chapitre 2 les strategies de distribution du producteur

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L3 MARKETING VENTE
COURS DE STRATEGIE ET MANAGEMENT DE LA DISTRIBUTION
PLAN DU CHAPITRE
1 Introduction
2 Quelques repères théoriques
3 Quelques repères managériaux
4 Exemple
5 Applications
6 Synthèse
6 Bibliographie
CHAPITRE 2
LES
STRATEGIES DE
DISTRIBUTION
DU PRODUCTEUR
OBJECTIFS
- Participer à la mise en œuvre de
la politique de distribution.
- Définir la stratégie de distribution
du producteur.
- Sélectionner les canaux de
distribution.
- Contrôler l’efficacité de la
distribution.
Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
Introduction
Nous avons vu dans le chapitre précédent que les producteurs étaient confrontés au problème
du choix en matière de distribution de leur offre. Il s’agit d’un problème marketing qui se trouve
détaillé et explicité dans la politique de distribution de l’entreprise. Par conséquent cette
politique de distribution doit obéir aux grands principes de cohérence qui caractérisent la
stratégie marketing de la firme (adéquation des canaux de distribution au positionnement, à
l’image de marque, etc.).
Parmi l’éventail des choix possibles le producteur peut par exemple décider de posséder ses
propres points de vente tout comme il peut déléguer complètement la distribution de ses
produits entre les mains des différents intermédiaires. Entre ces deux extrêmes il existe bien
sûr un nombre infini de solutions potentielles.
Mais quel que soit le choix réalisé en matière de distribution, celui-ci devra toujours se faire en
accord avec la stratégie marketing et les objectifs de l’entreprise. Mais il faudra aussi que la
politique de distribution soit cohérente avec les politiques des autres variables du marketingmix (produit, prix, communication).
A ce titre la politique de distribution se caractérise par une dimension qui lui est propre, à savoir
celle de la coordination des opérations qui permettent l’acheminement des produits jusqu’aux
utilisateurs finals. Cette interrogation centrale nous permettra de répondre aux questions
suivantes :
-
Quelle politique de distribution pour le producteur ?
Quelles stratégies de distribution en découlent ?
Comment sélectionner les intermédiaires ?
Quels moyens de contrôle de l’efficacité de la distribution peut-il mettre en place ?
2
Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
2 Quelques repères théoriques
- Le marketing mix
Le marketing mix regroupe les différentes variables qui déclinent la stratégie marketing en
plans d’actions qui ont pour but de satisfaire les besoins et désirs des clients. Toutefois
conservons à l’esprit que les 4 variables qui forment le mix restent interdépendantes. Une
stratégie fondée sur un très bon produit, mais vendu dans des points de vente inadaptés, serait
forcément vouée à l'échec, même si les deux autres variables du mix sont correctement
définies. Par conséquent les variables composant le mix doivent se combiner harmonieusement
pour constituer une stratégie marketing efficace. De plus, chaque élément du mix étant luimême formé de sous-éléments formant leur propre mix, on retrouve donc un mix « produit »,
un mix « prix » un mix « distribution » et un mix « communication ». Ainsi la variable
distribution ne doit pas être considérée séparément des autres mais comme partie intégrante
d’un ensemble plus vaste ; le marketing mix. Son rôle devient alors éminemment transversal.
PLANS D'ACTIONS :
MARCHEAGE (MARKETING MIX)
PRODUIT
PRIX
COMMUNICATION
DISTRIBUTION
Transmission de l’offre
Mix de l’offre
A l’intérieur du marketing mix nous trouvons un couple particulier de variables chargé de la
« transmission de l’offre ». Il s’agit de la variable communication et de la variable distribution.
On les regroupe souvent car l’entreprise n’a que rarement une maîtrise totale sur ces deux
éléments.
La distribution a un impact très important sur la demande et sur les ventes pour les raisons
suivantes :
- Un effet social (ou relationnel) : Elle agit comme un moyen d’interaction entre le client et
l’entreprise.
- Un effet psychologique : Elle influence directement le comportement d’achat des shoppers
par le biais des présentations réalisées dans les points de vente (merchandising) et de la nature
des points de vente sélectionnés.
- Un effet irréversible : Lorsque les fabricants vendent leurs produits aux distributeurs, ils
perdent toute maîtrise sur l’aval de la distribution (fixation du prix, présentation des produits,
sélection des points de vente, etc.).
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
- La variable distribution et le marketing
Finance
Marketing
Client
Marketing
Le client est au centre de l’entreprise et
le marketing est la fonction intégratrice
Les flèches rouges du schéma ci-dessus font ressortir le rôle central du marketing dans ce
processus car c’est la seule fonction de l’entreprise (avec la fonction vente) qui se retrouve en
contact avec le client final.
La distribution est donc la variable du marketing qui met directement l’offre de l’entreprise en
contact avec les acheteurs.
Du fait de cette particularité la distribution constitue une importante source de production
d’information pour l’entreprise car elle permet de connaître les résultats des actions marketing
(CA, unités vendues, types d’acheteurs, etc.). Il est ainsi possible de mesurer l’efficacité de
l’action marketing, ce qui permet par la suite de tenir compte des éléments qui exercent une
influence décisive en matière de passage à l’acte d’achat, ou de proposer des actions
correctrices lorsque les objectifs ne sont pas atteints.
Le marketing reste la fonction de l’entreprise la mieux placée pour réaliser la synthèse entre
l’interne et l’environnement de l’entreprise pour fixer et modifier les prix de vente des produits,
et la distribution se trouve exactement à la frontière qui délimité l’interne de l’externe de la
firme.
