Périodique de «Paysages de France», association agréée dans le cadre national au titre des articles L.141-1 et suivants du Code de l’environnement.
5, place Bir-Hakeim 38000 Grenoble Tél./tcp.: 04 76 03 23 75 Courriel: contact@paysagesdefrance.org – Internet: www.paysagesdefrance.org
32Septembre 20092 euros
www.paysagesdefrance.org
La trahison du
sénateur Dupont
Le nateur Ambroise Dupont avait
été char par Nathalie Kosciusko-
Morizet de rédiger un rapport
sur la question de l’affichage en vue
du « Grenelle 2 ». Pour la ministre,
qui avait eu le courage de rendre
publiquement hommage à Paysages
de France (voir Action Paysage n° 31),
il n’y avait aucun doute : « l’effet
dévastateur sur le paysage de la
proliration des panneaux publicitaires »
(communiqué du 11 juin 2008) était
établi et il fallait agir. Chantal Jouanno,
qui lui a succédé, ne dit pas autre chose :
« Objectivement, on est défiguré dans
les entrées de ville et on ne s’y habitue
pas », a-t-elle martelé lors de la réunion
du Conseil national du paysage (CNP)
du 21 juillet 2009 à Paris.
Agir donc. En faisant respecter la loi
et en renforçant les sanctions contre
les linquants de l’environnement, qui
la bafouent à grande échelle. En limitant
ces multiples dérogations qui font que
ce qui est interdit est finalement
permis et que l’on peut faire pire
au niveau local qu’au niveau
national. Or, sur ce point
également, Chantal Jouanno est
formelle : « Le local doit être plus
restrictif. » Des propos tenus le
6 juillet et confirmés le 21 juillet.
Qu’a fait le sénateur Dupont de
tout cela et de l’énorme travail
réalisé par certains membres des ateliers
« Publicité et entrées de ville »,
réunis à trois reprises (lire page 8) ?
Un énorme rapport (et me plusieurs).
Mais qui passe sous silence tout ce qui
ne lui convenait pas ou, plutôt, ne
convenait pas aux afficheurs.
Et, la veille de la réunion du CNP,
sans même en avoir averti les membres,
le sénateur Dupont proposait
au Sénat une mesure propre à assurer
la quasi-impunité des grands afficheurs.
Plus édifiant encore, il ne proposait
aucune mesure susceptible de limiter
les dérogations, mais en proposait
une nouvelle. Et pas n’importe laquelle :
une dérogation demandée par le
premier afficheur français condam
à plusieurs reprises par la justice –, afin
de régulariser la situation qui prévaut
actuellement aux abords des aéroports
les panneaux illégaux rapportent
des millions d’euros à JCDecaux ! !
Editorial
AFFICHAGE PUBLICITAIRE
Qui veut
le sabotage
du «Grenelle
du paysage»?
Le sénateur Ambroise Dupont propose, sans rire, de «limiter» (sic) la
surface des panneaux publicitaires à... 12 m2. C’est-à-dire de maintenir
le format «4x3» dont l’effet «dévastateur» sur le paysage français
est unanimement dénoncé!
PAGE 6
Paysages de France
Aujourd’hui,
la responsabilité
de Jean-Louis
Borloo et de
Chantal Jouanno
est d’arrêter
à temps cette
machine infernale
Sommaire
32 "Septembre 2009
Éditorial
1La trahison du sénateur Dupont.
Actualité
3Infrastructure touristique contestée
à Villefranche-de-Panat: Paysages
de France soutient l’Aptivil.
3Bouygues, obligé de démonter son
pylône, veut le remonter…
4Rallye judiciaire: les rouleurs
de mécaniques mis au pas!
4La «Croisière blanche» perd
les pédales.
5«Transvalquad»: le préfet tergiverse.
À la une
6Le «Grenelle du paysage»
pourrait aboutir à une imposture
et à une forfaiture.
6Les 10 propositions des associations.
8L’énorme travail juridique de
Paysages de France et France nature
environnement (FNE) «oubl»
par le sénateur Dupont.
Le point sur
9Paysages de France invitée
par la Fédération des parcs naturels
régionaux à présenter son action.
10 Pyrénées ariégeoises: le Conseil
d’État donne raison aux associations.
11 2008, année record.
