui
sont souvent décrites comme étant non cliniquement représentatives. En effet, il n'y a pas
d'uniformité des études d'analyse, avec : des difficultés d’appréciation du critère de
jugement principal (réduction de la consommation exprimée en verres ? Grammes?
pourcentage ?), un nombre souvent important de perdus de vue, un groupe « témoin »
bénéficiant souvent d'une réduction de consommation par le simple fait du repérage dans
les essais randomisés (60).
Il a été démontré que le RPIB est efficace pour la réduction de consommation des
consommateurs
excessifs
d'alcool,
en
revanche,
elle
ne
l'est
pas
pour
les
alcoolodépendants (60,61).
Pour exemple, la méta-analyse de Kaner et al. trouve une réduction de 38g
d'alcool/semaine. Les résultats y sont cependant non significatifs pour les femmes (trop
peu d'études limitant l'obtention d'une significativité) alors qu'ils le sont pour les hommes.
La durée médiane d'une intervention brève était de 25 minutes et le nombre de sessions
de 2 à 7. (62)
Il semble que ce n'est pas la durée des sessions qui importe mais plutôt la répétition de
celles-ci.
L'impact de l'intervention brève chez les buveurs excessifs a été analysée à un an et
semble efficace. Certaines études montrent même des bénéfices jusqu'à 4 ans après
l'intervention. (63)
Les différentes populations susceptibles de bénéficier d'un repérage précoce et d'une
intervention brève ont été étudiées. En ce qui concerne les femmes enceintes, une étude
américaine a montré une meilleure efficacité en cas de répétition des interventions plutôt
qu'une seule session même à un stade précoce. (64)
Le RPIB semble réduire les dommages induits par les consommations excessives
d'alcool. (62) Cependant, il n'y a pas d'étude validant son intérêt à l'échelle de la santé
publique en Europe. L'utilisation en routine par les généralistes encore trop faible ne
permet pas un effectif assez conséquent pour mener à de telles conclusions. En effet,
même en Suède et en Finlande où la promotion du RPIB a été la plus importante en
Europe, on observe au mieux que la moitié des buveurs excessifs dépistés ont bénéficié
d'une intervention brève. (65)
Pour que le RPIB ait un impact à l'échelle de la santé publique en Europe, il faudrait réunir
4 éléments importants :

Les soignants doivent repérer tous les buveurs excessifs (donc repérage
systématique) et réaliser une intervention brève auprès de la majorité d'entre
eux.

Le RPIB doit réduire les consommations à un seuil inférieur aux risques OMS

La réduction doit être effective sur une longue durée (dans les études : 1 à 4
ans maximum)

La réponse du RPIB qui est la réduction de consommation doit être corrélée à
une réduction des dommages liés à cette consommation.
Deux éléments sont à ce jour réunis : la réduction des risques à un seuil inférieur aux
seuils OMS et la réduction des dommages. La promotion du RPIB doit se poursuivre afin
de sensibiliser l'ensemble des professionnels de santé concernés.
5 - OBSTACLES AU RPIB EN MEDECINE GENERALE
Les médecins généralistes ont été interrogés à plusieurs reprises afin de mieux
comprendre ce qui pouvait gêner le repérage des conduites addictives (1,66–68).
Le recueil de leur point de vue a permis de repérer les obstacles suivants :

Manque de formation et de légitimité

Manque de temps

Malaise ressenti à l'abord de la question d'abus de substance

Représentations péjoratives de la problématique addictive et de l'approche
préventive

Déni/Résistance du patient

Sentiment d'inefficacité

Sentiment d'incompétence

Sentiment d'intrusion

Peur du conflit

Absence de rémunération spécifique pour ces actes de prévention

Peur de perdre de la patientelle si trop de patients consommateurs en salle
d'attente
Finalement, un renforcement de la formation des médecins pourrait permettre de lever les
obstacles relevant des compétences dans le domaine, ils permettraient également de
modifier les représentations péjoratives des pathologies addictives. Les médecins
pourraient aborder avec plus d'aisance la problématique de consommation de substances
s'ils apprenaient à travailler avec la résistance et le déni du patient, s'ils comprenaient
l'importance de leur rôle dans la prévention des dommages liés aux abus de substances.
Le manque de temps n'est pas un critère objectif mais plutôt lié à une crainte des
médecins et à leur manque de formation, les tests de dépistages ayant été développés
justement pour leur faisabilité en consultation de routine.
Le médecin généraliste a souvent les mêmes représentations que la population générale
en matière d'addictions. Ces représentations du médecin sont probablement liées à un
manque d'information, de formation et aux difficultés pouvant être en lien avec leurs
propres consommations.
L'héritage de notre société dans laquelle le médecin est respectable voire notable induit
une difficulté supplémentaire chez ceux pour lesquels il existe une consommation dans la
sphère privée. Cela questionne la légitimité à parler d'un comportement déviant dans ces
conditions.
La toxicité du tabac est bien acceptée par la population générale et par le milieu médical.
La médiatisation destinée au grand public, les lois de santé public, les plans cancers..., ont
favorisé la modification des perceptions sur la consommation de tabac depuis environ une
dizaine d'années.
Le sentiment d'incompétence et d'inefficacité du médecin fait appel à ce qu'il recherche
dans son exercice de la médecine. Il est souvent dans l'attente d'obtenir
résultats et
efficacité. Dans le domaine de l'addictologie, il devrait accepter l’absence de résultat
immédiat, la possibilité de rechute, l'importance de soigner plutôt que de guérir. Il devrait
accepter la nécessité d'accompagner son patient vers la guérison en le rendant acteur de
ses soins, en lui faisant confiance dans sa capacité au changement, et ce, sur une durée
indéterminée.
Le sentiment d'intrusion, la crainte du conflit peuvent être apaisés si l'on se penche sur ce
que veulent les patients en matière de repérage des conduites addictives. Les craintes du
médecin sont-elles justifiées ? Les patients sont-ils réticents à l'abord de la problématique
addictive ?
C'est ce que nous nous efforcerons d'éclaircir par notre travail en interrogeant les patients
sur leur vécu lors de l'abord de ces questions avec leur généraliste.
MATERIEL ET METHODE
1 - OBJECTIFS DE L’ETUDE :
Aux vues de notre avant propos, nous constatons que les médecins généralistes
expriment un frein important au repérage des conduites addictives en routine. Ils ont été
souvent interrogés sur leurs pratiques et des recommandations de « bonnes pratiques »
ont été mises en œuvre. Cependant, le point de vue des patients concernant ces
questions et la manière dont leur médecin peut les aborder avec eux n’a pas été évalué.
Notre objectif principal était de définir les perceptions que peuvent avoir les patients issus
de la population générale quand leur médecin généraliste aborde avec eux la question des
conduites addictives (qu’ils en souffrent ou non).
2 - TYPE DE L’ETUDE :
Nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens semi-dirigés individuels de
patients, méthode qui semblait la plus adaptée pour recueillir sans idée préconçue leur
point de vue (69,70).
3 - POPULATION DE L’ETUDE :
Nous avons recruté 10 patients dont huit ont été recrutés dans les salles d’attente d’un
cabinet médical de groupe en Vendée en milieu semi-rural. Ces huit patients ont été
recrutés parmi la patientelle de quatre médecins différents au cours de deux demi journées.
Le recrutement en salle d'attente s’est déroulé sous la forme d'un échange avec les
patients présents. Nous leur avons présenté succinctement notre travail. Le sujet sur
lequel portaient les entretiens était présenté comme suit : « nous souhaitons nous
entretenir avec vous pour connaître votre point de vue sur la manière dont votre médecin
généraliste aborde avec vous certaines questions de santé ». Le mot addictions ou
dérivés n’était alors pas utilisé afin de ne pas influencer la participation des patients
présents en salle d'attente. Cela a permis également de ne pas influencer l'entretien par
une possible réflexion préalable, celui-ci se déroulant le plus souvent à distance du
recrutement.
Deux autres patients ont été recrutés en Loire Atlantique, en milieu urbain. Ils avaient deux
médecins différents. L'un était recruté par une connaissance du chercheur pour l'entretien
test, tandis que l'autre avait été recruté par l'intermédiaire d'un médecin addictologue.
Les critères d'exclusion étaient : âge inférieur à 18 ans, troubles cognitifs sévères, troubles
d'élocution ou de compréhension pouvant limiter la réalisation d'un entretien (perceptibles
par le chercheur ou définis par le médecin traitant lors du recrutement)
Les patients étaient inclus à mesure de façon à obtenir une population hétérogène dont la
tranche d'âge était étendue et se rapprochant de l'équilibre homme/femme.
Les entretiens ont été réalisés jusqu’à obtention de saturation des données, leur nombre
n'était donc pas prédéfini.
Afin d'avoir une idée des caractéristiques de la population interrogée, nous avons recueilli
en début d'entretien l'âge et la profession des sujets. En fin d'entretien nous les avons
brièvement interrogé sur leurs consommations et leurs addictions comportementales
éventuelles.
4 - ENTRETIENS SEMI-DIRIGES :
Les entretiens ont été réalisés au domicile des patients pour sept d'entre eux. Les trois
autres se sont déroulés au cabinet médical vendéen.
Un guide d'entretien a été élaboré au préalable [Annexe 10]. L'analyse de l'entretien test a
permis de l'adapter puis de le valider
Les entretiens ont fait l'objet d'un enregistrement audio après l'accord des personnes
interrogées, permettant ensuite une retranscription intégrale des verbatim sans correction
des erreurs de syntaxe. Ils ont eu lieu de juin à septembre 2013.
5 - ANALYSE DES RESULTATS :
L'analyse des verbatims s'est d'abord faite d'une façon longitudinale avec création d'unités
de signification. Ces unités de signification, encore appelés « codes » ont fait l'objet d'une
analyse transversale, thématique.
En cas de doute ou de propos ambigu pour la définition des unités de signification, une
double lecture du paragraphe concerné était réalisée.
L'entretien test (N°1) a été intégré dans l'analyse puisqu'il apportait des éléments de
réponses intéressants pour l'objectif principal de notre travail.
RESULTATS
1 - CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ETUDIEE :
La population étudiée comportait 5 hommes et 5 femmes âgés de 26 à 89 ans. L'âge
médian de la population était de 41 ans.
Elle est décrite dans le Tableau 4 ci-dessous précisant leur profession et leurs conduites
addictives. Les types d'usage n'ont pas pu être précisés et ne sont donc pas détaillés sauf
déclaration d'un phénomène de dépendance par le patient.
La durée des entretiens était en moyenne de 16 minutes 28 secondes, le plus court ayant
duré 10min59sec et le plus long 24min55sec.
Tableau 4 : Caractéristiques de la population
Conduites addictives
Durée
E
Sexe
Age
Profession
1
H
28
Ingénieur
Usage alcool
17min 25s
2
F
58
Retraitée chef comptable
Usage alcool
11min 28s
3
H
89
Retraité médecin généraliste
4
F
33
Secrétaire
Antécédent TCA
17min 07s
5
H
26
Étudiant en management
Usage tabac et alcool
10min59s
6
H
65
Usage alcool
13min38s
7
F
46
déclarées
Usage alcool
Retraité agent entretien
communal
Assistante maternelle
Abstinence tabac
Usage alcool
24min55s
23min33s
Achats compulsifs
8
H
51
Installateur télécoms
Usage alcool
15min37s
9
F
36
Assistante de direction
Usage alcool
11min26s
Caissière
Dépendance alcool et tabac,
Formation info-communication
Usage cannabis
métiers du livre
Antécédent polytoxicomanie sevrée
10
F
34
18min35s
E = Entretien, H = Homme, F = Femme, TCA = Troubles du comportement alimentaire
2 - LE REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES : VECU ET PRATIQUES
2.1 LE REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES A-T-IL DEJA EU LIEU ?
2.1.1 TABAC
- La question de consommation de tabac a été abordée par un médecin généraliste pour
six patients interrogés.
E1 « Oui, sûrement je pense qu'elle m'a demandé, elle a dû me demander si je fumais, parce que, enfin, de
mémoire la seule fois où j'ai été la voir à N. c'est quand j'avais besoin de certificat donc elle m'a demandé si
je fumais, »
- Deux patients ont été interrogés sur leur consommation de tabac par leur médecin du
travail.
E9 « Le médecin du travail, oui, il pose la question heu, sur le tabac »
- Un médecin spécialiste a abordé cette question pour quatre patients. Les spécialistes
étaient un gynécologue, un anesthésiste, un cardiologue et un généticien.
E2 « Bah c'était les gynécologues qui suivaient euh il me s emble qu'ils posaient la question pour savoir si on
fume ou euh c'était pour la cigarette. »
E3 « j'avais des petits troubles coronariens, ils avaient demandé une radio, euh... coronarographie et puis
j'avais été à N. faire ça et puis en arrivant il y a eu une visite de,... je ne sais pas ce que c'était, ça devait être
un cardiologue qui s'était spécialisé là dedans avec le radiologue je suppose.Il m'a demandé si je fumais »
- Trois patients n'ont jamais été interrogés sur leur consommation de tabac par un
généraliste.
- L'un d'entre eux pense que la question n'a pas été abordée parce que son médecin
généraliste sait qu'il a arrêté de fumer
E3 « Non, Beh il sait que j'ai arrêté depuis quelques années. »
- Deux patients ne se souviennent pas si la question du tabagisme leur a déjà été posée
E8 « M : Est ce qu’il vous a déjà demandé si vous fumiez ?
P : Ben, s’il me l’a demandé, y’a très très
longtemps.
M : Est ce que vous en souvenez ? P : Non [...] Même dans ses remplaçants ou remplaçantes, heu,
non »
2.1.2 ALCOOL
- Un seul patient pense que son médecin généraliste l'a interrogé sur ses consommations
d'alcool mais il n'en est pas certain.
E6
« Oh beh on m’a demandé si j'en buvais beaucoup ou suite à des visites que je faisais quoi »
« M : C’est votre généraliste qui vous a demandé ?
P :Oui, oui j’sais pas, à moins que, que je me suis fait faire 2 ou 3 fois des «atroscopies »
M : Fibroscopie
P : Fibroscopie, oui, à moins que ce soit là qu’on m’a demandé, j’ai pas le souvenir […] Non […] C’est pas
que j’ai occulté c’est que j’men souviens pas c’est tout »
- Un médecin du travail a abordé la question de consommation d'alcool pour deux patients
interrogés
E4 « Alors la question de l’alcool n’a jamais été posée, […] elle m’a été posée par le médecin du travail »
- Un spécialiste a abordé la question de consommation d'alcool pour trois patients. Les
spécialistes étaient un anesthésiste, un psychiatre, un généticien
E7 « Quand je vais voir des spécialistes euh, là, prochainement, je passe sur la table d’opérati on, je vais voir
l’anesthésiste qui m’a demandé […] si je buvais »
- Sept patients non jamais été interrogés par leur médecin généraliste au sujet de leur
consommation d'alcool et deux n'en sont pas sûrs.
E8 « Le médecin généraliste, heu, Non, c’est pas le genre de question,non, il me semble pas non »
E4 « La question de l’alcool n’a, n’a jamais heu n'a jamais été posée »
E1 « M : Elle ne t'as pas demandé si tu buvais ? P: Non je ne crois pas, mais peut être »
E2 « Mais donc, cette question là, oui, mais l’alcool, j’suis pas sûre qu’il m’ait posé la question… […]
L’alcool, j’crois pas… »
- Un patient précise n'avoir été interrogé par aucun médecin à ce sujet et deux d’entre eux
qu'ils ne l'ont pas été par les spécialistes rencontrés.
- Un patient précise que son médecin du travail ne lui a jamais demandé s'il buvait de
l'alcool
E9 « Le médecin du travail, […] il pose la question sur le sport, sur les vaccins après, si on… heu… l’alcool,
non, et la drogue, des choses comme ça non, il n’a pas posé de questions »
2.1.3 DROGUES
- La question de consommation de drogue a été abordée pour un patient par son médecin
généraliste
- Deux patients ont été interrogés par un spécialiste au sujet de leur consommation de
drogue dont un a fait préciser l'usage de cannabis
E1 « Je sais pas j'suis pas sur à 100% mais je pense qu'il m'avait posé la question […] est c'qu'il y a
d'autres drogues en soirée euh enfin voilà »
- Cinq patients déclarent qu'aucun médecin n'a abordé la question de consommation
drogue.
E7 « Non, ça c’est une question qui ne m’a jamais été posée »
E5 « Jamais, les drogues »
- D'une façon générale, un patient déclare que son médecin généraliste n'a jamais abordé
la question de consommation de toxiques.
- Deux autres patients précisent que certains médecins généralistes (puisqu'ils en ont
changé) n'ont jamais abordé la consommation de toxique quel qu'il soit.
2.1.4 ADDICTIONS COMPORTEMENTALES
- La question des troubles du comportement alimentaire a été posée par le médecin
généraliste pour deux patientes interrogées
E4 « Pour moi, heu, au niveau de l’alimentaire, ça a déjà été discuté avec mon 1er médecin traitant […] j’ai
connu ce genre de questionnement sur heu qu’est ce que vous mangez, en quelle quantité, à quel moment,
qu’est ce que vous ressentez quand vous mangez... »
- Cinq patients déclarent n'avoir jamais été interrogés au sujet des addictions
comportementales par un soignant
E10 « Non, ni jeu, ni achat, ni nourriture, ni... »
- Trois patients n'ont pas donné cette information au cours de l'entretien
2.2 C ONTEXTE DANS LEQUEL LE REPERAGE A EU LIEU
Le recueil de la consommation de tabac a eu lieu :

