Nutrition Prévenir l’obésité de l’enfant Déjà très préoccupante aux États-Unis, l’obésité semble devenir un fléau pour tous les pays industrialisés et même pour ceux en voie de développement. Plusieurs facteurs sont mis en cause, l’alimentation étant le plus important. S i l’alimentation joue un rôle déterminant dans l’obésité débutant dans l’enfance, il existe un lien direct entre elle et le mode de vie. C’est pourquoi un régime seul ne suffit pas, car le traitement de l’obésité consiste d’abord à apporter des réponses spécifiques à des situations toujours différentes. Ainsi tout régime alimentaire doit prendre en compte l’âge, l’activité physique et le sexe de l’enfant. L’infirmière scolaire se trouve à un pôle d’observation privilégié, d’autant que, d’après certaines études, ces enfants sont sujets à un risque plus grand d’échec scolaire. Quel rôle pour l’alimentaire ? Sans diaboliser un aliment plus qu’un autre, il est prouvé que les enfants obèses ont le même goût que les non-obèses pour les aliments à densité énergétique élevée. Mais il y a une inégalité, probablement génétique, pour les assimiler et surtout une surconsommation ou une consommation déséquilibrée. Le grignotage est particulièrement nocif, d’autant qu’il s’associe souvent à l’ennui et à la sédentarité. En ce qui concerne les tout-petits, le Pr C. Dupont, de l’hôpital SaintVincent-de-Paul à Paris, souligne dans La lettre de l’Institut Danone : « Les besoins en protéines chez le nourrisson sont parfaitement couverts par l’alimentation exclusive au sein ou par l’allaitement artificiel. Cependant, les préparations pour nourrissons ont une concentration en protéines de 2,2 g pour 100 kcal qui excède les besoins de sécurité, évalués actuellement à 1,8 g de protéines pour 100 kcal, soit environ 1,3 g/100 ml ». Mais, à tous les âges, les apports protéiques dans les pays industrialisés dépassent les besoins récemment définis. Le Pr C. Dupont met en garde : « Un tel excès n’est peut-être pas sans conséquence défavorable : outre le risque propre d’oxydation et de conversion des acides aminés, il faut se souvenir que les aliments riches en protéines le sont aussi en lipides et en acides gras saturés ». Le baromètre santé 1997/1998 indique que les 12-19 ans prennent de moins en moins de petits déjeuners, d’ailleurs souvent incomplets sur le plan nutritionnel. De même, le dîner est de moins en moins pris en famille dès l’âge de 12 ans alors que le repas en famille reste un moyen privilégié de détente et d’échanges. Des menus simples dans une atmosphère paisible invitent à un goût pour l’alimentation équilibrée et sont pour les parents un moment pour éduquer les enfants au bien-manger. Pendant l’adolescence, les conduites alimentaires conduisent à des excès dans l’un ou l’autre sens. Pour perdre du poids, les adolescents suivent des régimes aux effets pervers d’où s’ensuivent des carences en magnésium, zinc, manganèse, calcium. Les troubles du comportement alimentaire qui s’installent alors risquent de perdurer. L’enfant doit apprendre à consommer de tout en quantité raisonnable et savoir gérer ses excès. Car il ne doit surtout pas y avoir d’interdits qui conduiraient à une attitude inverse. Une prise de conscience nécessaire Il est urgent de promouvoir une alimentation équilibrée normocalorique pour l’âge, en privilégiant l’eau, en évitant les boissons sucrées, le grignotage et les aliments à forte densité calorique, en particulier les aliments manufacturés riches en graisses et/ou sucres, tels les viennoiseries, les chips, les “snackers”, les barres chocolatées... Car dès l’enfance, l’obésité peut entraîner des complications d’ordre cardio-respiratoire, métabolique, endocrinien ou orthopédique. Dans le processus thérapeutique, les facteurs psychologiques, les situations conflictuelles et la participation de la famille aux objectifs et aux traitements sont, parallèlement à la diététique, déterminants dans la prévention et la prise en charge de l’obésité. L. G. 41