12 Victoires judiciaires: encore !
13 McDonalds et Louvre Hôtels
lèvent le voile.
14 Les paroles s’envolent, les écrits aussi.
Société
16 Centrales photovoltaïques:
une catastrophe paysagère annoncée.
Sélection
2Action Paysage 32 Septembre 2009
Action Paysage, riodique de l’association Paysages de France, 5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble. Téléphone-télécopie: 04 76 03 23 75. Courriel: contact@paysagesdefrance.org – Internet: www.
paysagesdefrance.org Directeur de la publication: Bernard Durand. Conception graphique: Yvon Larguier. Impression: Imprimerie Launay, 75005 Paris.Dépôt légal: septembre 2009. ISSN: 1249-7096.
Paysages de France dans les médias
MAI-AOÛT 2008 qInfos 515
(revue de l’association des
Maires de France dans les Vosges): « Une association vient
en aide aux maires ».
NOVEMBRE qUshuaïa,
13 : « Les Parcs éoliens. Des
associations de protection du patrimoine contestent certains
projets »
qLe Mensuel du Golfe du Morbihan,
27 novem-
bre: «VPC et Paysages de France dressent un constat « cala-
miteux » de l’implantation de la pub à Vannes »
qOuest
France,
28 novembre : « Publicité et villes fleuries ne font pas
bon ménage » « L’association Paysages de France a manifesté
jeudi matin devant le Palais des arts pendant les assises
nationales des villes fleuries ».
DÉCEMBRE qLe Télégramme,
1er décembre : « Pubs en
ville. Paysages de France manifeste devant les assises »
q
Alliance,
19 : « Paysages de France: nouvelles victoires
judiciaires contre l’afficheur Clear Channel »
qL’Union,
10 décembre: « Enseignes illégales: l’État condamné » (arti-
cle sur les cinq jugements rendus par le TA d’Amiens)
q
Nord Éclair,
21 décembre : « Ils veulent un Noël sans publi-
cités » (action des « déboulonneurs » à Lille. Paysages de
France citée pour sa lutte contre l’affichage publicitaire illé-
gal)
qL’Union,
22 décembre : « Soissons. Un front com-
mun contre la publicité illégale ».
JANVIER 2009 qLa Dépêche du Midi
(Moissac), 8 janvier :
« Des élèves du lycée agricole militent contre la pub »
q
Correspondance de la Publicité,
9 janvier: « Publicité ex-
térieure : les professionnels de publicité extérieure partici-
peront au processus de réforme de la loi du 29 décembre
1979 »
qLe Mensuel du Golfe du Morbihan :
« Un nou-
veau règlement, pour quoi faire ? »
qLe Parisien,
13 janvier :
« Clichy. L’État condamné pour les panneaux publicitaires
illégaux »
qMédiapart,
13 janvier : « L’État condamné pour
affichage publicitaire illégal »
qActu-Environnement,
14 janvier : « Réforme de la législation en matière de publi-
cité extérieure : le débat s’annonce houleux »
qLe Nouvel
Hebdo
(Aveyron), 16 janvier : « Une 33evictoire pour Pay-
sages de France »
qLe Télégramme,
22 janvier : « Affi-
chage publicitaire illégal à Loudéac. LÉtat condam à
payer »
qOuest France,
23 janvier : « Les Amis de Vannes,
gardiens de l’esprit de la ville »
qLe Petit Journal du Tarn-
et-Garonne,
23 janvier : « Association Paysages de France.
En lutte contre l’invasion publicitaire de nos paysages »
qLe
Dauphiné Libéré,
25 janvier (action de protestation contre
la « Croisière blanche) »
qLa Dépêche du Midi,
31 jan-
vier : « Mazamet. Un plan de publicité restreinte en projet ».
FÉVRIER qFrance Culture,
14 février (émission « Masse
critique ») : on y entend l’animateur citer Paysages de France
à maintes reprises et dire à son invité, le directeur général de
Clear Channel France: «En général, les délinquants de la pol-
lution urbaine ne signent pas leurs méfaits, mais vous, oui,
parce qu’on voit votre nom partout en petit sur les affiches.»
qLe Télégramme,
15 février : « Affichage publicitaire.