Lors d'un problème de santé (asthme, toux, angor)

Lors d'une demande de certificat d'aptitude au sport

Lors de la prescription d'une contraception orale

Lors de la première consultation

Lors d'un bilan de fertilité

Lors du suivi de grossesse
E4 « il m’a demandé si je fumais puisque que je suis asthmatique »
E7 « les problèmes du tabac, si, ça, je suis sûre, il me l’a posé à plusieurs reprises, puisque quand je su is
arrivée sur M., il ne comprenait pas que je, que je tousse à ce point là et que je ne fume pas »
La question de consommation d'alcool a été abordée :

Lors d'un problème de santé (gastralgies)

Avant la réalisation d'un examen (fibroscopie)

Avant une intervention chirurgicale (bilan pré-anesthésie)

Dans le bilan d'une comorbidité psychiatrique

Lors d'un bilan de fertilité
E6 « Quand j’avais des problèmes d’estomac, régulièrement, je pense que ça devait être à cause de ça »
Les patients ont été interrogés sur leur consommation de drogue à l'occasion de :

Un bilan de fertilité

Un bilan de céphalées dans un contexte d'urgences

Une prescription médicamenteuse
E4 « Alors heu on me l’a demandé suite heu, bah à de fortes migraines, il fallait trouver un traitem ent de
fond pour les soigner et donc on m’a, on m’a demandé si j’avais déjà consommé des substances illicites »
Les troubles des conduites alimentaires ont été recherchés à l'adolescence dans un
contexte de perte de poids pour une patiente et lors d'un bilan de surpoids pour l'autre.
E4 « c’est quelque chose que j’ai, que j’ai connu en étant adolescente »
2.3 VECU POSITIF DU REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES
2.3.1 TABAC
- Certains patients n'ont pas trouvé gênant que leur médecin aborde la question de
consommation de tabac. Plusieurs ont évoqué cela précisant que leur statut de non
fumeur en était la raison. Une patiente trouve normal que cette question soit abordée
pendant la grossesse.
E6 « Non, dans la mesure où je ne fumais pas, ça ne me gênait pas »
- Une personne n'a pas été dérangée par la question dans la mesure où elle voyait son
médecin régulièrement
E4 « il me voyait heu, pratiquement tous, tous les mois, donc c’est quelque chose qui ne m’a pas dérangée »
- Une personne a vécu la question de consommation de tabac comme étant non
choquante car elle connaît bien son médecin depuis l'enfance, même si la question a été
posée d'une façon assez directe.
E4 « Et elle avait été posée également très directement mais il me connaissait depuis mon plus jeune âge,
donc heu, 6 ans pardon, et donc heu, et donc heu, ça ne m’a pas choquée, il me connaissait, il me voyait
heu, pratiquement tous, tous les mois »
- Une personne a trouvé très bien et rassurant le recueil de la consommation de tabac,
signifiant que son médecin s'inquiète pour elle. Une autre a été contente que son médecin
ne dramatise pas ses consommations.
E4 « Non parce que je, je, personnellement je l’ai pris plutôt dans le sens où il était inquiet pour moi et donc
heu heu il a préféré être heu assez direct, et j’ai trouvé ça plutôt rassurant »
E10 « comme lui, il ne dramatisait pas heu.. voilà… j’étais plutôt contente de son accueil en fait
»
2.3.2 ALCOOL
- Les questions concernant l'alcool seront toujours considérées comme étant médicales.
Cette question n'est pas dérangeante dans la mesure où c'est une question classique et
où le patient connaît les dangers de ce produit pour la santé.
E1 « Dans la mesure où je comprend, enfin en tout cas où j'ai été sensibilisé dans le fait que le tabac ça
pose un problème de santé, que l'alcool ça pose des problèmes de santé, que euh la drogue ça pose des
problèmes de santé, ça ne me dérange pas »
« Sur l'alcool on peut me poser toutes les questions qu'on veut, j'pense que j'imaginerai toujours que c'est de
la médecine »
E5 « que ce soit tabac ou alcool ça reste des questions classiques et c’est pas des choses qui me
dérangent »
- Un patient note que son médecin était très ouvert sur le sujet et qu'il n'était pas dans le
jugement, d'autant qu'il faisait partie des commissions de permis de conduire.
E10 « […] n’était pas dans le jugement d’autant qu’il fait partie d’un jury de médecins euh qui s’occupent de,
heu, de décider si on rend le permis aux personnes qui ont été arrêtées avec un taux d’alcoolémie
relativement important donc il n’est pas particulièrement… enfin, il ne juge pas du tout »
« Il a été très heu, très ouvert sur la question »
- Un médecin a encouragé son patient pour une prise en charge des consommations
d'alcool, ce qui était à la fois étonnant et rassurant.
E10 « Je suis très étonnée de la réaction du Dr D. qui ne me connaissait pas et heu quand je suis venue lui
parler de ce souci là, et de ma volonté de faire des démarches pour que ça s’arrange il a été très euh...
supportif, c'est le terme qui me venait à l’esprit mais euh.. Enfin, voilà, il m’a beaucoup encouragée, il m’a
dit que c’était bien, qu’il fallait faire..., et voilà et que….C’est très…heu… c’est très rassurant »
2.3.3 DROGUES
- Dans la mesure où l'on connaît les dangers pour la santé, la question de consommation
de drogues n'était pas dérangeante.
E1 « Dans la mesure où je comprend, enfin en tout cas où j'ai été sensibilisé dans le fait que le tabac ça
pose un problème de santé, que l'alcool ça pose des problèmes de santé, que euh la drogue ça pose de s
problèmes de santé, ça ne me dérange pas »
- La question de consommation de cannabis n'était pas gênante.
E1 « Voilà donc on m'a demandé si je buvais, si je fumais, euh si je fume du shit, heu,[…] Bah c'est un gars
qui est hyper cash donc il ma posé ça hyper direct, même en mode copain, genre : « pas d'chichon » euh
voilà … euh […] Moi ça ne me gène pas, enfin je suis assez, j'ai pas grand chose à cacher, j'assume tout ce
que je fais enfin à peu près donc euh voilà […] Moi ça ne m'a pas gêné. Moi ça ne m e, non, ça ne me gène
pas du tout qu'on me pose la question pour savoir ça. »
- D'une façon générale, la question de consommation de toxiques était non gênante et le
médecin avait été accueillant quand elle a été abordée à l'initiative du patient.
E10 « Et en même temps il m’a accueillie comme il fallait quand j’ai décidé de lui en parler, quand j'ai réalisé
qu'il y avait un souci. »
E1 « Moi ça ne m'a pas gêné. Moi ça ne me, non, ça ne me gène pas du tout qu'on me pose la question
pour savoir ça »
2.3.4 ADDICTIONS COMPORTEMENTALES
Une patiente n'a pas été gênée par la question des troubles du comportement alimentaire
puisque son médecin s'intéressait à son ressenti.
E4 « Heu Non, j’avais un médecin traitant qui était heu, très heu.. très ouvert sur les questions heu de de
ressenti de la personne. […] après, moi, je l’ai suivi donc ça s’est bien passé »
2.4 VECU NEGATIF DU REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES
2.4.1 TABAC
- Certains patients ont un vécu négatif de la question de consommation de tabac abordée
par leur médecin. L'un n'avait pas apprécié la réaction du médecin qu'il trouvait froide et
aurait préféré des explications. L'autre avait été gêné par la question.
E3 « D'une façon qui ne m'a pas plu. »
« Il m'a demandé si je fumais j'ai dit « oui, à peu près 2 cigarettes par jour ». Il m'a dit « bon, donc tabagie »
euh point final. Il y aurait eu un petit mot d'explication ça m'aurait quand même paru plus correct quoi! »
« Je suis prêt à l'admette mais euh répondre froidement comme ça pour..., j'avais pas aimé c'est tout. »
E10 « à l’époque j’étais plus jeune ça m’avait un peu gêné de lui avouer que je fumais »
2.4.2 ALCOOL
- Pour certains, c'est bizarre que le médecin interroge les consommations d'alcool.
E5 « il me l'a demandé cette année... c’était bizarre »
- Aborder les questions d'alcool rend mal à l'aise si l'on connaît bien son médecin et induit
de la honte. Ce sentiment peut amener à un changement de médecin.
E10 « ça me mettait mal à l’aise, j’avais honte »
« j’avais honte, je ne voulais pas qu’il me voit comme ça, du coup j’ai changé de médecin généraliste »
« ça me mettait très mal à l’aise de parler de ça avec lui parce qu’il me connaît bien et que moi, ça me
mettait mal à l’aise »
2.4.3 DROGUES ET ADDICTIONS COMPORTEMENTALES
Nous n'avons pas relevé de vécu négatif des questions concernant les consommations de
drogues ni les addictions comportementales parmi les gens pour qui elles ont été
abordées.
2.5 MODALITES DU REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES
- Plusieurs patients n'ont pas le souvenir de la manière dont a été abordée la question des
consommations d'alcool, de tabac et de drogues.
E2 « d'ailleurs il m'a demandé si je fumais, il m'a peut être demandé si je buvais aussi j'en sais rien moi je
sais plus parce que c'est vieux. »
E1 « c'est dur, heu non, alors comment est-ce qu'elle m'a dit »
« M : Est ce que vous vous souvenez comment on vous a posé la question? P : Euh non, à vrai dire je pense
qu'ils m'ont demandé si je fumais mais sans plus quoi »
« c'est dur à dire c'était ya plus d'un an hein mais non je ne crois pas »
E6 « Oh Oui ça remonte loin, oh oui […] Sûrement, sûrement, Je suppose, j’ai aucun souvenir »
E9 « Je ne sais même plus… Je ne sais plus »
- Toutes les questions concernant les toxiques avaient été abordées à l'initiative d'un
médecin, excepté pour une patiente qui avait pris l'initiative de parler de ses
consommations d'alcool qu'elle jugeait problématiques.
E10 « Non c’est moi qui suis allée le voir heu parce que heu, parce que je commençais à avoir une
consommation vraiment importante et... C’est un lendemain de grosse cuite, comme on appelle ça (rires),
que je me suis dit que ça va pas du tout, il faut que je, que je fasse quelque chose, donc je suis allée le voir
pour lui en parler »
- Le questionnaire pouvait être utilisé dans des circonstances particulières par des
spécialistes
E6 « J’avais eu un questionnaire à remplir une fois quand je me suis fait opérer de la prostate »
- Et les patients pouvaient être interrogés aussi bien franchement que d'une manière
détournée.
E10 « il posait des questions mais c’était, pas de façon détournée mais du genre voilà « le rythme de vie, ça
va, pas trop d’excès ? » »
E4 « est ce que vous fumez, est ce vous buvez, c’est... c’est très franc »
2.5.1 TABAC
- Pour la plupart des patients, la question du tabagisme avait été posée d'une façon
générale, assez directe, telle que : « Est-ce-que vous fumez ? ». Certains la qualifiaient
même de banale comme n'importe quelle autre question.
E5 « à chaque fois juste avant de prendre la tension : « est ce que vous fumez ? » »
E9 « s’il me l’a posée il me l’a posée assez directement : « est ce que vous fumez heu » et puis j’ai répondu
que non, ça a dû être assez direct en fait »
E8 « Oui, oui, de façon banale comme n’importe quelle question. »
- Cette question pouvait être intégrée dans un questionnaire plus général d'informations
médicales.
E4 « c'est purement technique son truc, c'était euh « bonjour monsieur, qu'est ce que vous voulez, vous
venez pour une coronarographie bon bah, vous prenez tels médicaments ? Vous les avez arrêté ou pas
arrêté ? Vous n'avez pas de traitement anticoagulant ? Vous n'avez pas de truc pour la ...» euh...[...] C'est
tout, il m'a pas ausculté il m'a pas euh non c'était juste le truc pré euh je sais pas comment ça s'appelle, pré radiologique, ou pré... Si j'étais..., je sais pas moi, allergique à l'iode ou des trucs dans ce genre là quoi ! Je
crois que... La petite feuille classique quoi. »
2.5.2 ALCOOL
- Les patients ont souvent été interrogés sur leurs consommations d'alcool assez
directement du type : « Est-ce-que vous buvez ? ».
E7 « Disons que ça a été abordé « brut de pomme ». »
« je trouve que les médecins sont pas, prennent pas de gants pour poser ces questions »
E1 « Et donc euh oui et bah « Est-ce que vous buvez ? » »
E4 « on rentre dans le bureau, heu, on nous demande qui on est, et puis c'est : […] « est ce que vous
buvez?» »
- A l'inverse, il a pu arriver que la question ait été posée d'une façon détournée.
E5 « on a toujours l’impression d’avoir une perception heu d’alcoolique ou de je ne sais pas quoi alors ils ont
détourné la question […] donc, « je pose cette question parce qu’il faut que je vous la pose mais heu ne
vous inquiétez pas il n'y a pas de... » »
- La quantification des consommations ainsi que leur fréquence a pu être demandée.
E5 « Est ce que vous consommez de l’alcool et à quelle fréquence ? [...] Il a demandé les quantités »
2.5.3 DROGUES
- Les consommations de drogues ont été amenées d'une façon directe avec utilisation du
mot « substances illicites » ou « drogues », sans précision des produits pouvant
éventuellement être consommés.
E1 « est c'qu'il y a d'autres drogues en soirée euh enfin voilà »
E4 « on m’a demandé si j’avais déjà consommé des substances illicites »
- Un médecin a demandé à son patient s'il consommait du cannabis en employant une
attitude et des mots familiers
E1 « il ma posé ça hyper direct, même en mode copain genre « pas d'chichon ?» »
« le fait qu'il par exemple qu'il ai posé la question de façon un peu on est pote, c'était un jeune, je sais pas ,il
a 33 ans, c'était un peu voilà, tu peux m'le dire, on est copain »
2.5.4 ADDICTIONS COMPORTEMENTALES
Les questions concernant les troubles du comportement alimentaire ont été formulées de
façon à faire préciser les quantités, le rythme et le ressenti de la personne.
E4 « qu’est ce que vous ressentez quand vous mangez […] « ce genre de questionnement sur heu heu
qu’est ce que vous mangez, en quelles quantités, à quel moment »
2.6 R EPONSES DES PATIENTS
- Tous les patients qui ont été interrogés au sujet de leur consommation de tabac ont
répondu à la question posée
E3 « Il m'a demandé si je fumais j'ai dit « oui, à peu près 2 cigarettes par jour ». »
E7 « Et je réponds : « non », parce que je ne fume pas, et que je n’ai jamais fumé »
E10 « Donc, je lui ai dit que oui. Je ne pouvais pas le nier.. heu (rires)… je venais de fumer ma cigarette
avant de rentrer dans son cabinet heu »
- Concernant l'alcool, un patient a pu parler ouvertement de ses consommations, ceci
étant favorisé par le fait qu'il ne connaissait pas son médecin
E10 « Euh, donc, lui, je lui en ai parlé plus ouvertement parce que, ben, il ne me connaissait pas »
- Un autre patient répond souvent avec le sourire qu'il boit sûrement trop
E1 « Sûrement trop, souvent ça c'est ma réponse parce que j'pense enfin voilà [….] Je dis ça souvent avec
un sourire »
- Concernant les drogues, une personne consommatrice a précisé ses consommations
lorsque son médecin les lui a demandées
E10 « je lui ai dit que oui… j’avais… consommé heu de la cocaïne, de la râbla [...] heu et puis des produits...
d’autres, d’autres choses mais de façon moins, moins régulière, dans des festivals. Ce genre de choses,
mais plus régulier, c’était cocaïne, heu râbla et les joints. »
2.7 PRISE EN CHARGE PROPOSEE
- Certains patients fumeurs se sont vus proposer des conseils de diminution de tabac
et des solutions d'aide au sevrage tabagique
E10 « il me disait : « essaie de faire attention si tu prends la pilule, heu, essaie de fumer le moins
possible » »
« et pareil, il m’avait dit qu’il y avait des solutions pour heu pour, pour pouvoir arrêter […] et il a dit, « t’aurais
pas dû commencer et heu, si tu veux arrêter, tu viens me voir, on essaie de trouver une solution
ensemble » »
- Le tabagisme était alors recherché en vue d'un accompagnement vers l'arrêt du tabac
E4 « pour éventuellement voir si c’était le cas, heu... de mettre en place un système donc d’arrêt de la
nicotine parce que c’était très déconseillé dans l’état où j’étais »
- Cependant il est arrivé que la consommation de tabac soit recherchée sans proposition
de modification du comportement
