décembre 2010 - N° 14 ASSOCIATION RIVAGE Groupe

publicité
décembre 2010 - N° 14
ASSOCIATION RIVAGE Groupe Interdisciplinaire de Recherche et d’Action en Bénévolat d’Accompagnement
Conférence du docteur Régis Aubry - 9 octobre 2010 - Hôtel de Ville de Versailles
RIVAGE
Editorial p. 2
Le rendez-vous de mars p. 2
Vie associative p. 3
Les artistes p. 5 et 6
Kaléidoscope des 20 ans p 4
Bibliographie, film p. 22
Contacts p. 23
DOSSIER
LES ACTES DES 20 ANS
Madame Bébin, maire adjoint p. 7
Marie Quinquis p. 8 et 9
Les accompagnants p. 10 à 13
Docteur Régis Aubry p. 14 à 18
Madame Catant p. 19 et 20
Les 20 ans, une suite à Clamart p. 21
RIVAGE
Editorial
Chers Amis,
Le 9 octobre, nous nous sommes retrouvés nombreux à l’Hôtel de Ville de Versailles pour fêter Rivage,
ses 20 ans d’engagement, de combat, de réflexion sur la fin de vie, selon l’ esprit des soins palliatifs.
Ce sont des mercis que je voudrais redire à tous ceux qui ont travaillé, pensé, combattu avec nous
durant toutes ces années, des mercis à la ville de Versailles pour son aide constante, ainsi qu’à tous
ceux qui nous ont soutenus. Dans les lignes de ce journal, je voudrais dire un merci tout spécial aux
bénévoles engagés dans notre association, à ceux d’hier et à ceux d’aujourd’hui. Par leur simple
présence, par leur disponibilité, leur fidélité, ils ont apporté à notre monde un élan d’humanité qui
permet à chacun, à chacune de regarder l’avenir avec espérance.
Vous trouverez dans ces pages l’intégrale des interventions de cette journée.
Merci pour ces conférences, merci à Régis Aubry, Président de l’Observatoire national de la fin de la
vie, pour son analyse courageuse, merci à Chantal Catant, pour la voix irremplaçable qu’elle représente,
merci à Marie Quinquis et aux accompagnants bénévoles d’avoir si bien exposé leur démarche auprès
des malades. Je ne veux pas oublier dans mes remerciements les Artistes : calligraphe, sculpteur,
photographe, musiciens et Valérie pour sa décoration florale. Ils ont embelli merveilleusement notre
journée.
Forts de ce passé construit avec les uns et les autres, regardons les 20 ans à venir :
-  gardons le souci d’humanisme qui permet de veiller sur la vie,
-  entretenons l’élan qui ouvre vers des recherches de sens,
-  transmettons au plus grand nombre le désir de prendre avec nous ce chemin qui propose de
s’approcher du plus vulnérable, avec respect, étonnement et gratitude pour le trésor
irremplaçable «d’être ensemble ».
Sylvie Wolff
Présidente de Rivage
INVITATION AU RENDEZ VOUS DE MARS
conférence-débat
«sur le Deuil »
(titre en cours d’élaboration)
avec le docteur Christophe Fauré,
psychiatre
mardi 22 mars 2011 à 20 h 30
CENTRE HUIT : 8 rue Porte de Buc
78000 VERSAILLES
Réservez cette date, venez nombreux,
prévenez vos amis.
Sœur Myriam, ancienne prieure de la
Communauté des Diaconesses, nous a
quittés fin octobre 2009. Elle avait
participé à la formation continue de nos
premiers bénévoles.
Avec gratitude, l’association Rivage,
consciente du bel héritage qu’elle nous a
laissé, s’associe à la peine de toute la
Communauté.
-2-
DEPENSES ET RESSOURCES EN 2009
VIE ASSOCIATIVE EN 2009 - 2010
Le CREAVie
Dépenses
Dépenses51
51 000
000€€
Comité de Recherche en Ethique d’Accompagnement pour la fin
de Vie.
. Avis 1 « La fin de vie, l’euthanasie et le suicide
assisté ». Document qui affirme la réflexion éthique
de notre association, schéma directeur sur cette
question fondamentale de notre engagement.
. Avis 2 (en cours d’élaboration, sur la vieillesse)
La communication
- le journal
- la « bouteille à la mer »
-  l’actualisation du fascicule « Accompagner la vie »
qui présente sous une forme claire et synthétique
l’ensemble de nos activités
9%
6%
45%
40%
-  refonte totale du site internet
Les relations extérieures
-  ACA 2
-  SFAP = CABA et congrès
-  une conférence annuelle ouverte au grand public,
mars 2010, 6è conférence avec Eric Fiat sur le
vieillissement
Formation initiale 23200€
Formation continue 20400€
Communication 4500€
Administration 2900€
BENEVOLAT EN 2009
Ressources 48 500€
Formation
. 30 bénévoles ont suivi la formation initiale (36
heures en 6 modules)
. 80 bénévoles ont participé au titre de la formation
continue à deux conférences sur les thèmes :
. Écoute de la maltraitance
. Compréhension des troubles de comportement
de la personne âgée
Accompagnement
. 100 bénévoles ont assuré 16000 heures
d’accompagnement sur 4 sites :
- Clamart (15 bénévoles)
- Meudon (5 bénévoles)
- Claire Demeure (65 bénévoles)
- Courbevoie (15 bénévoles)
. 4 bénévoles interviennent dans le réseau EPSILON
d’accompagnement à domicile
14%
49%
16%
17%
4%
Subventions SFAP 23500€
Subventions 2000€
Dons 8200€
Cotisations adhérents 7900€
Prestations formation 6900€
Amortissement 2200 €
Déficit
4700€
-3-
RIVAGE
Kaléidoscope des 20 ans
Corinne Bébin, maire adjoint, Hervé Fleury et le docteurJean-Yves Perrier
François de Mazières, maire de Versailles,
sœur Nathanaëlle et Marie Quinquis
Sœur Evangéline, prieure des Diaconesses de Reuilly
Olivier Joël, Directeur général de la Fondation Diaconesses de Reuilly
L’ensemble de musique Baroque des Flûtes Avelaines
Conférence du docteur Régis Aubry
- 4-
RIVAGE
les artistes
Tous, de Rivage et de la Cité, nous sommes sensibles à l’un des invariants de l’homme
qui, même dans son état de vie vulnérable, est attiré par plus grand que lui, par la
beauté, par sa diversité mystérieuse qui dévoile une réjouissance et un désir de la
partager.
Le 9 octobre 2010,
Rivage a proposé à ses
amis une étape artistique
à regarder...
Hippocrate
Hassan Massoudy
Françoise Bissara Fréreau
Valérie Winckler
-5-
RIVAGE
Les artistes
L’ensemble Baroque des Flûtes Avelaines
et à partager !
à écouter...
Créations florales, Valérie de Saint Maur
-6-
Les 20 ans
Accueil à l’Hôtel de Ville
Corinne Bébin
Maire Adjoint de Versailles
déléguée aux affaires sociales
Je suis heureuse de vous accueillir dans les
salons de l’Hôtel de Ville de Versailles, au
nom de François de Mazières, le maire, et au
nom
de
toute
l’équipe
municipale,
représentée ici par Hervé Fleury et le docteur
Jean-Yves Perrier.
Impliquée moi-même dans la réflexion sur les
lois de bioéthique, l’action que vous menez
me tient très à cœur. Elle fait aussi écho au
souci humanitaire de toute l’équipe
municipale. Madame la présidente, mes
sœurs, chers amis, nous nous retrouvons
aujourd’hui autour d’un sujet qui est essentiel
pour notre société : « comment vivre notre
pleine humanité jusqu’au bout ».
Pour entrer dans un présent, il faut savoir sur
quelle histoire il s’est bâti. Sœur Nathanaëlle
nous donne aujourd’hui l’occasion de
l’évoquer. En 1965, vous avez fait, à Paris,
votre entrée aux Diaconesses de Reuilly,
comme infirmière. De 1980 à 2001, vous
avez assumé la responsabilité de Surveillante
générale de la maison de santé Claire
Demeure à Versailles. En 1987, vous êtes
l’un des membres fondateurs de la Société
Française d’Accompagnement et des Soins
Palliatifs, et c’est en 1988, que vous avez
souhaité créer un groupe de recherche en
Soins Palliatifs et en accompagnement à
Lyon. En 1990, avec Madame Quinquis, vous
avez créé l’association Rivage à Claire
Demeure, dont nous fêtons les 20 ans
aujourd’hui. De 2001 à 2008, vous avez
assuré une mission à la direction générale
des Oeuvres et Institutions des Diaconesses
de Reuilly.
Au vu des différentes lectures qui ont été les
miennes dans le cadre de cette réflexion sur
les lois de bioéthique, je voudrais vous citer
quelques
lignes
qui
me
paraissent
essentielles dans l’action qui est la vôtre,
lignes tirées du livre Eloge de la patience (1) :
« La patience n’est pas maîtrise mais elle est
accueil du temps. Elle ne consiste pas à répondre
à la puissance du temps par la puissance de la
volonté mais par une volonté de non puissance.
Elle est manière paradoxale d’attendre, manière
de prendre plaisir à l’attente. N’est-ce pas en
apprenant la patience que le jeune homme devient
un bon amant. Etre patient, c’est savoir attendre,
c’est se laisser envahir par le temps de l’autre.
