Après quatre siècles de crises, la crise finale

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Après quatre siècles de crises, la crise finale ?
Au-delà de toute idéologie, depuis quatre cent ans, après plus d’une centaine de crises dont quatre
majeures, quatre révolutions et deux guerres mondiales, c’est le même scénario qui se répète
invariablement et procède du même mécanisme : engouement, emballement, crise de confiance et
finalement krach. Nous devrions donc savoir que le « marché », ne peut pas s’autoréguler, il
s’autodétruit inévitablement. La crise actuelle est le résultat d’une faillite intellectuelle majeure de
"spécialistes" qui soutiennent, contre toute évidence, l’infaillibilité du dogme de « l’autorégulation
du marché ». Leurs errements nous ont amenés là où nous sommes, néanmoins, cette crise sans
précédent peut être l’opportunité de s'interroger et de tenir compte des leçons de l’histoire.
La confiance base de l’économie
Le terme économie est apparu à la fin du XIVème siècle sous la plume du Français Nicolas Oresme.
Construit sur la racine grecque
oikonomia,
il
signifie
«
administration de la maison » et
désigne la gestion de la vie
familiale. C’est la notion même de
gestion du «bon père de famille »
empreinte de prudence et de
générosité, Tout le contraire de la
témérité et de l’égoïsme.
Son acceptation la plus commune
aujourd’hui,
n’apparaît
qu’au
XVIIème siècle où l’économie est
essentiellement basée sur la confiance dans la production, puis l’échange des marchandises.
Dès le XIVème siècle, les commerçants deviennent de véritables
hommes d'affaires, ils achètent des chargements entiers de
navires et des lots de marchandises. Les foires sont l'âme du
commerce médiéval, elles se déroulent dans toutes l'Europe :
Londres, Reims, Troyes, Cologne, Leipzig, Genève... Les foires
durent plusieurs semaines selon un calendrier fixé à l’avance
afin que les foires se déroulent d’une façon continue, ainsi, le
marché reste actif toute l'année. Les affaires conclues au cours
de ces rencontres encouragent la production industrielle et
artisanale et stimulent les progrès techniques. Les marchands
banquiers de Gênes, de Florence ou de Venise, prospèrent et
développent la lettre de change déjà utilisée au XIIIème siècle par l’Ordre du temple.
En effet les lettres de change, les billets à ordre, les chèques, les créances, le crédit et les payements
à l'étranger ont été créés par l'Ordre des templiers devenu la première puissance financière de son
temps. L'essor de la lettre de change a été fulgurant au XIVe siècle avec le développement des
échanges à longue distance » La lettre de change permettait aux commerçants d’éviter le vol et le
transport d’or, et évitait des déplacements inutiles. Dès ce moment l’or circula moins entre les pays
d’occident. Ce moyen permet de payer une dette à distance, en passant par l'intermédiaire de deux
banquiers qui correspondent entre eux. La lettre de change introduisit le crédit. Au cours de cette
période, ce sont les riches familles italiennes, qui furent à l'avant-garde dans le domaine bancaire. Les
Médicis installent des succursales à Bourges, Lyon et en Angleterre, Le monde changeait, les villes
commerçantes croissaient au profit des riches bourgeois qui tenaient les rênes de l'économie. Ceci
contribua à la naissance des États modernes.
Début de la spéculation à grande échelle
Au début du XVIIème siècle les crises financières provoquées par la spéculation et la cupidité
conjuguée à la corruption, provoquent à une fréquence accélérée des crises avec des conséquences
économiques et sociales d’une ampleur croissante, crises d’autant plus graves que l’économie est
mondialisée.
1637. La tulipomanie (Tulpenmanie en néerlandais), souvent appelée « crise de la tulipe » en histoire
économique), En février 1637, après plusieurs années de
spéculation sur le cours des bulbes de tulipes qui survint dans le
nord des Provinces-Unies au milieu du XVIIe siècle, les prix
s'effondrent brusquement provoquant la ruine de nombreux
spéculateurs. Le cours de l'oignon de tulipe qui avait atteint un
niveau astronomique. Au plus fort de la tulipomanie, en février
1637, des promesses de vente pour un bulbe se négociaient à la
hauteur de vingt fois le salaire annuel d'un artisan spécialisé. Cet
épisode concernant le marché de la tulipe est considéré comme le
premier exemple de bulle spéculative économique et financière de
l’histoire.