E3 « Oh non oh non c'est purement technique son truc »
- Concernant la consommation d'alcool problématique, le médecin a proposé la réalisation
d'un bilan sanguin puis une nouvelle consultation pour discuter des résultats et proposer
une aide extérieure
E10 « il m’a suggéré de faire des examens sanguins »
« quand je suis retournée le voir pour qu’on parle un peu ensemble du résultat du bilan il m’a suggéré
plusieurs idées pour me faire aider »
« il m’a dit, « l’alcool, c’est une des choses les plus difficiles à arrêter tout seul de sa propre volonté donc, ça
serait bien que tu te fasses aider d’une façon ou d’une autre », voilà. »
- Cependant, le patient n'avait alors pas envie d'entendre qu'il avait besoin d'aide, même si
avec le recul c'était important que cela lui soit formulé
E10 « Je savais qu’il fallait me faire aider mais j’avais pas du tout envie de l’entendre... Enfin, à la fois, il
fallait que je l’entende »
- Pour les troubles du comportement alimentaire, une patiente a bénéficié d'un suivi
régulier par son médecin généraliste
E4 « […] je te propose par exemple qu’on mette en place une sorte de régime pour que tu te sentes mieux
[…] qu’une fois par mois on se voit »
3 - LE REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES : ATTENTES DES PATIENTS :
3.1 QUEL SOIGNANT POUR ABORDER LA QUESTION DES CONDUITES ADDICTIVES ?
- Le médecin généraliste semble être le soignant à la meilleure place pour le dépistage
des conduites addictives.
En effet, c'est celui qui est consulté en premier, le plus souvent et qui connaît le mieux les
patients. Cela fait partie de son rôle de médecin de famille et il est souvent plus facile
d'aborder ces questions avec un médecin que l'on connaît. La traçabilité des informations
recueillies par le médecin généraliste dans le dossier médical est un argument
supplémentaire.
E9 « Moi, je penserais déjà au médecin généraliste parce que c’est lui qui fait partie de la famille, souvent,
on a le médecin de famille, c'est lui qu'on côtoie le plus souvent, c’est lui qui connaît mieux la vie dans
laquelle on est et qui serait plus à même… »
E4 « Pour commencer, je pense que c’est d’abord le médecin généraliste […] Oui parce que c’est lui qu’on
côtoie le plus souvent, donc c’est lui qui est sensé heu heu nous connaître le, le mieux que possible en
fonction de ce qui se passe dans son cabinet »
E2 « ça peut être un spécialiste, un spécialiste des poumons, un spécialiste... mais quand on va voir un
spécialiste c'est qu'on a un problème. […] J'pense que ça démarre quand même au généraliste. […] Parce
que c'est quand même lui qu'on voit en premier. »
E8 « C’est vraiment la 1ère personne qui a vraiment le droit de me la poser »
« Surtout si heu le dossier du médecin du travail, s’il a tendance à disparaître, heu, y’a bien quelqu’un qui
doit prendre le relais, donc, heu le seul qui est compétent, ben, c’est le médecin généraliste. »
- Cependant, tous les médecins quels qu'ils soient ont leur place dans le repérage des
conduites addictives.
E7 « Non, moi, je ne fais pas de différence entre le fait que ce soit un spécialiste ou un généraliste »
E1 « C'est bien qu'il s'y intéresse […] mon médecin du travail ça me gène pas qu'il me pose toutes ces
questions »
E6 « Dans la mesure où on va voir soit le généraliste, soit un spécialiste ç a m’paraît normal qu’ils posent les
questions »
- Les patients interrogés n'ont pas évoqué la possibilité d'intervention d'autres soignants
que des médecins.
- Concernant les addictions comportementales, il semble plus difficile que la question soit
abordée par un médecin connu du patient et elle devrait même être plutôt abordée à
l'initiative du patient qui en souffre.
E5 « un médecin annexe qui ne me connaît pas forcément, oui il pourrait la poser »
E4 «si le patient en a, en souffre vraiment, souffre vraiment de la situation, je pense que c’est à lui d’en
parler au médecin généraliste »
3.2 QUAND REPERER ?
Selon les sujets interrogés, dépister une problématique addictive a plus de sens si cela
s'inscrit dans un contexte particulier.
E5 « Et du coup ça a plus de sens, alors que c'était…, c’était, par exemple le tabac au moment du certificat,
mais du coup il y a un contexte quand même, »
E8 « si ils sont curieux de savoir par rapport à l’évolution de ma santé, heu, y’a un besoin de traitement, ou
je sais pas quoi, ils sentent que la personne, elle est un peu heu, bon… bien c’est des questions qui doivent
être posées »
Le médecin doit donc s'intéresser aux conduites addictives dans les circonstances
suivantes :
- s'il repère des signes cliniques en faveur d'une problématique addictive. En particulier
des comorbidités psychiatriques, des pathologies somatiques secondaires à un usage de
substances psychoactives ou des signes en lien direct avec la conduite addictive,
E7 « J’pense que s’il voyait un signe, heu, il m’aurait posé la question »
E9 « Oui, un contexte, ouais, peut être un contexte, un contexte où le patient se plaindrait qu’il va pas bien
ou qu’il est en dépression »
- s'il perçoit un mal-être,
E9 « C’est toujours délicat, c’est vrai, heu, après, le médecin, heu, avec ce que va dire le patient, il peut
détecter que y’a un mal être, donc, c’est à lui de poser, d’aller un peu plus loin dans la curiosité »
- lors de l'instauration d'un traitement médicamenteux pouvant favoriser les conduites
addictives ou interagir avec des substances psychoactives
E4 « Je pense qu’il y a certaines heu, enfin, je pense que c’est en fonction des prescriptions médicales qui
doivent être faites à côté »
« je pense que ça fait partie de... des questions à poser heu quand on est dans des situations où heu le
médicament à mettre en place doit être connu avec des choses pareilles comme le tabac »
E3 « Ben, ça dépend, si c’est un Park inson, par exemple, si vous donnez un médicament qui risque de
causer ça, faut bien lui en parler »
- s'il perçoit un changement dans l'état de santé du patient,
E8 « Ha, si y’a un changement de… s’il s’aperçoit d’un changement au niveau de ma santé, heu ou d’un
rythme cardiaque anormal [...] Ça doit le «tilter», il doit dire : « ha, est ce qu’il n’y a pas un changement de
vie » pour ce gars là quoi »
- lors d'une première consultation, dans le cadre de la création du dossier,
ère
E9 « En 1
consultation, plutôt […] Bah, à la rigueur, ouais, moi je dis, à une 1
ère
consultation, à la 1
ère
consultation ça serait de découvrir son patient »
- à la demande de l'entourage
E4 « Après ça peut être un membre de la famille qui demande au médecin généraliste de le faire mais c’est
très délicat »
3.3 C OMMENT ?
- La manière souhaitée pour aborder le repérage des conduites addictives est variée,
allant d'un mode simple et direct à un mode détourné.
Elle diffère selon les conduites abordées et les patients interrogés.
E8 « Oui, pourquoi vouloir tourner autour du pot pour des, euh quelque chose de simple, voilà »
E5 « Je pense que ça se ressent assez vite et si on sent que la personne est un peu réservée euh qui n'ose
pas trop heu dialoguer sur ce genre de chose, peut être qu'il faudrait mettre la forme si on est obligé de
poser la question »
E1 « Pour moi il faut que ça soit des questions que je comprenne […] auquel je pourrais répondre et que je
n'ai pas l'impression que ce soit des questions détournées, qu'on veut avoir une autre info que celle qu'on
me demande. J'ai pas d'idée de façon de poser la question mais euh « est-ce que vous allez beaucoup en
soirée ? », ça ne m'intéresse pas comme question. Je sais que le médecin c'est pas ça qu'il veut savoir,
enfin je crois pas. »
- Certains patients attendent une forme particulière pour aborder la consommation de
toxiques. La question devrait être adaptée selon le patient et sa génération. Un patient
souhaiterait que la question soit argumentée. Interroger sur le mode de vie du patient
pourrait être suffisant.
E5 « si j’me mets à la place d’un médecin c’est... ; tout dépend en fait de la personne, je pense, qu’on a en
face »
E3 « Non. Cette espèce de façon d'aller à la pêche aux renseignements euh... Je préférerais que ça soit un
petit peu argumenté quoi. »
E2 « On m'a dit que j'étais diplomate dans mon métier donc c'est ça bah oui ça revient a vous poser les
questions de cette manière là. […] Avec euh des rondeurs quand même. »
- Intégrer les questions concernant les conduites addictives dans un questionnaire est
suggéré par plusieurs patients
- Une patiente estime qu'il est important d'englober les conduites addictives d'une manière
générale, l'utilisation du mot « addiction » lui semblant approprié.
E10 « moi j’imagine que s’il me posait la question comme : « est ce que vous avez un problème d’addiction
quelque soit le produit » enfin d’ailleurs ça peut être aussi un problème par rapport à l’alimentation, aux jeux
enfin, y’a plein…aux dépenses.. enfin je pense que… Oui avec le terme d’addiction voilà en pensant bien à
ouvrir le champs des addictions justement »
3.3.1 ALCOOL
- On peut tout de même noter que la majorité des personnes interrogées attendent que la
question des consommations d'alcool soit posée simplement de façon directe en utilisant
le mot alcool ou boire.
E9 « Non, moi, que ce soit direct je préfère autant »
E1 « Si il veut savoir combien je bois d'alcool, bah il me demande.»
- Puis, faire préciser les quantités d'alcool consommées est important, permettant
d'amener la question d'une façon moins brutale
E2 « Pas braquer je veux dire euh « vous fumez? », « vous buvez ? » vous euh quelques fois euh essayer
de quantifier quoi euh avec la personne, enfin je sais pas »
E1 « Il devrait poser la question « est ce que vous buvez beaucoup ?» enfin voilà enfin ouais combien euh
ouais « est ce que vous buvez beaucoup? » et ensuite faire préciser combien.”
E4 « est ce que vous consommez, heu peut être pas est ce que vous buvez, est ce que vous consommez
heu je ne sais pas heu plus de 2 verres d’alcool par jour »
3.3.2 TABAC
Concernant le tabac, une forme directe est attendue, associée à des explications qui
semblent nécessaires et intéressantes. Les quantités peuvent être précisées.
E3 « Ce qui m'a frappé c'est le coup des cigarettes que je trouvais que ça méritais un minimum
d'explications c'est tout. »
« Bah j'avais pris le mal de lui dire la consommation que j'avais : deux cigarettes par jour, je pense que ça
méritait un minimum. Si je l'avais dit c'est parce que je pensais que ça voulait dire quelque chose donc euh
ça aurait été suivi d'un petit mot explicatif... »
3.3.3 DROGUES
La manière d'aborder la question de consommation de drogue est plus partagée que pour
les autres produits.
- Certains n'attendent pas de forme particulière et préfèrent une question banale, pouvant
utiliser le mot « drogues » ou « stupéfiants »
E1 « Et Pour les drogues je pense que c'est pareil. Après peut être que par des moyens détournés on a plus
d'infos mais moi dans ma perception je préfère qu'on me pose la question cash. »
« alors que euh il aurait suffit de dire par exemple vous fumez de la drogue ? »
E5 « enfin après c'est moi je ne suis pas susceptible ou quoi et euh donc je pense pas, j’ai pas besoin qu’on
mette la forme pour me poser ce genre de question »
« Ben si je suis, si je suis consommateur de stupéfiants ou ce genre de choses quoi »
E8 « Tout banalement, heu : « est ce que vous consommez du hein euh, de la drogue, telle drogue ? »,
n’importe »
- D'autres pensent qu'il est utile de faire préciser les quantités consommées
E4 « Je pense que comme c’est pareil c’est une question de dosage avec l’alcool heu, ya des gens qui se
disent ho ben, un joint comme ça par ci par là, c’est pas choquant enfin, c’est c’est pas dérangeant donc je
pense que, qu’il y a peut être cette histoire de dose »
- Enfin, de la délicatesse serait bienvenue pour une patiente.
E9 « la drogue pour l’aborder il faudrait peut être un… bon…une délicatesse supplémentaire pour l’aborder »
- Un patient se demande si aborder la question d'une façon détournée permettrait d'obtenir
plus d'informations
3.3.4 ADDICTIONS COMPORTEMENTALES
- Une patiente propose que l'addiction aux jeux vidéo soit abordée de façon directe
E4 « si c’est une question « est ce que vous ou quelqu’un de votre entourage souffre, souffre d’une addiction
aux jeux ?» »
- Une autre propose l'intégration de cette notion dans un questionnaire
E9 « à la 1ère consultation ça serait de découvrir son patient, il aurait quelque part une grille ou un dossier
avec des questions »
3.4 D ANS QUEL BUT ?
- Aborder les questions de consommation d'alcool peuvent aider les patients en difficulté à
en parler et peut permettre au médecin de savoir si un traitement est nécessaire ou non.
E7 « j’pense même que c’est un sujet qui devrait être abordé parce que ya peut être des personnes qui ont
du mal à aborder le sujet et que si le, le médecin en parlait, ça pourrait peut être les aider »
E8 « Ça doit les aider à savoir si y’a un traitement ou pas. Je l’imagine comme ça »
- Certains pensent que la consommation de toxiques doit être recherchée pour éviter que
le médecin passe à côté de quelque chose.
E8 « Faut pas qu'il s’embarrasse, sinon, heu, il va peut être passer à côté de quelque chose »
- Un autre pense que le médecin doit se faire une idée du comportement du patient et de
la perception qu'il a de son propre comportement
E1 « Alors,je pense Il y a deux niveaux, je pense que voilà le médecin a intérêt à juger mon comportement
réel et ma perception de mon comportement, enfin j'imagine, en tout cas et donc pour moi il a intérêt à me
poser la question. »
- Le médecin pourrait apprendre à connaître son patient en l'interrogeant sur les conduites
addictives
E9 « Ça m’aurait plu, voilà, qu’il, qu’il me connaisse un peu plus.. »
« C’est toujours délicat, c’est vrai, heu, après, le médecin, heu, avec ce que va dire le patient, il peut détecter
que y’a un mal être, donc, c’est à lui de poser, d’aller un peu plus loin dans la curiosité »
3.5 LE PATIENT POURRAIT-IL REPONDRE ?
- Globalement, si un médecin abordait la question des conduites addictives, les patients
répondraient aux questions posées.
E5 « si cette question il est nécessaire de la poser, et il a besoin de la poser j’y réponds sans problème
quoi »
E2 « Non mais si on me la pose euh je répondrais hein. C'est pas... »
E1 « Pour moi ça change rien,c'est à dire que moi je répondrais à la question qu'on me pose. »
- Des difficultés à préciser les quantités d'alcool consommées sont notées.
E1 « si on me pose une question en verres mais alors moi je trouve que c'est une question très très difficile à
répondre »
- La question concernant les addictions fait appel aux propres perceptions du patient et la
réponse peut être minimisée en cas de déni.
E1 « je ne pense pas du tout être dans les limites de l'alcoolisme là ou d'autres gens pourraient à l'inverse
dire « oh non je bois pas beaucoup » et en fait quand tu creuses t u te rends compte qu'ils boivent matin, midi
et soir »
E10 « Mais pendant toute une période, moi j'aurais dit « non, enfin je bois un coup de temps en temps »
mais euh voilà »
- Il peut être difficile pour le médecin d'obtenir une réponse réelle
E1 « j'pense que c'est difficile à poser comme question. Je ne sais pas exactement ce qu'ils arrivent à tirer
comme infos, réelles. »
E2 « Ouai, maintenant est ce qu'ils répondraient franchement ça c'est autre chose. »
- Il est cependant préférable d'être sincère
E4 « je pense qu’il vaut mieux être sincère avec le médecin et qu’il nous pose la question, après, c’est à
nous, si on n'est pas très sincère c'est de notre faute »
- Le secret médical, la compétence et le calme du médecin aident à répondre à ces
questions
