UN SPECTACLE D’OLIVIER MARTIN-SALVAN D’APRÈS ALFRED JARRY FICHE TECHNIQUE DURÉE 1H Tsen Productions Conception artistique Olivier Martin-Salvan D’après Ubu sur la butte et Ubu Roi d’ Alfred Jarry Regard extérieur Thomas Blanchard Création collective Avec Thomas Blanchard Robin Causse Mathilde Hennegrave Olivier Martin-Salvan Gilles Ostrowsky Scénographie et costumes Clédat & Petitpierre Composition musicale David Colosio Chorégraphie Sylvain Riejou Réalisation des costumes Anne Tesson Régie générale Hervé Chantepie Production Tsen Productions Coproduction Le Festival d’Avignon Le Quartz, Scène nationale de Brest Le Théâtre en Beauvaisis, Scène nationale de l’Oise en préfiguration Les Tréteaux de France, CDN La Comète, Scène nationale de Châlons-en-champagne La Pop En partenariat avec L’Odéon, Théâtre de l’Europe Théâtre Gérard Philipe, CDN de Saint-Denis. Remerciements Annie Le Brun Olivier Martin-Salvan est artiste associé au Quartz, Scène nationale de Brest depuis septembre 2014 TOURNÉE JURA 2017 POLIGNY SALLE DES FÊTES MAR 7 FÉV > 20H30 LONS-LE-SAUNIER LE BŒUF SUR LE TOIT JEU 9 FÉV > 20H30 CHAMPAGNOLE L’OPPIDUM MER 8 FÉV > 20H30 DOLE LE MANÈGE DE BRACK VEN 10 FÉV > 20H30 L ors de ses études au lycée de Rennes (1888-1891), Alfred Jarry rencontre un professeur de physique, chahuté par les élèves, Félix Hébert, surnommé Père Hébert, Père Heb, Eb, Ébé, qui devient sa source d’inspiration pour le personnage d’Ubu, dont il écrira plusieurs versions. Inventeur de la « Pataphysique », « science des solutions imaginaires », Jarry jette la pierre angulaire du mouvement littéraire de l’absurde, dont Ubu est le personnage central. Le père Ubu assassine le roi Venceslas de Pologne en prenant le pouvoir par la force. Incapable de gouverner, il instaure un pouvoir dérisoire et grotesque, fondé sur des pulsions sanguinaires. Le cycle d’Ubu est constitué de versions plus ou moins longues et enrichies de la pièce Ubu roi (1896) : Ubu cocu, Ubu enchaîné (1900) et Ubu sur la butte (1901). Olivier MartinSalvan, dans son adaptation, s’est inspiré particulièrement d’Ubu roi et d’Ubu sur la butte, dont certains passages ont été retravaillés. Ubu sur la butte est une version réduite d’Ubu roi, en deux actes, et remaniée pour Guignol. En effet, cette pièce fut à l’origine jouée par des marionnettes en 1901, au Théâtre des Quatz’Arts à Montmartre. NOTE D’INTENTION D’OLIVIER MARTIN-SALVAN U bu sur la butte, j’ai été immédiatement saisi par la cruauté qui s’en dégage. Plus encore que le fameux Ubu Roi, cette version raccourcie, brusque, directe m’a totalement enchanté. Le premier roi meurt en vingt lignes et la guerre arrive trois scènes plus tard ! En tant qu’acteur, je retrouve d’une certaine manière l’endroit de jeu que nous demande Valère Novarina quand nous sommes en création : c’est-à-dire d’être plus bêtes que ce que nous faisons et de jouer comme des enfants qui officient dans une « messe pour marionnettes ». Ce texte à vif, sans fioriture, cet Ubu « pour marionnettes » justement, déchargé de toutes psychologies résonne incroyablement aujourd’hui. Car ce personnage légendaire d’Ubu apparaît ici encore plus violent et abrupt que dans l’original. Ce spectacle, nous l’avons imaginé avec les acteurs comme un véritable terrain de jeu et d’invention ! Cette œuvre à explorer comme une matière première, comme un diamant brut à tailler sans polir... En lecture, le texte dure à peine trente minutes. Nous avons donc tout l’espace de le projeter dans sa fulgurance et de le faire respirer et vibrer à travers cet univers pittoresque et inquiétant de l’aérobic et de la GRS inventé par les plasticiens Clédat & Petitpierre. Cette aventure conçue avec cette bande d’acteurs-créateurs (et actrice) se place donc pour moi sur l’idée de réunion et de rencontre vers de nouveaux publics, dans la joie, dans le plaisir de jeu, avec ce texte matériau puissant. 