aîtres. Il se reconnaît deux maîtres intel- lectuels : l'économiste François Perroux et Raymond Aron. Microcosme. Définition du Robert : « Image réduite du monde ou de la société. » Pour Barre, métaphore dédaigneuse du marigot politique. Dans le microcosme » abhorré, les combinaisons sont toujours subalternes, les querelles partisanes, les manoeuvres indignes, l'agitation' politicienne et les gesticulations médiatiques. Bref, le microcosme, comme l'enfer, c'est les antres. P rofil. Look très M e République pour cet homme défini par l'un de ses collaborateurs comme « l'anti - Edgar Faure ». Suprême coquetterie : il refuse de confier son . image au premier Séguéla venu. t-il à dire pour justifier sa course en solitaire. « L'opposition a intérêt à sauvegarder Sa diversité. Pour ce qui me concerne, je n'ai pas l'intention de m'ennuyer. » Dont acte. Extraterrestre. Raymond Barre se « considère comme « un extraterrestre par rapport au monde politique ». Cosmique. aits.. Le professeur Barre prétend vouer un véritable culte aux faits. Son austère lettre mensuelle s'appelle d'ailleurs « Faits et Arguments » (vingt mille exemplaires). « Mais à force de répéter que les faits sont têtus et résistent à toutes les idéologies, ironise la revue "Esprit", on finit par s'entêter soi-même et par perpétuer le dogmatisme qu'on dénonçait si fort dans les idéologies des autres. Ainsi, l'on peut se demander si la condamnation hautaine du "microcosme" et des passions politiques ne recouvre pas un refus de lancer son propre dis- cours dans l'arène de la communication : l'esprit libre" tant vanté, ce serait alors celui qui s'est libéré des "déboires"du dialogue. » Intel- lectuel, non ? Fidèles. Ils se réunissent dans son Q.G. du boulevard Saint-Germain. Ils s'appellent Pierre-André Wiltzer, maître des requêtes au Conseil d'Etat — il fait office de directeur de cabinet —, l'ancien préfet Daniel Lioustin — grand maître des « réseaux Barre » —, Franck Lessay — responsable de « Faits et Arguments » —, Jacques Alexandre, Yvette Nicolas et Sylvie Dumaine. Fief. Le député du Rhône a fait de Lyon son véritable fief. Il consacre à « ses chers Lyonnais » tous ses débuts de semaine. Le 37, cours Vitton, est la Mecque des barro-lytœnais éseaux. Quand on refuse de s'« empara- saner », une seule solution : les réseaux. Barre tisse sa toile par l'intermédiaire des clubs et associations de province. Les partis, répète-t-il, sont inadaptés et impotents. Autre avantage : grâce aux réseaux, nul risque de se faire accuser par ses Partenaires de « débauchage » de partisans. C'est le militantisme à la bourgeoise. Le barrisme, comme le dit un Proche, « se nourrit de la décomposition des grands appareils partisans ». Plus de soixante clubs 'se réclament déjà du barrisme. urréaliste. Qu'aurait aimé faire R. B. s'il agiographe. Henri Amouroux prépare une biographie du maître. Attention, dithyrambe ! n.n n'avait pas été saisi par le démon de l'économie et séduit par la muse du pouvoir ? « J'aurais aimé faire de la haute couture. » Aux dernières nouvelles, la prochaine/ collection Barre ne serait pas prête avant le printemps 1988. le. Natif de Saint-Denis de la Réunion, il n'a connu la France métropolitaine qu'étudiant. Très jeune, la mère patrie lui est apparu'e, d'outre-mer, comme un mythe, une « identité globale » qui ne souffrait aucune vision fractionnée et partielle. Son adhésion à la mystique gaullienne et son' refus des réductions « microcosmiennes » seraient ainsi, selon ses proches, d'« essence insulaire ». De - la même manière, la gourmandise avec laquelle il sillonne en pèlerin les provinces françaises — plus de cinquante départements visités en deux ans — en dit long sur son appétit de découverte de la France profonde. Ou de la France des notables ? Inflation. Avec plus de 14 % d'inflation, il était un Premier ministre performant. Avec moins de 7 %, Laurent Fabius est, paraît-il, un incompétent. Personne n'est parfait. ittéraire. Cet homme de culture a une sainte horreur de la « politique littéraire)) menée par Mitterrand. Il dit préférer les choses aux mots. Pourtant, cet esprit volontairement prosaïque s'enivre de bons mots. Cet artiste. du « margouillis », de la « ratatouille » et autres « salmigondis » a le verbe gourmand. oix. « Un miaulement dans du velours », telle est la définition par. Catherine Nay de la voix barrienne. Vne voix chantonnante au phrasé débonnaire mise au service d'un verbe gaullien. Cette voix séraphique, proche du roucoulement, n'annonce pourtant aux Français que des lendemains laborieux. ,Mais elle les enjôle. élotes. Pendant que Barre surplombe de son mépris le paysage politique, ses lieu-_ tenants, eux, pataugent dans le « microcosme ». Troupes de choc de l'U.D.F. — de Charles Millon, député de l'Ain, à François d'Aubert, député de la Mayenne —, ils se salissent les mains pour « barriser » la France. Zizanie. Exaspérés par la superbe barriste, Chirac, Giscard et les leurs ne cessent de s'écrier « Y en a Barre ! » Pour ces chantres de l'union nouvellement rabibochés, l'ex-Premier ministre est le diviseur numéro un. Placide, le prétendant à l'Elysée ne varie pas son langage. Les électeurs apprécieront. GILLES ÀNQUETIL Le Nouvel Observateur 35