L’État condamné à payer » (TA Rennes. Dossier Loudéac)
q
Le Petit Journal
(Tarn-et-Garonne), 19 février : « Action
écologique » (annonce opération nettoyage de l’Aveyron pour
le 22 février 2009)
qPontivy Journal,
20 février (projet de
zone commerciale de Saint-Niel)
qtro
(Paris), 24 février :
« Trop de pollution visuelle » (Raymond Léost, vice-prési-
dent de France nature environnement. Parution le jour de la
2eréunion de l’atelier affichage publicitaire et entrées de
ville)
qLe Petit Journal
(Tarn-et-Garonne), 24 février :
« 400 pneus enles du talus de l’Aveyron ! »
qCentre Presse
(Aveyron), 25 février : « Des entreprises contre la taxe sur la
pub »
qLe Monde,
28 février : « Élus, associations et publi-
citaires s’opposent sur la réforme de l’affichage public ».
MARS qLa Décroissance n° 57 :
« Les mensonges de Sté-
phane Dottelonde » (extrait du communiqué du 23 février
2009, diffula veille de la 2eréunion de l’atelier « Publicité
et entrées de ville » au ministère de l’Écologie)
qFrance 3
Bretagne,
JT 19/20 (à la une), 4 mars : « Panneaux publici-
taires : l’invasion » « La guerre est déclarée aux panneaux pu-
blicitaires » (reportage à Lamballe et infractions relevées par
PDF. Contexte : victoire judiciaire de PDF devant le TA de
Rennes dans le dossier Loudéac et Grenelle de l’environne-
ment)
qFrance 3
(national 12/13), 5 mars : idem
qLe Pe-
tit Journal
(Tarn-et-Garonne), 6 mars : « Des milliards pour
les constructeurs automobiles, certes… Mais qui répare les
dégâts de la société de consommation ? » (cf. suites de l’opé-
ration de nettoyage des rives de l’Aveyron)
qLe Petit Jour-
nal
(Tarn-et-Garonne), 7 mars : « Une verrue supprimée à
Caussade »
qLe Dauphiné Libéré
(Ardèche), 7 mars : « Le
paysage mis aux placards ! » (article sur les actions du corres-
pondant local de PDF à Privas)
qOuest France
(Lannion),
13 mars : « Elle mène la vie dure à l’affichage illégal » (sur
les actions conduites par la correspondante locale de PDF)
q
CFM Radio
(Caussade, Tarn-et-Garonne), 16 mars : émis-
sion « À qui le tour ? » avec le correspondant local de PDF
et radio trottoir (sur le démontage de panneaux à Caussade)
qLa Dépêche du Midi
(Lot), 17 mars : « Environnement :
une association pousse la préfecture du Lot à intervenir »
« La croisade “anti-pub” arrive dans le Lot » (sur les infrac-
tions dans le PNR des Causses du Quercy)
qLa Dépêche du
Midi
(Grand Sud), 17 mars : « L’ État invité par l’association
Paysages de France à intervenir. Quercy : la chasse aux pubs
illégales »
qRadio Totem
(Montauban), 20 mars : entretien
avec le correspondant local de PDF
qActu-Environnement,
24 mars : « Réforme de la législation en matière d’affichage
publicitaire : les associations lancent un appel au MEED-
DAT »
qLe Journal de Pontivy,
27 mars
qParcs
(maga-
zine de la Fédération des parcs naturels régionaux), n°62 :
« Publicité et paysage : vers une résolution du conflit ».
AVRIL qFriture
(Toulouse) : « Paysages de France lutte
contre la pollution visuelle et frauduleuse des panneaux pu-
blicitaires »
qLe DauphiLibéré,
4 avril : « Saint-Égrève.