- La politique de distribution
La politique marketing désigne l’ensemble des décisions et des règles de conduite qui ont
vocation à permettre l’atteinte des objectifs tactiques et stratégiques qui ont été
préalablement déterminés.
La politique de distribution désigne exactement la même chose mais cette fois au niveau de la
variable distribution. Elle contient :
-
La définition précise de la stratégie de distribution
La composition et l’étendue du réseau de distribution
Les moyens alloués à la force de vente et aux distributeurs
Le rôle attribué aux différents processus (logistique, merchandising, promotion, etc.)
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- La détermination de la stratégie de distribution
Choix du marché cible
Choix d’un positionnement
Définition du contenu du mix
(politique de distribution)
Choix de la stratégie de
distribution
Le processus de choix de la stratégie de distribution s’opère généralement de façon
descendante (top-down), dans le respect de la stratégie générale de l’entreprise, en accord
avec les caractéristiques du marché-cible et en cohérence avec le positionnement retenu. Par
ailleurs cette stratégie devra être définie en cohérence avec le contenu du marketing mix et de
la politique de distribution adoptée par l’entreprise.
- Le rôle de la distribution sur le positionnement
Pour Al Ries et Jack Trout, « Le positionnement n'est pas ce que vous faites à un produit ; c'est
ce que vous faites à l'esprit du client futur, le prospect. Vous positionnez le produit dans l'esprit
du prospect ».
Par conséquent le positionnement c’est ce que représente une entreprise, une marque ou un
produit dans l'esprit des consommateurs.
Cette représentation se construit à partir de critères objectifs (résultats et notoriété de
l'entreprise, qualité(s) du produit, prix, services offerts...) et de critères subjectifs (image de
l'entreprise et/ou du produit, centres d'intérêt du consommateur, symbolisme, comparaison
avec les concurrents...).
La distribution a un impact important sur le positionnement des produits et des marques pour
les raisons suivantes :
-
Les produits et marques sont présentés dans des conditions spécifiques dans les points
de vente (théâtralisation, ambiance, merchandising)
Les points de vente projettent une image (prix, style, ambiance) qui impacte fortement
la représentation que les shoppers se font des produits et marques qui y sont vendus
(parfumerie sélectives, spécialistes, etc.)
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
- Les stratégies de distribution du producteur
Le premier choix auquel le producteur est confronté est celui qui consiste à sélectionner si la
distribution, sera directe ou indirecte.
La distribution directe désigne le fait qu’il n’existe aucun intermédiaire entre le producteur et
le consommateur.
La distribution indirecte désigne le fait qu’il existe un ou plusieurs intermédiaires entre le
producteur et le consommateur.
Dans le cas de la distribution indirecte, l’option stratégique retenue sera la résultante de l'étude
des caractéristiques de la clientèle ciblée, des caractéristiques du produit et de celles des
intermédiaires. Généralement on distingue trois grands types de stratégies de distribution.
- La distribution intensive (ou ouverte) :
Elle consiste à distribuer le produit dans le plus grand nombre de points de vente possibles afin
de quadriller le territoire (biens de consommation courante, de prix bas et d'achat fréquent,
PGC). Cette stratégie est coûteuse et n'est envisageable que pour de grandes entreprises dont
les marchés sont très étendus.
- La distribution sélective :
Le luxe aime tellement la rareté qu’il l’organise. Les grands noms du parfum ou de la mode ne
sont commercialisés que dans la distribution sélective. Le principe de la distribution sélective
repose sur un ensemble de services que fabricants et distributeurs s’engagent
contractuellement à apporter au consommateur, c’est-à-dire les services sur lesquels repose le
prestige de la marque. Le cadre doit être approprié, propre, moderne, de bon goût et en
adéquation avec le standing des articles vendus. Le personnel compétent délivre à la fois un
accueil recherché et les connaissances techniques requises. Le détaillant doit détenir la gamme
complète des produits de la marque. Le fabricant doit mettre à la disposition des détaillants
des échantillons et des produits à essayer. Il s’engage par ailleurs, à reprendre les produits
défraîchis. Le choix de la diffusion sélective peut répondre à la nécessité de maintenir en France
des marques de prestige capables de conquérir des marchés étrangers. La couverture du
marché est limitée.
- La distribution exclusive :
Le fabricant confie l’exclusivité de la vente de ses produits à un petit nombre de distributeurs
(bijoux Cartier, briquets Dupont, Produits Biotherm, Nespresso, bonbons Solens en pharmacie...)
qui ont l'exclusivité de la distribution de ses produits sur un secteur géographique donné. Cette
stratégie permet de créer, de développer et de renforcer une image de marque. Elle est
souvent réservée à des produits haut de gamme, voire des produits de luxe. La franchise est
une forme de distribution exclusive.
Par exemple la société Tartine et Chocolat (Plus de 50% du chiffre d’affaires réalisé à
l’international) a opté en France pour une stratégie exclusive en commercialisant ses
vêtements haut de gamme pour bébés et juniors dans 40 boutiques franchisées.
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- Coopération, concurrence et conflit dans le canal
Les circuits de distribution associent des acteurs aussi différents que des producteurs (ou
fournisseurs) et des distributeurs (ou intermédiaires). Les relations qui les unissent sont
qualifiées de protéiformes en raison de la nécessité de coopérer tout en restant concurrents,
ce qui crée parfois des conflits.
