LES TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES
DOSSIER
338Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53
Pour définir les troubles des
conduites alimentaires
(TCA), les psychiatres éla-
borent des critères diagnostiques
sur des arguments statistiques.
C’est-à-dire quun panel d’experts
analysant la sémiologie clinique
de patients dont le diagnostic est
fait (par exemple anorexie men-
tale) classent les signes et symp-
tômes en fonction de la fréquence
avec lesquels ils sont observés. Ce
n’est pas la même approche que la
tre qui est plutôt physiopatho-
logique : à partir de ce que nous
comprenons de la maladie, nous
associons des signes comme évo-
cateurs voire pathognomoniques
de la maladie. Parfois la définition
de la maladie se fait à partir d’une
définition biologique. Ainsi le dia-
te est défini à partir d’une glycé-
mie, et d’un seuil à partir duquel
les complications deviennent très
probables.
LA CLASSIFICATION
DSM-IVR
Pour les TCA, le collège des psy-
chiatres américains a proposé en
1993 la classification DSM-IVR.
Celle-ci reconnaît deux formes
principales de TCA.
Le
tableau 1
rapporte la définition
de l’anorexie mentale (notons qu’il
y a peu de référence à une valeur
* Unité de nutrition, CHU de Toulouse
chirée du poids, et à la façon de
s’alimenter).
Le
tableau 2
rapporte la définition
de la boulimie nerveuse.
• Les autres troubles font partie de
EDNOS (Eating Disorders Not Ove-
rwise Specified, ou TCA atypiques).
C’est le cas des compulsions ou
crises boulimiques. La finition
est plus complexe, mais surtout se
caractérise par le fait que le patient
n’a pas recours à des comporte-
ments de purge (vomissements,
diurétiques, exercice physique,
jeûne). Dans les autres TCA aty-
piques, par exemple anorexie men-
tale ou boulimie nerveuse pour les-
quelles il manquerait un signe à la
finition, que se passe-t-il?
C’est un des enjeux du DSM-V
dont nous devrions voir la sor-
tie en 2012.
UNE CLASSIFICATION
PLUS FINE
A cet égard, une ta-analyse
très intéressante a été réalisée.
Elle a consisté à recueillir toutes
les études sur les TCA qui analy-
saient si le retrait d’un des signes
cliniques modifiaient le profil des
patientes dans trois dimensions :
la présentation du TCA lui-même,
• la psychopathologie associée,
les conséquences somatiques
(par exemple sur les carences, la
densité osseuse…).
xxxxx
xxxxx
xxxxxx
xxxxx
1 Classification des TCA
Allons-nous vers le DSM-V ?
n
Les troubles des conduites alimentaires n’ont pas les mêmes définitions pour les somaticiens
et les psychiatres. Quelles méthodes privilégier ? Faut-il repenser la classification ?
Pr Patrick Ritz*
A. Refus de maintenir un poids égal ou supérieur au poids minimum compte
tenu de l’âge et de la taille.
B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, même avec un poids
anormalement bas.
C. La forme et le poids du corps sont perçus de façon anormale, le jugement
porté sur soi-même est indûment influencé par la forme et le poids du corps,
ou il existe un déni des conséquences du bas poids corporel.
D. Chez les femmes pubères, aménorrhée, c’est-à-dire absence de règles durant
au moins 3 cycles consécutifs.
Type restrictif : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet n’a pas,
de manière régulière, présenté de crises de boulimie ni recouru aux vomisse-
ments provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques,
lavements).
Type avec vomissements ou prise de purgatifs : pendant l’épisode actuel
d’anorexie mentale, le sujet a présenté des crises de boulimie et/ou recouru
aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs,
diurétiques, lavements).
Tableau 1ANOREXIA NERVOSA : définition du DSM-IV, 1993
(Diagnostic and Statistical Manual).
LES TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES
DOSSIER
Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 339
ANOREXIE MENTALE
Le plus monstratif est pour l’ano-
rexie mentale l’analyse porte
sur 84 études. Le retrait du signe
aménorrhée ne change pas ces 3
dimensions. Il en est de même si on
retire deux signes sur4, sauf si cela
concerne la peur de grossir, auquel
cas la présentation clinique du TCA
dière (1). Finalement, cela suggère
qu’il y a une continuité entre les
anorexies atypiques et les formes
typiques et que l’aménorrhée ne
peut être retenue comme un signe
diagnostique (que ferait-on dune
jeune femme à qui on donnerait un
œstro-progestatif à visée de pro-
tection osseuse ?) mais comme un
signe d’alerte.
BOULIMIE
Ce n’est pas la même chose pour la
boulimie, où le retrait des signes cli-
niques conduit à des présentations
diérentes dans les trois dimen-
sions (conduites alimentaires, psy-
cho-pathologies et conséquences
somatiques). Tout se passe alors
comme s’il ny avait pas de continui-
té entre les TCA atypiques et la bou-
limie, et que la boulimie nerveuse
était vraiment une pathologie à part.
CONCLUSION
Il est donc probable que nous al-
lons voir des définitions évoluées
dans DSM-V (pour l’anorexie et
pas pour la boulimie), avec sans
doute les crises compulsives
comme des TCA typiques (tant ils
sont fréquents). Cela va nous de-
mander un eort pour bien carac-
tériser la sémiologie des patients
mais cela paraît fondamental tant
ces TCA interfèrent (et de façon
souvent cachée) dans l’équilibre
Mots-clés : Troubles des conduites
alimentaires, Classification, DSM, Bou-
limie, Anorexie
A. Episodes récurrents d’hyperphagie incontrôlée.
1. Prises alimentaires, dans un temps court inférieur à 2 heures, d’une quanti-
té de nourriture largement supérieure à celle que la plupart des personnes
mangeraient dans le même temps et dans les mêmes circonstances.
2. Une impression de ne pas avoir le contrôle des quantités ingérées ou la
possibilité de s’arrêter.
B. Le sujet met en œuvre des comportements compensatoires visant à éviter la
prise de poids (vomissements provoqués, prises de laxatifs ou de diurétiques,
jeûnes, exercice excessif ).
C. Les épisodes d’hyperphagie incontrôlée et les comportements compensa-
toires pour prévenir une prise de poids ont eu lieu en moyenne 2 fois par
semaine durant au moins 3 mois.
D. Le jugement porté sur soi-même est indûment influencé par la forme et le
poids du corps.
E. Le trouble ne survient pas au cours d’une anorexie mentale.
Tableau 2 - BULIMIA NERVOSA : définition du DSM-IV, 1993 (Dia-
gnostic and Stastical Manual).
1. Thomas JJ, Vartanian LR, Brownell KD. The
Relationship between eating disorder not
otherwise specified (EDNOS) and officially
recognized eating disorders: méta-analysis
and implications for DSM. Psychol Bull 2009 ;
135 : 407-33.
BiBliographie
glycémique et dans la régulation
du poids. n
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