le marChé
leur faire du bien. Aux Etats-Unis,
et c’est assez hallucinant, quatre
personnes sur dix pensent même
que consommer des produits sans
gluten va leur permettre de perdre
du poids!».
Pour répondre à la demande,
qu’elle soit ou non justifiée par
une intolérance, de plus en plus
de marques développent des
produits sans gluten. «Même de
grands groupes industriels comme
Nestlé mettent aujourd’hui les
pieds dans ce qui n’était – et reste,
quoi qu’il prenne de l’ampleur
– qu’un marché de niche. Selon
moi, cette tendance se poursuivra
jusqu’à son apogée pour retomber.
En réalité, le fait d’identifier un
coupable rassure. En traquant
un coupable, le consommateur
pense que sa vie sera de meilleure
qualité. Ce coupable, c’est
aujourd’hui le gluten, comme ce
fut en son temps le cholestérol…
demain, on traquera un autre
facteur» nous explique Nicolas
Guggenbühl.
Ou avec? A côté des aliments
estampillés ‘dépourvus de’, on
retrouve les produits mettant
fièrement en valeur ce qu’ils
ont en plus. «Cela correspond
à deux types de consommateur:
l’un a un rapport craintif envers
son alimentation et se tourne
vers des produits «sans», l’autre
cherchera au contraire des
produits avec un apport».
Parmi les apports les plus
souvent débattus, car fers
de lances de grands groupes
industriels, ceux des bienfaits
probiotiques, supposés renforcer
les défenses immunitaires et le
confort digestif de ceux qui les
consomment. Une allégation qui
semble souffrir d’une mauvaise
presse et dès lors d’une baisse
de crédibilité de la part du
consommateur. Ainsi, Nielsen
nous apprend qu’entre 2008
et 2015 la valeur des boissons
probiotiques a chuté de 50% en
Belgique, passant de 63 millions
d’euros à (tout de même) 32
millions d’euros. Pour Nicolas
Guggenbühl, cette perte de
crédibilité a une explication
toute simple, et le vent pourrait
tourner… «L’autorité européenne
de sécurité des aliments (EFSA)
n’a pas jugé suffisantes les
preuves scientifiques en matière
de bienfaits probiotiques et a
dès lors rejeté les allégations
relatives à ceux-ci. On pouvait
auparavant dire un peu ce que
l’on voulait sur les emballages
et cela a créé une très grande
confusion. En 2008, l’EFSA a
donc décidé de passer un grand
coup de balai en analysant les
données scientifiques disponibles.
Toutes les allégations n’ayant pas
reçu un avis positif ont dès lors
été interdites. La promesse santé
de certains produits s’est ainsi
instantanément amoindrie, et la
confiance du consommateur aussi.
Concernant les probiotiques, ce
n’est selon moi que provisoire. Les
recherches se poursuivent et on va
de découvertes en découvertes».
Maigrir. Parmi les autres
motivations poussant les
consommateurs belges à
consommer davantage de
produits suggérant un bénéfice
santé, on retrouve également la
volonté de maigrir ou de garder
un poids stable. En Belgique,
28% de la population affirmait,
en 2014, vouloir maigrir, tandis
que 45% désirait garder un poids
stable*. Les personnes cherchant
à maigrir ou garder un poids
stable choisissent quasiment
toutes (95%) d’adapter le type
d’aliments qu’elles consomment.
«On observe dans ce cadre
la tendance des protéines,
notamment les protéines végétales
qui surfent sur la vague vegan
et flexitarienne. Le driver? La
minceur et les régimes associés
(hyperprotéinés, nutrition
sportive, etc.)» indique Sophie de
Reynal.
Etiquetage. Les informations
présentes sur les étiquettes
sont aujourd’hui tellement
nombreuses qu’il faut presqu’être
diététicien pour les comprendre.
Pourtant, selon Nielsen, ¾ des
consommateurs dans le monde
indiquent lire attentivement
les étiquettes des produits
qu’ils achètent. «Le débat sur
la simplification de l’étiquetage
n’est pas neuf, mais il avance. Au
Royaume-Uni, on travaille dur sur
un système de feu tricolore, quand
en France, on teste un système
de cinq couleurs. Ces systèmes
aident à faire la distinction entre
ce qui est équilibré et ce qui l’est
moins. Toutefois, aucune donnée
ne permet à ce jour d’indiquer que
les consommateurs changeront
leur comportement alimentaire.
Bien entendu, s’il n’a pas encore
abouti, c’est qu’il s’agit d’un
débat complexe. Un tel indicateur
n’aura par exemple aucun
sens sur un produit comme du
chocolat. De tels systèmes pouvant
entraîner une mauvaise image de
certains produits, de nombreux
industriels se montrent réticents à
l’idée. Le monde agro-alimentaire
doit aller de l’avant et se préparer
à de futures réglementations en
proposant aussi des produits
offrant une plus-value. Les
industriels ne doivent plus
attendre: le mouvement est en
marche», souligne Nicolas
Guggenbühl.
LES CONSEILS
DES EXPERTS.
Du goût! Nicolas
Guggenbühl: «Le produit doit
absolument être bon de goût,
rester plaisant. Il faut garder à
l’esprit qu’un produit, en plus
d’offrir une plus-value, doit
plaire»
Convenience. Nicolas
Guggenbühl: «Le produit doit
être en phase avec son temps. Le
consommateur d’aujourd’hui n’a
pas envie de rester trois heures
aux fourneaux pour se concocter
un repas sain. Il faut rester
convenience».
Eduquer le consommateur.
Nicolas Guggenbühl:
«L’emballage a également
toute son importance! Dans
une récente étude, un même
plat préparé a été présenté à un
panel de consommateurs dans
deux emballages di érents: l’un
www.gondola.be 39
été interdites. La promesse santé
de certains produits s’est ainsi
instantanément amoindrie, et la
confiance du consommateur aussi.
Concernant les probiotiques, ce
n’est selon moi que provisoire. Les
recherches se poursuivent et on va
de découvertes en découvertes».
produits suggérant un bénéfice
santé, on retrouve également la
volonté de maigrir ou de garder
un poids stable. En Belgique,
28% de la population affirmait,
en 2014, vouloir maigrir, tandis
que 45% désirait garder un poids
stable*. Les personnes cherchant
à maigrir ou garder un poids
stable choisissent quasiment
toutes (95%) d’adapter le type
d’aliments qu’elles consomment.
notamment les protéines végétales
qui surfent sur la vague vegan
et flexitarienne. Le driver? La
minceur et les régimes associés
présentes sur les étiquettes
sont aujourd’hui tellement
nombreuses qu’il faut presqu’être
diététicien pour les comprendre.
Pourtant, selon Nielsen, ¾ des
sens sur un produit comme du
chocolat. De tels systèmes pouvant
entraîner une mauvaise image de
certains produits, de nombreux
industriels se montrent réticents à
l’idée. Le monde agro-alimentaire
doit aller de l’avant et se préparer
à de futures réglementations en
proposant aussi des produits
offrant une plus-value. Les
industriels ne doivent plus
attendre: le mouvement est en
«L’emballage a également
toute son importance! Dans
une récente étude, un même
plat préparé a été présenté à un
panel de consommateurs dans
deux emballages di érents: l’un