3 AVANT LA REPRÉSENTATION 1. UBU, UN PERSONNAGE GROTESQUE Affiche pour la représentation d’Ubu roi Alfred Jarry, 1896 Véritable portrait de Monsieur Ubu Alfred Jarry, 1896 Analyser les dessins ci-dessus - En quoi ces dessins pourraient-ils être ceux d’un enfant ? Avez-vous l’impression qu’Ubu est dessiné de manière réaliste ? - Quelles remarques pouvez-vous faire sur le personnage d’Ubu ? À quoi ressemble-t-il ? Quel est son costume ? - Quelle sonorité évoque le nom d’Ubu ? En quoi le personnage porte-t-il bien son nom ? - Quels sont les accessoires qu’Ubu porte sur lui ? - Dans l’affiche, quels autres éléments du décor apercevons-nous ? quels sont les autres personnages présents et dans quelle position ? Donnant à son dessin un aspect caricatural, Ubu est représenté avec un gros ventre (la « gidouille »). La spirale du premier dessin, accentue l’effet démesuré de ce ventre grotesque et lui donne un air méchant. Les traits du personnage sont à peine esquissés, à la manière d’un dessin d’enfant. Le nom Ubu peut rappeler aussi le langage de l’enfance, un mot mal articulé. Malgré l’aspect naïf de ces dessins, l’atmosphère évoque le massacre et la terreur : Ubu porte toujours sur lui un couteau tranchant, prêt à tuer ceux qui s’en approchent. La maison en arrière plan est en flamme et les deux personnages, agenouillés, prient pour rester en vie. Ubu peut donc s’apparenter à la figure de l’ogre dans les contes, représentant le désir de dévorer et de détruire. Bouffon, il n’en est pas moins sanguinaire. Les dessins évoquent un personnage-marionnette. En effet, dans sa conception de l’art théâtral, Jarry préconise un renouvellement du jeu de l’acteur, qui ne doit plus s’identifier au personnage, mais au contraire, s’en distancier. Pour ce faire, le jeu dramatique doit renouer avec le port du masque, la stylisation du jeu, permettant de dépouiller l’acteur de son identité. L’acteur doit s’effacer derrière son rôle, par un jeu impersonnel. Rappelons que Jarry s’est beaucoup inspiré du Théâtre de Guignol. 5 ATELIER PLASTIQUE ATELIER PLASTIQUE Demander aux élèves de créer leur propre représentation du personnage d’Ubu, à Demander élèves créer leur propre représentation personnage d’Ubu, partir de partir deaux photos, dede dessins, de collage… Une attention du particulière devra êtreàportée photos, de dessins, de collage… Une attention particulière devra être portée à la représentation à la représentation du ventre, donnant à Ubu un aspect grotesque. du ventre, donnant à Ubu un aspect grotesque. POUR ALLER PLUS LOIN… Voici des photos d’ , extraites du spectacle. Vous semblent-elles correspondre aux dessins proposés par Jarry ? Pourquoi ? 