La dernière haie vive à protéger »
qLe Petit Journal
(Tarn-
et-Garonne), 9 avril : « La pollution visuelle due à la pub, ça
existe ! »
qFrance 3,
10 avril : « Thalassa », Michel Blain,
membre du bureau de Paysages de France, dénonce la priva-
tisation du littoral
qLe Petit Journal
(Tarn-et-Garonne),
22 avril : « Des victoires encourageantes pour les anti-pub »
(annonce d’une opération de bâchage, le 25 avril à Montau-
ban)
qLe Petit Journal
(Toulouse), 24 avril : « Une légitime
réponse »
qLe Télégramme
(Quimper), 26 avril : « Pub :
Riverains et Ville veulent le retrait d’un panneau » (rassem-
blement au pied d’un panneau illégal à Quimper, en présence
du délégué régional de PDF)
qOuest-France,
27 avril :
« Un panneau fâche les riverains »
qLe Petit Journal
(Tarn-
et-Garonne), 29 avril : « Opération réussie ! »
MAI qMotorhome Monthly
: « French Countryside Clean-
ups [before your next visit] »
qLa Décroissance qLe Jour-
nal de l’Île
(La Réunion), 1er mai : « Les Casseurs de pub
frappent à Saint-Paul »
qLe Petit Journal
(Toulouse), 7 mai :
« Mondonville. Halte à la pollution visuelle. Nouvel épisode »
qLe Petit Journal
(Tarn-et-Garonne), 15 mai : « Le conseil
général épinglé ! »
qLa Dépêche du Midi
(Gers), 19 mai :
« L’association s’inresse au Gers. Paysages de France pousse
les maires et préfets à faire respecter la loi. À la recherche
des panneaux illégaux »
qLa Dépêche du Midi
(Grand Sud),
19 mai : « En quête des panneaux illégaux »
q100 % radio
(Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon), 20 mai : Émission
« L’invité du 100 % réveil » (entretien avec Cyril Ronfort,
coprésident de Paysages de France)
qFrance 3,
22 mai :
« Thalassa », invité par Georges Pernoud, Olivier Saladin,
comédien, auteur et réalisateur, évoque son dernier spectacle
et… Paysages de France (dont il informe qu’il est membre) !
JUIN qLa Nouvelle République
(Vienne), 4 juin : Sur l’au-
dience du 3 juin 2009, TA de Poitiers, PDF contre préfet de
la Vienne (panneaux publicitaires en infraction à Chauvigny)
qLCI.fr,
17 juin : « Le maire responsable de l’affichage :
inacceptable »
qActu-Environnement,
18 juin : « Panneaux
publicitaires : l’aptitude des maires à faire respecter la régle-
mentation fait polémique » (à propos du « rapport Dupont »)
qLe Monde.fr,
18 juin : « Les antipub dénoncent lechis
de la réforme de l’affichage publicitaire »
qJournal de l’en-
vironnement,
19 juin : « Peu d’ambition pour lutter contre
les nuisances de la publicité extérieure »
qDéveloppement
durable.com,
19 juin : « Pollution visuelle : haro sur les pan-
neaux ! »
qQue Choisir,
20 juin : « Affichage publicitaire.
Vers un gâchis »
qNovethic,
24 juin : « L’affichage publi-
citaire en disgrâce ? »
qLe Petit Journal,
(Tarn-et-Garonne),
30 juin : « Paysages de France » (la cathédrale de Montau-
ban il y a 35 ans et, aujourd’hui, derrière une “forêt” de pan-
neaux »).
JUILLET qLe Dauphiné Libéré
(Hautes-Alpes), 7 juillet :
« Panneaux bis » propos des déclarations du président
du conseil général 05 sur les actions de PDF en matière d’af-
fichage publicitaire)
qLe Bien Public
(Dijon), 7 juillet : « La
ville devient illisible »
qTerra eco,
8 juillet : « Loi sur la
pub : les associations se rebiffent »
qAlpes n° 1
(Hautes-
Alpes), 10 juillet : Journaux de 7 heures et de 8 heures (idem
ci-dessus et sur la condamnation du préfet des Hautes-Alpes)
qLe Dauphiné Libéré
(Hautes-Alpes), 21 juillet : « Envi-
ronnement. La chasse aux panneaux publicitaires » (article
évoquant notamment la condamnation du préfet des Hautes-
Alpes par le TA de Marseille)
qLibération,
21 juillet : « Affi-
chage publicitaire : bientôt la loi de la jungle »
qLe Petit Bleu
(Côtes-d’Armor), 23 juillet : « Les dérives de l’affichage
éphémère »
qOuest France,
28 juillet : « Vivre l’île 12 sur
12 dénonce un manque de transparence »
qLe Courrier ven-
déen,
30 juillet.
AOÛT qLe DauphiLibéré
(Ardèche), 2 août : « Défense
des paysages. Messages pour un moratoire éolien » (sur le ras-
semblement au Gerbier-de-Jonc)
qLa Dépêche du Midi
(Lot-et-Garonne), 8 août : Grand titre à la une « Une asso-
ciation dénonce la prolifération. Les panneaux jugés illé-
gaux », « Ces panneaux publicitaires à “ abattre” ».