La coopération dans le canal de distribution correspond à la poursuite de l’intérêt commun des
différentes parties (producteurs et distributeurs), qui cherchent donc à s’entendre pour
devenir plus efficaces, soit en minimisant certains de leurs coûts, soit en extrayant davantage
de valeur auprès de l’utilisateur final. La coopération débouche alors sur des partenariats
ponctuels ou durables entre les producteurs et les distributeurs (trade marketing, category
management, ECR)
La concurrence horizontale désigne des entreprises qui luttent au même niveau (par exemple
les distributeurs entre eux) pour conquérir un même marché-cible. La concurrence verticale
désigne l’opposition entre des entreprises qui luttent à des niveaux différents dans le canal de
distribution. Leur objectif est alors de capter davantage de valeur que l’acteur situé
immédiatement au-dessus ou immédiatement au-dessous dans le canal.
Les conflits verticaux se rapportent le plus souvent à des situations où les rapports de force
entre les acteurs (producteurs ou distributeurs) sont bouleversés en raison de désaccords ou
de modifications dans l’environnement. Les conflits horizontaux opposent des acteurs situés
au même niveau d’un canal de distribution.
- Les partenariats
On peut distinguer plusieurs approches partenariales au sein des canaux de distribution. Si les
partenariats horizontaux restent soumis aux règles de la concurrence, les partenariats verticaux
obéissent à des logiques différentes, fondées sur les complémentarités entre acteurs situés à
des niveaux différents du canal.
Le trade marketing :
« Le trade marketing est une démarche multilatérale, impliquant deux ou plusieurs acteurs d’un
canal de distribution, fondée sur la recherche de proximité d’objectifs commerciaux, ayant pour
finalité d’optimiser l’approche du client final » (Lignieres, 1997).
Selon Jean Noël Kapferer, « Le trade marketing propose de substituer à la négociation
conflictuelle une aire de partenariat ; quelle que soit la largeur du sens qu’on donne au concept,
ce dernier aboutit à un marketing au distributeur, enseigne par enseigne »
Selon Claude Chinardet, « Le trade marketing est né de l’idée que pour satisfaire le
consommateur, le fabricant doit utiliser les circuits de distribution pour vendre sa marque et son
produit et que ces derniers ont besoin à leur tour des fabricants pour satisfaire leurs clients ».
Par conséquent il en ressort que le trade marketing c’est d’abord du marketing, c’est-à-dire un
ensemble de techniques destinées à influencer le comportement et l’attitude d’une cible, ou,
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
selon la perspective adoptée, un ensemble de techniques destinées à satisfaire les besoins de
cette même cible, la cible en question étant constituée par des distributeurs, revendeurs,
commerçants, etc.
Producteur
Trade marketing
Marketing fondamental
Distributeur
Marketing d’enseigne
Consommateur
L’ECR (Efficient Consumer Response) :
L’Efficient Consumer Response (ECR), appelé en français Réponse Efficace au Consommateur, a
vu le jour aux USA en 1992 sous la houlette du Marketing Food Institute.
Il s’agit d’un projet qui cherche à rationaliser la chaîne de distribution afin d’accroître la valeur
délivrée aux clients tout en minimisant les coûts afférents.
Deux objectifs primordiaux caractérisent la démarche ECR :
-
-
Un objectif de réduction des coûts : Il s’agit d’identifier les dysfonctionnements à
l’interface du distributeur et du producteur, ce qui doit permettre de retrouver l’origine
des coûts injustifiés, et par conséquent d’envisager des pistes d’économies communes.
La mise en œuvre de standards méthodologiques, de langages communs et de systèmes
d’information partagés constituent les réponses communément apportées par les
différents intervenants.
Un objectif de dynamisation commerciale : Il s’agit d’aller au-delà de la logique de coûts
pour s’engager dans une logique de gains (demand side), aussi bien pour les
fournisseurs que pour les distributeurs. Toutefois, les firmes doivent aller plus loin que
la simple coopération logistique lorsqu’elles travaillent dans cette optique.
Le category management :
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
Le volet demande (demand side) de l’ECR est désigné par le terme « category management ».
Il regroupe :
-
Le merchandising
Les promotions
Les prix
L'assortiment de produits
Le category management (ou catman) est défini comme le « processus par lequel distributeurs
et fournisseurs gèrent les catégories de produits comme des unités commerciales stratégiques,
et améliorent les résultats en s'attachant à offrir de la valeur au consommateur. »
Sa mise en place a profondément modifié la construction et le renouvellement de l’offre dans
les points de vente car elle a contribué au passage d’une gestion par les produits et les marques
à une gestion par les catégories.
Le cabinet de consultants A.C Nielsen en donne la définition suivante :
« Le category management est le processus qui consiste à gérer des catégories de produits comme
des centres d’activité, à en établir un contenu type par magasin, afin de satisfaire les besoins du
consommateur. »
Selon Christina Lopes :
« Le category management est un processus permanent entre un industriel et un distributeur.
Ce processus a pour objet de gérer une catégorie comme unité stratégique et pour objectif
principal d’apporter plus de satisfaction au shopper, de mieux répondre à ses attentes, aux
évolutions du marché et d’en attendre en retour une meilleure croissance. »
Cette nouvelle pratique a bouleversé l’hégémonie habituelle des distributeurs dans la
constitution des assortiments, obligeant l’industriel et le distributeur à travailler la main dans la
main en vue d’un objectif commun ; la fidélisation du client final, qui peut revêtir les deux formes
suivantes :
-
Il s’agit du shopper du point de vue du distributeur.
