REMERCIEMENTS Je dédie cette thèse à mes chers parents qui tiennent une place immense dans mon cœur. Papa, tu es une vrai école de la vie, je ne cesse d’apprendre tous les jours avec toi. Maman, une femme aussi adorable que toi je n’en connais pas, tu as toujours été là pour moi, et à aucun moment tu n’as cessé de me couvrir de ta tendresse. A une personne unique au monde, Hanane ma sœur, ma psychologue et ma confidente. Mon amour pour toi est sans limite. C’est grâce à vous que je suis ce que je suis maintenant. Je ne pourrais vous remerciez assez…que Dieu vous protège. A Yasmina , ma deuxième sœur, tu m’as toujours soutenue… je remercie Dieu de t’avoir connue. A tous mes collègues du groupe D, Houssam, Houda, Kawtar Saada, Kawtar Alaoui, Siham, Jamal, grâce auxquels mon externat fut agréable. A tous les membres de ma famille, mes tantes, mes oncles, leurs époux et épouses, à mes cousines et cousins. A mon cher oncle Mustapha qui n’a jamais cessé de m’encourager. A mon oncle Gourja pour son aide et conseils si précieux. A Camélia, Sara, Arabella, Marco, Barry, Philippe, Soraya qui ont toute mon amitié. A tout ceux qui m’ont appris la médecine, particulièrement les enseignants du CHU de Fès a qui j’adresse mes remerciements les plus chaleureux, à ceux de Paris et de Rennes qui ont consolidé mes acquis, au Docteur De Gennes, le grand interniste et clinicien à la Pitié-Salpétrière que tous considèrent dans cet établissement comme une véritable encyclopédie médicale. A l’ensemble du personnel administratif de la faculté de médecine de Fès qui nous a généreusement assisté durant toutes nos années scolaires. A Monsieur le Professeur Farih My Hassan qui m’a fait l’honneur de présider cette thèse. A Monsieur le Professeur El FASSI Mohamed-Jamal pour ses qualités humaines, ses grandes compétences, sa disponibilité, sa gentillesse et son attention. A Monsieur le Professeur KANJAA Nabil qui a bien voulu accepter de faire partie du jury. TABLE DES MATIERES.I. Introduction………………………………………………………....…1. II. Historique et évolution des idées……………………………....…4. III. Rappel histologique…………………………………………..…..….5. IV. Données épidémiologiques………………………………………....7. V. Etiopathogenie…………………………………………………..….….9. VI. Anatomopathologie…………………………………………...……..20 VII. Diagnostic : • Diagnostic positif : Clinique……………………………...…..23. Endoscopie………………………..….28. Biologie…………………….……….….32. • Critères diagnostiques……………………………...….…..…38. • Histoire naturelle……………………………………….....……44. • Formes cliniques : homme…………………………..…..……46. Enfant……………………….…….……47. • Diagnostic différentiel…………………………………..…..…49. VIII. Traitements……………………………………………………....……52. IX. Conclusion……………………………………………………....……102 ABREVIATIONS : AG : Anesthésie Générale. AMM : autorisation de mise sur le marché. APF : Antiproliferative Factor. ATB : Antibiotique. CI : Cystite Interstitielle. CPP : chronical pelvic pain. DMSO : Diméthyl Suloxide. FDA : Food and Drug Administration. GABA : Acide Gamma Amino Butirique. HB-EGF : Heparin Binding Epidermal Growth Factor. ICDB : Interstitiel Cystitis Data Base. GAG : Glycoaminoglycane. MSM: Sulfonylmethane. MTS: Miniaturo Test Stimulation. NIH : National Institute of Health. NO: Nitric Oxide. PNN: Polynucléaire Neutrophile. NIDDK: National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney. PSP: Pensotan Polysulfate sodique. PTNS : Stimulation Percutanée du Nerf Tibial RSD: Reflex Sympathetic Dystrophic. TENS : Electrostimulation Sacrée Transcutanée. VIP : Vaso Interstinal Peptide. INTRODUCTION 1 I.INTRODUCTION. La cystite interstitielle est une cystopathie benigne, multifactorielle et invalidante touchant essentiellement les femmes. En raison de sa fréquence et de l’intérêt né de son côté énigmatique, elle occupe une place privilégiée parmi les cystopathies chroniques. Sa pathogénie est, jusqu’à présent, obscure car plusieurs étiopathogenies ont été décrites sans qu’aucune ne soit prouvée. Les deux hypothèses étiopathogéniques principales sont : La théorie de l'épithélium perméable et la théorie des mastocytes. Aucun élément clinique ni paraclinique ne permet de poser le diagnostic de la cystite interstitielle qui reste plutôt un diagnostic d’élimination basé surplusieurs critères. En effet, il repose sur : Ø La clinique : Pollakiurie diurne et nocturne et surtout douloureuse motivant d’innombrables consultations aboutissant certain désespoir du médecin et du malade; Ø L’endoscopie après avoir éliminé d’autres pathologies; Ø La cystoscopie et la cystomanométrie qui doivent être réalisées selon des protocoles rigoureux.Plusieurs méthodes thérapeutiques ont été décrites, mais aucun traitement n’est efficace à 100%. Actuellement les méthodes les plus pratiquées sont des traitements conservateurs tels que l'hydrodistension vésicale, les instillations vésicales et des traitements systémiques. Le traitement chirurgical est préconisé en cas d’échec thérapeutique ou en cas de sévérité des troubles. 2 A travers une revue de la littérature, nous ferons le point sur les connaissances actuelles concernant l’épidemiologie, le diagnostic et le traitement de la cystite interstitielle tout en rappelant, avec insistance, que cette pathologie ne doit rester ni méconnue ni même sous-estimée. 3 II.HISTORIQUE ET EVOLUTION DES IDEES : Diffréntes étapes à travers le temps ont permis la définition de la cystite interstitielle en tant qu’entité nosologique. Car de nombreuses affections auxquelles on donne le nom de cystites amicrobiennes, cystites à liquide clair ou de syndrome urétral ne correspondent à aucune entité anatomo-physiopathologique et sont en réalité des cystites interstitielles.En réalité, avant que le monde médical ne reconnaisse la cystite interstitielle comme une véritable maladie, elle était considérée comme une manifestation hystérique. Une des explications spectaculaires par Bowers et al. (5) veut que la cystite interstitielle soit une maladie psychosomatique masochiste. Pour Campbell (23), la CI serait une maladie qui représenterait le stade terminal d'une vessie rendue irritable par des troubles émotionnels, un moyen de chasser des haines inconscientes. Une étude américaine (22) récente a montré que les premières descriptions de la CI étaient, en fait, réalisées par Philip Syng Physick (22) qui avait décrit, en 1808, un état inflammatoire de la vessie produisant les mêmes symptômes du bas appareil urinaire que la lithiase vésicale. En 1836, ce concept fut plus élargi, en incluant une pollakiurie chronique, une impériosité mictionnelle et un syndrome douloureux qui apparaissent en l’absence d’autres étiologies.Pour d’autres auteurs (1), la CI serait initialement décrite par Skene, en 1878, chez des femmes présentant une inflammation intramurale, interstitielle de la paroi vésicale; et en 1907, Nitze lui attribua le terme de cystitis parenchymatosa. C’est Guy Hunner (50), un gynécologue américain, qui a décrit, d’une façonapprofondie, en 1915, puis en 1918, la forme ulcéreuse de la CI chez des femmes présentant des douleurs vésicales associées à des urgences mictionnelles. Cette description a popularisé la cystite interstitielle. 4 En 1978, Mesing et Stamey (51) ont affirmé qu’il éxiste des formes non ulcéreuses de la CI et que les glomérulations vésicales sont indispensables au diagnostic. Et c’est dans les années 80, qu’a été créée, aux USA, une association de malades, Interstitial Cystitis Association (ICA), visant à populariser et à vulgariser auprès du grand public et dans le milieu médical la cystite interstitielle. En 1987-1988, la conférence de consensus des Instituts Nationaux de Santé américains (52) a établi les critères diagnostiques de la CI (cf. chapitre diagnostic) permettant une homogénéisation des populations étudiées. C’est seulement au cours de ces trois dernières décennies que les connaissances cliniques, physiopathologiques et thérapeutiques de cette maladie ont progressé donnant à la cystite interstitielle un cadre pathogénique plus précis. III.RAPPEL HISTOLOGIQUE : La vessie est étanche et élastique. L’étanchéité est assurée par l’épithélium via deux moyens : la membrane luminale et les jonctions inter cellulaires (zonulae occludentes). La membrane luminale recouvre les cellules en ombrelle; elle est faite de plaques séparées par des interplaques et composée de glycosaminoglycanes (GAG) qui sont constitués de mucopolysaccharides hydrophiles attachés à un noyau protéique (héparine, acide hyaluronique, kératansulfate). Elle est intiment liée aux cellules sous-jacentes et est peut être secrétée par elles. Ce revêvetement muqueux de surface (GAG) constitue, selon Parsons (11) une couche défensive primaire qui tapisse la surface de l’urothélium vésical protégeant la vessie des bactéries et des autres constituants dangereux. 5 L’augmentation de la capacité vésicale se fait aux dépens des faces latérales et du dôme vésical. Le trigone se modifie un peu. Les fibres musculaires se laissent distendre. La sous -muqueuse qui est composée d’un tissu conjonctivo-élastique se laisse distendre aussi. Elle contient un réseau de vaisseaux sanguins qui se terminent en un fin réseau de capillaires situés dans des sillions à la base de l’urothélium. L’épithélium vésical est pseudo stratifié : lorsque la vessie se vide, il se ramasse en micro villosités et est alors composé d’une coupe anatomique de cinq ou six couches cellulaires. Il s’étale lors de la distension et l’on ne retrouve alors qu’une ou deux couches de cellules. Schéma : Epithélium transitionnel d’une vessie normale. 6 IV.DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES : Prévalence.La cystite interstitielle est une maladie rare et dont l’incidence est difficile à apprécier, car son diagnostic est sous-estimé. Pour Curhun et al. (7), la prévalence aux Etats-Unis est de 60 à 70 pour 100.000 femmes et le taux d’incidence annuel est de 2,6 cas pour 100.000 femmes. Parsons (33) estime que l’incidence annuelle des formes sévères est de 30 à 40 pour 100.000 femmes. La prévalence en Europe est de 18 cas pour 100.000 femmes et de seulement 3 à 4 cas pour 100.000 femmes au Japon. Bade et al. (5) rapportent une prévalence atteignant 16 pour 100.000 habitants aux Pays Bas. Selon Lechevallier (2), elle est fréquente dans les pays anglo-saxons et les pays du nord de l’Europe et très rare dans les pays en voie de développement. Au Maroc, il n’y a pas de statistiques permettant de faire une évaluation. L’incidence est, en tout cas, en augmentation du fait de la sensibilisation actuelle des patients et des praticiens.Il est, cependant, difficile de savoir si cette situation est due aux vraies différences de régions et de races ou au manque de moyens diagnostiques ou encore à la distinction de certaines sous-populations dans les pays industriels développés. Sexe.La prédominance féminine est très nette : 90% des sujets atteints sont des femmes. Cause ou conséquence, le pourcentage de suicide relevé dans cette population générale est multiplié par 4. L’importance du ménage, le statut familial et éducatif, le nombre de partenaires sexuels masculins et la parité ne semblent pas 7 être différents, statistiquement parlant, chez les femmes ayant une CI et les femmes en bonne santé. Malgré le sex-ratio de 10F/1H, cette affection ne doit pas être négligée chez l’homme sachant qu’elle peut y prendre l’aspect d’une prostatite chronique ou d’une petite vessie. D’ailleurs, on n’est pas sûr que le nombre de cas masculins est bien estimé. Age.L’âge moyen signalé des patients est 45 ans ; l’âge de début des signes est bien plus jeune; il est de 40 ans. Toutefois, selon Close et al. (7) les signes de la cystite interstitielle peuvent bien se manifester dans l’enfance. Race.Selon, Rovner (7), 94% de patientes atteintes de CI sont de race blanche. On a signalé, aussi, que la majorité des femmes ayant une CI sont d’origine caucasienne. Pour certains auteurs, la CI paraît rare chez la population noire américaine et, au contraire, 4 fois plus fréquente parmi les juifs d’après Lechevallier. ATCD familiaux.Le facteur familial a été peu étudié. Seule une étude récente de l'université du Maryland (7) indique une apparition plus élevée de la cystite interstitielle chez les jumeaux monozygotes que chez les jumeaux dizygotes, suggérant que la maladie ait au moins une prédisposition génétique partielle. Associations pathologiques.Quelques maladies chroniques peuvent exister avec la cystite interstitielle tels que le lupus érythémateux systémique, la sclérodermie, le syndrome de l'intestin irritable, la fibromyalgie et l'allergie. Quelques patients ont eu 8 des ATCD chirurgicaux gynécologiques (hystérectomie) et signalent 10 à 12 fois plus de troubles vésicaux à l’enfance. Un certain terrain psychologique particulier est souvent retrouvé. Il ne semble y avoir aucune association avec les infections urinaires ni avec l’intoxication tabagique puisque 80% des patients sont non-fumeurs. Pour Parsons (54), il semble exister une corrélation négative avec le diabète sucré. V.ETIOPATHOGENIE.Pour introduire l’étiopathogénie et démontrer, dès le départ, l’état obscure de cette pathologie nous citerons un passage de l’article de Hanash et Pool en 1969: "The cause is unknown, the diagnosis is difficult and the treatment is temporary and palliative". Ceci est toujours vrai … La pathogénie de la CI n’est pas encore bien établie; elle paraît être multifactorielle faisant intervenir le système immunitaire, le stress, le système nerveux autonome, des agents infectieux ou toxiques spécifiques, … Tout récemment, un consensus s’est dégagé pour reconnaître que la CI est une atteinte de la vessie pouvant résulter de processus variés. De ce fait, les auteurs anglo-saxons parlent plus de syndrome que de maladie.Différentes théories pathogéniques ont été proposées, mais aucune n’a fait la preuve de sa réalité. Et chaque nouvelle théorie a conduit à un nouveau traitement. Actuellement deux 9 concepts pathogéniques sont probables : La théorie de « l’épithélium perméable » et la théorie des mastocytes. •Hypothèse de « l’épithélium perméable ».Appelée aussi la théorie mécanique ou théorie du “leak-epithelium”. C’est probablement la théorie la plus étayée parmi toutes les théories décrites. En fait, dans la CI, l’épithélium vésical (cf. rappel histologique) aurait une perméabilité anormale à des substances toxiques contenues dans les urines (eau,ions Na ou K, protéines) responsable d’une réaction inflammatoire sous muqueuse et musculeuse ou d’une réaction neurologique (par dépolarisation des terminaisons nerveuses par le potassium). Ce qui explique la symptomatologie clinique (douleur, pollakiurie) et les lésions histologiques (inflammation, fibrose). Le rôle des GAG dans la CI peut être abordé de différentes manières : soit, au plan fonctionnel, en recherchant des modifications de la perméabilité de la paroi vésicale, soit au plan biochimique et ultra structurel en cherchant à mettre en évidence des modifications dans l’architecture de la paroi vésicale, soit, enfin, de manière empirique en observant les effets d’un traitement par GAG de synthèse. Cette théorie a été proposée pour la première fois par Parsons pour qui il y aurait une réaction inflammatoire chronique caractéristique suite à la pénétration à travers l’urothélium d’agents toxiques urinaires. Toutefois, les résultats obtenus par différentes études sont contradictoires. Parsons a montré chez le lapin que l’instillation endovésicale de sulfate de protamine, qui est un destructeur de GAG, était suivie d’une augmentation de la perméabilité vésicale à l’urine. Les phénomènes constatés étaient réversibles après l’administration d’un GAG synthétique, comme le pentosanpolysulfate ou PSP (cf. chapitre traitement). Ces résultats ont été confirmés en clinique par la même équipe qui a trouvé que l’absorption de l’urée par la vessie était significativement augmentée chez les 10 patientes atteintes de CI. A l’inverse, d’autres études n’ont pas trouvé de différence de perméabilité entre des vessies normales et des vessies avec CI. En effet, Holm Bentzen (57) qui a étudié sur 115 patientes, n’a trouvé aucune différence significative entre le groupe traité et le groupe placebo. En outre, Dixon (47) qui a étudié le GAG au microscope électronique, n’a noté aucune différence entre les patientes présentant une CI et le groupe témoin. De plus, des modifications de la perméabilité de la paroi vésicale identique à celles décrites dans la CI ont été retrouvées dans les cystites bactériennes ou toxiques. Le débat sur la perméabilité vésicale a été relancé récemment par Parsons qui vient de publier, comme support à sa théorie, une étude sur la perméabilité de la paroi vésicale au potassium. En effet, l’instillation endovésicale de potassium a entraînédes douleurs vésicales et des impériosités mictionnelles chez 70 % des patientes avec CI. L’anomalie serait donc bien due à une anomalie des GAG du revêtement de l’épithélium vésical. Mais, on ne peut dire si cette anomalie est une cause ou une conséquence de la cystite interstitielle. •Hypothèse de la cellule mastocytaire.Les mastocytes sont des cellules ubiquitaires du tissu conjonctif et des sous muqueuses. Ils ont un rôle dans l’hypersensibilité et l’inflammation. Leur action sur les fibres musculaires lisses, l’épithélium vasculaire et dans l’inflammation est due à la libération des produits de leurs granules de sécrétion tels que l’histamine, la prostaglandine, le leucotriène et certaines enzymes. Selon certains auteurs (1), ce sont ces granulations, notamment l’histamine qui pourraient expliquer les manifestations cliniques et histologiques de la CI. Cependent, les stimuli de la dégranulation des mastocytes ne sont pas connus. Il pourrait s’agir de substances toxiques urinaires, de neurotransmetteurs 11 du système nerveux autonome, d’allergènes, d’immunoglobulines (récepteurs aux IgE), de facteurs mécaniques ou de cytokines. L’intérêt de l’étude de la cellule mastocytaire est double : diagnostique pour authentifier la maladie par sa présence en abondance ; et pathogénique vu qu’elle sécrète de nombreux médiateurs pharmacologiquement actifs. Simmons (55) a été le premier à suggérer un rôle possible joué par les mastocytes dans la survenue de la CI. Depuis, d’autres études ont également soutenu cette hypothèse. Les arguments qui plaident en sa faveur sont la forte densité de mastocytes dans la paroi vésicale des patientes présentant une CI bien qu’il n’existe aucun critère histologique spécifique de cette pathologie, l’augmentation de l’histaminurie chez les patientes atteintes de CI notamment après hydrodistension et enfin, l’association à la CI d’allergies multiples dans près de 50% des cas. En outre, il a été proposé qu’une densité de mastocytes dans le détrusor dépassant 28 cellules par millimètre soit un argument important pour établir le diagnostic de CI (56) . Cependant, il a été rapporté que seuls 30% des patientes atteintes de CI répondaient à ce critère (57). De plus, l’augmentation de la densité des mastocytes vésicaux a été retrouvée dans certaines pathologies tumorales. Une étude (59) récente a insisté sur l’aspect fonctionnel des mastocytes plus que sur leur nombre. En effet, on a trouvé un taux de mastocytes actifs inférieur à 20%, contre près de 80% dans la CI. Une autre étude (58) avait trouvé, précédemment, que près de 50% des mastocytes présents dans la CI étaient granulés. Actuellement, les voies de recherche sur la pathogénie de la CI s’orientent vers le dosage urinaire des produits de dégranulation des mastocytes (PgE2, histamine et métabolites.). El-Mansoury (62) a étudié la variation du taux d’histamine dans les 12 urines des patientes souffrant de CI. Dans son étude menée sur 37 patients avec CI, il met en évidence une augmentation significative du méthyl-histamine dans les urines et souligne l'intérêt potentiel de ce dosage comme outil diagnostique de la CI. Cependant, la même étude ayant été déjà réalisée par Yun (12) a établi la conclusion inverse. Toutefois, dans cette série, les malades avaient déjà été traitées, et la population était plus restreinte. Et quoiqu’il en soit, les rares tentatives de traitement par administration d’antihistaminiques, que ce soit par voie orale ou en instillation endovésicale, ont été des échecs. Cette théorie des mastocytes n’est probablement pas univoque et l’absence de mastocytose vésicale ne doit pas faire exclure le diagnostic de CI. Autres hypothèses étiopathogeniques : Hypothèse infectieuse.Il s’agit d’une des hypothèses les plus anciennes. Wilkins (60) a mis en évidence la présence de Gardnella vaginalis et de lactobacillus dans des cultures de biopsies vésicales provenant de patientes atteintes de CI. Son hypothèse était que ces infections bactériennes chroniques étaient responsables d’une altération de la couche des GAG et entraînaient une vulnérabilité à d’autres micro- organismes ordinaires non pathogènes. Dans le même sens, Maskell (6) a réalisé des cultures d’urines chez 20 malades avec CI. Il a démontré la présence de bactéries saprophytes spécialement gardnella vaginalis et suggèré que le syndrome urétral et la CI seraient des stades différents d’un même processus pathologique. Tait (47), a étudié l’urine obtenue par cathéter sus-pubien à la recherche de bactéries (y compris Mycoplasma, Chlamydiae trachomatis et germes anaérobies). Il a montré la présence de germes tels que le Lactobacillus et l’uréaplasma uréalyticum chez 4 patientes atteintes de CI sur 31.De plus, Domingue (12) a montré qu’il existait 100 % d'infection dans un groupe de 14 patientes supposées atteintes de CI, 13 alors que dans le groupe placebo, 1 seule patiente sur 15 s'avère positive. Cette étude démontre, pour la première fois, la présence d'un germe de type Gram négatif (type Mycoplasme) chez toutes les patientes avec CI selon les critères diagnostiques NIDDK. Par ailleurs, Keay (12) a procédé, de façon prospective, à l'étude de tous les micro-organismes présents dans les urines et la paroi de la vessie chez des patientes atteintes. Il a isolé comme micro-organismes : Klebsiella, Pneumoniae, Lactobacillus, Streptocoque, Cytomegalovirus... alors que dans le groupe placebo la même recherche était toujours négative. Cette étude confirme l'hypothèse d'une prévalence plus importante de micro-organismes, mais n'apporte pas la preuve que la CI est liée à un seul micro-organisme. Plus récemment, Fall et al. (61) ont cherché à mettre en évidence les virus du groupe hérpès. Aucune différence entre les patientes atteintes de CI et une population témoin n’a été détectée. L’étiologie virale de la CI parait donc improbable; mais, il faut noter qu’aucune étude n’a été publiée portant sur les provirus, les rétrovirus ou les virus à développement lent. Ceci est loin d être établi, d’autant que la réponse décevante de la CI aux antibiotiques même en traitement continu ne confirme pas cette hypothèse. Hypothèse des toxines urinaires.L’existence d’une toxine urinaire qui serait impliquée dans l’étiopathogénie de la CI a été proposée par de nombreux auteurs. Pour Lechevallier(1) par exemple, il pourrait exister dans les urines vésicales des produits toxiques exogènes ou endogènes, responsables de l’altération de la perméabilité urothéliale ou de l’activation de la réponse inflammatoire par l’intermédiaire de certains facteurs comme les facteurs chimiotactiques des PNN. D’autres auteurs (63), ont analysé les effets de l’urine sur des cultures de cellules urothéliales. Le taux de mort cellulaire était apparu significativement élevé chez les patientes atteintes de CI. Les résultats 14 de cette étude semblaient démontrer l’étiologie toxique de la CI, d’autant que les auteurs avaient isolé une substance de poids moléculaire 3 500 D uniquement présente dans les urines de CI. Cependant, une étude récente comparant également la toxicité cellulaire in vitro de l’urine de 10 sujets atteints de CI n’a pas confirmé ces résultats (64). En outre, une étude danoise réalisée par Beier-Holgersen (12) s'est portée sur des lignées de cellules urothéliales et leucémiques avec des concentrations croissantes d'urine de CI. Elle conclue qu’il n'existe pas de différence avec le groupe placebo et que la cytotoxicité urinaire ne peut être retenue comme seule cause de CI. Par ailleurs, certains médicaments ont été également impliqués dans la pathogénie des CI, mais ces hypothèses ont toujours été infirmées par des études donnant des résultats contraires. Il a été avancé par exemple que la nitrofurantoine pouvait être à l’origine de CI (65). Cette théorie était supportée par la seule constatation que de nombreuses patientes présentant une CI avaient été traitées auparavant par cet antiseptique urinaire pour cystite bactérienne présumée alors qu’il s’agissait probablement des premières manifestations de la maladie. Cette hypothèse a été infirmée par la suite par Ruggieri (66) qui a démontré que la furantoine, même administrée à des doses élevées et de façons prolongées, n’avait aucun effet sur la paroi vésicale du ou l’excrétion urinaire des GAG. Hypothèse neurogénique.1. Par modification de la répartition des terminaisons nerveuses dans la paroi vésicale : Cette hypothèse est étudiée depuis peu. On a rapporté récemment une prolifération des terminaisons nerveuses dans la paroi de la vessie chez des patientes atteintes de CI. Ceci a été confirmé par Hohenfelner et al. (8). Mais cette dernière étude a démontré qu’en plus des modifications quantitatives de l’architecture nerveuse de ces vessies, il existait une modification qualitative. En 15 effet, pour les CI et les témoins il existe une augmentation significative du nombre de neurones sensibles au VIP ou au neuropeptide Y, qui participent tous deux à la neurotransmission non adrénergique, non cholinergique. Cette modification de la répartition des fibres dans la paroi vésicale des CI pourrait contribuer à la survenue des manifestations inflammatoires, de la douleur, ainsi qu’à l’augmentation du nombre de cellules mastocytaires. Ainsi, la plupart des modifications classiquement décrites dans la CI -augmentation des mastocytes et de l’histamine, exacerbation des sensations nociceptives vésicales- pourraient être expliquées par les modifications de l’innervation de la paroi vésicale. Cependant, ces modifications ne sont pas spécifiques de la CI car elles ont été également constatées dans d’autres pathologies à médiation immunitaire telle que la polyarthrite rhumatoïde. 2. Par dystrophie sympathique réflexe.Cette théorie se base sur le fait que la douleur chronique est due fondamentalement à une activité sympathique anormale (dégranulation sympathique). Celle-ci aurait deux conséquences : une hypersensibilité des récepteurs sensitifs périphériques et une hypertonie vasomotrice sympathique ce qui réduit le flux sanguin, provoquant ainsi une douleur ischémique et des phénomènes trophiques comme la faiblesse de la paroi musculaire, la fragilité capillaire, la diminution des mécanismes de défense contre les infections, etc…. Les travaux de Christmas et al. et d’Hohenfellner et al. (6) ont apporté des arguments en faveur de cette hypothèse. Certains auteurs (67) ont émis l’hypothèse que la CI soit une forme particulière à expression vésicale exclusive de la dystrophie sympathique réflexe (RSD). Cette pathologie rare et de description récente touche principalement les femmes de 40 à 60 ans et se traduit par un syndrome douloureux des membres inférieurs. Aucune anomalie sensorielle simple ne peut être utilisée comme critère pour le diagnostic du RSD et donc aucune épreuve objective à ce point n’est utile pour confirmer le diagnostic de la CI. Le RSD a été traité par de nombreux 16 médicaments mais sans succès. Le rapport entre CI et RSD pourrait être évalué davantage et étant donné qu’on est entrain de développer des épreuves de diagnostiques afin de distinguer des patients avec RSD. Hypothèse auto-immune.La théorie "auto-immunitaire" repose sur l'évolution par poussées successives de la CI, l'inflammation chronique et la présence d'auto-anticorps, ainsi que l'association rare mais possible à d'authentiques pathologies auto-immunes tels que le lupus érythémateux disséminé, la polyarthrite rhumatoïde et les thyroïdites. Différentes études (8) ont rapporté l’existence d’anticorps chez les patientes atteintes de CI. Cependant, seule l’une d’entre elles a permis d’identifier les anticorps qui étaient dirigés contre les filaments intermédiaires du cytosol cellulaire. Les auteurs concluent que les anticorps détectés seraient plutôt le reflet d’une réponse immunitaire secondaire à une inflammation chronique de la vessie par un agent qui, lui, demeure indéterminé. De ce fait, ces anticorps contribueraient à la pérennisation des symptômes. Cette théorie auto-immune a été renforcée lorsque Récemment, Ochs et al. (12) ont identifié des anticorps sériques de 96 patientes atteintes de CI. Ils ont montré que 36% de ces patientes ont un marquage à la dilution de 1/40e contre seulement 8 % des sérums contrôlés; ce qui paraît être ssignificatif. Chez tous les patients, on retrouve des anticorps de type IgG, associés à des IgM ou à des IgA. Cependant, le marquage n'est pas spécifique du tissu urothélial, la majorité des marquages concerne le noyau, sans spécificité et aucune protéine spécifique n'a pu être mise en évidence. Par ailleurs, deux études (8) ont trouvé l’expression d’un antigène HLA DR à la surface des cellules épithéliales de CI, alors qu il n’existe pas à l’état normal chez les sujets sains. Le rôle d’un antigène HLA DR dans le système immunitaire est de présenter l’antigène afin d’activer secondairement les lymphocytes. Cette hyper expression de l’antigène HLA DR facilite et amplifie le déroulement de la réaction 17 immunitaire. Toutefois, ceci a été trouvée aussi dans d’autres pathologies autoimmunes comme les thyroïdites, le psoriasis ou les rectocolites inflammatoires. Il en est de même dans certains états infectieux sévères. Certains auteurs (10) ont étudié les sous-groupes lymphocytaires (lymphocytes B et T, plasmocytes) des patients atteints de CI. Il semble exister une différence nette dans les proportions de ces sous groupes. Ils concluent à un mécanisme immunitaire, au moins partiel, dans la physiopathologie de la CI. Toutefois, les tentatives de traitement de la CI qui se sont basées sur la théorie immunitaire ont été très décevantes. Hypothèse psychosomatique.Certains auteurs ont insisté sur l’origine psychosomatique des troubles vésicaux quelle qu’en soit leur étiologie, le diagnostic de CI n’étant pas, en général, fait. On peut se demander d’ailleurs si de tels troubles vésicaux ne sont pas plutôt la cause que la conséquence des troubles psychologiques. Dans le cadre de la CI, cette hypothèse s’appuie sur le fait que beaucoup de patients ont un profil psychologique particulier. Pour certains auteurs, la CI semble résulter de la détresse psychosociale. Pour Wkfrewen (11), la CI serait due à un cercle vicieux de mauvaises habitudes mictionnelles. Un facteur externe (infection) serait responsable de mictions fréquentes qui seraient ensuite entretenues par la patiente, aboutissant à une perte de la capacité vésicale. Des études récentes basées sur des tests psychologiques avant et après traitement,sont, d’ailleurs, en faveur de cette hypothèse. Cependant, pour Schwartz (1), psychiatre du rapport du NIADDKD, la CI est un trouble physique ayant des conséquences psychologiques variables en fonction des individus. 18 Hypothèse de l’obstruction lymphatique ou vasculaire.Etant donné que les aspects pathologiques principaux de la CI concernent l'infiltration inflammatoire non spécifique, l’oedème et la vasodilatation de la sous muqueuse et des couches du détrusor. Des auteurs (11) ont supposé que les anomalies de l'obstruction lymphatique et vasculaire seraient à l’origine de la CI. Pourtant, les modèles expérimentaux sur l’animal n’ont pas pu justifier ces théories et les patients ayant eu des interventions chirurgicales visant à interrompre le support lymphatique ou vasculaire de la vessie n’ont pas connu de soulagement symptomatique. Hypothèse génétique.Bushman (12) a mené une étude présente des profils cytométriques chez des patientes considérées comme porteuses de CI. Parmi ces patientes, 29 % avaient un pic aneuploïde avec un index de DNA minimum à 1,2. Ce profil cytométrique n'a pas été retrouvé dans la population témoin. Par ailleurs, il existait un taux significatif de tétraploïdie, mais sans grande différence avec les contrôles. Cette étude n'est en réalité que descriptive, soulignant la possibilité d'anomalies du caryotype dans certains cas de CI, en l'absence de tout processus tumoral. (Toutes les cytologies sont négatives). Il est donc difficile d'en tirer des conclusions étiopathogéniques. Hypothèse des interactions complexes : Il est probable que la CI soit plus complexe que ce qui a été précédemment décrit. Certains auteurs parlent en fait, d’un désordre neuro-immuno-endocrine. En effet, Theoharides (5) a montré que l’activation des mastocytes à proximité des terminaisons nerveuses pourrait être sous l’influence de l’estradiol ainsi que de l’hormone sécrétante de la corticotrophine. Okragly et al. (5) ont trouvé des taux élevés de tryptase, du nerve growth facteur, de la neurotrophine3 et de la cellule gliale chez les patientes atteintes de CI. Ces études montrent que la pathogénie de la CI pourrait impliquer l’interaction entre le système nerveux périphérique, le 19 système immunitaire et entre les hormones secrétées par différents systèmesimmunitaires à des niveaux variables. En conclusion, de nombreuses hypothèses étiologiques ont été avancées pour expliquer la survenue des Cystites interstitielles. Toutes ne sont pas incompatibles. S’il est probable que la cellule mastocytaire ou que les protéines de surface jouent un rôle important, les défenseurs de la théorie immunitaire ou d’un mécanisme neurologique ont également quelques arguments valides. En fait, la difficulté majeure dans les tentatives de compréhension des mécanismes physiopathologiques de la CI est l’absence de critères diagnostics absolus. VI-ANATOMOPATHOLOGIE.Sur le plan histologique, on distingue la forme majeure et la forme mineure ou non ulcéreuse. Le nom de cystite interstitielle reste attaché à ces deux aspects de la maladie dont l’association est rare d’ailleurs : •Forme majeure.La forme majeure est de type inflammatoire. Elle concerne la femme âgée et elle est plus fréquente en Europe, spécialement dans les pays nordiques. Elle associe une pollakiurie douloureuse, une vessie de capacité réduite à des lésions endoscopiques caractéristiques et des images antomo-pathologiques typiques. Sur le plan histologique, il s’agit d’une pancystite dans tous les cas. L’ulcère de Hunner correspond à une abrasion totale de l’épithélium et de sa basale,qui est remplacé par un enduit fibrino-leucocytaire reposant directement sur un chorion très inflammatoire. Les biopsies des ulcères sont inutiles, car leur 20 interprétation est aspécifique. En cas d'ulcère, la muqueuse voisine doit être biopsiée. Le fond de l’urothélium est constitué par du tissu de granulation dont les cellules peuvent s’organiser en follicules lymphoïdes à centre clair. En dehors de cette lésion typique, partout ailleurs, l’épithélium est très aminci, réduit, le plus souvent à deux couches de cellules. Le chorion sous-jacent, est constamment remanié par un fibro-œdème qui l’épaissit de manière significative; il contient une abondante population inflammatoire comprenant inconstamment des îlots lymphoïdes et surtout un infiltrat en bande sous épithéliale comprenant des lymphocytes, histiocytes et éventuellement des polynucléaires easinophyles et surtout de nombreux plasmocytes. Des lésions de cystites kystiques peuvent être associées. La musculeuse est épaissie en raison de l’existence d’une hyperplasie désorganisée des faisceaux musculaires lisses qui sont séparés par des bandes de fibrose lâche, ne s’accompagnant que rarement d’une infiltration lymphoïde. Il n’y a jamais de plasmocytes à ce niveau. Les capillaires sont dilatés, hémorragiques. Il existe parfois des infiltrats inflammatoires péri nerveux. De plus, il existe une diminution des polysaccharides acides. Cette constatation se voit souvent dans les formes évoluées. Les lésions prédominent sur la couche interne avec, assez souvent, dans ces formes majeures, atteinte de la couche externe. Toutes ces modifications histologiques ne se voient que dans les formes déjà évoluées de la maladie, sur des biopsies profondes intéressant largement le détrusor ou sur des pièces opératoires correspondant au maximum à une cystectomie totale. •Forme mineure.La forme mineure elle, est de type neurogène et domine aux USA. Elle concerne la femme jeune, à capacité vésicale normale et ses lésions endoscopiques n’apparaissent qu’après distension vésicale. Cette forme reste d’une approche plus difficile d’autant que les lésions anatomo-pathologiques sont loin d’être caractéristiques. Les lésions sont moindres, 21 mais la paroi vésicale n’est jamais normale. Il n’y a pas d’ulcération mais une congestion vasculaire importante et des zones de fragilisation de l’urothélium avec vacuolisation apicale et décollement parcellaire. Le plus souvent l’épithélium est aminci, réduit à une ou deux couches, mais il peut aussi être normal de façon locale selon Holm-Bentzen. Ces îlots d’épithélium normal étant séparées par des zones où l'épithélium est aminci, rendent difficile le diagnostic différentiel. Le cytosquelette peut être altéré, chose montrée par immuno-histochimie avec marquage des filaments de kératine. En outre C. Lowell, Parsons et al. (13) ont démontré l’existence d’un dysfonctionnement urothélial. Parfois, la basale est mise à nue, mais elle est toujours préservée. Le chorion est siège d’une sclérose variable et d’un oedème qui pourrait être lié à l’acte biopsique. L’infiltrat inflammatoire dans le chorion est identique à celui des formes majeures, mais moins marqué. Il contient un nombre abondant de mastocytes (élément considéré comme spécifique de la maladie) ainsi que des polynucléaires éosinophiles et des plasmocytes. La musculeuse présente, au maximum, une fibrose moins dense que dans les formes majeures, inter-fasciculaire sans spécificité et quelques mastocytes épars. Il n’y a pas d’infiltrat péri-nerveux, mais peuvent exister des fissures linéaires. Cet aspect morphologique peut se rencontrer dans d’autres pathologies telles que la cystite chronique non spécifique ou au voisinage d’un carcinome urothélial in-situ. Les résultats de la cystoscopie sont parfois discutables dans les formes mineures où la paroi peut apparaître peu modifiée, voire normale contrairement aux formes majeures où ils sont plus spécifiques. Ces formes mineures posent un problème de diagnostic histologique, car les lésions observées sont peu spécifiques, subjectives et variables d’une biopsie à l’autre chez un même patient. De plus, dans ces formes mineures, la maladie peut réaliser un caractère focal et il ne faut pas hésiter à prendre les fragments biopsiques dans les sites différentiels. Le problème est compliqué par le fait que 22 l’histologie de la vessie normale se modifie avec l’âge avec constitution d’une fibrose à des degrés variables. Toutefois, les lésions observées dans les vessies normales sont toujours moindres que dans le cas des formes mineures des cystites interstitielles. On en conclut que l’apport de la biopsie n’est pas indispensable au diagnostic, car il n’existe à ce jour que des éléments en faveur de la cystite interstitielle sans aucun aspect pathognomonique évoquant cette pathologie. Cependant, le rôle essentiel de l’histologie est d’éliminer les autres pathologies surtout le cancer in situ mais aussi la tuberculose, le lupus, ou la cystite à éosinophile. VII-DIAGNOSTIC.v Diagnostic positif.La CI connaît un vrai problème de définition car il n’existe aucun consensus d’une définition précise de la CI. Le diagnostic de la cystite interstitielle repose sur un ensemble d’éléments issus de la clinique (syndrome irritatif et douloureux), des examens paracliniques (glomérulations/ulcère à l’endoscopie) ainsi que l’absence objective d’autres pathologies. Mais il reste généralement basé sur l’expérience et l’avis de chaque urologue de telle façon qu’un ensemble de signes cliniques et paracliniques seront suffisants pour affirmer le diagnostic pour telle équipe médicale et non pour telle autres. Dans son approche diagnostique, le clinicien doit replacer la CI dans le cadre du syndrome de «la vessie douloureuse». Il doit quantifier la gêne de manière précise d’après des questionnaires déjà publiés par Parson et al. (6) en 1993 ; et se baser plus particulièrement sur les signes endoscopiques. 23 Le diagnostic est le plus souvent retardé (13 mois en moyenne). Les patients s’adressent, en général, à plusieurs praticiens, de différentes spécialités. Les troubles urologiques ont été étiquetés de cystite chronique, maladie psychosomatique, prostatite chronique…, mais la sensibilisation médicale devrait tendre à réduire ces délais diagnostiques. Un retard diagnostique ou un mauvais diagnostic de cette maladie peuvent avoir des répercussions physiques, sexuelles, émotionnelles, dévastatrices entraînant même le suicide chez certains patients. En outre, le diagnostic de la CI est fréquemment porté avec excès; ce qui aboutit à des traitements prolongés et parfois inadaptés. § Clinique.La présentation clinique de la CI n’est souvent pas uniforme et la sévérité et la nature des symptômes sont variables. Le début de la symptomatologie est souvent d’apparition brutale. Le patient est capable, parfois, de préciser le début des symptômes, l’associant souvent à une infection spécifique de l’appareil urinaire, à une cathetérisation ou à une chirurgie pelvienne ou urologique. § Signes fonctionnels .Les signes cliniques sont essentiellement représentés par un syndrome irritatif et douloureux, fait de pollakiurie et de douleur. Pollakiurie C’est une pollakiurie à urines claires qui est de survenue plus ou moins brutale. Elle est diurne (> à 8) et nocturne (> à 2) allant de 16 jusqu’à 40 fois par jour. Elle est douloureuse et permanente et a la particularité d’être déjà ancienne. Elle peut entraîner une dyspareunie chez les femmes ou des troubles caractériels. La tenue d’un calendrier mictionnel permet de vérifier cette pollakiurie. Elle peut être parfois extrême, caractérisée par une miction tous les quarts d’heure le jour et toutes les heures la nuit. Ces mictions dictées non pas tant par un besoin 24 urgent d’uriner, mais par la nécessité de soulager une douleur vésicale pelvienne avec parfois des irradiations périnéales, accompagnées d’une sensation de spasme et de ténesmes vésicaux. Douleur.La douleur est liée à la distension vésicale, urétrale, abdominale, périnéale, vaginale ou scrotale. Elle peut être à type de gène, de pression ou de brûlures. C’est une douleur constante, variable, calmée par l’émission de petites quantités d’urine, mais pouvant réapparaître parfois rapidement en une dizaine de minutes ou, au contraire, être exacerbée par cette émission.Dans la CI à la différence des pathologies psychosomatiques, le besoin douloureux est aussi présent la nuit. Ces douleurs peuvent être augmentées ou diminuées par la position allongée et peuvent souvent se caractériser au mieux par le sentiment d’incontinence engendré par une vessie ressentie comme toujours pleine. Cependant, 17% des patients n’ont pas de douleur.Il serait intéressant de noter que Baskon et Tanagho (17), dans leur étude, avaient rapporté plusieurs cas où la cystectomie n’a pas pu supprimer la douleur chez des patients ayant une CI faisant penser qu’une fois la cause responsable de l’apparition de la CI est résolue, elle laisse comme séquelle un syndrome de douleur pelvienne chronique. Autres signes : Des impériosités mictionnelles plus ou moins algiques existent chez 97% des patientes. Des signes en rapport avec d’autres pathologies peuvent être trouvés par l’interrogatoire telle la fibromyalgie, le côlon irritable, la vulvite focalisée, une vulvodynie, certaines affections auto-immunes comme le lupus érythémateux ou la sclérodermie ou encore un terrain atopique. Toutefois, il n’y a, pas d’autres troubles mictionnels, et notamment pas d’incontinence urinaire tant par urgence que liée aux efforts, pas de dysurie, pas de 25 résidu post-mictionnel, pas d’énurésie, pas de trouble de la perception du besoin d’uriner ou de la perception du passage urétral des urines. Cependant, il est classique d’observer une discrète attente mictionnelle, voire quelques poussées abdominales concomitantes à la miction.Il n’existe pas de troubles ano-rectaux, bien que des études récentes aient pu montrer une grande prévalence de la colopathie fonctionnelle et de la dyschésie ano- rectale chez les patients atteints de CI. Des phénomènes d’anxiété, voire des manifestations vagales dues à l’intensité de la douleur et de son vécu parfois exacerbé en raison de la chronicité des symptômes, peuvent accompagner les signes urinaires. Et dans près de 50% des cas, les signes urinaires sont associés à un terrain psychologique dépressif. Quoique que pour Schwartz, les signes psychologiques ne font pas partie du diagnostic de la CI, car il est difficile de dire s’ils sont la cause ou la conséquence de l’affection organique. Les symptômes de la CI peuvent être majorés par les rapports sexuels (menant parfois les patientes à s’abstenir) ou après la consommation de quelques aliments. Chez 75% des femmes, les signes cliniques sont rythmés par le cycle menstruel, avec aggravation dans la phase prémenstruelle. En outre, des recherches récentes ont montré que certaines femmes enceintes connaissent des périodes de rémission durant le deuxième et le troisième trimestre de leur grossesse. § Examen clinique : L’examen clinique gynécologique et neuro-perineale est en général pauvre et presque toujours normal, à part souvent une douleur à la pression de la vessie au toucher vaginal (expliquant la dyspareunie très fréquente) ou une douleur à la palpation hypogastrique ou urétrale dans 99% des cas. Il n’existe ainsi aucun trouble trophique ou infectieux locorégional perineovulvo- vaginal ni aucun prolapsus à l’examen. La sensibilité périnéale est normale; 26 de même que la tonicité des sphincters et les réflexes du cône médullaire (réflexe anal à la toux et le réflexe clitorido- anal) sont présents. Les touchers pelviens ne révèlent ni douleur, ni masse, ni écoulement. • Urodynamique.