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Cinq années à la tête de la diplomatie belge (1949-1954)
Le 11 août 1949, Paul van Zeeland devient ministre des Affaires étrangères du
gouvernement PSC-libéral emmené par Gaston Eyskens
3
. Il conserve son portefeuille sous les
gouvernements sociaux-chrétiens homogènes de Jean Duvieusart (8 juin 1950-11 août 1950),
de Joseph Pholien (16 août 1950-9 janvier 1952) et de Jean van Houtte (15 janvier 1952-12
avril 1954). La prestation de serment, le 11 août 1950, du Prince Royal Baudouin, auquel les
Chambres avaient attribué l’exercice des pouvoirs constitutionnels du Roi, mettait fin à de
longues années d’affrontement
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. Léopoldiste acharné, monarchiste convaincu et fidèle, van
Zeeland est indubitablement déçu du dénouement de la question royale, dont on sait combien
les séquelles marqueront durablement la société belge. Après l’échec du gouvernement
Duvieusart en août 1950, van Zeeland, nommé formateur par le Prince Royal, a d’ailleurs
estimé préférable de s’effacer pour laisser la direction du nouveau cabinet à un sénateur peu
connu jusqu’alors, Joseph Pholien. Quelques mois plus tard, son fils ayant atteint l’âge de la
majorité légale, Léopold III abdique. Et le 17 juillet 1951, Baudouin monte sur le trône,
inaugurant un règne long de quarante-deux ans.
Durant ces cinq années passées à la tête de la diplomatie belge, les grandes questions
de politique étrangère sont la menace soviétique et la construction européenne. Van Zeeland
veille, en outre, à assurer la cohésion de l’Occident et de l’Europe face au danger communiste,
mais il n’a pas attendu d’avoir en main un maroquin ministériel pour jouer un rôle actif sur la
scène internationale et, surtout, européenne. Tout au long de sa vie, il a usé de son crédit pour
servir la cause européenne. En 1947 déjà, il a personnellement œuvré à la création de la Ligue
indépendante de coopération économique (LICE), qui deviendra rapidement la Ligue
européenne de coopération économique (LECE). En 1949, il préside la délégation belge au
Congrès économique de Westminster. En 1950, il devient président de l’OECE et, pour un an,
du Conseil des ministres du Pacte Atlantique. C’est à ce titre qu’il préside les conférences de
Bruxelles, en décembre 1950, et d’Ottawa, en septembre 1951. En 1952, van Zeeland signe,
au nom de la Belgique, le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier
(CECA). Il représente aussi la Belgique au Conseil de l’Europe, à l’OTAN, lors des sessions
de l’Assemblée générale des Nations-Unies, aux conférences de l’OECE et aux travaux
préparatoires de la Communauté européenne de Défense.
1956 : Van Zeeland quitte la vie politique
En 1956, van Zeeland met un terme à sa carrière politique en rendant son mandat de
sénateur. L’homme politique se mue en homme d’affaires. Van Zeeland remplit à partir de
cette date des fonctions d’administrateur dans diverses sociétés.
LA COMPOSITION DU FONDS ET SON CLASSEMENT
Passionné d’histoire, féru de généalogie, Paul van Zeeland a conservé ses papiers avec
un soin qu’on rencontre rarement. Les papiers relatifs à la carrière et à l’activité politique de
Paul van Zeeland avant l’invasion de la Belgique en mai 1940, et qui étaient conservés à son
domicile de Boitsfort, doivent cependant être considérés comme perdus
5
. La Maison
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DUMOULIN (Michel), La politique étrangère, dans Un parti dans l’histoire. 1945-1995. 50 ans d’action du Parti Social
Chrétien, éd. W. DEWACHTER, G.-H. DUMONT, M. DUMOULIN, M. G
É
RARD, E. LAMBERTS, X. MABILLE & M. VAN DEN
WIJNGAERT, Louvain-la-Neuve, 1996, p. 377-383.
4
DUVIEUSART (Jean), La question royale. Crise et dénouement : juin, juillet, août 1950, Bruxelles, 1975.
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Rapport d’Arthur Cosemans, 27 août 1964, dans GÉHEC-UCL, P.v.Z., n° 4.