1716. La monarchie ruinée par le règne de Louis XIV croule sous les
dettes, le régent, Philippe d’Orléans concède à la Banque générale de
l’écossais John Law le droit d’émettre du papier-monnaie, des billets
gagés sur les richesses effectives ou à venir du royaume. En réalité le
capital de la banque est aux trois-quarts constitué de dettes de l’Etat.
Certes l’Etat payait des intérêts, mais pour obtenir des sommes plus
rapidement, le crédit est ouvert aux particuliers, qui peuvent gager
de l’or à la Banque. En 1717, John Law fonde la Compagnie
d'Occident, avec laquelle il obtient le monopole du commerce en
Louisiane (fondation de la Nouvelle-Orléans en 1718) et au Mississipi,
favorisant ainsi le développement des ports de l'Atlantique tels que
Bordeaux, Nantes et Lorient. En 1719 la Compagnie d'Occident devient
la Compagnie Française des Indes, fruit de la fusion entre la
Compagnie d'Occident de John Law et l'ancienne Compagnie des Indes
Orientales, créée en 1604. Son capital de 100 millions de livres, divisé
en actions fait l'objet d'une véritable spéculation. Une foule
d’actionnaires se presse d’investir dans la colonie, Les investisseurs
achètent en masse les titres de cette compagnie qui n'avait pas à véritablement d'activité propre. Le
cours de l'action fut multiplié par 3,5 avant que la bulle spéculative n'éclate. Le système de Law
s'écroule en 1721. La faillite de la Banque Law entraîne la Compagnie des Indes dans la banqueroute
et la ruine de nombreux épargnants.
1774 A la fin du règne de Louis XV, la France est à nouveau ruinée, 5% de déficit, 67%
d’endettement, c’est l’une des
causes de la révolution française.
La Révolution française
La
Révolution
française
commence en 1789 avec la
réunion des États généraux et la
prise de la Bastille et s'achève
avec le coup d'État du 18
brumaire (9-10 novembre 1799)
de Napoléon Bonaparte. C'est un
moment
fondamental
de
l’histoire de France, marquant la
fin de l'Ancien Régime et le
passage
à
une
monarchie
constitutionnelle
puis
à
la
Première
République
qu'ait
connue le pays. La Révolution
française mit fin à la royauté, à la société d'ordres et à tous les privilèges. Avec la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen, elle proclama l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés
fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner au travers de représentants élus.
Plusieurs facteurs ont permis le déclenchement de la Révolution française. On distingue généralement
des causes structurelles profondes, auxquelles se sont combinées d'autres causes dues à la
conjoncture de la période. La révolution n'est pas due à un seul événement mais à un ensemble
d'événements qui, associés, ont créé un choc suffisamment important pour occasionner des
transformations irréversibles dans la conception de l'organisation du pouvoir politique, de la société et
des libertés individuelles. La société est hiérarchisée en trois ordres inégalitaires. De ce fait les
inégalités s’accroissent, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres, de plus en plus pauvres.
Cette organisation de la société est figée par des principes dépassés, d’une autre époque car il ne
prend pas en compte l’ascension récente de la bourgeoisie. La société d’ordres et de privilèges est
contestée par les non privilégiés.
1797. Le 26 février, la Banque d'Angleterre, à court de réserves, décide de suspendre les paiements
en espèces, il en résultera ce qui est considéré comme la première panique bancaire.
1819. C’est la première crise financière de grande ampleur aux Etats-Unis elle provoque une vague de
faillites et une profonde récession agricole et industrielle.
Principales crises économiques de l’époque contemporaine
Depuis la fin du XIXe siècle, les périodes de crise économique internationale se sont enchaînées.