2. LE TRAITEMENT DE L’ESPACE > UN PROBLÈME SCÉNIQUE À partir d’Ubu roi, recherchez les lieux évoqués dans les didascalies. - Quels problèmes de mise en scène cela pose-t-il ? Le principal problème scénique que pose la pièce est le traitement de l’espace. En effet, de nombreux lieux se succèdent et le metteur en scène doit trouver une solution face à ces nombreux changements de décors. Parmi les lieux, il est possible de citer la maison du Père Ubu, la chambre du Père Ubu, le palais du roi, une caverne dans les montagnes, une maison de paysans, les fortifications de Thorn, la salle du conseil d’Ubu, le camp de Varsovie, l’Ukraine, une caverne en Lituanie, la province de Livonie… Voici ce que Jarry écrit, dans le programme de salle qu’il a conçu lors de la première représentation d’Ubu roi : L’action se passe en Pologne, pays assez légendaire et démembré pour être ce Nulle Part, ou tout au moins, selon une vraisemblable origine franco-grecque, bien loin un quelque part interrogatif. - Quelles solutions trouver pour mettre en scène les nombreux lieux évoqués dans Ubu roi ? Imaginez un espace dans lequel pourrait se dérouler la pièce. Le lieu de l’action d’Ubu roi n’a pas de réalité géographique, elle se déroule « Nulle Part ». L’indétermination du l’espace peut laisser une plus grande liberté au metteur en scène pour interpréter ce lieu. 6 3. LE CHOIX SCÉNOGRAPHIQUE Note d’Yvan Clédat & Coco Petitpierre sur la scénographie et les costumes Lorsqu’Olivier Martin-Salvan nous propose le projet , deux problèmes s’imposent immédiatement à nous, comme autant de réjouissances à venir... Premièrement un contexte itinérant de représentations hors théâtres, donc hors plateaux, avec des espaces hétéroclites à investir chaque jour. Deuxièmement un texte célèbre, dont le personnage principal dessiné par l’auteur luimême appartient visuellement à notre imaginaire collectif. La genèse du texte, les écrits de Jarry sur le théâtre, nous confortent cependant dans l’idée qu’avec Ubu s’ouvre un grand champ de liberté, et que rien n’est sacré... Ubu est brutal, dans une compétition violente, les actions sont rapides et sommaires, l’énergie physique prédomine, le trône est vécu comme un podium, les nations s’affrontent : et si Ubu évoluait sur un terrain de sport ? Nous avons alors imaginé cet espace composé de modules de gymnastique tout en mousse, comme un grand terrain de jeu, ou un ring à même le sol. Les spectateurs installés tout autour de l’espace seront au plus près de la corporalité des acteurs. La drolatique diversité des corps des comédiens réunis par Olivier sera quant elle révélée par des tenues moulantes - entre le zentaï et la tenue de lutte – aux effigies des drapeaux nationaux. Des accessoires et vêtements sportifs, shorts, peignoirs, balles, gants de boxe, casques de karaté... seront autant d’atouts pour libérer l’énergie du grand guignol sanguinaire. - Quels sont les choix de mise en scène ? - En quoi le milieu du sport peut-il être une métaphore du pouvoir ? - Analyser la graphie du titre choisie par Olivier Martin-Salvan pour sa pièce. Quel pays évoque-t-il ? C’est le milieu du sport et plus particulièrement de la GRS (Gymnastique Rythmique et Sportive) qui a été choisie par le metteur en scène et le scénographe. Pour Olivier Martin-Salvan, le « décervelage » de notre société est représenté par le culte du corps, le diktat de la minceur. Par ailleurs, certaines nations, comme la Russie, investissent énormément dans le sport, afin de montrer leur puissance. La référence à l’Union Soviétique se retrouve dans le titre, avec le « B » à l’envers, rappelant l’alphabet cyrillque. La métaphore du sport comme prise de pouvoir, sur son propre corps et sur une autre nation prend tout son sens à l’aune de la notion du « décervelage » auquel s’adonne Ubu, dans sa pratique des exécutions publiques. 