C’est donner du temps au temps de l’autre. Et
voilà pourquoi elle fut si souvent dite vertu
féminine. Accueil aimant du présent, vertu qui
donne au temps sa chance : voilà ce qu’est la
patience. Et si l’attente impatiente nous met à
distance de nous même et fait de tout délai une
souffrance, la patience attentive nous réconcilie
avec nous-mêmes et fait du délai une source de
plaisir et d’approfondissement. Et même le temps
passé dans l’attente de la mort peut être dès lors
un temps pleinement vécu. »
Soeur Nathanaëlle, je crois que votre histoire est
résumée dans ces quelques lignes. C’est l’histoire
de toute votre association, de toute votre action, et
je vais vous avouer une chose, le plus gros défaut
que j’ai : c’est l’impatience. Je viens me ressourcer
aujourd’hui auprès de vous.
Permettez-moi, avec mes collègues, au nom de
toute l’équipe municipale, de vous remettre la
médaille de la ville en témoignage de cet
enseignement que vous nous avez laissé, que
vous nous laissez chaque jour, et pour lequel vous
êtes entourée par chacune des personnes qui est
ici présente avec nous. Au nom de toute la ville de
Versailles, de tous ses administrés, recevez cette
médaille en signe de notre gratitude.
(1) Eloge de la Patience, de Carl Norac. Editeur La Différence 1999
-7-
Les 20 ans
Rivage : un anniversaire
Marie Quinquis
accompagnant bénévole depuis 1988,
co-fondatrice de l’association Rivage,
vice présidente,
responsable du Bénévolat
Intervention rythmée selon des questions/
réponses
Quelles valeurs pour l’accompagnement
bénévole telles que RIVAGE les transmet ?
L’action du bénévolat est originale car elle se
fonde sur la gratuité.
Des hommes et des femmes se construisent un
bonheur dans le partage. En acceptant de se
confronter à la fin de la vie, à la maladie grave,
au vieillissement et au deuil, nous entrons dans
un mouvement de protestation sociale. Boris
Cyrulnik (1) a écrit «Je ne peux devenir moimême que s’il y a un autre » La gratuité offre une
autre dimension
à l’altruisme. La valeur du
respect de l’autonomie et de la vulnérabilité de la
personne soignée participe à la restauration de
la compassion dans un monde violent.
L’accompagnement permet à chacun de
s’interroger sur les valeurs essentielles, le sens
de la vie, la solitude, le souci de l’autre et
l’importance de la confiance en l’homme jusqu’à
son dernier souffle de vie comme ferment de
croissance de notre société, de notre humanité.
Le champ de l’accompagnement est large, son
centre est partout où l’on peut rencontrer celui
qui souffre et nous avons compris que l’entraide
et la solidarité conduisent à la liberté.
D’après le sens grec de « polis » la ville, on peut
méditer…L’accompagnement se replace au
cœur de la cité des hommes, cité qui est
aujourd’hui souvent synonyme de peur, de
solitude et de violence.
Notre bénévolat d’accompagnement s’inscrit
dans une action citoyenne où notre présence et
notre témoignage essayent de donner aux mots
liberté, égalité et fraternité leur saveur originelle.
Le bénévolat d’accompagnement a une
particularité, celle d’avoir été reconnue par le
législateur comme partie intégrante de
l’accompagnement du patient en fin de vie, dans
sa globalité médicale, psychologique, sociale et
spirituelle.
L’article 10 de la loi du 9/06/1999 donne à
chaque association la trame de sa charte, son
cadre, ses règles. L’engagement est important,
mais reste un choix personnel.
Cela implique des droits et des devoirs,
notamment celui de signer une convention entre
l’association et l’établissement qui nous reçoit.
La sélection et la formation initiale sont
indispensables
à
la
pratique
de
l’accompagnement ; ainsi que les stages
pratiques avec un tuteur et un bilan de formation.
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de donner
un savoir, car il n’existe pas de technique
d’accompagnement, mais plutôt de transmettre
le fait « d’apprendre à désapprendre » tout ce
qui nous pollue, qui fait obstacle à une relation
authentique avec le patient, qui est de l’ordre
des jugements moraux, du pouvoir sur l’autre, du
projet sur lui. Dans nos formations nous
essayons d’offrir aux futurs accompagnants
bénévoles un lieu de convivialité, de calme, de
liberté, d’expression en essayant de relier 3
pôles :
l’accompagné - l’accompagnant - l’association.
C’est en suivant ensemble ces 3 axes que le
futur bénévole pourra descendre en lui-même
afin de faire venir au jour les réserves de
bienveillance, d’altruisme et d’amour qui
pouvaient y sommeiller.
Dans l’accompagnement, tout ce que nous
apprenons de nous, c’est par l’autre que nous le
découvrons.
Quel engagement lié à la formation et à la
pratique de l’accompagnement bénévole,
selon
la
Société
Française
d’Accompagnement en Soins Palliatifs et
d’Accompagnement et selon l’éthique de
l’association RIVAGE ?
.../...
-8-
Les 20 ans
Rivage : un anniversaire
Au fil du temps de la formation et des stages
pratiques, cette transmission se fait dans la
finalité de l’être et non du faire.
Chaque accompagnant œuvre dans une
équipe qu’anime un coordinateur.
L’accompagnant s’engage par contrat avec
l’association à 4 heures de bénévolat par
semaine, à assister à une réunion de
fonctionnement de son équipe chaque mois
et à assister au groupe de parole mensuel
animé par un psychologue.
La formation continue est également
importante, elle permet d’affiner notre
compréhension de l’autre et de nous-mêmes.
L’investissement dans l’association est
également indispensable pour chacun d’entre
nous car c’est le cœur et la ressource de
notre bénévolat.
Nous avons également un comité d’éthique le
CREAVie (2) où nous réfléchissons ensemble
pour permettre à l’association Rivage
d’émettre des avis et des recommandations
sur des sujets concernant l’accompagnement
bénévole et par extension sur des thèmes de
société touchant à la maladie, la vieillesse, le
deuil, le handicap et la mort.
Son objectif est de fournir aux bénévoles de
Rivage, un avis clair, argumenté, facilement
compréhensible et représentatif de la position
éthique de notre association.
Le fort accent que nous mettons sur
l’engagement et ses exigences permet
qu’aujourd’hui nous comptons une centaine
de bénévoles qui, par le sérieux de leurs
engagements, sont respectés dans les
établissements où ils interviennent. C’est
aussi à cause de cet engagement que nos
équipes sont animées par des coordinatrices
très investies dans leur responsabilité.
Pour Rivage, il s’agit avant tout d’offrir le goût
de la rencontre authentique, libre et gratuite,
afin de moissonner le sens profond de notre
propre humanité.
Les 20 ans de Rivage : quel est le sens de
cet anniversaire pour nous et la ville de
Versailles ?
Le mot anniversaire vient du latin. Il signifie
revenir sur les années écoulées.
Célébrer, c’est une coutume sociale qui
implique le sens de la fête. Nous célébrons
aujourd’hui les 20 ans de Rivage.
Dans la tradition des indiens Hopis de
l’Arizona, le nombre 20 représente le dieu
solaire dans sa fonction d’archétype de
l’homme parfait ! L’association Rivage a-t-elle
atteint la plénitude ?
Cet anniversaire ouvre la possibilité à la ville
de Versailles Grand Parc, aux médecins,
soignants et simples citoyens de prendre à
nouveau conscience de ceux qui sont
engagés
-  dans l’accompagnement des personnes en
fin de vie,
-  dans les associations de bénévoles : ASP,
JALMALV, Blouses Roses et autres
- dans les soins à la personne : EPSILON, Le
Pallium, Relais Etoile de Vie
- ou comme intervenants sociaux auprès des
malades ou des personnes âgées.
Versailles, ville solaire par excellence, nous
offre la grande joie aujourd’hui de célébrer la
vie, cette vie qui est en nous, autour de nous.
Accueillons la ensemble avec l’admiration que
méritent les choses éphémères et méditons
les mots de Gaston Bachelard (3) :
« Nous vivons endormis dans un monde en
sommeil.
Mais qu’un « tu » murmure à notre oreille et
c’est la saccade qui lance les personnes, le
moi s’éveille par la grâce du toi.
L’efficacité spirituelle de deux consciences
simultanées, réunies dans la conscience de
leur rencontre, échappe soudain à la causalité
visqueuse et continue des choses.
La rencontre nous crée : nous n’étions rien,
ou rien que des choses, avant d’être réunis. »
(1) Boris Cyrulnik : psychanalyste, psychologue, neuropsychiatre et écrivain
français
(2) CREAVie : Comité de Recherche en Ethique d’Accompagnement pour la
fin de Vie
(3) Gaston Bachelard : Philosophe français 1884/1962
Très bon anniversaire !
-9-
Les 20 ans
A Rivage – l’accompagnement
Deux accompagnants,
Jehanne de Courrèges et Dominique
Lehman sont intervenus le 9 octobre.
Voici la transcription de leurs paroles
en trois temps.
Accompagner,
devenir accompagnant
D - Je vis cette fonction comme compagnon.
Je me sens compagnon. J’aime beaucoup ce
mot qui vient du latin cum panio, c’est-à-dire
« manger du même pain ». Avec le patient,
nous mangeons du même pain, nous faisons
la même route, nous sommes côte à côte.
En tant que retraité, j’ai une facilité, si j’ose
dire, celle de me considérer comme un
« jeune vieux » : cela me rapproche des
patients.
Nous sommes traversés par les
mêmes phénomènes de décroissance : une
espèce de retrait progressif de l’activité
professionnelle, de la vigueur physique. C’est
un terrain, dans le livre de la vie, entièrement
commun avec les patients que je rencontre,
nous sommes au même chapitre, mais pas à
la même page. Ainsi, quelque chose peut se
partager, le patient a simplement une longueur
d’avance, j’allais dire : c’est sa supériorité, il
me montre des éléments de mon futur. Je ne
serai pas comme lui, mais ce qu’il vit me
concerne profondément, je ne peux pas être
indifférent à tout ce qui va se passer.