E1 « C'est parce que je crois au secret médical. Donc du coup euh... et je crois en sa compétence. Donc
j'imagine que ces questions là ne sont pas enfin qu'il va en faire quelque chose. »
- Concernant le jeu pathologique, un patient pense que cela ne concerne pas son
médecin, il pourrait ne pas répondre en ce sens.
E6 « Maintenant, si j’étais joueur, peut être que je me dirais ça ne le regarde pas »
3.6 PERCEPTIONS GENERALES CONCERNANT LE REPERAGE
3.6.1 UNE PERCEPTION POSITIVE
- La perception globale du repérage des conduites addictives quel que soit l'objet
d'addiction est qu'il n'est ni gênant ni choquant.
E2 « Non et puis je vous dis, enfin dans l’absolu, ça ne me gênerait pas qu’il me demande des trucs
concernant des drogues quelconques, le jeu ou des trucs comme ça, non »
E10 « moi ça ne me choquerait pas qu’on me pose la question »
« Ben comme j’y suis pas sujette ça me choque pas »
E5 « enfin ça ne me choquerait pas quoi, non d'un médecin ça ne me choquerait pas. »
E8 « moi, personnellement, ça n’me gène pas »
E9 « Oui, oui au contraire, c’est plus clair, ouais, ça m’dérange pas »
E1 « Dans la mesure où je comprend, enfin en tout cas où j'ai été sensibilisé dans le fait que le tabac ça
pose un problème de santé, que l'alcool ça pose des problèmes de santé, que euh la drogue ça pose des
problèmes de santé, ça ne me dérange pas »
- Ce point de vu est d'autant plus partagé par les patients non concernés par la
problématique abordée.
E6 « Dans la mesure où je ne me sens pas concerné ça ne me gêne pas qu’il me pose la question »
E4 « Non. Personnellement, ça ne me gène pas parce que je ne me sens pas concernée. [...] c’est pas, je
ne me sens pas dérangée par la question, parce que je ne me fais pas ce reproche là »
- Ce ne sont pas des questions déplacées d'autant qu'elles font partie du rôle du médecin.
E6 « Dans la mesure où ils font leur boulot je ne trouve pas leurs questions déplacées »
- lls ne prendraient pas mal qu'un médecin les interroge à ce sujet
E8 « Je ne le prendrais pas mal, de la part d’un médecin, non, non »
E7 « Ben, s’il me posait la question sans aucun, sans aucune… heu…. Il peut me la poser, moi, ça ne me
posera pas de problème de toute façon. Non »
- Certains pensent même que ça leur aurait plu que leur médecin aborde la question des
conduites addictives
E9 « Ça m’aurait plu, voilà, qu’il, qu’il me connaisse un peu plus.. »
Une patiente aurait été soulagée que son médecin aborde la question des addictions
comportementales
E4 « je pense que ça m’aurait soulagé d’avoir quelqu’un qui, qui ose poser la question, qui ose poser la
question pour que je puisse dire oui, effectivement ya un souci »
- Un patient précise qu'il a conscience que les questions de consommation de toxiques ne
sont ni du voyeurisme, ni du flicage
E1 « J'pense que j'ai l'éducation qui va bien pour comprendre que c'est pas du voyeurisme de la euh du
flicage du machin »
3.6.2 UNE PERCEPTION NEGATIVE
- Certaines questions concernant les conduites addictives peuvent être délicates, surtout
si elles concernent les drogues ou les addictions comportementales
E5 « je ne suis pas, comme je vous le disais, susceptible ou quoi ; donc je prend bien les choses mais peut
être que pour d'autres personnes oui ça serait euh plus délicat. »
E4 « Après ça peut être un membre de la famille qui demande au médecin généraliste de le faire mais c’est
très délicat »
E9 « Heu, peut être les drogues où je ferais heu…c’est plus délicat peut être »
- Cela pourrait être intriguant, et même étonnant qu'un médecin aborde la question
E3 « non, ça ne m’aurait pas, ça m’aurait intrigué »
E9 « Ben heu…ça m’étonnerait parce qu’on ne me les a jamais posées , donc si on me les posait, je serais
étonnée»
E10 « Je pense que j’aurais trouvé ça étonnant si on m’avait posé la question, bêtement »
- Certains pensent qu'ils pourraient mal vivre qu'on les interroge sur leur consommation de
drogue, pouvant être considéré comme intrusif
E1 « Je ne suis jamais allé jusque là parce que j'ai pas vraiment de consommations significatives dans le
domaine mais euh j'pense que ça pourrait être un petit peu plus, j'pourrais un peu plus mal le vivre. »
« Sur la drogue euh bah y'a un moment où j'pourrais m'dire euh bah c'est bon t'en veux ? Ou tu veux me
dénoncer ? Enfin je pense que ça pourrait venir. »
- La question de consommation de drogues aurait marqué le patient si elle avait été
posée. Elle pourrait être surprenante
E9 « Oh non je pense que ça m’aurait marqué »
E2 « Je me dirais tien, qu'est ce qu'il se passe »
- Un patient s'interrogerait si un médecin abordait les consommations de toxiques
E3 « je me demanderais pourquoi il me pose la question. »
- Certains ne répondraient pas considérant qu'il s'agit de leur vie privée
E5 « Après euh je pense qu’il y a certaines personnes heu qui considèrent que ça fait partie de leur vie
privée qu’ils ont pas envie que le, enfin le dire quoi »
- Concernant les addictions comportementales, il semble difficile d'aborder la question lors
de la première consultation
E8 « comme ça, du jour au lendemain, heu pour la 1 ère fois dans son cabinet j’imagine mal lui poser comme
ça [...] Ben, oui, oui peut être que après connaissant mieux la personne ça viendra peut être plus, mais dès
le départ, je sais pas »
3.6.3 INTERET DU REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES
- Pour certaines personnes, le repérage des conduites addictives comportementales est
un sujet d'actualité et ça n'est pas idiot qu'un médecin s'y intéresse.
E5 « enfin c'est vrai que c’est une question plus d’actualité, on commence à en parler un petit peu euh donc
ça pourrait être une question qu’on puisse me poser »
E10 « je pense que ce serait pas idiot effectivement de s’intéresser à la question »
- Aborder ces questions sur les addictions permet de mieux appréhender le patient. Il s'agit
pour le médecin de recueillir une information.
E10 « ça permet de mieux appréhender aussi leur personne au niveau médical enfin, je pense, après, je
vous dis, je ne suis pas médecin »
E1 « Pour moi c'est de l'information, c'est un médecin, il est là pour recueillir l'information. »
E6 « Bah J’aurais l’impression qu’il se pencherait vraiment sur mon cas, quoi »
- Si le médecin les aborde, cela peut signifier qu'il est inquiet pour son patient ou qu'il
s'intéresse à lui.
E4 « Non parce que je, je, personnellement je l’ai pris plutôt dans le sens où il était inquiet pour moi »
E9 « Ha ben non, au contraire, au contraire, je trouverais qu’il s’intéresse bien à son patient »
- Finalement, pour la plupart, le repérage des conduites addictives à un intérêt, il est
important et utile.
E7 « Non, non parce que dans tous les cas, non, je crois que c’est important de savoir si la personne fume
ou non »
« C’est important, Oui c’est important pour les traitements que je prends »
E1 « donc pour moi il a intérêt à me poser la question »
E5 « c’est leur métier c’est normal qu’ils posent les questions comme ça. »
- Les questions concernant les consommations de substances psychoactives sont
normales et logiques, certains les qualifient même de classiques ou encore naturelles.
E5 « que ce soit tabac ou alcool ça reste des questions classiques »
« Aujourd’hui c’est, c’est des choses courantes qu’on entend tous les jours, donc c’est une question pour
moi qui me paraît logique »
E6 « C’est normal qu’il cherche à la limite »
E7 « Je la trouve logique parce que je connais un petit peu les nuisances du t abac »
E10 « Mais oui, je trouverais ça naturel qu’il pose la question »
- Aborder la consommation d'alcool chez un sujet déjà dépendant a peu d'intérêt selon
l'une des personnes interrogées. A l'inverse, si tout semble normal, la question des
addictions comportementales n'a pas d'intérêt.
E3 « maintenant, les alcooliques, ils vont plus au bistrot, mais ils achètent leurs bouteilles de whisk y et puis
ils boivent chez eux ceux là, ça changera pas grand grand chose, j’ai l’impression »
E5 « Sinon heu, si tout semble normal heu j’vois pas heu d’intérêt à poser ce genre de question »
3.7 U NE DIFFERENCE SELON L'OBJET DES CONDUITES ADDICTIVES ?
Aborder le repérage des conduites addictives se voudrait différent selon le produit ou le
comportement pour la plupart des patients.
- En ce qui concerne les produits, les notions de toxicité et de légalité des produits influe la
façon dont les patients attendent qu'on les aborde.
E1 « Moi j'ferais une différence, oui moi je ferais une différence dans la mesure où il y en a qui sont
autorisées et pas d'autres ... officiellement »
E4 « je pense qu’il y a les drogues douces, entre guillemets, et les drogues dures enfin il y a vraiment cette
différence que nous, enfin qu’en général on fait et je pense que le médecin peut peut être intégrer cette
notion là aussi »
Ainsi,
- Le tabagisme est plus facile à aborder que les consommations d'alcool ou de drogues et
plus facile à préciser pour le patient,
E4 « je pense que au niveau du tabac, c’est plus facile que pour l’alcool et la drogue »
E1 « autant le tabac c'est un peu euh « tu fumes / tu fumes pas » et déjà tu as déjà une limite. Et après « tu
fumes combien ? » Et les gens savent, parce qu'ils savent combien ils achètent de paquets grosso modo.
[…] Entre les gens qui boivent un peu beaucoup à la folie passionnément pas du tout, c'est plus compliqué.
»
- La consommation de drogues est d'une façon générale mise à part des questions de
tabac ou d'alcool qui sont considérés comme étant plus sociétales. Les drogues sont plus
délicates à rechercher car peuvent dissimuler davantage un mal être.
E6 « je mettrais la drogue à part, peut être. Je sais pas j’ai peut être tors »
E3 « le tabac et l’alcool, c’est quand même heu plus sociétal comme truc [...] je pense que, le tabac et
l’alcool, c’est tellement rentré dans les, dans les mœurs de beaucoup de gens que c’est pas considéré
comme des drogues partout quoi »
E9 « je pense que le tabac et l’alcool, j’dirais pas que c’est un peu tout le monde, mais on peut commencer
comme ça, que la drogue, ça peut dissimuler peut être davantage un mal être malgré que ça l’est peut être
pas hein, mais, donc c’est vrai que ce serait peut être plus délicat »
- La recherche d'une consommation de drogue peut être plus inquiétante
E7 « Du coup, c’est quelque chose qui m’inquiète d’avantage »
- En revanche, deux personnes ne pensent pas qu'interroger un patient sur une addiction
est différente qu'elle soit avec ou sans produit.
E10 « Euh...non je suis assez ouverte à ces questions là comme je vous ai dit alors euh non. »
- Alors qu'une autre estime que parler de l'addiction aux jeux est plus difficile
E4 « c’est plus difficile parce que déjà de parler de de heu, l’addiction aux jeux on pense encore que c’est
pas très très grave »
4 - ADDICTIONS, REPRESENTATIONS GENERALES DES PATIENTS :
4.1 R EPRESENTATIONS GENERALES SUR LES ADDICTIONS
4.1.1 NOTION D'ADDICTION AVEC OU SANS PRODUIT
- Quand on parle d'addiction, la population générale pense davantage aux addictions avec
produits qu'aux addictions comportementales
E10 « Mais je pense que quand on parle d’addiction, les gens pensent plus aux produits que aux autres
types de comportements, je ne sais pas si on peut appeler ça compulsifs »
4.1.2 NOTION DE COMORBIDITES
- La maladie bipolaire peut favoriser la survenue de conduites addictives
E7 « les bipolaires peuvent facilement dériver au niveau de l’alcoolisme ou alors avoir une dépendance c’est
à dire au niveau des achats impulsifs »
- Les traitements pour la maladie de Parkinson sont un facteur de risque de développer
des conduites addictives
E3 « Il avait un Park inson et qui, et j’avais pas la notion qu’il était accroc aux jeux comme ça, c’est le
traitement qui fait ça, hein, Park inson »
« Ben, ça dépend, si c’est un Park inson, par exemple, si vous donnez un médicament qui risque de causer
ça, faut bien lui en parler »
4.1.3 PARTICULARITES DE LA POPULATION JEUNE
- Plusieurs personnes pensent que la question des drogues concerne davantage les
jeunes et qu'elle doit être abordée en milieu scolaire.
E2 « Je pense que c'est vrai que quand il y a des jeunes si les docteurs s'intéressent à savoir si ils
consomment ça peut être un bien aussi pour les suivre.[...] parce qu'on, on entend beaucoup dire que ça
démarre assez jeune hein. »
E7 « Parce que je pense qu’au niveau des collèges, des lycées ben, faut, je pense, qu’il faut, qu’il faut….
C’est un sujet qui doit être abordé »
- Une personne pense qu'il est plus difficile d'aborder les conduites addictives avec les
jeune
E3 « Aux jeunes, c’est plus difficile oui »
4.1.4 NOTION DE TOXICITE
- La toxicité du tabac est bien intégrée dans l'opinion publique,
E4 « fumer tue, c’est quelque chose qu’on voit partout heu, c’est vraiment intégré dans le dans le dans
l’imaginaire collectif »
- En revanche, la toxicité de l'alcool et du cannabis est minimisée
E4 « par contre heu, l’alcool ça reste quelque chose de, où on se dit un petit verre par ci par là, ça passe »
« le cannabis, reste encore quelque chose de : Ho c’est pas grave »
- Le tabac est considéré comme moins toxique que l'alcool puis les drogues.
E8 « je me représente ça, enfin, comme une sorte de niveau, tabac, alcool, drogue, peut être, oui, c’est peut
être pas le bon ordre, mais je le verrais bien comme ça, plus grave »
- La cocaïne est plus toxique que le cannabis
E4 « quand c’est cocaïne, heu etc… c’est beaucoup plus dur, mais heu le le cannabis, reste encore quelque
chose de : Ho c’est pas grave »
4.2 R EPRESENTATIONS GENERALES SUR LE TABAC ET L'ALCOOL
4.2.1 LE TABAC ET L'ALCOOL, UNE CONSOMMATION COURANTE EN POPULATION GENERALE
- Les consommations de tabac et d'alcool sont courantes et concernent beaucoup de
monde
E6 « Ben, je verrais le tabac et l’alcool comme quelque chose de, pas de banal, mais courante »
E9 « e pense que le tabac et l’alcool, j’dirais pas que c’est un peu tout le monde, mais on peut commencer
comme ça »
- La consommation de tabac et d'alcool est rentrée dans les mœurs ainsi que la nécessité
d'arrêter d'en consommer
E4 « Parce que le tabac c’est rentré dans les mœurs »
E3 « Je pense que, le tabac et l’alcool, c’est tellement rentré dans les, dans les mœurs de beaucoup de
gens »
4.2.2 LE TABAC, UNE CONSOMMATION QUI PEUT EVOLUER
La consommation de tabac peut toujours évoluer
E8 « Voilà, ça peut toujours évoluer, on ne sait pas, heu, les aléas de la vie… »
4.2.3 L'ALCOOL, PERCEPTION DE SES PROPRES CONSOMMATIONS
- Un patient estime que ses consommations ne sont pas dramatiques et qu'il n'est pas
alcoolique
E1 « après je ne pense pas que je sois alcoolique […] c'est pas enfin c'est pas non plus dramatique »
- Mais il semble difficile de juger ses propres consommations d'alcool
E1 « Entre les gens qui boivent un peu beaucoup à la folie passionnément pas du tout, c'est plus compliqué.
C'est un p'tit peu compliqué euh donc je pense que c'est plus compliqué et donc c'est plus compliqué pour
moi aussi de me situer et de répondre à cette question « est ce que vous buvez de l'alcool ? » Oui La
réponse est oui. « Est ce que vous buvez souvent ? » Sûrement oui. « Est ce que vous buvez beaucoup? »
Alors là ça devient compliqué. »
- Ainsi, certains patients minimisent leurs consommations
E6 « Ha je connais des gens qui, qu’ont, comment dire, masqué les réponses un peu quoi [...] Parce qu’ils
buvaient un peu plus et ils en disaient un peu moins mais ça ne ressemble à rien de dire un peu moins [...]
Ils ont répondu mais un peu à côté »
- La consommation excessive d'alcool peut être honteuse et être vécue comme une
déchéance
E10 « je croyais que c’était une sorte de déchéance et que je voulais pas qu’il me voit comme ça »
4.3 R EPRESENTATIONS GENERALES SUR LES DROGUES
La perception des consommations de drogue est variable