- Le bilan urodynamique est en général douloureux et peu interprétable n’apportant pas à ce stade des renseignements utiles pour le diagnostic positif. Il est souvent réalisé pour expliciter le mécanisme physiopathologique des troubles mictionnels et permet d’éliminer une hyperactivité vésicale devant une pollakiurie extrême. La débimétrie doit être normale, sans volume résiduel post mictionnel.Il retrouve de façon aspécifique : o Une douleur vésicale lors du remplissage ; o Un premier besoin ou B1 précoce (<150 cc); une réduction de la capacité fonctionnelle vésicale (260 cc) qui est cependant dans les limites de la normale sous anesthésie (620 cc); o une instabilité vésicale sensitive qui, en général, apparaît avant 100cc (dans une étude portée sur 41 patientes, l’instabilité vésicale est apparue à un remplissage moyen de 74cc. En revanche, plusieurs critères urodynamiques dont la présence entraîne une exclusion diagnostique ont été retenus : capacité vésicale supérieure à 350cc et présence d’une instabilité motrice. En outre, le bilan uro-dynamique montre une compliance vésicale presque toujours normale, surtout à la phase initiale de la maladie et permet de dépister une CI lors de l’examen d’une incontinence urinaire chez la femme. Des contractions vésicales involontaires sont observées dans 14% des cas. Toutefois, la cystomanométrie peut être normale (3% des cas). 27 • Endoscopie Lors de suspicion clinique de la cystite interstitielle, une cystoscopie avec biopsie, doit être réalisée sous AG avec curarisation autorisant une véritable hydrodistension. Cette épreuve peut être négative dans 10% des cas, mais a pour but d’éliminer un autre diagnostic (carcinome vésical, blessure vésicale, infection chronique spécifique parasitaire, tuberculeuse ou infectieuse …), de conforter le diagnostic, et de réaliser un test thérapeutique. Pourtant, certains auteurs (3) estiment que cet examen doit être évité, étant donné qu’il est douloureux et peu interprétable, alors que pour d’autres (21) il serait capable de soulager quelques patientes malgré le fait qu’il fournit peu de renseignements pour la CI dont le diagnostic reste essentiellement clinique. • Modalités.Une hydrodistension au sérum physiologique à la pression de 80 cm eau est réalisée pendant 20 minutes (poche d’irrigation à 80 cm, tubulure d’irrigation laissée ouverte). Cette pression doit être maintenue pendant 1 à 2 minutes. S’il n’y a pas de modification vésicale après une première épreuve, une deuxième distension doit être réalisée. La palpation sus-pubienne surveille la distension vésicale. Les capacités vésicales initiales (arrêt de l’irrigation) et finales (vidange vésicale) sont mesurées. Lors de la vidange, la vessie est examinée. Une sonde vésicale avec irrigation est laissée le moins longtemps possible (5-6 heures) afin que les mictions spontanées entretiennent la capacité vésicale. La sonde vésicale est souvent mal supportée. L’examen se termine par une biopsie de la paroi vésicale faite à la pince. Elle doit être profonde de façon à obtenir de la musculeuse. Les contre-indications pour cette épreuve sont : des ATCD de rupture vésicale sous hydrodistention, la grossesse et l’infection du tractus urinaire. 28 • Résultats (image ci-dessous).Sur le plan endoscopique aussi, on distingue deux formes cliniques de la CI. Formes majeures : Elles sont caractérisées par l’existence de lésions vésicales type ulcère de Hunner (8% cas). Cet aspect d’ulcération est visible d’emblée lors de la cystoscopie et dès la première distension lorsque la vessie est vide. Il s’agit en effet, d’une zone blanchâtre, se détachant du reste de la vessie et pouvant être confondue avec une cicatrice de biopsie vésicale. Les ulcères sont peu nombreux, siégeant sur les parties mobiles de la vessie, surtout sur le bas fond et les faces latérales, assez loin du trigone. Parfois le centre de la lésion présente un enduit fibrineux qui lui donne alors un véritable aspect d’ulcère. FIGURE 1. Ulcère de Hunner. A mesure que la vessie se remplit, on voit cette zone se craqueler puis saigner. Cettehémorragie en fin de vidange est un signe typique ; elle est rarement massive. Elle est, parfois, tellement abondante qu’elle gêne rapidement l’examen. Dans ces formes, la capacité vésicale sous AG est réduite, inférieure à 450 cc. 29 Formes mineures.Au début, la vessie apparaît normale, quoique souvent on note une densitéinhabituelle des vaisseaux sous muqueux. En fin de distension, la muqueuse est toujours normale, la vessie est maintenue une minute environ en distension maximale puis le liquide est évacué. Il est recueilli de façon à mesurer la capacité de la vessie. Les dernières gouttes reviennent souvent rosées, voir sanglantes. La distension hydrique de la vessie va faire apparaître alors progressivement des glomérulations (50% des cas) qui sont des hémorragies pétéchiales sousmuqueuses, parfois confluentes, ressemblant à des glomérules rénaux. 30 FIGURE 2. Aspect cystoscopique des Glomérulations. Figure 3 : A gauche: Glomérulations siégeant à l’intérieur du mur vésical. A droite: Aspect de vessie normale (Absence de saignement). Leur recherche est souvent négative sous anesthésie locale et le pourcentage n’est pas proportionnel à la sévérité du syndrome. Ces glomérulations siégent sur les parties mobiles de la vessie, en nombre extrêmement variable. Parfois, c’est la totalité de la muqueuse vésicale qui est recouverte. Ailleurs, elles ne siégent que sur des zones limitées, notamment, au niveau du mur vésical postérieur, siège exclusif des glomérulations et qui suggère un traumatisme lors de l’endoscopie. Pour avoir une valeur significative, les pétéchies doivent être diffuses, c'est-àdire être présentes sur au moins trois quadrants de la paroi vésicale. Les 31 pétéchiessituées dans l’axe du cystoscope qui peuvent être un artefact traumatique ne doivent pas être prises en compte. Cet aspect endoscopique initialement normal de la vessie sous cystoscopie avec apparition ultérieure de glomérulations après hydrodistension a été considéré comme un signe de diagnostic positif. Pourtant cet aspect n’est pas spécifique à la CI, puisque la survenue des glomérulations après distension vésicale a été également décrite dans les cystites radiques ou toxiques et parfois en association avec des tumeurs ou encore chez des patientes asymptomatiques. En outre, pour certains auteurs (17), ces glomérulations peuvent aussi être vues dans les dysfonctionnements vésicaux et après chimiothérapie intra vésicale. Ce manque de spécificité a été accentué dans une étude récente rapportant la présence de ces glomérulations chez 40 % de femmes "normales" ayant subi une ligature des trompes. En ce qui concerne la capacité vésicale sous anesthésie, elle est conservée aux alentours de 800 cc. Toutefois, des formes intermédiaires peuvent exister (capacité vésicale de 400-600 CC et nombreuses pétéchies, ou 1 ou 2 ulcères en endoscopie). Mais en général il est possible de classer les cystites interstitielles dans l’une ou l’autre de ces deux catégories. • Biologie.- La biologie n’est pas indispensable au diagnostic de la CI et si le bilan biologique est réalisé, il est normal en dehors des cas exceptionnels où des anticorps antinucléaires sont détectés. o ECBU.L’ECBU comme les prélèvements urétraux et vaginaux doivent être impérativement stériles. L’examen cytobactériologique des urines est stérile et le reste à plusieurs examens successifs. D’où l’expression de « cystite à urines claires ». Hanash et Pool 32 (47) ont réalisé chez 30 patients atteints de CI un ECBU qui est resté stérile ainsi que les ECBU de contrôle. Toutefois, une infection urinaire concomitante peut être présente. Une hématurie microscopique peut exister dans 10% des cas. La cytologie urinaire est surtout utile pour éliminer un carcinome à cellules transitionnelles. 1. Marqueurs biologiques.La CI a besoin d’un diagnostic d'élimination pour être complètement identifiée ou qu'un marqueur définitif soit valable sur le plan universel. Depuis plusieurs années, différentes équipes se sont attachées à rechercher divers marqueurs urinaires objectifs qui permettraient d’établir le diagnostic de la cystite interstitielle. Ces marqueurs correspondent aux différentes hypothèses physiopathologiques évoquées. Histamine.Compte tenu du rôle attribué à la cellule mastocytaire dans la CI, il était logique d’étudier la valeur de l’histamine dans le diagnostic de la CI. L’élévation de l’histamine tissulaire a été retrouvée dans deux études successives. Les résultats concernant l’élévation de l’histaminurie sont plus contradictoires. Yun (8) n’a trouvé cette élévation qu’après avoir réalisé une hydrodistension vésicale, les taux de base étant non différents de ceux mesurés chez les patientes témoins. A l’inverse, plus récemment, El Mansoury et al (62). ont rapporté l’existence d’une élévation significative de l’histaminurie chez les patientes atteintes de CI. En pratique courante, ce dosage n’est pas aisé, car il nécessite des conditions particulières de prélèvement. Malgré ces réserves, les auteurs concluent ce dosage pourrait devenir un test diagnostic utile. 33 Cependant, pour d’autres auteurs américains (23), L ’histaminurie n’est pas utile en tant que marqueur objectif de la réponse vésicale à l’hydrodistension, ou comme substitut non invasif de la biopsie vésicale et des comptes de cellules mastocytaires. Interleukine.L’interleukine 6 (IL6) est une cytokine qui intervient à différents niveaux de la réaction inflammatoire. Il existe une augmentation significative de l’IL6 dans les urines des patientes atteintes de CI mais sans corrélation entre la concentration urinaire d’IL6 et l’intensité des symptômes (68). L’IL6 est bien produite dans la vessie, puisque l’élévation n’a pas été retrouvée dans les prélèvements d’urine urétrale. Toutefois, on a montré que le site de sécrétion de l’IL6 n’a été retrouvé que chez un nombre limité de patientes atteintes de CI. L’interleukine 1b urinaire a été proposée pour éliminer une cystite bactérienne; ce marqueur est élevé chez 87% des patientes ayant une culture urinaire positive, alors qu’aucune élévation n’a été constatée en cas de CI. Kallicreine.La kallicreine est un médiateur de l’inflammation qui favorise la dégranulation mastocytaire et le réglage peptidique. Récemment, on a mis en évidence une élévation de l’activité kallicreine dans les urines de patientes atteintes de CI, corrélée à l’intensité des symptômes (69). Cette augmentation serait due à une activation de la conversion prokallicreine en kallicreine chez les sujets atteints de CI. A l’inverse,les patientes traitées par hydrodistension avaient une diminution significative de la concentration urinaire en kallicreine par rapport aux dosages préopératoires. Toutefois, ce dosage n’est pas proposé en pratique courante. 34 Les facteurs de proliférations : l’APF, L’HB-EGF et l’EGF.La prolifération des cellules urothéliales est sous l'influence des facteurs de croissance et de leurs protéines régulatrices. L’APF est un peptide synthétisé par les cellules épithéliales de la vessie des patientes avec CI, qui inhibe la prolifération de celles-ci, avec la possibilité de provoquer un amincissement ou ulcération de la paroi vésicale, chose commune dans la CI. L’ HB-EGF est impliquée dans la stimulation de la réplication des cellules urothéliales in vitro et il serait possible que la diminution de la synthèse de l’HB-EGF par les cellules épithéliales ainsi que par d’autres cellules de la vessie contribue à la pathogénie de la CI en diminuant la régénération normale de l’épithélium vésical. Une étude (19) récente menée au First Hospital of China Medical University a apporté la première évidence que ces marqueurs biologiques de la CI étaient présents aussi bien dans l'urine des patientes avec CI de forme majeure aussi bien que dans les forme mineure de la maladie. En effet, l'activité de l’APF était plus importante dans tous les échantillons d'urine de patientes avec CI que dans ceux des sujets témoins ou ceux avec cystites bactériennes ou cancer vésical. Le taux de l’HB-EGF urinaire était plus bas et le taux de l’'EGF chez les deux groupes de patientes avec CI que dans les autres groupes. Les auteurs concluent que l’APF, l’HB-EGF et l’EGF étaient de bons marqueurs biologiques pour les deux formes ulcéreuse et non ulcéreuse de la CI et ont validé leur mesure en tant que marqueurs biologiques pour les patientes chinoises atteintes de CI. GP 51.La GP51 est une glycoprotéine qui est produite et sécrétée par l'épithélium transitionnel de l'appareil génito-urinaire. Son rôle, en étant une barrière protectrice, serait de prévenir l'accessibilité des bactéries à travers les cellules 35 épithéliales et d’aider à leur élimination lors de la miction. Des études ont montré que le taux de GP51 était diminué chez les patientes atteintes de CI. Récemment, une étude (29) de l’université de Philadelphie a justifié la possibilité d'utiliser la GP51 comme marqueur biologique pour le diagnostic de la CI. Dans cette étude, les auteurs ont mesuré le taux de GP51 urinaire et analysé des chez 36 patientes avec CI. Un taux diminué de GP51 était apparemment unique à la CI par rapport à la normale. Les auteurs concluent que la GP51, en tant que marqueur biologique, pourrait être un moyen diagnostique efficace et que la quantification des taux d’expression de la GP51 pourrait être utile dans le contrôle de la CI à des stades différents. Oxyde nitrique.L'oxyde nitrique (NO) est un produit de la famille des NO synthétases (NOS) qui sont normalement absents dans les cellules de repos et qui peuvent être conséquents ou induits par des conditions physiopathologiques diverses notamment l’inflammation. Il a été mis en évidence, que la mesure de la concentration du NO peut être utile pour le diagnostic de la CI dans les sens où on pourrait différencier entre la forme ulcéreuse et la forme non ulcéreuse de la CI, par la formation du NO au niveau vésical. En effet les patients ayant une forme classique de la CI auraient un taux élevé de NO au niveau de la vessie, contrairement aux patients ayant une forme non ulcéreuse. En outre, des études (20) ont montré que l'activité NOS de patientes ayant une CI était plus diminuée que celle des femmes témoins ou celles ayant une infection du tractus urinaire. Pourtant, on a montré que le taux luminal d'oxyde nitrique dans la vessie était nettement augmenté chez les patientes avec CI, mais ne serait pas spécifique à la CI, car cela peut aussi bien exister chez des patientes avec des formes différentes de Cystites . 36 Epreuve de sensibilité au potassium.Certains auteurs (7) ont constaté que certains patientes avec CI avaient une perméabilité urothéliale accrue à certains constituants intravésicaux. Cette propriété potentielle est exploitée dans l'épreuve de sensibilité au potassium intravésical comme un moyen diagnostique de la CI. Cette épreuve connue aussi sous le nom de l'épreuve de Parsons (18), a été présentée pour la première fois en 1994. Elle consiste à faire l'instillation intravésicale d’une solution diluée de potassium laissée dans la vessie pendant cinq minutes. Parsons utilise une dose 5 fois plus importante que le taux de potassium vésical normal. Le patient – contrairement au sujet normal qui ne ressent pas de douleur où ressent une douleur minime - éprouve une douleur aiguë et intense. L’hyperalgie obtenue par cette épreuve est due, selon certains auteurs (18) à l'absorption du chlorure de potassium par la couche "défectueuse" des GAG. Parsons estime alors le degré de provocation de la pollakiurie et de l’impériosité mictionnelle sur une échelle de zéro (aucune provocation) à cinq (provocation marquée). Une épreuve positive est définie par un score supérieur ou égal à deux. Par ailleurs, une étude (27) récente menée par l ’ICDB a démontré que 75 % des patientes atteintes de CI avaient des épreuves de sensibilité au potassium positives voulant dire qu’au moins un quart de ces patientes avec une CI était non diagnostiqué. Les faux négatifs sont retrouvés lors de maladies sévères et après traitement. Toutefois, cette épreuve n'est pas considérée définitive étant donné qu’elle ne concerne qu’un sous-groupe de patients ayant une CI avec dysfonctionnement de la perméabilité épithéliale. Et il est important de noter que cette épreuve peut aussi bien être positive dans d’autres pathologies vésicales impliquant la perméabilité épithéliale, dans l’instabilité du détrusor (25 %), la cystite 37 radique (100 %) et la cystite bactérienne (100 %). Pour certains auteurs (27) canadiens, l'épreuve de sensibilité au potassium intravésicale n’est pas un moyen diagnostique valide. Une autre étude (26) a montré récemment que cette épreuve n’était corrélée ni avec la capacité vésicale, ni avec les résultats cystoscopiques des patientes avec CI. L’épreuve de sensibilité au potassium reste donc controversée étant donné que ni spécificité ni sensibilité ne sont encore clairement définies. De ce fait, elle n'a pas été largement adaptée pour l'utilisation clinique. Lymphocytes CD45RO positifs.Les lymphocytes CD45RO positifs sont des marqueurs biologiques de la forme majeure de la CI. Pour certains auteurs (20), les lymphocytes CD45RO peuvent être des marqueurs biologiques reflétant la sévérité de l'inflammation de la vessie interstitielle bien qu’ils ne soient pas spécifiques de la CI (cancer de la vessie). Protéine de Tamm Horsfall.La présence de la protéine de Tamm Horsfall dans la paroi vésicale de patientes atteintes de CI a été rapportée initialement par Fawler et al. (8). Sa présence serait, selon eux, le reflet de l’augmentation de perméabilité de la paroi vésicale. Ils avaient alors proposé ce test comme moyen de diagnostic de la CI. Cependant, ces données n’ont pas été confirmées par la suite. v Critères diagnostiques.Les critères diagnostiques de la CI , incluent les résultats cystoscopiques et les exclusions cliniques. Ils ont été largement adoptés pour les études cliniques et médicamenteuses concernant la CI. 38 Critères 1988 – NIH pour le diagnostic de la CI.v Inclusion systématique : Ulcère de Hunner. v Facteurs positifs : • Douleurs au remplissage vésical, soulagées par la vidange vésicale ; • Douleurs pelviennes, vaginales, périnéales, abdominales ; • Glomérulations au remplissage vésical sous AG2 (hydrodistension à 80-100 cm d’eau x1-2mn) ; • v Perte de la compliance vésical à la cystonanométrie. Exclusions systématiques : • Ancienneté des signes < à 9 mois ; • Absence de pollakiurie nocturne ; • Pollakiurie diurne < à 8/j ; • Amélioration par les antimicrobiens, anticholinergique • ou antispasmodiques ; • Cystite infectieuse ou prostatite < à 3 mois ; • Capacité vésicale > à 350cc (sous AG) ; • Absence d’urgence mictionnelle avant 150cc d’eau au • remplissage vésical (30 – 100ml/mn) ; • Contractions vésicales involontaires en cystonanométrie; • Autres cystites : tuberculose, radique, chimique ; • Herpès actif ; • Néoplasie : utérus, vagin, urètre, prostate ; • Tumeurs vésicales ; • Calculs, diverticules urétraux ; • Infection génitale ; 39 • Age < 18 ans. 40 Critères de l’association nord américaine NIDDKD (1998).• Critères d’inclusion : • Ulcère (inclusion systématique) ; • Douleurs à vessie pleine, douleurs pelviennes, périnéales ; • Glomérulations à 2 hydro-distensions (2 mn - 80 cm eau) ; • Perte de compliance à la cystomanométrie. Au moins 2 de ces facteurs font le diagnostic de la cystite interstitielle. • Critères d’exclusion : o Délai < 9mois ; o Infection < 3 mois ; o Absence de pollakiurie nocturne ; o L’amélioration par un traitement médical ; o <8 mictions /jour ; o Capacité vésicale sans anesthésie générale > 350cc ; o Absence d’impériosité avant 150cc ; o Autres cystites, néoplasies ; o L’herpès génital ; o Les calculs urinaires et l’âge < 18 ans ; o carcinome urotélique (biopsie vésicale systématique) ; o Tuberculose urinaire, une prostatite. 