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Evoquer cette époque d'enthousiasme pour la connaissance et de passion pour la
Raison m'amène à mon cinquième et dernier point.
Dans un article de juillet 1998, le magazine 6FLHQFH relevait le phénomène qu'a
constitué l'arrivée simultanée au pouvoir, dans plusieurs pays d'Europe centrale et
orientale, de scientifiques.
Tout en rapportant l'opinion assez répandue qu'il s'agit là d'un simple accident de
l'Histoire, l'article laissait ouverte la question de savoir jusqu'à quel point les qualités
d'indépendance et d'esprit critique exigées par la vie scientifique sont ou non
particulièrement adaptées à l'activité politique et au gouvernement des choses
humaines.
Cette question n'est pas simple et l'on pourrait en discuter longtemps. Je me
contenterai de faire trois observations :
Premièrement, il est tout à l'honneur des citoyens des pays d'Europe centrale et
orientale d'avoir porté aux plus hautes responsabilités politiques des scientifiques et
des intellectuels, comme ils l'ont fait au cours des dernières années;
Deuxièmement, la science et la démocratie ont à l'évidence partie liées, comme la
liberté de recherche et la liberté de pensée;
Enfin, au-delà de son intérêt en termes pratiques, la science est porteuse de valeurs
et d'attitudes déterminantes pour la vie en société : la curiosité, l'imagination, la
rigueur, l'esprit d'analyse, le respect du jugement d'autrui, pour en citer quelques-
unes.
Dans les pays de l'Union, la confiance dans la science est en train de s'éroder, et le
goût pour la recherche se perd chez les jeunes. Les raisons de cet état de fait sont
connues. Certains développements technologiques, notamment dans les sciences
du vivant et les technologies de l'information, posent de réelles questions quant à
leurs aspects éthiques et leur impact social. Et la vie de recherche est loin
d'apporter, en termes matériels, les gratifications que proposent d'autres carrières.
Il importe donc à la fois mener une réflexion approfondie sur les aspects sociaux et
éthiques de la recherche, et de restaurer l'intérêt pour les carrières scientifiques.
La Commission s'y emploie, notamment par l'intermédiaire du Concours de l'Union
européenne pour les Jeunes Scientifiques. Je profite de l'occasion pour saluer les
performances remarquables des jeunes chercheurs polonais lors de la dernière
édition de cette manifestation : ils y ont remporté un premier et un troisième prix.
Cet effort de sensibilisation doit être poursuivi et renforcé, dans tous les pays
européens qui sont déjà membres de l'Union, comme dans ceux qui le seront
bientôt.
Dans un pays comme la Pologne, qui a si brillamment contribué au progrès des
connaissances dans des disciplines comme les mathématiques, la logique ou la
physique, le démarrage du 5ème Programme-cadre de recherche devrait également
être l'occasion de réaffirmer la valeur de la recherche, en laissant les jeunes
générations se convaincre de la façon déterminante dont elle conditionne leur avenir
et celui de la société européenne.
C'est sur cette recommandation que je conclurai, en exprimant toute ma confiance
dans le succès de la participation de la Pologne au 5ème Programme-cadre.