N’oubliez pas
Au temps de la Croisade
Sociétés et pouvoirs au XIIIe siècle
L’exposition réalisée par les Archives
départementales de l’Aude est
ouverte jusqu’au 28 novembre
prochain. Sont réunis pour l’occasion
manuscrits originaux, œuvres d’art,
objets religieux, civils ou militaires
provenant des collections locales
(musées de Lastours, de Montségur,
du Quercorb, Musée des Beaux-arts
et Bibliothèque de Carcassonne,
évêché, etc.) mais aussi d’horizons
plus lointains (Archives nationales,
Bibliothèque
nationale de
France, Musée
de l’Armée,
etc.).
Maison des
Mémoires à
Carcassonne,
53 rue de
Verdun
Ouvert au
public du mardi
au samedi de 9
h à 12 h et de
14 h à 18 h
Edité par le Conseil général de l’Aude
Centre administratif départemental
11855 Carcassonne cedex 9
Directeur de la publication :
Alain Tarlier
Rédaction :
Archives départementales de l’Aude
41 avenue Claude Bernard
11855 Carcassonne cedex 9
Responsable de la rédaction :
Sylvie Caucanas
Photographies : A. Estieu,
A. Fernandez (Archives
départementales)
ISSN : 4141-0180 R
Tirage : 3 000 exemplaires,
publication gratuite
Compogravure :
t2p numéric 04 68 77 22 22
Impression : Maraval
de l’enclos de l’évêché). Le dimanche 30
septembre 1240, Trencavel regroupant
chevaliers, arbalétriers et sergents
mène l’assaut contre la barbacane du
château. Mais l’attaque se brise sur la
vigoureuse défense des assiégés menés
par le sénéchal en personne. « Quand on
eut combattu ainsi pendant presque un
mois, un secours fut envoyé de France
que les ennemis n’osèrent pas attendre »
(Guillaume de Puylaurens). Après 34 jours
de siège, Trencavel se replie sur Montréal
où il est assiégé. « On se battit plusieurs
jours, et enfin les comtes de Toulouse
et de Foix arrivèrent et négocièrent
la paix » (Guillaume de Puylaurens).
Trencavel reprend alors le chemin de
l’exil. Le 16 novembre 1240, Guillaume
de Peyrepertuse et Gaucelin de Capendu
font leur soumission à l’armée royale.
Géraud de Niort à son tour abandonne au
roi ses châteaux du pays de Sault : Niort,
Castelpor et Dourne. Le 16 mars 1244,
s’achève le siège de Montségur et plus
de deux cents hérétiques montent sur le
bûcher. En 1255, la chute de Quéribus
marque la fin des opérations militaires
menées contre des seigneurs faidits.
De fait, le roi de France, en s’assurant
cette forteresse, consolide ses forces
face au roi d’Aragon avec lequel il est en
tractations pour régler le contentieux
qui les oppose : Jacques Ier fait valoir la
suzeraineté qu’il exerçait sur la vicomté
de Carcassonne tandis que Louis IX
revendique des droits sur le comté de
Barcelone. Les négociations durèrent près
de trois ans. Finalement, par le traité de
Corbeil, en date de juillet 1258, les deux
souverains renoncent à leurs prétentions.
La frontière entre les deux Etats est alors
définitivement fixée : le Peyrapertusès et la
vallée de la Boulzanne (avec Puylaurens)
appartiennent désormais à la couronne de
France tandis que le Fenouillèdes reste à
l’Aragon. Les forteresses royales marquent
désormais les limites du royaume.
Au cours de l’hiver 1226-1227,
Raymond VII, comte de Toulouse,
décide d’intervenir. Il fait fortifier
Labécède en Lauragais et reprend
plusieurs localités sur les garnisons
françaises. Lorsque vient l’été, Humbert
de Beaujeu met le siège devant Labécède,
où le comte de Toulouse a mis « comme
garnison des hommes énergiques,
Pons de Villeneuve, Olivier de Termes
et d’autres guerriers ». « Le château
fortement attaqué par des machines
est pris. Les chevaliers et les gens à
pied s’enfuirent de nuit en assez grand
nombre. Tous les autres que l’on trouva
périrent, partie par l’épée, partie par le
pal. Les hérétiques… furent brûlés aux
flammes des bûchers » (Guillaume de
Puylaurens).
S’il perd Labécède en
l’été 1227, Raimond VII
s’empare de Saint-Paul-
Cap-de-Joux l’hiver suivant
et de Castelsarrasin au
printemps 1228. Mais
durant les trois mois de
l’été 1228, l’armée croisée,
avec à sa tête Humbert
de Beaujeu, ravage le
Toulousain, détruisant
vignes et récoltes.
