LARÉGULATION PHYSIOLOGIQUE DU MÉTABO-
LISME OSSEUX CHEZ L’HOMME ;LE RÔLE PRÉSU-
MÉ DES ŒSTROGÈNES.
Il est largement démontré que l’insuffisance gonadique
(après castration médicale ou chirurgicale) s’accom-
pagne d’une élévation de la résorption ostéoclastique et
d’une perte osseuse souvent très marquée, tandis que la
supplémentation en testostérone induit dans ces condi-
tions une freination du remodelage et un gain osseux
significatif [16]. Ceci a conduit à considérer classique-
ment que le développement osseux et le remodelage
tout au long de l’existence étaient conditionnés chez
l’homme par le taux des androgènes circulants…
Cette opinion est aujourd’hui remise en question [9].
Tout d’abord en raison de l’observation de cas cliniques
très singuliers de déficience en œstrogènes (par carence
en aromatase ou en récepteur des œstrogènes) [6, 13];
d’autre part parce qu’il apparaît chez l’homme que les
taux libres d’œstrogènes sont mieux corrélés à la masse
osseuse que les taux de testostérone…Ceci a conduit à
avancer l’hypothèse que les œstrogènes peuvent donc
jouer, chez l’homme comme chez la femme, un rôle
important dans l’acquisition, la régulation physiolo-
gique du métabolisme osseux et le maintien du capital
osseux avec l’âge, une fraction de la testostérone pou-
vant être convertie en œstradiol par le biais d’une aro-
matase (Fig 4) [9]. La carence progressive en testosté-
rone observée chez l’homme au cours du vieillissement
exercerait donc indirectement ses effets sur l’os, par le
biais d’un déficit en œstrogènes [6, 8, 9].
L’ÉVOLUTION DE LA MASSE OSSEUSE AU COURS
DU TEMPS
Elle est d’abord caractérisée par une phase d’acquisi -
tion (Fig 5). Après une première phase de croissance
osseuse rapide de la naissance à 4 ans, survient une
seconde phase lors de la puberté débutant et finissant
plus tardivement chez le garçon que chez la fille. Le
capital osseux maximum (“peak bone mass” des
auteurs anglo-saxons) est atteint dans les deux sexes
vers 20 ans [5]. L’acquisition du pic de masse osseuse
est conditionnée par le terrain génétique (ainsi les
enfants de sujets ostéoporotiques ont une masse osseu-
se lombaire et fémorale plus basse que les sujets
contrôles), l’activité physique (en particulier les exer-
cices en charge) et les facteurs nutritionnels (apports en
produits lactés, en protéines).
La croissance pré-pubertaire, qui conditionne large-
ment la taille des pièces osseuses, est plus longue de 2
ans en moyenne chez l’homme. A l’âge adulte, au début
de la troisième décennie le capital osseux maximum,
est supérieur d’environ 30 % à celui de la femme,
essentiellement d’ailleurs en raison de la plus grande
taille des os ; le diamètre des os longs et les surfaces
vertébrales sont ainsi plus élevés de 20 à 25 %, contri-
buant à une résistance biomécanique accrue. Par contre
la densité osseuse (en g/cm3), mesurée par densitomé-
trie scanner en site vertébral trabéculaire est similaire
dans les deux sexes [4].
Il n’y pas, chez l’homme, de perte osseuse rapide
comme on l’observe chez la femme dans les 5 à 8 ans
qui suivent l’arrêt de la sécrétion des œstrogènes [11,
14]. A partir de 40 – 45 ans débute toutefois chez
l’homme, une perte d’os dans les vertèbres, lente,
linéaire, de l’ordre de 3 % par décennie. Globalement à
80 ans la perte osseuse est de l’ordre de 25 à 30 % chez
l’homme, très inférieure à la diminution de l’ordre de
40 à 50 % enregistrée chez la femme (Fig. 5).
Néanmoins il est démontré que le risque fracturaire est,
chez l’homme comme chez la femme, lié à la baisse de
densité minérale osseuse que l’on peut aisément mesu-
rer par absorptiométrie à rayons X (Fig. 6). Toute dimi-
nution de 1 écart-type de la densité minérale mesurée
en site lombaire ou fémoral multiplie par 2 le risque de
fracture vertébrale [11]).
LAMICRO-ARCHITECTURE DU TISSU OSSEUX ;
ÉVOLUTION ET CONSÉQUENCES CHEZ L’HOMME.
On distingue dans l’os deux secteurs : un secteur corti-
cal, de type ostéonique, quantitativement le plus impor-
tant (80 % du poids du squelette), très représenté dans
5
Figure 3 : Les activités cellulaires de résorption (ostéoclastes)
et de formation (ostéoblastes) sont couplées au sein d’une
unité fonctionnelle (“Basic Multicellular Unit “ ou BMU) ; la
résorption résorbe de l’os ancien et précède la formation d’un
os nouveau.