1873. La Grande Dépression
Le 1er mai 1873, l’Exposition universelle de Vienne a ouvert ses portes, avec 53.000 exposants, au
milieu du bois du Prater, sur un terrain
de plus de 233 hectares. Cette
exposition des superlatifs est restée
dans la mémoire collective comme une
catastrophe due au krach de la Bourse.
La Grande Dépression débute le
vendredi 9 mai 1873 à Vienne où la
Bourse s’effondre sous le poids de la
spéculation, provoquant la faillite de
plusieurs banques viennoises, sous le
poids des emprunts hypothécaires.
La récession est rapide : les banques
européennes manquent de liquidités et
ne se font plus confiance, rendant les
prêts interbancaires extrêmement
coûteux.
Cette «Grande dépression » se répandra dans toute l’Europe en particulier en Allemagne ainsi qu’aux
Etats-Unis. C’est le début d’une période de stagnation qui durera 23 ans, jusqu’en 1896.
La période de crise rompt avec le développement relativement continu de l’activité économique
depuis le début du XIXe siècle en remettant en cause les mécanismes du marché.
Le secteur immobilier explose à Paris, Vienne et Berlin, et les financiers n'hésitent pas à s'endetter
pour investir dans la construction, se basant sur l'envolée des prix immobiliers pour rentabiliser leurs
investissements. Une série de nouvelles institutions se sont mises à émettre des prêts hypothécaires
dans les domaines de la construction municipale et résidentielle », des produits financiers assurant un
rendement constant aux actionnaires apparaissent, crées par notamment par le Crédit mobilier. Les
grandes banques d’affaire venaient de connaître un développement sans antécédent, leur
inexpérience contribuant à l’irrationalité financière et à l’apparition de bulles spéculatives est à
l’origine des krachs.
1914-1918. La Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale est un conflit militaire qui s'est principalement déroulé en Europe de
1914 à 1918. Un des évènements marquants du XXe siècle, cette guerre a atteint une échelle et une
intensité inconnues jusqu'alors. Elle a mis en jeu plus de soldats, provoqué plus de décès et causé plus
de destruction matérielle que toute guerre antérieure. Plus de 60 millions de soldats y ont pris part.
Pendant cette guerre, environ 9 millions de personnes sont décédées et environ 8 millions sont
devenues invalides. D'autres évènements survenus pendant cette période : le génocide arménien
(1915-1916), la première Bataille de l'Atlantique (1917), la Révolution russe (1917) et la grippe de
1918, ont augmenté la détresse des populations civiles. Pour toutes ces raisons, cette époque a
marqué de façon indélébile ceux qui l'ont vécue.
Cette guerre a amené de profonds changements géopolitiques, lesquels ont
profondément modifié le cours du XXe siècle. Elle a causé l'effondrement ou la
fragmentation des empires austro-hongrois, russe et ottoman. L'Empire allemand a
disparu et l'Allemagne a vu son territoire réduit. Conséquemment, les cartes de
l'Europe et du Moyen-Orient ont été redessinées. Des monarchies ont été
remplacées par des États communistes ou par des républiques démocratiques. Pour
la première fois, une institution internationale a été créée dans le but de prévenir
les guerres : la Société des nations (SDN). Cette guerre se distingue des conflits
précédents en ce qu’elle est aussi la première « guerre industrielle ».
1923. l'hyperinflation allemande.
Billet de 500 millions de mark émis par la
commune de Dantzig. Le 1er novembre 1923,
500 gr de pain valaient 260 milliards de marks !
En Allemagne, l'hyperinflation atteint son
apogée en novembre 1923. Sa cause immédiate
est l'exigence française de réparations de
guerre. L'armée française occupe la Ruhr
comme gage, paralysant la première région
industrielle du pays. En quelques mois, les
denrées s'achètent en milliards de marks et il
faut une brouette pour transporter les billets.
La crise monétaire s'aggrave d'une agitation intérieure (communistes en Saxe et Thuringe, putsch
d’Hitler à Munich). Américains et Britanniques, qui ont de gros intérêts en Allemagne, convainquent la
France de réduire ses prétentions et d'évacuer la Ruhr.