Raimond VII reste sans
réaction. La résistance
s’effrite.
La soumission
Le roi de France, en plein accord avec
la papauté, fait des propositions de
paix à Raimond VII. Ce dernier ratifie en
janvier 1229 à Meaux ce qu’il est convenu
d’appeler les « préliminaires de la paix ».
Raymond VII demeure en possession
du comté de Toulouse (le territoire du
diocèse de Toulouse, privé toutefois de
la seigneurie de Mirepoix donnée à Guy
de Lévis et relevant directement de la
Couronne). En contrepartie, le comte de
Toulouse doit donner sa fille Jeanne en
mariage à un des frères du roi de France,
Alphonse de Poitiers. Il se voit contraint
d’écarter de sa succession tout héritier
mâle qu’il pourrait avoir ultérieurement.
Le comte s’engage en outre à rechercher
et à poursuivre les hérétiques sur ses
terres. Le 12 avril suivant, à Paris, devant
le portail de la cathédrale Notre-Dame,
se déroule la cérémonie officielle qui
officialise le traité de paix.
Le traité de Meaux-Paris met fin à
vingt années de guerres, croisade des
barons puis croisade royale. Le pays est
soumis et les Eglises cathares contraintes
de passer à la clandestinité.
La révolte de Trencavel
Raimond II Trencavel, qui était
rentré brièvement en possession
de son héritage en 1224, puis qui
avait combattu les troupes royales aux
côtés du comte de Foix, est contraint à
nouveau à l’exil, après la signature du
traité de Meaux. Réfugié à la cour du roi
Jacques Ier d’Aragon, il participe aux
opérations militaires que celui-ci mène
en Espagne contre les musulmans.
En 1240, profitant de l’impopularité
de l’administration royale en place
et de l’exaspération des populations
provoquée par les procédures
inquisitoriales, Raimond II Trencavel,
« assisté de grands seigneurs, Olivier
de Termes, Bernard d’Orzals, Bernard
Hugues de Serralongue, Bernard de
Villeneuve, Hugues de Roumegoux son
neveu et Jourdain de
Saissac, envahit la terre
du roi dans les diocèses
de Narbonne et de
Carcassonne et beaucoup
de châteaux passèrent
de son côté : Montréal,
Montolieu, Saissac,
Limoux, Azille, Laure
et tout ce qu’il voulut
dans cet assaut et cet
ébranlement » (Guillaume
de Puylaurens).
Accueilli en libérateur,
Raimond II Trencavel
parvient jusqu’au bourg
de Carcassonne. Le siège
de la Cité, le troisième
depuis 1209, nous est bien
connu grâce au rapport
qu’en fit, avec force
détails, à la reine Blanche
de Castille le sénéchal de
Carcassonne Guillaume
des Ormes. Les hommes
de Trencavel cherchent
à faire des brèches dans
les murailles : pour cela,
ils sapent la base des
murailles à différents
endroits (au pied de la
barbacane de la porte Narbonnaise, près
Retour sur la
table ronde du
11 septembre
« La société au
XIIIe siècle »
Le 11 septembre dernier se tenait
au Théâtre des Trois-Ponts, mis
gracieusement à disposition
par la Ville de Castelnaudary, la
troisième des cinq tables rondes
organisées dans le cadre de la
commémoration de la Croisade.
Les quatre communications
présentées avaient pour objectif
de présenter au grand public
les principaux acteurs de la
Croisade, en les replaçant dans le
contexte de la société du temps.
La communication d’Hélène
Débax, maître de conférences
à l’Université de Toulouse-Le
Mirail, évoquait les spécificités
de la féodalité méridionale,
appuyant sa démonstration sur
le cartulaire des Trencavel, tandis
que Laurent Macé, lui aussi maître
de conférences à l’Université de
Toulouse-Le Mirail, mettait en
évidence les différentes prise de
position des comtes de Toulouse
face à la Croisade. En contrepoint,
Nicolas Civel, docteur en histoire,
présentait de manière nouvelle
et très documentée la société
féodale d’Ile-de-France. Sylvie
Caucanas, directeur des Archives
départementales, esquissa
un tableau des différentes
composantes de l’Eglise romaine
(clergé séculier et régulier,
mise en place de l’Inquisition
pontificale).
Le château de Quéribus
(photographie Pierre Davy, Comité
départemental du Tourisme de l’Aude)