- Certains les considèrent comme banales, sans tabou et de plus en plus d'actualité
E6 « C’est plus d’actualité quand même aujourd’hui »
« Maintenant, la drogue, peut être que c’est banal pour tout le monde, je sais pas »
E5 « J'ai pas vraiment de tabou »
- D'autres les voient comme un fléau, mal vu par la société
E6 « La drogue, on a vécu ça nous en cours de route comme un fléau, presque quoi à la limite »
E3 « quand on fume des stupéfiants, on sait bien que c’est..., que dans l’esprit public, c’est pas bien coté, en
plus et puis c’est plus prohibé »
- Le cannabis est particulièrement bien toléré par la population générale
- Les conséquences des drogues sur la santé sont mal connues
E5 « enfin je sais pas, après les conséquences que ça a pour tout ça mais... »
- Les drogues peuvent dissimuler un mal être
E9 « la drogue, ça peut dissimuler peut être davantage un mal être malgré que ça l’est peut être pas hein »
L'apparence physique ne peut pas prédire une consommation de drogue
E8 « Tout simplement, heu est ce que mon physique représente telle personne heu il ne touche pas, c’est un
saint, y’a pas de problème, heu, ça y’a rien qui le prouve »
4.4 R EPRESENTATIONS GENERALES SUR LES CONSOMMATIONS DE TOXIQUES SANS
DISTINCTION DE PRODUIT
- Les personnes concernées par une consommation de toxiques peuvent se sentir mal à
l'aise
E4 « Par contre je me mets à la place de personnes qui, éventuellement, heu.. ont un souci et n’osent pas
l’avouer surtout quand c’est la 1
ère
fois, je peux, je peux concevoir qu’elle se sente mal à l’aise »
4.5 R EPRESENTATIONS GENERALES SUR LES ADDICTIONS COMPORTEMENTALES
4.5.1 ADDICTIONS COMPORTEMENTALES, GENERALITES
- Les addictions comportementales sont une maladie qu'il est important de traiter
E4 « enfin, ça relève de la maladie aussi quelque part donc c'est qu'il y a un souci et que c’est important de
le traiter »
- Les questions concernant les addictions comportementales font partie de la curiosité du
médecin
E9 « en même temps, heu, là encore, ça fait partie de la curiosité »
- Elles doivent être abordées même si cela paraît bizarre pour le patient
E10 « poser la question aux gens même si ça leur fait bizarre »
4.5.2 PARTICULARITE DES JEUX VIDEO :
- L'addiction aux jeux vidéo est considérée comme n'étant pas très grave
E4 « l’addiction aux jeux, on pense encore que c’est pas très très grave »
« C’est difficile oui, parce que, quand on dit ho oui, bah c’est pas grave il a, il a joué heu de telle heure à telle
heure, heu il a reporté les RDV médicaux de son enfant, il a fait ci, il a fait ça, c'est : « ho tu exagères de
toute façon ». Voilà donc heu, il faut pratiquement prouver, enfin, il faut se justifier en permanence »
- La frontière entre le normal et le pathologique est difficile à distinguer par le joueur
pathologique lui-même. Il ne se rend pas compte de sa pathologie.
E4 « si la personne concernée heu dit bah « non non, c’est juste un passe temps ce n’est pas une
addiction », voilà c’est cette frontière qui n'est pas facile à mettre en place. »
« quand on dit no life c'est vraiment ça, il ne se rend pas compte. »
- L'addiction aux jeux vidéo est encore quelque chose de tabou
E4 « est ce qu’on va oser le dire parce que c’est quelque chose qui est encore tabou »
4.5.2.1 Des difficultés pour en parler
- Il est difficile pour un patient de parler de ses problèmes de jeux vidéo
E4 « l’addiction aux jeux, [...] je connais des personnes qui en souffrent et heu et heu qui ont du mal à en
parler »
- La question d'addiction aux jeux vidéo est difficile à aborder pour un pati ent non
demandeur
E4 « Je pense que c’est difficile au médecin généraliste si le patient n’a pas de demande. »
- Cependant, il peut toujours y avoir d'autres éléments qui peuvent amener les sujets
concernés à en parler
E4 « Je pense qu’il y aura toujours quelque chose à côté qui fera que peut être la personne aura envie d’en
parler »
- Ainsi il semble que c'est au patient qui souffre d'addiction aux jeux vidéo de prendre
l'initiative d'en parler à son médecin
E4 « si le patient en a, en souffre vraiment, souffre vraiment de la situation, je pense que c’est à lui d’en
parler au médecin généraliste »
4.5.2.2 Place de l'entourage dans les addictions aux jeux vidéo
- C'est très dur de faire partie de l'entourage d'un addict aux jeux vidéo
E4 « ya rien autour, heu, on ne peut pas se coucher avant d’avoir fini telle partie, tel niveau, avant d’avoir
heu, c’est, c’est très très dur »
- Pour comprendre l'addiction aux jeux vidéo, il faut l'avoir vécu dans l'entourage
E4 « Il faut le vivre de l’intérieur pour heu, pour heu, pour savoir ce que c’est que d’avoir quelqu’un qui à 18
h doit, doit commencer à jouer, ya rien, ya rien autour »
- Le conjoint ou la famille souffre de l'addiction aux jeux vidéo
E4 « je pense qu’en général c’est le ou la conjointe qui en souffre ou la f amille quand ce sont des jeunes »
- C'est la famille des personnes addictes aux jeux vidéo qui fait les démarches de soins
E4 « je pense qu’en général c’est le ou la conjointe qui en souffre ou la famille quand ce sont des jeunes et
c’est eux qui font la demande c’est pas le jeune en tant que tel parce que lui il est euh, quand on dit no life
c'est vraiment ça, il ne se rend pas compte. »
4.5.3 PARTICULARITE DES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE
- Si les troubles du comportement alimentaire existent, c'est qu'il y a un mal être
E4 « si tu ne te sens pas bien si tu as perdu autant de poids en si peu de temps c’est sûrement qu’il y a
quelque chose qui ne va pas »
- S'ils sont graves, le médecin intervient de façon plus directive
E4 « je pense que si j’avais vraiment, si j’avais vraiment heu dégringolé au niveau du poids il serait intervenu
plus énergiquement »
4.6 LE MEDECIN FACE AUX CONDUITES ADDICTIVES
4.6.1 LE MEDECIN PEUT SE FAIRE UNE IDEE DES CONDUITES ADDICTIVES DU PATIENT
SANS MEME L'INTERROGER
Le médecin peut savoir si un patient souffre d'un problème d'addictions :
- S'il connaît le patient personnellement,
E5 « Alors après avec le Dr L justement c'est..., j’connais bien son fils on a été à l’école ensemble on
s’connaît un petit peu à l’extérieur donc, je pense qu’il me connaît euh... C’est le médecin de la famille, donc
il connaît la famille. Je pense qu’il me connaît euh..., je pense qu’il a pas besoin »
- S'il consomme avec son patient,
E3 « on a souvent dîné ensemble,on a souvent fait des trucs euh.. je pense qu'il se serait rendu compte si
j'avais quelque chose au point de vue alcool par exemple […]. De toute façon, l’occasion que j’aurais à boire
un verre de trop, ce serait avec lui, pratiquement…»
- En fonction des signes physiques pouvant l'évoquer, de l'état général du patient.
E2 « Mais bon euh j'pense que peut être vu l'état général déjà ça donne une idée si la personne est fumeuse
ou....je ne sais pas. »
E8 « Ben, peut être qu’il avait déjà une idée sur la personne que j’suis, connaissant l’individu, pl us ou moins
peut être par écho, peut être par le physique, le visage, peut être que pour lui, d’emblée, il avait déjà la
réponse. »
Si le médecin n'aborde pas la question des consommations de toxiques, c'est qu'il n'en a
pas besoin pour soigner le patient
E8 « Peut être, s’ils ne les posent pas c’est peut être qu’ils n’en ont pas vraiment besoin, ils ont toutes les
machines, pour voilà, pour secourir la personne »
4.6.2 L'ATTITUDE GENERALE DU MEDECIN EST IMPORTANTE
- C'est important que le médecin ne porte pas de jugement
E10 « Toujours avec l’importance de pas, de pas juger enfin, je pense que c’est hyper important. »
« la peur qu’il me juge uniquement là dessus alors que je sais qu’il ne va pas me juger, en plus il est
médecin c’est son métier »
- et qu'il n'ait pas d'a priori
E10 « c’est là que j’ai réalisé que lui, n’avait pas d’a priori »
4.6.3 ATTITUDES DU MEDECIN ET CHANGEMENT DE COMPORTEMENT
- La simple question posée au sujet des conduites addictives ne pourrait pas motiver un
changement de comportement du patient,
- En revanche, la présence d'une conséquence somatique du comportement addictif peut
le favoriser.
E1 « Je crois pas que je pourrais changer mon comportement comme ça juste en en parlant sauf si j'avais
un problème de santé qui était lié et que il me disait bah voilà. […] juste par le simple fait de la question je ne
pense pas. »
- Si le médecin fait peur au patient concernant les conséquences de son comportement,
cela influencera sa motivation au changement
E1 « oui je changerai de comportement ou si il me fais peur en disant vous risquez ça ça ça avec le
comportement que vous me décrivez, euh oui peut être »
- Dire au patient qu'il nécessite de l'aide pour une problématique addictive peut permettre
une prise de conscience
E10 « il fallait que je l’entende, parce que ça a permis de déclencher chez moi une prise de conscience »
- Le médecin doit prendre en compte le choix du patient dans sa dynamique de
changement
E4 « Et donc heu il m’a demandé ce que moi je, j’envisageais de mettre en place pour que j’aille mieux, il a
mis un système où c’était moi qui, heu enfin, il m’a pas obligé à faire, il m’a proposé […] Il m’a pas imposé
quelque chose. C’était vraiment une proposition. C'était pas une obligation. »
- Il est important que le médecin propose une prise en charge à son patient s'il dépiste une
problématique addictive
E10 « Ben qu’il le propose, Qu’il propose en tout cas heu, Qu’il le suggère sans … voilà…[...] Parce que
après c’est toujours un problème psychologique donc ça peut être important de conseiller gentiment à
comment dire… De l’aide en dirigeant les personnes quoi, genre, vous pouvez vous adresser à tel ou tel
médecin, tel ou tel psychiatre, tel établissement comme H., ou... voilà »
4.6.4 LE VECU DU MEDECIN IMAGINE PAR LE PATIENT
4.6.4.1 Gêné / non gêné, avis partagés
- Certains patients ne pensent pas que leur médecin soit gêné pour aborder la question
des consommations de toxiques
E6 « j'pense pas que ça le gênerait de me le demander »
E5 « Ouais sentir gêné, ben pour des questions tabac, alcool, heu cannabis, j’ai pas, heu non je ne pense
pas »
- D'autres ne savent pas si leur médecin était gêné mais n'en ont pas l'impression
E1 « Mais Peut être qu'il était un peu gêné enfin je n'ai pas l'impression, j'arrive pas à savoir »
- Enfin, plusieurs personnes pensent que leur médecin serait gêné d'aborder la question
des consommations de toxiques avec eux
E4 « Sincèrement, oui. Oui, je pense que ça ne doit pas être évident de formuler, de formuler la question »
- Et ce, d'autant plus s'il s'agit de consommations de drogues
E1 « Bah, oui j'pense que le fait qu'il par exemple qu'il ai posé la question de façon un peu on est
potes, c'était un jeune, je sais pas il a 33 ans, c'était un peu voilà tu peux m'le dire on est copain j'suis pas
sûr qu'il assume.»
- Le médecin peut être gêné parce qu'il ne connaît pas la réaction que peut avoir son
patient
E8 « Lui, c’est possible que ça le gêne, je ne sais pas, parce qu’il ne sait pas la réaction que je peux avoir,
c’est peut être dans ce sens là que ça peut le gêner »
5 - LE PATIENT ET SON MEDECIN GENERALISTE
5.1 LES RELATIONS ENTRE LE PATIENT ET SON MEDECIN GENERALISTE:
5.1.1 NOTION DE CONFIANCE ET CONFIDENTIALITE
- Les notions de confiance et de confidentialité sont récurrentes et importantes dans la
relation.
E7 « Oui, oui, il faut avoir une confiance, déjà, il faut que ça reste confidentiel, bien sûr, ça va peut être
passer mieux »
E9 « Alors, j’ai confiance en lui parce que les diagnostics qu’il peut établir sont à chaque fois corrects »
E10 « Oui, oui, en général heu je fais confiance aux médecins généralistes »
- C'est au médecin d'instaurer un climat de confiance lors de la consultation
E9 « je pense aussi le médecin, il a aussi la fonction de créer une ambiance de confiance…avec son
patient »
5.1.2 NOTION DE MEDECIN DE FAMILLE
- Les relations sont le plus souvent bonnes avec le médecin généraliste dit « de famille »
E10 « C’était le médecin de famille en fait. Heu... et avec qui ça se passait très bien »
- La notion de médecin de famille est importante dans la relation car elle permet au
médecin de mieux connaître son patient
E9 « petite, j’avais un médecin heu, qui était un médecin de famille, donc qui était proche et qui avait déjà
aussi tout l’historique de la famille donc, peut être c’est pas la même relation non plus »
E10 « il me connaît bien puisqu’il me connaît depuis que j’ai 3/4 ans, quelque chose comme ça »
5.1.3 UN VECU NEGATIF DE LA RELATION
- Certains patients font des reproches à leur médecin généraliste.
E6 « On a tous des reproches à faire à notre médecin »
E7 « Et avec le Dr J. c’était plus ou moins difficile quoi [...] quand je venais dans ce cabinet, je ne savais
jamais dans quel état j’allais en ressortir, en fait, parce que je suis une éponge. C'est à dire que si une
journée, il n’était pas bien et que moi j’arrivais bien…Vous voyez ce que je veux dire… »
- Ils le trouvent expéditif, distant, jusqu'à évoquer un barrage. Les relations peuvent être
difficiles.
E9 « Heu…Distantes […] Non, j’en ai eu d’autres parce qu’avant on était sur… heu…T., alors là, elle était
expéditive donc, là c’était pas… Encore pire que M. L., heu ben, là ... en lui disant en 2 ou 3 minutes le
diagnostic était fait, alors là j’avais presque même pas confiance »
E3 « D’après ce que disent les, les patients, ce que j’entends maintenant, si vous voulez. Ils trouvent quand
même qu’il y a un, espèce de barrage, maintenant entre eux et leur médecin, quoi. »
- L'utilisation de l'ordinateur incite le médecin à avoir moins de contact direct avec son
patient
E3 « Ils arrivent… « docteur, je viens vous voir parce que nanana... » à ce moment là, il se tourne, et puis il
parle, et puis il ne regarde pas… c’est l’impression qu'ils ont, c’est que… ils parlent à une machine, mais ils
parlent pas… ya pas un contact humain, quoi heu, ce qui l’intéresse c’est ce qu’il regarde ce qu’il y a sur
l’écran »
- Certains estiment que leur généraliste ne leur pose pas assez de questions, qu'il leur
porte peu d'intérêt et manque de curiosité
E9 « il pose pas spécialement de questions, il va pas expliquer à quel moment on doit réaliser des
diagnostics…heu… ouais, ça manque d’intérêt quelques fois »
« Donc, il manque de curiosité, des fois. Ouais, c’est ça, manque de curiosité par rapport aux patients »
E6 « Est ce qu’il s’occupe assez de notre cas, est ce qu’il pose les bonnes questions, je sais pas… Des fois
heu, on a tendance à dire bon il aurait peut être pu faire plus, je ne sais pas on n'est peut être pas très
objectif en fait. »
- Le patient en vient parfois à penser que c'est lui qui s'exprime mal. Peut-être en attend-il
trop de son médecin
E6 « Peut-être qu’on en attend de trop de notre médecin »
« Ou c’est moi qui explique mal ce que je ressens quoi »,
5.2 N OTION DE CHOIX DU MEDECIN
Le patient choisi son médecin généraliste et il sait qu'il peut en changer s'il le souhaite.
E1 « mon médecin généraliste c'est moi qui l'ai choisi, je vais le voir quand je veux et si il me plaît pas j'en
change. »
E2 « De toute façon le jour où j'aurai plus confiance j'irais voir ailleurs hein. Ça c'est sur »
E6 « Bon chacun reproche un petit peu à son médecin alors bon finalement si on voulait changer de
médecin, ce serait un chassé croisé qui n’en finirait pas quoi »
5.3 MOTIF DE CONSULTATION
5.3.1 MOTIF PRINCIPAL DE CONSULTATION CHEZ LE GENERALISTE
- Les patients vont voir leur médecin quand ils en ont besoin, pour une raison précise.
E6
« Quand j’en ai besoin […] Moui, bah en général, quand on y va, c’est vrai qu’on y va pour quelque
chose de bien ciblé »
- La demande de certificat de sport et le renouvellement de traitement sont des motifs