Voilà ce qu’est un compagnon : il n’est pas
indifférent.
Un petit exemple d’une vieille dame, partie depuis,
me disant : « Mais je vous ennuie avec mes petites
histoires, ma petite personne. » « Oh, lui répondisje, si vous m’ennuyiez, je ne serais pas là. Je suis
avec vous, avec ce que vous me racontez, et je vis
cela avec beaucoup d’émotion. » Elle n’a plus
jamais ré-exprimé cette peur de m’ennuyer. Nous
étions dans un partage.
Un mot encore sur l’accompagnement
Dans les dernières années, dans les dernières
heures, il se passe beaucoup de choses.
C’est un temps de latence, le temps d’une
sorte de métamorphose.
(1) Thérèse Vanier, Médecin, Spécialiste des soins palliatifs., Fondatrice des
communautés de l'Arche en Grande-Bretagne (sœur de Jean Vanier).
- 10 -
J – J’aime aussi beaucoup le terme de
compagnon plutôt que celui de bénévole. Il
exprime bien cette joie d’être avec quelqu’un.
Quand certains m’interrogent sur mon bénévolat,
je réponds souvent : il y a tout et rien à apporter
dans ces visites. La phrase fondatrice de notre
association :
« C’est quand il n’y a plus rien à faire que tout
reste à faire » (1)
est un vrai moteur dans nos rencontres.
Concrètement, chaque accompagnant passe une
demi-journée par semaine auprès de personnes
souffrant physiquement et psychologiquement
devant ce « quitter » qu’elles vivent. Ces
personnes sont en grande souffrance, très
vulnérables, mais je suis frappée de voir, au fil
des rencontres, combien certaines sont
étonnamment pacifiées.
Notre rôle consiste à « être avec », c'est-à-dire à
être dans l’écoute ; c’est le cœur de notre
bénévolat. L’écoute se vit dans le silence ou
dans le dialogue quand la personne le souhaite et
peut dialoguer. Ce n’est pas toujours facile d’être
en phase, c’est à nous, accompagnants, de sortir
de nous-mêmes afin de ne pas interpréter ce que
le patient nous dit, spécialement quand il est
inaudible ou incompréhensible.
Voilà tout le cœur de notre rôle : être à l’écoute,
être avec.
Un mot encore sur l’accompagnement en écho à
celui de Dominique
Dans ces rencontres de personnes proches de la
fin de leur vie, je reconnais et me sens en phase
avec cette période de latence, d’attente.
…/…
Les 20 ans
A Rivage – l’accompagnement
Comment se passe un
accompagnement ?
D – Jamais comme prévu. C’est le patient qui
dirige, mais serais-je capable d’être là, de
supporter ? Je commence
par ces mots :
« Voulez-vous un petit moment ensemble ? » Il
faut surtout que la personne se donne le droit de
refuser si elle n’en a pas envie. Qu’est-ce qu'une
rencontre ? Comment respecter la liberté de
chaque patient ? Y-a-t-il à faire quelque chose ?
C’est à moi d’être le plus simple possible,
dépouillé, dépourvu de force, d’image etc.
L’accompagnement vu sous deux aspects :
- Côté lumière
Je suis étonné de l’accueil que nombre de
patients réservent aux accompagnants. Comment
se fait-il qu’ils soient aussi gentils, prévenants ; je
ne suis pas du tout sûr qu’à leur place je le serais
autant. Aurais-je d’ailleurs envie que quelqu’un
vienne me rencontrer sous prétexte qu’il frappe à
ma porte ? Dans chaque accueil de patient, c’est
comme une
paix contagieuse que je ne
comprends pas mais que je reçois avec un grand
plaisir, une grande joie.
- Côté ombre
Un autre exemple, une personne me dit l’an dernier :
« Cela m’a fait du bien de parler. Je suis heureuse. »
Elle avait vidé son sac. J’en étais surpris. Ce fut un
temps de relation fraternelle, nous étions frère et sœur
en humanité. Ce fut tout. Notre fragilité partagée, c’est
le nerf de l’affaire.
De ces rencontres, je ressors épuisé et rechargé.
Ne me demandez pas de vous expliquer. Mon
énergie est anéantie mais j’ai emmagasiné
quelque chose de contagieux, de vital.
Elles sont nombreuses les personnes apaisées,
beaucoup plus que je ne le pensais ; à moi de ne
pas mélanger mon anxiété avec ce que je
supposais être la leur. Cependant, les rencontres
ne se passent pas toujours de manière idyllique.
Parfois, le patient me pose des questions
auxquelles je ne sais répondre. Il me demande
des choses que je ne peux pas lui donner, des
soins, de la nourriture… Psychologiquement,
socialement, je ne peux rien. Au niveau des
siens ? Chaque famille a son histoire à laquelle
je ne touche pas. L’accompagnant se retrouve
démuni. Il n’a même pas à rassurer. Les
personnes qu’il rencontre ne sont plus dans la
comédie humaine. C’est
du nouveau. « La
comédie c’est fini » chantait Reggiani. Le patient
n’est plus dans le paraître, il a quitté toute cette
scène. Et moi, accompagnant, je suis là, fragile,
avec quelqu’un de fragile. C’est ma fragilité qui
me relie à lui, c’est le lieu de rencontre. Ce n’est
pas mon assurance, mes bonnes idées, mes
bons sentiments qui vont donner à la personne le
petit coup de soulagement, de rassérènement,
pas du tout.
J – Nous, les accompagnants, nous venons avec
ce que nous sommes, avec notre personnalité.
Ce n’est pas en contradiction avec l’idée de sortir
de ce que l’on est pour être en phase avec
l’autre. Chacun de nous vient avec ce qu’il est, il
n’y a pas deux rencontres pareilles avec un
même patient d’une semaine à l’autre. Chaque
jour est différent et chacun dans l’équipe est
différent. J’ai beaucoup appris dans l’humilité de
la rencontre. Certains accompagnants font mieux
que moi avec tel ou tel patient ; c’est toute la
richesse d’une équipe. Il y a des patients que j’ai
du mal à rejoindre alors que d’autres y arrivent
très bien : tant mieux. Il y a des jours où je ne
suis pas complètement disponible, même si j’ai
l’impression de l’être, ou des moments qui ne
sont pas propices pour la personne que je viens
voir. Elle peut le dire ou l’exprimer par son
attitude. J’ai découvert cette humilité de la
rencontre. Je ne viens pas pour faire quelque
chose, mais pour vivre une rencontre qui se
construit au fil des heures et selon chaque
personne.
Un petit exemple d’une patiente me disant la semaine
dernière : « Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » Je lui ai
répondu : « Je ne sais pas, je ne sais pas plus que
vous. » Nous avons partagé notre ignorance. Elle m’en
remercia comme rassérénée.
…/…
- 11 -
Les 20 ans
A Rivage – l’accompagnement
L’accompagnement vu sous deux aspects :
- Côté ombre
Certaines rencontres attisent des points
douloureux de mon histoire. Pour moi, le
risque serait de
tomber dans l’émotif.
Heureusement nous participons régulièrement
au groupe de paroles. Ce sont des rencontres
avec un psychologue qui nous aide à mettre
en mots ce qui trouble, et qui nous permet
ainsi d’être vraiment en résonance avec le
patient, en nous éloignant du
niveau de
l’affectif.
C’est grâce à ces groupes de
paroles, au psychologue, à l’équipe, que
chaque accompagnant est protégé et gardé
dans un professionnalisme de bénévole.
- Côté lumière
C’est le retour dans le monde des
bienportants, si je puis dire. Dominique, je te
rejoins vraiment dans cette dualité vidée /
rechargée : une part d’énergie s’évade mais
quelque chose de fort se construit. Je fais mon
bénévolat l’après-midi, et j’enchaîne avec la
sortie d’école de mes jeunes enfants. Je saute
d’un monde à l’autre. Cet accompagnement
m’aide vraiment à remettre les choses à leur
juste place. Finalement, certaines ont peu
d’importance par rapport à ce que je viens de
quitter, à la souffrance, à la mort. Ces choses
que j’avais l’habitude de considérer comme
importantes n’auraient-elles finalement qu’un
petit degré de valeur : tels les ennuis
quotidiens, ou même l’orientation d’un enfant ?
Ce sont des choses graves en soi, mais qui se
remettent à leur juste place. Tandis que de
petites choses, qui peuvent paraître futiles,
acquièrent à mes yeux une plus grande
importance parce qu’elles parlent du cœur de
la personne : un enfant que je vais retrouver à
16 h 30 me parle d’une joie toute simple de sa
cour de récréation, d’une amitié avec un
camarade. Grâce aux visites que j’ai faites
l’après midi, ces choses là retrouvent leur
juste place dans ce qu’est la vie vraie.
Je viens le matin : moment où il y a beaucoup de
relations avec le personnel qui fait les soins, les
toilettes. Les accompagnants se font chasser des
chambres à tout moment : nous ne sommes pas
chez nous. Nous sommes dans le monde
soignants/patients, avec leurs règles ; dont
certaines nous incombent aussi, telles celles de la
confidentialité, du respect de l’éthique.
Dans les maisons de santé, il y a beaucoup de
jeunes, ce sont les soignants. Nous échangeons
avec eux pour connaître les urgences de chaque
jour ou pour demander d’intervenir auprès de telle
personne.