Il s’agit du consommateur selon le point de vue du producteur.
Le shopper est la personne qui achète le produit alors que le consommateur est celle qui
l’utilise. Le shopper et le consommateur sont fréquemment une seule et même personne, mais
pas toujours.
Exemple : Une personne qui achète son propre shampooing sera à la fois shopper et
consommateur, mais lorsqu’elle achète les biscuits pour le goûter de ses enfants elle ne sera
que le shopper, et ses enfants les consommateurs.
Il y a seulement quelques années, le marketing ne s'intéressait qu'au consommateur et à ses
intentions d'achat, sous-estiment le shopper, c'est-à-dire le consommateur en situation
d'acheter, encore appelé le chaland.
La démarche de category management étant centré sur les besoins du shopper, les producteurs
ont dû compléter leurs études marketing « consommateur » par des études « shopper ».
Le shopper
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Le consommateur
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Fidélité
Au point de vente
A la marque
Comportement / produit
Il achète
Il utilise
Unité d’analyse
Panier moyen
Part de marché
3 Quelques repères managériaux
- La sélection des intermédiaires
Selon la stratégie de distribution retenue (exclusive ou sélective), le producteur devra
sélectionner des intermédiaires conformes à sa politique. Pour cela il devra recruter des
détaillants qui s’engageront contractuellement :
-
Soit pour obtenir l’exclusivité de la distribution
Soit pour obtenir le droit d’exploiter commercialement la marque du producteur
Les détaillants sont alors sélectionnés selon un cahier des charges défini à l’avance et le
processus de sélection peut se dérouler comme suit :
-
1ère phase : Réflexion sur les critères de sélection.
2ème phase : Qualification téléphonique, prise de rendez-vous, négociation.
3ème phase : Cotation (scoring) et éventuellement sélection.
4ème phase : Animation (information, formation et stimulation) commerciale du
détaillant néo recruté.
5ème phase : Suivi des performances avec un tableau de bord.
Exemple de tableau de sélection d’un distributeur
CRITERES
PONDERATION
Couverture
Contrôle
Notoriété
Image
Conditions
commerciales
Conditions
financières
TOTAL
REVENDEUR 1
Note
Score
REVENDEUR 2
Note
Score
REVENDEUR 3
Note
Score
5
2
3
2
5
8
9
5
25
16
27
10
4
8
7
9
20
16
21
18
5
6
7
4
25
12
21
8
4
4
16
2
8
4
16
4
3
12
3
12
5
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- Le référencement par les intermédiaires
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Pour un fabricant, se faire référencer par une centrale d'achat c'est avant tout obtenir
l'autorisation de faire du commerce avec les magasins affiliés à cette centrale. Il s’agit d’un acte
essentiel pour distribuer ses produits lorsqu’on applique une stratégie de distribution intensive.
Les achats de la grande distribution sont réalisés par les centrales d’achats ou négociés par les
centrales de référencement. Il s’agit d’organisations commerciales qui gèrent les
approvisionnements des magasins qui leur sont affiliés (elles assurent une partie de la fonction
de gros). C’est en 1930 que Paridoc, la première centrale d'achat française, fut créée. Elle
appartient aujourd’hui au groupe Auchan.
Les centrales permettent l’accès à de meilleures conditions d'achat (grâce aux économies
d'échelles offertes par le regroupement des achats) ainsi que de nombreux autres services pour
l'ensemble de leurs membres. Tous ces services sont exclusivement réservés à l'usage de leurs
adhérents, ces derniers étant liés par un contrat d'une certaine durée.
En matière d’achat, leurs missions consistent essentiellement à sélectionner des produits, à
rechercher des fournisseurs et à négocier les achats (référencement et coopération
commerciale).
Contrairement à la centrale d’achat, la centrale de référencement, appelée aussi centrale de
négociation n’achète pas directement les produits aux fournisseurs. La centrale de
référencement se contente de sélectionner les produits et les fournisseurs, auprès desquels
ses adhérents peuvent acheter à des prix négociés par elle, les produits/services qui ont été
sélectionnés.
Par ailleurs on distingue les centrales de nature coopérative (Système U, Leclerc, Intermarché)
et les centrales de nature intégrée (Carrefour, Cora, Auchan, Casino).
Aujourd’hui, les plus grandes enseignes de la grande distribution alimentaire sont regroupées en
quatre centrales qui représentent 90% des achats des grandes surfaces. Cette situation
d’oligopole leur confère un pouvoir de marché considérable sur leurs fournisseurs, que ces
derniers soient des PME ou des firmes multinationales.
Groupes
Centrales
Parts de marché
Intermarché - Casino
ITM - EMC
25,8%
Carrefour – Cora
CARREFOUR - PROVERA
25,3%
Auchan - Système U
EURAUCHAN
21,6%
Leclerc
GALEC
19,9%
Lidl
LIDL
4,6%
Aldi
ALDI
2,3%
- Les échelons de la négociation : L’échelon national
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Généralement les acheteurs de la centrale d’achat (ou de référencement) reçoivent le directeur
des ventes (accompagné de collaborateurs et/ou de supérieurs) du fournisseur. Ensemble, ils
négocient le montant du budget de référencement, qui constitue un véritable droit d’entrée
pour le fournisseur dans les magasins affiliés à cette centrale.