41 Les restrictions des critères NIH-NIDDK rapportées à la pratique clinique se sont rapidement manifestées. Grannum et Hanno (27), ont trouvé dans une étuderécente que ces critères ne sont pas uniformes et qu’il y a une grandinterférence entre les syndromes de douleur pelvienne chronique et la CI. En effet, les critères de la NIH exigent un âge supérieur à 18 ans des patients alors que la CI se produit aussi chez les enfants et les adolescents. De plus, les contractions vésicales involontaires en urodynamique, considérées comme critère d'exclusion de la NIH-NIDDK, ont été signalées chez 14,6 % de malades ayant une CI. En outre, le symptôme majeur chez certaines patientes atteintes de CI est la douleur avec des symptômes urinaires irritatifs minimes ou absents. Ce sous-groupe de patients ne satisfait donc pas les critères de la NIH-NIDDK. Cette étude a aussi trouvé qu’en se basant sur ces critères, jusqu'à 60 % des patients avec CI étaient sous diagnostiqués et que plus de 60 % de patients considérés ayant une cystite interstitielle par des praticiens expérimentés n’ont pas répondu aux critères de la NIH-NIDDK. Inversement, 90 % des patientes répondant aux critères diagnostiques de la NIH ont été considérées ayant une CI. On (27) conclut que les critères restreints de la NIH-NIDDK, bien qu'excellents pour la recherche, n'étaient pas tellement convenables pour l'utilisation clinique de routine et qu’ils étaient responsables d’un sous-diagnostic de la maladie. Le fait de savoir que les femmes ayant une douleur pelvienne chronique et les hommes ayant une prostatite non bactérienne et une prostadynie peuvent bien avoir une CI a accentué le besoin d’une définition plus élargie et multidisciplinaire de la CI d’où l’extension des critères diagnostics NIH-NIDDK de la CI (Tableau ce dessous) responsable de l’augmentation du nombre de patients diagnostiqués. 42 Critères diagnostiques courants de la CI : • Cliniques : Douleur, irritabilité vésicale; Exclusion du cancer/infection; Scores symptomatiques (O’Leary-Sant). • Cliniques et cystoscopiques (NIH-NIDDK) : CI ulcéreuse, non ulcéreuse; Anesthésie générale, rachi-anesthésie; Taux de 60% de sous-diagnostic; Utiles au pronostic. • Biopsie vésicale : Pays/region spécifique; Taux bas de diagnostic; Morbidité; Element predictif du traitement. • Urodynamiques : Nul besoin du complexe UDS; Instabilité sensorielle; Instabilité motrice. 43 • Test de sensibilité au potassium: Taux de 25% de sous-diagnostic; Faux-positif/faux-negatif; Potentiellement douloureux. • Marqueurs urinaires : GP-51, APF; Potentiellement utile. v HISTOIRE NATURELLE.- Classiquement, les signes cliniques légers apparaissent progressivement, mais sur un temps court, puis la maladie atteint rapidement un stade chronique où les lésions vont se stabiliser pour des années. L’évolution de la CI se fait par phases d’aggravation- rémission après lesquelles, les symptômes deviennent plus sévères et plus constants. La plupart des patients souffrent, au début, de pollakiurie et d’impériosité mictionnelle. Plus la maladie évolue, plus la douleur augmente d’intensité et devient le symptôme le plus dominant et le plus invalidant. L’évolution rapide et la rémission spontanée et définitive sont rares, ainsi que la progression rapide vers la petite vessie. Les formes mineures restent mineures, sans altération du haut appareil urinaire. Elles peuvent évoluer vers une cystite ulcéreuse de façon exceptionnelle bien que ces deux formes de Cystite interstitielle semblent distinctes et sans rapport. 44 Les formes majeures, par contre, se compliquent parfois d’une atteinte du haut appareil urinaire, mais c’est habituellement la gravité des symptômes, plus que le retentissement sur le haut appareil, Agrandissement vésical ou dérivation urinaire. 45 qui impose un acte chirurgical : FORMES CLINIQUES.• Chez l’homme.La cystite interstitielle a été longtemps considérée comme un syndrome douloureux de la vessie se produisant essentiellement chez les femmes. On s’est de plus en plus intéressé durant cette dernière décennie, aux patients hommes présentant des symptômes de CI et chez des patients présentant une prostatite chronique afin de mieux reconnaître le diagnostic de la CI chez les hommes. John B.Forest et Quang Vo (14) ont fait une étude sur 52 patients hommes ayant eu, de 1990-2000, une CI confirmée par cystoscopie et répondant aux critères de la NIDDK. L’âge moyen était de 44 ans. Les diagnostics initialement retenus étaient : une prostatite (54%) une HBP (23%), une épididymite (10%) et aucun diagnostic dans (13%). Les patients ont présenté une symptomatologie initiale variable faite de gêne sus-pubienne, de dysurie avec pollakiurie et de douleurs dorsales, scrotales et périnéales. L’examen clinique a trouvé une fragilité sus-pubienne et une fragilité de la paroi rectale antérieure. La bactériologie urinaire était strictement négative chez tous les patients. Le bilan urodynamique a révélé des flux urinaires diminués avec un faible volume ainsi que de bas résidus post-mictionnels. La cystoscopie a montré des glomérulations modérément sévères chez tous les patients et des ulcères de Hunner ou des fissures chez 10% des cas. Les auteurs concluent dans cette étude que la CI, probablement sous diagnostiquée chez les hommes, est généralement prise pour une prostatite bactérienne chronique. Ce-ci a été aussi rapporté dans l’étude de Berger et al. (14) qui ont suggéré que la CI doive être considérée chez les hommes ayant une 46 prostatite abactérienne chronique et chez les hommes ayant une symptomatologie persistante du bas appareil urinaire. En ce qui concerne le traitement de ces hommes, les auteurs concluent que le taux de réponse thérapeutique élevé chez ces hommes, serait secondaire à la durée relativement courte des symptômes urinaires avant le diagnostic de la CI et à l'instauration de thérapies orales efficaces; ce qui est en contradiction avec les séries anciennes se composant essentiellement de femmes avec un délai beaucoup plus long entre le développement des symptômes et le diagnostic de CI et un taux de réponse thérapeutique beaucoup plus diminué. Il serait donc important d’établir rapidement le diagnostic de la CI chez les hommes pour que les thérapies orales efficaces puissent être instaurées le plus tôt possible. • Chez l’enfant.- Différents types de dysfonctionnements urinaires chez l’enfant sont fréquemment rencontrés en médecine générale et en urologie. On pourrait se demander si certains de ces problèmes seraient des formes mineures de la CI. Selon l’hypothèse récente que la CI serait héréditaire, il n’y a aucune raison théorique qui expliquerait pourquoi elle ne se produirait pas chez l’enfant. Toutefois, il n y a pas jusqu’à présent de consensus établi pour le diagnostic de la CI chez l’enfant. En outre, même si les images endoscopiques typiques viennent réconforter le diagnostic de CI, ni l’efficacité ni la sécurité des thérapies actuellement utilisées pour le traitement de la CI ne sont encore testées chez l’enfant. En fait, la CI chez l’enfant devrait être placée dans le contexte de dysfonctionnements urinaires dont la classification physiopathologique, l’approche diagnostique ainsi que le traitement varient énormément d’un praticien à un autre. La proposition que les enfants ayant des plaintes urinaires « aspécifiques » qui sont 47 d’ailleurs souvent éphémères (rendant l’évaluation thérapeutique presque impossible) devraient subir des explorations invasives afin de diagnostiquer la CI; apporte une autre perspective concernant le dysfonctionnement urinaire en pédiatrie. L’étude de John M.Park (15) menée sur plus de 1100 enfants, avait estimé que l’énurésie nocturne et diurne était présente chez plus de 20 à 25 % des enfants âgés de moins de 7 ans, mais n’a pas permis de conclure que la plupart de ces enfants étaient sous diagnostiqués ; d’autant plus que la plupart de ces enfants n’avaient pas dans leur contrairement à histoire de la maladie des éléments en faveur de la CI l’adulte avec CI qui lui rapporte plutôt des symptômes caractéristiques tels que la pollakiurie, l’ impériosité mictionnelle et les douleurs pelviennes. En outre, Zoubek et al. (15) avaient fait une étude concernant 46 enfants, ayant des pollakiuries diurnes extrêmes sans énurésie, pollakiurie nocturne, infection urinaire ou douleur pelvienne. Après une durée de 74 mois, tous les enfants ont spontanément résolu leur problème de pollakiurie sans séquelles génito-urinaires. Les auteurs concluent que l’exploration invasive et le traitement de la pollakiurie isolée chez l’enfant n’est pas vraiment nécessaire et productive. Il est clair que si on avait suspecté une CI chez ces enfants, ils auraient forcément subi une cystoscopie après hydrodistension sous anesthésie. En tout cas, même si la CI avait été diagnostiquée chez ces enfants, il n’existe pas de traitement actuel, sûr et efficace à usage pédiatrique. En outre l’efficacité du traitement serait difficile à apprécier étant donné que leur symptomatologie est spontanément résolutive avec le temps. L’étude de la CI chez l’enfant devrait être, sans doute, poursuivie davantage. 48 Une investigation plus systématique serait possible sans faire subir à ces enfants des examens invasifs et nocifs et ceci par le biais des marqueurs biologiques. Un autre aspect important de ces investigations consisterait à faire une étude épidémiologique longitudinale des enfants avec pollakiurie et impériosités mictionnelles, afin de savoir s’ils vont développer une CI à l’âge adulte. v DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL.- Le diagnostic de la CI est un diagnostic d’élimination, puisque celle-ci ne peut être envisagée qu’une fois éliminées les autres cystopathies. Il est impératif que les praticiens prennent en compte la CI dans leurs diagnostics différentiels de telle façon que peu de patients soient sous diagnostiqués ou non traités. Les diagnostics différentiels de la cystite interstitielle sont : • Cancer in situ.C’est de lui dont il faut se méfier le plus, et ce, particulièrement chez l’homme. Utz et Zincke (10) ont surtout insisté sur ce point dans leur étude en montrant que 23% des hommes et 1,3% des femmes étiquetés cystite interstitielle présentaient, en fait, un carcinome in situ (1). C’est dire l’importance de la cytologie urinaire et de la biopsie vésicale qui doivent être systématiquement pratiquées, surtout chez les hommes. Il a été noté l’intérêt de l’étude par cytométrie de flux de la muqueuse vésicale. En cas de CI, l’étude par cytométrie de flux doit monter un pic diploide. Tout pic aneuploïde, même avec un faible pourcentage de cellules, doit faire craindre l’existence d’un cancer in situ. 49 • Dysplasie vésicale.Aux frontières de la CI se situe la dysplasie vésicale. Il s’agit d’un aspect peu connu des cystopathies chroniques. Seules deux séries ont fait états de patientes souffrant de pollakiurie chronique douloureuse et pour lesquelles le diagnostic de dysplasie vésicale avait été retenu. Il s’agit là d’un diagnostic purement anatomopathologique selon les critères morphologiques définis par MURPHY (10). La preuve de son entité anatomoclinique reste à trouver, de même que sont à préciser les risques évolutifs vers une tumeur vésicale. • Cystite tuberculeuse.La recherche de BK dans les urines selon un protocole bien établi est un poinessentiel. • Cystite radique.- Elle donne, elle aussi, un tableau clinique identique. Il peut exister des lésions hémorragiques lors de la distension vésicale et des glomérulations à la biopsie vésicale. • Cystite radique.Au cyclophosphamide, thiotepa, endoxon… • Prostatite.- • Autres .- Il est beaucoup plus rare qu’on ait à discuter des diagnostics comme ceux des cystites à easinophiles (easinophilie sanguine, infiltration à easinophiles sur la biopsie) ou la bilharziose. Des affections neurologiques (sclérose enplaque, Parkinson) peuvent prendre le masque d’une cystite interstitielle. En règle générale, les autres douleurs pelviennes ne sont pas rythmées par la miction, qu’il s’agisse de lésions gynécologiques ou anorectales. Une hormono50 dépendence est parfois trouvée responsable de douleurs dans cycliques, ce cas. L’endométriose accompagnées de troubles vésicale est mictionnels (pollakiurie, urgence mictionnelle, parfois, fuite sur impériosité) et rythmés par les menstruations. Les cystalgies fonctionnelles, quant à elles, sont très difficiles à distinguer de la CI. Seule l’analyse des critères du NHI permet parfois le diagnostic. Enfin le mode de présentation des douleurs périnéales neurologiques (syndrome du canal d’Alcock ou du ligament sacro-épineux) est radicalement différent de celui des douleurs non influencées par la miction, plutôt à type de brûlures ou de dysesthésies périnéales, augmentées par la position assise et de siège franchement périnéal (vulvaire, anorectale). En outre, plusieurs diagnostics peuvent être évoqués devant une pollakiurie, une miction impérieuse et ou une douleur pelvienne: Les pathologies infectieuses ou inflammatoires comme l'infection du tractus urinaire récurrente, la diverticulose urétrale, une infection de glande de Bartholin ou la glande de Skene, une vulvovestibulite, une vaginite ou une schistosomose. Les causes Gynécologiques : le fibrome utérin, l’endométriose, la maladie inflammatoire pelvienne ou l'atrophie génitale … Les causes urologiques comme l’incontractilité du détrusor, la prostatodynie, le syndrome de douleur pelvienne chronique, l’urétrite, la lithiase urétrale.. Les causes neurologiques comme l’hyper-reflexie du détrusor, la maladie de Parkinson, la maladie du disque lumbosacré, la sténose spinale, la tumeur spinale, la sclérose en plaques ou l'AVC. D'autres diagnostics sont possibles comme le dysfonctionnement urinaire, la vulvodynie, la myalgie à l'étage pelvien, inflammatoire, la diverticulite… 51 la hernie, la maladie d'intestin Cliniquement, le praticien est contraint à considérer tous ces diagnostics alternatifs potentiels avant de porter le diagnostic de CI sur un patient, d’autant plus que l’implication du diagnostic de CI est profonde, étant donné qu’il s’agit d’une pathologie chronique sans traitement universellement efficace. VIII-TRAITEMENTS.Une fois le diagnostic établi, le devoir du médecin est d'expliquer au patient que le traitement de la CI a pour but essentiel de soulager la symptomatologie de façon à permettre une vie familiale et sociale plus pratique. Malgré toutes les recherches et les études réalisées, aucune possibilité de guérison n'a pu encore être trouvée. Le traitement de la CI est hautement individuel, il est souvent décevant et aucun traitement actuel ne dispose d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication. En outre, la cause de la maladie étant inconnue, il n’y a pas vraiment de traitement de fond, et les traitements utilisés sont empiriques et non spécifiques. Ils sont plutôt palliatifs que curatifs. Par conséquent, le médecin et le patient adoptent souvent une approche « d'essais /erreurs » avec plus un espoir de soulager les Symptômes que de traiter la maladie. Ainsi les patients sont souvent sujets à de multiples modalités thérapeutiques. Encore plus, le nombre impressionnant de traitements divers proposés est un argument majeur de leur relative inefficacité, car une maladie avec une multitude de traitements est souvent une maladie sans traitement réellement efficace. Ceci est soutenu par une étude (44) portée sur 581 patientes suivies de 1993 à 1997. Les 5 thérapeutiques les plus souvent utilisées étaient : la cystoscopie et l' hydrodistention, l'amitriptyline, la phenazopyridine, un régime spécial, et l'héparine intravésicale. Le nombre important et la variété de traitements rapportés dans cette étude, reflètent l'absence de traitement efficace et 52 le manque de connaissance de la pathogénie de la CI. Actuellement, aucune orientation thérapeutique standardisée n'existe que ça soit pour les nouveaux cas de CI ou pour ceux n'ayant pas répondu aux traitements initiaux. Cependant, si le traitement de la CI n'a pas permis la guérison de cette maladie, il a, toutefois, permis d'allonger les périodes d'amélioration symptomatique et de diminuer l'évolution vers la rétraction vésicale selon une étude (6) récente. Les différents traitements de la CI peuvent être fondés sur des hypothèses relatives à la cause de la CI ou sur la pratique relative à certaines médications spécifiques ou, parfois encore, purement sur le traitement de symptômes particuliers. Le traitement de la CI est très variable, il peut être conservateur ou chirurgical et il est différent selon les formes mineure ou majeure de la maladie. I - Traitement préventif.Des auteurs (47) ont identifié divers facteurs qui entraînent une majoration des symptômes tels que le stress, l'ingestion d'aliments acides, la rhinite allergique, la colopathie fonctionnelle et bien d'autres facteurs. Il est important d'identifier les facteurs aggravants de la maladie pour permettre d'éviter une période de rémission plus longue.Le traitement préventif consiste en des modifications alimentaires, des apports nutritionnels, des thérapies comportementales, la gestion du stress et des psychothérapies... il peut être efficaces lorsqu'elles sont utilisées seules ou en association avec d'autres traitements de la CI. 1. Prise en charge psychologique.- Il est essentiel dans la prise en charge de la CI, de prendre en considération et d'évaluer l'impact émotionnel et mental de la maladie pour chaque individu. Plusieurs patients ne sont pas capables de travailler, d'avoir des rapports sexuels; 53 ils ont eu des échecs relationnels, des idées suicidaires ou ont carrément fait des tentatives de suicide. Une étude (18) a montré que la qualité de vie de plusieurs patients atteints de CI était pire que celle des patients dialysés pour insuffisance rénale terminale. Dans les cas sévères de la maladie, les patients peuvent avoir une douleur incessante, une pollakiurie pouvant atteindre 60 fois par jour et une pollakiurie nocturne très fréquente responsable d'une privation du sommeil. A cela,s’ajoutent les facteurs de stress mentaux et émotionnels, facteurs qui anticipent la rechute de la CI. En effet, dans une étude faite par Koziol et al. (18), 60% des patients atteints de CI ont confirmé le stress comme facteur causal de larecrudescence de leur maladie. De telles contraintes de la vie, font que le patient atteint de CI est souvent incapable de travailler, de remplir des activités de la vie quotidienne et, dans les cas sévères, de la maladie, carrément incapable de quitter son domicile. Dans la prise en charge psychologique des patients atteints de CI, il faut tout d’abord leur expliquer l'état actuel de nos connaissances sur la CI. Une prise en charge psychologique avec une bonne entente patientthérapeute est indispensable au succès thérapeutique, car l'attention que peut prêter le médecin au coté psychologique de la maladie et son soutien peuvent améliorer fortement la réponse thérapeutique. 2 - Diététique et hygiène de vie.Il faut conseiller aux patients atteints de CI une bonne hygiène de vie comme le fait d'éviter les voyages qui aggravent ou déclenchent les crises, leur apprendre à bien gérer leur temps et stress et de mener, si possible un régime spécial pour éliminer tous les excitants vésicaux. 53 à 63% des patients atteints de CI ont connu une exacerbation symptomatologique ou une apparition d'une poussée sous certains aliments ou boissons. Une étude (47) a montré que la consommation d'aliments ou de boissons 54 acides entraînant une majoration de la douleur. Alors que l’étude de Good et Whitmore (105) a montré que 33% des patients sous régime sans aliments acides, ont vu leurs mictions diurnes diminuer ainsi que la douleur. Les aliments considérés comme acides incluent - mais ne sont pas limités aux- boissons alcoolisées, caféine, aliments épicés, tomates et vinaigre. Par ailleurs,une étude (47) a montré que l'ingestion de citrate de potassium qui permet d'alcaliniser les urines, associée à un régime pauvre en aliments acides, a permis une amélioration symptomatologique. En outre, les aliments avec une grande contenance d 'arylalkylamines (tryptophan, tyrosine, tyramine, phenylalanine) seraient aussi impliqués dans l'exacerbation des symptômes dans la CI. Ces aliments incluent - mais ne sont pas limités aux bananes, bière, fromage, chocolat, mayonnaise, aspartame, noix, ognions, raisins, vin et yaourts. Une diététique spéciale demeure, donc, une thérapie raisonnable de première intention pour les patients avec symptômes urinaires irritatifs. Il a été conseillé aux patients de boire de l'eau minérale, d'avoir des repas riches en fibres et de fractionner les repas. En ce qui concerne les apports nutritionnels, certains (47) pensent que des apports minéraux et vitaminiques sont bénéfiques, même si rien n'est prouvé en ce domaine. Les vitamines A, B6 et C auraient un effet protecteur sur l'épithélium vésical. La vitamine C semble être intéressante dans la CI, car elle possède une action antihistaminique et participe à la synthèse du collagène. La vitamine E, elle, est vasodilatatrice. Le calcium facilite la conduction nerveuse et a un effet calmant. Enfin, le magnésium augmente l'absorption calcique et a un effet anxiolytique. 3- Thérapie comportementale.Elle correspond à l'auto-rééducation vésicale ou entraînement vésical et au traitement du dysfonctionnement du plancher pelvien. 55 Un programme comportemental optimal a été établi, étant donné la chronicité de cette maladie et la possibilité d'une amélioration spontanée ou d'une rémission. D'une façon générale, si le patient tolère bien la thérapie comportementale, un essai de 3 à 6 mois est justifié, avant de passer aux thérapies plus invasives et plus coûteuses sachant que cette décision d'abandonner ou de modifier ces thérapies revient au patient et à son médecin lorsqu'il n'y a pas d'amélioration symptomatique. • Auto rééducation vésicale.