7 APRÈS LA REPRÉSENTATION 1. LE CHOIX D’UNE MISE EN SCÈNE QUADRIFRONTALE ET MODULABLE À l’issue de la représentation, il est possible de demander aux élèves de dessiner le plan de la mise en scène, en positionnant la scène et les spectateurs. 8 - À votre avis, pourquoi avoir fait le choix d’une mise en scène quadrifrontale ? - Quel effet cela provoque-t-il sur les spectateurs ? Les spectateurs voient-ils tous la même chose ? Le choix d’une mise en scène quadrifrontale permet de rompre avec les codes habituels du théâtre. En effet, il n’y a plus la rupture entre la scène et la salle, le « quatrième mur ». Le public se trouve beaucoup plus rapproché des comédiens, qu’il peut observer à la loupe, dans le moindre détail. Le corps de l’acteur est directement mis en jeu, jusqu’à l’épuisement du geste, comme on peut le voir dans les compétitions sportives. Le spectateur, proche de la scène, peut donc constater le travail physique. Il est possible de voir la représentation plusieurs fois, sans voir les mêmes détails, selon le placement dans la salle. Par ailleurs, le choix de l’espace quadrifrontal peut rappeler certains stades de sport. Le public, face à face, regardant le même match-spectacle, est entraîné dans une ferveur commune. Observez la photographie ci-dessous. Que permet la mise en place des tapis de gymnastique ? Les matelas permettent de créer différents espaces scénographiques et donc de moduler l’espace de jeu. Ils peuvent aussi servir d’accessoires ou de mobilier : table, banquette, cheval d’arçon… La mise en scène d’Oliver Martin-Salvan se produit dans des salles qui ne sont pas forcément dédiées au théâtre. Les décors sont ainsi plus facilement adaptables aux conditions de représentation. ATELIER DE JEU : UTILISER L’ESPACE DE LA SALLE DE CLASSE ATELIER DEpremier JEU > UTILISER L’ESPACE DE LA SALLE DE CLASSE Demander à un groupe d’élèves de reproduire la configuration du spectacle, de former Demander à un premier groupe d’élèves de reproduire la configuration du spectacle, un carré et de se positionner face à face, à la manière des spectateurs, en essayant de bouger de former un carré et deet seles positionner face à face, la manière des(voir spectateurs, en un le moins possible les tables chaises. En prenant unà extrait du texte ANNEXE 1), essayant de bouger le moins possible les tables et les chaises. En prenant un extrait deuxième groupe d’élèves, plus restreint, se place au centre pour jouer la scène. texte (voir ANNEXE 1), un deuxième groupe d’élèves, plus restreint, se place audes Cetdu exercice permettra de travailler l’occupation de l’espace, ses conséquences sur le jeu centre jouer la scène. acteurs etpour la diffusion des répliques, par rapport à la situation du public dans la salle. Cet exercice permettra de travailler l’occupation ded’élèves, l’espace,tour sesàconséquences le L’exercice peut se répéter afin de permuter les groupes tour acteurs etsur spectajeu des acteurs et la diffusion des répliques, par rapport à la situation du public dans teurs. la salle. Il est possible aussi de travailler la perception des spectateurs dans cette disposition particuL’exercice peut se répéter afin de permuter les groupes d’élèves, tour à tour acteurs lière. et spectateurs. Il est possible aussi de travailler la perception des spectateurs dans cette disposition particulière. 