Georges-Henri Charpentier
et Cyril Ronfort,
nouveaux coprésidents
de Paysages de France
Depuis le 20 mars 2009, la
présidence de l’association est
assurée concomitamment par
Georges-Henri Charpentier et
Cyril Ronfort. En effet, en vertu
des nouveaux statuts adoptés par
l’assemblée générale extraor-
dinaire qui s’est tenue à Paris le
7 février 2009, il est désormais
possible d’élire des coprésidents.
Georges-HenriCharpentier et
Cyril Ronfort sont tous deux mem-
bres du bureau depuis janvier 2004. Cyril Ronfort
était, en outre, administrateur depuis février
2003 et vice-président depuis janvier 2005. Pour
sa part, Georges-Henri Charpentier avait été
désigné en 2008 comme responsable de la dé-
légation Île-de-France.
Michel Blain, qui aura assuré la présidence pen-
dant quatorze mois et aura surtout eu la tâche
difficile de succéder au président-fondateur de
l’association, demeure membre du bureau et
continue de se charger des relations avec les ad-
hérents et correspondants locaux.
Paysages de France
Actualité
Action Paysage 32 Septembre 2009 3
AMÉNAGEMENT
Infrastructure touristique contestée
à Villefranche-de-Panat:
Paysages de France soutient lAptivil
Villefranche-de-Panat est un village de
l’Aveyron de 800 habitants, situé au
bord d’un lac artificiel de 200 hectares,
à une altitude de 750 tres. Les rives du lac
ont été protégées jusqu’à ce jour par la loi
montagne, votée en 1985. Elle interdisait
les constructions dans la bande des 300 -
tres des rives naturelles du lac. Les restric-
tions au droit de construire ayant été jugées
excessives par les bétonneurs, de nouvelles
dérogations au principe d’interdiction de
construire dans la bande de 300 mètres ont
été instituées dans la loi relative au déve-
loppement des territoires ruraux du 23 fé-
vrier 2005. Mais, pour construire à moins de
300 mètres de la rive, les plans locaux d’ur-
banisme doivent être révisés, ce qui n’a pas
été fait à Villefranche-de-Panat.
En 2006, un permis de construire une si-
dence de tourisme de 442 lits a éaccordé,
sur un terrain communal situé au bord du lac,
jouxtant un lotissement réalisé en 1964,
avant la loi montagne.
Non au bétonnage des rives !
Situé dans un site de toute beauté, le
terrain communal convoité est classé zone
naturelle d’intérêt écologique floristique et
faunistique (ZNIEFF de type 1). Le projet
touristique contesté se présente de la façon
suivante : plusieurs barres d’immeubles
d’une hauteur de 8 mètres se déploient sur
une longueur de 70, 30 et 20 mètres, le tout
surplom par un bâtiment d’accueil de
14 mètres de haut, d’une surface de 788 m2.
L’ensemble représente une surface béton-
née de 4 560 m2, plantée sur un terrain de
11 800 m2. Sur les documents d’intégration
paysagère figurant dans la demande de per-
mis de construire, le promoteur s’est bien
gardé de faire apparaître le mastodonte de
béton de 14 mètres de haut.
Si ce projet devait se réaliser, ce serait
l’équivalent de la moitié de la population
de la commune qui s’entasserait sur 1,2 hec-
tare, piétinant par là même le slogan
touristique promotionnel du département
de l’Aveyron, « Aveyron Pays des Grands
Espaces ». Le maire actuel, Pierre Raynal,
signataire du permis de construire, était à
cette époque premier vice-président du
conseil ral, dont le président Jean Puech,
en tant que sénateur, a été, en octobre 2005,
rapporteur du projet de loi relatif à la
Convention européenne du paysage. Cela
ne s’invente pas. Depuis les dernières élec-
tions, la configuration
politique a changé, le -
sénateur est devenu sim-
ple citoyen. Quant à l’ancien vice-président
du conseil général, il a perdu son canton et
a gardé la mairie de Villefranche-de-Panat
avec seulement 5 voix d’avance (8 élus
contre 7).
