en particulier. Ceci pousse souvent les médecins à retirer cette personne de son milieu de travail et à lui prescrire une
évaluation en psychiatrie pour avoir une validation du diagnostic émis par le médecin de famille. Ceci a pour effet de
surcharger les listes d'attente déjà assez longues en psychiatrie. Plus la personne est tenue d’attendre, plus elle est en état
d’absentéisme prolongé.
Chez les psychiatres, c’est la grogne. Ils se plaignent de la surcharge qui souvent est liée à des cas non justifiés. Un groupe
de psychiatres dans le West Island a effectué une étude où seulement 25% des cas examinés qui étaient sur leurs listes
d'attente démontraient des troubles de « burnout » ou de dépression (Lalla F, Rosenberg L, Brown R. 2004. ‘Inappropriate
Interventions : An examination of how the medical model can complicate receovery and function’, December 3, 2004, Pointe-
Claire).
d- L’individu
Être diagnostiqué pour un trouble de santé mentale n'est pas une chose facile pour un individu. En effet, ce diagnostic peut
longtemps lui coller à la peau. Ce diagnostic peut, à long terme, finir par l’affecter et le conduire vers une diminution de
l'estime de soi. Quant aux conséquences à long terme, cela se traduira par une perte de revenus et une évaluation négative
des pairs ou de la famille. De plus, retirer l’individu de son milieu de travail lorsqu’il souffre de trouble de santé mentale
signifie lui retirer le support social qui résulte de son interaction avec le milieu de travail.
En effet, l’employé passe en moyenne huit heures par jour dans un environnement social qui est presque devenu le seul
endroit pour des relations et du support social. À la maison, c’est la famille qui prend le relais. Le support social devient
ainsi le meilleur moyen de négocier les troubles de santé mentale. D’ailleurs, de plus en plus de psychiatres doutent de
l'efficacité de retirer le travailleur de son milieu de travail. Car, ce faisant, ils lui enlèvent ce support social dont il aurait
besoin pour mieux guérir.
En fin de compte, c’est l’individu qui est le grand perdant, car à part la souffrance, il risque une diminution de la couverture
d'assurance dont il a besoin, ainsi qu’une évaluation en santé mentale lors de l'entrevue pour un emploi. S'il s’avère
véritablement souffrant d’un problème de santé mentale, il devra prendre son mal en patience car les listes d'attente sont
surchargées, sans parler des coûts d’un mauvais diagnostic à tous les points de vue.
Quelle est la différence entre le « burnout » et la dépression ?
Depuis les années quatre-vingt-dix, les études menées au Centre d’études sur le stress humain ont démontré que le cortisol
avait une propriété intéressante. Cette hormone est sécrétée dans le corps pour générer tous les changements qui affectent
les autres hormones et elle a la particularité d’atteindre rapidement le cerveau. Auparavant, les chercheurs n’avaient jamais
pensé que les hormones pouvaient atteindre le cerveau.
Comme un stéroïde qui va traverser facilement la barrière hémato-encéphalique, elle accède au cerveau en presque huit
minutes. Elle commence alors à affecter l'hippocampe impliqué dans l’apprentissage et la mémoire.
Cela nous a permis de démontrer que lorsqu’une personne est exposée à long terme au cortisol, cette hormone en vient à
modifier la capacité de l’individu à détecter et négocier la nouveauté, à affronter l'imprévisibilité et à avoir une notion de
contrôle.
Après quinze années d'études, les chercheurs ont réussi à trouver des différences patho-physiologiques importantes entre
les personnes qui souffrent de « burnout » et celles qui souffrent de dépression : les individus qui souffrent de « burnout »
ne produisent pas assez de cortisol, comme si le corps décidait de faire la grève. À l'inverse, ceux qui souffrent de
dépression en produisent trop.
Actuellement cette hormone devient pour les spécialistes un « bio-marqueur » capable de détecter très tôt les cas à risque
de développer un « burnout » lorsque les taux diminuent, ou une dépression, lorsque les taux augmentent. Ce « bio-
marqueur » pourrait offrir un diagnostic différentiel entre le « burnout » et la dépression et permettrait d’aider au diagnostic
différentiel entre ces deux troubles de santé mentale chez les gens qui souffrent. De plus, ce bio-marqueur permettrait aussi
de détecter les abus. Ici, il est important de noter que si les spécialistes arrivent à détecter les abus, cela aidera les gens
qui souffrent véritablement, car, à long terme, ce sont eux qui vont payer trop cher.
L’importance de la détection précoce du cortisol
Pour déterminer son importance, les chercheurs ont étudié un nombre déterminé d’individus sur une période de quatre ans.
Les résultats qu’ils ont obtenus démontrent que ceux qui produisent trop de cortisol ont l'hippocampe atrophié de 14%.
Chez ceux qui sont exposés à cette hormone pendant trop longtemps, on a d’ailleurs observé des troubles de mémoire.
Le cortisol et le présentéisme
Le stress affecte l'apprentissage, la mémoire et la capacité d'être performant. Des essais au laboratoire ont démontré la
relation de cause à effet entre le cortisol et le présentéisme. Par exemple, le cerveau d’une personne stressée alors qu’elle