9 2. DE LA VIOLENCE AU COMIQUE > LE MÉCANISME DE LA PARODIE Regarder la vidéo suivante de 0’25 à 1’08 (en cliquant sur l’image) PÈRE UBU – MERDRE. Coup de bâton LE ROI – Lâche, gueux, sacripant, mécréant, musulman ! PÈRE UBU – Tiens, pochard, soûlard, bâtard, hussard, tartare, calard, cafard, mouchard, savoyard, polognard ! LE ROI – Au secours ! Je suis mort ! PÈRE UBU, roulant le Roi sur le devant du guignol avec le bâton. – Tiens, capon, cochon, félon, histrion, fripon, souillon, polochon ! Est-il bien mort ? Eh aïe donc ! (Il l’achève.) Me voici roi maintenant ! Il sort. (Ubu sur la butte, I,1) - Que représente cette scène ? - Comment qualifieriez-vous son rythme ? - Quels éléments montrent la violence d’Ubu (didascalie, jeu des acteurs…) ? La scène qui se déroule sous nos yeux est une scène de meurtre. Ubu tue le roi Venceslas afin de prendre le pouvoir. La violence de l’action est accentuée à plusieurs niveaux : le rythme s’accélère, avec la présence d’énumérations d’insultes (violence verbale), et d’une ponctuation expressive alors qu’Ubu, dans la mise en scène, frappe le roi sans relâche (violence physique « il l’achève »). - Quel est le registre dominant de cette scène de meurtre ? est-ce habituel ? - Ubu vous apparaît-il véritablement comme un personnage effrayant ? - Qu’est-ce qui rend les personnages ridicules et grotesques ? À la différence d’une tragédie classique ou d’un combat épique, la scène de meurtre revêt ici une dimension comique et parodique. Le comique de mots est présent avec les insultes farfelues, aux sonorités étonnantes. Le comique de situation permet la mise à mort d’un roi de manière très condensée. Au niveau de la mise en scène, le choix des tuniques de gymnastiques, moulant les corps à outrance, ainsi que des accessoires en mousse, renforce le caractère grotesque de la scène. Tout ceci contribue à la mise en œuvre d’une parodie de régicide et d’une destruction des codes. 10 ATELIER D’ÉCRITURE ATELIER D’ÉCRITURE À partir d’und’un texte étudié en classe, au choix du professeur, il serait possible de proposer À partir texte étudié en classe, au choix du professeur, il serait possible de pro-aux élèves une réécriture de celui-ci de manière parodique. poser aux élèves une réécriture de celui-ci de manière parodique. Le Le butbut dede l’exercice est registre tragique tragique (com(combat, l’exercice estdedetravailler travaillerune uneparodie parodied’un d’un texte texte de de registre meurtre), en utilisant différents procédésprocédés de style comme lacomme transposition, le décalage, bat, meurtre), en utilisant différents de style la transposition, le l’accudémulation d’éléments appartenant au registre comique… calage, l’accumulation d’éléments appartenant au registre comique… ATELIER DE DE JEUJEU : MISE EN EN VOIX, MISE EN JEU ATELIER > MISE VOIX, MISE EN JEU Proposer une mise en voix du texte en ANNEXE 2. Les élèves peuvent penser à une Proposer mise du texte en ANNEXE élèves peuvent penser à une mise en mise enune scène enen sevoix servant des éléments de2. laLes salle de classe. scène en se servant des éléments de la salle de classe. Le but de l’exercice est d’amplifier la dimension parodique de la mise à mort des Le Nobles, but de l’exercice la dimension parodique de la mise à mort des Nobles, en en jouantest surd’amplifier les différents types de comique. jouant sur les différents types de comique. POUR ALLER PLUS LOIN… Passionné de vélo, Alfred Jarry a poussé son travail de parodie en désacralisant la Passion du Christ, à travers un texte intitulé La Passion considérée comme une