Le tribunal administratif saisi
Aps avoir épluché l’ensemble des docu-
ments du permis de construire accordé le
24 août 2006, les opposants au projet, re-
groupés au sein de l’Aptivil (Association
pour la promotion d’un tourisme intégré à
la vie locale, nommée ainsi par opposition
au tourisme ghetto), ont releplusieurs en-
torses au Code de l’urbanisme. Le 15 octo-
bre 2006, l’Aptivil, adhérente de Paysages
de France, forte de ses 130 membres, a
engagé un recours en annulation du permis
de construire auprès du tribunal adminis-
tratif de Toulouse. Les principaux griefs évo-
qués sont : le non-respect du plan local
d’urbanisme, l’insuffisance du volet pay-
sager illustré dans la demande de permis de
construire, la violation de l’article L. 421-5
du Code de l’urbanisme (insuffisance du -
seau d’assainissement), le non-respect de
l’article R.421-2 (le document graphique
qui permet d’apprécier l’intégration du
projet dans lenvironnement est illustré
par un photomontage trompeur). Toutes ces
irrégularités n’ont pas empêché le maire de
faire approuver, le 20 mars 2007, une nou-
velle délibération autorisant le promoteur à
commencer les travaux, alors même que le
terrain communal n’est toujours pas acheté.
Le 15 avril 2007, l’Aptivil a demandé au
préfet d’engager un défépour faire annu-
ler cette dernière délibération.
Le préfet n’a pas pondu à l’Aptivil, mais
les opposants ont d’ores et déjà remporté
une première victoire, puisque, à ce jour,
les travaux n’ont toujours pas commencé.
Le tribunal administratif de Toulouse de-
vrait rendre son jugement au cours du
2esemestre 2009. Les responsables de
l’Aptivil sont confiants : quelle que soit la
décision du tribunal, la crise économique
pourrait bien ramener à la raison les pro-
tagonistes de ce projet. À suivre!
Michel Boulay
LE CHER N’A PAS DE PRIX
Bouygues, obligé de démonter
son pylône, veut le remonter...
Malgré l’annulation par le tribunal
administratif d’Orléans, le 10 avril
2007, de la décision tacite du préfet
du Cher par laquelle il ne s’était pas opposé
à la claration de travaux, la société Bouy-
gues Télécom n’avait pas monté le pyne
que cette société avait installé à Montigny,
sur un coteau du Sancerrois, dans le Cher
(lire Action Paysage n° 28, page 16).
C’est pourquoi, en 2008, des riverains et
l’association ESPèR assignaient l’orateur
devant le tribunal de grande instance de
Bourges. Après une visite du site, le 21 sep-
tembre, les membres du bureau de Paysages
de France décidaient, le 28 septembre,
d’intervenir à l’instance et, dès le 4 novem-
bre 2008, les conclusions de l’association
étaient transmises au tribunal. Finalement,
le 29 juin 2009, Bouygues a démonté son
pylône, alors même que le jugement n’a
toujours pas été rendu. Avec une seule idée
en tête: le remonter un peu plus loin, mais
avec exactement les mêmes conséquences
sur le site!
L’opérateur, qui ne veut toujours pas
entendre raison, a donc déposé un nouveau
dossier en mairie. Une provocation qui ne
restera pas sans lendemain. !
Paysages de France
Villefranche-
de-Panat
Rodez
Le lac de
Villefranche-de-Panat.
LOISIRS MOTORISÉS EN MONTAGNE
Rallye judiciaire: les rouleurs
de mécaniques mis au pas!
4Action Paysage 32 Septembre 2009
Actualité
Les paysages de
montagne ont subi,
au cours de ces dernières
décennies, des mutations
d’une ampleur considérable,
du fait notamment
de la multiplication
des aménagements,
des équipements
et des infrastructures
de toutes sortes.
En quelques années,
d’immenses espaces
jusqu’alors
quasiment inaccessibles,
isolés et voués
à des activités qui ne
remettaient pas en cause
leur équilibre, ont connu
des bouleversements
sans précédent.
Aujourd’hui, si l’on veut
éviter que les montagnes
ne soient plus
qu’un immense Luna Park,
sillonné de routes et
d’autoroutes, ponct
de pylônes de toutes sortes
et urbanisé à tout va,
il est urgent de mettre
un terme à cette fuite
en avant. Or, comme si cela
ne suffisait pas, certains
veulent également
transformer les montagnes
en « circuits » pour
engins motorisés !