Le krach de 1929
Le krach de 1929 est une crise boursière qui se déroula à la Bourse de New York entre le 24 octobre et
le 29 octobre 1929. Cet événement marque le début de la Grande dépression, la plus grande crise
économique du XXe siècle.
Le krach de 1929 est consécutif à une bulle spéculative, dont la genèse remonte à 1927. La bulle est
amplifiée par le nouveau système d'achat à crédit d'actions, qui depuis 1926 est permis à Wall Street.
Les investisseurs peuvent ainsi acheter des titres avec une couverture de seulement 10 %. L'économie,
elle, montre des signes de faiblesse dès le début 1929 : ainsi, la production automobile chute de
622000 véhicules à 416000 entre mars et septembre.
La production industrielle, elle, recule de 7 % entre mai et octobre.
Ce ralentissement est en partie dû à un phénomène d'asphyxie : les capitaux disponibles accourent à
la bourse plutôt que vers l'économie « réelle ». Quelques jours avant le krach (les 18, 19 et 23
octobre), les premières ventes massives ont lieu.
Ce sont encore des prises de bénéfices, mais elles commencent à entraîner les cours à la baisse. Le
jeudi 24 octobre (jeudi noir ou Black Thursday) marque la première vraie panique. Le matin, il ne se
trouve presque pas d'acheteurs, quel que soit le prix, et les cours s'effondrent.
À midi, l'indice Dow Jones a perdu 22,6 %. Une émeute éclate à l'extérieur du New York Stock
Exchange. Entre le 22 octobre et le 13 novembre, l'indice Dow Jones passe de 326,51 à 198,69 (-39 %),
ce qui correspond à une perte virtuelle de 30 milliards de dollars, dix fois le budget de l'État fédéral
américain et plus que ce que les États-Unis avaient dépensé pendant toute la Première Guerre
mondiale.
1939-1945. La seconde guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale est un conflit armé à l'échelle planétaire qui dura de septembre 1939 à
septembre 1945. Provoquée par le règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale de 19141918 et par les ambitions expansionnistes et hégémoniques des trois nations de l’Axe (Allemagne
nazie, Italie fasciste et Empire du Japon), elle consista en la convergence, à partir du 3 septembre
1939, d’un ensemble de conflits régionaux respectivement amorcés le 18 juillet 1936 en Espagne (la
guerre d'Espagne), le 7 juillet 1937 en Chine (la guerre sino-japonaise), et le 1er septembre 1939 en
Pologne (campagne de Pologne). Le conflit planétaire ainsi généré opposa schématiquement deux
camps — les Alliés et l’Axe. Il prit fin en Europe le 8 mai 1945 par la capitulation sans condition du IIIe
Reich, puis s’acheva en Asie et dans le monde le 2 septembre 1945 par la capitulation sans condition
du Japon, dernière nation de l’Axe à connaître la défaite. La Seconde Guerre mondiale promeut les
États-Unis et l’URSS, principaux vainqueurs, comme les deux superpuissances appelées à dominer le
monde pour près de 40 ans. Elle accélère l’affaissement de l’Europe et le processus de décolonisation
en Asie, dans le monde arabe puis en Afrique, achevé au début des années 1960. Paradoxalement, la
Seconde Guerre mondiale est le dernier grave conflit en Europe, désormais à la recherche de son
unification, et la difficile reconstruction est vite suivie d’une période de prospérité sans précédent.
Après la Seconde Guerre mondiale, on a connu une période de croissance stable relativement
importante, qui provenait en grande partie de la reconstruction d’après-guerre.
1944. Les accords de Bretton Woods
Les accords de Bretton Woods sont des accords économiques ayant
dessiné les grandes lignes du système financier international après la
Seconde Guerre mondiale. Leur objectif principal fut de mettre en
place une organisation monétaire mondiale et de favoriser la
reconstruction et le développement économique des pays touchés par
la guerre.