course de côte. La thématique du sport permet de transformer cet épisode biblique tragique en épreuve comique. (ANNEXE 3) 3. DU JEU À L’IMAGE, QUELS CHOIX DE REGISTRE POUR LES REPRÉSENTATIONS D’UBU ? Le cycle d’Ubu connaît un vif succès de mise en scène. Les plus grands metteurs en scène se sont confrontés à la représentation d’Ubu. - Comparer les affiches suivantes : que disent-elles du comportement d’Ubu ? - Comment les affiches mélangent-elles les registres et permettent-elles d’illustrer les différentes facettes du personnage d’Ubu ? - Laquelle vous semble la plus appropriée ? ATELIER PLASTIQUE : ATELIER PLASTIQUE Concevoir une affiche. Demander aux élèves d’imaginer une affiche qui fasse écho au milieu Concevoir une aux élèves une affiche qui les fasse écho au(cosportif proposé paraffiche. Olivier Demander MARTIN-SALVAN et ded’imaginer créer des collisions entre registres milieu sportif Travailler proposé par Martin-Salvan de créer des collisions entre les mique, tragique). parOlivier découpage et collages et à partir d’articles de presse, photograregistres (comique, tragique). Travailler par découpage et collages à partir d’articles phies, lettres, images. de presse, photographies, lettres, images. POUR ALLER PLUS LOIN… Proposer une analyse comparative avec d’autres mises en scène d’Ubu, comme par exemple celle de Michael Meschke (1964). (ANNEXE 4) 11 12 BIOGRAPHIES ALFRED JARRY auteur du cycle des Ubu Né en 1873 à Laval et mort en 1907 à Paris, l’original et parfois scandaleux Alfred Jarry décline en plusieurs pièces le personnage qui forge sa gloire au théâtre : Ubu roi, Ubu cocu, Ubu enchaîné et Ubu sur la butte, qui moquent l’avidité, l’égoïsme et la bêtise du dictateur ventripotent. Dans les romans qu’il écrit par ailleurs, notamment L’Amour en visites, Messaline ou Le Surmâle, le père de la pataphysique hisse par l’absurde les traits humains jusqu’à l’automatisme, inventant des pantins excessifs en toute chose, qu’il s’agisse de pouvoir, de chair ou de transgression de l’ordre social. (biographie extraite du programme de salle du Festival d’Avignon, 2015) 13 OLIVIER MARTIN-SALVAN conception artistique et comédien Artiste associé au Quartz - Scène nationale de Brest depuis septembre 2014. Formé à l’École Claude Mathieu (2001-2004), il travaille dès sa sortie d’école avec Benjamin Lazar (Le Bourgeois Gentilhomme de Molière avec Le Poème Harmonique / Vincent Dumestre) ; Jean Bellorini et Marie Ballet (Un violon sur le toit de Joseph Stein, L’Opérette imaginaire de Valère Novarina) ; Côme de Bellescize (Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, Les errants de Côme de Bellescize ) ; Claude Buchvald (Falstafe, d’après Henri IV de Shakespeare de Valère Novarina) ; Marion Guerrero (Orgueil, poursuite et décapitation de Marion Aubert). En 2006, il rencontre le metteur en scène et auteur Pierre Guillois avec qui il entame une série de collaborations au Théâtre du Peuple à Bussang, puis en tournée (Noël sur le départ - 2006, Le ravissement d’Adèle de Rémi De Vos - 2008, Le Gros, la Vache et le Mainate - 2010). En 2014, toujours avec Pierre Guillois, il co-écrit et interprète Bigre, mélo burlesque créé au Quartz de Brest. Depuis 2007, il joue également dans les créations de Valère Novarina (L’Acte inconnu - Cour d’honneur d’Avignon - 2007, Le Vrai Sang - Théâtre de l’Odéon 2011, L’Atelier Volant - Théâtre du Rond-Point 2012). Catalyseur d’équipes, Olivier Martin-Salvan reste interprète même