Le budget de référencement désigne les sommes allouées par un producteur à un distributeur
en vue de rémunérer la procédure de référencement (contact distributeur, négociation,
intégration dans les assortiments, etc.) d'un ou de plusieurs de ses produits. Le référencier
constitue la liste des produits d’un fournisseur admis au référencement.
- Les échelons de la négociation : L’échelon régional
Lorsqu’un accord est conclu entre la centrale et son fournisseur, les premières commandes
viennent approvisionner les entrepôts des plates-formes régionales du groupe de distribution.
A ce niveau, selon les enseignes et les situations, il est parfois nécessaire de verser un nouveau
budget de référencement. Le montant de ce budget est alors négocié entre les responsables
régionaux du fournisseur et les acheteurs à l’échelon régional des plates-formes des
distributeurs.
- Les échelons de la négociation : L’échelon du point de vente
Enfin, pour « entrer » dans un magasin, le fournisseur doit de nouveau verser un budget de
référencement. Cette fois c'est au niveau du point de vente que se déroulent les négociations,
entre les responsables de secteurs du fournisseur et les managers de rayon, de département
ou de magasin. C’est seulement après le versement de ce budget que le chef de rayon
commandera enfin les produits auprès de la plate-forme régionale.
Le ticket d’entrée dans les rayons des grandes surfaces s’avère donc très coûteux, et peu
nombreux sont les fournisseurs qui possèdent l’assise financière suffisante pour y parvenir.
Le rôle de la centrale se limite à la sélection et à la négociation des conditions commerciales
avec les fournisseurs. Les conditions réelles d'expédition, de livraison, de stockage,
d'éclatement et d'acheminement des marchandises vers les points de vente se déroulent à
travers un système logistique complexe et très bien organisé autour de plates-formes de
stockage spécialisées ou non.
Ce passage obligé en centrale d'achat débouche sur le versement par le fournisseur d'une
somme variable : c'est le budget de référencement. Le paiement de cette somme autorise le
fournisseur à réaliser des affaires avec les magasins du groupe, s'il ne paie pas, il ne pourra pas
vendre ses produits dans le réseau des supermarchés et hypermarchés.
Les achats sont effectués par des acheteurs professionnels pour l'ensemble des magasins du
groupe, mais les négociations sont très difficiles car les acheteurs mettent beaucoup de
pression sur les fournisseurs, les obligeant ainsi à baisser continuellement leurs tarifs. Malgré
ces conditions de négociation défavorables aux fabricants, on comprend aisément l'intérêt
qu'ont les fournisseurs à passer par les centrales d'achat ; une négociation réussie et c'est au
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moins 400 à 500 points de vente au bas mot qui sont susceptibles de commercialiser vos
produits.
Mais ce n'est pas tout ! Même si la négociation réussit en centrale, il n'est pas évident que les
magasins décident de s'approvisionner, encore faut-il qu'ils en soient informés ! Pour cela, vous
devez disposer d'une force de vente qui visitera les points de vente afin de les convaincre de
présenter vos produits sur ses linéaires. Et là encore vos attachés commerciaux devront verser
un budget de référencement auprès du magasin pour obtenir le droit de faire du commerce
avec eux !
- Le rôle de la force de vente
L’équipe commerciale englobe toutes les personnes chargées des contacts avec les clients, ainsi
que l’encadrement hiérarchique qui prend en charge les clients les plus importants. Elle
comporte :
-
Les commerciaux sédentaires : Ils travaillent dans les unités commerciales physiques ou
virtuelles.
Les commerciaux itinérants : Ils se déplacent chez les clients, dans une relation B2B ou
C2C (plus rarement).
Dans les points de vente, l’équipe commerciale conçoit l’offre et la met en place dans le
magasin. Lorsque la vente nécessite le déplacement d’un commercial chez le client, la phase
préparatoire consiste surtout à obtenir des rendez-vous (prospection) avec les clients ou les
prospects.
L’objectif est d’inciter le client à acheter et à l’assister dans son acte d’achat. L’animation du
point de vente par les membres de l’équipe commerciale renforce l’attractivité de l’offre mise
en place dans les linéaires. Les vendeurs(ses) prennent en charge l’assistance et le conseil aux
clients. Ils orientent les choix du client vers le produit ou le service le mieux adapté à ses
besoins.
Les missions de suivi clientèle peuvent comprendre la livraison et l’installation des produits, la
gestion des garanties et des réparations, la fourniture de pièces détachées, etc. ainsi que le
traitement des réclamations éventuelles.
Le commercial itinérant doit s’assurer que les termes du contrat sont bien respectés par son
entreprise : conformité de la livraison avec la commande, respect des délais de livraison, prise
en compte d’une remise éventuelle dans la facturation. Il est également chargé par son
entreprise de veiller au respect du contrat par le client.
Le maintien du contact s’exerce différemment selon les modalités de la vente ; centre de
contact client pour les produits vendus dans les unités commerciales, relances téléphoniques,
visites régulières pour les clients importants.
-
L’équipe de vente propre à l’entreprise :
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Elle est constituée de salariés de l’entreprise parmi lesquels on peut rencontrer des VRP
(voyageur, représentant, placier), dont l’activité consiste à visiter la clientèle, peut représenter
une ou plusieurs entreprises (exclusifs ou multicartes).
-
L’équipe commerciale déléguée :
C’est une équipe qui exerce son activité pour le compte de plusieurs entreprises. Elle est
constituée de VRP multicartes, d’agents commerciaux ou de prestataires de services. Les agents
commerciaux et les prestataires de services ne sont pas salariés de l’entreprise.
