Briefing de Bruxelles no. 29
Changement climatique, agriculture et sécurité alimentaire : approches éprouvées et
nouveaux investissements
27 septembre 2012
Commission Européenne, Bâtiment Charlemagne
http://brusselsbriefings.net
Paysages intelligents face au climat
Prof. Tony Simons, Directeur général, Centre mondial de l’agroforesterie (ICRAF), Kenya
Synthèse
Les terres agricoles, les forêts, les cycles hydrologiques et l’air ambiant de notre planète sont malades et
en danger. Selon plusieurs études, les activités humaines ont atteint un degré d’intensité auquel la
planète ne peut plus faire face, si bien que l’humanité voit sa prospérité et sa sécurité alimentaire
menacées, tout comme l’intégrité écologique de la planète. Tous ceux qui, jusqu’à présent, ont entrepris
de réfléchir à des solutions à ces questions épineuses et interdépendantes ont systématiquement adopté
une démarche sectorielle étroite. En même temps, toute tentative d’instaurer une agriculture adaptée au
changement climatique risque de connaître le même triste sort dès lors que les problématiques agricoles
sont réparties entre ministères et divisées en (sous-)secteurs ou sous-thématiques (souci de
l’environnement ou du développement). C’est la raison pour laquelle nous prônons une approche fondée
sur le paysage pour créer des Paysages intelligents face au climat.
Le manque d’une définition précise du terme « paysage » ne doit pas nous arrêter. À l’origine, il y a 1500
ans, ce terme dérivé a été formé pour désigner une juridiction territoriale. Au XVIe siècle, des peintres
flamands l’utilisèrent pour évoquer les images topographiques réalisées par certains artistes. Plus tard,
au XXe siècle, le terme entra dans le jargon professionnel des géographes. Bizarrement, et malgré
l’absence d’un consensus autour de la définition du terme « paysage », on a constaté lors de la
conférence Rio+20 un intérêt marqué à l’égard de « l’approche fondée sur le paysage ». Or, nous
persistons à cloisonner les mécanismes qui devraient nous aider à trouver des pistes de solution à ces
questions interdépendantes. Dans le domaine de l’environnement, ont été mis en place les paiements
pour services environnementaux (PSE), dans le secteur forestier, la REDD (réduction des émissions liées
au déboisement et à la dégradation des forêts dans les pays en développement) et le secteur agricole
n’est désormais plus en reste depuis que l’agriculture intelligente face au climat est sur les rails. À l’heure
où les changements climatiques nous obligent à des ajustements constructifs et efficaces, il paraît
indispensable de regrouper ces initiatives à l’intérieur d’un vaste programme pour des paysages
intelligents face au climat.
Nous estimons que l’approche fondée sur le paysage peut fonctions à de nombreux endroits et servir de
multiples parties prenantes et objectifs. Elle s’articule autour de quatre principes :
1. Opérer de façon logique à travers des échelles sociales et politiques imbriquées et en
interaction.
2. Opérer de façon logique à travers échelles biophysiques qui se chevauchent et sont
imbriquées.
3. Implication des secteurs et des parties prenantes multiples et définis.
4. Recherche de synergies et réduction des compromis.
Pour concrétiser nos efforts, nous devons pouvoir tirer les enseignements des expériences REDD qui
proposaient de manière simpliste la dimension de coûts d’opportunité du déboisement et un prix du gaz