Un petit exemple : j’assiste au déjeuner donné par une
aide-soignante stagiaire et je suis surpris de la
virulence, de la violence avec laquelle elle s’adressait
avec cette vieille patiente, j’étais étonné et je lui dis :
« Je serais incapable de faire ce que vous faites, je ne
supporterais pas.» L’aide-soignante me regarde puis
commence à me parler, cela a duré une demi-heure.
Nous nous sommes revus huit jours plus tard : ce
n’était plus la même. Elle avait vidé tout un sac. Ce fut
un accompagnement de même nature : entendre ce qui
n’arrive pas à se dire et ce qui peut se dire. Il ne s’agit
pas de morale. Quelle morale ? J’étais seulement avec
cette aide-soignante à égalité, en vérité, comme avec
le patient.
Une autre histoire. Une personne
venait de faire
rentrer son mari dans l’établissement avec, ô combien
de culpabilité ! Je lui dis « Cela me rappelle des choses
récentes,
ma mère, ma culpabilité. »
« Vous
connaissez cela, alors vous me comprenez ». Ce fut
toute sa réponse, juste un partage,
un réel
compagnonnage, un « être avec », sans leçon à
donner, sans jugement. Qui peut donner des leçons ?
Etre accompagnant c’est « être là » tout
simplement avec le patient, le soignant, la famille.
Quelle richesse incroyable de relations chaque
semaine !
Des rencontres : le patient, le
soignant, la famille
D - Il y a du monde dans une maison de
santé. Toute l’équipe de soins autour du
patient : médecins, infirmières, aidessoignantes, puis l’entourage, les proches, les
amis.
…/…
- 12 -
Les 20 ans
A Rivage – l’accompagnement
Conclusion
J - Nous voyons beaucoup les soignants, et
j’aime les soignants. Nous les retrouvons
semaine après semaine, c’est une vraie
relation.
Nous
parlons
de
leur
vie
quotidienne. Nous
leur demandons
desSœur Nathanaëlle
nouvelles des patients à voir afin de connaître
d’une semaine sur l’autre l’évolution de chacun,
les soucis particuliers. Quand les soignants
nous parlent de leurs patients, j’aime les
entendre, parce que je mesure combien ils ont
vraiment au cœur de leur métier ces personnes
qu’ils soignent chaque jour. L’accompagnement
avec les soignants, c’est un vrai bonheur.
Je viens l’après-midi : je rencontre beaucoup de
familles, et je suis étonnée de tout ce qu’elles
apportent dans le service, de tout ce qu’elles
vivent pendant ces moments avec leur proche,
leur malade qui est là. Ces familles m’ont
engagée dans des chemins d’humanité, avec
des discussions conviviales, à bâtons rompus,
et, avec des discussions de fond sur ce qu’elles
vivent, ce qu’elles portent d’important, sur leur
rapport à la famille et les liens qui changent
avec ce deuil qui s’annonce, sur leur rapport à
la souffrance, à la mort. C’est pour moi un
chemin de réflexion qui me force à m’interroger
sur toutes ces lois de bioéthique, sur la loi
Leonetti, sur tout ce à quoi elles nous
engagent, sur tout ce à quoi sont confrontées
les familles ! Quelle multitude de situations, de
questionnements !
D - La musique : avec un collègue accompagnant,
nous proposons des séances de chansons, parfois
viennent aussi des musiciens. Chez de nombreux
patients, nous assistons à un réveil de la mémoire.
Certains qui ne parlaient plus, ou de manière
inaudible, retrouvent des textes de chansons
connues, ou se mettent à chanter d’une voix de
soprano, comme cette vieille dame Alzheimer. Il y a
comme un réveil d’émotion, de mémoire de sons,
de mémoire de chansons. Le changement est
instantané, dû à la puissance jubilatoire de la
musique et de la chanson, cependant les progrès
ne perdurent pas. La musique fait partie de la
matière de l’accompagnement.
Cela signifie une chose forte pour moi : dans ces
fins de vie plus ou moins longues, que de
métamorphoses
possibles,
que
de
changements insoupçonnés ! Voici ce que
j’explore, je découvre. Où cela va-t-il me mener ?
Je ne sais pas, mais, au fil des rencontres, je
deviens de plus en plus compagnon.
J - En conclusion, j’ai vraiment découvert, dans ces
accompagnements, combien le mouvement des
soins palliatifs est profondément humain, qu’il
donne de l’importance à ceux qui meurent, et qu’il
considère chaque instant comme important, chaque
instant que nous passons avec le patient est
important pour lui. Pour moi.
L’essentiel est dans la qualité de relation. C’est
vraiment un message pour notre monde
aujourd’hui.
Réponse de Régis Aubry
Je viens d’écouter avec attention les deux témoignages des accompagnants. Je voudrais en
reprendre trois mots importants : partager, partager l’incertitude, la relativité.
•  Rencontrer à la fin de sa vie quelqu’un qui se propose de partager un peu de temps, c’est
essentiel. Il n’y a pas de médicament contre cette souffrance existentielle constitutive de la fin
de la vie. Ne pas laisser seule la personne qui finit sa vie et qui en souffre, c’est beaucoup plus
important que tout ce que la médecine ne peut plus donner.
•  Partager l’incertitude, ces mots résonnent justes. A la fin de la vie, la seule certitude c’est le
non savoir. Médecin, malade ou bénévole, que sait-on vraiment ? Celui qui vit sa fin toute
proche pourrait peut-être en parler. L’incertitude est justesse essentielle ; devant la mort toute
proche, c’est dans l’incertitude partagée exprimée par les écoutants, soignants ou bénévoles,
que vient se loger l’espoir ou l’espérance.
•  La relativité des choses de la vie : c’est une grande école que celle de pouvoir mesurer,
toucher du doigt la question de la relativité. Vous l’avez dit : parce qu’on mesure cette relativité,
on peut donner aux choses l’importance qu’elles ont ou qu’elles n’ont pas. Mesurer la relativité
de la vie, son début, sa fin, c’est permettre à la vie de prendre du sens. Le sens de la vie
n’existe que parce que nous appréhendons cette temporalité. L’accompagnement est
certainement une école de la relativité de la vie.
Merci pour vos propos très justes car éprouvés.
- 13 -
Un Observatoire de la fin de la vie
Docteur Régis Aubry
Président de l’Observatoire national
de la fin de la vie
Un Observatoire de la fin de la vie
Vous fêtez les 20 ans de votre association Rivage.
Il y a 20 ans, au travers des problèmes du SIDA puis
Olivier Abel
avec les soins palliatifs, le milieu associatif a ramené
le citoyen au cœur de la réflexion éthique et de
l’expression des droits citoyens de la personne
malade.
Il y a 20 ans, le mouvement associatif des soins
palliatifs s’élevait contre les conditions de la fin de
vie ; conditions générées en particulier par l’usage
que l’on faisait des progrès de la médecine.
Aujourd’hui, il est possible de mieux appréhender les
conséquences de ces progrès de la santé dans nos
sociétés
occidentales
et
les
enjeux
de
l’accompagnement qui permettent de préserver ce
qui fait leur ciment, ce qui fonde les sociétés, c’est-àdire le respect des personnes les plus vulnérables.
Les sociétés qui sont capables de témoigner dans
leur fonctionnement, et dans leurs engagements
politiques, de leur capacité à accompagner les
personnes les plus fragilisées, que ce soit sur le plan
social ou sur le plan médical, sont des sociétés qui
ont de l’avenir. Les sociétés qui nient la vulnérabilité
ou veulent la gommer sont des sociétés qui se
mettent en danger. Il y a donc une action très politique
(au sens de la vie ensemble) dans le mouvement des
soins palliatifs.
Premier enjeu :
les progrès de la médecine
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et la
découverte des antibiotiques, la médecine a fait des
progrès plus considérables en 50 ans qu’elle n’en
avait fait en 2000 ans. Aujourd’hui, grâce à ces
progrès, l’augmentation de l’espérance de vie dans
notre pays est de 30 ans ; c’est de l’impensé. Ceci
est devenu possible grâce à l’amélioration de la santé
en général, aux conditions de vie, à l’environnement
dans lequel nous travaillons et aux conséquences
des progrès formidables de la médecine.
Nous sommes de plus en plus nombreux à vivre de
plus en plus longtemps, sans maladie, sans handicap,
c’est globalement vrai et c’est un progrès.
Mais, depuis notre place d’acteurs soignants, (tous
soignants confondus : je considère le bénévole
comme un soignant car donner du soin ce n’est
pas simplement avoir une pratique soignante )
nous voyons qu’il y a un corollaire à
l’augmentation de l’espérance de vie sans
maladie et sans handicap : de plus en plus de
personnes vont vivre de plus en plus longtemps,
avec de plus en plus de maladies de plus en
plus graves. C’est à réfléchir. C’est la zone
d’ombre du progrès. Il faudrait caractériser ce
progrès autrement que par l’augmentation de
l’espérance de vie. Le vrai progrès n’est pas
d’augmenter du temps de vie, mais d’augmenter
du temps de vie qui aurait de la qualité et du
sens. Aujourd’hui, ce ne sont pas les médecins
qui nous appellent à penser cette question de
l’éthique du progrès, ce sont les personnes
malades.
Dans le champ de la cancérologie, cette
discipline a permis de modifier complètement
l’évolution de cette maladie. Aujourd’hui, on
guérit du cancer, c’est écrit sur toutes les
affiches.
Ce que l’on dit moins, c’est
qu’aujourd’hui on peut vivre avec un cancer, vivre
longtemps avec cette maladie qui peut être
freinée ; mais est-ce un progrès en soi ?
