Catherine AGUILLON http://aguillon.info/contact/ Année 2000-2001 SÉNÈQUE Lettres à Lucilius, IV, paragraphes 3-6 Révisions grammaticales Quelques points de grammaire et de stylistique abordés dans l’étude de ce texte. 1. C’est l’occasion de revoir les déclinaisons des noms : 1ère (vita), 2ème (animus, malum), 3ème (consul, mors), 4ème (metus), 5ème (res) ! 2. Revoir les voix verbales. On a ici l’actif (exemples : profice, intelleges, perveniat contingere etc.), le passif (ex. contemnatur, reduceretur, desiderari etc.), le déponent (meditare, complectuntur). 3. Revoir aussi et encore les modes, notamment l’impératif, fréquent dans cette lettre qui contient des conseils (profice, meditare, fac). Attention à meditare, qui est la 2ème SG du présent de l’impératif du verbe déponent meditor, et non pas un infinitif présent ! De plus, noter la forme particulière de facere à la 2ème SG de l’impératif présent. Comme les verbes dicere, ducere, ferre, qui font respectivement dic, duc, fer, à la 2ème SG, fac n’a pas de voyelle finale. 4. Revoir le gérondif et l’adjectif verbal. Ici, on rencontre le gérondif à l’ablatif de moyen deponendo (§ 6) = en mettant de côté, en écartant. Quant à l’adjectif verbal timenda erat (§ 1), au nominatif, attribut du sujet mors, il a une valeur d’obligation (m. à m. = la mort est devant être crainte, elle devrait être crainte). Enfin, le GN de producenda (§ 4), où le nom vita est sous-entendu, à l’ablatif après la préposition de, on peut le traduire par : à prolonger (la vie), à continuer (de vivre). 5. Revoir le pronom-adjectif indéfini nullus, qui se décline comme unus (génitif : unius, datif : uni). Dans le § 3, c’est un adjectif au nominatif neutre (nullum malum = aucun mal) et dans le § 6 également (nullum bonum = aucun bien). Mais dans le § 4, c’est un pronom au datif (nulli potest secura vita contingere = à personne une vie sûre – tranquille – ne peut arriver). 6. Sénèque est fils d’un rhéteur et il est bon orateur lui-même. La composition de ses phrases crée un registre oratoire. On remarque l’emploi du rythme binaire (par exemple : aut non perveniat aut transeat, § 1 ; inter mortis metum et vitae tormenta … vivere nolunt, mori nesciunt, § 5) mais aussi du rythme ternaire (par exemple les trois propositions introduites par alius dans le paragraphe 4). 7. D’autre part, plusieurs mots sont associés par deux : entre autres, répétition de timenda au § 1, emploi d’un verbe sous deux formes verbales différentes l’une près de l’autre (effecturam quod efficit, § 4) ou bien sous une forme nominale et une verbale (amissio/amissa est, § 6), distinction entre deux paronymes (animus/anima, § 4). Ces « binômes » contribuent également à la production d’un effet oratoire et montrent les nuances de la pensée, via l’écriture, de Sénèque.