- L'auto rééducation vésicale est systématique dans la CI. Elle a pour but d’augmenter la capacité vésicale, en augmentant l’intervalle inter-mictionnel. Elle a été utilisée avec succès chez les patients ayant une vessie hyperactive. Dans trois études (43) on a observé une réduction de 50 à 75% des symptômes chez au moins 50% des sujets. Par ailleurs, le succès de cette thérapie dans la prise en charge de la pollakiurie et de l'impériosité mictionnelle dans la CI a été démontré par plusieurs auteurs. Dans une étude, Parson et al. ont utilisé l'entraînement vésical chez des patients atteints de CI. 71% ont connu une diminution de 50% de leurs symptômes. Dans une autre étude, Chaiken et al. (104) ont rapporté une augmentation significative de la moyenne des intervalles intermictionnels et du nombre moyen des mictions par jour après en utilisant cette technique en plus de la thérapie comportementale. L’indication de l'entraînement vésical est représentée par les formes pollakiuriques non algiques. Elle est facile dans les formes pollakiuriques, mais très difficile dans les formes algiques sans hydrodistension préalable. 56 • Traitement du dysfonctionnement du plancher pelvien.Les patients atteints de CI avec douleurs pelviennes peuvent manifester des spasmes au niveau du plancher pelvien, ce qui peut aggraver leur symptomatologie. Le dysfonctionnement à tension élevée du plancher pelvien connu aussi sous le nom de coccygodynie ou de syndrome du spasme du muscle releveur du coccyx serait une réaction aux infections anales, aux états inflammatoires de la vessie, aux traumatismes chroniques, à l'hypochondrie ou à la neuropsychose. Lilius (43) a rapporté que 81% des patients avec CI avaient un spasme et une fragilité des muscles releveurs de l'anus. Dans une étude (43) réalisée à ce sujet, la physiothérapie dont le but est d'aligner le pelvis et maintenir le support musculaire pelvien avait des bénéfices à court terme. Des traitements adaptés tels que la réhabilitation du plancher pelvien, le biofeedback (7)... visant à restaurer le fonctionnement normal et le tonus physiologique des muscles du plancher pelvien peuvent être très utiles. Les risques de cette technique sont très minimes. II - Traitements administrés par voie orale.Différents produits sont proposés pour le traitement de la CI par voie orale. Ce mode de traitement a les avantages d'être non-envahissant et facile à administrer. Ses inconvénients ne sont que des effets secondaires. 1 - Pensotan polysulfate sodique (PPS - Elmiron).Le PPS est le seul traitement oral de la CI qui a fait l’objet d'études contrôlées par placebo. C'est un GAG semi-synthétique dont la structure et les propriétés chimiques sont similaires au GAG naturel connu pour son rôle protecteur de la vessie. C'est un analogue de l’héparine (mais moins anti-coagulant) et il a comme 57 but de restaurer l’imperméabilité membranaire et de renforcer la couche protectrice uromucoïde de la vessie. Cet analgésique urinaire est largement prescrit aux Etats-Unis à une posologie progressivement croissante pour atteindre une dose quotidienne de 300 mg/jour. Le traitement doit être poursuivi pendant au moins 4 mois pour prouver une certaine efficacité notamment en ce qui concerne la douleur et la pollakiurie. 4 études ont été menées afin d'évaluer l'efficacité du PPS. Parsons et Mulholland ont rapporté une amélioration significative de la douleur, de la pollakiurie nocturne et de l'impériosité mictionnelle ainsi que le volume mictionnel moyen chez les patients sous PPS. Dans une étude plus récente de Parson et al, 32% des patients sous PPS ont connu une amélioration de 50% de leur syntones. Dans l'étude de Mulholland et al , 28% d'entre eux ont connu une amélioration symptomatique. Toutefois, Holm-Bentzen et al. n'ont constaté aucun bénéfice du traitement chez leurs patients. En 1997, Hwang et al. (103) ont réalisé une métanalyse, à partir de ces 4 essais cliniques sus-cités. Ils ont affirmé que le PPS est plus efficace que le placebo dans le traitement de la CI. Cepedant, une méta-analyse (4) effectuée récemment n'a pas permis de conclure de manière définitive quant à l'efficacité du traitement. La découverte la plus importante de ce traitement est que ceux qui y ont répondu, l'ont fait indéfiniment. La dose recommandée du PPS par voie orale est 300mg par jour à raison de 100 mg 3 fois par jour à distance des repas. Il peut être prescrit aussi à raison de 200mg 2 fois par jour pour une meilleure compliance thérapeutique. Toutefois, selon le résultat d'une étude récente (40), le fait de tripler la dose du PPS ne donne pas plus d'amélioration. Quant à la durée efficace du traitement, des études (43) ont montré que les effets thérapeutiques maximaux du PPS ne sont obtenus qu'après une durée de 5 à 6 mois de traitement ou au moins 3 mois. Le PPS est un traitement 58 bien toléré et ses effets secondaires principaux sont d'ordre digestif, avec, parfois, des diarrhées, dyspepsie, douleurs abdominales, plus rarement, une alopécie réversible, céphalées, rush cutané. Quelques cas exceptionnels d'hépatites médicamenteuses biologiques ont été rapportés (47), sans séquelle à long terme. Le taux plasmatique est très faible et n'entraîne aucune anomalie des facteurs de la coagulation. Le risque du traitement est la rechute à l'arrêt. En plus, le produit n'est pas disponible en France. Par contre, son analogue l'Hémoclar, a été utilisé, mais a été retiré du marché sous forme orale. Il semble qu'il n'ait pas donné d'aussi bons résultats que l'ELMIRON®. Par ailleurs, le PPS peut être utilisé en association avec d'autres médicaments. Certains auteurs (39) se sont intéressés à l'efficacité et la sécurité de l'association du PPS par voie orale et l'injection sous cutanée de l'héparine à faible dose. Ils ont noté une amélioration significative de l'intensité de la douleur et ont donc conclu que l'administration simultanée d'une faible dose d'héparine et du PPS oral est une modalité efficace dans le traitement de la CI et qui peut être utilisée en toute sécurité. 2 - Antidépresseurs tricycliques.L'utilisation des antidépresseurs tricycliques dans la CI est récente. Leur mécanisme dans le soulagement des symptômes de la CI serait dû à leurs propriétés pharmacologiques multiple : activité anticholinergique périphérique et centrale, sédation centrale ou antihistaminique et blocage du recaptage présynaptique de la sérotonine et de la noradrélanine. Une mention à part doit être faite pour l'amitriptyline (Laroxyl®). C'est l'antidépresseur tricyclique le plus puissant sur le blocage des récepteurs H1 histaminergiques. L'amytriptyline est un des deux médicaments per os les plus 59 utilisés dans la CI et pourtant les études évaluant ce traitement sont peu nombreuses. HANNO et WEIN (101) ont été les premiers à rapporter, en 1989, l'intérêt de l'amitriptyline dans la CI, en découvrant, par hasard, la disparition symptomatique chez une de leurs patientes atteinte de CI et traitée, par ailleurs, par amitriptyline pour dépression sévère. Hanno a alors utilisé ce traitement pour les malades pour lesquels la distension vésicale et les instillations de DMSO ont été inefficaces. Les résultats obtenus ont été satisfaisants. Dans une autre étude réalisée par Kirkemo et al. (102) une amélioration symptômatologique a été observée dans 90% des cas traités. Kirkemo a traité 30 patients avec 25 à 75 mg par jour d'amitryptiline et a rapporté une amélioration chez 90% des patients.L'amitriptyline doit être débutée avec une posologie très faible de l'ordre de 10 mg le soir au coucher et augmentée progressivement à 25, 50, 75 mg tous les 2 à 3 semaines jusqu à amélioration des symptômes ou apparition d'effets secondaires gênants tels que la sécheresse buccale, la constipation ou la prise pondérale. Ce médicament peut être utilisé lorsque le traitement intra-vésical a échoué. Avant de conclure à un échec thérapeutique, il faut avoir eu recours à des doses suffisantes (jusqu'à 150mg par jour). D'autres anidepresseurs tricycliques sont aussi utilisés dans le traitement de la CI, tels que la doxepine (Sinequin®) et l'imipramine (Tofranil®). 3 - Antihistaminiques.Les deux antihistaminiques suivants ont été efficaces : l’Hydroxizine (Atarax®) à la posologie de 25 à 75 mg au coucher et la cimetidine (Tagamet®) à la posologie de 300 mg deux fois par jour. L'Hydroxizine est un antagoniste des récepteurs H1 qui peut bloquer l'activation neuronale des cellules mastocytaires. C'est ce principe actif qui l'a rendu 60 efficace dans la CI. De plus, l'hydroxyzine a des propriétés anti-cholinergiques qui pourraient améliorer la pollakiurie et des propriétés sédatives qui amélioreraient la pollakiurie nocturne et diminueraient l'anxiété des malades. C'est donc l'ensemble de ces propriétés et notamment son activité inhibitrice des cellules mastocytaires qui expliquerait l'efficacité de l'hydroxyzine par rapport aux autres anti- histaminiques qui jusqu'à présent se sont avérés inefficaces dans le traitement de la CI. Le bénéfice clinique de l'Hydroxizine a été décrit par Theoharides (100). 93% de ses patients traités, ont ressenti un réel bénéfice sur l'impériosité et la pollakiurie et 66% ont vu une très nette diminution de la douleur. Il est intéressant de noter que le traitement a également permis l'amélioration des signes associés que l'on rencontre souvent chez les patients atteints de CI comme la migraine ou les "allergies alimentaire". Dans une étude (43), 90 patients atteints de CI, sous hydroxyzine, ont connu une amélioration symptomatique. 75 des patients avaient des proplèmes d'allergie (rhinite allergique, allergie alimentaire, dermatite ou eczéma) et ont connu une amélioration de 55% de leurs symptômes. L’Hydroxizine pourrait, donc, être sélectivement donnée aux patients ayant des allergies concomitantes afin de potentialiser le succès clinique. La posologie habituelle de l'hydroxyzine commence à 10mg le soir au coucher avec une augmentation possible jusqu'à 25, 50, 75 mg chaque semaine. Cette augmentation est limitée par la sédation, mais les patients devraient poursuivre la prise de doses élevées plusieurs jours car la sédation peut céder par la suite. 4 – Autres. -Immuno-suppresseurs et immuno-modulateurs.L'utilisation empirique des immuno-suppresseurs dans le traitement de la CI a été basée sur le caractère auto-immun de la CI. 61 • Azathioprine.L’azathioprine fut un traitement prometteur dans la CI, mais n'a jamais connu de popularité, propablement à cause de ses multiples effets secondaires. ORAVISTO et ALFTHAN (99) ont traité 38 malades avec l'azathioprine pendant une ou 2 semaines avec disparition de la douleur dans 22 cas et de la pollakiurie dans 20 cas. Malheureusement, les effets secondaires ont été importants. Dans la même étude, la chloroquine a aussi montré de bons résultats, puisque sur 22 patients, 50% ont vu leur douleur disparaître, mais chez 12% seulement, la pollakiurie et l’impériosité se sont améliorées. • Méthotrexate.Dans une étude (32) portée sur un groupe restreint de patients atteints de CI, il a été noté que la méthotrexate avait un effet favorable sur la diminution de la douleur mais aucun effet sur les troubles urinaires. L'efficacité et la sécurité d'utilisation du méthotrexate ont été étudiées sur 9 patientes avec CI réfractaires. 45% de ces patientes ont connu une diminution significative de la douleur, mais aucune réduction de la pollakiurie ou du volume mictionnel n’a été relevée. • Ciclosporine A.Une équipe finlandaise (32), a réalisé une étude sur des patients atteints de CI avec symptômes sévères. Cette étude a montré une diminution significative de la pollakiurie, après la prise de la cyclosporine A. Cette même équipe finlandaise a réalisé, par la suite, une autre étude pour évaluer, cette fois-ci, l'effet de la cyclosporine à long terme sur des patients ayant sous cyclosporine A pendant un an avec amélioration des troubles urinaires. Les auteurs concluent que la cyclosporine A était efficace dans le traitement de la CI avec un effet thérapeutique prolongé. Ce traitement était bien toléré malgré ses effets secondaires potentiels (HTA et insuffisance rénale), ce qui nécessite un suivi médical prudent. L'arrêt du 62 médicament a entraîné une recrudescence des symptômes chez la plupart des patients. Les bons résultats de ces études ne permettent, toutefois, pas d'utiliser la cyclosporine en pratique courante, car ce médicament est potentiellement toxique. • Antagonistes des récepteurs de leukotriène D ( LTD4).- Le Montelukast (Singulair®) est un antagoniste des récepteurs du LTD pouvant être utile chez les patients avec mastocytose vésicale ou ATCD d'allergie documentés, puisqu’il est impliqué dans l'asthme et l'inflammation. Une première étude danoise (48) a montré que l'administration d'une dose quotidienne de Montélucast aux patients atteints de CI avait pour effet d'opérer un soulagement sensible de l'impériosité mictionnelle et de la douleur. Une autre étude (37) portée sur 10 patientes atteintes de CI et traitées par Montelukast a une réduction significative de la pollakiurie nocturne et de la douleur chez ces patientes. D'autres traitements dans cette catégorie tel que le Zafirlukast ne sont pas autant utilisés que le Montelukast étant donné leurs effets secondaires importants. • Suplatast.- Il a été montré que le Suplastast tosilate (un antiallergique commercialisé au Japon) inhibe la production des IgE. Dans une étude pilote (37), des patientes sous Suplatast par voie orale durant un an (300 mg / jour) ont connu une augmentation significative de leur capacité vésicale et une amélioration de leurs symptômes sans apparition d'effets secondaires. • Le Quercetin (CystaQ, Cystoprotek).Quercetin est un produit bioflavonoide naturel, retrouvé à forte concentration dans le vin rouge, les ognions, le thé vert, les plantes et les graines. Il inhibe la prolifération des mastocytes et leur sécrétion de l'histamine. Cet effet du Quetercin serait synergique dans la CI quand il est combiné a l'acide hyluarunique et le sulfure de chondroitine (Cystoprotek®).Dans une étude (37), le traitement par 63 CystaQ de 20 patients a amélioré la CI. Dans une autre étude, 37 patientes traitées par 6 capsules par jour de Cytoprotec ont connu une amélioration symptomatique. Par ailleurs, il a été démontré récemment que le Quetercin est efficace dans le traitement de la prostatite chronique, pathologie qui partage plusieurs parallélis mes avec la CI. Toutes ces études ont montré une amélioration significative des symptômes sous Quetercin, avec peu d'effets secondaires. Les stratégies visant à augmenter la réponse thérapeutique dans la CI devraient prendre en considération l'association des agents immuno-modulateurs avec d'autres substances actives, afin d'obtenir une approche multimodale. • Anti-inflammatoires.- Les anti-inflammatoires tels que : Oxyphenyl Butazone (Tanderil®) peuvent être prescrits alternativement avec les corticoïdes. Cependant, il n'est pas obtenu les mêmes succès sur le plan fonctionnel. D'autre part, les complications des antiinflammatoires prescrits à forte dose ne sont pas à négliger et en limitent donc l’emploi. Les anti-inflammatoires agissent essentiellement sur la douleur. Certains auteurs préconisent la prescription en première intention d'antiinflammatoires : 100 mg, 3 fois par jour, pendant 3 mois. Les corticoïdes ne pourraient être prescrits que devant la persistance des signes fonctionnels. • Corticothérapie orale.- La prescription de corticoïdes par voie générale a été soutenue par Badenoch et al. (46). Ils estiment, en effet, que le traitement doit être le plus longtemps conservateur puisque l'administration locale de corticoïdes au niveau de la vessie n'apportèrent que des résultats médiocres. La dose efficace, par voie générale, et pendant une période suffisamment longue, est de : - 15 mg de prednisolone par jour pendant une semaine; 64 - 10 mg de prednisolone par jour pendant une semaine. - 5 mg de prednisolone par jour pendant plusieurs mois. Pour étudier l'efficacité du prednisone dans la forme ulcéreuse réfractaire de la CI, l'équipe du CHU de l'Hôtel Dieu au Quebec (31) a mené une étude sur 14 patients avec forme ulcéreuse sous une dose quotidienne de 25 mg de prednisone. Les résultats de cette étude ont montré une amélioration de la douleur dans 69% des cas. L'équipe conclut que la corticothérapie devrait être prise en compte chez les patients ayant une forme ulcéreuse de CI et ne répondant pas aux traitements conventionnels. • L-arginine.- La L-arginine est un acide aminé, qui représente l'une des unités structurales élémentaires des protéines. C'est un précurseur naturel de l'oxyde nitrique. Le déficit en ce dernier pourrait avoir un rôle fondamental dans les anomalies inflammatoires et urodynamiques présentes dans la CI. Des études avaient montré que le taux d’oxyde nitrique urinaire était diminué dans la CI. Afin d'évaluer l'efficacité de ce traitement dans la CI, cinq études (18) ont été réalisées. La posologie quotidienne de la L-arginine a varié entre 1,5 à 2,4 g pendant 1 à 6 mois. Toutes ces études ont montré une réduction relative des symptômes de la CI sauf une seule où il n'y a eu aucun changement des symptômes ou du taux d'oxyde de nitrique. Aucun effet secondaire n'a été observé dans cette étude. L'usage de la L-arginine reste controversé et des études récentes (48) ont suggéré que son effet se soit révélé minime en matière de CI. Néanmoins, son usage ne peut nuire dans les cas de CI légère. • Anticonvulsants.- La Gabapentine (Neurontin) est un anticonvulsant dont la structure est analogue au GABA. Son mécanisme d'action exacte n'est pas encore connu. Son 65 efficacité est prouvée dans le traitement des syndromes des douleurs neuropathiques. Utilisée à titre expérimental dans le traitement de la CI et d'autres douleurs d'ordre urogénital, elle peut avoir une action positive chez certains patients se plaignant de douleurs aiguës. Elle a été récemment utilisée dans le traitement de la CI. Hansen (98) a mené deux études sur deux patients atteints de CI, sous 1600 mg de gabapentine chaque jour. Ces patients ont connu une amélioration remarquable de la douleur, avec une diminution concomitante de l'utilisation des agents narcotiques. En outre, Sasaki et al. (97) ont mené une étude sur des patients ayant une douleur genito-urinaire réfractaire, traités par gabapentine. 10 patients d'entre eux ont rapporté une amélioration de la douleur. La posologie peut être débutée par 100 mg le soir au coucher, avec augmentation par palier de 100mg tous les 3 à 7 jours, si bien tolérée. Les effets secondaires les plus fréquemment notés sont la somnolence et le vertige.La carbamazépine (Tegretol®) offre une autre possibilité. En général, ces médicaments ont l'inconvénient de provoquer un assoupissement. • Antagonistes des canaux calciques.- La Nifédipine (Adalat®) est utilisé dans le traitement de l'HTA et de l'insuffisance coronaire. Sur la contractilité du muscle détrusor, les inhibiteurs calciques se sont avérés plus efficaces que les anticholinergiques. De plus, la nifédipine déprime l'immunité à médiation cellulaire contrairement aux autres inhibiteurs calciques, ce qui justifie son choix dans le traitement de la CI. Par ailleurs, certains auteurs (47) considèrent la CI comme une variante du RSD où il y a une stimulation du système nerveux sympathique avec vasoconstriction et ischémie. Les inhibiteurs calciques efficaces dans la CI ont à la fois, des 66 propriétés antispasmodiques immunodépressives, mais aussi permettent une vasodilatation au niveau du muscle lisse. Ceci romprait le cycle du système nerveux sympathique réflexe. Le fait que les bains chauds améliorent de nombreux patients va dans ce sens. Fleischman (96) dans sa première étude portée sur 10 patientes, n’a vu qu’une seule patiente sans amélioration et 3 avec disparition totale de leurs symptômes. A la suite, en traitant 16 patientes selon le même protocole, il a montré une amélioration de 81% de ces patients.. Il faut savoir que plusieurs mois de traitement sont parfois nécessaires pour observer une diminution de la pollakiurie. • Antibiotiques.- L'équipe de la faculté de Maryland (30) a réalisé une étude à propos de l'antibiothérapie orale dans le traitement de la CI. Dans cette étude 50 patients ont été traités par antibiothérapie (25) et placebo (25). La rifampicine ainsi qu'une séquence de doxyciline (100 mg), érythromycine (500 mg), metronidazole (300 mg),clindamycine (500 mg), amoxicilline (250 mg) et ciprofloxacine ont été employées pendant 3 semaines pour chaque ATB, en plus de 300mg de rifampicine administrés quotidiennement pendant les 18 semaines. Le choix de ces ATB a été initialement basé sur l'étude de Durier (30 )qui a connu un taux de réussite élevé dans l'éradication des symptômes de la CI. Par ailleurs, Ghoiem et al. (86) ont rapporté le succès de l'association de ces ATB chez un groupe de patients atteints de CI. Dans cette étude, 48% des patients sous ATB et 24% des patients sous placebo, ont connu une amélioration globale. Cette étude a donc montré que ces ATB utilisés seuls ou en association pourraient être utiles pour diminuer les symptômes de la CI chez certains patients. Toutefois, ceci ne représente pas un progrès majeur dans le traitement de la CI 67 Nalmefene.- • Le nalmefene (Revex®) est un nouvel antagoniste opiacé administré per os qui inhibe l'activité des cellules mastocytaires. L'idée d'utiliser un antagoniste opiacédans la CI est basée sur le fait que les cellules mastocytaires activées libèrent l'histamine et récepteurs les autres médiateurs de la réponse immunitaire quand leurs endogènes opiacés sont stimulés. Pourtant, des traitements antihistaminiques essayés auparavant n'avaient pas été concluants dans la CI. Stone (95) a réalisé une étude sur 27 patientes atteintes de CI avec mastocytose traités par le nalmefene. 