particuliers évoqués.
E1 « Non, jamais ! Enfin j'vais le voir quand j'ai besoin d'un certificat … en gros»
E8 « Par rapport à mon traitement heu contre le cholestérol, renouvelé, pour voir où j’en suis un p’tit peu, par
rapport aux prises de sang, tout ça. Donc, 2 fois régulièrement on va dire »
5.3.2 UN MOTIF SECONDAIRE NON PRIS EN COMPTE
Le médecin généraliste prend rarement en compte les motifs secondaires de consultation
exprimés par le patient
E6 « s’il y a un petit truc à côté, on lui dit quand même mais dans la mesure où on est des vieux patients, il
connaît notre dossier »
E9 « Il me pose toujours la question, pourquoi je viens le voir, mais, il ne s’intéresse pas plus que ça à
d’autres problèmes que je pourrais avoir [...] les diagnostics qu’il peut établir sont à chaque fois corrects
mais heu, il pousse pas, heu … voilà, il va pas plus loin »
5.3.3 UN CHANGEMENT DES PRATIQUES
- Les médecins généraliste ont changé leurs pratiques, prenant moins en compte le
patient dans sa globalité et s'intéressant davantage au motif principal de consultation
E6 « peut être que les généralistes ont changé par rapport à autrefois aussi [...] ben ou autrefois, ils
s’occupaient plus des patients sur la, comment dire, sur le plan général, alors que maintenant, si on va le
voir pour mal de gorge, c’est ciblé, point final, on en parle plus, on fait pas le, on fait pas le reste »
5.4 LE ROLE DU GENERALISTE
Le généraliste a pour fonction d'orienter le patient, il se charge de faire le lien avec le
spécialiste
E4 « Et ensuite en fonction de l’addiction ou en fonction de heu... il peut orienter, orienter le patient »
E7 « Dans la logique des choses pour moi, heu, c’est le généraliste qui vous oriente vers un spécialiste, moi,
je vois ça comme ça [...] j’dirais qu’il fait le lien avec le spécialiste »
5.5 PLACE DU GENERALISTE DANS LA SOCIETE
Le médecin généraliste est quelqu'un d'important dans la société, il est respecté et estimé.
E8 « j’ai connu heu le Dr A. étant enfant ça représente quand même des personnes d’un certain, d’un certain
respect […] le Dr L., pour moi, c’est le même type de personne donc, ya, ya un certain respect, ouais »
« ça a toujours été un p’tit peu les gens qui dominent un p’tit peu la société, on va dire, et, j’ai encore un p’tit
peu cet esprit là »
E10 « Je pense, comme beaucoup de gens, on a beaucoup d’estime pour heu, pour les médecins qu'ils
soient généralistes ou autres, voilà »
5.6 LE MEDECIN GENERALISTE DANS SA PRATIQUE
5.6.1 CE QU'IL EST ET CE QU'IL DOIT ETRE
- Le médecin généraliste sait ce qu'il fait, il est raisonnable
E10 « Je sais que c’est des gens raisonnables qui savent ce qu’ils font »
- C'est celui qui doit connaître le mieux son patient, sur le plan médical il doit être au
courant de tout
E7 « il sait exactement tous les traitements que je prends pour les problèmes de bipolarité, ça me semble
essentiel […] Donc il est au courant de tout en fait »
E4 « Donc c’est lui qui est sensé heu heu nous connaître le, le mieux que possible en fonction de ce qui se
passe dans son cabinet »
- Cela prend du temps au médecin d'apprendre à connaître son patient mais cela lui
permet de mieux comprendre ses symptômes
E9 « Le médecin peut quand même s’intéresser à son patient, à ce qu’il fait et… heu…pour comprendre
quelques fois pourquoi, il a tel syndrome, ou telle chose quoi »
- Il est important que le patient puisse compter sur lui en cas de problème
E7 « Parce que si à un moment ou un autre, j’ai un problème, je veux pouvoir compter sur lui »
- Il a le droit à l'erreur et n'est pas infaillible
E8 « Une erreur est toujours possible, il est pas, j’pense pas qu’il soit infaillible, il aurait de la chance !! »
5.6.2 ÉLEMENTS DU DEROULEMENT DES CONSULTATIONS
- Lors de la première consultation, le médecin généraliste pose des questions très
générales
E10 « Ben, c’était très général, heu genre, un peu mon passif médical, heu opérations… [...] Est ce que
j’avais des…[...] un…traitement… heu voilà, j’ai répondu à tout ça heu et qui avait été mon médecin
généraliste jusque là »
- Un questionnaire pourrait permettre au médecin de connaître plus rapidement son
patient lors de la première consultation
ère
E9 « à la 1
consultation ça serait de découvrir son patient, il aurait quelque part une grille ou un dossier
avec des questions […] Et au contraire au moins il aurait un historique et puis… parce que… quelque part ça
va vite »
- Le médecin se fait une idée du profil du patient en l'interrogeant sur son mode de vie
E5 « il me pose des questions, heu comment ça va à l’école ce genre de choses dans la famille heu le sport
tout ça et je pense qu’à partir de là, il se fait une idée heu de mon profil, ça lui suffit. »
E10 « il posait des questions mais c’était, pas de façon détournée mais du genre voilà « le rythme de vie, ça
va, pas trop d’excès ? » »
- Certains prescrivent peu de traitements médicamenteux
E10 « Mais c’est un médecin qui n'est pas du tout heu … enfin, en gros, quand on a un rhume, il dit : « tu
prends du doliprane tu dors 10 h et ça ira mieux », il est pas du genre à sur-médicamenter [...] Il a, comment
dire, comment on pourrait dire ça… il encourage pas le, le... surmédicamentation »
6 - PLACE PARTICULIERE DU MEDECIN DU TRAVAIL
6.1 PLACE PARTICULIERE DANS LE REPERAGE DES CONDUITES ADDICTIVES
La plupart des personnes interrogées ont parlé de leur médecin du travail, qui souvent les
a questionnés au sujet de leurs consommations de toxiques sans pour autant prendre le
temps d'agir en fonction des réponses données.
6.2 PLACE PARTICULIERE DANS L'ENTREPRISE
- Le médecin du travail n'est pas choisi par le patient
E1 « le médecin du travail il est du travail. C'est pas moi qui l'ai choisi, c'est mon boulot qui prend le rendez vous avec lui »
- Son rôle est mal connu en dehors de celui de donner l'aptitude au travail
E4 « Alors je vais être très sincère, le médecin du travail je sais pas à part heu « être apte au travail »,
quelque fois je ne sais pas trop à quoi il sert (rires) »
E1 « Il est chargé de signaler à mon boulot, enfin du moins pour ce que j'en comprend, si j'ai une
incompatibilité avec le poste et tout ça »
- Le patient a l'impression qu'il est amené à le voir de moins en moins souvent
E8 « C’est plus annuel parce que c’est tous les 2 ans, voire pas du tout, enfin, on a l’impression que ça
s’espace de plus en plus »
- La place du médecin du travail auprès de l'employeur est un obstacle dans la relation
avec le patient et favorise le fait d'obtenir des réponses moins sincères
E1 « j'ai rien à cacher en l’occurrence mon médecin du travail ça me gène pas qu'il me pose toutes ces
questions mais si jamais j'avais des choses que j'avais pas envie que ma boite sache je serais peut être un
peu plus exigeant sur l'entournure. »
E4 « le médecin du travail, il peut les poser les questions mais les gens n'y répondront pas sincèrement »
6.3 D EROULEMENT D'UNE CONSULTATION DE MEDECINE DU TRAVAIL
- Les consultations de médecine du travail sont courtes, très ritualisées
E4 « c'est vrai que le rendez-vous est tellement rapide et les questions tellement formatées que heu on a
l’impression qu’on est un numéro […] les questions sont mises dans, sont vraiment dans l’ordre heu heu on
sait à quoi s’ attendre on sait à quoi répondre »
- Le patient n'a pas le temps d'échanger s'il le souhaite
E4 « si on a quelque chose heu qui, qu’on a sur le cœur ou quoi que ce soit de toute façon y’a le prochain
patient à telle heure et puis on sort »
DISCUSSION
Méthodologie
1. Forces de l'étude
L'étude qualitative par entretiens semi-dirigés a permis un recueil riche concernant
l'opinion des patients.
La non transmission du sujet précis des entretiens aux médecins et aux patients à permis
d'optimiser l’authenticité et la spontanéité du discours des personnes interrogées.
Donner le choix aux sujets inclus de la modalité de réalisation de l'entretien (lieu et
horaire) a permis une meilleure disponibilité de ceux-ci.
2. Limites de l'étude
2.1 Biais de recrutement
Le recrutement s'est déroulé en salle d'attente d'un cabinet de groupe de médecins
généralistes. Un médecin avait refusé le recrutement parmi ses patients, réduisant la
variabilité du mode de prise en charge des patients interrogés.
Nous avons pu constater lors du recrutement le refus de certains patients pour qui l'étude
avait été proposée lors de leur passage en salle d'attente. Certains d'entre eux pouvaient
être eux-mêmes concernés par une problématique addictive. Ces personnes peuvent être
en difficultés pour aborder les questions de santé les concernant, du fait de la présence
d'un déni, d'une comorbidité psychiatrique ou même d'une intoxication au moment du
recrutement. Ceci pourrait expliquer que notre population recrutée au cabinet médical était
peu consommatrice de substances psychoactives et peu concernée par le repérage
précoce et l'intervention brève.
De même, pour des raisons logistiques, et de disposition des locaux, la totalité des
patients présents en salle d'attente lors des deux demi-journées dédiées au recrutement
n'a pu être rencontrée en vue de présenter notre étude. Les personnes abordées en salle
d'attente étaient ciblées à mesure du recrutement en fonction de leur âge et de leur sexe
afin d'obtenir une population la plus représentative de la population générale.
Ces choix et limites pour le recrutement ont pu réduire la diversité de profils de conduites
addictives des personnes incluses.
2.2 Spécificités des patients recrutés en addictologie
La dernière personne interrogée a été recrutée via la patientelle d'une consultation
d'addictologie. Elle était donc déjà inscrite dans des démarches de soins pour une
problématique addictive. Elle a été recrutée puisqu'elle avait un médecin traitant, que son
âge et son sexe correspondaient aux besoins de l'étude au moment de son inclusion. Il
semblait intéressant d'interroger une personne ayant une problématique addictive, notre
population précédemment recrutée étant peu concernée. Cependant, son point de vu
pouvait être modifié au moment où nous l'avons interrogée puisqu'elle avait dépassé le
stade du déni et qu'elle avait entamé ses démarches de soins.
Cela questionne la nécessité d'interroger des patients addicts connus comme tels, afin
d'élargir nos données. Cependant, les patients suivis en addictologie sont dans une
démarche de soins volontaires et donc non concernés par le repérage précoce et
intervention brève (qui aurait dû avoir lieu beaucoup plus tôt dans leur parcours de soins).
Il s'agirait alors de faire un recueil rétrospectif avec le risque que le point de vu du patient
soit modifié comme décrit plus haut. Certains sont suivis dans un contexte de
consommations excessives, pouvant alors être concernés par l'objet de notre étude. Il
pourrait être intéressant de réaliser le même type d'étude chez ces patients afin d'ajuster
davantage les interventions du généraliste.
Enfin, les patients ayant une problématique addictive même peu évoluée n'ont pas
toujours de médecin généraliste, limitant les possibilités du repérage et de l'intervention
brève.
2.3 Limites intrinsèques à la technique de l'entretien semi-dirigé
La réalisation d'un entretien est la rencontre entre deux personnes : le chercheur et
l'enquêté. Cette rencontre induit des paramètres difficilement maîtrisables tels que le
caractère personnel de chacun, la personnalité du patient, l'attitude et l'attention
particulière du chercheur.
Les entretiens ont été réalisés par le chercheur qui ne maîtrisait pas initialement la
technique de l'entretien semi-dirigé. Il se l'est appropriée progressivement, à mesure des
entretiens, pouvant modifier leur déroulement. Les propos des participants ont pu être
influencés par le chercheur en l'interrompant ou en l'orientant prématurément pour suivre
le guide d'entretien, pouvant amener à une perte de données.
Le fait que l'enquêté connaisse le statut du chercheur (ici, un médecin) induit un biais de
désirabilité sociale ayant pu influencer ses propos.
Résultats
1. Résultats principaux
Dans notre étude , on constate que la majorité des patients interrogés ont bénéficié d'un
repérage de leur consommation de tabac lors d'une consultation de médecine générale.
En revanche, celui-ci était moins systématique pour l'alcool et encore moins pour les
drogues et les addictions comportementales, réalisé le plus souvent dans un contexte
dédié.
Tous les patients ont déclaré qu'ils répondraient aux questions concernant les conduites
addictives posées par leur médecin généraliste. Ces questions n'étaient pas gênantes et
font partie du rôle du médecin généraliste plutôt que d'un autre soignant. Cependant, il
reste une réticence pour certaines personnes au sujet de l'exploration des conduites
autres que le tabagisme, une forme plus adaptée étant alors souhaitée.
2. Le repérage en pratique en médecine générale
2.1 Le tabac mieux dépisté que les autres conduites addictives
La plupart des patients interrogés par leur médecin généraliste l'ont été au sujet de leur
consommation de tabac plutôt que pour les autres substances psychoactives. Ceci
concorde avec les données de la littérature, le tabac étant dépisté de façon systématique
par environ deux tiers des médecins généralistes français (23). En revanche, en ce qui
concerne les autres conduites addictives, elles avaient été recherchées par le médecin
généraliste dans un contexte particulier. Le dépistage était alors plutôt réalisé par un
spécialiste. On sait que seuls 23% des médecins généralistes dépistent la consommation
d'alcool de façon systématique pour tous les patients au moins une fois et moins de 8% en
ce qui concerne le cannabis (23). Les pratiques des médecins généralistes varient suivant
les substances psychoactives considérées, le repérage d'alcool étant souvent trop tardif.
(71)
La particularité du repérage du tabagisme peut s'expliquer par le fait qu'il s'inscrit dans le
cadre des plans cancers et des plans gouvernementaux de lutte contre le tabac depuis de
nombreuses années. La prévention à grande échelle dans ce domaine (au travers des
médias notamment) a permis une « dénormalisation » de la consommation de tabac.
Les médecins semblent être plus aisés dans l'abord des questions qu'ils peuvent traiter
eux-mêmes. Hors pour la plus grande majorité d'entre eux, ils prennent en charge seuls
les patients consommateurs de tabac, ce qui n'est pas le cas pour les autres substances
(30).
On constate tout de même une amélioration du repérage de la problématique alcool par
les médecins généralistes et dans une moindre mesure du cannabis. Il n'existe que peu
de données en ce qui concerne le dépistage des autres substances illicites. (49) On sait
cependant que le nombre de patients pris en charge pour traitement de substitution aux
opiacés a augmenté (14). En 2009, la moitié des généralistes déclarait avoir vu au moins
une fois dans le mois un patient dépendant aux opiacés. (23) Ceci peut supposer une
ouverture peu à peu des médecins généralistes sur la question des addictions d'une façon
globale. On peut espérer que les politiques de santé en matière de prévention et
d'addiction amènent à une progression plus importante du repérage des conduites autres
que le tabagisme.
2.2 Contexte du repérage des conduites addictives
Les occasions du repérage les conduites addictives étaient bien décrites par les patients
de l'étude. Non seulement ceux qui avaient bénéficié d'un repérage comme ceux qui n'en
avaient pas bénéficié décrivaient les situations particulières dans lesquelles ils avaient été
ou souhaitaient être interrogés.
On y retrouve parmi les situations décrites les mêmes données évoquées dans le
programme « Boire moins c'est mieux » :

