Sham Repères n°07 - OCT/NOV. 13
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Au démarrage, un audit interne a été effectué
sur une période de 6 mois. Il a permis de faire
un diagnostic complet sur les processus et
les flux de patients, soulevant par exemple :
un temps d’attente aux Urgences
allant jusqu’à 6 h avant d’être admis
dans un service
de nombreux transferts de patients
faute de visibilité sur les places encore
disponibles
une gestion des lits par unité de soins très
hétérogène, provoquant un coût et une
perte de temps notable pour les cadres
de santé
113 heures/jour utilisées pour la gestion
des lits, soit l’équivalence de treize
personnes à temps plein
plus de 10 interventions déprogrammées/
mois altérant la qualité du service
L’analyse a également montré que :
les pics d’activités étaient dus au flux
de patients programmés
le flux des Urgences était relativement
stable avec en moyenne un besoin
de 30 lits chaque jour
chaque soir, 20 à 40 lits étaient vides
À partir de ce constat, il est apparu néces-
saire de centraliser la gestion des lits de
l’hôpital en y dédiant une équipe, chargée
de coordonner l’ensemble des mouvements
de patients, veiller à la prévision de l’activité
et arbitrer des décisions d’affectation des
patients en faisant le lien avec les chefs de
services et les cadres de santé. Le métier de
gestionnaire de lits est né de cette réflexion.
« Nous avons donc imaginé un dispositif de
gestion prévisionnelle des entrées et des
sorties (GPES) sur l’ensemble de l’hôpital ».
Le chantier a démarré par le Pôle chirurgie.
Ont ensuite suivi : le Pôle maternité/gynéco-
logie en juillet 2011, le Pôle cardiovasculaire
en novembre 2011 et le Pôle médical en mars
2012.
Chaque Pôle a ainsi travaillé sur ses spé-
cificités et ses règles d’hospitalisation.
Ainsi, la planification d’une hospitalisation
en dehors du service concerné ne peut être
réalisée sans respecter ces règles strictes.
Par exemple, un patient dont l’opération est
programmée pour une laryngectomie totale
sera admis exclusivement dans le service
d’ORL afin de lui garantir toute la prise en
charge spécifique : éducation, soins de tra-
chéotomie, etc. En revanche, un patient pro-
grammé pour une thyroïdectomie et dont
l’hospitalisation est prévue en ORL, pourra
être finalement admis en chirurgie digestive
en cas d’indisponibilité de lit en ORL. « Grâce
à ce système plus souple d’allocation des lits
par secteurs, nous pouvons ainsi hospitaliser
plus vite les patients provenant des Urgences
(25 % du flux) tout en ne déprogrammant
plus les autres hospitalisations prévues (75 %
du flux). »
Aujourd’hui, quatre gestionnaires de lits
à temps plein s’occupent de cette tâche.
Ces personnes sont des secrétaires mé-
dicales ou des agents d’administration,
issues des différents Pôles de l’hôpital. Elles
connaissent donc déjà très bien le parcours
patient et les circuits de prise en charge dans
l’établissement.
Focus sur le quotidien
d’un gestionnaire de lits
Dès 8 h 30, le gestionnaire de lits commence
la journée en faisant un point avec le staff
médical des Urgences pour recueillir les be-
soins d’aval et évaluer les flux de la journée.
Tout au long de la journée, il s’occupe de
mettre à jour en temps réel tous les mou-
vements - entrées, sorties, mutations des
unités de soins continus ou réanimations,
transferts des hôpitaux de jour en cas de
complications - en fonction des différentes
données obtenues par fax ou téléphone.
Dès le début d’après-midi, il affecte les pa-
tients prévus pour les deux jours à venir dans
un lit identifié, selon les règles d’héberge-
ment, afin d’anticiper l’activité des services.
Il envoie si besoin des alertes aux cadres de
santé, chefs de service, coordonnateurs de
Pôle ainsi qu’à la responsable de la gestion
des flux, en cas de saturation ou de sous-
occupation des lits dans les différents Pôles
et Spécialités.
En parallèle, les équipes médicales font un
point quotidien sur l’activité, les effectifs
et les lits. A l’issue de cette visite médicale
un plan de travail est transmis aux gestion-
naires de lits.
En fin de journée, le gestionnaire de lits
adresse un mail aux cadres de nuit, signalant
les lits vacants disponibles et ceux vacants
mais réservés pour les entrées de 8 h le
lendemain.
Vers 6 h 30, les agents d’admission de nuit
signalent en retour la liste des patients hos-
pitalisés pendant la nuit avec leur numéro de
chambre et le motif d’hospitalisation.
Quelques exemples de difficultés
rencontrées
La résistance au changement :
« Lors du lancement du Pôle pilote, nous
avons été confrontés à une résistance forte
de la part de certains cadres qui se sont
vu retirer la gestion des lits ». Un travail a
donc été réalisé avec les équipes pour leur
permettre de se recentrer sur leur cœur de
métier. De plus, une conduite du changement
a été menée tout au long du projet et pendant
sa mise en place, au cœur des services pour
expliquer et mobiliser.