58% des patientes ont ressenti une nette amélioration de la douleur après 15 mois de traitement. Le traitement n'était pas sans effets secondaires : insomnie surtout, mais aussi nausées. Ces effets secondaires ont disparu totalement au 3ème mois de traitement. C'est un médicament intéressant dans le traitement de la CI; mais des études randomisées avec un suivi à long terme sont nécessaires pour confirmer ces résultats encourageants. • Analgésiques.- Le contrôle de la douleur constitue un aspect très important du traitement de la CI. Les analgésiques courants ne semblent pas très efficaces pour calmer les douleurs spécifiques à la CI.Les analgésiques sous forme de suppositoires peuvent être aussi utilisés et sont parfois plus indiqués pour les patients présentant des problèmes gastriques. L'usage de patches est une autre possibilité. Ces produits s'ajoutent à la stratégie thérapeutique de la CI pour les patients atteints de CI avec douleur pelvienne sévère. Le phénazopyridine (Pyridium®) est un analgésique de l'appareil urinaire utilisé pour le soulagement de douleurs brèves dans la vessie. Il n'est pas indiqué pour les traitements à long terme car il peut s'accumuler dans l'organisme et provoquer de graves effets secondaires.Typiquement, les auteurs (43) utilisent l'oxycodone ou 68 l'hydrocodone à action courte au cours d'épisodes d'inconfort significatif. La posologie initiale est de 10mg, deux fois par jour. Les opiacés peuvent être utilisés en association avec d'autres agents thérapeutiques de la CI tels que l'hydroxyzine, l'amitriptyline afin de potentialiser l'effet antalgique des analgésiques. Les doses des opiacés peuvent être progressivement diminués lorsque les autres traitements de la CI deviennent efficace. Toutefois, le recours chronique aux opiacés doit être considéré comme une solution ultime. • Anticholinergique.- Les agents anticholinergiques tels que l'oxybutynin et la tolterodine employés pour détendre le muscle vésical, ont été utilisés pour traiter la pollakiurie chez les patients atteints de CI (48). L'oxybutynine (Ditropan®) est un antagoniste des récepteurs muscariniques. Administré par voie orale, il présente les inconvénients de provoquer une somnolence, des troubles de la vision et un grave dessèchement des muqueuses buccales et nasales. La toltérodine (Detrusitol®), elle, est un antimuscarinique développé pour le traitement des vessies sur-actives, réputée pour provoquer moins d'effets secondaires (comme la bouche sèche) et peut être utilisée chez les patients en phase initiale. En outre, le chlorure de trospium (Ceris®), un médicament appliqué dans le traitement des vessies sur-actives, peut aussi se révéler utile pour traiter le symptôme d'impériosité mictionnelle chez les patients atteints de CI. Bien que tous ces médicaments puissent avoir un effet sédatif sur la vessie chez certains patients, il a été démontré (48) que leur usage prolongé pouvait causer des problèmes de rétention vésicale. En outre, ces traitements peuvent diminuer la vidange vésicale et donc exacerber la douleur pelvienne. Leur utilisation dans la CI doit donc être prudente. 69 III-Hydrodistension thérapeutique.Dans la majorité des cas, les patients ont déjà eu de nombreux traitements d'épreuve inefficaces. Il faut donc leur proposer un test d’hydrodistension avec biopsies vésicales. Si l'hydrodistension a eu un effet bénéfique (au moins un mois), il faut proposer en cas de récidive de la symptomatologie clinique une hydrodistension thérapeutique. Cette technique a été proposée par Bampus (46) en 1930. Elle aurait théoriquement 2 mécanismes d'action : La destruction mécanique ou ischémique du plexus nerveux sous muqueux et des barorecepteurs de la vessie ; La dispersion de la dégranulation mastocytaire avec épuisement des médiateurs de l'inflammation. Le but de cette technique est d'obtenir un délai plus long entre deux mictions. Malheureusement, ce traitement "habitue" la vessie à supporter un plus grand volume de dilatation et peut entraîner une douleur que le patient ne peut pas tolérer. Il faut donc la réaliser sous AG avec curarisation. Il n'est pas nécessaire de réaliser de cystoscopie ni de biopsie vésicale. Elles sont réalisées avec une sonde vésicale, en décubitus dorsal, au sérum physiologique, à la pression de 60 à 80 cm d'eau, en laissant la tubulure d'irrigation ouverte pendant une heure. La distension vésicale est surveillée par la palpation hypogastrique. Les capacités vésicales initiale et finale sont mesurées. Cependant, l'aggravation initiale de la symptomatologie rend prudente l'hospitalisation pendant une nuit. Son efficacité doit être entretenue par le calendrier mictionnel et les instillations endo-vésicales. Le traitement d'entretien après l'hydrodistension thérapeutique repose sur le traitement endovésical. Les instillations sont débutées 20 à 30 jours après l'hydrodistension. Quand l'hydrodistension est réalisée dans de bonnes conditions et les indications respectées, on assiste à une amélioration des signes fonctionnels (qui peut parfois durer plusieurs mois) : un grand soulagement au début de la phase d'irritation et 70 une augmentation de la capacité vésicale. Mais les méthodes et les critères d'efficacité diffèrent d'une étude à l'autre. Pour certains auteurs (2), elle permet une amélioration clinique dans plus de 60% des cas et serait efficace aussi bien dans les formes pollakiuriques qu'algiques. Dunn (47), par exemple, rapporte dans son étude que 16 sur 25 des patients traités sont devenu asymptomatiques. Toutefois, Sant (44) n'a rapporté qu'environ 20% d'amélioration de ses patients. Par ailleurs, Hanno et Wein (43) ont rapporté les résultats d'hydrodistension de 82 patients avec capacité vésicale élevée (supérieure à 600 ml) et de 38 patients avec capacité vésicale diminuée (inférieure à 600ml). 12% du groupe à capacité élevée, et 26% des patients à capacité faible, ont eu une excellente réponse. Cependant, l'amélioration symptomatologique est à court terme. En cas d'échec du traitement d'entretien endovésical, les hydrodistensions thérapeutiques peuvent être répétées si les récidives sont espacées. L'indication de l 'hydrodistension est une capacité vésicale réduite et sans fibrose. Toutefois, cette technique n'est pas sans risque, sa complication majeure étant la rupture vésicale signalée dans 10 % des cas. Pour conclure, les résultats de l'hydrodistension sont variables et la durée de l'amélioration incertaine. Son rôle et sa valeur sont, à ce jour, objets de controverses. IV -Traitements administrés par instillation endovésicale.Le premier principe dans le traitement de la cystite interstitielle est de corriger le problème du dysfonctionnement de l'épithélium vésical. Sur le plan pharmaceutique, cela n’est possible qu’avec l’instillation intravésicale. Le traitement intravésical est largement répandu, notamment l'utilisation du DMSO (diméthyl sulfoxide) qui était le seul médicament approuvé par l'Office américaine du contrôle pharmaceutique et alimentaire (FDA) pour la CI en 1987. 71 L'utilisation de médicaments par voie intravésicale présente des avantages et des inconvénients. Les avantages sont : une forte concentration médicamenteuse dans la vessie, une absorption minimale qui explique le peu d'effets secondaires systémiques, l'absence d'interférence avec la fonction rénale et la possibilité d'utiliser des produits qui ne peuvent être utilisés per os tel que l’héparine. Les inconvénients sont : l'inconfort du patient, la morbidité due au cathéter, le risque d'infection urinaire toujours présent dans ce genre d'opération, mais qui est de nos jours relativement rare, et enfin la nécessité d'une anesthésie pour certains médicaments comme la chloropactine. Les médicaments utilisés pour le traitement intravésical peuvent s'appliquer séparément ou en cocktail combinant plusieurs éléments actifs, dont un analgésique. Le nombre d'instillations nécessaires peut varier selon les traitements. L'instillation peut s'effectuer en hospitalier ou en ambulatoire, dans les cas nécessitant plusieurs instillations par semaine; ce que certains trouvent préférable. La plupart des fluides utilisés pour l'instillation doivent être gardés dans la vessie de 15 à 60 minutes pour être efficaces, la durée variant selon le produit utilisé. 1- Diméthyl sulfoxide.Le DMSO est l'une des substances les plus généralement utilisées pour les instillations vésicales. Il possède plusieurs propriétés :anti-inflammatoires, analgésiques, antiinfectieuses, myorelaxantes, inhibitrices des mastocytes et solvantes du collagène. En effet, le DMSO augmente la capacité vésicale mesurée sous anesthésié et diminue les phénomènes douloureux. Le protocole d'instillation est empirique. Trois à quatre semaines après biopsie, et si les urines sont stériles, 50 cc de aqueuse à 50% de DMSO sont instillés. La solution doit être gardée au moins 15 minutes. Le traitement est répété tous les 72 15 jours pendant une période de 6 mois en moyenne. Quatre à huit instillations sont réalisées. Parfois, les 2 premières cures sont suivies d'une majoration de la symptomatologie. L'amélioration se dessine vers la troisième ou quatrième instillation. Pendant le suivi, il est nécessaire soit de changer de traitement, soit de répéter une nouvelle série d'instillations sous anesthésie souvent proposée en première intention, lorsque les traitements per os n'ont pas permis d'améliorer de manière significative les symptômes. L'instillation de 50% de DMSO a permis de constater une diminution de la douleur, ainsi qu'une diminution de la pollakiurie et ceci pour la majorité des patients atteints de CI sans toxicité locale ni générale. En outre, il a été apporté dans plusieurs séries,jusqu'à 80% de bons résultats. Dans une étude (1), 50 à 93% des patients ont été améliorés après une phase initiale de recrudescence des douleurs. Certains auteurs (47) ont obtenu d'excellents résultats en utilisant ce traitement avec 90% de réussite. Perez Marrero (43), a noté une amélioration chez 93% patients sous DMSO, mais avec un taux de rechute de 59%. Une autre étude (16) a montré une amélioration chez 53% des patients traités par DMSO. Par ailleurs, une étude (18) a utilisé le DMSO dans le traitement des pathologies inflammatoires génito-urinaires incluant la CI. 54 des 100 patients traités avec une forme classique de la CI, ont eu d’excellents résultats. Dans l'expérience de l’équipe de l’hôpital Cifuente Delatte (6), la réponse dans les six premiers mois a été satisfaisante avec disparition des symptômes chez 40% des malades. En général, bien que le traitement ait été maintenu, cette expérience a montré que pour la majorité de ces malades, il a été nécessaire de recourir à d'autres traitements complémentaires. Les récidives quelques mois après l'arrêt du traitement sont assez fréquentes. Dans ce cas, un traitement de fond ou l'association à l'héparine ou à des corticoïdes 73 intravésicaux ont été proposés. Une des limitations à l'utilisation du DMSO est qu'il peut provoquer un goût et une odeur d'ail de l'haleine, gêne qui ne dure pas plus de 24 à 48 heures. Pour cela, le docteur Stantey Jacob (18), pionnier dans ce domaine, s'est intéressé au methyl sulfonylmethane (MSM), connu aussi sous dimethyl sulfone (DMSO2). Le MSM paraissait être mieux toléré, car il n’a pas la même odeur que le DMSO. Il est estimé qu'à peu près 80% des patients se sont améliorés sous MSM, même si ce dernier n'a pas encore été sujet d’essais cliniques. En outre, d'autres effets secondaires du DMSO ont été rapportés, telle une sensation de brûlure et de douleurs pelviennes. Ces dernières ont été signalées dans une étude (47) dans 10% des cas traités par DMSO et se manifestent par des spasmes vésicaux. Par ailleurs, des doses massives de DMSO ont provoqué, chez les animaux, des opacités du cristallin et des modifications de l'indice de réfraction (46). Et après une application locale de DMSO sur la peau chez l'homme, il a été constaté des troubles de la vision des couleurs, photophobie, céphalées, nausées et diarrhées. Dans ces cas, une surveillance ophtalmologique souvent recommandée. Bien que le traitement par DMSO soit sans danger, peu coûteux, efficace et dénué de toxicité locale ou systémique, sa nature et son obtention ont été la cause de son abandon progressif. 2– Chloropactine WCS 90 ou Oxychlorosène de sodium.La chloropactine W.C.S 90 ou l'oxychlorosène de sodium est un traitement à base d'acide hypochlorique qui a une activité germicide et d'acide sulfonique. Elle exerce une action « détergente » sur la muqueuse vésicale. Pour certains auteurs (46), les bénéfices de ce traitement reviennent à la distension hydraulique. Par ailleurs, il a été noté une amélioration de l'apparence de la muqueuse vésicale 74 vue en cystoscopie. En effet, on a constaté une diminution des pétéchies et de la "pluie" sanguine pathognomonique de la CI. La prescription de la clorpactine en instillation vésicale a été étudiée par Messing et Stamey (46). La technique est simple, mais il n'existe pas de protocole uniforme : l'instillation est réalisée à travers un cathéter urétéral, à une pression de 10 cm d'eau jusqu' à ce que la vessie soit pleine. La concentration allant de 0,2 à 0,4 %, le volume de solution (250 cc à 500 cc) dépend de la capacité vésicale. Le temps de contact du produit est d'environ 5 minutes. La vessie est, ensuite, vidée et les instillations répétées jusqu'à ce qu'un litre de solution d'oxychlorozène ait été utilisé. Ceci est réalisé pendant 4 à 6 semaines sous anesthésie générale ou régionale, l'instillation étant très douloureuse. Chez la plupart des patients, les jours qui suivent l'instillation de clorpactine sont marqués par une majoration des symptômes. Pour cette raison, un cathéter de Foley est souvent laissé durant les 48 heures qui suivent l'instillation. Théoriquement, les cures répétées entraînent une morbidité due aux AG et une atteinte de la muqueuse vésicale. Cependant, Sant (94) a réalisé chez plus de 60 patients, 8 à 10 cures sous AG et il n'a noté aucune atteinte de la muqueuse vésicale, de réduction de la capacité vésicale, de reflux urétéral ou de morbidité liée aux anesthésies répétées. Ce traitement n'est indiqué qu'en cas de récidive sous DMSO ou sous nitrate d'argent. La durée du soulagement symptômatologique est très variable. Ce traitement a été remplacé, en grande partie, par des modes de traitement moins douloureux. 75 3– BCG.Le BCG est une souche atténuée du Mycobacterium mécanismed'action exacte n'est pas encore clair. Cet agent bovis dont le est utilisé dans les cancers de la vessie et il augmenterait le taux d’oxyde nitrique. Son bénéfice dans la CI a été identifié par « serendipity ». En effet, une amélioration linique a été observée avec l'utilisation du BCG intravésical chez un patient supposé avoir un carcinome in situ s'avérant être une CI par la suite (47). Afin d'évaluer l'efficacité de ce traitement, une étude de Zeidman et al. (5) a montré une réponse favorable au traitement par BCG intravésical. Cela a été consolidé par Peters et al. (5) dans une étude récente qui a noté une amélioration chez 87% des patients sous BCG à long terme. Dans une autre étude (16) utilisant 6 instillations de BCG, 60% des patients ont eu une amélioration de leurs symptômes. Toutefois, le traitement par BCG endovésical serait dangereux dans la CI pour certains auteurs. Par ailleurs, en ce qui concerne l'efficacité du BCG par rapport au DMSO, Peeker et al. (93) ont trouvé que le BCG n’a pas eu de bénéfice, alors que la DMSO a pu diminuer de la pollakiurie . Pour certains auteurs (43), le succès initial du DMSO pourrait être le résultat du bénéfice tardif des instillations de BCG. Toutefois, une étude suédoise (5) réalisée sur des patients traités par DMSO ou BCG n'a pas pu démontrer l'efficacité du BCG par rapport au DMSO. 4 - Autres traitements intra-vesicaux : • Héparine.- L'héparine est un GAG possédant des propriétés anti-allergiques et antiinflammatoires. De plus, Elle mime la fonction anti-adhérente des GAG et sert donc à restaurer le revêtement épithélial de la vessie. Elle peut être utilisée en instillation endovésicale 3 fois par semaine à la dose de 10 000 unités de sulfate d'héparine (diluées dans 10 cc d'eau). Ces instillations peuvent être maintenues plusieurs 76 semaines jusqu' à 3 mois. Cette technique permet de réduire le taux de rechutes chez les patients ayant bien répondu au traitement par DMSO. Elle a été recommandée comme traitement d'entretien. Elle serait active chez 50% des patients. Une étude (16) a montré une amélioration symptômatologique chez 56% des patients traités par cette méthode peut être absorbée en cas de CI d'où la surveillance hebdomadaire de la coagulation et des plaquettes sanguines. En cas de récidive ou de forme hyperalgique une héparinothérapie sous cutanée a été proposée. Ceci a montré une amélioration des symptômes et particulièrement de la douleur. Cependant, des études récentes suggèrent qu'il existe un risque d'ostéoporose. • PSP ( Elmiron ).- Ce traitement est utilisé essentiellement per os comme nous l'avons vu, mais des études (47) concernant l'instillation intravésicale de PPS ont montré un certain bénéfice, avec une amélioration des symptômes plus rapidement qu' avec la forme per os. • Acide hyaluronique.- L'acide hyaluronique (Cystistat®, SI-7201®), est un composant mucopolysaccharidique majeur de la matrice extracellulaire de la plupart des tissus et constitue en grande partie la couche de GAG qui tapisse la muqueuse vésicale. Comme l'héparine et le PPS, il est censé restaurer temporairement le revêtement GAG défectueux et, en conséquence, soulager les symptômes (48). L'acide hyaluronique est connu pour être bien toléré par l'organisme. Cystistat® est commercialisé dans une vingtaine de pays et il fait actuellement l'objet d’étude en Europe. Pour évaluer l’efficacité de l'acide hyaluronique, Porru et al. (43) ont mené une étude sur 10 patients. Au bout des 6 semaines, 3 patients ont répondu 77 favorablement au traitement et l'ont poursuivi pendant 6 mois. En outre, Morales et al. (92) ont mené une étude sur 25 patients avec CI. Ils ont rapporté une réponse de 56% à 4 semaines de traitement, une réponse de 71% à 12 semaines de traitement. Aucune toxicité significative n'a été observée chez aucun patient. Cette étude est encourageante, mais ne présume pas de l'efficacité et des effets secondaires à long terme de l'acide hyaluronique intravésical. Elle offre, toutefois, de nouvelles possibilités thérapeutiques. • Chondroïtine sulfate (Uracyst).- Le chondroïtine sulfate (Uracyst-S®) est une substance présente à l'état naturel dans le revêtement vésical GAG. Ce traitement est censé remédier à la carence de cette substance dans la protection GAG. Son utilisation dans le traitement de la CI a été récemment introduit. Les premières études (48) menées à ce sujet au Canada semblent prometteuses. Une étude (18) a comparé les chondroitines sulfates chez des sujets atteints de CI et des sujets témoins. Elle a montré une différence significative de la prévalence des couches de chondroitines chez les patients atteints de CI. Concernant l'efficacité de ce produit, une étude (5) a rapporté un soulagement symptômatologique pour une durée de 12 semaines après traitement chez 71% des patients. Par ailleurs, la prise orale de la chondroitine sulfate à la dose quotidienne de 1200 mg a été utilisée (18) cliniquement avec des résultats moyens et sans effets secondaires. • Lidocaine.- Ce traitement a donné une amélioration symptomatique pour une période durable dans une étude (5). Une autre étude (90) a utilisé la lidocaine intravésicale chez un patient, les symptômes dans un premier temps améliorés, sont réapparus dans les 3 mois qui ont suivi l'arrêt du traitement. 78 Par ailleurs, Henry et al. (91) ont mené une étude sur des patients sous lidocaine suivi immédiatement de 8,4% de bicarbonate de sodium. Ces patients ont eu une diminution significative de la douleur. Les auteurs concluent que l'alcanisation de la solution de lidocaine assure une bonne absorption de cette dernière par la vessie. • Nitrate d'argent.- Le nitrate d'argent exerce un effet caustique, antiseptique et astringent sur la vessie. Il est principalement utilisé dans le cas des patients présentant des hémorragies vésicales. Son utilisation fut en 1926 dans la CI a été appliquée par Hunner (48) en1928. L'activité du nitrate d'argent dépend de sa concentration et du temps de contact dans la vessie. Le temps de contact varie de 2 à 10 mm. L'intervalle entre deux cures est de 6 à 8 semaines. Il est très souvent associé à une hydrodistension vésicale. En ce qui concerne l'efficacité du traitement par nitrate d'argent, Pool (89) a retrouvé une amélioration de la symptomatologie chez 89% des patients avec un taux derechute de 31%. En moyenne, le taux de succès de ce traitement après un an est d'environ 50 %.Toutefois, ce traitement n'est pas sans risque, même s'il ne pénètre pratiquement pas à travers la muqueuse. Une « fuite » dans le péritoine ou le rétropéritoine peut être dangereuse et même fatale. Le reflux vésico-urtèral est contre indication. • Doxorubicine ( Adriamycine).- Ce traitement a été utilisé chez des patients ayant une forme majeure de CI. Le protocole consistait en des instillations hebdomadaires (50 mg de doxorubicine dans 50ml de sérum physiologique) pendant 6 semaines, puis une instillation par mois. Le temps de contact du produit dans la vessie était de 2 heures. Les douleurs ont diminué chez tous ces patients avec une cicatrisation complète des ulcères. 