Ecoutons une patiente :
« Le cancérologue me disait de me réjouir ; parce qu’il
y a 10 ans avec une telle maladie, je devrais être
morte. Il ne comprend pas ma vie. Je vis avec une
maladie en moi, ce n’est pas simple. Je vis avec la
trace, l’inscription de ma vulnérabilité, c’est une
souffrance. Je vis avec les conséquences des soins
faits pour freiner ou arrêter la maladie, je vis avec les
séquelles de la chirurgie, de la chimiothérapie, de la
radiothérapie. Finalement, je vis quelque chose qui
s’apparente à une forme de souffrance qui provoque
la question du sens de la vie et du progrès que l’on
m’énonce comme exceptionnel. »
…/…
- 14 -
Un Observatoire de la fin de la vie
Il est de notre devoir, pour les décennies à venir, de
travailler sur la qualité et le sens de la vie des
personnes dont l’existence est maintenue du fait du
progrès.
Olivier Abel en EVC (1)
•  Les malades
Un exemple pour illustrer cette nécessité du
questionnement éthique du progrès.
Je travaille dans le cadre d’une action de recherche sur les
personnes en EVC, personnes qui sont vulnérabilisées au
maximum : elles dépendent de nous pour la toilette, les
soins, la nourriture. Elles
sont de plus en plus
nombreuses. La prise en charge des urgences s’est
améliorée depuis 20 ans, son organisation est un modèle
du genre dans notre pays, mais les progrès des urgences
mêlés aux progrès de la réanimation, aux progrès de la
neurochirurgie, de la médecine neuro-vasculaire, font que
des personnes, qui seraient mortes il y a 10 ans, ont
aujourd’hui statistiquement une chance de s’en sortir sans
trop de séquelles. Pour celles-là, c’est un progrès ; mais
pour celles qui vont retrouver une autonomie respiratoire,
cardiaque, mais
vivent dans une dépendance totale,
pouvons-nous dire qu’il s’agisse d’un progrès ?
Que vivent ces personnes, qu’éprouvent-elles, que
ressentent-elles ? Est-ce de la vie cette forme
végétative ? Qu’a-t-on fait pour accompagner ce que
le progrès sécrète ? Comment se fait-il qu’aujourd’hui
il n’y ait pas d’endroit, pas d’espace, pas assez de
soignants pour s’occuper de ces personnes ?
(Certains le font, en les considérant comme des
personnes, et non comme des objets.) Nous avons
pris un retard considérable pour développer des
services permettant d’accueillir, d’accompagner,
d’exprimer l’humanité nécessaire pour ces personnes
totalement vulnérables, au point même, parfois, de
culpabiliser les proches ; comme s’il n’était pas du
devoir de la société et de la solidarité de se
matérialiser autour de ce patient.
•  Les personnes confuses
Corollaire de l’augmentation de l’espérance de vie,
l’augmentation du nombre de personnes atteintes de
détériorations cognitives, de maladies Alzheimer ou
de type Alzheimer. Aujourd’hui, en France, 800 000
personnes en sont atteintes, dans 10 ans, les
statistiques prévoient que 1 200 000 sujets français
seront atteints de cette maladie gravissime. Les
mêmes questions se posent, et doivent rester des
questions, si nous voulons pouvoir donner à ces
personnes toute l’humanité que nous leur devons.
Qu’éprouvent ces personnes atteintes d’une maladie
d’Alzheimer ? S’agit-il d’une question médicale ?
(1) EVC : Etat Végétatif Chronique
Ces personnes éprouvent-elles du plaisir, trouventelles du sens ? Une certitude : elles éprouvent.
Nous ne pouvons répondre clairement à toutes ces
questions, mais il s’agit de personnes très
vulnérables. Si notre société montre sa capacité à
les accompagner, notre société aura de l’avenir.
Un exemple : J’étais l’an dernier devant la Commission
sociale du Sénat sur ces questions de fin de vie et
d’augmentation de personnes demandant des soins
palliatifs. Après mon rapport, voici une des premières
questions :
« Est-ce que vous pensez que cela sert à quelque chose
de maintenir en vie ces personnes ? »
Bien sûr, dans cette question il y avait la peur de la mort,
de la différence.
Consubstantiellement, l’Homme sert à quelque
chose. Il sert à être Homme. Consubstantiellement,
l’homme vulnérable témoigne de la vulnérabilité
intrinsèque de l’Homme et de sa finitude, il sert à
autrui, il lui permet de se rendre compte de sa propre
vulnérabilité.
Attention à une véritable dérive utilitariste de la vie
dans nos sociétés.
L’homme ne servirait plus dès qu’ il ne ferait plus,
qu’il ne produirait plus, voire quand il ne serait plus
rentable. Nous les soignants, nous avons à opposer
une véritable résistance à cette dérive qui n’est pas
uniquement sémantique. C’est dans la résistance que
naissent ou renaissent les valeurs essentielles.
Deuxième enjeu :
la solitude, conséquence du progrès
Le champ de la fin de vie est en train d’augmenter de
façon considérable. Si on se projette dans 10 ans,
dans 50 ans (je suis chercheur associé à l’Institut
national des Etudes démographiques) le nombre de
personnes relevant d’accompagnement va être
extrêmement important. Non seulement le progrès
produit de la survie sans, mais aussi avec, maladies
et handicaps, mais il fabrique aussi de la solitude.
Plus il y aura de personnes qui vont vivre longtemps,
plus elles seront nombreuses à vivre seules. Il nous
faut penser les solitudes qui existent déjà, et celles
qui vont exister dans les 20 ou 30 ans à venir.
L’épisode de la canicule en 2003 en fut le révélateur.
On se rendit compte que 2000 personnes âgées
mouraient du fait de la chaleur. L’analyse de cet
épisode révéla l’existence d’une population
vulnérable et isolée. Ce n’est qu’un début.
…/…
- 15 -
Un Observatoire de la fin de la vie
Nous n’avons pas saisi cette occasion pour réfléchir à
cette vulnérabilité à l’œuvre dans notre société qui
vieillit du fait même des conséquences du progrès.
Pour l’avenir, il va nous falloir bien connaître cette
réalité des vulnérabilités issues de la solitude, et, en
miroir, il nous faudra penser les solidarités à
développer.
Une société qui a de l’avenir est une société qui ne
laisse pas tomber les personnes vulnérables.
Qu’entend-on par « solidarités »? Rivage illustre bien
ce propos. Au travers d’une association, la société
s’engage bénévolement à accompagner les plus
vulnérables d’entre nous. Etre bénévole c’est intéressé
et intéressant. C’est intéressé parce qu’un jour peutêtre ce sera notre tour d’être vulnérable et seul. Il y a
donc lieu de penser aujourd’hui les solidarités de
demain. Différentes formes de solidarités sont à
développer avec de l’inventivité, de la créativité. Vous
l’avez
dit combien l’inventivité est facile dans le
bénévolat, même dans un cadre très contrôlé comme
celui des accompagnants bénévoles, quand vous
parliez de musique, quand vous parliez de réveiller la
mémoire par la sensorialité.
Exemple : J’ai le souvenir d’un malade sans papiers que
nous avions accueilli. C’était un homme en grande
souffrance, malheureux, atteint d’un cancer. Il se retrouvait à
l’hôpital dans un état que nous avions pris pour un coma. Ce
monsieur était si grand qu’on avait dû retirer le bout de son
lit, pour lui laisser étendre les pieds.
Soignants et
bénévoles, nous étions tous très ennuyés car nous ne
connaissions ni sa langue, ni ses origines, ni sa famille, nous
ne connaissions rien de lui, si ce n’est qu’on l’avait retrouvé
dans une rue, qu’il semblait être du Ghana et qu’il était
mourant. Un jour, un bénévole nous dit qu’au Ghana il y
avait une musique particulière. Il la trouve, la lui met et voilà
cet homme, qu’on croyait déjà mort, battant la mesure avec
ses pieds. Ce fut notre seul moyen de communication ; cet
homme est mort en battant la mesure.
Le bénévolat en France est menacé. Nous sommes
dans un pays où le bénévolat est parfois suspect. Il
doit être très encadré parce qu’il ne faudrait pas qu’un
bénévole vienne prendre la place d’un professionnel.
J’ai été formé en partie au Canada, il y a 17 ans
maintenant. J’avais été très surpris de voir combien
dans cette culture le bénévolat était consubstantiel à la
vie. On apprend à tout individu à dégager un peu de
son temps pour autrui, quelque soit son temps à lui
enfant ou adulte professionnel. Et ceci, non pas dans
un contexte religieux, mais dans un contexte que je
qualifierai plus largement de spirituel, c’est-à-dire du
sens qui se trouve dans notre capacité de créer du lien
avec autrui. Au Canada, le suspect était celui qui ne
faisait pas de bénévolat. Je ne sais pas pourquoi
franchir l’Atlantique amène à inverser la suspicion.
Vous, les bénévoles, vous avez dû entendre des
réflexions de ce type : « Qu’est-ce qui te prend d’aller
t’occuper de ceux qui vont mourir ? » On vous parle
d’appétence morbide de ceux qui s’approchent des
malades en fin de vie. Vous pourriez répondre :
« Qu’est-ce qui vous prend de ne pas vous en
occuper. Est-ce une peur, une angoisse ? »
Troisième enjeu :
la poussée des droits des malades
A l’origine de l’Observatoire, il y a la loi Leonetti
« Droit des malades en fin de vie ». Les lois n’existent
que parce qu’elles s’imposent. C’est la société qui fait
la loi, c’est une évolution de la société. Les droits des
malades
ne sont pas ancrés et définitifs.
Actuellement, on considère que la personne malade
est peut-être malade mais aussi et avant tout
citoyenne.