Un scandale que
dénoncent deux collectifs
d’associations, au nombre
desquelles figure Paysages
de France. Le pire dans
tout cela n’est pas tant
que tel ou tel individu
se laisse aller à se promener
en quad ou en 4 x 4
dans des espaces qui,
au demeurant, devraient
plus que jamais être
réservés à des activités
respectueuses de
l’environnement et
à la contemplation, mais
que des irresponsables
fassent aujourd’hui encore
la promotion tonitruante
de pratiques qui vont
exactement à l’encontre
de ce qu’il convient
d’encourager. C’est le cas
de la «Transvalquad»,
en Savoie, organisée
à Valloire, ou encore de
la «Croisière blanche» qui,
provocation supplémentaire,
se déroule dans le
Champsaur, au pied du parc
national des Écrins.
Si le préfet des Hautes-Alpes est resté
sourd aux appels à la raison lancés de-
puis des années par les associations, la
justice, de son côté, a donné raison à ces
dernières. Avec éclat.
L’organisateur, condamné en première
instance et en appel ! Première semonce,
le 24 octobre 2008. Ce jour-là, le tribunal
de police de Gap condamne les organisa-
teurs de la « Croisière blanche » pour le non-
respect des itinéraires autoris par le préfet
lors des éditions 2007 et 2008. En clair, une
amende de 750 euros pour Jean-Louis Mil-
leli, président de l’Association des grands
randonneurs motorisés, et 3 750 euros
d’amende pour cette dernière. En outre, le
tribunal accorde 4000 euros de dommages-
intérêts à Mountain Wilderness! Les orga-
nisateurs interjettent alors appel. En vain,
puisque la cour d’appel de Grenoble vient
de confirmer, le 3 juillet 2009, la condam-
nation et toutes les peines prononcées en
première instance.
Le préfet des Hautes-Alpes désavoué à
quatre reprises. Le 23 décembre 2008, soit
quelques semaines plus tard, le tribunal ad-
ministratif de Marseille donne à nouveau
raison aux fenseurs de l’environnement et
annule, près de deux ans après qu’elle a été
accordée, l’autorisation donnée par le pré-
fet pour l’édition 2006.
Aussitôt cette décision connue, les asso-
ciations demandent très logiquement et
légitimement à la préfète des Hautes-Alpes
de prendre acte de cette décision et d’annu-
ler la 32eédition. Peine perdue, puisque la
préfète reste totalement sourde et qu’une
autorisation est accore, le 23 janvier 2009,
comme les trente et une années précé-
dentes !
L’extraordinaire détermination de Moun-
tain Wilderness. C’était cependant compter
sans lextraordinaire détermination de
Mountain Wilderness qui, aussitôt, saisit le
juge des référés du tribunal administratif
de Marseille. C’est ainsi que, dès le 26 jan-
vier 2009, la nouvelle tombe comme un
coup de tonnerre : l’encre de la signature de
la préfète est à peine che que déjà le juge,
statuant en urgence, vient de suspendre l’ar-
autorisant la 32e« Croisière blanche ».
Mais ce n’est pas tout ! Non seulement
le tribunal administratif va bientôt annuler
La «Croisière blanche» perd les pédales
«Il ressort des pièces du
dossier que la randonnée
autorisée, qui se déroule
sur quatre jours, comporte
quatre itinéraires,
totalisant plus de
300 kilomètres de tracé
sur des pistes sillonnant
les vallées du Champsaur
et du Valgaudemar,
en périphérie du parc
national des Écrins ;
que les zones traversées
par les différents itinéraires
prévus pour les quatre
cents concurrents, situés
à proximité immédiate
du parc national des Écrins
protégé au titre du
programme Natura 2000,
traversent notamment
la zone d’importance
communautaire pour
les oiseaux (Zico) Pac 27
ainsi que différentes zones
naturelles d’intérêt
écologique, faunistique
et floristique (ZNIEFF)
dans lesquelles sont
recensées des espèces
à protéger comme le
tétras-lyre et l’aigle royal,
qui font l’objet d’une
protection communautaire
au titre de la directive
Oiseaux” susvisée
du 2 avril 1979 […]. »
EXTRAIT DU JUGEMENT DU 19 JUIN 2009
DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE MARSEILLE
Ceci n’est pas une «Croisière blanche» (d’après Magritte).