-
L’équipe commerciale mixte :
De plus en plus d’entreprises organisant leurs équipes commerciales en combinant équipe
propre et équipe déléguée pour répondre au mieux à leurs objectifs.
-
La taille :
Le nombre de collaborateurs dépend de plusieurs facteurs : La taille de la clientèle (locale,
nationale), l’étendue géographique des secteurs de vente, le nombre de clients à visiter,
l’intensité de la relation commerciale (fréquence des visites), la nature des produits.
-
La structure géographique :
L’équipe commerciale est répartie en secteurs géographiques plus ou moins étendus en
fonction de la dispersion de la clientèle. Chaque commercial itinérant se voit ainsi attribuer
une zone géographique sur laquelle il intervient.
-
La structure par produits :
Elle est surtout utilisée lorsque les produits de l’entreprise sont très nombreux ou lorsque la
vente des produits nécessite d’importantes compétences techniques.
-
La structure par type de clients :
Il s’agit souvent de distinguer les grands comptes (grandes entreprises, administrations, etc.),
les clients professionnels et les particuliers, mais cette segmentation de la clientèle peut être
plus fine. Les membres de l’équipe peuvent être ainsi affectés à des types de clients aux besoins
spécifiques.
- Le réseau de distribution
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Le réseau de distribution est constitué par l’ensemble des personnes, services, et intermédiaires
dont l’activité a pour but d’assurer le stockage, la livraison et le vente des produits du producteur
au consommateur final.
Certains éléments du réseau font partie de l’entreprise (vendeurs, service expédition, etc.). Les
intermédiaires extérieurs permettent au producteur de diffuser ses produits auprès du client
final.
L’animation du réseau de distribution est l’ensemble des actions d’assistance et de soutien
effectuées par l’entreprise en direction des équipes et des unités commerciales. Elle peut donc
s’adresser à des salariés de l’entreprise tout comme à des partenaires extérieurs à l’entreprise.
Les missions de l’animation s’organisent autour de 3 axes :
-
La définition des actions et des moyens à préconiser en fonction des objectifs à
atteindre.
L’organisation et la mise en œuvre des opérations de stimulation des membres du
réseau.
L’organisation de la circulation des informations.
Les objectifs et les modalités de l’action d’animation envisagée, pour que celle-ci puisse
fonctionner, doivent être connus des intéressés. Les outils pouvant être utilisés sont divers et
nombreux :
-
L’intranet et/ou l’extranet de l’entreprise permettent d’atteindre efficacement les
interlocuteurs visés par l’opération.
Les supports papier (journaux d’entreprise, prospectus, dossiers, etc.) facilitent la
présentation de l’action aux intéressés.
Les séminaires, stages, visites aux distributeurs, sont également un bon moyen de faire
passer les informations aux différents intervenants de l’opération.
Les aides à la vente sont des outils destinés à faciliter le travail des membres du réseau et donc
à en renforcer l’efficacité (échantillons, affiches, présentoirs, etc.).
Les incitations financières sont le principal moteur de la motivation des membres du réseau de
distribution. Pour les salariés de l’entreprise, les incitations financières prennent la forme de
primes et/ou de commissions orientant leur activité vers la réalisation des objectifs qui ont été
définis. Pour les membres du réseau extérieurs à l’entreprise, essentiellement les distributeurs,
leur rémunération provient de la marge qu’ils parviennent à réaliser en commercialisant les
produits ou services de l’entreprise. Au-delà du prix de base, les remises consenties,
notamment celles qui dépendent du CA atteint ou des quantités vendues, sont donc
déterminantes dans leur motivation à vendre les produits ou services.
Ce principe d’homogénéité est mis en œuvre dans la présentation et l’aménagement des points
de vente. Deux points de vente de la même enseigne situés dans des lieux distincts présentent
en général très peu de différences. Cela permet au consommateur d’identifier facilement le
point de vente et d’avoir des repères qui facilitent ses achats. Cette homogénéité se retrouve
également lorsque l’entreprise utilise différents canaux.
- Le contrôle de la distribution
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- Les ventes
-
Le volume des ventes :
Il s’agit du nombre de produits vendus. Les prévisions sont en général établies pour une année
puis déclinées par mois ou par semaine. Les logiciels de caisse permettent de mesurer en
continu le volume de ventes réalisé.
-
Le CA :
Il dépend du volume des ventes de chacun des produits vendus et de l’évolution des prix
pratiqués par l’entreprise. Les opérations promotionnelles par le prix, les négociations avec les
fournisseurs influent donc sur le CA. Des ventes inférieures aux prévisions peuvent entraîner
une campagne de promotion.
-
L’écart entre les prévisions et les réalisations :
Les prévisions sont fondées sur les ventes passées et sur des hypothèses d’évolution du
marché. Les remontées d’informations du réseau de distribution apportent des éléments utiles
pour effectuer ces prévisions. Lorsque les écarts sont importants, l’entreprise en recherche les
causes afin d’entreprendre des mesures correctrices.
- La rentabilité
-
La marge commerciale (ou brute) :
Les objectifs sont souvent exprimés par le taux de marge (Tm) commerciale à atteindre.
Marge commerciale globale = CA – CAMV (coût d’achat des marchandises vendues)
Marge commerciale unitaire = PVHT – Coût d’achat
Tm = Marge commerciale / Coût d’achat
Cet objectif global est atteint en fonction des volumes de ventes de produits, qui dégagent
chacun des taux de marge différents.