Peut-on penser que le citoyen soit tenu à l’écart de ce
qui le concerne en premier chef, en l’occurrence sa
maladie, et peut-être l’incertitude à le guérir ? Les
deux lois, du 4 mars 2002 : « Droits du malade et
organisation du système de santé » et la loi du 22
avril 2005, « Droits des malades et fin de vie »
mettent la personne malade au cœur de tout ce qui
constitue les décisions et orientations qui vont être
prises.
C’est un changement total dans l’organisation du
système de santé. Lorsque j’étais jeune médecin, le
code de déontologie de l’époque me disait : il ne faut
pas embêter le malade avec sa maladie. Il faut
s’occuper de sa maladie et lui dire qu’on s’occupe de
lui. Il ne faut pas lui révéler sa maladie.
Aujourd’hui, le code de déontologie
a changé à
l’instar de la société qui le fait. Aujourd’hui, d’après la
loi il s’agirait de tout mettre en œuvre pour que le
principal intéressé soit informé, pour qu’il puisse se
positionner en connaissance de cause par rapport
aux choix qui pourraient être fait pour lui concernant
sa maladie. C’est très difficile de faire une ligne de
loi ; j’ai collaboré à l’écriture de la loi « Droits des
malades et fin de vie ». Ecrire tout patient a le droit de
refuser tout traitement (art. 3) c’est une ligne de loi qui
ouvre
des tonnes de difficultés pour nous les
soignants ; parce que, pour que nous puissions
affirmer que le refus d’un traitement est éclairé,
encore faudrait-il que nous puissions être sûrs que la
personne qui refuse est une personne qui sait, qui a
écouté, entendu, intégré et qui peut réellement se
positionner.
…/…
- 16 -
Un observatoire de la fin de la vie
Exemple : Il y a quelques mois une collègue
Je dirige un espace éthique interrégional ; l’an
cancérologue me demandait de revoir en deuxième
dernier, j’étais aux Etats-Unis pour un congrès sur
consultation une jeune patiente à qui elle venait
les greffes d’organes et la baisse des donneurs dans
d’annoncer qu’elle avait un cancer ovarien assez grave.
le monde (du fait même du progrès, nous sommes
Le cancérologue disait : « Très honnêtement et avec les
de plus en plus nombreux et vieux, ainsi nous
éléments scientifiques dont nous disposons, le traitement
sommes moins donneurs, non par manque de
que nous vous proposons peut vous mettre en rémission
complète, par contre le traitement n’est pas dénué
générosité, mais à cause de l’âge). Un médecin
d’effets secondaires. Il faut que vous connaissiez les
américain nous annonce avoir la réponse éthique à
effets secondaires. » A la fin de ma visite, alors que j’étais
la limitation des greffes d’organes. Il a fabriqué un
sur le point de partir, cette dame me dit «D’ailleurs, je
cœur artificiel, il était passionné. Je pensais :
sais bien comment cela finit, ma mère est morte d’un
combien coûte un cœur artificiel ? Un prix très élevé
cancer des ovaires il y a 25 ans, je me rappelle combien
bienafghanes
sûr.
Va-t-on développer cela ou maintenir
elle a souffert, je me rappelle les effets Aurore
de sur
lales montagnes
l’égalité
de
l’accès
aux soins, ce qui est un progrès
chimiothérapie, soyez assuré monsieur que je vous en
dans
notre
pays
dont
nous n’avons plus conscience.
voudrais beaucoup de me faire subir la même chose qu’à
En France, depuis l’après-guerre et l’avènement de
ma mère ». Je me suis assis à nouveau auprès d’elle.
Elle m’a décrit la fin de vie de sa mère il y a 20 ans.
la sécurité sociale, on a permis à tout individu d’avoir
L’éclairage que nous tentions de lui apporter était
un accès égal aux soins, indépendamment de son
perturbé par la représentation qu’elle se faisait,
niveau socio- économique. Même si cette égalité est
représentation ancrée dans son vécu. On peut
battue en brèche chaque année un peu plus au
comprendre. Nous avons retravaillé sur la relativité de la
moment du projet de loi de financement de la
représentation : au final cette jeune femme accepta de
sécurité sociale, nous restons le pays où l’accès aux
suivre un traitement.
soins est le plus facile. Il suffit de faire quelques
kilomètres pour se rendre compte de la vérité de ce
que je vous dis là.
A vouloir développer ce qui brille, ne risque-t-on pas
de ne plus permettre ce vrai progrès ? Il faudra
demain que nous sachions énoncer des choix parce
que nous ne pourrons pas tout faire. D’ailleurs, faut-il
que nous fassions tout ce que nous savons faire ?
Cette question s’est posée quand on a vu que l’on
pouvait pratiquer le clonage reproductif. Faut-il que
nous allions jusque là, jusqu’à la possibilité de nous
cloner. Serait-ce du progrès de cloner l’homme ? Les
contraintes économiques dans lesquelles nous nous
trouvons vont nous obliger à avoir un débat citoyen
sur ces questions. Ce qui m’a fait répondre entre
autres à votre invitation, c’est que précisément les
questions dont nous débattons sont des questions de
société, ce ne sont pas des questions médicales. Ce
dont nous parlons, les soins palliatifs par exemple,
ne doit certainement pas être enfermé dans le
champ médical. Il y aurait grand danger à ramener
les soins palliatifs à une affaire de médecins, de
soignants.
Vous voyez combien la loi énonce facilement des
choses qu’il sera difficile de mettre en œuvre. Les
droits des malades, cela implique un engagement
très fort de la part du soignant et un changement
de paradigme : le médecin, les soignants, ne
décident pas mais ils vont devoir s’impliquer très
sérieusement dans la communication. C’est un
véritable changement.
Quatrième enjeu :
le contexte économique dans lequel le progrès
se développe
Il y a les circonstances de la crise économique
actuelle, l’avenir ne sera pas comme par le passé,
il faudra que nous fassions avec les limites
économiques dans lesquelles le progrès pourra se
développer ou pas. Les questions vont être
fondamentales pour notre société : nous n’avons
pas les moyens de toutes nos ambitions. Ce n’est
pas parce que nous savons faire beaucoup de
choses du fait du progrès, et le progrès est
exponentiel, que nous avons les moyens d’investir
Conclusion
tous les champs du progrès. En termes politiques, il
L’Observatoire
de la fin de la vie
faudra bien que l’acteur politique permette de
fonder des choix par rapport au progrès.
Aurore sur les montagnes
afghanes
L’Observatoire
a semblé être une nécessité aux
législateurs, via la Commission d’évaluation de la loi
« Droits des malades et fin de vie », présidée par
Jean Leonetti.
…/…
- 17 -
Un observatoire de la fin de la vie
Cette loi vise à promouvoir le respect de la
personne, elle s’adresse aux citoyens. Elle apporte
une pédagogie et une obligation d’avoir comme fil
conducteur de la pensée de l’acteur de la santé, le
respect de la personne qu’il a en face de lui. Une loi
qui donne des repères pour respecter la personne
est une très belle loi, même si, au regard du juriste,
elle n’apporte rien de nouveau. Il apparaît
aujourd’hui, dans ce contexte d’augmentation
d’espérance de vie, la nécessité de penser les
nouvelles solidarités, d’accompagner le progrès
d’une réflexion sur les choix en matière de progrès.
C’était nécessaire alors qu’une population de plus en
plus importante va relever d’une démarche palliative.
On aurait bien aimé que la fin de vie soit un instant
très court, que cela se résume à l’agonie en quelque
sorte. La fin de vie est un champ qui est en train de
s’étendre, d’augmenter. On voit des gens qui
prennent conscience de leur finitude beaucoup plus
tôt qu’avant, parce qu’ils sont malades et qu’ils vont
avoir une exigence de démarche palliative beaucoup
plus forte qu’autrefois. Il apparaissait important de
créer un Observatoire pour observer précisément ce
changement sociétal, pour mesurer la façon dont
celui-ci se déroule, se vit, s’accompagne. En
d’autres termes, cet Observatoire de la fin de vie va
se doter de tous les moyens dont il dispose, même
s’ils sont assez limités, pour mener des études, pour
observer les
changements majeurs dans notre
société, même au-delà de notre société française.
Je rencontrais
hier
une
représentante
de
l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ;
nous allons essayer de développer cette réflexion au
sein de l’Europe, dans une communauté de progrès,
avec de belles différences qui sont des richesses.
Les différences de culture, les différences d’histoire,
qui ont fondé les nations, sont autant de richesses ;
il ne s’agit pas de vouloir tout harmoniser, mais de
penser le respect de l’homme de façon universelle.
Cet Observatoire va devoir aider par sa production
de « savoir » objectif, neutre. Il ne va pas se mettre
dans des courants partisans - pour ou contre
l’euthanasie - ce n’est pas le problème. C’est plutôt :
comment
peut-on permettre au législateur, au
décideur, au citoyen de fonder son opinion sur des
questions qui le concernent au premier chef ? Cet
Observatoire va essayer d’éclairer sur une réalité
que nous aurions tendance à vouloir enfouir : le
vieillissement de la
population, sa vulnérabilisation, l’isolement de
plus en plus important,
la paupérisation
économique de nos systèmes qui a une
traduction sur le plan de la recherche et sur les
conséquences de la recherche. Il faut que nous
mettions tout ceci au jour afin que nous puissions
en « débattre ». Tous les ans, je dois présenter
un rapport des actions de cet Observatoire
auprès des Parlementaires. L’enjeu sera
de
susciter un débat, mais pas un débat du type
binaire. Il s’agira de parler de la complexité,
d’écouter parler de la complexité. Le citoyen sait
bien que la vie est complexe, que l’homme est
encore plus complexe parce qu’il est un, unique.