79 Cependant, d'autres études contrôles sont nécessaires avant de conclure au bénéfice réel de ce traitement. • Récepteurs de vanilloïdes : Capsaicine.La capsaicine est un agoniste des récepteurs vanilloïdes et un composant du poivron rouge. Il est associé à la désensibilisation des fibres nerveuses non myélinisées connues pour la transmission de la douleur. Une étude (45) a montré une amélioration significative de la pollakiurie chez les patients sous capsaicine contre aucune amélioration dans le groupe placebo. Cependant, l'utilisation de l'instillation intravésicale de la capsaicine dans la CI a été réduite, à cause de la sensation de brûlures sévères. Résiniferatoxine.La Résiniferatoxine est un analogue de la capsaicine. Elle est, toutefois, beaucoup plus puissante que la capsaicine et avec moins de brûlures sévères. Lazzeri et al. (88) ont mené une étude sur 18 patients atteints de CI. Après une seule administration, ces patients ont connu une réduction significative la pollakiurie et de la douleur, au bout de 30 jours et au bout de 90 jours, un soulagement encore plus remarquable. Aucun effet neurotoxique n' été rapporté. Cependant, 4 patients sous traitement se sont plaint d'un mal léger transitoire ou de sensation de brûlures au niveau de l'uretère supra pubien. Toutefois, ce produit n’est pas encore commercialisé. Injection de la toxine botulique A.La toxine botulique A a initialement vu son utilisation en urologie dans le traitement de la spasticité musculaire. Son injection trans-urètrale en untradétrusor a été utilisée chez les patients ayant une vessie neurologique, une pollakiurie, une impériosité mictionnelle et une incontinence urinaire. La plupart de ces patients ont eu une amélioration remarquable de l’incontinence, bien que son effet ait disparu 80 après 3 mois. Par ailleurs, selon certains auteurs (35), les injections de BTX-A auraient un effet anti nociceptif sur la douleur aigue et chronique chez les patients atteints de CI et seraient responsable d'une amélioration symptomatique et fonctionnelle. Ils ont mené une étude sur 13 patientes atteintes de CI qui ont reçu des injections de Dyport et de botox. Au total, 69% des patients, ont eu une amélioration subjective de la douleur. Le premier besoin maximal et la capacité cytométrique maximale ont augmenté de 58 et 57% respectivement. L'utilisation de la toxine botulique A est encore expérimentale mais ces résultats sont encourageants. Injection intravésicale de l'oxybutynine.Le chlorure d'oxybutynine est un amine tertiaire qui a des propriétés antimuscariniques, spasmolytiques et anesthésiques locales. Il a un effet thérapeutique bien documenté chez les patients avec instabilité vésicale ou compliance diminuée, car il augmente la capacité vésicale et diminue la pression et les contractions vésicales. Il existe une controverse concernant la présence d'instabilité vésicale chez les patients atteints de CI. Ainsi, l'administration intravésicale du chlorure d'oxybutynine serait un agent potentiellement bénéfique dans le traitement de la CI. Pour évaluer son efficacité chez les patients atteints de CI, une équipe d'urologues grecs (36), a réalisé une étude sur 36 patientes atteintes de CI traitées progressivement traitées par des instillations intravésicales d'oxybutynine. Une amélioration statiquement significative de tous les paramètres (le nombre de mictions par jour, le volume par miction, la capacité vésicale fonctionnelle...) a été notée. Disodium chromoglycate.Le disodium chromoglycate est une substance qui enraye la production des mastocytes. Les urologues l'utilisent déjà avec un succès variable dans les 81 instillations vésicales. Cependant, le soulagement apporté est généralement de courte durée et le retour des symptômes d'autant plus rapide. Cromoglysate.Le cromoglysate est un inhibiteur des cellules mastocytaires. Une étude (87) faite a montré que l'utilisation du cromoglycate avait un effet bénéfique chez 6 patients sur 9 traités. Cependant, les réponses étaient de courte durée et la plupart des patients ont eu besoin de compléter le traitement par des hydrodistensions répétées. 5-Multithérapie ( associations d'instillations).Certains urologues (38) proposent une multithérapie intravésicale pour letraitement des patients avec CI ne répondant pas à la monothérapie intravésicale. Ils considèrent que l'instillation de multiples agents intravésicaux est théoriquement plausible et a un succès anecdotique dans le traitement de la CI. L'administartion simultanée de ces produits potentialise l'effet thérapeutique et la synergie. v Association DMSO+corticoides.- Ghoniem et al. (86) ont associé le DMSO, l'héparine et le prednisolone pour le traitement de 25 patients atteints de CI. 92% des patients, ont eu une rémission.Par ailleurs on a trouvé que l'association du DMSO avec l'hydrocortisone était bénéfique. Mais, ce traitement a été, en fin de compte, abandonné à cause des effets secondaires inévitables qu'entraîne la corticothérapie à forte dose. v Association Héparine+corticoides.- PARSON (38), a récemment étudié l’efficacité d'une nouvelle solution thérapeutique intravésicale dans le traitement de la CI. Une solution d'héparine, de 1% ou de lidocaine et de 8,4% de bicarbonate de sodium, a été administrée en intravésical chez des patients ayant une CI. Après une seule instillation, il a été noté une amélioration symptomatique 82 Immédiate de ces patients. Parson a conclut aussi que la solution d'héparine associée à la lidocaine alcanisée était responsable d'une amélioration immédiate et durable de la douleur et de la pollakiurie. Dans le traitement de la CI, cette nouvelle solution pourrait être utile dans l’intervalle avant que la thérapie par héparine atteint entièrement son effet. D'autres associations peuvent être utilisées. Une équipe d'urologues (43), par exemple, utilise un cocktail de gentamicine, d'héparine, de bupivacaine, de bicarbonate de sodium et d'hydrocortisone . En général, l'association héparine corticoïdes est indiquée dans les formes à prédominance pollakiurique et l'association bicarbonate Na et lidocaine est indiquée dans les formes à prédominance algique. 6 - Méthodologie.Sant (47) donne une démarche à suivre dans le traitement intravésical de la CI. Tout d'abord, il faut utiliser le DMSO de préférence en monothérapie. Si après 4 à 6 cures (une cure correspondant à une instillation par semaine) les patients ne répondent pas, ils doivent bénéficier de l'association DMSO + Hydrocortisone + héparine pendant 2 à semaines. Les corticoides sont particulièrement intéressantes chez les patients dont les biopsies vésicales mettent en évidence une inflammationéasinophilique. L'héparine et le bicarbonate de sodium ont également été utilisés en association avec le DMSO. Cependant, cette association ne semble pas apporter plus que l'association DMSO/ corticoïdes. Toutefois, l'utilisation mensuelle d'héparine à 10 000 UI semble diminuer les rechutes chez les patients améliorés par les cures de DMSO associé ou non aux corticoïdes. Les patients qui ne répondent pas au DMSO ou ceux présentant une symptomatologie très sévère doivent bénéficier d'un lavage à la clorpactine. Celle ci 83 n'est pas utilisée en première intention, car elle nécessite une AG et provoque des douleurs. À cause de cela, beaucoup de patients sont réticents à ce traitement qui pourtant améliore de nombreux autres résistants à différents traitements. V- Traitements adjuvants.Neuromodulation ou électrostimulation.Le principe de la neuromodulation n'est pas nouveau. Elle a été utilisée dans le traitement de la douleur depuis les années 60. Elle opère un reconditionnement des nerfs affectés au contrôle de la fonction vésicale. Il en résulte une inhibition des contractions intempestives et une restauration du fonctionnement normal de la vessie. Le bon état de la racine des nerfs du système périphérique soumis à la stimulation constitue une condition essentielle de réussite de l'opération. Ils existent plusieurs techniques de neuromodulation: 1 -Electrostimulation sacrée transcutanée (TENS).L'électrostimulation transcutanée est la plus ancienne forme de stimulation nerveuse. Elle consiste à transmettre à l'organisme de faibles impulsions électriques par le biais d'électrodes placées dans la région sus-pubienne ou le bas du dos. L'électrostimulation est engendrée par une petite unité portative. Un grand nombre de patients de divers pays utilisent ce procédé comme une forme (complémentaire) de traitement de la douleur. L'électrostimulation transcutanée est aussi censée accroître la production par l'organisme de substances analgésiques naturelles comme l'endorphine. En outre, il a été démontré qu'elle normalise le taux élevé de l'APF et le taux bas de l'HB-EGF au niveau des urines des patients atteints de CI. Cette technique est une alternative intéressante et pourrait être d'un intérêt capital dans la CI, devant l'échec des traitements médicaux conservateurs et avant 84 d'envisager une intervention chirurgicale. Afin d'évaluer l'efficacité de cette technique, Maher et al. (85) ont mené une étude sur 15 patients atteints de CI. Ceci a permis l'amélioration significative de la fréquence diurne, de la pollakiurie nocturne, du volume mictionnel moyen et de la douleur vésicale. Une autre étude (43) sur 31 patients a utilisé cette technique pendant 7 jours. Il a été noté une augmentation du volume mictionnel maximum. Par ailleurs, Fall et Lindstrom (84) avec 2 séances par jour d'une demi-heure à 2 heures, ont mené une étude sur 60 patients (33 avec ulcère de Hunner et 27 sans). 54% des patients avec ulcère ont été nettement améliorés par le traitement. De plus, l'examen endoscopique notait que les lésions vésicales avaient totalement ou quasiment disparu et que la distension n'entraînait pas de saignement. La capacité vésicale avait également considérablement augmenté. Dans le groupe sans ulcère de Hunner, 26% seulement des patients ont été améliorés. Récemment on parle de la neuromodulation de la racine sacrée en utilisant un pacemaker connecté aux électrodes qui sont positionnés dans le foramen S3 ou S4. Ceci est en cours d'évaluation. Actuellement, l'électrostimulation périnéale par voie endovaginale est utilisée. Des résultats favorables ont été obtenus par cette technique (46). En effet, on assiste à une importante diminution de la douleur et de la pollakiurie chez tous les patients, après une longue période thérapeutique. 2 - Stimulation percutanée du nerf tibial (PTNS).La stimulation percutanée du nerf tibial, (décrite aujourd'hui comme Urgent PC Stimulator®), constitue un développement récent dans ce domaine. Le nerf qui innerve toute la jambe à partir du plexus sacré - le nerf tibial postérieur - convient particulièrement pour les thérapies destinées à améliorer le 85 fonctionnement de la vessie. Dans le cas de la PTNS, l'effet thérapeutique est obtenu à partir de séances hebdomadaires d'électrostimulation de 30 minutes. La stimulation du nerf tibial postérieur s'opère à partir d'une aiguille très fine, insérée à chaque séance juste derrière la cheville. L'électrostimulation est transmise par l'aiguille au moyen d'un générateur électrique externe à basse tension (avec télécommande). Celui-ci transmet un faible courant électrique aux nerfs, situés dans la zone pelvienne, affectés au contrôle du fonctionnement de la vessie, des intestins et des organes pelviens. Il est encore impossible de se prononcer sur le type de patients pour lesquels ce traitement serait indiqué. Il offre, toutefois, une alternative toujours utile pour les personnes ayant essayé sans résultat probant toutes les autres formes de traitement. Les premiers essais sembleraient indiquer que les meilleurs résultats sont enregistrés chez les patients en phase initiale. Une version implantée est à l'étude. Toutefois, les résultats de cette technique étaient décevants dans une étude (49), menée par une équipe d'urologues australiens sur des patientes atteintes de CI. Ces patientes ont appliqué quotidiennement, cette thérapie au laser pendant 12 semaines. Cette étude n’a pas montré de différences significatives entre le traitement par PTNS et placebo. 3 - Interstim® Stimulation (neuro-modulation) du nerf sacré pour dysfonctionnement vésical .La stimulation du nerf sacré Interstim® est une option pour les patients qui ne réagissent pas aux traitements standard et présentent depuis longtemps des symptômes invalidants. Elle est aussi utilisée pour les patients présentant une "vessie paresseuse". Ce procédé a aussi été appliqué, ces dernières années, dans le traitement des patients présentant une CI avec des résultats encourageants qui ont fait l'objet de publications. 86 Elle comprend deux phases : test de stimulation et implantation. Au cours de la procédure du test de stimulation, une électrode provisoire est implantée au bas du dos du patient. Cette électrode est connectée à un stimulateur externe. La décision de poursuivre et de procéder à l'implant est fondée sur l'information recueillie quotidiennement dans un journal, et sur la propre expérience du patient. Si la décision est positive, une électrode permanente est alors implantée dans la région du sacrum et connectée à une sorte de pacemaker qui transmet un courant électrique continu à très basse tension aux nerfs sacrés concernés. 4 - Miniaturo™-I: Nouvelle forme d'électrostimulation conçue en Israël, le Miniaturo™-I est actuellement testée sur des patientes souffrant de douleurs pelviennes et/ou d'impériosité mictionnelle associées à la CI. Le Miniaturo™-I est un système implantable à encombrement minimal pour les personnes ayant essayé sans résultat probant les formes de traitement conservateur. Le système de test Miniaturo (MTS) permet au médecin d'évaluer la compatibilité du patient avant de prendre la décision de procéder à l'implantation définitive. VI- Traitement chirurgical.Pour la plupart des patients les traitements conservateurs sont suffisants. Pour une minorité des patients, environ 10%, ces traitements échouent et ces patients peuvent alors bénéficier d'un traitement chirurgical.La chirurgie ne représente que 1 à 5% du traitement de la CI et elle doit être évitée le plus longtemps possible. Le retentissement de la maladie sur la qualité de vie du patient est décisif dans l'indication d'un traitement chirurgical. Il faut évaluer le degré d'atteinte de la 87 vie professionnelle ou familiale, la pollakiurie, et l'intensité de la douleur. D’une façon générale, ce traitement ne s'adresse qu'aux patients atteints de CI avec formes majeures, de douleurs invalidantes rebelles et de capacité vésicale réduite, ou après échec du traitement médical et en accord avec le patient. 1 - Traitements chirurgicaux non invasifs : o Résection trans-urétrale ou éléctrocoagulation.La résection trans-urétrale des lésions Hunneriennes est pratiquée après avoir averti le malade que l'amélioration serait passagère. Elle s'adresse, avant tout, aux patients pour lesquels les lésions sont uniques ou peu nombreuses. Son mode d'action serait la suppression des terminaisons nerveuses intramurales affectées par le processus inflammatoire. La résection des zones avec une réaction inflammatoire importante diminuerait, en effet, la production locale d'un grand nombre de médiateurs inflammatoires. Kerr (82) a réalisé une résection trans-urétrale de l'ulcère de Hunner chez un patient qui a eu une amélioration immédiate et une réponse prolongée. Greenberg et al. (83) ont utilisé cette méthode pour traiter 28 patients qui ont tous connu une amélioration avec recrudescence chez seulement 4 d'entre eux. Dans une autre étude (16), l'électrostimulation a amélioré 54% des patients avec forme classique de la CI et 26% avec forme non ulcéreuse. Une étude (6), portée sur 46 cas traités par cette méthode, a été moins satisfaisante avec de bons résultats dans 17,4% des cas seulement. En outre, des séances répétées de résection peuvent être responsables d'une contraction vésicale selon une étude récente (32). Il est en tout cas nécessaire d'essayer ce traitement avant toute chirurgie majeure; 88 il permet au moins de retarder l'échéance. o Laser YAG.L'ablation des ulcères de Hunner peut se faire aussi par l'utilisation du laser neodymium aluminium garnet YAG. Hofstetter (81), en Allemagne, est un des pionniers de l'utilisation du YAG. Ce traitement est utilisé en urologie depuis 1960 pour le traitement des tumeurs vésicales ainsi que pour d'autres pathologies tels que le rétrécissement urétral et l'hyperplasie bénigne de la prostate... Ce traitement est en cours d'évaluation et semble intéressant dans les formes de CI hyperalgique ou avec ulcère de Hunner . En effet, l'irradiation des tissus par ce laser, les fait blanchir et fait élever la température de la surface vésicale jusqu'à 60 à 70 degrés C. Ceci permet d'éviter les dommages thermiques de la muqueuse vésicale et des fibres élastiques sous-jacentes qui restent intactes et donc d'éviter la contracture vésicale et les cicatrices au niveau de la vessie, et ce malgré plusieurs séances de traitement par laser. En théorie, les zones inflammatoires ou les ulcères de Hunner seraient détruits par la photoradiation tandis que la muqueuse vésicale resterait intacte. En outre, lors du traitement des cancers vésicaux par laser, il a été noté que la capacité n'a pas été modifiée, élément important pour l'application du traitement de la CI. Les patients doivent être prévenus des dangers provoqués par l'énergie délivrée qui peut entraîner une perforation intestinale. Le laser ne doit pas être utilisé au-delà de 25 W. La durée des impulsions est de 3 secondes maximum. Il est bon de répéter le traitement au bout de 2 à 3 semaines plutôt que d'insister lors de la première séance. L'intérêt du laser YAG est de pouvoir répéter les séances sans danger, car il n’y a pas d’effets-dose dépendants. Shamberg et Malloy (80) ont étudié au total 76 patients atteints de CI (27 avec ulcère de Hunner et 59 sans) ayant bénéficié d'un traitement par laser YAG. Sur les 27 patients avec ulcère, 21 ont ressenti immédiatement après la séance de laser 89 une très nette amélioration de leurs symptômes. Pour les 59 patients sans ulcère de Hunner, 78% d’entre eux s’étaient immédiatement améliorés. Il n’a pas été noté de complications. Dans cette même étude, 2 cas de perforation intestinale minime ont été notés. Une étude New-yorkaise (33) a été réalisée sur un total de 24 patients atteints de CI ayant subi auparavant une résection des ulcères de Hunner. Tous les patients ont eu une amélioration symptomatique. Il n'y a pas eu de complications. Les auteurs concluent que le traitement par laser YAG est une excellente méthode peu invasive dans le traitement de la CI étant donné qu il est bien toléré, avec peu de complications et une amélioration symptomatique rapide. Toutefois, le laser Nd-YAG n'est pas une cure; il donne juste l'opportunité aux patients d'avoir un soulagement de leurs symptômes pour une durée prolongée et peut être répété si nécessaire. 2- Traitement chirurgical invasif (Chirurgie majeure ).La chirurgie majeure (cystectomie partielle ou totale) est l'option thérapeutique finale pour les patients atteints de CI. La cystectomie totale avec urétrectomie, chez la femme, et dérivation urinaire cutanée paraît être la chirurgie la plus efficace. Ces dernières années, la pratique a démontré que les personnes souffrant de CI étaient différentes des autres, ce qui rendait essentiel, dans ce cas, de pratiquer l'ablation intégrale de la vessie et de l'urètre. Si l'urètre est sauvegardé, les patients continuent à ressentir les mêmes symptômes douloureux, même après l'ablation de la vessie. Ce qui exige une seconde opération pour enlever l'urètre douloureux. Mais si cette technique fait disparaître le syndrome urologique son efficacité sur les douleurs reste discutable, car elle ne garantit pas un succès fonctionnel : "Syndrome de la vessie fantôme". C'est l'un des problèmes susceptibles de se 90 manifester après l'ablation de la vessie. En effet, le patient peut continuer à ressentir les douleurs même après que l'organe défectueux a été enlevé. Il peut s'agir d'une diffusion de douleurs persistantes au niveau du plancher pelvien dues au développement de nouveaux nerfs dans le bassin suite aux graves douleurs dans la vessie causées par la CI. La cystectomie partielle donne souvent de très bons résultats, en cas de lésion unique avec capacité vésicale conservée. Toutefois, il ne semble pas que cette résection partielle sans doute réservée à des formes "débutantes" de la maladie, apporte des résultats fiables en ce qui concerne une diminution des signes fonctionnels. Malgré ces interventions chirurgicales bien adaptées, les patients peuvent toujours souffrir d'inconfort persistant. Une étude a été menée par BASKIN et al. (79) sur 4 patients ayant une douleur pelvienne persistante malgré une cystectomie, une hystéroctomie ou une salpingoovariectomie bilatérale. Pour ces auteurs, la présence d'une sensibilité centrale ou d'un dysfonctionnement du plancher pelvien non traité contribueraient à la persistance de la symptomatologie. Pour cela un bilan préoperatoire approprié devrait inclure une évaluation du plancher pelvien, en plus de l'évaluation psychologique globale, génito-urinaire et gynécologique, ainsi qu'une consultation d'un spécialiste de la douleur (afin de distinguer une douleur psychogène d'une centrale). 3 - Agrandissement vésical.Cette opération consiste à agrandir la vessie du patient en ajoutant à l'organe une section de l'intestin grêle. Le choix du segment d'intestin à employer pour élargir la vessie ou la remplacer dépend des préférences de chaque chirurgien car aucun segment intestinal n'est supérieur aux autres. Le choix de l'auteur se porte sur le segment iléo-caecal car ce dernier se prête particulièrement à la reconstruction des uretères et de la vessie pathologiques en raison de sa forme, de 91 sa bonne vascularisation et du caractère rare des lésions susceptibles de se développer à son niveau. Le succès de cette opération sur les patients est plus que mitigé; elle ne soulage pas le syndrome irritatif dans tous les cas et les douleurs et autres symptômes d'impériosité peuvent demeurer ou revenir. Elle doit être réservée aux formes ulcéreuses et aux formes épargnant le trigone. L'étude de SMITH (78) a montré d'excellents résultats chez des patients traités. Par ailleurs, l'excision du détrusor atteint, n'a pas influencé les résultats de cette étude. Après cette opération, certains patients peuvent se trouver dans l'incapacité d'uriner et nécessiter la pose d'un cathéter. Cette opération accroît aussi le risque d'infection des voies urinaires, la muqueuse intestinale pouvant constituer un foyer de développement des bactéries. Néanmoins, elle est souvent choisie comme mesure provisoire avant de procéder à l'ablation définitive de la vessie. 