lorsqu’il prend part à la conception de spectacles, comme pour Ô Carmen, opéra clownesque mis en scène par Nicolas Vial (plus de 180 représentations), Pantagruel mis en scène par Benjamin Lazar (135 représentations - nominé en 2014 et 2015 pour le Molière du meilleur comédien dans un spectacle de théâtre public), Religieuse à la fraise, créé avec Kaori Ito en 2014 aux Sujets à vif SACD/Festival d’Avignon et plus récemment Ubu d’après Alfred Jarry, création collective présentée au Festival d’Avignon In 2015, en tournée en 2017. En janvier 2016, il créé au Quartz de Brest Fumiers mis en scène par Thomas Blanchard, en tournée actuellement. Il joue dans Espæce, dernière création d’Aurelien Bory créée au Festival d’Avignon 2016, en tournée actuellement. photo © Giovanni Cittadini 14 ANNEXE 1 Ubu sur la butte acte I, scène 1 LE ROI, dans la coulisse – Hé, Père Ubu, Père Ubu ! PÈRE UBU, entrant – Eh ! voilà le roi qui me demande. (À part) Roi Venceslas, vous courez à votre perte et vous serez massacré ! LE ROI, entrant de l’autre côté – Êtes-vous donc encore à boire, Père Ubu, que vous n’entendez pas quand je vous appelle ? PÈRE UBU – Oui, sire, je suis saoul, c’est parce que j’ai trop bu de vin de France. LE ROI – Comme moi ce matin : nous sommes gris, je crois, comme deux Polonais. PÈRE UBU – Enfin, Sire, que désirez-vous ? LE ROI – Noble Père Ubu, venez près de moi à cette fenêtre, nous verrons défiler les troupes. PÈRE UBU, à part – Attention, voilà le moment ! (Au Roi.) On y va, monsieur, on y va. LE ROI, à la fenêtre – Ah ! Voici le régiment des gardes à cheval de Dantzick. Ils sont fort beaux, ma foi. PÈRE UBU – Vous trouvez ? Ils me paraissent misérables. Regardez celuici là-bas. (Criant par la fenêtre.) Depuis combien de temps ne t’es-tu pas débarbouillé, ignoble drôle ? LE ROI – Mais ce soldat est fort propre. Qu’avez-vous donc Père Ubu ? PÈRE UBU – Voilà ce que j’ai ! Coup de tête dans le ventre. LE ROI – Misérable ! 16 ANNEXE 2 Ubu sur la butte acte I, scène 4 PÈRE UBU – Apportez la caisse à Nobles et le crochet à Nobles et le couteau à Nobles et la trique à Nobles ! Ensuite, faites avancer les Nobles. On pousse brutalement les Nobles. MÈRE UBU – De grâce, modère-toi, Père Ubu. PÈRE UBU – J’ai l’honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens. NOBLES – TOUS – Horreur ! A nous, peuple et soldats ! PÈRE UBU – Amenez-moi le premier Noble et passez-moi la trique à Nobles. Ceux qui seront condamnés à mort, je les passerai dans la trappe, ils tomberont dans le sous-sol où on les massacrera. (Au Noble.) Qui es-tu, bouffre ? LE NOBLE – Comte de Vitepsk. PÈRE UBU – De combien sont tes revenus ? LE NOBLE – Trois millions de rixdales. PÈRE UBU – Condamné ! Coup de bâton. MÈRE UBU – Quelle basse férocité ! PÈRE UBU – Second Noble, qui es-tu ? – Répondras-tu, bouffre ? LE NOBLE – Grand-duc de Posen. PÈRE UBU – Excellent ! Excellent ! Je n’en demande pas plus long. Dans la trappe. (Coup de bâton.) Troisième Noble, qui es-tu ? Tu as une sale tête. LE NOBLE – Duc de Courlande, des villes de Riga, de Revel et de Mitau. PÈRE UBU – Très bien ! Très bien ! Tu n’as rien autre chose ? LE NOBLE –Rien. PÈRE UBU – Dans la trappe, alors. Quatrième Noble, qui es-tu ? LE NOBLE – Prince de Podolie. PÈRE UBU – Quels sont tes revenus ? LE NOBLE –Je suis ruiné. PÈRE UBU – Pour cette mauvaise parole, passe dans la trappe. (Coup furieux.) Cinquième Noble, qui es-tu ? Tu as une bonne figure. LE NOBLE – Margrave de