Ceci n’est pas une «Croisière blanche» (d’après Magritte).
Action Paysage 32 Septembre 2009 5
l’arrêté autorisant l’édition 2005, mais, le
29 juin 2009, statuant sur le fond, il annule
l’arrêté du 23 janvier 2009 que le juge des
référés avait suspendu dans l’urgence trois
jours plus tard.
Le grand bazar, avec le soutien du prési-
dent du conseil général… Que croyez vous
que fait un « grand randonneur motorisé »
lorsqu’un juge suspend « sa » «Croisière
blanche » ? Eh bien, il se contente d’en-
lever l’autocollant « Croisre blanche »
apposur son véhicule. Et pour le reste,
il ne change rien à son programme. C’est
ainsi que, malgré la décision du juge, des
centaines de 4 x 4 ont sillonné pendant
plusieurs jours, comme si de rien n’était,
litinéraire que devait emprunter… la « Croi-
sière blanche ».
Et que croyez-vous que font ceux qui sou-
tiennent les randonneurs sauvages ? Ils de-
mandent la tête des écolos ! D’ailleurs, les
écolos, c’est bien connu, il faut les pendre !
Et que croyez-vous que fait le président du
conseil général de ce département ? Il vient
soutenir l’organisateur de la « Croisre
blanche » lorsque ce dernier comparaît,
comme ce fut le cas le 17 avril 2009, de-
vant le tribunal de police. Il a certainement
raison, puisque l’organisateur clare alors :
« Ce n’était pas la Croisière blanche”. Cela
n’avait d’ailleurs pas de nom. C’étaient des
copains qui se baladaient, c’est tout.» Donc
normal aussi que le représentant de Moun-
tain Wilderness soit agressé physiquement
à la sortie et que la police soit obligée d’in-
tervenir pour ramener le calme! !
Manifestation à Gap, le 24 janvier 2009.
Photos: Paysages de France
«Transvalquad»: le préfet tergiverse
Les lecteurs d’Action Paysage le sa-
vent : la « Transvalquad », c’est
avant tout un salon du quad desti
à vendre du quad. Et, tout autour, un gi-
gantesque défouloir pour pétarader à
gogo en pleine montagne. Bref, une
vraie folie, à contre-courant de ce que,
au regard des enjeux environnemen-
taux, il convient de faire et de promou-
voir aujourd’hui.
Pourtant, cette année encore, le « -
part » a été donné par le préfet de la
Savoie. Un préfet qui a cédé aux pres-
sions et n’a pas eu le courage de dire
« non », ainsi que le demandaient les
associations et la simple raison. Certes,
le préfet, qui avait raccourci d’une jour-
née la durée de l’édition 2008, l’a en-
core réduite cette année. On est ainsi
passé de cinq jours à quatre en 2008 et
à trois en 2009. Mais ces trois jours
sont trois jours de trop : non seulement
les divagations hors itinéraire n’ont
toujours pas cessé, mais, surtout, la
« Transvalquad » a pu continuer à exis-
ter. Un scandale quand on sait que le
principal effet de cette manifestation est
de susciter des vocations nouvelles et
d’induire des pratiques sauvages et
illégales tout au long de l’année ! !
PAYSAGES DE FRANCE PORTE PLAINTE
CONTRE X POUR MENACE DE MORT
Trop, c’est trop.
Paysages de France se
doit de défendre ses
militants lorsqu’ils sont
l’objet de menaces
directes ou indirectes.
C’est pourquoi plainte a
été déposée le 16 février
2009 auprès du procureur
de le République
pour menace de mort
matérialisée par
un écrit et une image.
Extrait : « À l’évidence,
de tels comportement,
destinés sans doute
à intimider nos adhérents
et à dissuader notre
association de poursuivre
ses actions en faveur
du respect des
réglementations relatives
à la protection de
l’environnement, sont
d’autant moins tolérables
qu’ils visent également
à remettre en question
les décisions de justice
prises en application de
ces dernières. Il importe
assurément qu’une
réponse judiciaire soit
apportée à ce type
d’agissements et qu’une
enquête soit rapidement
diligentée afin que soient
identifiés et poursuivis
leurs auteurs. »
Valloire, 27 juin 2009.
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