Présenter les choses en les réduisant à une
forme de simplicité binaire « pour ou contre »
c’est créer de l’insatisfaction. Je crois qu’il faut
arriver à fournir au citoyen une matière à réfléchir
sur ce mouvement inéluctable de notre société. Si
nous voulons que ce progrès soit réellement un
progrès, il faut que nous l’accompagnions. Si le
progrès se résume simplement à augmenter la
durée de vie des gens peu importe la qualité de
leur vie : c’est un drame. Cet Observatoire va
servir à faire savoir, à faire connaître cette loi
« Droits des malades et fin de vie », toutes les
lois sur les droits des malades, sur l’évolution de
la législation. Il servira aussi à faire connaître les
autres législations des autres pays, des autres
cultures ; il ne s’agit pas d’opposer les
législations. Les législations ne font que marquer
le lieu où en sont les cultures et les populations.
Peu nous importe qu’il y ait telle ou telle loi,
pourvu que l’on soit dans des sociétés hautement
civilisées dont la démocratie se matérialise
aujourd’hui dans la capacité à respecter les
personnes les plus vulnérables. Nous, les acteurs
de cet Observatoire, nous devons aider les
décideurs et les acteurs que nous sommes à
mieux comprendre les enjeux du futur.
L’Observatoire va travailler en réseau avec toute
la communauté scientifique, savante aussi bien
dans le champ de la médecine, dans celui des
sciences
de
l’homme
:
philosophes,
psychologues, anthropologues.
Nous sommes preneurs de propositions d’aide.
Aidez-nous à faire en sorte que cet Observatoire
puisse avancer.
Je vous remercie.
- 18 -
Les soins palliatifs, une longue histoire
Chantal Catant
Membre fondateur de la SFAP
ex- présidente de JALMALV – Ile de France
vice présidente de la Fédération JALMALV
20 ans d’histoire de Rivage ! Nous avons tant de
souvenirs en commun. En 20 ans, s’écrivent tant
d’événements, s’instaurent toute une vie, toute une
progression. Ces souvenirs font prendre conscience
de la durée du mouvement des soins palliatifs.
Les débuts de cette histoire ont été si humbles.
Chacun de notre côté, nous étions interrogés par
les fins de vie que nous côtoyions. La rencontre de
ces mourants vulnérables
et quasiment
abandonnés (à l’époque, on mettait des paravents
devant leurs lits) a construit une force commune.
Nous, les soignants, nous étions formés pour guérir.
Quel choc de rencontrer ces personnes qui avaient
besoin de soins, de soins plus particuliers, ces
malades qui exprimaient encore des projets de vie.
Quelle interrogation pour nous, les soignants !
L’histoire de Rivage est associée à celle des soins
palliatifs, vous y avez apporté et vous continuez à
y apporter votre part. L’histoire des soins palliatifs
est une histoire collective, enrichie par les
réflexions, les actions entremêlées des soignants et
des associations. Chacun et chacune avec sa
propre culture, sa dynamique typique et son
expérience particulière nourrissaient l’ensemble. Si
le mouvement des soins palliatifs a pu devenir ce
qu’il est aujourd’hui, comme l’a exprimé Régis
Aubry, c’est bien grâce à cette force collective. Vous
y avez pris votre part, une part énorme.
Parler d’histoire, c’est évoquer un passé, mais aussi
un présent et un avenir, car cette histoire est
vivante, elle continue, elle n’est pas près de finir : la
mort fait partie de la vie.
Que ce soit la SFAP (1) ou mon milieu originel
Jalmalv (2) ou Rivage, tout le milieu associatif a été
extraordinaire. Soignants et associations, nous
avions en commun cette passion de l’Homme, le
désir que l’Homme soit soigné et vivant jusqu’au
bout. Après des années d’accompagnement, je
puis dire que tout être est bien vivant jusqu’au
moment de la mort.
Nous ne sommes pas les personnes centrales de
cette histoire, ce sont les personnes que nous
accompagnons, celles qui sont confrontées à la
mort, à des maladies chroniques graves, à des vies
en état végétatif, comme vous les accompagnez à
Rivage. Je voudrais évoquer aussi les personnes
très âgées dont la vie a été prolongée, et parler de
leur solitude.
Je voudrais rendre hommage à sœur Nathanaëlle et
à Marie Quinquis, avec lesquelles une grande
amitié est née dans le militantisme. On ne compte
pas les réunions, les congrès, les réflexions, les
combats, les difficultés ; ce ne fut pas simple mais
nous avions toujours au cœur ce souci d’avancer,
d’être au service de ces personnes en grande
souffrance qui avaient besoin d’être reconnues.
Tout cela nous interpelle. La mort fait partie de la vie
humaine, la réflexion sur la fin de la vie n’est pas
finie, elle a à s’approfondir car, si la réalité de
l’Homme est une finitude absolue qui fait partie de
son ontologie, le monde change dans des
conditions difficiles. La pression économique est là,
l’émiettement du tissu social qui nourrit cette
…/…
(1) SFAP : Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs
(2) Jalmalv : Jusqu’ A La Mort Accompagner La Vie
- 19 -
Les soins palliatifs, une longue histoire
solitude, la médecine, les conditions des soins et de
l’accompagnement évoluent. L’histoire n’est jamais
finie. Nous la vivons au présent et ce que nous vivons
prépare l’avenir.
Ce « prendre soin » c’est l’expression d’une solidarité
humaine fondamentale à honorer particulièrement
dans notre société individualiste du fait du poids de
la vie, de la dispersion
sociologique,
etc… Il
appartient à chacun de nous de faire vivre cette
solidarité, notamment dans ces périodes difficiles de
l’approche de la mort, de la grande souffrance des
malades ou de leurs familles. Les bénévoles de
Rivage sont une expression de cette solidarité
humaine.
Je voudrais évoquer ici René-Claude Baud (3) , un
grand compagnon qui n’est plus là. Je pense à son
association Albatros qui reste vivante et je sais tous
les liens qui l’unissaient à Rivage. René-Claude Baud
et d’autres qui nous ont quittés, avec leur forte
capacité d’engagement, sont les pierres d’angle du
mouvement auquel nous appartenons aujourd’hui.
Ayant un parcours de soignante, puis de bénévole, je
puis dire combien la place des bénévoles est une
Je voudrais dire aussi que, si le droit français
fonction irremplaçable. Lorsque j’étais soignante,
reconnaît à tous, d’où qu’ils soient, le droit de mourir
j’avais la chance d’avoir une équipe très
avec des soins appropriés et un accompagnement,
performante. Je m’approchais souvent des malades
c’est grâce à toutes les associations qui, après des
pour vérifier avec eux comment ils ressentaient leurs
combats complètement obscurs, ont vu tout à coup
soins, ce qu’ils pouvaient encore désirer ; nous
une lumière surgir : les assemblées représentatives
avions le souci de proposer des
soins
de la nation ont approuvé à l’unanimité la loi pour les
accompagnants : les soignants étaient très présents,
Droits des malades en fin de vie.
très écoutants mais dans la limite de leur profession.
Quand une loi est promulguée, il faut l’appliquer : il
Malgré cette application, j’entends encore le cri d’une
reste encore beaucoup à faire. L’Observatoire de la fin
dame : « Je paierais quelqu’un pour m’écouter ». Ce
de la vie y contribuera, mais, nous tous les citoyens,
cri m’habite toujours. Ce jour-là, j’ai compris que
nous devons en avoir le souci, car cette loi
évoqueouvert à tous !
un musée
devenait indispensable auprès des grands malades
pour la première fois la présence des bénévoles et
et de leurs familles, la présence de personnes
des associations auprès des personnes proches de
formées, librement choisies, capables d’écouter ces
la mort ; la société s’ implique. La mort de chacun
souffrants, afin qu’ils puissent être eux-mêmes dans
nous regarde tous : c’est un message fort. Le monde
une relation de libre choix, dans un monde où ils sont
évoluant, la médecine évoluant, la réflexion sur la fin
encore des citoyens. La présence des soignants est
de vie est toujours à poursuivre.
obligatoire, tandis que celle du bénévole est un
A Versailles, cette réflexion est très vivante depuis les
choix : le malade peut l’accepter ou la refuser ; cela
premiers jours. A l’origine des soins palliatifs, il y avait
permet une relation humaine libre. Pour cette raison,
deux grands hôpitaux en France : Percy avec l’ASP (4)
j’ai été une soignante inconditionnelle du bénévolat,
et Claire Demeure. Vous étiez phare déjà pour les
que j’ai rejoint humblement depuis.
soins palliatifs ; nous collaborions en tant que
Accompagner les malades, c’est découvrir par eux
soignants, mais à l’époque nous n’aurions jamais
des valeurs différentes sur la vie, des cultures
osé dire que nous faisions des soins palliatifs.
différentes, des façons de vivre différentes, des
Le mouvement est né après, à partir de ces
relations tellement enrichissantes,
variant d’une
interrogations, de cette passion de l’Homme, de
personne à l’autre. Chacun est unique et, dans la
l’Homme souffrant, de l’Homme confronté à sa
rencontre, chacun livre un magnifique cadeau : une
destinée. La réflexion doit se poursuivre au titre des
part de sa propre histoire, souvent difficile, toujours
soins à porter ; la médecine palliative est une
emplie de beautés.
médecine qui vit, qui bouge, qui a un Observatoire
L’accompagnement est une école de vie.
national, c’est un des facteurs d’évolution, mais je
J’espère qu’en France, à Versailles et ailleurs, les
pense que « le prendre soin » des personnes,
soins palliatifs resteront indissociables de
l’accompagnement, c’est quelque chose qui nous
l’accompagnement, de ce « prendre soin » des
regarde tous.
personnes sans lequel la vie n’est plus
imaginable.
