Lecture de l`allégorie - De Efficacitatis Victoria

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Lecture de l'allégorie - De Efficacitatis Victoria
Je suis l’Efficacité qui pousse l’humanité à l’accélération et au progrès. De puissants
taureaux rouges tirent mon char plus haut et plus fort, jusqu’aux limites jamais
égalées. Je donne des ailes pour survoler la vie et atteindre rapidement succès et
fortune.
Loin de la culture Humaniste qui inspire le motif, l’allégorie est ici tirée d’une publicité
de boisson énergisante qui érige l’efficacité en valeur première de notre époque
(figure principale) et décrit en six portraits archétypaux (figures secondaires) l’homme
contemporain. Le dessin est une référence directe aux travaux de Maarten van
Heemskerck (1498-1576), cependant les corps et les postures s’inspirent des
critères esthétiques actuels.
La figure principale, l’efficacité occupe la place d’honneur. Elle prend les traits d’une
femme nue s’élançant vers le ciel avec énergie. Debout sur un globe céleste, elle
domine le monde. Ses ailes déployées symbolisent sa rapidité tandis que sa grande
mèche sur le front indique qu’elle est l’occasion opportune qu’il faut saisir au vol, car
une fois passée, elle nous échappe. De son fouet, incitation et motivation, elle cingle
inlassablement et de manière cyclique, les taureaux ailées, nuit et jour tirant le char
du temps et entrainant son accélération.
Les archétypes de la société contemporaine accompagnent le char dans sa course,
portés par les ailes de l’efficacité. Le sportif, athlète couronné de laurier, le guide à
l’aide du flambeau de la victoire. Les fleurs dans sa main gauche nous rappellent que
toute gloire est éphémère. Le fêtard, énergique noctambule, se joint au cortège
portant un luth et faisant des cabrioles. L’étudiant a les cheveux mêlés de lierre
indiquant sa jeunesse, porte la bougie du travail nocturne, le livre de l’instruction et la
médaille du mérite. Le travailleur frotte un morceau d’acier contre un silex afin de
produire une étincelle, tâche fatigante qui incarne son dur labeur, une bourse à son
côté indique quant à elle l’argent durement gagné. Le cocher est le conducteur, il
prend les traits de Phaéton, fils du Soleil, mort foudroyé pour avoir perdu le contrôle
du char de son père, et avoir ainsi manqué d’embraser le monde. Ses cheveux de
feu nous rappellent son ascendance, sa trompette son orgueil, et les rênes déchirés
son destin funeste. Enfin, la femme clôt la procession. Ses enfants portent ses
attributs, une plume de paon pour la beauté, une quenouille et un fuseau surmonté
d’une bougie pour le labeur, elle est ainsi à la fois la mère, la femme et la
travailleuse.
En arrière plan se dessinent de nombreux monuments. Tout d’abord la maison de la
compétition, ornée des drapeaux à damiers, le temple du travail avec les abeilles
industrieuses, la colonne du temps portant le sablier, un arc de triomphe et enfin la
tour de Babel, symbole d’un orgueil et d’une ambition démesurée.
De Efficacitatis Victoria, 2012
Crayon sur papier, 60 x 65 cm
Production : ACC Weimar & Halle 14 Leipzig
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