Les moments où il est légitime de faire le point sur les facteurs de risque : ouverture
du dossier, en première consultation, demande de certificat...

Les situations cliniques où l'alcool peut jouer un rôle dans la symptomatologie :
troubles digestifs, mal-être (dépression, anxiété, irritabilité),...

Lorsque il y a nécessité d'une prescription médicamenteuse
Les recommandations pour la recherche des consommations d'alcool et de tabac
suggèrent un repérage systématique. Cependant, le programme « Boire moins c'est
mieux » propose ces occasions au cours desquelles le médecin généraliste doit aborder la
consommation d'alcool avec son patient, à défaut de le faire systématiquement. (41)
En Nouvelle Zélande, les opportunités d'abord des questions d'alcool et autres substances
psychoactives ont été étudiées par analyse vidéo de 171 consultations de médecine
générale. Un tiers environ contenaient une opportunité possible d'aborder les questions
des conduites addictives. Au total 25% des consultations analysées contenaient au moins
une fois l'évocation d'une substance psychoactive par le médecin ou le patient. Les
médecins généralistes n'avaient donc pas toujours profité de ces occasions pour aborder
la question des conduites addictives avec leurs patients. (72). Les mêmes données sont
retrouvées
dans
une
étude
qualitative
réalisée
aux Etats-Unis au sujet de la
consommation d'alcool abordée spontanément par les patients et non explorée ou
approfondie par le médecin généraliste (73).
Finalement, les occasions de repérer les conduites addictives sont nombreuses et
concernent tous les patients à un moment donné dans leur parcours de soins, ne serait-ce
que lors de l'ouverture du dossier. Un dépistage opportuniste rigoureux reviendrait alors à
un repérage systématique.
3.Le médecin généraliste et son rôle dans le repérage des conduites addictives
D'après les patients de l'étude, tout médecin rencontré a une légitimité pour le repérage
des conduites addictives. Il semble important que le recueil d'information concernant les
consommations de substances ou les addictions comportementales ait lieu si la présence
d'une conduite addictive peut avoir une incidence dans la problématique abordée avec le
médecin consulté. En effet, la prise en charge de pathologies pouvant être liées
directement à des pathologies addictives ou une prescription médicamenteuse pouvant
interférer avec une consommation de toxiques sont des situations pouvant être
rencontrées par tout médecin qu'il soit généraliste ou non.
Le médecin généraliste a cependant une plus grande légitimité qu'un autre soignant dans
le dépistage des addictions dans son rôle de médecin de famille. Il est le médecin de
premier recours, celui consulté le plus souvent et qui, selon les patients, connaît le mieux
ses consultants. Les patients que nous avons interrogés estiment qu'il est souvent plus
facile d'aborder les questions des conduites addictives avec un médecin qu'ils
connaissent.
Les données de la littérature confortent le fait que le médecin généraliste a une place
importante dans le repérage des conduites addictives (1) du fait de :

son rôle de médecin de premier recours (21)

son rôle de médecin de famille et sa proximité avec le patient (20)

ses compétences en terme de prévention et éducation en santé

la nécessité de tenue du dossier médical
3.1 Une grande confiance accordée aux médecins généralistes pour le repérage des
conduites addictives
Un sondage téléphonique interrogeant 1608 personnes en population générale en 2002
mettait en évidence un haut niveau de confiance accordé au généraliste pour les
questions liées au tabac (90%), à l'alcool (88%) et aux drogues (85%). Le médecin
généraliste était désigné comme le meilleur interlocuteur dans 21% des cas après les
centre spécialisés et avant les spécialistes (14%) en ce qui concerne l'aide aux personnes
en difficulté avec l'alcool. Une grande majorité considéraient « facile » d'aborder la
problématique alcool avec leur médecin généraliste. Les sujets interrogés estimaient que
leur médecin généraliste était bien informé sur les substances psychoactives (90% pour le
tabac, 88% pour l'alcool, 74% pour les drogues).
Cependant, il existe un contraste important entre ces opinions en population générale et
l'effectivité du dépistage. Seuls 23% des répondants ayant consulté un médecin
généraliste avaient eu une conversation sur l'usage d'un ou plusieurs produits avec leur
médecin généraliste. (18)
Les médecins généralistes ont exprimé dans plusieurs études qualitatives et quantitatives
leur sentiment d'inefficacité à obtenir un changement de comportement de leur patient et
la nécessité de formation en terme de prévention et de dépistage. Ils sous-estiment la
confiance que leur accorde leurs patients (74,75).
Les patients choisissent leur médecin traitant, pouvant en changer si toutefois ils en sont
insatisfaits. Globalement, ils accordent une confiance importante dans les compétences
de leur médecin généraliste et dans le respect de la confidentialité. (26,29)
3.2 Le médecin généraliste et la prévention
Le rôle du médecin généraliste dans le repérage des conduites addictives est inhérent à
son rôle de prévention. Il s'inscrit dans la Loi de Santé publique du 9 août 2004 dans une
volonté d'organiser une activité de prévention plus systématisée par les médecins
généralistes à travers la mise en place de consultations spécifiques de prévention.
Cependant, le cadre organisationnel et le contenu de ces consultations reste flou. (76)
Les médecins généralistes sont sollicités de toutes parts pour intervenir comme acteurs de
la prévention. Ces sollicitations sont si nombreuses qu'on peut se demander si un médecin
peut réaliser tout ce qui lui est recommandé en ce sens. Prenons quelques exemples de
ce qu'on attend d'un médecin traitant en terme de prévention à différents âges de la vie de
ses patients :

Il doit vérifier l'état vaccinal de son patient,

Dépister les facteurs de risque cardiovasculaires,

S'assurer de la participation de ses patients aux dépistages de masse de cancer du
sein et du colon,

Prévoir le dépistage des cancers du col de l'utérus par la réalisation des frottis tous
les 3 ans et un examen gynécologique tous les ans,

S'assurer de son hygiène de vie (alimentation, activité physique),

Dépister les cancers de la peau par un examen cutané complet,

Organiser les dépistages nécessaires en cas de facteurs de risques individuels
surajoutés,

Repérer la crise suicidaire chez les patients potentiellement à risques

Et chez les patients atteins de pathologies chroniques telles que le diabète,
l'insuffisance cardiaque ou la bronchopneumopathie chronique obstructive, la liste
d'éléments à prendre en compte s'allonge considérablement
Le cahier des charges est tel qu'il suppose une organisation rigoureuse. On peut
comprendre la nécessité de hiérarchiser les priorités en fonction du patient. Cependant,
cette évaluation se fait au bon vouloir du médecin, et on sait que chaque médecin a une
sensibilisation variable en fonction des pathologies. Il dépistera mieux celles qu'il connaît
le mieux et avec lesquelles il se sent plus à l'aise.
Afin d'aider les généralistes dans leurs démarches de prévention, plusieurs outils sont
proposés et en cours d'évaluation. Il s'agit aussi bien d'outils papiers que du
développement de logiciels informatiques tels que EsPeR (Estimation Personnalisée des
Risques) ou encore PPP (Plan de Prévention Personnalisé) (77).
3.3 Le dossier médical en médecine générale
Dans notre étude, certains patients soulignent la nécessité du recueil des pratiques
addictives pour le remplissage du dossier médical par le médecin généraliste.
Un audit clinique a montré que la consommation de tabac était très bien renseignée dans
le dossier médical du patient, au même titre que les autres facteurs de risques
cardiovasculaires. En revanche, la consommation déclarée d'alcool était moins bien
renseignée. Après formation des médecins généralistes, le taux de remplissage de cet
item s'était significativement amélioré (78). Ces données de recueil du tabagisme plus
important que d'autres substances dans le dossier du patient
sont retrouvées dans
plusieurs études (79,80). L'importance du remplissage du dossier médical par le médecin
généraliste a fait l'objet de plusieurs évaluations. Il a été rendu obligatoire en 1995 par le
Code de Déontologie et a fait l'objet de recommandations pour la pratique clinique par
l'ANAES en 1996. Les rappels automatiques intégrés au dossier patient et les fiches de
suivi permettent d'améliorer la qualité des soins en terme d'activités préventives et de suivi
de certaines maladies chroniques (81). Le recueil des antécédents du patient fait partie de
la tenue du dossier médical, incluant notamment le statut tabagique du patient dont la
recherche systématique est recommandée. (82). D'une façon générale, le développement
constant de l'informatisation du dossier patient offre plus de facilités et multiplie les
possibilités en terme de recueil d'informations (81). Les notions de consommations de
toxiques devraient être intégrées dans le cahier des charges de tous les logiciels
médicaux pour en faciliter le recueil systématique.
Une recommandation datant de 2007 décrit les stratégies de soins pour les abus,
dépendances et polyconsommations. L'objectif serait que les polyconsommations soient
prises en compte au même titre que tout autre facteur de risque pouvant entraîner des
dommages somatiques, psychiques ou sociaux. Les intervenants de première ligne
devraient alors les rechercher systématiquement. Le médecin traitant est cité parmi les
intervenants de première ligne avec le service de santé au travail, la médecine scolaire, la
médecine préventive, les pharmacien et les soignants des services d'accueil et d'urgence.
(83)
Aux vues de ce que nous venons de décrire, le médecin généraliste a donc toute sa place
dans le repérage des conduites addictives.
4. Le repérage plutôt bien vécu par les patients
Les questions de consommation de toxiques ont été plutôt bien vécues quand elles ont été
abordées. Globalement, les patients de notre étude n'étaient pas gênés, parfois même ils
ne semblaient pas avoir été marqués puisqu'ils ne se souvenaient pas de la façon dont la
question avait été abordée. Cependant, une nuance était retrouvée en ce qui concerne le
repérage des consommations d'alcool et surtout de drogues pour lesquels une approche
particulière est souvent attendue.
Les difficultés ressenties par les patients interrogés étaient davantage liées à la manière
d'aborder la question qu'au fait d'aborder les consommations de toxiques. Cela pouvait
venir aussi des représentations que le patient se faisait de ses consommations qu'il jugeait
excessives et pour lesquelles il avait des craintes quant au regard que pourrait porter son
médecin généraliste.
Dans tous les cas, les patients déclaraient répondre à la question posée puisqu'elle
semblait légitime ou normale.
Les patients interrogés au cours d'une étude qualitative en Irlande relataient de la même
façon que l'abord de la question d'alcool ne leur posait pas de problème, et, ceux pouvant
être gênés par la question reconnaissaient qu'elle était nécessaire. (84)
Les médecins évoquent de leur côté des difficultés à aborder les questions d'alcool
notamment par manque de formation, manque de temps mais aussi par crainte des
réactions de leurs patients. Le sujet « alcool » est défini encore comme un sujet tabou par
les médecins généralistes et est difficile à aborder. Ils craignent d'être intrusifs et doutent
de l'accueil que pourraient leur réserver leurs patients (75,85–88).
Aux vues des représentations et du vécu des patients, les inquiétudes exprimées par les
médecins généralistes quant aux réactions possibles des patients ne semblent pas
justifiées.
5. Modalités du repérage des conduites addictives
Les modalités attendues par les patients de notre étude pour le repérage des conduites
addictives diffèrent selon la conduite abordée.
En ce qui concerne la recherche de la consommation de tabac, les patients attendent tous
des questions simples et directes, du type : « fumez-vous ? » à laquelle ils pourraient
répondre oui ou non. En cas de réponse positive, les quantités peuvent être précisées et
des explications peuvent être données.
Ceci se rapproche des recommandations pour les démarches de recherche et de prise en
charge du tabagisme. Le tabac se distingue des autres substances dans le fait que la
plupart des consommateurs réguliers sont dépendants et que la notion d'abus n'est pas
retrouvée. Le repérage dit « précoce » en matière de tabagisme s'adresse donc plutôt aux
jeunes consommateurs, occasionnels, et au mieux avant la première expérimentation.
Repérer un fumeur doit s'accompagner au moins d'une évaluation succincte et d'un
conseil minimal. Repérer un non fumeur doit s'accompagner d'informations appropriées
des risques d'une consommation, d'autant plus s'il fait partie de la tranche d'âge des
premières expérimentations. (38,89)
De la même façon que pour le tabac, dans notre étude, le repérage d'une consommation
d'alcool doit être abordé d'une façon plutôt directe. Cependant, la plupart des patients
attendent que leur médecin les invite directement à quantifier leurs consommations
d'alcool plutôt que de poser une question fermée à laquelle ils pourraient répondre par oui
ou par non.
Parmi les moyens de repérage des buveurs excessifs, la consommation déclarée d'alcool
semble correspondre le plus aux attentes des patients. C'est un moyen de dépistage
simple, rapide et efficace qui devrait avoir lieu de façon systématique par tout médecin
généraliste.
Celle-ci peut être complétée par un auto ou hétéro questionnaire conçu à cet effet afin
d'affiner le type d'usage. Le questionnaire FACE semble être le plus adapté en médecine
générale de par sa courte durée (cinq items) et sa facilité d'utilisation. (41)
Pour les patients que nous avons interrogés, la manière la plus adaptée pour rechercher
une consommation de drogues est plus partagée, entre besoins de simplicité, de banalité
et de délicatesse. Une adaptation de la forme des questions en fonction du patient semble
nécessaire. A la fois les questions trop détournées peuvent sous entendre que le médecin
est gêné par la problématique et une façon trop directe peut donner l'impression d'être
« fliqué ». De plus, le cannabis, drogue illicite la plus consommée, n'est pas toujours
considéré comme une drogue. Il serait donc intéressant de le distinguer des autres
substances illicites tout comme nous distinguons le tabac et l'alcool.
Finalement, une question du type « vous arrive-t-il de consommer du cannabis et/ou
d'autres drogues ? », puis faire préciser la/les substance(s), la fréquence et les quantités
permettrait une bonne évaluation du type d'usage de drogues.
Les patients de notre étude sont globalement peu exigeants sur la forme du repérage des
conduites addictives. Les questions les plus simples sont les plus attendues, sauf en ce
qui concerne les drogues. Certains évoquent la possibilité d'intégrer ces questions dans
un questionnaire, au même titre que le recueil d'autres informations tels que les
antécédents. Aucun patient n'a évoqué la possibilité d'un questionnaire spécifique pour
une substance.
L'utilité des questionnaires de repérage en pratique de routine se pose. Ils ont pourtant été
adaptés et validés en médecine générale. On a pu voir que leur utilisation était encore
difficile par les généralistes en France. (49) Cela suppose que le médecin ait le
questionnaire à sa portée au moment où il en a besoin. L'anticipation de sa réalisation
paraît nécessaire, ce qui en pratique nécessite une organisation spécifique voire une
consultation spécifiquement dédiée.
L'utilisation des questionnaires est toutefois en nette progression entre 2003 et 2009 pour
les consommations de tabac (+ 27,7%) et d'alcool (+10,9%). Pour le cannabis, ces outils
restent utilisés de façon très marginale (2%).
6. Particularités du médecin du travail
Notre étude souligne la place particulière du médecin du travail dans le repérage des
conduites addictives. Celui-ci faisait partie des soignants ayant souvent abordé la question
du tabagisme et de l'alcool avec le généraliste. Cependant, sa place particulière au sein
de l'entreprise semble limiter l'authenticité des réponses apportées par les patients en
terme de consommation de toxiques.
Il existe des recommandations spécifiques dédiées à la médecine du travail en matière de
conduites addictives (90). Celles-ci concordent avec les recommandations en médecine
générale avec cependant la spécificité de la réglementation en médecine du travail. Le
médecin du travail a un rôle important en terme de prévention et de santé publique. Le
repérage systématique et régulier de consommation de substances psychoactive pour
tous les salariés est recommandé ainsi qu'une intervention brève en cas de besoin.
Le repérage semble avoir été effectué chez les patients de notre étude. Cependant, leur
description du déroulement d'une consultation de médecine du travail qui semble de très
courte durée pouvait limiter la possibilité d'une intervention brève.
Le cadre réglementaire des conditions de travail stipule que lorsque le médecin du travail
constate dans une entreprise l'existence d'un risque au travail lié à des consommations de
substances psychoactives mettant en danger la santé et la sécurité des salariés, il doit en
informer l'employeur par écrit.
Cette particularité peut expliquer les réticences des patients à être sincères en ce qui
concerne la déclaration de leurs consommations de substances (alcool ou drogues).
7. Intérêt du repérage des conduites addictives
Le repérage des conduites addictives semblait utile, ayant une importance et un intérêt
pour la plupart des patients interrogés. Les notions de « normal » ; « logique » et même
« naturel » qualifiaient les questions de consommations de toxiques. Les patients
s'attendent donc à l'éventualité que leur médecin généraliste les interroge à ce propos.
En revanche, l'objectif du repérage des conduites addictives semblait peu clair dans leurs
esprits. La recherche d'une conduite addictive permettrait ainsi au médecin de mieux
connaître son patient, d'évaluer la nécessité d'une prise en charge ou non. Nous ne
retrouvions pas d'autres éléments plus précis en ce qui concerne l'intérêt du dépistage des
conduites addictives.
Ces limites dans la description de l'intérêt du repérage des conduites addictives peuvent
s'expliquer par :

Le manque d'informations en ce qui concerne l'importance des dommages liés aux
consommations de substances psychoactives.

La plupart des sujets interrogés ne se sentant pas concernés par la question des
conduites addictives

Les représentations générales concernant les addictions encore mal connues

La toxicité des substances autres que le tabac sous évaluée

L'intérêt des démarches de prévention globales encore mal intégré dans la
population générale

