LOUISE NADEAU, FACSS, FSRC, Ph.D. L’ADDICTION, LES CROYANCES ET LA NEUROBIOLOGIE : UNE IDÉE QUI DATE DE LA RENAISSANCE 1 L’apport du jeu pathologique aux conduites addictives liées aux opiacés 2 LE JEU PATHOLOGIQUE interroge la dépendance aux opiacés parce que c’est une conduite addictive sans substance. 3 le paradigme du jeu un processus addictif non médiatisé par une molécule • 4 Ré l’illusion de contrôle 5 Croyances = qu’on peut contrôler le hasard. Attentes = que le hasard va jouer en notre faveur. Normes d’évaluation = que la malchance va arrêter puisque c’est à mon tour de gagner. Objectifs personnels = que je vais gagner et me refaire. 6 Or, l’importance des croyances dans la détermination de la conduite ne date pas de la décennie 1970… 7 1561 Pascasius Alea, Sive de Curanda in Pecuniam Ludendi Cupiditate Du jeu, ou du remède au désir de jouer pour de l’argent • 8 Ré Pascasius fait, en 1561, une description clinique d’un patient aux prises avec une conduite addictive et propose un traitement. • 9 Ré PASCASIUS FAIT 5 AFFIRMATIONS ①Les croyances sont au cœur des conduites addictives. ②Les conduites addictives forment une catégorie à part dans taxonomie psychiatrique. ③Les conduites addictives ont une composante neurobiologique. ④La comorbidité est souvent présente. ⑤L’ensemble du tableau clinique doit être pris en compte dans le traitement. 10 #1. Les croyances sont au cœur des conduites addictives. 11 « Le goût du jeu de hasard est donc une passion (cupiditas) effrénée de jouer pour de l'argent, désir qu'enflamme un espoir de gain aussi ardent que crédule. C'est aussi une maladie grave (gravis affectio) affectant longtemps l'esprit qui, en se fondant sur une vision erronée d'un avenir conduit par le hasard, déclenche un désir de jouer aussi effréné qu'exalté. » p. 112 12 importance de la dimension cognitive 13 Les croyances erronées ne sont pas le seul fait des joueurs pathologiques. 14 #2. Les conduites addictives forment une catégorie à part dans taxinomie psychiatrique : conduites addictives et psychiatrie 15 Addictions et psychiatrie • La position hybride des addictions dans le champ de la taxinomie psychiatrique • Un trouble auto-infligé • Le sujet = agent actif de son mal 16 Addictions et psychiatrie la faiblesse de caractère et le manque de contrôle 17 L’histoire montre que … …morale et stigmatisation du patient comme coupable ont persisté. 18 Intériorisation d’une stigmatisation qui date de plusieurs siècles. 19 #3. Les conduites addictives ont une composante neurobiologique . 20 Pascasius et le sang chaud = facteur de vulnérabilité biologique • 21 Ré • Hippocrate et Galien sont à la source des fondements biologiques de la personnalité Instable Introverti Mélancolique Colérique Flegmatique Sanguin Stable Extraverti IMPULSIVITÉ 23 IMPULSIVITÉ et épigénétique 24 #4. La comordibité. 25 Comparaison avec les passions - la passion amoureuse, la dépendance à l’alcool. 26 idée d’un désordre qui appartient à une famille de désordres 27 Convergence neurobiologique des conduites addictives 28 Prévalence des troubles mentaux associés 29 Les conduites addictives n’arrivent pas seules. 30 #5. L’ensemble du tableau clinique doit être pris en compte dans le traitement. 31 Pascasius fait une médecine de l’observation. 32 Les catégories de données - littéraires, scientifiques, philosophiques – sont citées avec la même importance. 33 LA DIFFÉRENCE ENTRE LA RECHERCHE ET LA CLINIQUE : UNE CLINIQUE SOUTENUE PAR DES DONNÉES DE RECHERCHE • 34 Ré 35 La différence entre la clinique et la recherche… Le clinicien, comme Pascasius et l’esprit de la Renaissance, voit le patient dans son entier, comme une lumière blanche. Le chercheur décompose la lumière blanche pour en comprendre la structure et examine un seul aspect du spectre. 36 Nous percevons la lumière comme si elle était blanche… 37 De fait, la lumière est un spectre de couleurs… 38 Certains chercheurs étudient uniquement les dégradés de bleu… et produisent des données probantes sur le bleu. 39 …tout en sachant que les autres couleurs existent. 40 …d’autres ne voient qu’une couleur… 41 … ou deux couleurs. 42 la personnalité est faite d’un spectre de couleurs. 43 La clinique et la recherche La recherche et la clinique ne poursuivent pas les mêmes objectifs. Mais les résultats de la recherche devraient être utiles à la clinique. 44 Il est souhaitable que l’intervenant prenne en compte l’ensemble du tableau clinique... 45 …le travail de l’intervenant est amélioré s’il a la capacité de percevoir toutes les couleurs du spectre. 46 L’hétérogénéité de cas cliniques… • Des patients avec des déficits neuropsychologiques. • Des patients qui ont émigré et qui vivent de la stigmatisation et de la pauvreté. • Des dépendants aux opioïdes qui sont aussi des joueurs pathologiques qui ont gagné la première fois qu’ils ont joué. • Des patients qui ont vécu de l’indifférence parentale. • Des patients qui souffrent de troubles mentaux graves et persistants. • Des patients ayant vécu des traumatismes. • Des patients génétiquement vulnérables. 47 48 …la personnalité est faite d’un spectre de couleurs. 49 La qualité de la relation avec les patients est au cœur de l’intervention. 50 La vision globale de la Renaissance peut servir de repère. 51 CONCLUSION 52 Pascasius propose (1) : 53 Pascasius propose (2) : 54 La vision globale de la Renaissance pour une clinique qui se fonde sur le tableau clinique. 55 Pascasius inscrit les conduites addictives dans l’histoire de la médedine. Dès la Renaissance, le caractère multidimentionnel des conduites addictives. 56 vulnérabilités neurobiologiques traumas variés Conduites addictives Alliance thérapeutique Cognitions erronées prises en charge selon les données probantes Prise en compte de la 57 comorbidité Merci ! 58