4 - Cystectomomie supra-trigonale avec entéro-cystoplastie de substitution.Cette technique a été proposée en 1914 par Hunner (47) en raison probablement de l'aspect localisé de la maladie qu'il avait été le premier à décrire. • Techniques.- Après dissection vésicale, la vessie est ouverte et les orifices urétéraux repéréset intubés par des sondes. La cystectomie est faite de dedans en dehors, en pratiquant l’exérèse la plus complète possible de la paroi vésicale pathologique. La cystectomie partielle est sustrigonale et passe à environ1 cm des orifices urétéraux. L’entéroplastie de substitution a été pratiquée avec le côlon tubulé, l’iléon tubulé ou détubulé. Dans ces derniers cas, l’anse iléale prélevée est ouverte par une incision longitudinale de son bord anti-mésentérique. Ainsi détubulée, l’anse est repliée sur elle-même en un “U” dont les berges internes sont 92 suturées. Cette “galette" iléale est abaissée et anastomosée au trigone par un surjet de fil résorbable. La zone de suture est recouverte par le grand épiploon. Le drainage urinaire est assuré par une sonde de Foley. La cicatrisation de l’anastomose vésicodigestive est vérifiée par une cystographie rétrograde et la sonde est ôtée enmoyenne au 12ème jour. Il faut insister sur le fait qu'il est nécessaire de faire une cystectomie large laissant en place exclusivement la partie trigonale, associée ou non à une dénervation car l’exérèse la plus complète possible de paroi vésicale semble être un élément important de réussite. De plus, le risque théorique en ne faisant qu’une entéroplastie d’agrandissement en “clams” serait l’exclusion du greffon qui ne ferait office que de “diverticule”. La préservation du trigone permet sensation de plénitude vésicale proche de la normale et bien différente de celle en cas de remplacement vésical après cystectomie radicale. Elle permet également un bon contrôle de a continence, même en cas de contractions entérales persistantes. L’origine du segment intestinal ne semble pas avoir de façon significative, d’influence sur le résultat de l’intervention ou sur l'avenir du malade. Webster (34) insiste sur la nécessité de pratiquer une entéroplastie avec l’ensemble côlon droit de façon à créer un réservoir de grande capacité. Il se peut que l’iléoplastie se distend progressivement pour atteindre un volume satisfaisant. Chez les hommes jeunes avec formes irréductibles, l'intervention idéale est l'iléoplastie de type II avec détubularisation et préservation des nerfs érecteurs. L'absence de contingences carcinologiques permet une technique rigoureuse et de très bons résultats. D'une manière générale, on hésite trop longtemps et trop souvent à opérer ces patients sous prétexte que leur vessie n’est pas néoplasique.L'efficacité de cette technique a été confirmée par plusieurs études. Giertz (77) a noté d'excellents résultats chez 8 patients sur 13 opérés avec. Bruce (76) a noté la disparition de la symptomatologie après intervention de 8 patients. 93 Dounis et Gow (75) ont noté chez 7 patients ayant bénéficié d'une Caecocystoplastie,une amélioration très nette de l'ensemble des symptômes. Kontturi (74) a noté également d'excellents résultats chez 11 patients sur 12 patients opérés. En outre, des auteurs (34) ont mené une étude sur 8 patients atteints de CI opérés. Le résultat était excellent chez 75%, avec disparition des manifestations douloureuses, une amélioration franche de la pollakiurie nocturne et une amélioration importante des paramètres contrôlés par cystomanométrie. Toutefois, le résultat était mauvais chez 2 patients avec aucune amélioration chez un patient et une incontinence urinaire totale chez une patiente traitée par urétérostomie cutanée trans-iléale. Goldwasser (34) a rapporté 82% de succès. Le résultat le plus spectaculaire est obtenu sur les douleurs qui disparaissent immédiatement en postopératoire. La pollakiurie a été améliorée de façon très nette. Dans une autre étude (6), la réponse symptomatique et urodynamique a été favorable dans 76% des cas. Il semblerait que cette technique soit moins efficace chez les patients aux « grandes capacités vésicales » d’où la nécessité de réaliser, en pré-operatoire, une évaluation cystométrique avec mesure de la capacité cystometrique totale sous anesthésie. Dans une étude, 22 patientes considérés comme guéries ou améliorées par cystectomie avec cystoplastie de substitution, (sauf 2) avaient une capacité vésicale inférieure à 250ml en préopératoire. Des résultats similaires ont été rapportés par Webster et Maggio (43), les 12 succès observés avaient une capacité vésicale pré-operatoire inférieure à 350ml. Toutefois, les échecs paraissent habituels si la capacité vésicale sous anesthésie a été conservée en préopératoire. Malgré l'enthousiasme de ces publications, cette technique chirurgicale reste inefficace quant aux douleurs et donc ne soulage pas le syndrome irritatif dans tous 94 les cas. La persistance de la douleur serait liée à l’existence de lésions érosives du trigone qui justifieraient une chirurgie plus radicale. Elle pourrait, également être en rapport avec une évolution de la maladie qui entraînerait une réaction inflammatoire, avec présence de mastocytes au niveau de l’anse digestive. Le risque de dégénérescence néoplasique d’une entérocystoplastie est parfois rapporté. Il est certainement faible, mais il est possible qu’il augmente avec le temps, justifiant une surveillance rigoureuse de ces patients à long terme. Il n’y a pas d’éléments pré-opératoires qui permettent de prédire l’échec chirurgical selon certains auteurs (2), alors que pour Hughes (73), la capacité vésicale sous anesthésie, avant l'intervention, est le facteur prédictif le plus fiable du succès chirurgical. Pour lui, une capacité vésicale supérieure à 250 cc serait une contre-indication à ce traitement. En ce qui concerne l’échec thérapeutique, une étude (72) menée sur 8 patients, a montré 75% d'échec; et il serait important de souligner que parmi la série de Farkas et al. (72), la biopsie ultérieure d'un patient a confirmé non seulement la poursuite de l'évolution au niveau de la base vésicale, mais aussi l'envahissement du greffon iléal par les mêmes lésions inflammatoires. Ce qui suggère que l'iléocystoplastie d'agrandissement à long terme ne constitue pas une thérapeutique médicale sur le plan évolutif de la maladie. • Indications.- Cette technique chirurgicale, lourde mais radicale, est réservée aux formes sévères et généralisées de la maladie. Elle sera proposée après s'être assuré de l'irréversibilité des lésions vésicales par l'épreuve du temps et de certaines thérapeutiques. Les arguments en faveur sont : une souffrance du haut appareil urographique, une dégradation de la fonction rénale, une intensité des troubles fonctionnels. Elle trouve aussi son indication pour les CI fonctionnellement invalidantes, résistantes au traitement conservateur et dont les paramètres 95 cystomanométriques sont très altérés. Elle est donc réservée aux patients présentant des formes majeures ou ne réagissant pas au traitement médical et aux formes épargnant le trigone. Contre-indications.- • L’insuffisance sphinctérienne est une contre-indication à ce type de chirurgie, car même si l’anse digestive est détubulée, il persiste une contraction ondulatoire qui peut être responsable de fuites urinaires. Complications post-opératoires.-: • * Reflux vésico-urétéral.Dans une étude (34), les complications post- opératoires étaient surtout liées à l’existence d’un reflux vésico-urétéral constant, unilatéral ou bilatéral. Il est souvent asymptomatique et bien toléré. Son évolution est variable : disparition spontanée, latence ou pyélonéphrite aiguë récidivante nécessitant une réimplantation des uretères. Ce qui est moins régulièrement retrouvé dans les autres séries. *Eventration.Une éventration a été notée dans la même étude (34). *Fistule urinaire vésico-pariétale.C'est une complication possible, mais rare. L’épiplooplastie en fin d’intervention permet certainement de diminuer son incidence. 5 - Dénérvation vésicale et cytolyse.La dénervation vésicale a été proposée par des auteurs (7), étant donné que la douleur est le syndrome dominant de la CI. Le but de cette méthode est de réduire la spasticité vésicale par dénérvation. Cette technique est palliative et surtout ne compromet pas une éventuelle chirurgie de cystoplastie par exemple. Les résultats sont, en effet, imprévisibles à 96 long terme; à court terme on note une diminution de la douleur. Des auteurs (6) ont publié la guérison d'ulcères vésicaux et la disparition de la douleur, après avoir interrompu l’innervation sympathique vésicale par section trans-péritonéale des nerfs pré-sacrés hypogastriques. La section exclusive des nerfs hypogastriques peut être pratiquée, aussi, par voie trans-vaginale selon la technique. Celle ci est indiquée quand le syndrome douloureux est plus dominant que la rétraction vésicale. Turner-Warwick (71) a proposé en 1967 une dénervation très sélective avec des résultats excellents. Cette technique a été par la suite remplacée par la cytolyse sus-trigonale qui évite la dénervation et la dévascularisation de la portion inférieure des uretères et de la vessie. Sur 11 patients traités, pas un seul ne se plaignait de douleur, la pollakiurie s'était également améliorée. Leah (47) a utilisé la même technique avec en plus mobilisation du trigone et du col !vésical. Sur 32 patients traités, 28 ont vu leur douleur s'améliorer ou disparaître. Il est maintenant admis que les effets bénéfiques ne persistent, au plus, que quelques années. Ingelman-Sundberg (70) a également proposé une dénervation partielle de la vessie. Il a réalisé une microdissection en réséquant uniquement les nerfs du plexus hypogastrique inférieur afin d'éviter une lésion des nerfs participant à l'innervation du rectum. Sur 7 patients traités, 2 ont été guéris et 5 très nettement améliorés. En plus de la dénervation tronculaire qui paraît plus efficace et moins agressive, il a été proposé des dénervations limitées exclusivement à la vessie (cystolyse, section vésicale) et des dénervations vésicales associées à une entérocystoplastie. Dans ce cas la douleur du malade persiste et s'exacerbe avec le temps malgré une amélioration de la capacité vésicale. Les dénervations tronculaires paraissent donc plus efficaces et moins agressives. 97 Des neurotomies sacrées différentielles ont été décrites comme permettant une augmentation de la capacité vésicale et une diminution de la douleur. De bons résultats (47) ont été obtenus par cette technique mais les dernières études ne retrouvent pas ce succès. La plupart des techniques de dénervations ont été abandonnées. Pourtant la cytolyseet la dénervation sympathique ont encore leur place dans le traitement de la CI hyperalgique chez des patients dont la capacité vésicale est normale. Ces techniques permettent une rémission durant plusieurs années et entraînant peu de complications. De plus, si les symptômes réapparaissent, une cystectomiepartielle ou totale est toujours possible 6 - Dérivation vésicale.Cette technique est réservée aux formes de CI complètement réfractaires à tout autre traitement ou avec symptômes sévères. Dans une série à l’hôpital Fuentes Delatte (6), 9 patients ont subi une dérivation vésicale à cause de leur rétraction vésicale importante. La majorité de ces dérivations consistaient en une urétéro-sigmoidostomie. Ces malades ont obtenu des résultats symptomatiques excellents qui se sont maintenus pendant des années. VII - Indications/Schémas thérapeutiques.Il n'existe aucune stratégie d'un meilleur traitement à adapter, mais la plupart des auteurs (44) sont d'accord qu'il faut tout d'abord initier un traitement non invasif et des mesures réversibles et de laisser le traitement chirurgical au dernier ressort. Face à ces possibilités thérapeutiques, les schémas thérapeutiques sont multiples. SANT (1) par exemple, propose 98 de toujours commencer par une hydrodistension. En cas d’échec dans les formes irritatives et algiques, il propose le DMSO et dans les formes algiques pures un anti-dépresseur (amitryptiline) et l’électrostimulation. Pour d'autres auteurs (7), l'algorithme thérapeutique est largement basé sur le symptôme prédominant des patients atteints de CI. Pour ces auteurs, les patients avec douleurs pelviennes et troubles mictionnels minimes représentent un challenge thérapeutique. Pour les patients avec des troubles mictionnels signifiants, les auteurs suggèrent un algorithme proposé par Hanno (7) : débuter par une thérapie orale à base d'antispasmodiques ou d'analgésiques ou par amitriptyline pendant 8 semaines. En cas d'échec, on propose l'essaie de l'hydroxyzine pendant 8 semaines. En cas d'échec, encore, l'instauration de l’Elmiron (PPS) à la dose de 100 mg, pendant 6 mois donne une bonne amélioration symptomatique. Pour ces auteurs, le meilleur schéma est d'essayer un seul agent thérapeutique d'abord que de traiter les patients avec de multiples agents dès le départ. Les patients ayant connu un échec de la thérapie orale peuvent bénéficier d'une autre hydro distension vésicale si la première hydro distension vésicale a été réalisée à but thérapeutique. En cas de mise en évidence d'ulcères de Hunner, le traitement par laser peut être efficace. Si les patients ne répondent toujours pas à ces traitements, une thérapie intravésicale peut être préconisée débutant par le DMSO avec éventuelle association par la suite à l’héparine, aux stéroïdes, aux bicarbonates. Le lidocaine peut être ajouté par la suite. Les patients chez qui toutes les thérapies non invasives échouent, doivent être considérés condidats à la neuromodulation sacrée. Idéalement, dans la pratique clinique, le traitement de la CI doit être instauréinitialement avec la thérapie la moins invasive, la moins coûteuse et la plus réversible possible. Par la suite, les traitements instaurés peuvent être progressivement plus invasifs jusqu'à obtention d'un certain degré de soulagement 99 symptomatique. Le traitement conservateur doit toujours être proposé de première intention. Ce n’est qu’en cas d’échec de celui-ci chez des patients dont la gêne fonctionnelle est majeure que la chirurgie peut être envisagée. Le traitement médical, lui, devrait être envisagé en deuxième intention, après échec des autres moyens thérapeutiques sus-citées. Aujourd'hui, la stratégie thérapeutique proposée(6) consiste à commencer par un traitement médical, de préférence par voie orale, que l'on peut combiner avec des instillations endo-vésicales associées ou non à la résection de l'ulcère de Hunner dans le cas où il existerait. Il faut garder pour des phases plus évoluées les traitements endo-vésicaux associés à la distension vésicale. Et Malgré presque 20 ans de recherche (37), les traitements approuvés de la CI sont limités à l instillation de DMSO ( Rimso) et à l'administration orale de PPS (Emilron). VIII - Evaluation thérapeutique.L'évaluation du traitement est gênée par la manifestation de crises soudaines et la rémission des symptômes si caractéristiques de la CI. C'est pourquoi il est parfois si difficile d'établir si une amélioration est l'effet d'une médication ou simplement le fait d'une rémission spontanée. Il n’existe aucun moyen pour évaluer l’efficacité du traitement de la CI. Récemment, une étude (41) s'est intéressé à l'oxyde nitrique comme marqueur biologique objectif pour l'évaluation de la réponse thérapeutique chez les patients ayant une forme classique de la CI. Ils ont mené une étude sur un total de 15 patients ayant une forme classique de la CI, traités par prednisolone pendant 8 semaines. Ils ont noté une amélioration symptomatique chez 7 patients considérés comme répondeurs avec des taux franchement bas du NO. Ils concluent que le NO pourrait être utile, non seulement à la mesure de l'inflammation chez les patients 100 atteints de CI, mais aussi pour l'évaluation objective de la réponse thérapeutique de ces individus. Ce qui fait du NO un marqueur utile dans la cystite interstitielle classique. IX - Traitements potentiels actuellement à l'épreuve et nouveaux traitements.• IPD-1151T (suplatast tosilate).- C'est un nouveau médicament immuno-régulateur, administré par voie orale, qui supprime les réactions allergiques. Ce médicament, conçu et commercialisé au Japon, est utilisé dans ce pays dans le traitement de l'asthme bronchitique. Son application est actuellement à l'étude (48) pour la CI, avec des résultats jusqu'ici prometteurs pour le traitement de la CI non-ulcérative. Une étude (37) s'est intéressé à l'efficacité de ce traitement dans la CI. Dans cette étude, 14 patientes ont reçu le Suplatast par voie orale durant un an (300 mg / jour) et ont rapporté une augmentation significative de leur capacité vésicale et une amélioration de leurs symptômes sans apparition d'effets secondaires. • Liposome intravésical.- Une autre méthode potentielle pour améliorer la fonction de la barrière épithéliale de la vessie est l'utilisation de couches (bilayers) de phospholipidesliposomes en intravésical pouvant fusionner avec les cellules pour constituer un revêtement moléculaire. Dans une expérience ( 45) sur les rats, l'infusion deliposome a partiellement inversé les afférences nerveuses activées ce qui suggèr sa possible utilisation dans le traitement de la CI. • Génétique.- L'application au traitement de la CI de la thérapie génétique et sa méthode de transfert avec injection de gènes est actuellement à l'étude dans l'optique de la 101 suppression des réactions de douleur vésicale. IX-CONCLUSION.Décrite il y a plus de 100 ans, la cystite interstitielle est toujours à la recherche de son identité et prend difficilement sa place dans la pathologie urologique. Elle est peu fréquente et concerne essentiellement les femmes d'âge moyen. En France et au Maghreb, elle est peu connue. Ainsi, en témoigne le peu de publications en langue française. Aucune étiologie précise de la CI n'a pu être identifiée jusqu’à présent. Les principales hypothèses avancées expliquant sa pathogénie à l'état actuel s’appuient, soit sur un trouble de la perméabilité membranaire, soit sur une perturbation des cellules mastocytaires. Or, d'autres hypothèses sont impliquées dans l'étiologie de la CI : Infectieuses, auto-immune, neurologiques, endocriniennes ou toxiques. Il est d'ailleurs probable que toutes ces causes sont imbriquées et participent à la survenue de la maladie. Le diagnostic de la cystite interstitielle est encore négligé. Il repose essentiellement sur la clinique, et l’exclusion d’autres causes et n’exige pas forcement la cystoscopie. Le diagnostic de la CI reste un diagnostic d’élimination. En effet, avant d'évoquer le diagnostic de CI, il faut éliminer en premier la tuberculose, la Bilharziose, et bien évidemment le carcinome in situ. Les recherches qui se sont intensifiées ces dernières années, s’orientent essentiellement vers les traitements de la maladie. Pourtant, ils sont souvent peu efficaces et restent empiriques et palliatifs. Toutefois, leur but commun est de soulager le malade et améliorer sa qualité de vie. Les traitements de la cystite interstitielle sont multiples, mais restent limités à l’instillation de DMSO et 102 à l'administration orale de PPS. Leur choix est fonction des signes cliniques, fonctionnels, endoscopiques, mais aucune règle n'est encore établie quant à la conduite thérapeutique. Cette maladie mieux connue des urologues depuis quelques années (mais très peu des généralistes) sera dans l'avenir plus souvent et plus précocement diagnostiquée. Ce qui améliorera la qualité de vie des patients et permettra à la recherche d'avancer. 103 RESUME La cystite interstitielle est une cystopathie bénigne rare qui toucheessentiellement la femme. Sa pathogénie est, hypothèsesétiologiques ont jusqu’à été présent, avancées obscure pour car expliquer de la nombreuses survenue des cystitesinterstitielles sans qu’aucune ne soit prouvée. Le diagnostic de la cystite interstitielle reste plutôt un diagnostic d’élimination. Il repose sur la clinique (douleur soulagée par la miction,pollakiurie et impériosité) et sur la cystoscopie sous anesthésie (pétéchies ou l’ulcère de Hunner qui est pathognomonique mais rare). La cystite interstitielle connaît une multitude de traitements. Tous ont le but commun de soulager le malade mais restent peu efficaces, empiriques et palliatifs. Ils sont conservateurs (médicaments, instillation vésicale, éléctrostimulation) et très rarement chirurgicaux (cystectomie ,laser). Le but de notre travail est de faire le point sur les connaissances actuelles concernant l’épidémiologie, le diagnostic et le traitement de la cystite interstitielle qui est d’ailleurs; trop souvent méconnue des praticiens. Mots clés : Cystite interstitielle, épidémiologie, traitement. 104 étiologie, diagnostic, اﻟﻤﻠﺨﺺ اﻟﺘﮭﺎب اﻟﻤﺜﺎﻧﺔ "اﻟﻔﺮاﻏﻲ" ھﻮ اﻟﺘﮭﺎب أﻧﺜﻮي ﻧﺎدر ﯾﺼﯿﺐ اﻟﻨﺴﺎء ﺑﺼﻔﺔ ﺧﺎﺻﺔ . أﺳﺒﺎب ھﺪا اﻟﻤﺮض ﻻ ﺗﺰال ﻏﺎﻣﻀﺔ ﻧﻈﺮا ﻟﺘﻌﺪد اﻟﻔﺮﺿﯿﺎت اﻟﻤﻄﺮوﺣﺔ ﻟﺸﺮح ﻣﺮض اﻟﺘﮭﺎب اﻟﻤﺜﺎﻧﺔ "اﻟﻔﺮاﻏﻲ" ﻟﻜﻦ دون ان ﺗﺒﺮھﻦ أي واﺣﺪة ﻣﻨﮭﺎ . ﺗﺸﺨﯿﺺ ھﺬا اﻟﻤﺮض ﯾﺴﺘﻠﺰم اﺳﺘﺒﻌﺎد ﺟﻤﯿﻊ اﻷﻣﺮاض اﻟﺘﻲ ﺗﺤﺘﻮي ﻋﻠﻲ ﻧﻔﺲ اﻷﻋﺮاض وھﺬا اﻟﺘﺸﺨﯿﺺ ﯾﺮﺗﻜﺰ ﻋﻠﻰ اﻟﻔﺤﺺ اﻟﺴﺮﯾﺮي )ﺗﺨﻔﯿﻒ اﻷﻟﻢ ﻋﺒﺮ اﻟﺘﺒﻮل،اﻟﺘﺒﻮل ﺑﻜﺜﺮة،ﻋﺪم اﻟﺘﺤﻜﻢ ﻓﻲ اﻟﺘﺒﻮل( وﻛﺬﻟﻚ ﺗﺸﺨﯿﺺ اﻟﻤﺜﺎﻧﺔ ﺑﺎﻟﺘﻠﻔﺰة ﺗﺤﺖ اﻟﺘﺨﺪﯾﻢ اﻟﻌﺎم . إن ﻃﺮق ﻋﻼج اﻟﺘﮭﺎب اﻟﻤﺜﺎﻧﺔ اﻟﻔﺮاﻏﻲ ﻣﺘﻌﺪدة ﻟﮭﺎ ھﺪف ﻣﺸﺘﺮك و ھﻮ ﺗﺨﻔﯿﻒ أﻋﺮاض اﻟﻤﺮﯾﺾ .ﻟﻜﻨﮭﺎ ﺗﻀﻞ ﻗﻠﯿﻠﺔ اﻟﻨﻔﻊ ،ﺗﺠﺮﯾﺒﯿﺔ وﺗﺨﻔﯿﻔﯿﺔ .وھﺬا اﻟﻌﻼج ﻋﻼج ﻣﺤﺎﻓﺾ )أدوﯾﺔ،اﻟﺘﻘﻄﯿﺮ داﺧﻞ اﻟﻤﺜﺎﻧﺔ،اﻟﺘﺤﻔﯿﺰ اﻟﻌﺼﺒﻲ( وﻧﺎدرا ﻋﻼج ﺟﺮاﺣﻲ )اﺳﺘﻨﺼﺎل اﻟﻤﺜﺎﻧﺔ، اﻟﻠﯿﺰر(. اﻟﮭﺪف ﻣﻦ ھﺬه اﻟﺪراﺳﺔ ھﻮ اﻟﻘﺎء اﻟﻀﻮء ﻋﻠﻰ اﻟﻤﻌﺎرف اﻟﺤﺎﻟﯿﺔ ﻓﻲ ﻣﺎ ﯾﺨﺺ ﻋﻠﻢ اﻟﻮﺑﺎء،ﺗﺸﺨﯿﺺ وﻋﻼج اﻟﺘﮭﺎب اﻟﻤﺜﺎﻧﺔ اﻟﻔﺮاﻏﻲ اﻟﺬي ﯾﻀﻞ ﻓﻲ ﺣﺪ ذاﺗﮫ ﻣﺠﮭﻮل ﻋﻨﺪ اﻟﻤﻤﺎرﺳﯿﻦ. 105 REFERENCES 1. LECHEVALLIER E. La cystite interstitielle. Prog Urol 1995, 5, 21-30. 2. LECHEVALLIER E. 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