Ils furent signés le 22 juillet 1944 à Bretton Woods aux États-Unis après
trois semaines de débats entre 730 délégués représentant l’ensemble
des 44 nations alliées. Il y avait également un observateur soviétique.
Les deux protagonistes principaux de cette conférence ont été John Maynard Keynes, qui dirigeait la
délégation britannique, et Harry Dexter White, assistant au secrétaire au Trésor des États-Unis, qui
avaient tous deux préparé un plan d'ensemble. Le plan Keynes fut ébauché dès 1941 et préparait un
système monétaire mondial basé sur une unité de réserve non nationale, le bancor. La partie
américaine mettait en avant le rôle de pivot du dollar américain et proposait plutôt de créer un fonds
de stabilisation construit sur les dépôts des États membres et une banque de reconstruction pour
l'après-guerre. Au final, c'est la proposition de White qui prévalut, organisant le système monétaire
mondial autour du dollar américain, mais avec un rattachement nominal à l'or.
Le Gold Exchange Standard mis en place dans le cadre des accords de Bretton Woods après la guerre
de quarante réduisit la convertibilité au seul dollar américain. Dans un tel système les Etats
"défendent " leur parité, aidés éventuellement par des prêts mutualisés (c'était le rôle du FMI). Mais,
avec l'accord général des ajustements restent possibles, si les dévaluations restent raisonnables. Deux
organismes ont vu le jour lors de cette conférence, qui sont toujours en activité : La Banque mondiale
(BM) formé de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et de
l'Association internationale de développement (IDA) et Le Fonds monétaire international (FMI). Un
troisième organisme aurait dû être créé, chargé du commerce international. Mais en l'absence
d'accord, il ne verra le jour qu'en 1995 avec la création de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) après les cycles de négociations du General agreement on tariffs and Trade (GATT).
La fin des accords de Bretton Woods, les chocs petroliers et la déréglementation sont à l'origne de
la crise actuelle.
La crise actuelle est l’aboutissement
d’une remise en cause profonde du
modèle né après la guerre à Bretton
Woods. La crise de 1929 et la guerre de
1939-1945
avaient
imposé
trois
stabilisateurs : la solidarité nationale
(Sécurité sociale), la politique volontariste
budgétaire (keynésienne) et le fordisme
liant le travailleur à l’entreprise.
L’inconvertibilité en or du dollar décidée
unilatéralement le 15 août 1971 par les
Etats-Unis met fin aux accords de Bretton
Woods et au Gold-Exchange Standard.
En 1973, la crise éclate lorsque les pays
de l’OPEP (Organisation des pays
exportateurs de pétrole) ont quadruplé le prix du pétrole et l’ont à nouveau doublé en 1979. Les
chocs pétroliers ont mis un terme, à la croissance des « Trente glorieuses », le moteur économique a
commencé à s’enrayer.
A la fin des années 1970, la dérégulation opérée par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, lève tous
les freins à la financiarisation de l’économie, encourage la sophistication de la finance et la montée
en puissance des produits dérivés.
Les produits « dérivés », déconnexion de l’économie « réelle »
Les autorités ont dérégulé un nombre important
d’opérations financières et stimulé la spéculation en
bourse, même pour les particuliers. Un flux continu de
nouveaux produits financiers n’ont cessé d’envahir le
marché. La spéculation à très court terme s’est
substituée à l’investissement à long terme dans
l’économie réelle. Le krach boursier de 1987 et
l’éclatement de la bulle Internet en 2000 marquent le
début de la montée en puissance des produits dérivés.
Ce que Michel Rocard résume comme suit : « La
montée en puissance des produits dérivés résulte
d’une désorganisation de l’économie réelle, qui elle-même découle de la décision prise en 1971 de
décrocher le dollar de l’or. Le commerce qui, jusque-là travaillait à changes fixes, a été menacé par
des changes flottants. Tout est devenu volatile, imprévisible. Il a fallu se couvrir, inventer les
combines les plus tordues pour tenter de réguler la valeur des titres sur lesquels on travaille. Cela a
donné les produits dérivés, des échanges d’option pour l’avenir sans échange de produits réels. A
partir de là, l’économie a été plus abstraite. Tout s’est mis à reposer sur la confiance, tout est
devenu plus fragile. On a eu une bulle sur l’immobilier, une autre sur le pétrole, qui ont crevé
lorsque les prix du marché ont cessé d’augmenter régulièrement. Voilà comment l’appétissante
finance mondiale fait supporter à l’ensemble de la société un taux de risque anormal ».
