poids avec des effets bénéfiques cardiovasculaires dont
l’intensité et proportionnelle à la perte de poids. On
attribue à l’hyperactivité sympathique un rôle dans la
genèse de l’HTA mais aussi de l’insuffisance cardiaque et
de l’hypertrophie ventriculaire gauche du sujet obèse et la
perte de poids diminue le tonus sympathique tout en
restaurant l’activité vagale. D’autres systèmes et facteurs
sont influencés par la perte de poids qui entraîne une
diminution de l’hyperinsulinisme responsable par ses ef-
fets trophiques de l’hypertrophie ventriculaire gauche,
une baisse de l’activité du système rénine angiotensine
aldostérone, une diminution de l’activité prothromboti-
que et pro-inflammatoire de certaines adipokines [25, 26].
L’arrivée sur le marché d’une nouvelle classe pharma-
cologique, les antagonistes du système endocannabinoï-
des dont le chef de file est le rimonabant a montré dans un
programme d’essai clinique (essais RIO [27]) un intérêt
comme traitement adjuvant d’une prise en charge adapté
de l’obésité (régime hypocalorique, activité physique). Le
blocage du système endocannabinoïdes entraîne une
perte de poids significative par rapport aux groupes pla-
cebo avec un effet sur les taux de HDL-cholestérol mais
également sur l’inflammation. Les études de morbimorta-
lité sont en cours pour confirmer la place de ce médica-
ment dans la prise en charge des obésités au long cours
[28].
Complications associées à la perte de poids
La perte de poids peut également représenter un dan-
ger potentiel. La plupart des procédures (jeûne, régime
protidique, régime hypocalorique et même la chirurgie de
l’obésité) s’accompagnent d’une augmentation de l’inter-
valle QT. Ce sont essentiellement les régimes protéinés qui
ont été incriminés dans la survenue d’arythmies ventricu-
laires malignes. Ces observations justifient une vigilance
particulière pour prévenir les carences associées à ce type
de régime qui augmente le risque d’arythmie (hypokalié-
mie, déficit en micronutriments) [29].
La fenfluramine et la dexfenfluramine, deux anorexi-
gènes agissent en augmentant la concentration de séroto-
nine dans les synapses hypothalamiques ont été associés à
une augmentation du risque de valvulopathie et d’HTAP,
qui ont conduit à leur retrait dans les années 1990 [30].
Enfin, l’orlistat et la sibutramine, un apparenté des
amphétamines, semblent des molécules dont l’intérêt
dans la prise en charge de l’obésité et des complications
associées est limité. La sibutramine augmente la pression
artérielle et la fréquence cardiaque, par un effet sympatho-
mimétique. Ces propriétés justifient les précautions d’em-
ploi dans l’HTA de l’obèse non contrôlée et sa contre
indication chez des sujets avec une cardiopathie ou anté-
cédents d’AVC.
Conclusion
L’obésité est une maladie métabolique chronique fré-
quemment associée aux maladies cardiovasculaires et de
ce fait à une morbimortalité accrue. L’accumulation de
tissu adipeux s’accompagne d’effets sur la fonction et la
structure du système cardiovasculaire. On sait désormais
que ces modifications sont indépendantes des comorbidi-
tés associées, dont les facteurs de risque cardiovasculaire.
Pour satisfaire aux besoins métaboliques du tissu adipeux,
la volémie et le débit cardiaque augmentent. À côté,
l’adipocyte, cellule active, en secrétant certaines adipoki-
nes, majore le risque de développer des complications
cardiovasculaires. La perte de poids apparaît comme un
moyen efficace pour ralentir ou faire régresser la progres-
sion des maladies cardiovasculaires. L’enjeu des années à
venir reste l’identification de nouvelles cibles thérapeuti-
ques pour contrer la progression de cette épidémie gran-
dissante.
Références
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Tableau 1.Bénéfices de la perte de poids
sur le système cardiovasculaire
Diminution de la volémie
Diminution du volume d’éjection systolique
Diminution du débit cardiaque
Diminution de la pression dans les capillaires pulmonaires
Diminution de la masse ventriculaire gauche
Amélioration de la fonction systolique et diastolique du VG
Diminution de la consommation myocardique en oxygène au repos
Diminution de la pression artérielle systolique et diastolique
Diminution des pressions de remplissage du VG et du VD
Diminution des résistances vasculaires périphériques
Diminution de la fréquence cardiaque de repos
Diminution de l’intervalle QT
Amélioration de la variabilité sinusale
mt cardio, vol. 3, n° 3, mai-juin 2007 191
Dossier – Cœur et obésité
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