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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. I - avril-mai-juin 2001
mise au point
Il n’y a, en règle, pas d’autres troubles miction-
nels et, notamment, pas d’incontinence urinaire
tant par urgence que liée aux efforts, pas de
dysurie, pas de résidu postmictionnel, pas
d’énurésie, pas de trouble de la perception du
besoin d’uriner ou de la perception du passage
uréthral des urines. Cependant, il est classique
d’observer une discrète attente mictionnelle,
voire quelques poussées abdominales conco-
mitantes à la miction, les patientes urinant de
faibles volumes dont on sait qu’ils peuvent
induire une diminution de l’efficience du réflexe
mictionnel, suppléé par une telle poussée. Il
n’existe pas de troubles anorectaux associés
bien que des études récentes aient pu montrer
la plus forte prévalence dans cette population
de la colopathie fonctionnelle et de la dysché-
sie anorectale.
L’interrogatoire permet de retrouver parfois des
éléments de fibromyalgie dont l’existence ne
serait pas forcément fortuite.
Le diagnostic de cystite interstitielle ne peut être
retenu qu’en l’absence de toute autre patholo-
gie vésicale. Il s’agit donc d’un diagnostic d’ex-
clusion. Il ne doit pas exister d’antécédent de
radiothérapie pelvienne, cet élément devant
alors plutôt faire rechercher une cystopathie
radique qui partage avec la CI un certain nombre
de symptômes (pollakiurie douloureuse, héma-
turie). De même, la notion de chimiothérapie
antérieure doit faire évoquer une cystite spéci-
fique (endoxan). Enfin, il est nécessaire d’élimi-
ner une éventuelle tuberculose vésicale.
L’examen clinique est toujours normal, qu’il
s’agisse de l’examen urogynécologique ou de
l’examen neuropérinéal. Il n’existe ainsi aucun
trouble trophique ou infectieux locorégional
(périnéo-vulvo-vaginal), aucun prolapsus,
aucune douleur à la palpation soit endo-cavi-
taire soit sus-pubienne. La sensibilité périnéale
est normale, de même que la tonicité des
sphincters et les réflexes du cône médullaire
(réflexe anal à la toux et réflexe clitorido-anal)
sont présents. Les touchers pelviens ne révèlent
ni douleur, ni masse, ni écoulement.
L’examen cytobactériologique des urines doit
être impérativement stérile de même que les
prélèvements uréthraux et vaginaux. S’il est
réalisé, le bilan biologique est normal en
dehors des cas exceptionnels où des anticorps
antinucléaires sont détectés.
Le bilan urodynamique est souvent réalisé pour
expliciter le mécanisme physiopathologique des
troubles mictionnels. Devant cette pollakiurie
extrême, il permet d’éliminer une hyperactivité
vésicale. Il n’y a jamais d’instabilité vésicale, le
détrusor devant rester parfaitement stable, sans
contraction non inhibée, jusqu’à la capacité
fonctionnelle maximale qui s’avère toujours très
diminuée (le plus souvent inférieure à 200 ml).
Le remplissage vésical est en règle douloureux,
parfois même avec une hématurie en fin de cys-
tomanométrie. Il est parfois noté une améliora-
tion de la symptomatologie de CI dans les jours
qui suivent le bilan urodynamique, la distension
effectuée pour monitorer l’activité vésicale
ayant, nous le reverrons, un effet thérapeutique.
L’examen cystoscopique est indispensable.
Typiquement, il permet d’éliminer une lésion
vésicale (carcinome vésical, blessure vésicale,
infection chronique spécifique parasitaire,
tuberculeuse ou infectieuse...), de retrouver
des pétéchies lors de la distension avec parfois
(mais bien rarement) le classique ulcère de
Hunner. Le remplissage induit, comme au cours
de la cystomanométrie, une douleur et une
impériosité mictionnelle. La biopsie retrouve
une inflammation, des mastocytes activés et
dégranulés et confirme l’absence de carcinome.
Cependant, aucun de ces critères n’est patho-
gnomonique et l’intérêt principal des biopsies
est l’exclusion du cancer in situ de la vessie.
S’il est prescrit, ce qui est habituellement le cas
devant une pollakiurie, le traitement anticholi-
nergique est inefficace, l’efficacité d’un traite-
ment parasympathycolytique étant même un
critère d’exclusion de la CI.
Le traitement de la CI est souvent décevant et
aucun des traitements actuels ne dispose d’une
AMM dans cette indication. Les antalgiques
usuels sont toujours inopérants de même que
les substances neurotropes (tricycliques, anti-
épileptiques). Les myorelaxants, les antidé-
presseurs peuvent être essayés de même que
la psychothérapie de soutien, compte tenu de
la dimension et du retentissement psycholo-
gique des symptômes. La cimétidine ou l’hy-
droxyzine (Atarax®) ont pu être essayées avec
un certain succès. L’elmiron n’est pas dispo-
nible en France. Les instillations endovésicales
de DMSO sont parfois utilisées avec un succès
relatif : la rémission est de 40 %. L’hydro-
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