Lors de ses études au lycée de
Rennes (1888-1891), Alfred
Jarry rencontre un professeur de
physique, chahuté par les élèves,
Félix Hébert, surnommé Père Hébert,
Père Heb, Eb, Ébé, qui devient sa source
d’inspiration pour le personnage d’Ubu,
dont il écrira plusieurs versions.
Inventeur de la « Pataphysique », « science
des solutions imaginaires », Jarry jette la
pierre angulaire du mouvement littéraire
de l’absurde, dont Ubu est le personnage
central.
Le père Ubu assassine le roi Venceslas de
Pologne en prenant le pouvoir par la force.
Incapable de gouverner, il instaure un
pouvoir dérisoire et grotesque, fondé sur
des pulsions sanguinaires.
Le cycle d’Ubu est constitué de versions plus ou moins longues et enrichies de la pièce
Ubu roi (1896) : Ubu cocu, Ubu enchaîné (1900) et Ubu sur la butte (1901). Olivier Martin-
Salvan, dans son adaptation, s’est inspiré particulièrement d’Ubu roi et d’Ubu sur la butte,
dont certains passages ont été retravaillés. Ubu sur la butte est une version réduite
d’Ubu roi, en deux actes, et remaniée pour Guignol. En effet, cette pièce fut à l’origine
jouée par des marionnettes en 1901, au Théâtre des Quatz’Arts à Montmartre.
Ubu sur la butte, j’ai été
immédiatement saisi par la
cruauté qui s’en dégage. Plus
encore que le fameux Ubu Roi,
cette version raccourcie, brusque, directe
m’a totalement enchanté. Le premier roi
meurt en vingt lignes et la guerre arrive
trois scènes plus tard !
En tant qu’acteur, je retrouve d’une
certaine manière l’endroit de jeu que nous
demande Valère Novarina quand nous
sommes en création : c’est-à-dire d’être
plus bêtes que ce que nous faisons et de
jouer comme des enfants qui officient
dans une « messe pour marionnettes ».
Ce texte à vif, sans fioriture, cet Ubu « pour marionnettes » justement, déchargé de
toutes psychologies résonne incroyablement aujourd’hui. Car ce personnage légendaire
d’Ubu apparaît ici encore plus violent et abrupt que dans l’original.
Ce spectacle, nous l’avons imaginé avec les acteurs comme un véritable terrain de jeu et
d’invention ! Cette œuvre à explorer comme une matière première, comme un diamant
brut à tailler sans polir...
En lecture, le texte dure à peine trente minutes. Nous avons donc tout l’espace de
le projeter dans sa fulgurance et de le faire respirer et vibrer à travers cet univers
pittoresque et inquiétant de l’aérobic et de la GRS inventé par les plasticiens Clédat &
Petitpierre.
Cette aventure conçue avec cette bande d’acteurs-créateurs (et actrice) se place donc
pour moi sur l’idée de réunion et de rencontre vers de nouveaux publics, dans la joie,
dans le plaisir de jeu, avec ce texte matériau puissant.
NOTE D’INTENTION D’OLIVIER MARTINSALVAN
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