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les Provinces-Unies (Berne en 1712, les III Ligues en 1713), la Grande-Bretagne, le Milanais ou d'autres Etats
italiens. Pour le reste, la diplomatie helvétique se limita à des ambassades occasionnelles dans les capitales
européennes. Les cantons catholiques entretinrent cependant leurs relations privilégiées avec le pape et le
roi d'Espagne en étant représentés en bloc à Madrid, Milan et Rome (ils disposaient dans cette ville de l'appui
du commandant de la Garde suisse); mais ces agents, permanents, étaient étrangers. Une nonciature fut
établie à Lucerne en 1586.
Lorsqu'au XVIe s., la maison de Habsbourg, détentrice de la dignité impériale depuis 1438, devint la grande
puissance catholique du Saint Empire romain germanique, les délégations des cantons à la Diète impériale se
firent plus rares. La fin de la guerre de Souabe avait marqué la reprise des relations avec la cour impériale,
que les cantons catholiques ne furent pas seuls à entretenir après la Réforme; c'est ainsi qu'en 1566, une
délégation conduite par Bernhard von Cham, bourgmestre de Zurich, et Christoph Schorno, landamman de
Schwytz, reçut de l'empereur Maximilien II la confirmation des anciennes libertés. Encouragé par la France,
obtenu en 1648 lors de la paix de Westphalie, l'affranchissement du Corps helvétique des liens qui le
rattachaient à l'Empire eut pour préalable diplomatique les ambassades de Johann Rudolf Wettstein
(1594-1666), bourgmestre de Bâle, à Münster en 1646 et à Osnabrück en 1647. Wettstein mena encore
d'autres négociations à la cour de Vienne en 1650-1651, en compagnie de Sebastian Peregrin Zwyer von
Evibach, à qui ses états d'officier, de diplomate impérial et de landamman d'Uri valaient un grand prestige.
Lors de la guerre de Succession d'Espagne et de la préparation des traités d' Utrecht en 1713, le noble
vaudois François-Louis de Pesmes de Saint-Saphorin joua un double rôle analogue: Suisse au service militaire
et diplomatique de l'empereur, agent impérial en Suisse, il représenta aussi les cantons réformés à Vienne.
Ce n'est qu'à partir de 1678 que l'Autriche eut un représentant permanent qui résidait à Bâle ou à Baden et
qui était parfois chargé par la Suisse d'une mission en Autriche. A Coire, un agent impérial, membre de la
noblesse grisonne, s'occupait des relations de bon voisinage avec les III Ligues. Dès 1750, la Diète fédérale
confia à un fonctionnaire de la cour impériale, le Glaronais Johann Jakob Müller von Mühlegg, la représentation
des intérêts de la Suisse à Vienne. Son fils Johann Christian, puis son petit-fils Ferdinand lui succédèrent; ce
dernier fut de 1802 à 1806 chargé d'affaires de la Suisse.
Du XVIe au XVIIIe s., les relations diplomatiques avec la France furent soutenues, mais unilatérales. Restant
fondées sur l'alliance de 1521, plusieurs fois renouvelée avec d'importantes révisions en 1663 et 1777, elles
avaient pour objet essentiel le service étranger et le versement des pensions. La Suisse, neutre sur les plans
confessionnel et politique, s'associa ainsi indirectement à la lutte contre les Habsbourg jusqu'au moment où,
Louis XIV ayant écarté les protestants français et étrangers, les cantons catholiques passèrent une alliance
séparée en 1715 (Trücklibund). Depuis 1522, le roi nommait en Suisse un ambassadeur permanent,
généralement chargé aussi de la défense des intérêts de la France dans les Grisons; l'ambassadeur de France
résida à Soleure jusqu'en 1792. En Suisse occidentale, il y eut en outre un ministre résident dans deux pays
alliés (Résident de France): à Genève dès 1679, en Valais dès 1714. A l'inverse, la Confédération ne se faisait
encore représenter auprès du roi Très-Chrétien que par des ambassades occasionnelles mais coûteuses,
auxquelles tous les cantons participaient. Lors du renouvellement de l'alliance en 1602, Henri IV reçut une
délégation de trente-neuf Suisses. En 1663, le Roi-Soleil invita à Versailles, à ses frais, les trente-six
"ambassadeurs" suisses, leurs quatre-vingt-sept attachés et leur escorte d'une centaine de personnes.
Conseillers et officiers, ces messieurs se préoccupèrent toutefois davantage de mondanités que de questions
militaires et ils laissèrent à deux délégués commerciaux, Johann Heinrich Escher, futur bourgmestre de
Zurich, et Jakob Hochreutiner, marchand saint-gallois, le soin de défendre les intérêts économiques de la
Confédération. Evoquée sous le règne de Louis XV, l'idée d'établir une mission diplomatique permanente à
Paris fut abandonnée en 1731 déjà, pour des raisons financières.
Auteur(e): Rolf Stücheli / LA
1.2 - Les congrès de paix européens et les diplomates suisses