(3) René-Claude Baud : jésuite, fondateur d’Albatros
(4) Accompagnement bénévole en Soins Palliatifs
- 20 -
RIVAGE
Les 20 ans, une suite à Clamart
Les 20 ans de Rivage
à la Clinique du Plateau à Clamart (92)
Pour fêter les 20 ans de Rivage, le 1er décembre
2010, les accompagnants bénévoles de Clamart ont
organisé une réception dans le salon du 3ème étage
de la Clinique.
Entre 12h et 15h, afin de recevoir au mieux les
soignants pendant leur pause, les patients et leurs
familles, Rivage a offert à tous boissons et nourritures
apéritives préparées par les bénévoles. Un grand
panneau exposant les différents sites dans lesquels
Rivage intervient, décorait le mur au-dessus du
buffet. Ce panneau permet de mettre en évidence la
taille de notre association et son sérieux.
Nous avons eu le plaisir d’accueillir Monsieur Chiche,
médecin-directeur de la clinique, les médecins, l’une
des psychologues, les soignants, les
agents du
service hospitalier et le personnel administratif,
certains résidents sont aussi venus passer un
moment en notre compagnie. A chacun, nous avons
remis une documentation sur notre association.
Le docteur Chiche, directeur de la clinique, le docteur Haddad,
soeur Nathanaëlle, Marie Quinquis et Catherine Reclus
La présence de Marie Quinquis et de Sœur
Nathanaëlle a réjoui tout le monde ; cela a permis un
échange fructueux avec les acteurs principaux de la
clinique. Quant à nous les accompagnants, nous
avons beaucoup apprécié que cette réception
informelle nous amène à avoir des discussions aussi
inhabituelles qu’intéressantes avec tous.
Un détail, preuve s’il en est besoin de la bonne
ambiance qui règne dans la clinique, plusieurs
soignants ont été heureux d’emporter des assiettes
garnies pour leurs collègues qui ne pouvaient venir.
Cette rencontre autour des 20 ans de Rivage fut un
vrai succès, nous en sommes fiers et heureux.
Catherine RECLUS
Coordonnatrice des Accompagnants
à la Clinique du Plateau
- 21
-
L’équipe des accompagnants
Bibliographie
La rencontre de l’autre, c’est notre quotidien d’accompagnateur, c’est aussi notre émerveillement.
Par cette page, Rivage propose de se mettre à l’écoute de la voix des écrivains et cinéaste d’hier et
d’aujourd’hui afin d’élargir encore et toujours notre perception de la personne humaine.
Le lieu perdu
Norma Huidobro, éd. Liana Lévi 2009 (18 €)
Approcher la personne qui souffre
Violaine Journois éd.Nouvelle Cité 2010
(17€)
Dans la fraîche pénombre du café où Marita
travaille, jour après jour, la tension monte…
Norma Huidobro, dans une langue presque
incantatoire, nous plonge dans ce lieu perdu,
écrasé de soleil.
Ce livre est une splendeur, un chef d’oeuvre !
Ce livre propose des repères et des outils
pour aider à approcher celui qui souffre. Il
apprend à être présent sans être englouti, à
être efficace sans mettre l'autre sous
emprise, à être dans une relation vraie, à
accompagner l'autre. Ce guide conviendra à
ceux qui côtoient la souffrance à titre
professionnel ou particulier. Il apprend qu'un
accompagnement bien compris mène à une
vraie rencontre et procure ainsi une joie
véritable.
Departures
Film de Yojiro Takita, avec Masahiro Motoki,
sorti en France en 2009, actuellement en dvd.
Ouragan
Laurent Gaudé, éd. Actes Sud 2010 (18 €)
Au cœur de la tempête qui dévaste la
Nouvelle-Orléans, dans un saisissant décor
d'apocalypse,
quelques
personnages
affrontent la fureur des éléments, mais aussi
leur propre nuit intérieure. Un saisissant
choral romanesque qui résonne comme le cri
de la ville abandonnée à son sort, la plainte
des sacrifiés, le chant des rescapés.
Vous connaissez cet auteur à la plume
magnifique. Il a obtenu le prix Goncourt en
2004 pour un merveilleux livre « Le soleil des
Scorta ».
« Ouragan » est un très bon ouvrage.
Daigo, un violoncelliste, retourne dans son
village natal du Japon afin de chercher un
nouveau travail. Croyant répondre à une offre
d'emploi dans une agence de voyage, il est
engagé dans une entreprise de pompes
funèbres. Ce travail nouveau pour lui est décrit
comme apportant du réconfort, la célébration
de la vie, comme un beau et
dernier
accompagnement. Sorti au Japon en 2008,
« Departures » s'est imposé comme un
succès majeur dans de nombreux pays. Il
reçu, en 2009,
l'Oscar du meilleur film
étranger.
Film d’une grande beauté, magnifique et
grave, à voir, en particulier par tous les
groupes de soutien de deuil.
Katiba
Jean-Christophe Rufin,
éd. Flammarion 2010 (20 €)
Une jeune femme, Jasmine, à la fois
française et algérienne, marche à la frontière
entre deux mondes ennemis : la diplomatie
occidentale et les nouvelles lois de la guerre
terroriste.
Complice, victime ou agent double Jasmine
incarne le mélange de répulsion et de
fascination que le fondamentaliste religieux
exerce sur chacun de nous .
Thriller captivant…
Le souffle du jasmin
Gilbert Sinoué, éd. Flammarion 2010 (21 €)
Quatre familles : juive, palestinienne,
iranienne et égyptienne dont les destins
s’entrecroisent dans le tourbillon de la grande
histoire.
Gwénaëlle d’Anterroches et Marie-Christine Delmotte
- 22 -
Contacts
12, rue Porte de Buc - 78000 VERSAILLES
Permanence téléphonique : 01 39 07 30 58
(Mardi et jeudi de 14h à 16h ou répondeur)
Courriel : [email protected]
http://www.association-rivage.org/
En adhérant à Rivage vous rejoignez la grande chaîne de
solidarité qui unit les bénévoles d’accompagnement aux
personnes qu’ils soutiennent. Soyez les bienvenus !
BULLETIN D’ADHESION
Présidente - Administration
Sylvie Wolff (06 08 47 78 31)
A retourner avec votre règlement à l’ordre de Association Rivage
Association Rivage - Adhésions - 12 rue Porte de Buc – 78000 VERSAILLES
Recrutement et formation
Marie Quinquis (06 09 11 18 35)
Communication
Gwénaëlle d’Anterroches
[email protected]
Nom -----------------------------------
Membre actif : 30 €
Prénom --------------------------------
Trésorier (le mardi)
Alain Barbet-Massin (01 39 07 30 58)
Membre sympathisant : 45 €
Adresse --------------------------------
Soutien au Deuil en région parisienne
Coordinatrice : Chantal Gout
Écoute téléphonique et accueil à notre siège :
Le lundi de 14 à 17 heures : 01 39 07 30 10
Entretiens individuels : sur rendez-vous
Groupe de partage et d’écoute : chaque premier
mardi du mois de 19 à 20 heures 30.
--------------------------------------------
Personne morale : 75 €
-------------------------------------------Donateur :
€
Tél ------------------------------------Portable ----------------------------
Lieux de présence de Rivage
E-mail --------------------------------
Maison de santé Claire - Demeure
12 rue Porte de Buc – 78000 VERSAILLES
Fonction ----------------------------
La Cité des Fleurs - Soins de Suite et de
Réadaptation
Hôpital privé de gériatrie
1 rue de Dieppe - 92400 COURBEVOIE
Date --------------------------------Signature
Association loi 1901, reconnue d’intérêt général
Dons partiellement déductibles des impôts.
Clinique du Plateau - Soins de Suite et de
Cancérologie
5 rue Carnets 92140 CLAMART
Maison de retraite du Châtelet
3 bis rue de Bel-Air – 92190 Meudon
Réseau Epsilon – Soins palliatifs à domicile
195 avenue du Général Leclerc 78220 VIROFLAY
Association RIVAGE ATLANTIQUE
13 avenue Darcy Brun - 17750 ETAULES
Tél. 05 46 36 42 63
Président : André Tiercet
Secrétaire : Bernadette Dussauld,
[email protected]
Rivage n°14 – décembre 2010 – Tiré à 600 exemplaires
Journal d’informations réalisé et publié par les bénévoles de l’association Rivage
Comité de Rédaction : G. d’Anterroches, Sœur Nathanaëlle et signataires
Illustrations : Rivage
- 23 -
« Donner du sens à la fin de vie »
AVEC L’ASSOCIATION RIVAGE
DEVENEZ BENEVOLE D’ACCOMPAGNEMENT
auprès des personnes en fin de vie
et des personnes âgées
(en institution)
Nouvelle session de formation en avril 2011
inscrivez-vous dès maintenant au
Tel : 06 09 11 18 35 (Marie Quinquis)
RIVAGE, association de loi 1901, membre de la SFAP (Société Française d’Accompagnement et de Soins palliatifs)
Bénévolat d’accompagnement en institutions : Maison de Santé Claire Demeure à Versailles, Hôpital de soins de suite
La Cité des Fleurs à Courbevoie, Clinique du Plateau à Clamart, Maison de retraite du Châtelet à Meudon, et
accompagnement à domicile avec le réseau Epsilon.
Fondation Diaconesses de Reuilly
Contact : [email protected]
Téléchargement