À découvrir
Le programme des manifestations
culturelles organisées dans le cadre
de la commémoration de la Croisade
contre les Albigeois vient de paraître.
Si vous ne l’avez pas encore reçu,
n’hésitez pas à nous le demander
(envoi gratuit, archives @cg11.fr )
Édité par le Conseil général de l’Aude
Centre administratif départemental
11855 Carcassonne cedex 9
Directeur de la publication :
Alain Tarlier
Rédaction :
Archives départementales de l’Aude
41 avenue Claude Bernard
11855 Carcassonne cedex 9
Responsable de la rédaction :
Sylvie Caucanas
Photographies : A. Estieu,
A. Fernandez (Archives
départementales)
ISSN : 4141-0180 R
Tirage : 3 000 exemplaires,
publication gratuite
Compogravure :
t2p numéric 04 68 77 22 22
Impression : De Bourg - Narbonne
La prise de Béziers
(La Cansò, S. et B. Lalou)
Le sac de Béziers
Le siège de Carcassonne
L’armée croisée parvient sous les murs
de Béziers le 21 juillet 1209. “Ce fut
une armée merveilleusement grande… :
vingt mille chevaliers armés de toutes
pièces et plus de deux cent mille vilains
et paysans ; et dans ce nombre je ne
compte pas les clercs et les bourgeois. Il y
avait là des gens de tous pays, proches ou
éloignés…”. Cette armée, dont Guillaume
de Tudèle exagère vraisemblablement le
nombre, plante ses tentes sur les rives de
l’Orb. Face à l’ultimatum des croisés leur
intimant l’ordre de livrer les hérétiques
présents dans la ville, les habitants de
Béziers refusent, prenant la décision
“en commun par serment, avec les
hérétiques eux-mêmes, de défendre leur
cité contre les croisés”, si on s’en rapporte
à la relation que firent au pape les légats
pontificaux.
L’assaut est donné le 22 juillet, et le soir
même, la ville n’est plus que ruines et
cendres. Les “ribauds” (routiers et valets
d’armes qui constituent l’armée croisée
aux côtés des chevaliers et des archers) ne
font pas de quartiers et massacrent tous
ceux qu’ils rencontrent. Quant à la phrase
attribuée à Arnaud Amaury, abbé de
Cîteaux : “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra
les siens”, elle est rapportée par un moine
cistercien allemand Pierre Césaire de
Heisterbach, près de quarante ans plus
tard. Extraite d’un verset de la seconde
épître de saint Paul à Timothée, cette
phrase n’a vraisemblablement jamais été
prononcée ; elle reflète bien toutefois
l’état d’esprit des croisés : le massacre de
Béziers est destiné à semer la terreur et
à dissuader les cités voisines d’opposer
toute résistance. C’est ce qu’exprime
clairement Guillaume de Tudèle dans
La Cansò : “les barons de France et des
alentours de Paris, les clercs et les laïques,
aussi bien les princes que les marquis,
tous et chacun convinrent entre eux que
dans chaque ville fortifiée, devant laquelle
l’armée se présenterait et qui refuserait de
se rendre, tous les habitants, dès qu’elle
serait prise d’assaut, seraient passés au fil
de l’épée. Il ne s’en trouverait plus aucune
qui osât leur résister, tant la terreur serait
grande après de tels exemples”.
La stratégie de la terreur porte ses
fruits. Au passage de l’armée croisée,
seigneurs et bourgs se soumettent. Le
vicomte et l’archevêque de Narbonne,
accompagnés d’une députation de nobles
et de bourgeois de la ville, s’engagent à
apporter leur soutien matériel et financier
à la lutte contre les hérétiques.
Le soir du 1er août, les croisés arrivent
devant les remparts de Carcassonne,
ils établissent leur camp au nord de la Cité,
devant le Bourg. Le vicomte Raymond-
Roger de Trencavel a mis sa ville en état
de défense. Le 3 août, l’armée croisée
s’empare du bourg et prend position
sur les berges de l’Aude, coupant l’accès
des assiégés à la rivière. Peu de temps
après, le roi d’Aragon Pierre II vient au
camp des croisés offrir sa médiation. Il
souhaite obtenir un accord et ainsi venir
en aide à son vassal Trencavel. Mais la
seule concession qu’il obtient des croisés
(laisser sortir de la ville Trencavel et onze
des ses hommes, tandis que Carcassonne
est livrée à l’armée des assiégeants) ne
peut satisfaire le vicomte qui décide de
lutter jusqu’au bout. Après cet échec,
Pierre II s’en retourne dans son royaume.