-
Le résultat d’exploitation :
Le résultat d‘exploitation prend en compte les charges générées par les ventes de
marchandises (charges de personnel, frais de fonctionnement du point de vente, etc.). Les
entreprises se fixent et suivent, en général, les objectifs de résultat en utilisant les mêmes
méthodes que pour la marge commerciale.
- La position par rapport à la concurrence
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
Les entreprises mesurent leurs ventes par rapport à celles de l’ensemble des concurrents
présents par l’indicateur de part de marché.
PDM = (CA du produit entreprise X / CA du produit de tous les concurrents) x 100
La part de marché est mesurée à partir de panels (échantillons permanents de consommateurs
ou de détaillants).
- La satisfaction des clients
Elle peut être mesurée par des indicateurs quantitatifs tels que : le temps d’attente aux caisses,
le nombre de ruptures en rayon, les retards de livraison, etc.
Le taux de satisfaction (TS) permet d’apprécier la satisfaction des clients selon des critères
qualitatifs : avis des clients sur l’assortiment, les prix, l’accueil ou la compétence du personnel.
TS = (nombre de clients satisfaits / nombre de clients interrogés) x 100
L’évaluation de cet indicateur fait appel à des techniques variées : enquêtes par sondage, client
mystère, etc.
- La DN/DV :
La DN et la DV sont des indicateurs clés pour comprendre le marketing des PGC
-
La DN ou Distribution Numérique
La distribution numérique correspond au pourcentage de points de vente dans lesquels un
produit est présent. Elle se calcule à partir du rapport suivant :
DN = (Nb de magasins où le produit est présent / Nb de magasins possédant le produit) x 100
La DN est un indicateur qui permet d’informer les producteurs sur le taux de présence du
produit dans un circuit de distribution. Toutefois elle ne tient pas compte des caractéristiques
des points de vente telles que la taille ou le CA du point de vente.
Par exemple si un secteur géographique comprend 100 magasins et que le produit X est présent
dans 50 de ces points de vente, alors la DN sera de 50. Mais on ne sait si ces points de vente
sont ceux qui génèrent le plus de CA (ça pourrait être les 50 moins performants).
-
La DV ou Distribution Valeur
La distribution valeur intègre le poids des points de vente dans lesquels le produit est présent.
Elle se calcule de la façon suivante :
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
DV = (CA dans la catégorie de produit pour les magasins référençant la marque / CA total pour
tous les magasins existant dans la catégorie de produit) x 100
La DV permet d’en savoir davantage sur la qualité des points de vente qui distribuent le même
type de produit que celui de l’entreprise, en clair de savoir si la présence de votre produit
correspond aux points de vente les plus performants dans la catégorie du produit.
Par exemple, si le produit X a une DV de 80, cela signifie que le produit X est présent dans les
points de vente qui génèrent 80% du CA de la catégorie.
-
La DN/DV
La combinaison des deux indicateurs permet d’approfondir l’analyse :
DN > DV (80/60)
Quand DN > DV alors le produit est distribué dans beaucoup de magasins mais qui représentent
un poids limité dans l’univers du produit distribué.
DN < DV (60/80)
Quand DN > DV alors le produit est distribué dans peu de magasins mais qui réalisent un CA
important dans la catégorie. C’est le cas de figure le plus intéressant car on investit peu dans la
présence mais le retour sur investissement est très favorable.
DN = DV (60/60)
La présence du produit dans les points de vente est représentative du marché.
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
4 Exemple
Etude de la procédure de référencement du groupe Carrefour
http://www.carrefour.net/elements/22322/pj/fr/referencement_fr.pdf
Après avoir lu le diaporama de la page html ci-dessus, vous analysez :
-
La procédure de référencement du groupe Carrefour
Les possibilités pour un fournisseur d’accéder aux points de vente du groupe en fonction
de sa taille
Quelle conclusion peut-on en tirer d’un point de vue de la distribution ?
5 Applications
5.1 Application 1
La distribution totale des marques concurrentes A, B et C est composée de quatre magasins
(1,2,3,4).
CA/marque/PDV
Marque A
Marque B
Marque C
Point de vente 1 Point de vente 2 Point de vente 3 Point de vente 4
800
250
600
NR
400
NR
250
1500
150
200
400
1200
Travail à faire :
1. Calculez les parts de marché des marques A, B, C.
2. Calculez la DN et la DV des marques A, B, C.
3. Analysez et comparez la situation de la distribution de chacune des marques.
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
5.2 Application 2
Stratégie : comment Bang & Olufsen orchestre son renouveau
La marque danoise de hi-fi de luxe a remis à plat sa stratégie, de l’innovation au positionnement
prix.
A quatre-vingt-dix ans cette année, Bang & Olufsen fait tout pour vivre une nouvelle jeunesse.
La marque danoise de hi-fi et de téléviseurs de luxe, qui avait connu un creux de vague dans la
foulée de la crise financière mais aussi sous l’effet de l’évolution vers le numérique, s’est remise
en ordre de bataille. Les produits issus de cette offensive font progressivement leur entrée.
Adapter les produits
La nouveauté la plus emblématique de la renaissance de l’industriel au chiffre d’affaires de
quelque 315 millions d’euros lors du dernier exercice sera mise en vente le 17 novembre, date
de son anniversaire. Dotée d’un design très architecturé et incluant une nouvelle technologie
neutralisant les effets de la pièce, l’enceinte BeoLab 90 est chargée de montrer aux audiophiles
de quoi la marque est capable. Avec un prix à la hauteur, à près de 35 000 euros.