Thorn, palatin de Polock. PÈRE UBU – Ça n’est pas lourd. Tu n’as rien autre chose ? LE NOBLE – Cela me suffisait. PÈRE UBU – Eh bien ! Mieux vaut peu que rien. Dans la trappe mon ami. – Qu’as-tu à pigner Mère Ubu ? MÈRE UBU – Tu es trop féroce, Père Ubu. 17 ANNEXE 3 La Passion considérée comme une course de côte (1903) Barrabas, engagé, déclara forfait. Le starter Pilate, tirant son chronomètre à eau ou clepsydre, ce qui lui mouilla les mains, à moins qu’il n’eût simplement craché dedans — donna le départ. Jésus démarra à toute allure. En ce temps-là, l’usage était, selon le bon rédacteur sportif saint Mathieu, de flageller au départ les sprinters cyclistes, comme font nos cochers à leurs hippomoteurs. Le fouet est à la fois un stimulant et un massage hygiénique. Donc Jésus, très en forme, démarra, mais l’accident de pneu arriva tout de suite. Un semis d’épines cribla tout le pourtour de sa roue d’avant. On voit, de nos jours, la ressemblance exacte de cette véritable couronne d’épines aux devantures de fabricants de cycles, comme réclame à des pneus increvables. Celui de Jésus, un single-tube de piste ordinaire, ne l’était pas. Les deux larrons, qui s’entendaient comme en foire, prirent de l’avance. Il est faux qu’il y ait eu des clous. Les trois figurés dans des images sont le démonte pneu dit « une minute ». Mais il convient que nous relations préalablement les pelles. Et d’abord décrivons en quelques mots la machine. Le cadre est d’invention relativement récente. C’est en 1890 que l’on vit les premières bicyclettes à cadre. Auparavant, le corps de la machine se composait de deux tubes brasés perpendiculairement l’un sur l’autre. C’est ce qu’on appelait la bicyclette à corps droit ou à croix. Donc Jésus, après l’accident de pneumatiques, monta la côte à pied, prenant sur son épaule son cadre ou si l’on veut sa croix. Des gravures du temps reproduisent cette scène, d’après des photographies. […] Ils confondirent la croix du corps de la machine avec cette autre croix, le guidon droit. Ils représentèrent Jésus les deux mains écartées sur son guidon, et notons à ce propos que Jésus cyclait couché sur le dos, ce qui avait pour but de diminuer la résistance de l’air. […] Dans la côte assez dure du Golgotha, il y a quatorze virages. C’est au troisième que Jésus ramassa la première pelle. Sa mère, aux tribunes, s’alarma. Le bon entraîneur Simon de Cyrène, de qui la fonction eût été, sans l’accident des épines, de le « tirer » et lui couper le vent, porta sa machine. Jésus, quoique ne portant rien, transpira. Il n’est pas certain qu’une spectatrice lui essuya le visage, mais il est exact que la reporteresse Véronique, de son kodak, prit un instantané. La seconde pelle eut lieu au septième virage, sur du pavé gras. Jésus dérapa pour la troisième fois, sur un rail, au onzième. Les demi-mondaines d’Israël agitaient leurs mouchoirs au huitième. Le déplorable accident que l’on sait se place au douzième virage. Jésus était à ce moment dead-head avec les deux larrons. On sait aussi qu’il continua la course en aviateur… mais ceci sort de notre sujet. 18 ANNEXE 4 Mise en scène d’Ubu roi de Michael MESCHKE (1964) 19 CONTACT DOLE [email protected] CONTACT LONS [email protected] 03 84 86 03 03 dossier réalisé en janvier 2017 par Clarisse Brugirard professeure chargée de mission par la Délégation académique à l’action culturelle du rectorat (Académie de Besançon) auprès du Service éducatif des Scènes du Jura [email protected]