La mondialisation des capitaux s’amplifie et prend le pas sur le développement économique réel et
sur la mobilité des hommes. L’hyper rentabilité financière s’impose dans les décisions stratégiques des
entreprises. C’est le passage d’un capitalisme de manager à un capitalisme financier. Tout bascule
dans les années 80 avec la montée en puissance du pouvoir des actionnaires. Un véritable nettoyage
des entreprises les moins rentables provoque d’importantes restructurations dans les secteurs de
l’exploitation minière, de l’acier, du verre, du textile et de la construction navale. C’est la principale
cause de la déstabilisation du système monétaire international et de la destruction de l’appareil
productif et de l’emploi.
Une économie d’endettement
La crise économique révèle les effets d’une économie d’endettement généralisé, l’Etat, les
collectivités
locales,
les
entreprises et les particuliers
s’endettent au-delà de leurs
possibilités de remboursement.
La Dette de la France, le 19
février 2009 à 17h30 était de
1.277.739.261.124 euros elle
augmente de 2500 euros à la
seconde !
Les entreprises s’endettent
pour
pouvoir
verser
aux
actionnaires des dividendes à
un niveau que leurs profits ne
permettent
pas.
Comment
résister à 15% de marge à court
terme alors que l’économie
réelle elle ne dépasse guère
une croissance annuelle de 3% ? Depuis, le secteur financier a connu une croissance trois fois plus
rapide que celle du secteur de production. Tandis que le PIB au niveau mondial connaissait une
croissance de cinq pour cent, le secteur financier lui augmentait de quinze pour cent. Mais cette
économie financière en réalité vit du secteur de production. Tôt ou tard, ce système devait
s’effondrer et c’est ce qui se passe en ce moment.
La forte rémunération du travail qui soutenait la demande a laissé la place au crédit comme moteur
de la croissance. Dans un système où le capital rapporte plus que le travail, le but essentiel de
l’entreprise n’est plus alors de produire de la richesse permettant elle-même de produire de la
protection sociale mais avant tout d’être toujours plus rentable.
Emballement de la spéculation
Une nouvelle demande, dans l’immobilier ou une innovation technologique suscitent l’engouement
d’agents économiques bien informés qui investissent dans un secteur porteur avant d’entraîner une
masse de spéculateurs appâtés par la montée des prix et des actions. Cette phase d’emballement se
retourne brutalement lorsque les rendements obtenus ne sont pas ceux espérés, c’est la crise de
confiance, tous les agents cherchent alors à se débarrasser de leurs actifs d’un seul coup et c’est
l’inéluctable krach.
Dès le début des années 80, on observe une augmentation de la fréquence des crises : krach du
marché d’actions d’octobre 1987, crise monétaire et financière en Asie en 1997, éclatement de la
bulle Internet en 2000, scandale des « subprimes » entre 2007 et 2008 aux Etats-Unis. Les Etats-Unis
ont développé face à la crise une politique leur permettant de maintenir artificiellement une
consommation élevée. Sous le président Reagan, on a réduit de manière considérable les impôts des
riches qui se retrouvaient ainsi avec plus d’argent à dépenser.
Plus tard, on a également poussé les pauvres à consommer en facilitant les emprunts. Dès 2000, les
gens ont pu contracter un emprunt hypothécaire sans devoir fournir le moindre justificatif quant à
leurs revenus, c’est ainsi que six millions de personnes non solvables ont acheté une maison. Fin 2006,
de plus en plus d’emprunteurs américains ne peuvent plus rembourser leurs « subprimes », trois
millions se retrouvent aujourd’hui sans maison.