Les tarifs des autres produits récents comme le téléviseur BeoVision Avant 75 sont cependant
moins élevés. Car la griffe a remis à plat sa politique de prix, éliminant les références les plus
coûteuses pour se rendre un peu plus accessible. Les produits signés Bang & Olufsen sont
diffusés uniquement dans des magasins exclusifs. Ce qui n’est pas le cas de la jeune marque
B&O Play. Jouant sur les produits nomades, du casque à l’enceinte, elle est aussi distribuée
dans d’autres types de point de vente et a adopté une tarification plus douce.
« B&O Play sert à nous adresser à un public plus large. La marque Bang & Olufsen peut intimider
certains consommateurs jeunes qui n’ont jamais poussé la porte d’un de nos magasins », note
Tim Machenaud, directeur France.
Avec l’espoir d’en faire les clients de demain de la marque mère. Au premier trimestre de
l’exercice 2015-2016, les ventes de B&O Play ont progressé de 62 % quand celles de la griffe
historique Bang & Olufsen augmentaient de 3 %.
Aider à se projeter
La technologie haut de gamme nécessite aujourd’hui d’être davantage donnée à vivre. Bang &
Olufsen a donc investi, à Paris, le showroom de la marque de meubles B&B Italia. Jusqu’au 19
novembre, les visiteurs pourront y tester le système BeoLink Multiroom qui réunit tous les
produits de la griffe high-tech et sert notamment à écouter de la musique dans les différentes
pièces. « Cela nous permet de montrer les usages de façon plus concrète au travers de différents
espaces de vie », indique Tim Machenaud.
Faire vivre une expérience est d’autant plus nécessaire que la marque connue pour son design
se trouve aujourd’hui confrontée, dans l’univers du son, à de nouvelles concurrences, comme
celle de Devialet. Le concept de magasin a aussi été repensé pour solliciter davantage les
différents sens et mettre autrement en scène les produits. Le premier de ce style dans
l’Hexagone se trouve à Annecy.
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Philippe ABRARD – Montpellier Management Université
Miser sur les licences
Pour mettre davantage sa griffe en lumière, le groupe, qui a cédé sa division automobile à
Harman International Industries, mise sur une stratégie de licences. Un partenariat a ainsi été
noué avec HP pour équiper ses PC et tablettes en technologie audio.
La marque remplace Beats, passé dans le giron d’Apple. « Les licences aident à accroître la
visibilité et le rayonnement de la marque », se félicite Fabien Lavigne, responsable du marketing
France. Et les demandes ne manquent pas.
Développer le réseau
Pour développer la marque en France, la stratégie est maintenant d’augmenter le nombre de
magasins exclusifs, actuellement une trentaine, après la réduction du nombre de distributeurs
annoncée au niveau mondial début 2013.
Le groupe sera d’ailleurs présent au prochain Salon de la franchise. L’objectif est d’avoir 45 à
50 boutiques pour couvrir le territoire. Soit un retour au niveau antérieur.
Clotilde BRIARD, les Echos, le 23/10/2015
1. Identifiez les éléments de la stratégie de distribution de B&O.
2. Qualifiez cette stratégie.
3. Vous parait-elle cohérente avec la stratégie de la marque ? (Justifiez votre réponse)
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6 Synthèse
Les producteurs tentent de maîtriser la distribution de leurs produits à travers des stratégies
dont les objectifs varient selon le but recherché, à savoir la possession d’un réseau de points
de vente, le contrôle de la politique commerciale menée par les points de vente ou la recherche
de la diffusion la plus large possible de leur offre en passant par des groupes de distribution
disposant d’une couverture géographique et commerciale nationale et internationale.
Maîtriser la distribution de son offre signifie également allouer au réseau de distribution des
moyens humains, matériels et financiers dont le montant peut représenter des sommes très
importantes et qui doivent dès lors assurer un retour sur investissement suffisant. Tous les
moyens alloués à la distribution doivent par conséquent être soumis à un contrôle de gestion
rigoureux afin de mesurer si les différents objectifs assignés à la stratégie sont atteints ou non.
La distribution de l’offre du producteur repose généralement sur un réseau de distribution
composé d’une force de vente, salariée ou non, et d’un circuit de distribution composé de
l’ensemble des partenaires qui interviennent de près ou de loin et à un moment donné au cours
de la chaîne logistique qui part de l’usine et finit par aboutir à l’utilisateur final. De nombreux
indicateurs permettent de mesurer la performance de la distribution des produits de
l’entreprise tout au long de cette chaîne logistique.
Enfin, le rôle du réseau de distribution ne se résume pas seulement à produire du CA , il doit
aussi participer à la diffusion de l’image de marque, au renforcement du positionnement et à
la communication autour des produits, des marques et même de l’entreprise.
7 Bibliographie
-
Marc Filser, Véronique Des Garets, Gilles Paché, « La distribution : acteurs et
stratégies » Ed EMS Management et société
Marc Benoun et marie Louise Héliès-Hassid, « Distribution : acteurs et stratégies », Ed
Economica
Jacques Dioux et Marc Dupuis, « La distribution : stratégies des groupes et marketing
des enseignes », Ed Pearson Education
Gérard Cliquet, André Fady, Guy Basset, « Management de la distribution », Ed Dunod
J. Jallais, J. Orsoni, A. Fady, « Marketing de la distribution », Ed Vuibert
Georges Chetochine, « Marketing stratégique de la distribution », Ed Liaisons
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