est indispensable pour obtenir une bonne tolérance de la nutrition [19]. Dans une série
prospective de 650 patients, Braga et coll [20] ont rapporté qu’une nutrition entérale
pouvait être débutée 12 h après l’intervention par sonde naso-jéjunale ou jéjunostomie
chirurgicale, avec des apports caloriques progressivement augmentés pour aboutir à
25 Kcal.kg-1.h-1 au 4e jour. Toutefois, une mauvaise tolérance a imposé l’arrêt de la nu-
trition entérale dans 8,9 % des cas, et une complication grave a été observée dans 1,7 %
des cas. Il faut se souvenir que l’administration jéjunale d’une nutrition liquide avec un
débit supérieur à 3,5 Kcal.kg-1.min-1 (soit 21 Kcal.kg-1.h-1) peut s’accompagner d’une
inhibition réexe de la sécrétion pancréatique pouvant être responsable d’un syndrome
de malabsorption [19]. La nécessité de démarrer progressivement cette nutrition entérale
impose de conserver des apports hydro-électrolytiques et/ou caloriques de complément
par voie parentérale, le temps d’obtenir des apports adaptés au patient. Enn il est à
noter qu’après une intervention sus-mésocolique, la nutrition entérale par voie orale ou
entérale (jéjunostomie chirurgicale, sonde nasogastrique ou naso-jéjunale) ne permet pas
toujours de fournir un apport calorique quantitativement sufsant [9, 16], d’autant plus
que l’existence de vomissements peut retarder la remise en charge du tube digestif [9].
3.2. EN CHIRURGIE COLO-RECTALE
La chirurgie colo-rectale est le terrain de prédilection de l’alimentation précoce. Une
alimentation par voie orale peut être débutée dans les 24 premières heures postopéra-
toires après le retrait de la sonde gastrique, comme en témoignent de nombreux travaux
[10, 11, 21-27]. Chez ces patients ne présentant aucun autre état pathologique que celui
conduisant à l’intervention, une réduction importante de la durée de séjour postopé-
ratoire est possible [23]. Avec une alimentation débutée très précocement après une
colectomie par cœlioscopie, il est possible d’obtenir en 48 h des apports par voie orale
de 1 900 à 3 200 mL avec une bonne tolérance, grâce à une prise en charge associant une
analgésie péridurale thoracique, une mobilisation forcée, un traitement actif des NVOP
et le retrait immédiat de la sonde gastrique [24].
4. COMPLICATIONS LIÉES À L’ALIMENTATION PRÉCOCE
Bien que l’alimentation précoce présente un certain nombre d’avantages [5], elle pré-
sente des risques non négligeables de complications et/ou de mauvaise tolérance [17].
4.1. INTOLÉRANCE DIGESTIVE ET INSUFFISANCE D’APPORT
Les tentatives d’instaurer trop rapidement une ration calorique importante par voie
entérale peuvent aboutir à une mauvaise tolérance digestive, pouvant se manifester par
des nausées, des vomissements, une stase gastrique importante, une diarrhée ou une
distension abdominale. En cas d’alimentation par sonde gastrique, une stase liquidienne
doit être systématiquement recherchée par déclivité toutes les 6 heures, avec interruption
temporaire de la nutrition entérale en cas de résidu supérieur à 150 mL [19]. Qu’elle
soit liée ou non à une augmentation trop rapide de la ration alimentaire, cette tolérance
médiocre peut retarder la mise en œuvre complète de la nutrition entérale, voire imposer
de passer en nutrition parentérale totale [17].
4.2. RÉGURGITATION ET INHALATION PULMONAIRE
Chez un patient présentant des troubles de la vigilance liés à un effet résiduel des agents
anesthésiques, la réintroduction trop précoce et non progressive d’une alimentation par
voie orale ou entérale peut se compliquer d’une inhalation pulmonaire en cas de régur-
gitation ou de vomissements. Ce risque n’a cependant pas été évalué spéciquement. Il
convient d’être vigilant, surtout chez les personnes âgées plus sensibles à cet effet résiduel