Il s’agissait-là d’une immense bulle financière engendrée par une politique laxiste du crédit. Ce sont
des crédits à haut risque de non remboursement (taux élevé et garantie hypothécaire sur le
logement). La crise des « subprimes » dégénère à l’été 2007 en crise de confiance généralisée envers
le système de créances au niveau mondial (via les systèmes financiers sophistiqués appelés «
titrisation » de transfert des risques). A l’automne 2008, une deuxième crise oblige les banques
centrales à injecter massivement des liquidités dans le marché interbancaire. La crise de liquidité se
transforme en crise de solvabilité globale des banques dont la faillite du géant Lehman Brothers miseptembre en est le symbole.
L’affaire Madoff laisse aussi supposer que la corruption a atteint la « haute finance » et que les
organismes chargés de veiller à la régularité des opérations de bourse ont fait, par laxisme, la preuve
de leur inefficacité.
La crise actuelle
2008. La crise actuelle débute le 15 septembre 2008 par la faillite de la banque Lehman Brothers qui
avait traversé la crise de 1929, mais n'a pas résisté à la crise des « subprimes ». Le cours de Bourse de
Lehman Brothers était à 85,80 dollars le 4 février 2007, le 15 septembre 2008, avant cessation
définitive de la cotation, l'action ne valait plus que 13 cents. Depuis le « lundi noir », 15 septembre
2008, les bourses, les banques et le système financier international ont été très violemment ébranlé.
La crise de 2008 n’est pas comparable à celle de 1929, mais plutôt à la crise de 1873 qui a les
mêmes caractéristiques.
1873
La bourse s’effondre sous le poids de la
spéculation et des emprunts hypothécaires,
provoquant la faillite de grandes banques.
Les banques manquent de liquidités et ne se font
plus confiance, rendant les prêts interbancaires
extrêmement coûteux.
Cette «Grande dépression» se propage dans toute
l'économie.
Début d’une période de récession qui durera 23
ans !
2008
La bourse s’effondre sous le poids de la
spéculation et des emprunts hypothécaires,
provoquant la faillite de grandes banques.
Les banques manquent de liquidités et ne se font
plus confiance, rendant les prêts interbancaires
extrêmement coûteux.
Cette «Grande dépression» se propage dans toute
l'économie.
Début d’une période de récession qui durera …
un certain temps ...
Plus rien ne sera comme avant, le monde est passé à un doigt de la crise systémique, le danger
d’effondrement général n’a pas disparu.
"Les pays industrialisés doivent absolument comprendre que nous avons vécu au-dessus de nos moyens.
Nous avons fait un emprunt sur l’avenir sans en avoir produit la contre-valeur dans l’économie réelle,
et à la longue, cela aura de graves conséquences." Angela Merkel, Chancelière d’Allemagne 8 janvier
2009 à Paris.
Conclusion
Derrière cette crise financière spectaculaire se cache une crise économique prête à présent à se
développer complètement. L'économie mondiale a été « dopée », depuis les années 80 par la
consommation artificielle, le crédit et la spéculation.
Aujourd’hui ces stimulants sont épuisés, c’est donc un modèle de croissance qui s’essouffle.
La crise actuelle marque les limites d’une économie de l’endettement et probablement la fin d’un
cycle d’excès, elle semble s'ouvrir sur un possible retour aux sources de l’économie et le début d’un
nouveau cycle pouvant renouer avec les valeurs industrieuses et éthiques de l’entreprise.
La sortie de crise implique des changements radicaux, « une gouvernance mondiale de l’économie »,
en quelque sorte un nouveau "Bretton Woods", incluant dans un système multilatéral tous les pays
émergents, notamment la Chine, l’Inde et le Brésil.
Pour l’Amérique, un plan d'une ampleur très supérieure au New Deal de Roosevelt, pour l'Europe, une
construction politique lui permettra de se doter de l’indispensable capacité de gouvernance
économique, l’euro ayant permis, dans un premier temps, d’éviter le pire.
Claude Mauriange 19 février 2009
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