Le manque de confiance en la capacité au changement de comportement (19)
Pourtant, les politiques de santé publique s'efforcent à diffuser des informations
concernant les dommages des substances psychoactives depuis quelques années. On
retrouve la diffusion des conséquences somatiques en ce qui concerne le tabac (exemple
des imprimés sur les paquets de tabac), les sensibilisations à la sécurité routière
(médiatisations pour l'alcool et le cannabis) et des spots publicitaires au sujet des drogues.
(91)
Le repérage des conduites addictives n'a d'intérêt que s'il est couplé à une intervention,
allant du conseil minimal à une prise en charge plus complexe.
Il a également un intérêt surtout s'il est précoce. Il cible donc : les adolescents afin de
repérer les usages précoces, voire éviter les premières expérimentations mais aussi tout
sujet quelque soit son âge.
Les comportements addictifs ont une évolution dynamique au cours de la vie, sans âge de
début défini, pouvant apparaître après des événements difficiles. Il est donc important de
réitérer le repérage à plusieurs reprises au cours de la vie d'un individu.
Le repérage précoce semble encore peu s'appliquer aux addictions comportementales,
même si leurs descriptions et leurs prises en charges se développent considérablement
depuis plusieurs années. La parution du DSM 5, dont les nouvelles définitions font déjà
l'objet de débats, officialise la généralisation du terme « addiction » et l'intégration des
addictions comportementales à travers la problématique du jeu (11). On pourrait s'attendre
à ce que cette pathologie traverse les mêmes difficultés que les consommations de
substances psychoactives en terme de promotion du dépistage et de prise en charge.
8. Perspectives
Tout comme l'avaient déjà décrites les études précédentes au sujet du repérage des
conduites addictives, il est indispensable de renforcer la formation des médecins
généralistes.
La formation en addictologie au cours des études médicales progresse, avec l'intégration
de modules spécifiques sur les addictions. Elle n'est cependant pas uniforme sur le
territoire et il existe encore des étudiants non sensibilisés. Les étudiants en médecine sont
pourtant une cible évidente pour la sensibilisation au repérage des conduites addictives
dans la pratique clinique au même titre que la recherche des autres facteurs de risques.
L'activité d'addictologie s'accroît au fil des années avec le développement des diplômes
spécifiques (DIU, Capacité, DESC) depuis ces dix dernières années. Il existe tout de
même encore quelques rares CHU dépourvus de service d'addictologie à part entière.
Les structures de soins spécialisées ont connu une croissance importante de leur activité
qui s'est généralisée vers une prise en charge addictologique sans spécificité de
substance ou de comportement.
Il est difficile pour un médecin installé d'avoir une connaissance intégrale de toutes les
structures de soins et réseaux existants des différentes spécialités.
Il est important que ces structures se fassent connaître à l'échelle loco-régionale, auprès
de l'ensemble des acteurs de soin du territoire. Les actions de communication et
d'information à l'échelle locale devraient être renouvelées régulièrement.
Enfin, le développement des réseaux favorise la prise en charge des patients addicts en
médecine de ville.
Les médecins généralistes doivent être formés au repérage mais aussi et surtout à la prise
en charge des addictions. Il n'est pas seul, mais encore faut-il qu'il sache qui adresser, à
quel moment et vers qu'elle structure. La possibilité de pouvoir prendre un avis
téléphonique auprès d'un spécialiste rassure, ce système pourrait donc être développé et
diffusé auprès des généralistes.
La technique de l'intervention brève qui a fait ses preuves chez les buveurs excessifs
mérite d'être diffusée davantage non seulement pour la problématique alcool mais aussi
pour les autres conduites addictives.
Les formations doivent également viser à déstigmatiser le patient addict. Les objectifs de
soins ne sont pas les mêmes que pour une pathologie somatique isolée, ou aiguë. Il faut
savoir que l'accompagnement de ces patients se fait sur une longue durée, qu'une rechute
n'est pas un échec mais qu'elle fait partie intégrante du parcours du patient vers la
stabilisation. Tout comme le diabétique qui au cours de sa vie connaîtra des
décompensations puis de nouveau des stabilisations, ces périodes pouvant varier dans la
durée.
Enfin, le plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives 20132017 est paru le 19 septembre 2013 dernier. Il vise entre autres à fonder les politiques de
lutte contre les drogues et les conduites addictives sur la recherche et la formation.
Prévenir, prendre en charge et réduire les risques sont le premier point de ce nouveau
plan. Il intègre également les besoins d'intensifier la lutte contre les trafics, de mieux
appliquer la loi et de renforcer la coordination des actions nationales et internationales. On
voit bien là toute l'importance et la prise de conscience des pouvoirs publiques sur la
nécessité de renforcer les actions contre les drogues et les addictions tant sur le plan légal
que sur le plan sanitaire et social. (92)
CONCLUSION
Le repérage des conduites addictives intègre des outils simples pour sa réalisation
pratique.
Cependant, il est rendu complexe puisqu'il intègre toutes les dimensions bio-psychosociales de la pathologie addictive et qu'il est l'interaction entre le médecin, son patient et
leurs propres attentes et représentations.
Notre étude a permis de renforcer l'idée que les obstacles au dépistage des
consommations de substances psychoactives proviennent du médecin plutôt que des
patients.
Les consultants en médecine générale attendent des questions simples, directes en ce qui
concerne le tabac. Une forme de question plus détournée est parfois attendue en ce qui
concerne l'alcool, les drogues et les addictions comportementales même si les patients
répondront à la question posée par le généraliste, quelle qu'en soit la forme.
Le repérage des conduites addictives a un intérêt certain pour les patients, mais celui -ci
reste encore mal identifié par la population générale.
Le dépistage est plutôt bien vécu dans l'ensemble. Quelques réticences ont été observées
chez des patients addicts. Cette population mériterait d'être interrogée spécifiquement afin
d'évaluer si leurs attentes sont plus spécifiques que celles de la population générale.
L'intégration du repérage des conduites addictives au sein de l'activité de prévention
dédiée au médecin généraliste limite sa faisabilité. Cette activité est vaste et hiérarchiser
les actions de prévention est difficile même au sein d'une consultation de prévention
spécifique. L'amélioration de l'outil informatique et le renforcement des formations
pourraient permettre une meilleure appréciation des priorités en terme de prévention aux
différents âges de la vie du patient.
La formation initiale au cours des études médicales puis la formation continue sont en
constante amélioration. La promotion à l'échelle locale du repérage précoce et de
l'intervention brève semble indispensable et la participation des réseaux y a toute sa
place.
Enfin, le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les addictions 2013-2017 va
permettre d'améliorer les pratiques telles qu'elles l'ont été depuis l’essor de l'addictologie
ces dernières années.
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ANNEXE 1
Critères diagnostics du « trouble addictif » de Goodman :
A. Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement
B. Sensation croissante de tension précédent immédiatement le début du
comportement
C. Plaisir ou soulagement pendant sa durée
D. Sensation de perte de contrôle pendant le comportement
E. Présence d'au moins un 5 des 9 critères suivants :
1 Préoccupation fréquente au sujet du comportement ou de sa préparation
2 Intensité et durée des épisodes plus importants que souhaitées à l'origine
3 Tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement
4 Temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre ou à s'en
remettre
5 Survenue fréquente des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations
professionnelles, scolaires ou universitaires, familiales ou sociales
6 Activité sociale, professionnelle ou récréatives majeures sacrifiées du fait du
comportement
7 Perpétuation du comportement bien que le sujet sache qu'il cause ou aggrave
un problème persistant ou récurrent d'ordre social, financier, psychologique ou
physique
8 Tolérance marquée : besoin d'augmenter l'intensité ou la fréquence pour obtenir
l'effet désiré, ou diminution de l »effet procuré par un comportement de même
intensité
9 Agitation ou irritabilité en cas d'impossibilité de s'adonner au comportement
F. Certains éléments du syndrome ont duré plus d'un mois ou se sont répétés pendant une
période plus longue
ANNEXE 2
Critères DSM-IV TR d'abus d'une substance :
Réponse en oui-non . Une réponse positive (ou plus) à ces questions est évocatrice
d'abus.

Avez-vous été à plusieurs reprises ivre ou intoxiqué(e) par des drogues (nommer la
substance ou la classe de substances sélectionnée) ou « défoncé(e) » alors que
vous aviez des choses à faire au travail (à l'école) ou à la maison ? Cela a-t-il posé
des problèmes ?

Vous est-il arrivé d'être sous l'effet de l'alcool ou de drogues dans une situation où
cela était physiquement risqué de conduire, utiliser une machine ou un instrument
dangereux, faire du bateau ? Cela a-t-il posé des problèmes ?

Avez-vous eu des problèmes légaux parce que vous aviez bu ou pris des drogues
comme une interpellation ou une condamnation ?

Avez-vous continué à boire ou à prendre des des drogues tout en sachant que cela
entraînait des problèmes avec votre famille ou votre entourage ?
Symptômes ne doivent avoir jamais atteint, pour cette classe de substance, les critères de
la dépendance à une substance.
ANNEXE 3
Critères DSM IV-TR de la dépendance
Mode
d'utilisation
inapproprié
d'une
substance
conduisant à
une
altération du
fonctionnement ou d'une souffrance, cliniquement significative caractérisé par la présence
de trois (ou plus) des manifestations suivantes à un moment quelconque d'une période
continue de 12 mois :
1. Tolérance, définie par l'un des symptômes suivants :

besoin de quantités notablement plus fortes de la substance pour obtenir une
intoxication ou l'effet désiré ;

effet notablement diminué en cas d'utilisation continue d'une même quantité de la
substance
2. Sevrage : caractérisé par l'une ou l'autre des manifestations suivantes :

syndrome de sevrage caractéristique de la substance ;

le même substance (ou une substance très proche) est prise pour soulager ou
éviter les symptômes de sevrage
3. La substance est souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période
plus prolongée que prévu
4. Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler
l'utilisation de la substance ;
5. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir la substance, à
utiliser le produit ou à récupérer de ses effets
6. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou
réduites à cause de l'utilisation de la substance
7. L'utilisation de la substance est poursuivie bien que la personne sache avoir un
problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d'avoir été causé
ou exacerbé par la substance.
ANNEXE 4
ANNEXE 5
ANNEXE 6
ANNEXE 7
ANNEXE 8
ANNEXE 9
Check-list issue des recommandations du programme « Boire moins c'est mieux » pour
l'Intervention Brève auprès des buveurs excessifs :
 Restitution du test de repérage : « votre score pour le test que nous venons de voir
semble vous situer au niveau d'une consommation à risque. Êtes-vous d'accord
pour que nous en parlions ? »
 Information sur les effets de l'alcool sur la santé : « Les études scientifiques
montrent que la consommation d'alcool, au-delà de 2 verres (femmes) ou 3 verres
(hommes) par jour en moyenne, a des effets négatifs sur la santé qui se traduisent
par une réduction de l’espérance de vie, comme lorsqu’on a trop de tension ou un
cholestérol élevé. »
 Le verre standard (s’aider d’un visuel, sur une affiche ou dans le livret) : « C’est le
verre qu’on boit au bistrot: qu’on boive de la bière, du vin ou un spiritueux, c’est
toujours la même quantité d’alcool. Il n’y a pas d’alcools moins dangereux que
d’autres. »
 Recherche d’une motivation personnelle pour le changement : « À votre avis, quels
bénéfices pourriez-vous tirer d’une réduction de votre consommation d’alcool? »
 Mise au point d’objectifs précis : « Je vous propose de vous conseiller pour que
vous rameniez dans les semaines qui viennent votre consommation d’alcool en
dessous du seuil de risque, c’est-à-dire de 2 (ou 3) verres par jour, dans le but de
protéger votre santé et pour recevoir les bénéfices que vous venez d’évoquer.
Qu’en pensez-vous? »
 Méthodes pour réduire sa consommation : Passer en revue les méthodes: réduire
le nombre de jour avec alcool, ou le nombre de verres par occasion, ou limiter les
“moments à risque”. S’appuyer sur le livret (livret INPES). Rechercher l’avis du (de
la) patient(e).
 S’assurer de l’adhésion du patient à la démarche : « Nous venons de voir pourquoi,
comment et à quel niveau vous pourriez réduire votre consommation d’alcool.
Souhaitez-vous passer rapidement à l’essai? »
 Délivrer un livret d’aide au changement (ou d’information) : Ne pas pousser un(e)
patient(e) réticent(e). L’encourager à s’informer, à en reparler quand il (elle) le
souhaitera, lui donner un livret d’information. Féliciter un(e) patient(e) se déclarant
prêt(e), et lui donner un livret pour se guider dans sa réduction.
 Proposer une deuxième consultation : Dans un mois ou dans un an, idéalement
dans 6 à 8 semaines, pour lui manifester de l’intérêt, et pour qu’il (elle) ait une
échéance pour mesurer l’évolution de sa consommation.
ANNEXE 10
Grille d'Entretien Semi-Dirigé
Modèle d'introduction des entretiens : Je fais un travail de thèse sur les perceptions que
peuvent avoir les patients quand leur médecin généraliste leur parle de consommations de tabac,
d'alcool, de drogue. Je vais donc vous poser quelques questions pour que vous puissiez me
donner votre point de vu personnel de façon la plus précise possible. Je ne suis là en aucun cas
pour émettre un jugement sur ce que vous pourrez me dire. Dans le seul but de retranscrire les
informations avec précision, je vais enregistrer notre discussion avec le dictaphone. Cet
enregistrement restera anonyme, et aucun nom/lieu ne sera retranscris. Êtes -vous prêt pour
commencer?
Questionnaire données quantitatives caractéristiques échantillon préalable :
Age – Sexe – Profession – Lieu de recueil
et en fin d'entretien : consommation (active ou ancienne) de tabac – alcool – cannabis – cocaïne –
héroïne – autres addictions sans produit.
Grille d'entretien :
1/ Perception par le patient de ce qu’est un dépistage des conduites addictives :
Existe-t-il pour le patient un dépistage de ses consommations ? Quel est (ou pourrait être) son
intérêt d’après lui ?
Est-il utile de faire un tel dépistage ? Quelle forme doit il prendre ?
Doit-il être initié par le MG, un autre médecin ou un autre personnel de soin ? Ou au contraire le
médecin doit-il attendre que le patient aborde lui-même la question ?
Tabac-alcool-cannabis-cocaïne-héroïne-médicaments et autres produits : quelles différences le
patient fait-il concernant le dépistage d’un éventuel usage? Même importance; gravité /Mêmes
conséquences ; complications ?
Place du repérage précoce
2/ Relation avec le médecin généraliste :
Confiance envers le médecin ?
Est-ce que le patient considère que la question des consommations de produits et de l’addiction
concerne ou implique le médecin généraliste ?
La perception des compétences du MG par le patient dans le domaine des addictions, influence-t-il
le choix de se confier ou non à ce dernier pour une problématique addictive ?
La manière d’aborder les consommations de tabac-alcool-drogues en consultation est il le même
selon les produits consommés et s’il existe ou non une problématique addictive ?
3/ Perception de ses propres conduites addictives :
Le patient se sent-il concerné par la question des conduites addictives ?
Quelle serait la réaction du patient si le médecin traitant lui demandait s'il consomme du tabac alcool-drogues ou s’il a un problème addictif avec l’un ou l’autre produit ?
Pense-t-il que le fait d’en parler à son médecin amorcera un quelconque changement, ou une prise
en charge thérapeutique ?
Exemples concrets de questions, à adapter selon le discours et la situation du patient.
Avez vous déjà abordé la question de consommations de tabac, d'alcool ou de drogues avec un
(votre ) médecin généraliste ?
A > Si Réponse oui :
1.Racontez moi comment cela s'est-il passé en pratique la première fois ?
> Relances : Était-ce de votre initiative ? La sienne ? Dans quel contexte ?
> Relances : Avez vous pu y répondre ?
2.-Si non, pourquoi ? Auriez vous souhaité/Souhaiteriez vous que votre médecin aborde de
nouveau la question et comment ?
-Si oui, comment y avez vous répondu ? (Avez vous déclaré des consommations réelles?)
3.Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées personnellement ?
B > Si Réponse non :
1.Quelles sont les raisons pour lesquelles cela n'a pas eu lieu ?
2.Expliquez moi comment vous pourriez réagir si votre médecin vous demandait si vous fumez, si
vous buvez ou si vous consommez de la drogue ?
> Relance : Quelles pourraient être les difficultés pour vous ?
3.Expliquez moi dans quelle(s) circonstance(s) vous souhaiteriez qu'on vous pose ces questions
sur le tabac, l'alcool, la drogue ?
Quelle serait l'attitude à avoir selon vous pour aborder la question de consommation selon que l'on
veuille parler de tabac, d'alcool ou de drogue ? En quoi l'approche devrait-elle être différente ?
En quoi le fait que votre médecin vous demande si vous avez déjà consommé de la drogue
pourrait vous gêner ?
Quelles différences feriez vous si c'était un autre intervenant que votre médecin généraliste qui
abordait ces questions avec vous ?
Pour quelles raisons trouvez-vous que votre médecin généraliste est meilleur ou moins bon
intervenant qu'un autre pour aborder avec vous ces questions ?
Finalement, quelles seraient vos besoins, en tant que patient pour pouvoir aborder ces questions
d'une manière idéale ?

Si nécessaire, décliner la question 1 pour tabac – alcool – drogues (cannabis, héroïne,
cocaïne,
etc...
selon
le
patient)
–
addictions
comportementales.
SERMENT MEDICAL
« Au moment d’être admise à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur
et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments,
physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur
état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées
dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances
contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne
tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les
consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par
la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admise dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l’intérieur des
maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne
provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui
dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui
me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois
déshonorée et méprisée si j’y manque. »
NOM : COLLIGNON
PRENOM : MATHILDE
Titre de Thèse
Le repérage des conduites addictives en médecine générale : ce qu'en pensent les
patients
RESUMÉ
Le repérage précoce en addictologie a fait l'objet de recommandations et
d'élaboration d'outils adaptés. Il est la première étape nécessaire dans la prise en
charge des conduites addictives avant le stade de dépendance. Le médecin
généraliste, en première ligne, exprime pourtant de nombreux freins dans sa
réalisation. L'objectif de ce travail est de recueillir le vécu et les attentes des patients
afin de déterminer si les craintes des médecins en matière de repérage des
conduites addictives sont justifiées. Nous avons réalisé une étude qualitative par
entretiens semi-dirigés de dix patients adultes suivis en médecine générale. Les
patients interrogés ont bénéficié d'un repérage de consommation de tabac alors qu'il
était moins systématique pour les autres conduites addictives. Un contexte
spécifique pour aborder ces questions est attendu. Le médecin généraliste a toute sa
place
dans
le repérage, ces questions n'étant globalement pas gênantes.
Cependant, il existe une réticence pour certains quant à l'exploration des conduites
autres que le tabagisme, une forme plus adaptée étant attendue. Quelle qu'en soit la
forme, les patients répondront aux questions posées par leur médecin en matière
d'addiction.
Les obstacles au repérage des conduites addictives proviennent du médecin plutôt
que des patients, faisant appel à ses représentations et à toutes les difficultés
inhérentes à son activité de prévention.
MOTS-CLÉS
Conduites addictives – Repérage – Médecin généraliste - Prévention
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